Article
Hamdallaahi ou le fief des hamallistes
- Resource class
- Article
- Item sets
- L'Observateur Paalga
- Title
- Hamdallaahi ou le fief des hamallistes
- Creator
- Lassina Simporé
- Publisher
- L'Observateur Paalga
- Date
- December 1, 1995
- Abstract
-
“Gloire à Dieu"
Dans certains milieux, on répond à cette locution par “Amen". Mais en ce qui nous concerne, nous dirons que c'est le nom en fiançais du quartier que nous voulons présenter.
Ce quartier n'est pas très loin de Kolog-naaba dont nous avons fait cas la semaine passée.
Ce quartier, tout comme Kolog-naaba, est jeune. Mais il diffère de celui-ci par la religion de ses premiers habitants qui étalent tous musulmans.
Ce quartier qui se trouve au secteur n°10 tout comme Larlé, Nôs-kudgê et Nôs-paalga, s'appelle Hamdallaahi ou Hamdallaye. - Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0002635
- content
-
“Gloire à Dieu"
Dans certains milieux, on répond à cette locution par “Amen". Mais en ce qui nous concerne, nous dirons que c'est le nom en fiançais du quartier que nous voulons présenter.
Ce quartier n'est pas très loin de Kolog-naaba dont nous avons fait cas la semaine passée.
Ce quartier, tout comme Kolog-naaba, est jeune. Mais il diffère de celui-ci par la religion de ses premiers habitants qui étalent tous musulmans.
Ce quartier qui se trouve au secteur n°10 tout comme Larlé, Nôs-kudgê et Nôs-paalga, s'appelle Hamdallaahi ou Hamdallaye.
Hamdallaye a été créé par un érudit du Coran d'origine sénégalaise du nom d'Abdoulaye Fodé Doucouré sous le règne de Naaba Saaga.
Un témoin du départ de celui-ci dé Dakar raconte:
“Le cheikh a quitté Dakar en octobre 1957. J'étais à la gare. Doucouré et ses talibets ont occupé deux wagons”.
A Bamako, Doucouré et sa suite furent accueillis par Modibo Keita qui avait préparé un convoi de véhicules pour les acheminer à Ouagadougou où il arriva en novembre 1957.
Yéro Diallo, un témoin de l'avènement se souvient: “A son arrivée à Ouagadougou, il (Doucouré) fut reçu à Boulmiougou par une foule nombreuse qui l'escorta jusqu'à sa résidence de Dapoya. (En réalité, il s'est installé dans une famille marka(1) du nom de Yara).
Le cheikh a occupé deux parcelles jumelles. L'une servait de logement pour lui et sa famille, et l'autre était amenagée en mosquée et dortoir pour les talibets. Mais comme ses élèves étaient très nombreux et étudiaient pendant une grande partie de la nuit, le cheikh demanda un terrain plus vaste en dehors de la ville pour s'y installer. Pour cela, il se rendit chez le Moog-naaba Saaga en compagnie de quelques chefs coutumiers et responsables religieux.
Le Moog-naaba voulait lui affecter un terrain à Koulweogê, mais l'iman de ce village s'y opposa. C'est alors que le Wogdog-naaba proposa au vieux un terrain situé à 3 km à l'Ouest de la capitale. Un procès verbal de palabre fut établi et signé par le commandant de cercle, Batesti, le maire de Ouagadougou, Joseph Ouédraogo, le Larlé naaba, le Wildi naaba et le Gung-naaba. Mais de l'avis des chefs coutumiers, ce terrain était hanté par des génies et que tout homme qui s'y aventurerait la nuit risquait de perdre la vie. Le cheikh décida alors d'y prier pendant trois jours et trois nuits. Le quatrième jour, il fit venir ses talibets et leur partagea le terrain en 101 parcelles de 25x25 m. Mais comme le nombre de parcelles ne suffisait pas, il obtint l'autorisation d'agrandir la zone. La mosquée occupait 2.500 m3, soit quatre parcelles réunies.
Le cheikh baptisa le nouveau quartier Hamdallaahi qui veut dire: “Gloire à Dieu” et invita tout le monde musulman et non musulman à venir s'installer dans le nouveau quartier”.
Telle est ainsi la genèse du quartier Hamdallaye.
