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Amadou Hampaté Bâ auteur et compositeur d'une chanson sur la Côte d'Ivoire
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- Title
- Amadou Hampaté Bâ auteur et compositeur d'une chanson sur la Côte d'Ivoire
- Creator
- Ben Soumahoro
- Publisher
- Fraternité Hebdo
- Date
- May 13, 1977
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007839
- content
-
Culture
Nous venons, durant sept semaines, de laisser la parole à M. Amadou Hamaté Ba, le gardien du port, comme il se surnomme lui-même; nous avons appris de sa bouche, dans le cadre de l'émission télévisée *Témoins de notre temps* certains aspects inédits de l'Histoire du RDA, et aussi de la «Fédération du Mali». Aujourd'hui nous découvrons un autre aspect, insolite, de ce très grand ami de la Côte d'Ivoire.
BEN SOUMAHORO
Maintenant nous avons une surprise pour nos téléspectateurs, une vraie surprise.
Ben Soumahoro fait entendre sur disque une chanson dont l'auteur est Amadou Hampaté Ba:
«Raconte dis-moi tout, de la Côte d'Ivoire.
Eh bien! c'est le pays qui plonge son pied dans la mer, à Grand-Bassam, Sassandra, Tabou, Grand-Lahou, San-Pédro nouvellement fondée.
Dans ce pays, Yamoussoukro scintille comme une perle».
Voilà nous allons demander à Amadou Hampaté Ba de nous expliquer le sens de cette musique que nous venons d'entendre. Parce que, c'est à son initiative que nous devons d'entendre cette magnifique musique à la fin de cette émission. D'abord on ne vous connaissait pas ce talent. Du moins tout le monde ne connaissait pas ce talent d'Amadou Hampaté Ba, compositeur, auteur. Il faut nous expliquer tout cela.
AMADOU HAMPATE BA
Vous savez, le doyen que je dois remplacer à la tête de l'école de Thiemo Aboubacar n'en peut plus, parce qu'il a près de 92 ans; alors il a décidé tout dernièrement de me passer les rênes. Mais il y a un mais, parce que cela suppose que je doive rentrer au Mali pour aller à la Genvia, au centre. Donc, de prime abord il paraîtrait que je dois abandonner la Côte d'Ivoire pour rentrer au Mali. Là aussi il n'en est pas question.
Je vais me partager entre la Côte d'Ivoire et le Mali... et les autres, parce que le rôle que je vais jouer m'obligera à passer partout où il y a des membres de l'ordre; ils sont répandus dans toute l'Afrique; depuis l'Afrique du Nord, jusqu'au Sud, depuis l'Ouest jusqu'à l'Est.
Et quand j'en ai parlé à Félix, il a été très compréhensif, et il m'a dit une chose, en plus de son mot: «Je le garde pour moi» (parce que pour moi, c'est une référence: «Je le garde pour moi»); il m'a aidé à m'installer, donc, il est large d'idée; un autre dirait: «Comment, moi j'ai fait tout pour lui, et maintenant il veut s'en aller chez lui !».
Mais ça n'a pas été du tout le cas. Il a dit seulement: «Tu es du Mali c'est vrai, et tu es de la Côte d'Ivoire». Et comme d'autres ajoutent: «Tu es de toute l'Afrique», maintenant j'ai honte de dire que je suis Malien. Et je suis obligé de dire que je suis un des doyens africains. Et c'est ce que je voudrais que tout Africain pense et réalise. Nous sommes des Africains.
Avant d'être des Noirs, pour rehausser maintenant l'ethnie noire, il faut que chacun de nous parte depuis sa famille, perfectionne sa famille, perfectionne son ethnie. Et chaque perfection va se joindre à l'autre pour que nous puissions enfin former l'unité.
Et le ministère de l'Information, dont vous êtes le Directeur général, a lancé un concours «Côte d'Ivoire la Belle». Et tout le monde est venu, il y a eu trois émissions. Personnellement j'ai trouvé que ces émissions, sur le plan local, c'était bon, c'était ça. Pour une certaine couche. C'était ça, parce que c'est le rythme, c'est la couture, c'est comme ça. Mais si on voulait ça pour les autres, alors ça ne signifierait rien; et j'ai trouvé que la Côte d'Ivoire méritait mieux, c'est pourquoi j'ai composé ce poème et je l'ai fait traduire en français. Et je l'ai chanté moi-même, avec mon neveu. Je l'ai envoyé à votre ministre pour le mettre dans le concours, et moi je suis allé au Dahomey où il y avait une réunion de l'UNESCO. À mon retour j'ai appris que le Président avait trouvé que les manifestations qui ont été faites, ce n'était pas ça, mais que le prix était porté à vingt millions. Alors, j'ai immédiatement écrit pour demander à Coffi Gadeau qui était le Président du jury, de retirer mon poème, parce que les Peulhs ne me pardonneraient jamais d'avoir chanté Houphouet pour de l'argent. Et d'autre part, je sais que si j'ai besoin de 20 millions j'irais dire à Houphouet donne-moi 20 millions, il m'en donnera parce qu'il m'en a déjà donné. Donc ce n'est pas la peine que je chante pour 20 millions.
J'ai donc retiré mon poème, mais je ne sais pas comment il l'a appris, c'est un homme plein d'oreille ! Il m'a demandé de faire venir le poème à Yamoussoukro; je suis parti avec le poème; et mon neveu et moi nous l'avons chanté. C'était le premier jet. Il a dit: «Je ne parle pas peulh», mais il m'a corrigé, parce que je n'avais pas mis «Libéria», dans les pays limitrophes; il m'a dit «Libéria manque». Je venais avec mon poème, et j'ai donc ajouté Libéria, et il m'a dit: «On va en faire un disque». C'est ce disque là que vous entendez. Le Président en a commandé mille exemplaires. Pour ses amis, certainement.
BEN SOUMAHORO
Est-ce qu'on peut en entendre davantage?
DOUDOU GUEYE
Le côté peulh.
BEN SOUMAHORO
En tout cas c'est une musique merveilleuse. L'orchestre est venu d'où?
AMADOU HAMPATE BA
Lorsque le Président m'a dit: «On va en faire un disque», je lui ai dit d'attendre que je fasse venir un musicien traditionnel du Mali. Je suis allé exposer mon projet au ministre de l'Information du Mali qui a été très compréhensif, il m'a détaché Farka qui est un compositeur traditionaliste; celui-ci est resté chez moi un mois. Et je l'ai dirigé comme j'avais dirigé les Talla et les Benzoumana pour faire «l'hymne du Mali», car l'hymne du Mali, je le dis entre parenthèses, a été composé chez moi. C'est moi qui suis allé chercher les renseignements pour l'hymne du Mali et la composition a été faite par moi.
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