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Interview. L'imam Mahmoud Sanogo : "On ne doit pas se cotiser pour acheter un boeuf pour le sacrifice"
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- Title
- Interview. L'imam Mahmoud Sanogo : "On ne doit pas se cotiser pour acheter un boeuf pour le sacrifice"
- Creator
- Anzoumana Cissé
- Publisher
- Le Patriote
- Date
- August 31, 2017
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007280
- extracted text
-
cette fête ?
RÉALISÉE PAR ANZOUMANA CISSÉ
PHOTO-TANO. E-
Le Patriote : Nous sommes à 48 heures de la célébration de la Tabaski. Que représente
Cheikh Mahmoud Sanogo : La fête de la Tabaski est appelée en arabe Aid El Hada ou Aid El Kebir, qui veut littéralement dire la grande fête, dans un premier temps s'il s'agit de l'Aid El Kebir. L'Aid El Ada, veut dire la fete du sacrifice. Cela nous permet de commémorer l'acte de dévotion posé par notre Père Abraham sur injonction de Dieu. Qui a demandé à Abraham d'immoler son fils qu'il adulait. Ceci était une épreuve pour Abraham. Ce dernier va s'exécuter en voulant immoler son fils Ismaël pour respecter la volonté de son Seigneur. Le sens qu'il faut retenir, c'est la soumission au Tout Puissant, au Créateur du monde. Nous répétons cet acte chaque année dans le 12ème mois de l'année musulmane (zoul hidja), qui est le mois du pèlerinage à la Mecque. Cet acte vient clore tous les actes que nous posons au niveau du pèlerinage. Cette soumission venait d'abolir le sacrifice humain dans les pratiques de l'Islam dans les différentes contrées du monde.
LP : A vous entendre, la Tabaski n'a rien avoir avec la fête du mouton ? CMS
Ce n'est pas la fête du mouton. Dans aucun texte apparait la fête du mouton. Même le mot Tabaski, c'est un mot que nous avons appris en Afrique ici surtout dans la zone ouest francophone, mais qui n'a pas de sens. Le sens qui ressort dans les textes, c'est la fête du sacrifice qui peut être appelée aussi la grande fête de l'Aid El Kébir Ou Aid El Ada. Mais selon les textes, on parle plutôt de la fête du sacrifice qui est un acte de dévotion et de soumission au Seigneur en se référant à notre père Abraham.
LP : Qui doit faire le sacrifice du mouton ?
CMS Tout musulman saint d'esprit qui a atteint l'âge de la majorité peut faire ce sacrifice. Même le fou dont les fonds sont gérés par une tierce personne, un tuteur ou autre personne peut faire le sacrifice du mou-
INTERVIEW/ L'IMAM MAHMOUD SANOGO :
"On ne doit pas se cotiser pour acheter un bœuf pour le sacrifice"
La communauté musulmane de Côte d'Ivoire, à l'instar de ses coreligionnaires des autres pays, célèbrera la Tabaski demain 1er septembre. L'Imam Cheikh Mahmoud Sanogo, guide spirituel de la Communauté musulmane d'Abobo Banco (Comuba), explique le sens de la Tabaski et invite les musulmans à ne pas s'endetter pour s'acquitter du sacrifice du mouton.
ton. Tout le monde peut faire ce sacrifice (homme comme femme).
LP : Tout musulman a-t-il l'obligation d'immoler un mouton pendant la Tabaski ? CMS :
MS Les avis divergent. Mais cet acte est plutôt une "sunna" du Prophète Mohammad. Certains savants musulmans disent que l'immolation est obligatoire pour celui qui en a les moyens. Si vous êtes musulmans, que vous avez les moyens et que vous refusez de faire ce sacrifice, alors vous aurez commis un acte désapprouvé par votre Seigneur. Mais celui qui n'a pas les moyens est dispensé de ce sacrifice. Il n'est pas question d'aller s'endetter pour faire ce sacrifice. Lorsque vous n'avez pas les moyens, vous êtes dispensé. Le Prophète Mohammad immolait deux moutons pour la Tabaski. Un des moutons était immolé pour lui-même en guise de son sacrifice et le second, était réservé aux membres de sa communauté qui n'avaient pas les moyens. Donc si vous n'avez pas les moyens, vous entrez dans le cadre du mouton qui a été immolé par le prophète Mohammad pour sa communauté n'ayant pas les moyens.
