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Cissé Baradji (ancien entraineur du C.O. Bouaflé) : le Coran a prévu l'avènement de Gbagbo!"
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- Title
- Cissé Baradji (ancien entraineur du C.O. Bouaflé) : le Coran a prévu l'avènement de Gbagbo!"
- Creator
- César Etou
- Publisher
- La Voie
- Date
- April 12, 1995
- Abstract
- Ladji Konaté dit Cissé Baradji, né en 1936 à Bouaflé, d'un père marabout, originaire de Kong et d'une mère originaire de Bouaflé, est un personnage célèbre dans la capitale de la Marahoué. Surtout grand footballeur, Ladji Konaté, plus connu sous le nom de Cissé Baradji, est l'entraîneur qui a "fabriqué", de toutes pièces, l'inoubliable équipe de football des Koffi Koffi, Goro Sara, Asséman Aka... Au cours de la tournée qu'a effectuée M. Laurent Gbagbo, du 12 au 15 mars dernier, à Bouaflé et à Zuénoula, nous avons rencontré M. Cissé Baradji, le militant du FPI. Il a accepté de nous parler de sport et de politique.
- Page(s)
- 11
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007644
- content
-
Ladji Konaté dit Cissé Baradji, né en 1936 à Bouaflé, d'un père marabout, originaire de Kong et d'une mère originaire de Bouaflé, est un personnage célèbre dans la capitale de la Marahoué.
Surtout grand footballeur, Ladji Konaté, plus connu sous le nom de Cissé Baradji, est l'entraîneur qui a "fabriqué", de toutes pièces, l'inoubliable équipe de football des Koffi Koffi, Goro Sara, Asséman Aka...
Au cours de la tournée qu'a effectuée M. Laurent Gbagbo, du 12 au 15 mars dernier, à Bouaflé et à Zuénoula, nous avons rencontré M. Cissé Baradji, le militant du FPI. Il a accepté de nous parler de sport et de politique.
Cissé Baradji, votre nom sonne avec l'équipe de football, le C. O. Bouaflé, que vous avez montée de toutes pièces, dans les années 86. Qu'est devenue cette équipe ?
B : Certaines personnes égoïstes ont tué cette équipe, en mêlant la politique. Ici, à Ouaflé, certaines personnes, qui sont spécialisées dans les enigrements ont tué le C. O Ouaflé. J'ai effectivement monté cette équipe avec Abdoulaye Traoré et, dès que tout a commencé à marcher, pour assouvir leurs instincts égoïstes, certaines personnes ont trouvé que Traoré est un étranger et que, moi, je suis un illettré. On nous a écartés de l'équipe et celle-ci est tombée.
Qu'avez-vous fait après ça?
B: Je suis allé aider l'A.S. à monter en première division, en 1988. Mais je suis très vite revenu à Bouaflé, parce que je suis d'une grande famille qui vit ici et que je ne peux abandonner plus longtemps.
Quel est au fait votre parcours dans le domaine du football? Avez-vous été joueur, avant de devenir entraîneur?
B: Bien sûr que j'ai été footballeur. A Bouaflé, j'étais le plus fort et j'ai été sélectionné par l'AS-Ran de Bouaké, à l'époque. J'ai joué en compagnie des Manlé Eustache, Sylla, Tassman... J'ai également joué à l'U. S. avant d'aller évoluer au Réveil de Daloa où j'ai pu acquérir une voiture que j'ai offerte à mon père. De Daloa, j'ai atterri au Sporting-club de Gagnoa, en compagnie de Tété, avancé...
IV : Vous auriez donc pu davantage monnayer votre talent...
C. B: Oui, mais il fallait que je parte en Europe. Seulement, mon père n'a jamais voulu que j'aille jouer en Europe. A l'époque, ma décision de pratiquer le football était même un déshonneur pour lui, parce qu'il était un très grand marabout et, dans ce milieu, la pratique du football passait pour un jeu vulgaire. J'ai donc étudié l'arabe et je suis aujourd'hui professeur d'arabe. Mais je n'ai jamais pu enseigner parce que c'était le football qui m'intéressait, au désarroi de mon père qui a tout fait pour m'empêcher d'aller monnayer mon talent, même en Arabie Saoudite où je devais avoir un contrat.
IV: Vous intéressez-vous toujours au football?
C. B: Absolument. Je reste avant tout un mordu du football, et les gens continuent de me solliciter à Bouaflé quand il s'agit de parler de football. En tout cas, ici, il est difficile de se passer de moi.
IV: Si on vous demandait de reconstruire le C.O. Bouaflé, accepteriez-vous et quelles seraient vos conditions?
C. B: Il faut d'abord du matériel et des moyens. J'ai encore les hommes qu'il faut, en parlant des techniciens, pour faire une grande équipe. Abdoulaye Traoré est toujours là. Mamadou Kaboré aussi. S'il y a les moyens, la politique a aujourd'hui très peu de chances de tuer cette équipe.
