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Trois grands militants distingués à Gagnoa en présence du président de la République
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- Title
- Trois grands militants distingués à Gagnoa en présence du président de la République
- Publisher
- Fraternité Hebdo
- Date
- December 23, 1977
- Page(s)
- 1
- 4
- number of pages
- 2
- Subject
- Yacouba Sylla
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007837
- content
-
TROIS GRANDS MILITANTS DISTINGUÉS A GAGNOA
EN PRÉSENCE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Le président
Philippe Yacé
aux récipiendaires
et aux militants :
« Cette tonalité
particulière qui
doit colorer notre
vie quotidienne,
cette ardeur, cette
opiniâtreté dont
nous devons faire
preuve dans l'édification nationale,
exclut toute
indolence et toute
passivité » Lire en page 4
Le Chef de l'Etat avec les récipiendaires et les personnalités. Au centre, Cheikh Yacouba Sylla ;
derrière lui à sa gauche Brou Kouakou Henri, à sa droite le préfet Bai Tagro Albert.
Et, à droite sur notre document, les Présidents Yacé et Coulibaly, ainsi que le Grand Chancelier
Coffi Gadeau ; à la droite du Président de la République, les ministres d'Etat Mathieu Ekra et
Jean-Baptiste Mockey.
Au premier plan, devant le Cheikh Yacouba Sylla, deux de ses fils.
--- Page 2 ---
GAGNOA
Trois militants de la première heure décorés par le président Ph. Yacé en présence du Chef de l'État
Le Secrétaire Général du PDCI-RDA, le Président Philippe Yacé a décoré le 16 décembre à Gagnoa, trois grands militants du Parti. Il s'agit de MM. Yacouba Sylla, Henri Kouakou Brou et Albert Bai Tagro.
Le Chef de l'Etat, le Président Félix Houphouët-Boigny, Président d'honneur du PDCI-RDA a rehaussé de sa présence cette cérémonie de remise de décoration à trois personnalités qui, autant par leur militantisme que par leurs actions au service du développement ont mérité la reconnaissance de la nation ivoirienne.
M. Albert Bai Tagro, préfet du Département de Gagnoa, a été élevé au grade de Commandeur de l'Ordre National.
M. Yacouba Sylla, commerçant et grand chef religieux et M. Henri Brou Kouakou, planteur, chef de la communauté Baoulé, ont été élevé à la dignité de Grand Officier.
Avant de leur remettre ces hautes distinctions, le Président Philippe Yacé a prononcé l'allocution suivante :
L'allocution du Pdt Ph. Yacé
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Messieurs les Présidents,
Monsieur le Grand Chancelier,
Honorables Membres du Bureau politique,
Messieurs les Ministres,
Chers militants et militantes de l'Ouest,
À peine cette terre bénie de Côte d'Ivoire s'est-elle refermée sur la dépouille d'un grand militant, conduit majestueusement à sa dernière demeure par le Père de la Nation Ivoirienne, entourée de dignitaires de l'État, que la vitalité de notre grand Parti reprend à nouveau ses droits.
L'éclat de la présence illustre du Fondateur de notre Parti, inonde d'une lumière toute particulière cette émouvante cérémonie, au cours de laquelle en son nom je vais avoir l'honneur de décerner à des militants particulièrement valeureux de cette région, de très hautes distinctions dans notre Ordre National.
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Nous les fidèles compagnons qui sommes à votre dévotion, avons en particulier retenu de cette présence constante de plus de 30 années à vos côtés, que vous mêlez à une intuition merveilleuse du destin de notre nation un attachement profond à la sagesse africaine dont vous êtes l'un des plus glorieux dépositaires.
Aussi, ne vous étonnerai-je pas en vous disant que ce n'est pas le hasard qui a réuni les deux événements que nous vivons aujourd'hui. Votre présence à l'un et à l'autre nous conduit, tout naturellement, à rechercher l'enseignement que vous entendez donner à cet enchaînement et à cette proximité.
Permettez que j'y voie, quant à moi, une source de réflexion sur le sens que chaque Ivoirien doit donner à son existence pour apporter sa contribution à l'accomplissement de vos grands desseins.