LP : Quel est le sort reversé aux musulmans qui s'endettent ?
"Ceux qui achètent des béliers à 1 ou 2 millions, 800 à 900 mille FCFA pour montrer qu'ils ont le plus grand bélier du quartier, ne s'inscrivent pas dans le cadre islamique"
CMS : Les personnes qui s'endettent posent un acte qui n'est pas islamique. Il faut apprendre à connaître sa religion. Il n'est pas question, nous le répétons, de s'endetter pour faire ce sacrifice. Quand vous n'avez pas les moyens, vous êtes dispensé. Mieux, vous êtes parmi les bénéficiaires de ce sacrifice fait par ceux qui ont les moyens. Chaque musulman doit pouvoir s'acquitter du mouton quand il a les moyens. Il y a les conditions d'éligibilité du mouton et nous ne cessons de le dire aux musulmans.
LP : Quelles sont ces conditions ?
CMS Selon le rite juridique malikite, le mouton est préférable au bœuf. Après le mouton, vient la brebis ; ensuite la chèvre et c'est après que le bœuf ou chameau intervient. Il ne s'agit pas ici, comme on a l'habitude de le voir, de se cotiser pour acheter un bœuf afin de faire le sacrifice. Ce sacrifice-là, l'Islam ne tient pas compte de cela.. Islamiquement ce sacrifice de bœuf à la place du mouton est nul et de nul effet. Cela n'a même pas de sens. On ne doit pas se cotiser pour acheter un bœuf pour le sacrifice. Si vous vous cotisez pour acheter un bœuf, qui a fait le sacrifice ? Ce n'est pas la fête de la viande. Vous aurez tué un bœuf, vous avez eu de la viande, mais vous n'avez
31. 08. 2017
pas fait de sacrifice. Le sacrifice demande qu'on ait les moyens soimême. Et qu'on achète son bélier soimême et que ça soit un bélier qui
n'est pas atteint d'une maladie. Ce bélier ne doit pas avoir une corne cassée, une patte cassée. Il ne doit pas être borgne, avoir la gale, une oreille tranchée. La bête ne doit pas avoir d'imperfection puisque c'est un sacrifice que vous offrez à Dieu. Nous tenons à préciser tout cela. C'est l'occasion pour nous de dire à ceux qui s'adonnent à une certaine concurrence en achetant des béliers à 1 ou 2 millions ; ou 800 à 900 mille FCFA juste pour montrer qu'ils ont le plus grand bélier du quartier, qu'ils ne s'inscrivent pas dans le cadre islamique. Si vous avez autant de moyens, ce serait mieux d'acheter autant de béliers et de les offrir à des familles démunies. Cela a un sens. Mais nous voyons nos jeunes d'aujourd'hui dire « j'achète un mouton à 1. 200. 000 ou 1. 300. 000 de FCFA » . Ils visent d'autres choses. Le fait d'immoler un mouton, est un acte de soumission. Il faut garder tout son sens spirituel. C'est pourquoi, à la veille de la prière, il faut prendre les dispositions nettoyer les maisons, l'espace de prière. Les tenues doivent être propres. Celui qui a les moyens doit porter de nouveaux habits, vêtir sa famille dans de nouveaux habits. Il faut que tout soit propre. Vous verrez que nos parents, très tôt le matin, lavaient même les béliers pour qu'ils soient en état de propreté. Nous devons faire le grand lavage le matin, s'habiller de nos plus beaux habits, se parfumer. C'est un jour de joie. Nous sortons et marchons avec la famille en groupe. On ne doit pas marcher de façon isolée. Il faut montrer aux gens que c'est un jour de fête où nous sommes heureux. C'est un jour où il faut passer de maison en maison pour saluer les gens, les voisins même les nonmusulmans pour leur montrer que I'Islam, c'est la cohabitation pacifique, l'amour du prochain, le sens du partage. Qu'ils soient musulmans ou non musulmans, démunis, il faut les assister par nos actes. Qu'ils sachent que les clichés que nous voyons sur les écrans des télévisions et dans le monde, ce n'est pas ça l'Islam. Et que I'Islam, c'est l'amour du prochain. Celui qui le répète 7 fois par jour Salamaleikoum, ne peut se doter d'une arme et tuer un humain comme lui sous quelques prétextes que ce soit. Donc c'est un jour de joie, d'amour mais redonnons le sens principal qui est l'obéissance, la soumission et la dévotion d'Abraham à son Seigneur. Nous devons nous inspirer de cela.
