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Interview Koné Idriss Koudouss (Président du Conseil national islamique) : "Le pouvoir veut s'enrichir avec l'argent des pèlerins"
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- Title
- Interview Koné Idriss Koudouss (Président du Conseil national islamique) : "Le pouvoir veut s'enrichir avec l'argent des pèlerins"
- Creator
- Seydou Koné
- Publisher
- Le Patriote
- Date
- January 19, 2002
- Page(s)
- 1
- 2
- 3
- number of pages
- 3
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007140
- extracted text
-
Interview
"LE POUVOIR VEUT S'ENRICHIR AVEC L'ARGENT DES PELERINS…
Celui qui s'attaque à la communauté musulmane tombe
Koné Idriss Koudouss
(Président du Conseil National Islamique)
DIRECTION B. P. V 125
2-3
BIDJA
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Interview réalisée par Koné Seydou
Le Patriote : Eminence, à quelques jours du départ à La Mecque des premiers pèlerins-Ivoiriens, de gros nuages semblent obscurcir l'horizon. De quoi s'agit-il exactement ? Imam Koné Idriss Koudouss : Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer sur cette question. Nous sommes à deux semaines du départ du premier groupe des pèlerins pour l'Arabie Saoudite. Ils doivent en principe quitter Abidjan entre le 28 et le 30 janvier 2002. Mais il y a effectivement des problèmes. Je pense même que c'est le pèlerinage le plus difficile de notre carrière que nous allons effectuer cette année. D'où vient le problème ? Nous, nous sommes des religieux. Si chacun de nous faisait son devoir, il n'y aurait pas de problème. Mais aujourd'hui, il y a un problème entre le pouvoir et la Communauté musulmane. Le pouvoir ne fait pas ce qu'il devrait faire. Le problème clé de la Communauté musulmane vient de l'ingérence du pouvoir dans l'organisation du pèlerinage. Vous savez que le pèlerinage a été géré auparavant par le ministère de l'Intérieur. Ce n'est qu'à la création du Conseil National Islamique en 1993 que nous avons demandé à feu le Président Houphouët-Boigny que la gestion du pèlerinage soit confiée aux musulmans eux-mêmes parce que c'est leur affaire. Nous l'avons fait parce que le pouvoir ne s'ingère pas dans l'organisation des pèlerinages des autres confessions religieuses. Aujourd'hui, il y a un malaise parce que le pouvoir en place s'est impliqué dans la gestion du pèlerinage, ce que nous refusons. Nous allons donc nous battre, quel que soit le prix à payer, jusqu'à ce qu'il se retire de nos affaires.
LP : Justement le ministre de I'Intérieur semble être en colère contre vous. Il a récem ment déclaré que vous ne témoignez pas de respect à l'autorité qu'il représente. Qu'est-ce que vous avez à répondre à cette Interpellation
IKIK Le ministre de l'Intérieur, M. Boga Doudou, manque beaucoup d'égard envers les Religieux. Il pense qu'il y est éternellement alors qu'il gère un pouvoir temporel. Il ne le sait pas, mais c'est plutôt nous, les Religieux qui gérons un pouvoir éternel. Nous, les présidents des trois plus grandes organisations islamiques de Côte d'Ivoire, lui avons écrit à l'approche du pèlerinage. Pendant un mois, a refusé de nous recevoir. C'est lorsqu'il a convoqué sa fameuse réunion qu'il a choisi de nous répondre. Ce qu'il ne sait même pas, c'est que le pèlerinage est géré par des Commissaires généraux, et tous les trois Commissaires étaient présents à sa rencontre. En tant que Imams ou présidents d'associations, nous ne gérons pas le pèlerinage, alors pourquoi voulait-il nous voir en personne ? Par ailleurs, il s'est trompé d'endroit pour poser la ques-
tion de savoir ce que nous reprochons au pouvoir et ce que nous aimerions que le pouvoir fasse pour nous, parce que l'ordre du jour était le lancement du pèlerinage. Nos problèmes, nous les avons déjà soumis au Président de la République, documents à l'appui, et en présence du même Boga Doudou. Alors, nous n'avons rien à lui soumettre personnellement.
LP : Nous sommes, donc, bien partis pour assister à un nouveau bras de fer entre le pouvoir et la Communauté musulmano ?
