Article
Ediémou Blin Jacob (président du forum des confessions religieuses) : "La parole a été libérée, on attend maintenant les actes"
- Hierarchies
-
Côte d'Ivoire
- Articles de journaux (1648 items)
- Agence Ivoirienne de Presse
- Fraternité Hebdo (74 items)
- Fraternité Matin (623 items)
- Ivoire Dimanche
- L'Alternative
- L'Intelligent d'Abidjan
- La Voie (185 items)
- Le Jour (16 items)
- Le Jour Plus
- Le Nouvel Horizon (4 items)
- Le Patriote (291 items)
- Notre Temps (5 items)
- Notre Voie (450 items)
- Publications islamiques (812 items)
- AJMCI Infos (4 items)
- Al Minbar (12 items)
- Al Muwassat Info (2 items)
- Al-Azan (13 items)
- Alif (34 items)
- Allahou Akbar (1 item)
- Bulletin d'information du CNI (1 item)
- Islam Info (695 items)
- Les Échos de l'AEEMCI (1 item)
- Plume Libre (49 items)
- Photographies (Côte d’Ivoire) (4 items)
- Références (Côte d'Ivoire) (239 items)
- Articles de journaux (1648 items)
- Title
- Ediémou Blin Jacob (président du forum des confessions religieuses) : "La parole a été libérée, on attend maintenant les actes"
- Creator
- Yves M. Abiet
- Publisher
- Le Patriote
- Date
- December 22, 2001
- Page(s)
- 4
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007134
- extracted text
-
Interview
Interview réalisée par Yves-M Ablet
• Le Patriote : Le 18 décembre demier, le chef de l'Etat s'est prononcé sur les résolutions du Forum pour la réconciliation nationale. Quels commentaires faites-vous de son discours ?
- Ediémou Blin Jacob : Effectivement, on a vu l'homme Gbagbo parler et dire sa part de vérité. Il a eu, à l'endroit de tous, un discours conciliant, un discours de réconciliation. En clair, un discours apaisé que doit avoir un chef d'Etat en pareille circonstance. Le ton était bon. Nous avons apprécié ce discours.
⚫LP. : Lorsqu'on met dans la balance le discours de Gbagbo, les résolutions du Directoire et les exigences du RDR, pensezvous, après analyse que tout ceci augure de lendemains meilleurs pour notre pays ?
- EBJ : Le Directoire a montré que le certificat de nationalité que l'on doit à M. Ouattara relève de la Justice. Le président Gbagbo est allé dans le même sens que le Directoire. Donc quand certaines personnes soutiennent que le RDR n'a rien obtenu du tout, c'est un peu exagéré. C'est mon avis. Nous autres religieux, pensons que la poire a été coupée en quatre, comme l'ont d'ailleurs reconnus certains de vos confrères. Chacun a eu sa petite partie. Par ailleurs, il faut préciser que la réconciliation ne s'est pas arrê tée le 18 décembre. C'est tout un processus. Mais pour un début, nous disons que cela est acceptable.
. L. P. : Certaines personnes soutiennent tout le contraire de ce que vous affirmez. Au cours d'un point de presse, le ministre Bamba Moriféré, Secrétaire général du PPS a dit que le Forum n'a rien résolu du tout. Parce que, selon lui, les mêmes problèmes demeurent.
- EBJ : Si, comme il le dit, le Forum n'avait pas servi à grand chose, le président du RDR, Alassane Ouattara ne serait pas actuellement rentré pour animer son parti. Notre frère Bédié ne serait pas en Côte d'Ivoire. Notre frère, le Général Guél ne serait pas ici à Abidjan. Certes, leur présence en Côte d'Ivoire ne résoud pas tous les problèmes du pays. Mais c'est un pas en avant. Le Forum a également permis que le Président-Gbagbo, le Général Guéi et le Premier ministre Ouattara se retrouvent, après la clôture au domicile du premier cité pour discuter entre eux et manger ensemble. C'est un grand pas. Fasse le Tout Puissant que nous fassions un autre grand pas.
. LP. : Et si l'on vous rétorquait que les retrouvailles entre Gbagbo, Guéi et ADO, ainsi que l'atmosphère apparemment conviviale de leur rencontre n'était que de la poudre aux yeux ou une mise en scène ?
