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Henriette Dagri Diabité, secrétaire général par intérim du RDR : "On accable les musulmans pour rien"
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- Title
- Henriette Dagri Diabité, secrétaire général par intérim du RDR : "On accable les musulmans pour rien"
- Publisher
- Le Jour
- Date
- December 31, 1998
- number of pages
- 3
- Subject
- Alassane Ouattara
- Henri Konan Bédié
- Front populaire ivoirien
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Élection présidentielle ivoirienne de 2000
- Parti démocratique de Côte d'Ivoire
- Intégrisme
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007907
- content
-
HENRIETTE DAGRI-DIABATÉ, SG DU RDR
"On accable les musulmans
pour rien"
Henriette Dagri Diabaté, secrétaire général par intérim du Rassemblement des républicains (RDR), veut impulser un nouveau dynamisme à son parti. Dans cette première interview qu'elle a bien voulu accorder à notre journal, elle parle à cœur ouvert d'Alassane Dramane Ouattara (Ado), du Front républicain, des accords FPI-gouvernement, des élections de l'an 2 000, de l'intégrisme musulman en Côte d'Ivoire.
HENRIETTE DAGRI DIABATÉ, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PAR INTÉRIM DU RASSEMBLEMENT DES RÉPUBLICAINS (RDR)
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Henriette Dagri Diabaté, secrétaire général par intérim du RDR
«On accable les musulmans pour rien»
Henriette Dagri Diabaté, secrétaire général par intérim du Rassemblement des républicains (RDR), veut impulser un nouveau dynamisme à son parti. Dans cette première interview qu'elle a bien voulu accorder à notre journal, elle parle à cœur ouvert d'Alassane Dramane Ouattara (Ado), du Front républicain, des accords FPI-gouvernement, des élections de l'an 2000, de l'intégrisme musulman en Côte d'Ivoire.
Le 16 décembre 1998, le FPI et le gouvernement ont signé un accord. Quelle est la position du RDR par rapport à cet accord?
Nous en prenons acte. Nous félicitons les deux parties d'avoir obtenu des choses concrètes. Les prisonniers du boycott actif ont été libérés. C'est un point positif. Tout comme la question du Sénat. Je voudrais que nous considérions les négociations avec le gouvernement comme une course de relais. Je pense que le FPI a obtenu ce qu'il pouvait obtenir. A nous de prendre le relais quand on nous invitera à aller discuter. Je voudrais d'ailleurs inviter tous ceux qui s'intéressent à la vie politique à se joindre à nous, afin d'obtenir le maximum d'acquis. C'est en ayant le maximum d'acquis que nous pourrons évoluer vers la démocratie, vers la commission électorale qui garantit des élections transparentes. Pour me résumer, je dirais que nous sommes sur la même voie.
Le RDR est-il satisfait de cet accord?
Il y a des choses qui ont été obtenues dans cet accord. Nous sommes satisfaits de ce qui a été fait. Nous pensons que c'est une lutte continue. Et nous continuerons naturellement la lutte, notamment sur les questions d'élections transparentes, d'amélioration de la Constitution, les conditions d'éligibilité. Ce sont là des problèmes communs. Si certains en ont obtenu des résultats positifs, on ne peut pas les bouder.
Dans les négociations avec le gouvernement, quels sont les points auxquels votre parti tient?
Nous tenons à une commission électorale transparente qui permette des élections transparentes. Il y a encore des points de la Constitution qui doivent être améliorés. Il y a aussi les points relatifs aux conditions d'éligibilité. Ce dernier volet concerne tous les Ivoiriens. Certains ont tendance à penser que le RDR doit se focaliser sur ce point. Nous n'avons pas de problème à ce niveau. Mais, nous poserons le problème parce qu'il s'agit d'une question nationale.
Toujours à propos des négociations, selon certaines sources dignes de foi, le président Bédié attend que vous fassiez une demande avant qu'il n'accepte de rencontrer votre parti.
Qui attend qu'on fasse la demande?
Le président Bédié...
Il ne m'en a pas parlé! En tout cas, le RDR, n'a pas reçu instruction pour faire une demande. Je suis surprise par cette information. Quand le président Bédié m'a reçue, il m'a dit qu'il nous recevrait. Laurent Gbagbo, le président du FPI a lui aussi, maintes fois, répété que le gouvernement avait promis de recevoir le RDR. Je suis donc surprise que certaines personnes disent qu'on attend du RDR une demande.
