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Mosquée Tidjani de Port-Bouet II. Bagarres entre alassanistes et bédiéistes. Bilan : 1 mort, 25 blessés
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- Title
- Mosquée Tidjani de Port-Bouet II. Bagarres entre alassanistes et bédiéistes. Bilan : 1 mort, 25 blessés
- Creator
- Toti Nadjé
- Publisher
- La Voie
- Date
- February 15, 1994
- number of pages
- 1
- Subject
- Yopougon
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007617
- content
-
SOCIÉTÉ
MOSQUÉE TIDJANI DE PORT-BOUET II
BAGARRES ENTRE ALASSANISTES ET BÉDIÉISTES
Bilan : 1 mort, 25 blessés
Des incidents ont éclaté, samedi dernier, à 19 h, à la mosquée Tidjani de Port-Bouët II, dans la commune de Yopougon entre coreligionnaires :
Des incidents qui ont fait 1 mort et 25 blessés, et provoqués par des membres des deux communautés rivales burkinabè, à savoir les Bissa qui seraient proches du président, M. Henri Konan Bédié et les Mossi qui se réclameraient d'Alassane Dramane Ouattara, l'ancien Premier ministre ont éclaté samedi à la mosquée Tidjani de Port-Bouet II, à Yopougon. Rappelons brièvement les faits :
À la fin de la première prière du Ramadan, l'Imam Salif Maïga, victime d'un malaise, a désigné un collaborateur pour le remplacer. Ce collaborateur, qui n'est autre que Mahmoud Démi, est Mossi, comme l'Imam. On comprend aisément que les Bissa se soient opposés à la désignation de M. Démi, membre du groupe rival, pour conduire la prière de 20 h.
Une vive altercation entre les deux clans rivaux s'engage. Un groupe de personnes armées de couteaux, de gourdins, de cailloux fait irruption dans la mosquée, tuant un fidèle (Djébré Bachir d'ethnie Bissa) et blessant 25 autres du côté des Mossi.
Des renseignements recueillis sur place, il ressort que chacune des deux communautés revendique la mosquée Tidjani depuis 1991. Et malgré les interventions des autorités municipales et gouvernementales, le problème est demeuré entier.
Il semble toutefois que les choses aient pris des proportions plus dramatiques depuis la rivalité entre le nouveau président de la République et l'ancien Premier ministre de feu Félix Houphouet-Boigny.
Mais laissons la parole aux responsables des deux groupes pour faire toute la lumière sur cette crise :
"Nous demandons simplement que justice soit faite, à savoir que Mohamadou Djébré est la personne la mieux indiquée pour remplacer l'Imam, en cas de défaillance de ce dernier. Nous ne comprenons donc pas que les Mossi veuillent faire de notre mosquée une affaire personnelle. Ils ont tué un des nôtres, Djébré Bachir, dont le père a été grièvement atteint à la tête.
La guerre de clans au PDCI menace la communauté musulmane toute entière.
Cela dit, nous confirmons que la mosquée appartient aux Bissa. Nous la devons aux feux Imams, El Hadj Moussa Djébré, Mohamadou Djébré, professeurs franco-arabes. Les Mossi ne voulaient pas de l'actuel adjoint à l'Imam, parce qu'il est Bissa. Il a fallu toute l'autorité d'El Hadj Idrissa Koné, président du Conseil national islamique pour leur faire entendre raison. Tant que les Mossi n'auront pas compris cela, il n'y aura pas la paix à Port-Bouët II", fait remarquer El Hadj Kéré Bila, chef des Bissa qui compte sur la compréhension de certains éléments du groupe mossi pour éviter le pire.
"La mosquée Tidjani est bel est bien la propriété des Mossi. Elle a été construite par notre frère El Hadj Ouédraogo Arouna, alias Tienkienga, sans participation de qui que ce soit. Mais nous l'avons ouverte à tous les fidèles musulmans, sans distinction de race et d'ethnie. Aujourd'hui, les Bissa, avec la complicité de certains hommes politiques, revendiquent la paternité de cette maison d'Allah.
Nous avons la conscience tranquille car nous sommes persuadés que, tôt ou tard, la vérité finira par triompher.
Nous souhaitons cela pour le plus grand bien de notre cité que nous aimons tous.
Mais je terminerai par un regret. Les Mossi et les Bissa sont issus d'un même pays, le Burkina Faso, et ce sont toujours eux qui sèment le désordre à Port-Bouët II. Je regrette personnellement cela. Je demande donc à tous mes frères et à toutes mes sœurs Mossi et Bissa de ne pas oublier que nous vivons en terre étrangère dont nous devons respecter les lois. Nous ne devons pas nous laisser diviser par les hommes politiques", rétorque El Hadj Ouédraogo Souleymane, responsable des Mossi.
Pour paraphraser un éminent avocat sénégalais, on dirait : "Lorsque la politique entre dans les mosquées, on oublie Allah.
C'est ce qui s'est passé samedi dernier, à la mosquée Tidjani de Port-Bouët II.
Il faut souhaiter que la sérénité revienne dans les deux communautés afin qu'elles puissent contribuer à l'avènement de cette Côte d'Ivoire nouvelle que nous appelons de tous nos vœux.
Toti Nadjé