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Décès du marabout Ali Koné (Korhogo) : un crime dans l'entourage de Balla Kéita
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- Title
- Décès du marabout Ali Koné (Korhogo) : un crime dans l'entourage de Balla Kéita
- Creator
- Paul D. Tayoro
- Publisher
- La Voie
- Date
- September 24, 1993
- Page(s)
- 2
- number of pages
- 1
- Subject
- Balla Keita
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007628
- content
-
SOCIÉTÉ
DÉCÈS DU MARABOUT ALI KONÉ (KORHOGO)
Un crime dans l'entourage de Balla Kéita
La ville de Korhogo est, en ce moment, en émoi. M. Ali Koné, bien connu des Korhogolais et ami très proche de M. Balla Keita, a été retrouvé mort au coin d'une rue. Et la qualité des personnes interpellées, toutes proches de M. Balla Keita, en rajoute à l'émotion.
Le 16 septembre dernier, tôt le matin, le corps sans vie de M. Ali Koné, grand marabout, a été retrouvé au détour d'une rue, au quartier Jean Delafosse. Ami personnel et "protecteur" de M. Balla Keita, l'homme, portant allègrement ses 65 ans, était plein de vie. Connu de presque tous les Korhogolais pour ses grands pouvoirs, il était aussi fréquenté par Mme Mariam Keita, la sœur cadette de l'ancien ministre de l'Éducation nationale Balla Keita.
La triste nouvelle de la mort de M. Ali Koné a donc traversé la ville de Korhogo comme une traînée de poudre, laissant tout le monde pantois. D'autant que le vieux avait été retrouvé torse nu et le pantalon porté à l'envers.
Le constat du docteur Dello Pamphile fera état d'une déformation de l'arcade sourcilière droite, d'une hémorragie sous conjonctivale de l’œil, de dents recouvertes de sang plus ou moins frais, surtout du côté droit et d'une déformation de la mâchoire du côté droit. La rigidité de celle-ci n'a permis d'ouvrir la bouche pour un examen approfondi. Mais l'on remarque une plaie localisée au niveau de la nuque, apparemment superficielle.
Le médecin pense à un crime dont l'auteur se serait servi d'un morceau de bois ou d'une barre de fer pour assommer la victime sur la face latérale droite. Tombé à la renverse, l'homme serait mort à la suite d'une hémorragie interne. De plus le docteur Dello se montre formel : le décès n'est pas survenu à la suite d'actes sexuels tentés par la victime.
Visiblement, M. Koné n'a pas été tué à l'endroit où son corps a été découvert. En plus d'une importante somme d'argent, l'on a retrouvé, dans une poche du mort, la clef d'une porte appartenant à une maison environnante.
Qui donc a bien pu tuer M. Ali Koné ? Selon les témoignages recueillis, le vieux s'était rendu la veille, mercredi 15 septembre aux environs de 17h45, chez son gendre afin de joindre téléphoniquement un correspondant résidant à Abidjan. Un personnage important (dont nous taisons le nom pour les besoins de l'enquête policière) ayant de grandes charges dans la plus importante société abidjanaise de transport urbain. Celui-ci devrait sa position actuelle au sein de l'entreprise, à Ali Koné. Notons que le monsieur avait été mis en rapport avec le vieux par le nommé "Nivaquine" (ainsi l'appelle-t-on partout à Korhogo, si bien que très peu de personnes se souviennent de son vrai nom), un proche de Balla Keita également.
Depuis le constat du succès de M. Ali Koné sur le correspondant, celui-ci fait régulièrement des dons à son bienfaiteur. Mais toujours par le biais de "Nivaquine" que l'on soupçonne de garder par devers lui, la majeure partie des présents. Le téléphone qui devait être installé au domicile du vieux n'est jamais venu. Et des contacts avaient déjà été pris en ce sens.
Devant toutes les réserves de l'homme à qui il doit tout, l'Abidjanais promet d'avoir désormais des rapports directs avec lui. Et il promet de se rendre incessamment, en personne, à Korhogo, pour réaliser toutes les autres promesses.
C'est donc tout content que le vieux Ali Koné quitte son gendre. Cependant, tandis qu'il se trouvait encore en compagnie de son gendre, une dame se serait rendue à son domicile avec une pintade et du mil, prétendant vouloir faire un sacrifice. "Lorsque votre père sera de retour, dites-lui que c'est sa sœur qui lui remet cela. Je reviendrai ce soir. Ou alors, j'enverrai mon enfant", déclare-t-elle aux enfants d'Ali Koné, avant de se retirer.
Aux environs de 22h30, le vieux se repose sur la terrasse de sa maison, en compagnie de Koné Vally, son fils d'à peu près 15 ans. Deux individus dont une femme (la même ?) et un homme se présentent bientôt et lui remettent une lettre. Mais le vieux ne sait pas lire le français. Il fera donc lire la lettre par les étrangers eux-mêmes.
Il en ressort que l'on a besoin urgemment du vieux au chevet d'un malade grave au quartier Jean Delafosse. Les porteurs de la lettre affirment que celle-ci est d'une dame nommée Maïmouna, maîtresse du vieux.
M. Ali Koné émet alors le désir d'aller se changer. Mais les visiteurs le lui refusent, prétextant le caractère urgent de leur démarche.
Le vieux s'incline donc et se retire en compagnie des deux visiteurs, laissant seul son fils. Le corps d'Ali Koné sera retrouvé le lendemain matin au coin d'une rue.
À la police, dame Monique à qui appartient l'appartement dont une clef avait été retrouvée sur le cadavre, avance le nom de M. Kassoum, le régisseur du domicile korhogolais de Balla Keita. C'est à Kassoum que, selon elle-même, elle avait remis cette clef.
À son tour, M. Kassoum cite quatre autres personnes du sérail de Balla Keita que fréquentaient toutes le vieux défunt. Celles-là ont été interpellées. Deux jours après le crime, "Nivaquine" était encore introuvable. Mais au lendemain de la mort du vieux, Mariam Keita s'est curieusement rendue dans la famille du défunt et a demandé qu'on lui fournisse toutes les informations venant de la police afin qu'elle en parle à son grand frère Balla Keita à Paris.
Et la police de Korhogo continue son enquête.
De notre envoyé spécial Paul D. Tayoro
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