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Une lettre pour laye
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- Title
- Une lettre pour laye
- Publisher
- L'Observateur Paalga
- Date
- July 24, 1992
- Abstract
-
Cher Wambi
Je dois te dire tout de suite que je suis un peu fâché. Depuis plusieurs mois, je t'écris toutes les semaines et tu ne me réponds jamais. Que se passe t-il ? Y a-t-il un malheur au village ? Ou bien vous n'avez pas encore fini avec cette histoire de sungo. Eh oui ! Tu ne me l'as pas dit, mais j'ai appris par des voyageurs que le jeune Pamoussa a été désigné par le sungo, ce fétiche détecteurs impitoyable des mangeurs et mangeuses d'âmes, comme étant la personne qui a capturé et enfermé dans une gourde avant de la manger, l'âme de la belle sona. Comme le veut la coutume, il semble qu'il a été aussi renié puis banni par sa famille, avant d'être pourchassé et mis hors de l'enceinte du village par les jeunes gens et les jeunes filles de son âge. - Spatial Coverage
- Bobo-Dioulasso
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0002671
- content
-
Cher Wambi
Je dois te dire tout de suite que je suis un peu fâché. Depuis plusieurs mois, je t'écris toutes les semaines et tu ne me réponds jamais. Que se passe t-il ? Y a-t-il un malheur au village ? Ou bien vous n'avez pas encore fini avec cette histoire de sungo. Eh oui ! Tu ne me l'as pas dit, mais j'ai appris par des voyageurs que le jeune Pamoussa a été désigné par le sungo, ce fétiche détecteurs impitoyable des mangeurs et mangeuses d'âmes, comme étant la personne qui a capturé et enfermé dans une gourde avant de la manger, l'âme de la belle sona. Comme le veut la coutume, il semble qu'il a été aussi renié puis banni par sa famille, avant d'être pourchassé et mis hors de l'enceinte du village par les jeunes gens et les jeunes filles de son âge.
Il erre à présent à travers la brousse comme une âme en peine. C'en est vraiment une.
Cher cousin, un groupe d'élèves de l'Institut National des Sciences, promotion 1988-1989 m'a demandé de te faire parvenir cet écrit.
INS: Une galère
On accuse souvent les enseignants de saboter l'instruction des enfants dont ils ont la charge sans chercher à savoir les conditions dans lesquelles vivent ces enseignants.
Ne dit-on pas que ce sont les conditions économiques et sociales qui déterminent la conscience ?
Aussi voulons nous ici faire part de nos préoccupations aux autorités politiques et administratives et partant, prendre l'opinion publique à témoin sur la situation des élèves professeurs de l'Institut National des Sciences(INS) en général et plus particulièrement celle de la promotion 1988-1989.
Les faits qui corroborent cette situation sont légion.
Mais tout d'abord, nous résumerons succintement la génèse de la situation. Selon certaines autorités du Ministère des enseignements secondaires, supérieur et de la recherche scientifique, (MESSR), le test d'entrée à l'Institut national des sciences aurait été organisé par erreur.
En tout cas, c'est leur propre expression. Les élèves professeurs ont été informés de cette erreur et du coup s'est posé le problème du présalaire.
En effet, ceux-ci ont été payés dix(10) mois sur douze (12), c'est-à-dire de décembre 88 à septembre 89 et cela à raison de 27.000 par mois et par étudiant.
Alors que nous devrions bénéficier d'un présalaire de 48.000 francs.
Par un calcul rapide, on se rend compte qu'il y a un reliquat qui tourne autour d'une vingtaine de millions.
Pour l'ensemble des élèves professeurs, si certaines personnes veulent faire le black-out sur ce reliquat, qu'elles sachent que cela n'est pas normal.
Nous pensons que toute la lumière doit être faite sur la situation pour ne pas frustrer les uns et les autres.
Dans le même ordre d'idées, selon certaines autorités, s'il y a une revendication quelconque, cela serait sanctionnée par l'annulation pure et simple du concours.
