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Chasse aux musulmans : le pouvoir s'en défend
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- Title
- Chasse aux musulmans : le pouvoir s'en défend
- Creator
- James Cénah
- Publisher
- La Voie
- Date
- February 13, 1995
- Abstract
- Pour notre confrère "Fraternité-Matin", les règlements de compte auxquels procède Bédié par les limogeages intempestifs des Dioulas et des musulmans, rentre dans l'ordre normal des choses.
- Page(s)
- 3
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007651
- content
-
Pour notre confrère "Fraternité-Matin", les règlements de compte auxquels procède Bédié par les limogeages intempestifs des Dioulas et des musulmans, rentre dans l'ordre normal des choses.
Comme il fallait s'y attendre, notre confrère Fraternité - Matin", a répondu dans sa livraison de samedi 11 février au dossier de l'hebdomadaire "Le Nouvel Horizon" consacré cette semaine à l'Islam. Sous le titre "Qui n'aime pas les musulmans ?", Venance Konan l'homme de service a tenté à sa façon de nous porter la contradiction, mais en vain. Sa première réflexion est une interrogation. Il écrit : "D'où vient-il donc que l'on martèle chaque jour, à longueur d'articles, de meetings, de prêche que Bédié n'aime pas les musulmans, que l'on persécute les musulmans en Côte d'Ivoire ?".
Décidement, M. Venance Konan, ne veut rien entendre, ni rien voir. Il refuse de voir ce qui se passe et d'entendre les complaintes des musulmans qui sont chaque jour offensés par le pouvoir de Bédié. Les cas sont nombreux :
1. Lorsque des policiers violent les lieux de prières des musulmans et y procèdent sans ménagement ni mandat à des perquisitions ou à des vérifications d'identité, sous les soupçons qu'ils sont le repaire des étrangers et de malfrats, tel que cela s'est produit à Abobo et à Treichville, on dit qu'il y a persécution des musulmans.
2. Lorsque les musulmans et les populations du Nord de notre pays, du fait de leur communauté culturelle avec les peuples dont les foyers se trouvent dans les pays frères, tels le Mali et la Guinée, sont publiquement traités par Me Faustin Kouamé, d'Ivoiriens de circonstance, ayant un autre point de chute, et que M. Bédié le choisit, alors qu'il ne s'est pas encore excusé et qu'il n'a pas lui-même clarifié son ivoirité, pour en faire Ministre de la République, il y a dans ces conditions lieu de conclure que Bédié n'aime pas les musulmans ;
3. Lorsque le PDCI finance avec les ressources prélevées sur les fonds de souveraineté de l'Etat des quidams qui par des écrits abjects, portent atteinte à l'honorabilité de la communauté Dioula et musulmane et que cela ne soulève aucune indignation de M. Bédié ; lui à qui la Constitution commande de veiller à l'Unité nationale, il y a lieu d'affirmer qu'il n'aime pas les personnes incriminées. Toute la Côte d'Ivoire se souvient encore de ce titre haineux "Les Longs boubous et les Mastas Dehors !" placardé à la Une d'un journal habillé en vert et blanc, couleurs du PDCI.
Et la liste de ces déboires est longue. Aussi, les différentes nominations auxquelles nous assistons depuis le 7 décembre 1993, n'en témoignent-elles pas ? Pour cacher leur coloration ethnique et sectaire, Venance Konan champion de l'amalgame cite les cas américains et français, Selon lui, chaque changement à la tête de ces Etats s'accompagne de bouleversements. La Côte d'Ivoire de Bédié ne serait donc pas un cas isolé. Il écrit: "Et les milliers de fonctionnaires nommés par Clinton savent d'avance que si ce dernier n'est pas réélu l'année prochaine, ils devront se trouver un autre job. Ils plieront leurs bagages sans état d'âme et sans amertume. En France, Balladur devenu Premier Ministre a renvoyé les socialistes qui étaient à des postes stratégiques pour placer ses hommes à lui. Lorsque Bédié a commencé à enlever les hommes d'Alassane, pour placer les siens on a crié au scandale.
