Article
Aïd el Kébir : quel mouton tuer?
- Hierarchies
-
Burkina Faso
- Articles de journaux (3615 items)
- Burkina 24 (279 items)
- Carrefour africain (33 items)
- FasoZine (116 items)
- L'Evénement (45 items)
- L'Observateur (61 items)
- L'Observateur Paalga (509 items)
- La Preuve (28 items)
- Le Pays (709 items)
- LeFaso.net (709 items)
- Mutations (13 items)
- San Finna (9 items)
- Sidwaya (1104 items)
- Publications islamiques (432 items)
- Al Mawadda (11 items)
- An-Nasr Trimestriel (16 items)
- An-Nasr Vendredi (318 items)
- L'Appel (48 items)
- L'Autre Regard (11 items)
- Le CERFIste (13 items)
- Le vrai visage de l'islam (15 items)
- Documents divers (Burkina Faso) (16 items)
- Photographies (Burkina Faso) (9 items)
- Références (Burkina Faso) (297 items)
- Articles de journaux (3615 items)
- Title
- Aïd el Kébir : quel mouton tuer?
- Publisher
- L'Observateur
- Date
- September 29, 1982
- Page(s)
- 1
- 8
- 9
- number of pages
- 3
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007311
- extracted text
-
Quel mouton tuer ?
AID EL KEBIR
Le geste d'ABRAHAM-qui a immolé un ton à la place de son fils ISMAEL-repété hier place du 3 Janvier par l'Imam Abdou Salam TIEMTORE : C'était le coup d'envoi pour des milliers de moutons qui ont été sacrifiés. (V. P. 8.)
mou-
Au centre l'Imam Abdou Salam TIEMTORE qui a dirigé la prière à OUAGADOUGOU.
C'est devant tous ces fidèles qu'après la prière proprement dite, l'Imam Abdou Salam TIEMTORE a exécuté le geste de l'ancêtre Abraham, à savoir immoler la brebis, ce geste qui clôture la prière de la Tabaski mais qui libère les milliers et des milliers de fidèles qui ont économisé au cours de toute l'année pour se procurer un mout en à tuer en ce jour de joie. Ladessus il faut dire que certains croyants ne lésinent pas sur les moyens afin de se trouver un mouton en cette " fête de moutons". Tant pis si l'économie familiale ou le cheptel national doit en ressentir les effets.
Pour la petite histoire, citons le cas de ce commerçant croyant qui aurait acheté deux moutons de DCRI a 150. 000 de nos sous. Et dire qu'il a eu la chance de devancer cet autre, son coréligionnaire qui les voulait pour 350. 000…
Enfin, bref, disons que cette fête comme tant d'autre, qu'elles seient musulmanes, Chrétiennes animistes ou autres sont prétexte à "ripaille" et pourtant, DIEU seul sait ce qui a prévallu l'institution de ces cérémonies qui devraient ê– tre symboliques.
AID EL KEBIR
A l'instar de nombreux mahométtants de la planète, les musulmans de HAUTE-VOLTA ont célébré hier l'AID EL KEBIR, communément appelé fête du mouton ou TABASKI.
A OUAGADOUGOU, la prière qui a été célébrée par l'Imam Abdou Salam TIEMTORE a regroupé de nombreux fidèles au rang desquels on comptait, le chef de l'Etat le. Colonel Saye ZERBO, le Mogho Naba KOUGRI, quelques membres du C. M. R. P. N. et du Gouvernement des membres du Corps diplomatique accrédités dans notre pays et plusieurs autres personnalités civiles et militaires.
pendant la prière :
En tout cas, devant cette forme de gaspillage et d'économies et d'animaux, notre collaborateur F. S. VIERAX s'est entretenu avec un fidèle que nos lecteurs connaissent déjà bien. Il s'agit de M. COULIBALY Sidiki, celui là-même qui est professeur d'Arabe de son état, bien imprégné des problèmes Islamiques et qui nous avait déjà parlé de la "FOI ET DE LA TRADITION CULTURELLE" (of L'OBS n°2425 du 15 Septembre 1982.)
Avant d'aborder le problème du mouton de la Tabaski, M. COULIBALY Sidiki, sur une question de F. S. VIERAX nous situe d'abord l'AID EL KEBIR.
Qu'est-ce que TARASKI veut dire ?
A propos de la Tabaski je dirais qu'elle marque l'événement le plus important dans la vie spirituelle de tous les musulmans. Elle marque le jour où le fondateur de cette. religion (Abraham) a été éprouvé dans sa foi, devenue le crédo de la religion de Mouhamade. Ce crédo n'est autre que la croyance (connaissance par expérience et non connaissance aveugle) à un être suprême détenteur de tout le pouvoir, maftre de l'homme et de la nature. C'est le principe du Hanifisme qui consiste à connaître le créateur d'une façon rationnelle à partir des observations et des expériences vécues. A ce propos,
De g. d. : Le Moro Naba KOUGRI, le Colonel Saye ZERBO. le Général Baba-SY.
Dieu a dit dans le Coran : "… Sachez que la création des cieux et de la terre et la succession de la nuit et du jour sont des preuves matérielles suffisantes pour ceux qui utilisent leur raison". Par ailleurs dans le Coran il est mentionné dans plusieurs passages, invitant l'homme à réfléchir sur l'harmonie de la nature et la finalité de la création. Ez un mot, la "Tabaski" marque la dernière épreuve vécue par Abraham après tant d'autres sur le chemin de la foi.