LP : Quel commentaire faitesvous sur les commerçants qui font de la surenchère au
niveau des prix du mouton ? CMS Toute surenchère, qu'elle soit dans le cadre du mouton ou d'autres denrées alimentaires, est formellement interdite en Islam. Mais chaque année, nous voyons que c'est pendant nos fêtes que les prix flambent. Et ce n'est pas normal. C'est l'occasion d'attirer l'attention de ces vendeurs sur le fait que leur acte est formellement interdit par l'Islam. Ils doivent vendre les moutons à un prix raisonnable. Si vous faites de la surenchère, demain, vous répondrez de vos actes devant le Seigneur. Cette vie d'ici-bas est éphémère alors que la vie de l'au-delà est éternelle. Il faut qu'ils facilitent l'acquisition des béliers par tous les musulmans à travers le monde.
LP : Comment doit-on faire le partage du mouton, une fois,
immolé ?
CMS Le partage se fait en plusieurs étapes. Certains disent qu'il faut faut partager le mouton en entier aux voisins et parents, mais il n'y a aucune trace relative à cette thèse. On peut en garder pour consommer en famille, avec les amis et les voisins. Une partie est destinée aux démunis afin que ce jour-là, ils partagent la même joie avec ceux qui ont les moyens. Une partie à nos voisins. Mais ce qu'il faut évité de donner la viande au voisin qui a lui aussi immoler le mouton. Lui également ne doit pas venir te donner la viande de son Imouton qu'il a immolé. Ce n'est pas bon. Déjà quand il immole un mouton, il n'est plus parmi les bénéficiaires de ce sacrifice. Il ne doit plus recevoir de la viande venant d'un autre mouton immolé. Puisque la viande est destinée à ceux qui n'ont pas les moyens. Par tradition, on parachute la viande par ici et par là. Alors qu'au même moment, il y en a qui n'ont même pas un morceau de viande à mettre dans leur marmite. Si dans l'environnement où vous êtes, vous n'avez pas démunis (cela peut arriver) alors mettez la viande dans des sachets et allez dans d'autres communes pour les distribuer aux démunis. Il faut penser aux chauffeurs des autorités Ivoiriennes, les gardiens et les domestiques, Ils n'ont pas les moyens d'immoler un mouton. Ils sont également des bénéficiaires.
LP : A quel moment intervient l'immolation du mouton ? CMS On a l'habitude de voir qu'au moment où nous les Imams, sommes en plein sermon, d'autres s'empressent de quitter le lieu de la prière pour aller immoler leur mouton. Si vous le faites, votre sacrifice est nul et non avenu. Le musulman doit attendre que l'Imam officiant la prière immole sa bête avant que lui, il n'aille immoler son mouton. Il peut avoir des cas de maladies où je n'ai pas pu aller à la prière. Peut-être chez moi à la maison, il n'y a personne qui part à la prière. Mais là, j'attends, je me renseigne pour savoir si à la prière qui s'effectue dans mon quartier l'Imam a fini d'immoler son mouton. En ce moment, je peux immoler le mien. Mais tant que l'imam n'a pas immolé son mouton, il n'est pas permis à un musulman d'immoler. Si vous le faites, votre sacrifice est nul et non avenu. Je profite de cette interview pour adresser à la communauté musulmane de Cote d'Ivoire, un message d'amour, de paix et de cohabitation pacifique. Et surtout un message de partage. Nous pays traverse des troubles en ce moment. Mais si chacun mais si d'entre nous, cultive l'amour du prochain dans son cœur, nous pourrons résoudre beaucoup de problèmes dans ce pays. Nous sommes une communauté une et indivisible. Nous avons une communauté qui exhorte à l'assistance mutuelle. A ce jour, nous voyons l'insécurité qui est galopante. Nos enfants au lieu de se faire appeler des enfants "vitamines" se font appeler les "microbes", des mineurs qui agressent partout. En tout cas, c'est l'occasion d'attirer l'attention des parents. C'est la responsabilité de nous tous, des parents, des guides religieux, des autorités administratives. Nous avons notre rôle à jouer. A l'endroit des dirigeants de notre pays, nous leur demandons de se donner la main et de se pardonner. Osez depasser ce qui est passé et regardez ensemble vers l'avenir. Nous sommes une seule communauté et c'est ensemble que nous corrigeons nos défauts et partageons nos qualités.
AC