Article
L'Aïd El Kébir : chez nous et ailleurs
- Title
- L'Aïd El Kébir : chez nous et ailleurs
- Publisher
- L'Observateur
- Date
- October 12, 1981
- Page(s)
- 1
- 8
- 9
- number of pages
- 3
- Subject
- Lancina Traoré
- Communauté Musulmane du Burkina Faso
- Abdoul Salam Tiemtoré
- Oumarou Kanazoé
- Saye Zerbo
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007306
- extracted text
-
L'AID EL KEBIR
CHEZ NOUS ET AILLEURS
L'un des moments sublimes de L'AID EL KEBIR :Le sacrifice du mouton par le grand IMAM de OUAGADOUGOU, El Hadj TIEMTORE Abdoul Salam. (V. P. 8.)
LAID EL KEBIR
Le monde musulman a fêté à travers le globe, vendredi dernier, 1'AID EL KEBIR, communément appélé "fête du mouton" et qui commémore le sacrifice d'ABRAHAM. A travers tout le monde musulman donc, des millions de moutons ont été immolés. Quoi de plus normal.
Chez nous, et plus particulièrement à la place du 3 Janvier, des milliers de fidèles musulmans ont pris d'assaut très tôt le matin, cette place pour la prière commémorative du sacrifice d'ABRAHAM. Parmi les fidèles, on pouvait dinstinguer le Chef de l'Etat, le Colonel Saye ZERBO, le Moro Nana KOUGRI Empereur des Mossi, le Grand Chancelier des Ordex, Je Général Baba SY, quelques membres du Comité Directeur du CMRPN et du Gouvernement.
C'est le Grand Imam de OUAGADOUGOU El Hadj Sa1am TIEMTORE qui a dirigé la prière, à l'issue de laquelle il a immolé un grand bêlier blanc % ; c'est après cet acte symbolique qu'à domicile chacun a pu célébrer son sacrifice. Ce fut alors la manifestation populaire qui a marqué et entretenu l'atmosphère de la fête. A'l'issue de la prière à la place du 3 janvier, El Hadj Lancina TRAORE, 5è Vice-Président de la Communauté musulmane a donné quelques explications sur la signification de cette fête, ainsi que du pélérinage à la MECQUE. Voyons à présent comment cette fête a été célébrée dans certains pays islamiques :
En EGYPTE, où elle précédait de peu les obsèques du Président SADATE, et où manifestations et rassemblements étaient interdits en raison de l'état d'urgence, la "fête du mouton" n'a pu revêtir son éclat habituel. De même, elle a été marquée d'une certaine sobriété au LIBAN, en raison de la crise intérieure et des récents attentats qui ont ensanglanté plusieurs régions à majorité musulmane.
En IRAN, 1'Imam KHOMEINY lui a donné un tour politique en adressant un message à la Nation dans lequel il a souligné qu'elle était cette année "d'autant plus bénie que le Pharaon d'EGYPTE a rejoint les sentiers des Pharaons" (allusion à l'assassinat du Chef de l'Etat Egyptien) et que "les forces de SADDAM le Satan (le Président Irakien SADDAM USSEIN) sont en voie de désagrégation". En ALGERIE, la "fête du sacrifice, " marquée l'an dernier par le deuil d'EL ASNAM, dévastée il y a. un an par un tremblement de terre, s'est déroulée cette année dans la traditionnelle atmophère de joie des enfants et de recueillement religieux des adultes. Cependant, à EL ASNAM même, la population encore sous le choc du tremblement de terre du 10 'ctobre, a renoncé volontairement aux agapes traitionnelles.
En TUNISIE, plus de 500. 000 moutons ont été sacrifiés malgré les appels des autorités, réitérés chaque année, pour réduire cette ponction dans le cheptel du pays, et les remontrances des journaux qui déplorent "ce carnage".
Au MAROC, le Roi HASSAN II a demandé à son peuple de s'abstenir d'immoler le mouton cette année Dour sauvegarder le cheptel et a indiqué qu'il sa-
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crifiait lui-même un mouton en public en sa qual té de commandeur des croyants et au nom de tout le peuple marocain.
de moutons, vaches et chameaux ont été immolés, en En ARABIE SAOUDITE, des centaines, de milliers particulier à MENA, un des lieux saints proches de la MECQUE où les croyants ont défilé pour mar quer aussi la fin du "Hadj", le pélérinage annuel
à la ville sainte du Prophète, qui a accueilli cette année plus de deux millions de musulmans. Dans les Etats pétroliers du Golfe, la fête est surtout l'occasion d'un repos de plusieurs jours mais le mouton est cependant sacrifié dans les maisons des Chefs de famille arabes, cependant que les grands Hotels offrent des divertissements Au SENEGAL, la communauté musulmane, qui représente 80 % de la population, a célébré dans la fer veur habituelle la "fête du sacrifice" que l'on appelle ici. "Tabaski".
Une vue partielle des fidèles à la place de 3 Janvier lors de la prière. On reconnaît en 2e position, le Chef de l'Etat tête nue entre le MORO NABA et El Hadj. KANAZOE Oumarou.
Il en a été de même au CAMEROUN et au NIGERIA, dont les Présidents respectifs, Ahmadou AHIDJO et Shehu SHAGAR, sont musulmans, et où l'Islam est largement prédominant dans le Nord. Partout au NIGERIA, les prix ont augmenté à l'occasion de la fête y compris ceux de la bière, pourtant inter dite aux musulmans.
Au NIGER où 95 % de la population est musulmane, plus d'un million de béliers et de moutons ont été immolés, malgré les recommandations du Ministère de l'Information "d'éviter à tout prix le gaspillage des vivres à l'occasion de Tabaski".
En INDONESTE, qui compte la plus importante cor munauté musulmane du monde avec 147 millions de fidèles, le prix des chèvres, amenées par camions entiers à DJ KARTA, a pratiquement doublé dans 18 capitale. Le Gouvernement avait invité les Imams des mosquées à maintenir la teneur de leurs sermons"dans les normes habituelles" - c'est à dire de s'abstenir de critiquer les autorités.
En MALAISIA, dont la population est aussi majoritairement rusulmane, ce sont comme de coutume les Imams des mosquées qui ont procédé au sacrifice des chèvres et des vaches, et distribué aux pauvres la viande offerte par les familles fortun nées.
Au BANGLA DESH, les rues de la capitale étaient
ornées de drapeaux portant des inscriptions du coran, mais crtaines décorations et illuminations avaient été supprimées en raison du deuil de quatre jours décrété à l'occasion de la mort du Président Egyptien.
Eu PAKISTAN enfin, les festivités ont été endeuillées par un affrontement entre Chiites et Sunnites qui a fait quatre morts, à BAGA, à 200 Im au Nord de KARACHI.