Article
Investiture de l'Imam Anzouman Konaté. El Hadj Koné Idriss Koudouss (président du CNI) : "La réconciliation nationale ne saurait être imposée"
- Title
- Investiture de l'Imam Anzouman Konaté. El Hadj Koné Idriss Koudouss (président du CNI) : "La réconciliation nationale ne saurait être imposée"
- Type
- Article de presse
- Publisher
-
Le Patriote
- Date
- July 4, 2001
- DescriptionAI
- Le texte décrit l'intronisation de l'Imam Anzoumana Konaté comme Grand Cheick des Imams de Côte d'Ivoire. Le président du Conseil national islamique (CNI), El Hadj Koné Idriss Koudouss, a prononcé un discours soulignant les vertus du nouvel Imam, l'importance de l'unité et de la vérité pour une réconciliation nationale authentique et non imposée. L'allocution a également annoncé un séminaire visant à harmoniser les dates des fêtes islamiques et a réaffirmé le rôle central du COSIM et du CNI dans l'organisation et la cohésion de la communauté musulmane ivoirienne.
- number of pages
- 1
- Subject
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Conseil National Islamique
- Anzoumana Konaté
- Idriss Koudouss Koné
- Affou Sanogo
- Mahomet
- Réconciliation
- Unité
- Laïcité
- Justice
- Conflit
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007106
- content
-
Investiture de l'Imam Anzoumana Konaté
El Hadj Koné Idriss Koudouss (président du CNI)
« LA RÉCONCILIATION NATIONALE NE SAURAIT ÊTRE IMPOSÉE »
La Communauté musulmane de Côte d'Ivoire a procédé, le week-end dernier, samedi 30 juin, à la grande mosquée de la Riviéra-Golf, à l'intronisation du "Cheick" (Guide spirituel) des Imams. À l'occasion de cette importante cérémonie, le président du Conseil national islamique (CNI), El Hadj Koné Idriss Koudouss, a livré un important discours. Nous vous proposons l'intégralité de cette allocution.
Excellence, Imams,
Honorables invités, Chères sœurs, Chers frères,
Assalam Aléïkoum.
Il y a à peine un an, s'en est allé le premier Grand Cheick de notre Communauté, le Cheick Affou Sanogo, à l'âge de 93 ans. La communauté lui a rendu un hommage mérité. (Fatiha)
La cérémonie de ce jour est également une nouvelle opportunité pour lui témoigner notre engagement à son testament spirituel et moral, dans lequel dominent en permanence trois idées fortes :
1. Unité
2. Humilité
3. Engagement et détermination au service de la Foi et de la justice.
Ces trois vertus cardinales sont désormais la trame qui doit transparaître désormais dans toutes nos actions vis-à-vis, non seulement de nos compatriotes, mais aussi vis-à-vis des autorités politiques et administratives.
Le choix du continuateur de son œuvre s'inscrit parfaitement dans cette ligne. Qu'Allah le Tout-Puissant le gratifie de son Paradis.
L'Imam Anzoumana Konaté incarne plusieurs vertus qui font de lui un modèle adéquat pour chacun et chacune d'entre nous :
- Pour les Imams de sa génération, il incarne la pureté de la source spirituelle. Fidèle à l'essence du dogme et de la pratique des sciences et recommandations du Saint Coran et des Hadith du Saint Prophète Mohammed (SAW), il ne s'en écarte jamais, quelles que soient les circonstances et les contextes.
À partir d'aujourd'hui, l'Imam Anzoumana Konaté sera la première référence de la vie spirituelle des Imams de Côte d'Ivoire, et de l'unité d'action de toute la Communauté.
- Pour les jeunes Imams, il étonne par sa maîtrise des sciences religieuses et des connaissances laïques. Les jeunes Imams ont toujours trouvé en lui les ressources nécessaires pour mener la lutte pour la réhabilitation d'une image moderne, authentique et sans complexe de l'Islam et des musulmans dans un environnement laïc soutenu par les complexes liés à l'histoire.
Tout en étant en phase avec les jeunes Imams, il a su apporter la dose de sagesse indispensable pour viser bien et droit les objectifs nobles pour le triomphe de la foi.
Mesdames et Messieurs, honorables Imams et invités, voilà quelques traits rapides de l'Imam que nous venons d'introniser tout à l'heure comme le grand Cheick de la communauté musulmane de Côte d'Ivoire.
Du haut de sa chaire, il veillera aussi bien à la préservation de la droiture morale qu'à la dignité des Imams, de même qu'à la pérennité des valeurs morales et spirituelles de l'Islam dans notre pays.
- Pour le Conseil national islamique et le Conseil supérieur des Imams, le grand Imam Anzoumana Konaté incarne désormais la cohésion et l'unité d'action de nos associations. Malgré son âge et ses nombreuses sollicitations, il est toujours présent à nos manifestations, témoignant ainsi par sa présence, le symbole de la symbiose entre toutes les générations. Cette présence constante est aussi le témoignage de sa solidarité agissante.