Lorsque vous parliez des points auxquels vous tenez, vous avez fait allusion à une commission électorale transparente. Est-ce à dire que la commission nationale des élections qui est l'un des points des accords ne garantit pas la transparence?
A l'issue des discussions avec le gouvernement, le FPI n'a pas obtenu que des réponses positives. Dans le registre du point de désaccord, s'inscrit la commission électorale transparente qui garantit la transparence des élections. Cette commission doit gérer le processus électoral de bout en bout. Ce qui n'est pas le cas de la commission nationale des élections. Nous aimerions apporter sur ce point-là des arguments nouveaux, qui permettraient de faire avancer les choses.
Henriette Dagri Diabaté : «Ceux qui m'ont reçu sur le terrain ne se moquent pas mal de savoir si je suis chrétienne ou musulmane, ou si je suis du Nord ou du Sud»
Le président du FPI l'a déjà dit. Le Front républicain a été créé afin de lutter pour une cause juste, la démocratisation de la Côte d'Ivoire et la prise et la gestion du pouvoir. Nous pensons qu'il faut mettre en place une commission pour réfléchir sur l'approfondissement du Front républicain.
Lors de votre dernière conférence de presse, vous avez annoncé qu'une mission parlementaire de votre parti irait en Afrique du sud poursuivre l'enquête sur le trafic de pétrole dans laquelle le nom du président Bédié a été cité. Des voix se sont élevées pour dire que c'est une démarche illégale. Qu'en pensez-vous ?
Le fait de dire que le RDR enverra une délégation en Afrique du sud n'est pas un gag, mais une réalité. Chaque fois que nous aurons besoin de faire la lumière sur un problème particulier nous sommes prêts à faire en sorte d'avoir l'information juste. Nous sommes prêts à envoyer une délégation à Sassandra pour nous faire l'état des lieux concernant les affrontements entre Ivoiriens et pêcheurs ghanéens. Les questions de pêche nous intéressent. Nous voulons ouvrir un dossier sur cette question, car elle a été à l'origine de plusieurs affrontements entre les communautés étrangères et les Ivoiriens à Jacqueville, à Aboisso et maintenant à Sassandra.
Il faut préciser que nous n'envoyons pas une mission en Afrique du sud contre le président Bédié. Nous envoyons la mission pour savoir l'exactitude de l'information diffusée par la presse internationale. Vous me posez la question de savoir si notre démarche, n'est pas illégale et anticonstitutionnelle. Je n'ai pas dit que j'envoyais une délégation parlementaire, mais j'ai dit qu'il s'agit d'une délégation de parlementaires parce que ces derniers ont une certaine notoriété dans le parti. Nous préparons la mission. Et je précise que c'est une mission de parlementaires ivoiriens:
J'ai lu aussi quelque part que notre démarche était antipatriotique. Bien au contraire ! notre démarche est belle et bien une démarche patriotique parce que notre pays est impliqué dans une affaire sale. En tant qu'Ivoirienne, je me sens le devoir de faire au sorte que la vérité éclate et que toute la lumière soit faite sur cette affaire, qui agit négativement sur notre réputation sur le plan international.
Djéni est mort depuis le 19 octobre. A quand le congrès extraordinaire pour sa succession ?
Selon nos textes le congrès extraordinaire intervient au bout de trois mois d'intérim. J'ai commencé à assurer l'intérim dès le 19 octobre date du décès de Djéni Kobina. Mais j'ai été confirmée dans cette fonction d'intérim le 30 octobre. Nous sommes encore dans le délai, car ces trois mois nous conduisent jusqu'à fin janvier 1999. Il y aura un seul point à l'ordre du jour du congrès extraordinaire : l'élection du secrétaire général. Les Ivoiriens seront situés très bientôt.
Qu'ils ne s'imaginent pas que là aussi c'est un bluff. Nous sommes attachés réellement à la légitimité et à la légalité. au second volet de votre question, je disais qu'il n'y a pas de mal à ce qu'on attende le retour de celui qui est présenté comme le vrai patron du RDR pour discuter. Au RDR, nous ne nous précipitons pas pour discuter.
Le FPI a discuté avec le gouvernement sans le RDR. N'est-ce pas là une entorse à la bonne marche du Front républicain?