- EBJ C'est vrai. On peut le dire. Le Forum a permis à tous de libérer la parole. Nous attendons maintenant les actes. Parce que, s'il n'y a pas de parole, il n'y a pas de mise en scène. Et c'est cette mise en scène qui a permis de voir ce qu'on a vu. Et puis, si mise en scène il ya, qui des trois leaders a joué le jeu ? Si ce sont les trois, alors ils nous auront trahis. Il faudra donc dire que la Côte d'lvoire n'a pas de dirigeants. En ce qui concerne les hommes religieux que nous sommes, nous croyons que ce qui s'est
passé est le début du processus de réconciliation. Nous leur disons bravo. Parce que nous sommes convaincus que l'image qu'il nous a été donné de voir est à milles lieues d'être une mise en scène. Elle est réelle. Et elle traduit la volonté des leaders politiques ivoiriens de vivre ensemble.
•L P. : Le Président Bédié
n'était pas à la cérémonie de clôture du Forum
- EBJ : C'est normal. Il a montré son caractère de Bédié. Il a agi en vrai africain. Et l'africain ne pardonne pas facilement. Il aurait été bien, si après le déjeuner, les trois, c'est-à-dire, ADO, Gbagbo et Guéi s'étaient rendus chez Bédié, malgré son absence à la cérémonie de clôture. Ils pouvaient dire : « Allons voir notre frère » . Ce sont eux qui devraient le ramener à la raison.
. L. P. : Mais si Bédié, en tant qu'Africain, ne peut pas pardonner aussi facilement comme vous le dites, alors il aura trahi toute la Nation. Car il a dit dans son allocution le 13 novembre qu'il pardonnait à ses adver saires pour tout ce qu'il a subl. - EBJ : La Bible dit qu'il n'y a pas de pardon sans effusion de sang. Pour nous les Chrétiens, c'est le sang de Jésus-Christ qui pardonne. Il n'y a pas de pardon sans cérémonie. Nous ne sommes pas des Européens. Nous sommes biens Africains. (…) Par ailleurs, même s'il a avoué qu'il accordait son pardon à ses « ennemis » et à ses adversaires politiques, il appartient aux quatre différents leaders de se retrouver. Et le président du RDR l'a dit en paraphrasant Gbagbo : « Asseyons-nous et discutons » . Nous espérons que ce sera chose faite. Et c'est à l'issue de leur rencontre que, entre eux, ils vont définitivement sceller le pardon. Et c'est pourquoi j'ai dit précédemment qu'après les paroles, le temps est maintenant aux actes. C'est cela le plus important.
LP. : Dans un livre intitulé Trente jours de prière pour les Musulmans, et qui circulent actuellement sous les manteaux dans les milieux chrétiens, les auteurs-qui sont des Chrétiensécrivent qu'il faut arrêter la montée de l'Islam en Côte d'Ivoire". En votre double qualité de leader religieux et de président du Forum des confessions religieuses, comment ressentezvous les termes de ce livre ?
- EBJ : Non, c'est une erreur technique. J'ai effectivement eu vent du contenu de ce livre dans la presse (NDLR : Le Patriote). L'Islam est une religion à part entière. Si donc l'Islam gagne du terrain en Côte d'Ivoire, il faut rendre gloire à Dieu. Les Chrétiens eux aussi doivent faire en sorte que leur religion se répande. Le Christianisme n'est pas le Dieu des Chrétiens. L'Islam n'est pas le Dieu des Musulmans. Abraham est connu aussi bien dans l'Islam que chez les Chrétiens. (…) Je ne suis pas sûr que ce soit les Chrétiens, les vrais, qui alent écrit ce livre dont vous parlez. Moimême, je suis un Chrétien. Et je suis avec mes frères Musulmans. D'ailleurs, je le dis haut et fort. Je suis l'ami personnel de l'Imam Idriss Koudouss. Si le contenu du livre en question a pu heurter la susceptibilité de nos frères musulmans, je voudrais leur présenter les excuses les plus sincères de la Communauté chrétienne. Car toutes les religions
Ediémou Blin Jacob (président du forum des confessions religieuses) :
« LA PAROLE A ÉTÉ LIBÉRÉE, ON ATTEND MAINTENANT LES ACTES »
Quelques jours après le discours de Gbagbo à la clôture du Forum pour la réconciliation nationale, nous avons approché le Senior Evangéliste Ediémou Blin Jacob. Le président du Forum des confessions religieuses souhaite que la nouvelle année scelle définitivement la réconciliation entre les quatre principaux leaders de la scène politique.
