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Title
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Les musulmans de Côte d'Ivoire : des boucs émissaires?
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Date
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June 15, 1994
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Page(s)
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6
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number of pages
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1
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Rights
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Identifier
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iwac-article-0007599
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content
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LES MUSULMANS DE CÔTE D'IVOIRE
Des boucs émissaires ?
La communauté musulmane vient, une fois de plus (une fois de trop croyons nous*) de subir une humiliation qui achève de nous convaincre que cette communauté n'est l'objet d'aucune considération dans notre pays, pourtant pays de paix et de tolérance.
Tout se passe en Côte d'Ivoire comme si l'Islam était une religion étrangère, qu'on a laissé s'installer et se développer par générosité. Comment expliquer autrement la surveillance dont il est l'objet depuis l'époque coloniale et encore plus depuis nos indépendances ?
Pourquoi depuis que les musulmans ont commencé à s'organiser, des occasions se sont-elles multipliées ?
Pourquoi les ennemis de l'Islam veulent-ils transposer ici ce qui n'est pas de notre tradition ?
Quel est le but recherché ?
Ces questions sont fondamentales et préoccupantes.
Lorsque, dans un pays qui se veut de droit, les forces de l'ordre pénètrent dans les mosquées (et seulement dans les mosquées) pour soit-disant des contrôles d'identité, lorsque ces mêmes forces de l'ordre, dans la circulation, interpellent les " Porteurs de grands boubous ", lorsqu'elles affichent pour certains un mépris souverain, c'est manifestement parce qu'elles sont assurées de l'impunité.
Comment en serait-il autrement, lorsque certains responsables au sommet de l'Etat expriment leur haine ou leur peur des musulmans. Faut-il leur rappeler que la Constitution de notre pays dispose en son article 6 :
"* La république assure à tous l'égalité devant la loi sans distinction d'origine, de race, de sexe ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.
"*Toute propagande particulariste de caractère racial ou ethnique, toute manifestation de discrimination raciale sont punies par la loi".
Faut-il rappeler aussi à ceux qui sont brusquement devenus amnésiques, que les musulmans, en tant que citoyens, ont payé et payent le prix fort pour l'indépendance de notre pays et pour la Constitution de sa prospérité, que les musulmans, dans leur grande majorité, sont toujours restés fidèles au président FELIX HOUPHOUËT-BOIGNY et ont toujours voté presque à 100 % pour le PDCI.
Faut-il enfin indiquer que la chance de la Côte d'Ivoire et sa richesse résident dans la multiplicité de ses ethnies ? Pays ouvert, elle reçoit les " étrangers " du Nord, mais aussi de l'Est et de l'Ouest.
On voudrait détruire la Côte d'Ivoire qu'on ne s'y prendrait pas autrement en diabolisant une partie, la plus importante et la plus dynamique, de sa population ?
Depuis environ 4 ans, les musulmans de Côte d'Ivoire sont de plus en plus perçus comme les Juifs du temps de Pharaon et de Moïse ; ils font peur. À cet égard, André Frossard a pu écrire :
"La procédure de la persécution raciale ne varie guère à travers les âges. On s'effraie d'abord de l'accroissement rapide d'une population minoritaire dont on affecte de redouter les pires trahisons, puis on lui retire successivement tous ses droits pour la réduire sur place, à une sorte de captivité préventive".
Nous voulons appeler l'attention de tous les Ivoiriens, et en particulier celle des responsables politiques, sur les tracasseries et les humiliations dont les musulmans sont l'objet.
Ceux qui, étalant leur ignorance, leur mauvaise foi et leur parti-pris, sont prompts à traiter tous les musulmans d'intégristes, doivent savoir que les seuls intégristes qui se sont manifestés chez nous sont des sectes qui parlent et agissent " Au nom de Christ ".
S'il y avait des intégristes en Côte d'Ivoire, ceux qui les dénoncent, n'auraient pas eu l'occasion de se répéter ou d'aller et venir en toute tranquillité.
Alors, une fois de plus, arrêtons de crier au loup.
Ce qui s'est passé à Abobo vendredi 10 juin ne doit plus jamais se reproduire, ni les vendredis ni les autres jours.
La Côte d'Ivoire, affirme-t-on à tout propos, est un pays laïque. Soit. Mais la laïcité c'est d'abord la tolérance et le respect des différences : ce n'est pas la pratique de l'injustice.
Le Prophète MOHAMMAD (Saw) a dit : " Un empire peut prospérer dans l'infidélité mais jamais dans l'Injustice ".
Méditons.
Cellule de Communication
du Conseil national islamique
(CNI)
Cissé Dji guiba
La Voie
Frédérick Madore