Le Front républicain n'est pas un parti, mais une alliance. En décidant de discuter avec les partis représentés au Parlement, le gouvernement a le droit de rencontrer lequel des partis il veut en premier, de les recevoir ensemble ou séparément. C'est son droit le plus absolu. J'espère seulement qu'il ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Il n'y a pas que le RDR et le FPI. Il y a d'autres partis. Il serait heureux de voir que toutes les formations politiques aboutissent à un consensus.
Ne craignez-vous pas que le Front républicain ne résiste à l'épreuve du temps? Le président Bédié ne ménage aucun effort pour casser cette alliance...
C'est sa volonté? Nous, notre volonté, c'est de maintenir le Front républicain ensemble sans compromission, tout en ayant à l'esprit l'intérêt commun et non les relents et pulsions partisanes.
Ne pensez-vous pas qu'il est temps de doter le Front républicain de textes clairs afin que chaque parti sache à quoi s'en tenir?
Le Front républicain a un texte signé en son temps. Aujourd'hui nous savons qu'il faut approfondir ces dispositions. Nous ferons les choses dans les formes qu'il faut le moment venu. Pour la restructuration des instances du RDR, nous sommes tenus d'attendre un congrès ordinaire...
Beaucoup avaient espéré que le calme revienne à la maison du RDR à votre avènement à la tête de ce parti. Les dissensions continuent toujours. A quoi cela est-il dû selon vous ?
Je m'étonne que vous qui connaissez la scène politique, vous considérez qu'il y a tant de problèmes au RDR. En fait il n'y a pas tant de problèmes dans notre parti. Il y a des problèmes d'états d'âmes, dus assez souvent à un manque de formation. Ce passage que nous connaissons est un passage obligé. Les partis nés avant le nôtre ont connu ces soubresauts. Au RDR nous sommes dans la période des soubresauts. Ces dissensions, heureusement ne se limitent qu'au sommet, dans les bureaux du RDR à Abidjan. Ce n'est pas ça le problème de la base. Je viens du terrain. Et je sais ce que veut la base. Elle veut des choses précises et concrètes. Elle semble se préoccuper de trouver une réponse efficace à cette question: qu'est ce qu'on peut faire pour améliorer la situation politique et économique de la Côte d'Ivoire ? Je suis prête à travailler avec la base pour cela. Il n'y a donc pas de calme à apporter dans notre parti. Le RDR est né justement de l'idée de pouvoir s'exprimer librement. Nous sommes partis du PDCI parce qu'on nous empêchait de parler. Ceux qui veulent se retirer peuvent se retirer.Ceux qui restent doivent accepter de travailler pour le RDR. Je vous assure que nous avons un potentiel que nous n'avons pas intérêt à gaspiller.
A votre accession à la tête du RDR, beaucoup ont douté de votre capacité à diriger des hommes...
Contrairement à ce qu'on croit, le RDR est moins misogyne. Vous n'êtes pas allés jusqu'au bout. Nous avons entendu dire aussi «le RDR, ce sont des musulmans; ils n'accepteront pas d'être dirigés par une femme». Nous avons des maires et des députés femmes qui sont plus proches des populations. Partout où je suis passée, que ce soit au nord ou au sud, les hommes sont venus me saluer respectueusement. Ils ne se préoccupaient pas de s'étonner que je sois une femme. En outre ce n'est pas la première fois que je vais gérer quelque chose. Je crois que j'ai fait mes preuves à l'université. J'y ai été vice-doyenne. J'ai dirigé un ministère (NDLR: ministère de la Culture 1990-1993). J'ai été secrétaire général adjointe. Je ne crois pas que les militants posent le problème en termes de sexe mais en termes d'efficacité.
Avez-vous un programme de formation, puisque vos militants en manquent ?
Nous avons tenu ce week-end un séminaire qui a été un franc succès. Il y avait une soixantaine de personnes dont plusieurs chercheurs et professeurs. Certains ont estimé que le moment était inopportun en raison d'un calendrier chargé. Ils avaient certes raison. Mais le séminaire a eu lieu. Ce qui veut dire que quand on veut on peut. En tout cas je ne voulais pas du report de ce séminaire. J'ai une tâche que je dois honorer, c'est-à-dire un calendrier précis qui exige que je m'attaque tous les trois mois respectivement aux questions de mobilisation, d'implantation, de formation... Le dernier séminaire a d'ailleurs amélioré ce calendrier pour les deux prochaines années. La création d'une école du parti constitue une des décisions importantes.