Les quatre leaders doivent se rencontrer et discuter franchement.
doivent se compléter et non se combattre, se détruire mutuellement. Parce que Dieu est unique. Pour aller au Ciel, il faut aimer son prochain, même son ennemi. Et je crois qu'il n'y a pas de problème entre Chrétiens et Musulmans.
•L P. : En parlant du respect de la laïcité de l'Etat, le chef de I'Etat a dit, dans son allocution à la tribune du Forum le 13 novembre qu'il a payé les billets d'avion à des Chrétiens et à des Musulmans pour leur pèlerinage. Lors de la nuit du destin, l'imam Koudouss lui a répondu que la laïcité ne se résume pas à la distribution de billets d'avion. Alors,
est-ce que selon vous, la laïcité de l'Etat est effective en Côte d'Ivoire ?
- EBJ : Bien sûr que la Côte d'Ivoire est une République laïque. Mais je préfère plutôt l'expression "Côte d'Ivoire croyante » . Sur cette question, le président Gbagbo a demandé à M. Seydou Diarra et son équipe de se réunir avec les religieux pour trouver ce qu'il y a à faire. C'est après la rencontre des hommes religieux avec le Directoire que nous répondrons à cette question. Avant cette réunion, nous disons effectivement que, nous, Christianistes n'avons jamais eu de billets d'avion. En outre, nous n'avons jamais eu de subventions, ni de radio. Est-ce que mon église n'a pas besoin de radio ? Nous espérons que la réunion que le Directoire va avoir avec nous va régulariser un certain nombre de situations qui, jusque-là, étaient encore injustes.
LP. : Le samedi 1er décembre demier, lorsque le président du RDR intervenait au Forum, le Clergé catholique était absent. Invités par l'Imam Koudouss à la nuit du destin à la grande Mosquée de la Riviera, les responsables de l'Eglise catholique étaient encore absents. Peut-on s'appuyer sur ces deux faits apparemment banals pour dire qu'entre les Musulmans et les Chrétiens, ça ne va pas trop fort en ce moment ?
- EBJ : En ma qualité de président du Forum, je répondrai que ça va bien entre les deux confessions religieuses. C'est peut-être une affaire individuelle entre les Musulmans et les Catholiques. Je voudrais préciser que les réunions du Forum des confessions religieuses se tiennent au Centre culturel catholique. Nos frères musulmans s'y rendent pour participer
aux rencontres. Si les Chrétiens ne sont pas venus aux différentes manifestations, il faut plutôt chercher à savoir pourquoi. Peut-être que ceux-ci étaient empêchés. Ou que leur emploi du temps ou leur programme ne le leur permettait pas. Ce n'est pas forcément parce qu'ils ont boudé telle ou telle invitation. Je ne défends personne.
•L P. : Qu'en est-il de la vieille affaire Ediémou-Zagadou ? -EBJ : Je l'ai dit au Forum. Avec l'avènement de Gbagbo, je parle. Car dans le passé, cela n'était pas le cas. Je ne voudrais plus revenir sur cette histoire. Nous sommes de plain-pied dans le Forum pour la réconciliation nationale, et ce ne sont pas nous, les hommes religieux qui allons nous y dérober. Profitant de ses rapports avec le pouvoir en place, Zagadou m'a créé beaucoup d'ennuis, mais il faut pardonner.
LP. : Dans dix jours exacte-
ment, nous serons dans une nouvelle année. Quel est votre mes sage surtout aux hommes politiques ?
-EBJ : Je voudrais qu'en 2002, ce que les gens qualifient de « mise en scène⟫> en parlant de la rencontre entre Alassane Ouattara et Bédié soit une réalité. Parce que tous les leaders politiques se connaissent parfaitement tous. Qui va dribbler qui maintenant ? Alors nous prions Dieu pour qu'il touche le cœur de tous nos leaders politiques. Qu'ils puissent s'entendre. Pour que la Côte d'Ivoire prospère Alassane, Gbagbo, Guéi et Bédié sont comme les quatre pieds d'une table. Quand un pied est absent ou cassé, la table ne tient plus debout. Je souhaiterais que ces quatre leaders se retrouvent pour se parler franchement, pour le pays. Qu'ils soulèvent la Côte d'Ivoire. YMA