AMALGAMES
Que d'amalgames! Faisons tout de suite cette remarque à notre confusionniste, qui pour justifier les règlements de compte auxquels procède Bédié s'empresse d'évoquer les cas américains et Français. En Côte d'Ivoire, c'est le Président de la République, détenteur exclusif du pouvoir exécutif qui, en vertu de l'article 17 de notre loi fondamentale, nomme sans partage c'est-à-dire sans contreseing aux emplois civils et militaires de l'Etat. Le premier Ministre n'ayant aucun pouvoir de nomination, ADO n'a nommé personne. Seul le Président de la République signe les décrets de nominations. Il n'est donc pas juste d'opposer les supposés hommes de Alassane Dramane Ouattara, ex-premier ministre, à ceux de M. Bédié, président de la République. Ce sont plutôt les hommes de Houphouët-Boigny qu'il faut opposer à ceux de M. Bédié, le continuateur de son mandat. Limoger de hauts fonctionnaires de l'Etat en souvenir de leur loyalisme à l'ex-chef de gouvernement est une aberration. Les exemples choisis par M. Venance Konan pour justifier de tels actes ne sont pas une fois de plus les bons. Notre journaliste confond l'alternance au pouvoir avec la succession à la tête l'Etat. Il y a alternance lorsque le pouvoir est transféré à l'issue du suffrage universel de la majorité à l'opposition. L'alternance s'accompagne toujours du bouleversement, car une nouvelle majorité avec une nouvelle conception des affaires publiques vient d'être désignée par le suffrage universel pour prendre les commandes du pays. En revanche la mort de Félix-Houphouët-Boigny n'a pas eu pour conséquence l'alternance au pouvoir. Elle a entraîné une simple succession à la tête de l'Etat. Car la même majorité (?), c'est-à-dire celle du PDCI est demeurée au pouvoir, par la magie de l'article 11. Celui-ci a réussi à faire survivre à Houphouët-Boigny, le mandat à lui confié par le peuple. M. Bédié et M. Alassane Dramane Ouattara étant du même parti, au moment du limogeage par le premier des supposés partisans du second, on ne saurait, sans faire une confusion de genre assimiler les règlements de compte de Bédié aux secousses consécutives à une alternance au pouvoir.
Les exemples de M. Venance Konan sont donc faux. Le bon exemple aurait été de dire qu'après l'assassinat en 1963 du Président démocrate John Fitzgerald Kennedy, son successeur Johnson a congédié tous les cadres démocrates nommés par son prédécesseur. Or tel n'a pas été le cas. Le bon exemple aurait aussi été de dire que Gerald Ford ayant succédé à Nixon après la démission de celui-ci, a congédié les cadres du parti républicain, nommés par Nixon, or tel n'a pas été le cas. Quand plus près de nous M. Diouf et M. Bongo ont succédé respectivement à la tête du Sénégal à M. Léopold Sedar Senghor et à la magistrature suprême du Gabon à feu Léon M'ba, ils n'ont pas procédé à des nettoyages ainsi que le fait Bédié. Ils ont continué sans heurt les mandats de leurs prédécesseurs, ont attendu d'être investis par le suffrage universel avant de placer leurs hommes.
