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Face aux prises de position contre le code électoral : l'étau se resserre autour de Bédié
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- Title
- Face aux prises de position contre le code électoral : l'étau se resserre autour de Bédié
- Creator
- Freedom Neruda
- Publisher
- La Voie
- Date
- August 10, 1995
- Abstract
- Mgr Bernard Agré, dans la logique de la déclaration des évêques sur le code électoral, rendue publique par la presse, a encore mis en garde ceux qui s'amuseraient à hypothéquer les chances de la Côte d'Ivoire. Cette prise de position a trouvé un écho dans la déclaration des imans de Côte d'Ivoire montrant clairement la nature des fortes pressions exercées sur le pouvoir qui montrent bien que Bédié et sa clique de faucons ont le dos au mur.
- Page(s)
- 1
- 6
- number of pages
- 2
- Subject
- Idriss Koudouss Koné
- Alassane Ouattara
- Bernard Agré
- Henri Konan Bédié
- Élection présidentielle ivoirienne de 1995
- Laurent Gbagbo
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Parti démocratique de Côte d'Ivoire
- Francis Wodié
- Conseil National Islamique
- Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Extrémisme
- Spatial Coverage
- Abidjan
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007645
- content
-
Mgr Bernard Agré, dans la logique de la déclaration des évêques sur le code électoral, rendue publique par la presse, a encore mis en garde ceux qui s'amuseraient à hypothéquer les chances de la Côte d'Ivoire. Cette prise de position a trouvé un écho dans la déclaration des imans de Côte d'Ivoire montrant clairement la nature des fortes pressions exercées sur le pouvoir qui montrent bien que Bédié et sa clique de faucons ont le dos au mur.
Il faut certainement une sacrée dose de culot au PDCI pour résister aux pressions qui s'exercent actuellement sur lui et qui viennent de toutes parts. Corps diplomatique, partis politiques ivoiriens, et, chose nouvelle, le clergé catholique et l'imamat, représentants significatifs de l'ordre religieux.
Déjà il y a quelques semaines, précisément le 24 juillet dernier, les évêques de Côte d'Ivoire rendaient publique une déclaration qui suggérait, sans ambages, la mise en place d'une commission de contrôle des élections. Parce que, ont-il clairement exprimé, il "faut renforcer la confiance entre le différents citoyens de ce pays dans le déroulement des élections." Pour eux, "nous ne sommes plus ni en 1960, ni non plus en 1990." et, d'après eux, "les Ivoiriens ont, semble-t-il, pris conscience de leurs droits et de leurs devoirs civiques." Surtout que, et ils l'ont dit clairement, "comme toute loi humaine, le code est inévitablement imparfait. Il est perfectible, donc susceptible d'amélioration."
Aussi, ont-ils clairement lancé "un vibrant appel à tous les gouvernants qu'ils mettent tout en œuvre afin que les consultations populaires se passent dans la discipline, la transparence et la paix."
Avant-hier, dans une prise de position qu'on ne leur connaissait que rarement dans l'histoire récente de la Côte d'Ivoire, le Conseil supérieur des imans (COSIM) et le Conseil national islamique (CNI) se prononçaient en faveur de la recherche du "consensus, et donc de réexaminer, dès que possible, les aspects contestés du code électoral."
Cette prise se justifiait, pour eux, dès lors qu" ils perçoivent l'inquiétude d'une importante frange de la population depuis le vote et la promulgation de la loi portant code électoral. Le moins qu'on puisse dire et qui exprime la réalité, c'est que cette loi, en quelque mois, a divisé une Nation qui se construisait patiemment. Le tissu social est mis à mal dans ses proportions inquiétantes. Cette frange, qui se sent exclue, a besoin d'être rassurée quant à la promesse de construire et pérenniser ensemble cette Patrie de la vraie Fraternité, de garder ses chances et son espérance intactes."