IKIK : S'il y a bras de fer, c'est entre eux-mêmes parce que c'est eux qui veulent s'ingérer dans nos affaires. Moi, je ne cherche pas à être ministre de l'Intérieur, c'est lui qui veut prendre notre place. C'est le pouvoir qui veut cafouiller notre pèlerinage, mais ils vont plutôt se cafouiller entre eux. Le pèlerinage est un acte d'adoration, et en tant que tel, il doit être géré par les responsables de la Communauté musulmane.
LP : Si le ministre reste dans sa logique, qu'allez-vous faire ?
IKIK : Le ministère de l'Intérieur a créé, ces derniers temps, beaucoup d'associations dites Islamiques : associations de convertis, de ceci ou de cela et le ministre vient de donner l'autorisation à toutes ces associations pour organiser le pèlerinage. Allez-y comprendre quelque chose ! Avant, il n'y en avait que quatre, mais beaucoup de problèmes survenaient en Arabie Saoudite. Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire est sur la liste rouge làbas. C'est dans cette ambiance que Boga Doudou a choisi d'en rajouter. Par ailleurs, le pouvoir veut faire de notre pèlerinage un fonds de commerce. C'est dans cette optique qu'il est allé signer des contrats avec un logeur à La Mecque en vue de nous l'imposer. Mercredi dernier, notre représentant sur place était allé payer les 10 % sur le transport imposés cette année par les autorités saoudiennes. Les transporteurs ont refusé de prendre son argent sous prétexte qu'on leur a présenté un Arabe qui doit remplir dorénavant toutes les for-
INTERVIEW Koné Idriss Koudouss (Président du Conseil national islamique) : « LE POUVOIR VEUT S'ENRICHIR AVEC L'ARGENT DES PELERINS »
L'Imam Koné Idriss Koudouss est le président du Consell National Islamique (CNI). Il préside également le Conseil d'Admlnistration du Comité National pour l'Organisation du Pèlerinage à la Mecque (CNOPM). Nous l'avons rencontré. Il parle icl, essentiellement, des rapports entre la Communauté musulmane et les autorités politiques du pays. Notamment le ministre
de l'Intérieur, Boga Doudou, qui s'ingère dans l'organisation du Pèlerinage à la Mecque.
Koné Idriss Koudouss, Président du Conseil national Islamique.
Ph : A. Messmer
malités pour tous les Ivoiriens. Aussitôt informé, j'ai appelé sur le champ le syndicat des transporteurs en Arabie Saoudite pour démentir cette information. Ils m'ont alors demandé de faire parvenir à notre représentant une délégation de pouvoir, ce que j'ai fait. Nous avons notre logeur avec qui nous avons signé un contrat en bonne et due forme depuis des années. Le pèlerinage est une affaire trop sérieuse où il n'y a pas de place pour la plaisanterie. Un dernier exemple pour montrer comment le gouvernement veut perturber notre pèlerinage ce n'est qu'hier, (Mercredi 16 janvier 2002, ndlr) que nous avons reçu une note disant que la date limite pour être en conformité avec les dispositions arrêtées cette année par les autorités saoudiennes est fixée à aujourd'hui, (jeudi 17 janvier 2002, ndlr), sachant que l'Arabie Saoudite, ce n'est pas la porte d'à côté. Les décisions ont été arrêtées depuis le mois de septembre, s'il vous plaît !
LP Quelles sont ces disposi tions ?
IKIK Pour délivrer le visa à une organisation, elle doit présenter le reçu du paiement des 10 % de taxes au titre du transport, le reçu du paiement des taxes saoudiennes et le contrat signé avec un logeur, lequel contrat ne se signe qu'après paiement de 30 % du total de la réservation.
LP : Etes-vous en règle vis-à vis de ces dispositions ? IKIK : Oui. Nous sommes en règle aussi bien vis-à-vis des autorités saoudiennes que vis-à-vis des nôtres. À la dernière réunion, le ministère de l'Intérieur avait exigé une liste de cinquante pèlerins par association avant de délivrer son agrément. Nous leur avons envoyé cent pèlerins !