El Hadj Koné Idriss Koudouss
Cette disponibilité à servir sa communauté s'étend naturellement à toute la Nation et à tous les habitants de notre pays. Et c'est pourquoi, l'Imam Anzoumana, nous n'avons aucun doute, est l'homme qu'il faut à la place qu'il faut. Cette lourde responsabilité est l'affaire de tous.
En effet, par une heureuse coïncidence, la mosquée du grand Cheick Anzoumana Konaté abrite le siège du Conseil supérieur des Imams. Tout un symbole à valoriser et à pérenniser. Dans cette noble entreprise, vous trouverez à vos côtés le Conseil national islamique et toute la communauté musulmane de Côte d'Ivoire.
Mesdames et Messieurs, avant de terminer cette adresse, je voudrais demander au Tout-Puissant Allah d'accorder une longue vie pleine de santé et de foi toujours puissante au nouveau Cheick, Anzoumana Konaté.
Cheick, au moment où vous prenez office, la Côte d'Ivoire traverse la période la plus douloureuse de son histoire. Vous arrivez à la tête d'une Communauté particulière, meurtrie, frustrée, qui a assisté impuissante au meurtre de sa jeunesse, au viol de ses femmes, à la torture de ses dignitaires religieux, et à la destruction de ses lieux de culte.
Malgré les nombreuses preuves irréfutables, aucune voix ne semble vouloir écouter et entendre nos douleurs et les injustices que nous avons subies. Les Musulmans ont toujours pardonné. Et ils pardonneront toujours, parce que l'esprit vindicatif n'est pas islamique. Par contre, la vérité est l'essence même de l'Islam et la source de vie des Musulmans. C'est pourquoi le combat contre le mensonge, les calomnies, le faux sont des données permanentes de notre histoire. Ce combat devient un impératif majeur quand la vie de la Nation est menacée par des attitudes qui transforment le mensonge en vérité et les bourreaux en victimes. La communauté musulmane ne peut pas et ne va pas accepter que la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, soit occultée par qui que ce soit. La vraie réconciliation est à ce prix. Et c'est uniquement dans cet esprit que nous l'entendons. Parce que, tout simplement, seule la réconciliation véritable, sans faux-fuyant, rend justice aux victimes et protège des bourreaux de la revanche de ceux qu'ils ont humiliés ou tués.
Et c'est pourquoi, la Réconciliation nationale ne saura être imposée, ni laissée aux caprices du temps, d'un arsenal juridique, ou de la seule volonté d'une partie des protagonistes, avérés ou non. C'est d'abord et avant tout une volonté politique de ceux qui ont entre les mains les destinées de tout un pays, de toute une génération. Ils doivent, chaque jour, se souvenir que tout est passager ici, rien n'est permanent. Le Seigneur Tout-Puissant dit à cet effet dans la Sourate Rahman, versets 26 et 27 : « Et tout ce qui est sur cette Terre doit disparaître, seule subsistera la face de Ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse. »
Enfin, le chef de l'État, par la force des choses, a fini par recevoir la Communauté musulmane dans la perspective du Forum sur la Réconciliation nationale. Nous osons croire qu'elle sera précédée de la manifestation de la vérité, de toute la vérité.
Le second événement qui nous réunit est un séminaire auquel sont conviés tous les Imams de notre pays et dont les travaux démarreront dès cet après-midi (samedi 30 juin 2001 NDLR).
Le séminaire se penchera sur le problème de l'observation de la lune, en vue de dégager une solution consensuelle permettant de résoudre une fois pour toutes l'épineuse question relative à l'harmonisation des dates des fêtes et autres événements islamiques liés à l'apparition du croissant lunaire dans notre pays.
En effet, je dois rappeler que le COSIM, depuis sa création, a fait de l'harmonisation des dates de nos fêtes une préoccupation majeure. Et ce séminaire permettra, Inch'Allah, d'améliorer nos acquis. Très chers frères et sœurs, les deux événements traduisent la vitalité du COSIM, pièce maîtresse dans le système organisationnel de notre Communauté. Par la grâce d'Allah, le COSIM se donne pour mission de consolider son unité organique et d'encadrer les activités islamiques dans notre pays.
Il est important de signaler à cette occasion que notre organisation, unique en son genre, qui est un exemple et une référence dans toute la sous-région ouest-africaine, répond à une double nécessité :
La première est liée au contexte de laïcité et de multiconfessionnalité de notre pays, qui oblige chacune des confessions existantes, les musulmans y compris, à s'unir et à se structurer, afin de pouvoir répondre au mieux aux exigences de leur foi.
La deuxième nécessité vient du fait que l'Islam, lui-même, est une religion communautaire. C'est-à-dire, une religion dans laquelle la dimension communautaire occupe une place prépondérante. Je suis convaincu, vue la qualité et la sagesse des séminaristes venus de toutes les régions de notre pays, que les résolutions qui seront prises renforceront l'unité et la cohésion de l'ensemble des musulmans.
Pour sa part, le Conseil national islamique, comme hier, continuera à jouer sa partition dans le respect des enseignements du Coran et de la Sounnat du Saint Prophète Mohamed (SW). Qu'Allah le Tout-Puissant protège notre pays et tous ses habitants. Amine.