Le message divin dans une nuit recommande à Abraham d'immoler son propre enfant (Ismaël selon le Coran, Isaac selon la version biblique). Le croyant après s'être assuré de la source de l'information se met à exécuter l'ordre divin.
fête.
ler ?
trouvons face
leil se lève. Le mot "Tabaski" vient de la déformation du terme "At tabkiir" qui signifie "se lever tôt" cette appelation vient du fait que les fidèles se lèvent tôt pour préparer la
Il fut arrêté dans son geste par un Ange qui lui offrit un mouton à la place de l'humain. Cette épreuve s'est passée dans une matinée quand les rayons du soleil n'avaient pas encore formé anJavec la terre (angle de 90º). Cette donnée a une importance en arabe et qui s'appelle Aldoubaa d'où l'appelation de Iidoul Adhaa qui signifie fête célébrée au
-A propos du mouton de la TABASKI, est-ce une obligation pour tout musulman quelle que soit sa condition sociale de trouver un mouton à immo-
6. C. : Je répondrai que la religion n'est pas une imitation aveugle des méthodes d'autrui. c'est une erreur qui se glisse dans la religion et ternit l'universalisme de ses principes. L'épreuve vécue par Abraham a deux aspects essentiels, et chacun de ces aspects invite à beaucoup de réflexion. La décision d'Abraham de se soumettre lavolonté divine et de l'accomplir au dépens de ce qui lui est plus cher est un acte capital dans lavie de tout croyant musulman. Elle a une portée pédagogique dans une éthique très profonde à savoir la liberté de l'homme vis-à-vis de la nature et de toute autre créature outre que l'être suprême. Nous comprenons mal cette portée à notre époque où l'homme par le progrès de la Science et de la technologie a franchi une étape importante dans sa libération vis-à-vis de la nature. Mais, au temps d'Abraham, période qui se situe tout juste quelques années après le déluge, l'animisme et la méconnaissance l'avaient rendu esclave de celle qu'il a sacralisée. Ce fut la période où l'homme était soumis aux caprices de la nature et ses propres instincts. Il fallait une vraie croyance comme celle d'Abraham pour libérer l'homme de toute domination, moyen d'exploi tation de l'homme par la nature et aussi exploitation de l'homme par l'homme. L'acte d'Abraham ne devait avoir aucune portée universelle et humaine en dehors de la foi en la liberté vis-à-vis de la nature et l'égoïsme de son âme. Vous voyez qu'il est très dangereux pour un croyant de se can. tonner dans une imitation de gestes d'autrui Bans pour autant comprendre les mobiles qui le font agir ainsi. C'est pourquoi Dieu exige de son fidèle la connaissance, arme de foi avant de l'adorer. "Connaissez-moi avant de m'adorer. Si vous he me connaissez pas, comment pouvez-vous m'adorer ?". S'il est bon de savoir ce que les autres ont dit sur la religion et sur ses pratiques, il est encore mieux de comprendre ce qu'ils veulent dire et pourquoi ils le disent ; car ne peut avoir foi que celui qui est doué d'un esprit critique, de discernement et d'analyse. Mais au délà de cette méditation profonde sur la finalité de l'existence de l'homme sur la terre, nous nous
de la religion. Le matériel utilisé par Dieu comme moyen pédagogique est d'une extrême importance car il s'agit de l'homme, de moyen alimentaire (mouton) et le milieu comparé de temps et d'espace ;
à une conception humaniste
moment où le so.
; ce
-
Sidiki
COULIBALY (g.) et Franck S. Vierax. au cours de l'entretien.
puis enfin une situation donnée. Au vu de tous ces facteurs, celle de la valeur humaine l'emporte et l'homme est sauvé au détriment de tous les autres éléments. Le milieu social et naturel d'Abraham diffère de celui du prophète Mouhamad et autant plus encore de notre société du 20ème siècle. C'est pourquoi nous constatons que le prophète en instituant cette fête l'a adaptée aux réalités raciales de l'époque à savoir comment parvenir à une auto-suffisance alimentaire. Comment peut-on trouver une solution définitive et radicale à ce problème de famine en faisant appel bien sûr à la
solidarité de toutes les couches sociales. A travers certains versets du Coran nous trouvons la précision suivante : "… mangez-en mais nourrissez les pauvres et les démunis. Donc, vu le principe de ces versets coraniques, il est aberrant de dire que c'est une obligation pour tout musulman quelle que soit sa condition sociale de trouver un mouton à immoler 3B et cela devient un péché quand il est fait au détriment des conditions sociales de la famille. La fête de "Tabaski" est une journée de lutte contre la famine. Les riches sont tenus de nourrir les pauvres et non le contraire. Le mouton est une "sounnat" et non une "Faridat".
La valeur du monton à sacrifier est-elle précisée par des textes musulmans ?
S. C. : La question me parait vague. Ce que je Deux y apporter comme réponse est que le mouton offert à Abraham était un gros bélier qui n'avait aucune déformation physique. Pour ce qui est des minutieuses descriptions qui se trouvent dans certains documents musulmans, il y est mentionné qu'il faut tenir compte du milieu social et naturel des docteurs-auteurs de ces documents, car la juriprudence musulmane, en sa grande partie est une adaptation de la vie active aux principes de la religion. Mais au delà du mouton et de sa valeur, c'est un problème social qui est visé, un fléau qui menace constamment l'humanité : c'est la famine. Donc au lieu d'évaluer le mouton, le musulman doit plutôt évaluer l'ampleur du danger d'une famine qui s'abat sur une communauté humaine.
Part of Aïd el Kébir : quel mouton tuer?