ALTERNANCE
L'avènement de M. Balladur au pouvoir est aussi un cas d'alternance qui ne saurait être comparé à la succession de Bédié à Houphouët. D'ailleurs, contrairement aux allégations de M. Venance Konan, M. Balladur a le mérite d'avoir laissé en place plusieurs personnalités nommées par ses prédécesseurs socialistes. M. Christian Blanc, l'actuel PDG d'Air France est un proche de Michel Rocard. Il est venu de la RATP où il était toujours en fonction malgré le départ de Rocard de Matignon pour succéder à un autre socialiste, M. Atali qui a démissionné suite à une agitation au sein d'Air France. Les gaullistes à leur accession à Matignon et à l'Elysée, ont aussi laissé en place des personnalités de droite. Ainsi, M. Michel Dupuch, ex ambassadeur de France en Côte d'Ivoire nommé par M. Valéry Giscard d'Estaing, est demeuré en fonction à Abidjan. M. Dupuch ne s'est pour autant pas inscrit dans un club de soutien à François Mitterrand ni n'a pris sa carte au parti socialiste. Bien au contraire. Il faut donc comparer ce qui est comparable. Le folklore auquel nous assistons chaque jour ne saurait être mis en parallèle avec les pratiques d'un pays qui comme la France sait faire la démarcation entre les affaires de la République et celles des partis.
Pour M. Venance Konan, il n'y aurait pas de chasse ni aux Dioulas, ni aux musulmans. Ceux qui sont limogés ne méritaient pas mieux! Il écrit: "un obscur fonctionnaire Dioula est limogé et l'affaire est à la "Une" on ne se donne pas la peine d'expliquer si la sanction est méritée ou non. Pourquoi se donner tant de mal ? Ce qu'on veut faire savoir est qu'un Dioula a été limogé, ce qui est la preuve qu'on en veut aux Dioula" Voilà qui est bien dit. Les 431 cadres civils et militaires du Nord dont de nombreux Dioulas qui ont été limogés depuis le 7 décembre 1993 sont selon M. Konan des obscurs personnages trempés dans des malversations. Ainsi, M. Kébé Yacouba, ancien D.G du Groupe Fraternité Matin, professionnel avéré limogé seulement deux mois après sa nomination, serait devenu selon M. Venance Konan un obscur individu. M. Bim Yeti, ex Rédacteur en Chef d'Ivoire Soir, M. Ali Coulibaly, ex D.G de la 1ère chaîne limogés sans raison pour faire la place aux Konan, seraient de vils personnages. Le Général d'Aviation Abdoulaye Coulibaly, le Colonel Dosso Adama qui n'ont aujourd'hui que pour bureaux leurs domiciles respectifs seraient des "malfrats" pour avoir servi avec loyauté feu Félix Houphouët-Boigny et son premier ministre A.D.O. M. N'golo Coulibaly, ex-PDG de la CAA, M. Daouda Thiam, toutes ces personnalités seraient devenues des obscurs serviteurs de l'Etat. A bien lire M. Venance Konan, le mot d'ordre du nouveau pouvoir serait la vertu, rien que la vertu. Alors questions: Que fait donc M. Timothée Ahoua N'gueta au Gouvernement ? Lui qui, désigné comme ambassadeur pour représenter la Côte d'Ivoire aux USA a préféré à sa noble et honorable mission, les fonctions de simple agent commercial d'une entreprise qu'il a lui-même créée et dont le siège social avait été fixé à l'ambassade de Côte d'Ivoire à Washington D.C. N'est-ce pas au moyen de cette société qu'il s'est fait le complice de son ami Ross Chapin dans plusieurs scabreuses affaires de pot-de-vin qui lui ont valu la "Une" des célèbres journaux américains tels le Washington Post, le New-York Times, le Wall Street Journal etc.. Que fait-il au gouvernement, lui qui a été le 19 avril 1979, alors qu'il était ambassadeur, invité à comparaître spontanément devant une commission d'enquête parce que lui et la société dont il s'était fait le représentant aux USA (cumulativement à ses fonctions d'ambassadeur) ont été sérieusement mis en cause dans une affaire de fausses factures. Nous reviendrons le moment venu sur cette affaire et celle concernant la surfacturation des complexes sucriers. Nous mettrons alors à nu pièces à l'appui les mécanismes mis en place pour détourner les deniers publics. A cette occasion, sera établie la responsabilité de chacun.
Pour l'heure, si la probité est la règle, alors qu'on l'exige sans discrimination, de tous. A bon entendeur salut!
James Cenach