La vie de chacune des personnalités, que nous mettons en exergue au cours de cette journée, constitue à sa manière l'illustration de votre pouvoir mobilisateur et de la quête d'in idéal commun dont vous avez su faire naître le besoin chez des hommes que rien, ni l'origine, ni la famille, ni l'éducation, ne rapprochait.
Toutes les vocations, toutes les ambitions, toutes les disparités furent confondues dans un même élan et se sont traduites dans une même action.
Vous avez ainsi, et vous méritez bien là, votre nom de Père, fécondé toutes nos consciences afin que naisse dans ce pays un homme nouveau qui harmonise l'attachement au terroir et le besoin de progrès.
Vous nous avez, de tout temps, exhortés à une plus grande participation et nous avons donné à cette vertu nécessaire, le nom de « Militantisme ».
Cette tonalité particulière qui doit colorer notre vie quotidienne, cette ardeur, cette opiniâtreté dont nous devons faire preuve dans l'édification nationale comme l'ont démontré tous ces citoyens d'élite pour lesquels nous sommes réunis aujourd'hui, exclut toute indolence et toute passivité.
Chaque génération se doit de créer le moule destiné à recevoir votre message. C'est ainsi qu'est née cette solidarité, qui existe entre ceux que nous appelons les anciens. Elle s'est forgée dans l'adhésion à vos mots d'ordre et dans les efforts de mobilisation de toutes les forces vives.
Nous savons tous combien vous êtes soucieux de la préservation de cette unité parmi les hommes des générations montantes.
Puis l'exemple de Marie et Sery KORE, réunis maintenant dans l'au-delà, ainsi que les actes quotidiens de tous ces hommes que vous distinguez aujourd'hui, inspire nos jeunes et les inciter à répondre encore mieux à votre attente et à l'appel de votre générosité.
Cheick Yacouba Sylla (Grand Officier)
Une vénérable personnalité
Malgré l'usage qui veut, qu'à l'occasion d'une distinction on relève les mérites du récipiendaire, je suis sûr, quant à moi, quoi que je puisse dire, de ne pouvoir faire ressortir tous les mérites de votre haute et vénérable personnalité; mais j'ai la conviction que l'Histoire de notre pays, vous rendra l'hommage que vous méritez.
Déporté en Côte d'Ivoire dès 1930 en raison de vos convictions religieuses par l'administration coloniale, votre prestigieuse personnalité rayonna sur la région de Sassandra et même au-delà. C'est ainsi qu'affluèrent vers vous, vos adeptes et que se recréa le noyau de votre confrérie.
C'est à Gagnoa, où vous êtes installé après ces huit années d'internement, qu'il vous sera donné d'exercer vos hautes qualités spirituelles en faveur de l'émancipation de notre pays. Votre spiritualité que n'avait pu asservir aucune contrainte physique, votre foi profonde, vous firent reconnaître immédiatement en Félix Houphouët-Boigny, l'homme de la liberté, de la paix et de la vérité.
Vous adhérez dès sa création, au Syndicat des Planteurs Africains et la confiance dont vous jouissez auprès de vos pairs vous fait pressentir comme premier responsable du Syndicat Agricole à Gagnoa. Vous ne rencontrez notre vénéré Président, Son Excellence Félix Houphouët-Boigny, qu'en 1946, lors de sa première députation et depuis, vos relations sont faites de confiance et d'estime réciproques. Vous inspirez à tous, l'admiration et le respect et cette région doit beaucoup à la hauteur de votre esprit et à la profondeur de votre attachement à votre cause.
Vous êtes l'un de ceux qui, non content d'avoir participé à notre émancipation politique, apportez une contribution importante à nos efforts d'accession à l'indépendance économique.
Votre dynamisme, la fécondité de votre imagination, votre esprit d'entreprise suscitent l'admiration de bien des jeunes nantis de diplômes universitaires.
Pour tous ces mérites, le Chef de l'État, qui a tenu à rehausser de sa présence cette cérémonie, me charge de vous adresser ses vœux les plus affectueux et ses félicitations les plus chaleureuses.