LP : Etes-vous déjà prêt ? IKIK : Bien sûr. Nous avons déjà envoyé une mission exploratoire. Tous les contrats ont déjà été signés sur place que ce soit pour l'option A la formule de luxe pour ceux qui veulent habiter à côté de la Kaaba-ou pour l'option B-c'est-à-dire la grande masse des pèlerins et les virements
-
ont déjà été faits. Nous n'avons, donc, pas de problème ! Le pouvoir peut créer mille associations, s'il le veut. Elles ne pourront rien faire contre le CNI, ni contre le Conseil supérieur des imams, inch'Allah. Les épouvantails ne peuvent rien faire contre nous, parce qu'ils n'ont aucune base | Ce qui est dommage, c'est que l'image de la Côte d'Ivoire est déjà ternie partout. Tout le monde voit ce que le pouvoir fait en Côte d'Ivoire. Nous prenons donc à témoin l'opinion publique nationale et internationale par rapport aux activités de Boga Doudou. Si, cette année, un seul pèlerin ivoirien n'arrive pas à faire le déplacement, c'est le pouvoir qui en sera responsable. Le gouvernement est responsable de tout ce qui va se passer.
LP : Pouvez-vous nous en dire plus sur vos différends ? IKIK Je suis convaincu que Boga Doudou est la source de tous les problèmes entre le gouvernement et la Communauté musulmane. Il est responsable de ce malaise. Les pouvoirs qui ont précédé celui-ci se sont ingérés dans nos affaires et ils sont partis. Tous ceux qui vont s'en prendre à la Communauté musulmane partiront de la même façon. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Saviez-vous que, un jour, Boga Doudou m'a fait attendre à son secrétariat pendant cinq heures d'horloge ? Ensuite, il m'a fait savoir qu'il ne pouvait pas me recevoir. Jusqu'à ce jour, il n'a pas encore daigné m'appeler pour s'excuser et il ose dire qu'il m'a invité et que je n'ai pas répondu à son invitation.
LP : Eminence, depuis 1993, la Côte d'Ivoire a une représenta tion diplomatique en Arabie Saoudite, comment peut-on expliquer, alors, tous ces balbutiements ? En principe, les choses auraient dû se passer correctement ?
IKIK Mais que peut-on faire si le pouvoir n'est pas correct ? Le gouvernement vient, par exemple, de donner cinquante millions à quelqu'un pour aller se balader en Arabie Saoudite. C'est ce dernier qui a été
chargé de signer des contrats en notre nom. C'est grave !
LP : Mals, qu'allez-vous faire ? IKIK : Nous avons décidé d'organiser le pèlerinage, et nous allons le faire. Aucun pouvoir ne peut nous en empêcher. Aucun ! Ils se donnent du mal pour rien. La vérité finit toujours par triompher, et nous estimons aujourd'hui que la vérité est avec nous. C'est pour toutes ces raisons qu'ils nous combattent. Pendant qu'ils disent que nous soutenons un parti politique, ils ont créé et continuent de créer des associations pour les soutenir. Celui qui raconte aujourd'hui sa vie dans les médias d'Etat, qu'est-ce qu'il sait de l'Islam ? Que sait-il du pèlerinage ? En réalité, rien de ce qu'ils font ne peut nous ébranler ? Nous en avons vu d'autres ! Qu'est-ce que Diaby Koweït n'a pas fait ici ? Il avait les moyens, et celui qui le soutenait en avait également beaucoup. Mais celui qui est là n'a rien, et celui qui est derrière lui n'a rien non plus. Qu'est-ce qu'ils peuvent faire ? Rien !
LP Qu'avez-vous à dire pour rassurer les Musulmans ? IKIK Que personne ne s'inquiète, tout ira bien. Je tiens ici à rassurer tous les Musulmans. Je sais que tous les vrais Musulmans sont avec nous. Ils ont fait le bon choix parce que la vérité est avec nous. Malgré tout ce qui se trame, nous allons faire un bon pèlerinage cette année, inch'Allah. Nous allons combattre l'injustice, la xénophobie, la haine religieuse et tribale, ainsi que tous les maux qui minent la société ivoirienne, jusqu'à la limite de nos forces, si c'est ce qui effraie nos ennemis.
LP : L'an dernier, trois cents pèlerins se sont fait gruger par des gens malhonnêtes. Même si ce n'était ni le fait du