Cheikh Abdoulaye Fodé Doucouré ne s'arrêta pas en si bon chemin. En 1974 par exemple, nous informe une de nos sources, il sollicita le concours de bonnes volontés pour la construction d'une mosquée en matériaux définitifs à Hamdallaahi. El Hadj Oumarou Kanazoé décida de prendre entièrement en mains le financement de cette mosquée. C'était en 1974, année où notre pays adhéra à l'Organisation de la conférence islamique (OCI). Seulement, le cheikh ne priera jamais dans cette mosquée. En effet, il fut rappelé à Dieu le 13 juillet 1974 à 4 heures du matin. Il fut enterré à l'angle sud-ouest de la cour de la mosquée. Sa tombe est protégée par une maisonnette en dur couverte d'une dalle en béton. Depuis Djibo, son fils Mamadou Lamine Doucouré assura la continuité de l'oeuvre de son défunt père, notamment la construction de la mosquée.
Elle fut inaugurée le 8 mai 1981 par le lieutenant-colonel Nebié Badembié, ministre de l'Intérieur, représentant le président Saye Zerbo du CMRPN. A cette occasion, le fils du cheikh, Aboubakar Doucouré qui se trouvait en Arabie Saoudite pour ses études fit le déplacement de Ouagadougou. On a pu noter aussi la présence de Moog-naaba Kugri et de plusieurs délégations islamiques. Le discours de bienvenue fut prononcé par le docteur Balla Traoré, à l'époque vice-président de la Communauté musulmane.
Le grand imam de Ouagadougou, El Hadj Abdoul Salam Tiemtoré dirigea la prière inaugurale.
La mosquée qui mesure 29,70 m sur 23,70 m comprend une partie centrale en rez-de-chaussée composée d'une salle de prières et de deux salles de recueillement et une partie à étages composée de trois minarets à deux étages à l'Est et de petits minarets à l'Ouest.
Deux bâtiments annexes sont réservés aux femmes. L'ensemble est clôturé par un mur de 220 m munis de portails et de portillons et estimé à 143.725.838 francs cfa.
Présentement, la mosquée est sise au n°274 de la rue 10.74 qui est séparée de l'avenue de la Liberté par la rue du CILSS.
Aboubacar Doucouré, fils du cheikh est l'actuel imam.
A l'actif des hamallistes, on dénombre également un lycée, une école franco-arabe et le dispensaire Omar Ben Abdel Aziz, tous sis au secteur, précisément au n°333 de la rue 10.25.
Lassina Simporé
Le hamallisme en bref
Au départ était la tidjania, dernière confrerie religieuse apparue qui enseigne la tolérance et une ouverture d'esprit: ‘L'adepte doit entretenir de bons rapports avec tout le monde, surtout avec les confréries et veiller à la propreté permanente. Il doit également avec ses coreligionnaires de la même localité, tous les vendredis après la prière de l'après-midi, réciter la Hadrata (prière se déroulant autour d'un tissu blanc), réciter la wazifa le matin et le soir”.
Puis est apparu le hamallisme qui, dit-on, n'est pas une confrérie mais une réforme à l'enseignement de Si Ahmed Tidjani (1737, 1815) fondateur de la Tidjania.
Le nom hamallisme est d'après certains chercheurs inadéquat dans la désignation de la confrérie. Il provient du nom du propagateur Shaykh Hamahoullah et non du nom du fondateur Shaykh Sidi Mohammad Lakhdar. La logique voudrait qu'une tariqua (voie, chemin) porte le nom de son fondateur.
Le hamallisme se divisa par la suite en deux tendances: la tendance “11 grains” et la tendance “12 grains”. Ces deux tendances furent introduites dans notre pays à partir de 1940, respectivement par Fodé Abdoulaye Doucouré et Boubacar Sawadogo qui, plus tard, prit le nom Maïga afin, semble-t-il, de couper tout lien avec sa famille considérée comme fétichiste. Ils fondirent des foyers à Djibo (Doucouré) et à Ramatoulaye (Maïga).
A Ouagadougou, la tendance des Maïga est installée à Kamsâogê où se trouvent le pied-à-terre du cheikh qui réside à Ramatoulaye (province du Yatenga). Elle y a construit sa mosquée qui, présentement, fait face au château-d'eau.
Doucouré et ses adeptes, eux, se sont installés à Hamdallaye.
LS