CHEICK YACOUBA SYLLA, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous élevons à la dignité de GRAND OFFICIER DANS L'ORDRE NATIONAL DE LA CÔTE D'IVOIRE.
M. Henri Brou Kouakou (Grand Officier)
Un sens du sacrifice
BROU KOUAKOU HENRI, originaire de la sous-préfection de Béoumi, qui vous vit naître à l'aube du siècle, vous êtes installé à Gagnoa depuis juillet 1928.
Vous êtes un de ces Ivoiriens auxquels je faisais allusion, tout à l'heure, dont l'exemple est digne d'inspirer les générations montantes.
À une époque où s'installer loin de son village natal représentait encore une aventure et où le sentiment national n'avait pas encore acquis droit de cité, vous vous fîtes accepter, sans réserve, par les populations de Gagnoa et bientôt considéré comme un authentique ressortissant de la région.
Cette faculté d'adaptation, ce sens de la fraternité vous inclinèrent tout naturellement à épouser, sans réserve, la cause du Syndicat agricole dont vous fûtes le délégué dès 1946.
Votre dévouement à la collectivité et le respect qu'inspire votre détermination vous feront désigner à de multiples postes de responsabilités.
Dès 1946, vous créez, avec un groupe d'amis, la Sous-section du PDCI-RDA que vous animez de toute votre foi et dont vous restez un membre actif jusqu'en 1970.
Vous y avez d'autant plus de mérites que, comme je le mentionnais, vous n'êtes pas un ressortissant de la région et que votre engagement se situait dans un contexte particulièrement difficile.
C'est en effet, ici, que s'exerçait, avec la violence que l'on sait, la répression coloniale. À cette situation dramatique s'ajoutait à votre égard l'animosité de certains fils du pays qui avaient opté pour les Partis d'importation.
On imagine alors, aisément, le sens du sacrifice dont vous avez dû faire preuve pour faire triompher la cause de notre Président bien-aimé.
Vous avez pleinement mérité de la Côte d'Ivoire et aux félicitations que me charge de vous adresser S.E. Félix Houphouët-Boigny, je me permets de joindre la reconnaissance du Parti et de tous les militants.
BROU KOUAKOU HENRI, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous élevons à la dignité de GRAND OFFICIER DANS L'ORDRE NATIONAL.
M. Albert Baï Tagro (Commandeur)
Un fonctionnaire modèle
C'est à la chaude personnalité et au rayonnement du grand Ouezzin COULIBALY, rencontré en 1945, que vous devez le militantisme qui vous a animé tout au long d'une longue carrière administrative de fonctionnaire modèle, qui vous conduit au poste important de Préfet de la région de Gagnoa que vous occupez aujourd'hui.
En 1945, vous participez à la Campagne électorale en faveur du candidat Félix Houphouët-Boigny et, dès sa création, vous vous mettez au service de notre grand RDA, ce qui vous vaut, à maintes reprises, des interruptions de votre carrière ou des affectations par mesure disciplinaire.
En 1948, vous participez activement à la vie de la Sous-section de Grand-Lahou et vous êtes, par mesure disciplinaire, envoyé à Tassalé où vous assumez les fonctions de secrétaire permanent de la sous-section. Ces activités vous valent, à nouveau, d'être envoyé à Abengourou où vous joignez votre ardeur aux militants qui tentent de réorganiser la sous-section de cette localité.
Vous fûtes, par la suite, élu Conseiller municipal et membre de nombreuses Associations, autant de marques de confiance qui témoignent de votre constante disponibilité à notre cause.
Vous êtes resté vis-à-vis de notre Président un fonctionnaire modèle, dévoué, que nous avons plaisir à citer en exemple à nos jeunes.
Vous êtes membre du Comité Directeur depuis 1970 et membre du Bureau Politique depuis 1975.
BAI TAGRO ALBERT, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons COMMANDEUR DANS L'ORDRE NATIONAL DE LA CÔTE D'IVOIRE.