IV: Les autorités de Bouaflé peuvent vous demander de choisir entre l'équipe à monter et votre militantisme au FPI. Que feriez-vous dans ce cas?
C. B: C'est que l'équipe de Bouaflé ne sera plus ressuscitée. J'ai dit mes adieux du PDCI depuis 1990 pour fuir le dénigrement, les magouilles, les combines et la délation. Je n'ai pas à troquer mon idéologie. J'ai choisi la vérité, je ne suis ni un nécessiteux, ni un mendiant. J'ai choisi politiquement un parti d'avenir, sans contrainte mais guidé uniquement par la recherche de la vérité.
IV: M. Baradji, vous devez surtout votre popularité au football mais vous voilà aujourd'hui militant du Front populaire ivoirien? Qu'est-ce qui explique ce revirement?
C. B: Je suis convaincu que mon entrée à la politique était un passage obligé pour moi. Je suis un professeur d'arabe, et j'ai étudié le Coran. Gbagbo et Houphouet, je vous le dis, sont des personnages du Coran.
IV: Pouvez-vous être plus précis?
C. B: Je parle sérieusement, et je veux que vous l'écriviez. Dans le Coran, Gbagbo et Houphouet se retrouvent. D'abord, je vous apprends que mon père, un grand marabout que tout le monde a connu à Bouaflé, ne cessait de me répéter, quand j'étais jeune, que le pays allait connaître de sérieux bouleversements positifs mais pas avec les hommes de son époque, conduits par Houphouet-Boigny.
Mon père m'a toujours répété qu'Houphouet a commencé un travail mais l'enfant qui allait terminer ce travail n'était pas avec lui, parce que cet enfant allait venir après. Aujourd'hui, je comprends mieux, avec tout ce qui se passe, les paroles de mon père.
De ce point de vue, je découvre tout simplement que Gbagbo est l'enfant dont a parlé mon père. Je suis convaincu que feu mon père lui-même aurait adhéré au FPI, s'il était vivant.
IV: Quel rapport les paroles de votre père peuvent-elles avoir avec le Coran que vous évoquiez plus haut?
C. B: Dans le Coran, il y a eu un temps pour le Pharaon qui avait tout, puissance, richesse, autorité. Mais son temps a pris fin et Moise l'a remplacé. Le Pharaon s'est entêté à commander contre la volonté de Dieu. Il est sorti par la plus petite porte. C'est le Coran qui l'enseigne. Mais mon père me l'a plusieurs fois répété : s'il (Houphouet) ne fait pas attention, il sortirait par la plus petite porte, dans la honte. Cela s'est vérifié, en 1990, où la rue a conspué le tout-puissant Houphouet-Boigny.
Dans le Coran, le Pharaon, c'est Houphouet et Moïse, c'est Gbagbo. L'enfant dont parlait mon père, c'est Gbagbo. Qu'on le veuille ou non, Gbagbo commandera ce pays. On n'y peut rien. Voilà ce qui explique mon adhésion, depuis 1990, au Front populaire ivoirien.
IV: Baradji, votre militantisme au FPI relève un peu de l'extraordinaire, parce que l'on prétend qu'en général, le Dioula est difficile pour l'opposition. Que répondez-vous?
C. B: Permettez-moi de m'adresser à mes frères dioulas qui se laissent encore intoxiquer par ces genres de préjugés. Ils doivent se décider à adhérer au FPI parce que, s'ils ne le font pas maintenant, ils le regretteront amèrement. Pas qu'il leur sera fait quoi que ce soit, mais ils auront très honte d'aller demander pardon, après, pour se faire accepter. Nos frères dioulas doivent prendre leurs responsabilités pour sauver la Côte d'Ivoire.
IV: Nous allons terminer cet entretien. Qu'aimeriez-vous que l'on retienne?
C. B: Je voudrais vous confier cette leçon imagée que feu mon père m'a toujours enseignée. Mon père comparait le combat de Laurent Gbagbo au travail d'un enfant abandonné dans la jungle et qui doit travailler pour sauver tous les autres hommes. Dans cette jungle, il y a tous les animaux féroces et méchants, comme le lion, la panthère, les serpents, etc. Tous les hommes se sont terrés et ne cultivaient pas cette forêt à cause des animaux. Cet enfant s'est décidé seul à attaquer cette forêt et les animaux qui se croyaient maîtres des lieux se sont aperçus qu'il y a plus courageux qu'eux et se sont mis à s'enfuir. Selon feu mon père, seul le courage de cet enfant a permis de sauver son peuple de la faim. A la réflexion, c'est le combat de Gbagbo aujourd'hui. Nous devons tous prendre courage et l'aider à nous sauver.
Interview réalisée à Bouaflé par César Etou