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Mme Cissé Maconi, vice-présidente du Conseil national islamique (CNI) : "La musulmane est soumise, mais…"
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- Title
- Mme Cissé Maconi, vice-présidente du Conseil national islamique (CNI) : "La musulmane est soumise, mais…"
- Creator
- Marie-Laure Digbeu
- Publisher
- Le Jour
- Date
- April 9, 1996
- Abstract
- Dix-sept années d'enseignement ont fini par faire de Mme Cissé Maconi, une pédagogue et une parfaite prédicatrice. Vice-présidente du Conseil national islamique (CNI), elle compte parmi les fondatrices de l'Association des femmes musulmanes de Côte d’Ivoire (AFMCI). Elle nous parle ici, de la soumission de la femme, du féminisme, des droits des femmes.
- Page(s)
- 7
- number of pages
- 1
- Subject
- Association des Femmes Musulmanes de Côte d'Ivoire
- Maconi Cissé
- Femme en islam
- Hijab
- Laïcité
- Conseil National Islamique
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007930
- content
-
Dix-sept années d'enseignement ont fini par faire de Mme Cissé Maconi, une pédagogue et une parfaite prédicatrice. Vice-présidente du Conseil national islamique (CNI), elle compte parmi les fondatrices de l'Association des femmes musulmanes de Côte d’Ivoire (AFMCI). Elle nous parle ici, de la soumission de la femme, du féminisme, des droits des femmes.
Le Jour : Vous portez presque toujours un voile. Quel sens doit-on donner à cela ?
Mme Cissé Maconi : Porter le voile est un devoir de piété pour la femme musulmane. Ce n’est d'ailleurs pas le fait de l’islam seul, mais aussi de toutes les religions qui l’ont précédé. Dieu intime la femme croyante de n'être ni séductrice, ni provocatrice. Pour cela, la femme a besoin de protection extérieure, mais aussi intérieure. Porter le voile, c'est le désir de se mettre à l'abri des regards indiscrets, et le signe distinctif de la femme croyante.
L. J. : Et également celui femme soumise...
M. C. : La femme musulmane, il est vrai soumise. Mais seulement à Dieu, à qui tous les croyants doivent soumission totale. La femme n’a devoir de soumission à aucune autre créature de Dieu, pas même à son mari. Dieu recommande aux femmes, non pas soumission à leurs maris, mais plutôt obéissance. Parce que l’homme est le chef de famille, il en est responsable pour les questions matérielles, morales et spirituelles. Cela dit, cette obéissance de la femme à son mari n’est pas une obéissance aveugle. Elle doit être réfléchie et conforme à la volonté de Dieu.
L. J. : Quel genre de mère êtes-vous ? Imposeriez-vous par exemple le voile à vos filles?
M. C. : Je m’implique à fond dans l'éducation et la vie de mes enfants. À chaque étape de leur vie, les enfants ont besoin de référence, de conseils. Mes trois filles portent le voile, mais elles sont dispensées pour l’école, je respecte la laïcité de cette institution.
L. J. : Que vous inspirent les conventions contre les discriminations faites à l'égard des femmes, les conférences comme celle de Beijing ?
M. C. : Il faut savoir que la femme est différente de l’homme, sur plusieurs plans, notamment sur les plans morphologiques et biologiques. Ces différences biologiques ne doivent pas être reniées. Je ne suis pas pour une société parfaitement égalitaire. Le rôle de l’homme est important, certes, mais il n’égale pas celui de la femme. Inversement, la femme ne doit pas prétendre à remplacer l’homme partout.
L. J. : On ne parle pas beaucoup, ou presque jamais, de revendications féministes chez les musulmanes. Est-ce à dire que tout va bien de ce côté en matière de respect des droits de la femme ?
M. C. : L’éducation de la musulmane ne lui permet pas de faire des revendications dans la rue, avec des pancartes, avec n’importe quel slogan ! Il faut éviter la subversion. Avant de revendiquer quoi que ce soit au nom de l’Islam, il faut d’abord connaître cette religion. La femme doit savoir ce qu’il lui est permis ou non de revendiquer, ce que Dieu lui donne comme droit. Cela dit, a revendiquer des droits n’est pas mauvais en soi. Le prophète Mahomet (Paix et Salut sur lui) a montré comment l’Islam doit régir la vie de chacun. Mais les hommes et même la société en général, ont de manière traditionnelle et moderne violé les droits des femmes, ils les ont asservies. Il faut pourtant que la communauté prenne en compte les droits donnés à la femme par Dieu : Droit à l’instruction, à exercer tous les métiers, pourvu qu’ils ne lui nient pas sa féminité et qu’ils n’aillent pas contre sa religion. La musulmane a aussi le droit à la propriété privée, le droit de choisir son conjoint, d’accepter ou non la polygamie.
L. J. : Ces deux derniers points ne sont-ils pas que pures théories à coté de la réalité ? Il y a encore, par exemple, des cas de mariages forcés.
M. C. : Il faut reconnaître que les musulmanes sont encore timides à réagir lorsque leurs droits sont bafoués. Cela est à mettre au compte, certainement de l’éducation, mais aussi de l’ignorance. Comment peut-on revendiquer des droits si on ne les connaît pas ? Il faut également citer les préjugés qui, très souvent, obligent les femmes à se conformer à ce que la société veut qu’elles soit pour être acceptées.
L. J. : Quels sont, selon vous, les combats que les femmes musulmanes doivent mener aujourd’hui ?
M. C. : Le droit à l’instruction. Dieu recommande l’instruction pour tous. La femme doit être, elle aussi, au fait des connaissances économiques, politiques, religieuses, culturelles... Elle doit avoir son mot à dire. L’Islam ne confine pas la femme à faire du suivisme. Elle peut prétendre aux postes de décision, si ses facultés morales et intellectuelles le lui permettent. On peut faire de la politique à la lumière des préceptes de Dieu.
L. J. : Verra-t-on un jour une femme diriger la prière à la mosquée ?
M. C. : La femme ne peut pas diriger la prière à la mosquée, dans une assemblée qui comprend également des hommes. Cela n’est pas possible. Et puis, étant donné qu’elle ne peut pas être Imam dans sa propre famille (ce rôle étant dévolu aux hommes), elle ne peut l’être pour toute une communauté.
L. J. : L’Association des femmes musulmane est restée bien muette sur l’avant-projet de loi portant sur l’adultère...
M. C. : L’Islam ne reconnaît d’adultère que lorsque l’acte sexuel précis se passe devant 3 témoins.
Propos recueillis par
MARIE-LAURE DIGBEU