Et la suite, on le devine aisément; les élèves professeurs seraient remerciés sans autre forme de procès.
Quoi qu'il en soit, il serait aberrant de croire que cela est possible car si jamais de tels projets étaient mis à exécution, c'est la nation qui aurait perdu.
Il y a aussi la question de l'intégration qui se pose avec acuité. En effet, les responsables de FINS semblent se livrer à coeur joie au "poncepilatisme".
Cette attitude, on peut la résumer en ces termes "Vous avez fini avec TINS, allez-vous débrouiller ailleurs".
Les dossiers déposés pour le test et qui devraient être complétés à la fin de la formation ont miraculeusement disparu.
Aucune trace ni à FINS ni au Ministère de la Fonction Publique et de la Modernisation de l'Administration.
S'il fallait refaire un nouveau dossier, mais avec quel argent puisque les présalaires ont été suspendus?
Pourtant, l'assurance nous avait été donnée par FINS du versement du présalaire jusqu'en septembre 89.
En Afrique, nous soyons par-ci par-là des grèves et des ministres équestrés dans leur bureau.
Mais le chemin de la violence ne tente personne dans le nouvel Etat de droit.
C'est pourquoi nous préconisons le dialogue et la concertation pour un meilleur aboutissement de cette situation.
Nous exhortons toutes les autorités politiques et administratives afin qu'elles interviennent pour trouver une solution honorable à cet épineux problème.
Sinon, il risqua d'être trop tard car la nation récoltera les pots cassés.
La constitution nous interpelle sur nos devoirs envers la patrie cependant elle nous assure aussi des droits.
Nous entendons les défendre et en jouir pleinement.
Un groupe d'élèves de l'INS promotion 1988-1989
Permettons nous à présent cher Wambi de fouiller le carnet secret de Tipoko l'Intrigante. On y lit.
-Dans les ministères on parle toujours et surtout des organigrammes . Ainsi on affirme que chaque ministre aura désormais deux conseillers et non plus trois comme par le passé. Quant aux ministres d'état sans affectation précise leur cabinet sera composé de trois membres: leur propre personne plus un secrétaire et un conseiller.
-On parle aussi de traitements et salaires.
Ainsi on dit que le Premier ministre touchera quelque chose comme 400.000 et des poussières.
Les présidents d'institution eux tourneront autour de 330.000F et les ministres 280.000 F. Bien sûr tout ça, c'est sans les indemnités, mais à comparer aux salaires de certains de nos Directeurs généraux et autres patrons de projets on est obligé de reconnaître que ces gens sont tout sauf des budgétivores.
-Et les députés ? Eux aussi sont en chaudes discussions sur leurs "émoluments".
Heureusement que parmi eux il y en a qui savent freiner l'appétit glouton des uns et des autres. Nous y reviendrons.
-El Hadj Souleymane Derra s'élève contre la gérontocratie au sein de la Communauté musulmane et dit ceci:
"J'accuse le bureau de fouler aux pieds les préceptes de l'Islam. Le bureau est envahi par des retraités qui n'ont d'autres soucis qu'à dorer leur retraite au détriment des musulmans.
Même le grand imam n'a plus voix au chapitre. Le pire c'est que ces hommes sont incultes dans le domaine théologique.
J'en appelle à l'autorité publique pour rétablir l'ordre pendant qu'il est encore temps, car l'implosion est imminente."
-Le phénomène "faux billets" gagne du terrain. Le week-end dernier à Bobo, on a célébré le doua du septième jour d'un musulman. A l'issue de la cérémonie, quand on a voulu faire le compte de la quête, on s'est aperçu qu'il y avait dans le panier trois faux billets de 5000 F CFA. Ont-ils été mis là par trois personnes différentes ou par une seule personne ? Qu'importe ! Ça devient inquiétant.
Tipoko l'Intrigante n'apprends rien d'elle-même et n'invente jamais rien...
Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition car l'"intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude".
Ainsi va la vie.
Aurevoir.
Ton cousin Passek Tallé
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