C'est à croire que les religieux se sont passé le mot. A preuve, à l'occasion de l'imposition du pallium à Mgr Agré, titre distinctif de l'archevêché et du pouvoir que le lui a attribué le Pape Jean-Paul II, dimanche dernier en la cathédrale St-Paul du Plateau, l'archevêque d'Abidjan a parlé sans détour: "... Hommes et femmes du pouvoir et de l'opposition (...) sous votre initiative, notre pays va vivre une période de son histoire singulièrement grave (...) Dieu aime ce pays. Il l'a déjà prouvé. Il vous revient de protéger nos acquis. Même s'ils paraissent maigres au goût de certains, ils ne sont pas négligeables; tant s'en faut.(...)"
Comme s'il n'avait pas senti l'effet escompté, c'est-à-dire l'invitation à la décrispation pronée dans la lettre pastorale des évêques. Mgr Agré a été, formel et cela en présence de Konan Bédié, présent à cette cérémonie: "Malheur à celui qui, autochtone ou étranger, s'amuserait, par maladresse ou par méchanceté, à hypothéquer les chances réelles de ce pays en pleine évolution. Les foudres de l'histoire tomberaient dru sur lui, individu ou groupe.
Similitude pour similitude, le COSIM et le CNI ont mis en garde les extrémistes de tous les bords: "Les temps qui approchent sont porteurs de risques si les bonnes volontés, prises dans une logique partisane, renoncent à jouer leur rôle de conciliation, laissant ainsi le champ libre aux thèses extrémistes. Le Coran nous met en garde Craignez une épreuve qui n'atteindra pas spécialement ceux d'entre vous qui sont injustes. Sachez que Dieu est terrible dans son châtiment (5.8 V.25)"
Encore que, dans le contexte ivoirien, on ne peut pas soutenir, à moins d'être de mauvaise foi, que le Front Républicain - dont le leitmotiv est "asseyons-nous et discutons", veut l'affrontement.
Les enjeux de cette élection sont la légitimité du pouvoir et la crédibilité de la nation ivoirienne dans le concert des pays du village planétaire. Au-delà des questions de tensions aux conséquences parfois graves liées à la passion. Ainsi, sauf à être d'une logique contraire, comment peut-on refuser l'opportunité, quand on est arrivé au pouvoir par des artifices fragilisants, de fortifier ses assises socio-politiques. Particulièrement quand on dirige l'exécutif.
Autant ni Gbagbo ni ses camarades ne tiennent pas au pouvoir coûte que coûte - autrement la transition pacifique à la démocratie, leur credo, n'aurait pas son sens - autant l'opposition significative est en droit de réclamer des élections transparentes, démocratiques et libres. Afin que, et M. Gbagbo le dit avec conviction, "ceux qui ont gagné gouvernent et que ceux qui ont perdu sachent qu'ils ont été régulièrement battus."
Pour le leader du FPI, il est clair que personne ne veut de la répétition du scénario de 1990 où le PDCI a volé à l'opposition sa victoire.
Au regard de l'appel au bon sens de l'opposition ivoirienne, compte tenu de l'appel pressant des autorités religieuses à l'apaisement, on est bien curieux de savoir si le PDCI va s'en tenir à son "le débat est clos" lancé par deux individus parmi les plus enragés et les plus sectaires du parti au pouvoir, le 27 mai dernier.
En se remémorant les discours d'un Lamine Fadika ou du fantasque Balla Kéita qui crient à leurs frères musulmans, qu'ils veulent égarer, que Bédié a été envoyé par Dieu, en songeant aux communions que Bédié prend à l'Eglise, en compagnie des autres "fidèles" catholiques que sont les Noël Némin, Charles Donwahi..., on se demande si les hommes du pouvoir vont rester sourds aux conseils d'inspiration divine, aux appels à la raison lancés par les autorités religieuses les plus importantes de Côte d'Ivoire.
Cela situera indéniablement sur la portée de leur foi et le degré d'amour pour leur pays.
Pour sûr, à ce stade, les religieux auront accompli leur devoir. Mais, dit-on, Lucifer rend têtu ceux qu'il veut perdre. Il est donc encore temps que le PDCI évite la dérive à la Côte d'Ivoire. C'est pourquoi Konan Bédié, dont le destin se joue ici, doit éviter d'étouffer en se laissant prendre à la gorge par l'étau des pressions multiples et multiformes qui s'exercent sur lui.
F.N.
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