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Réconciliation nationale. Rencontre Gbagbo-communauté musulmane : plus de quatre heures d'échanges
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- Title
- Réconciliation nationale. Rencontre Gbagbo-communauté musulmane : plus de quatre heures d'échanges
- Publisher
- Le Patriote
- Date
- June 12, 2001
- number of pages
- 2
- Subject
- Al Coran
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007099
- extracted text
-
Rencontre entre Gbagbo et la Communauté musulmane
Imam Koné Idriss Koudouss :
"LE POUVOIR FPI S'EST INSTALLÉ DANS LE SANG
DES MARTYRS DE L'ISLAM">
Kossou Jean-Marc
La communauté musulmane de Côte d'ivoire, toutes tendances confondues, était, hier lundi 11 juin au Palais prési dentiel pour répondre à l'invitation du chef de l'Etat, M. Laurent Gbagbo. Cette rencontre qui se situe dans le cadre du processus de la réconciliation nationale a permis à chaque partie de dire ce qu'elle en pense et comment y parvenir. Le chef de l'Etat, qui le premier a pris la parole a situé le cadre de la rencontre : dire ce qui ne va pas entre l'Etat et les Musulmans. Mais c'est dans une ambiance surchauffée que les différents responsables religieux qui représentaient leur structure sont, tour à tour, intervenus pour faire l'état de la crise socio-politique dont souffre le pays depuis quelque temps. Tant les objectifs différaient d'un camp à
L'Imam Cissé Djiguiba, porte-parole du COSIM.
Réconciliation nationale : Rencontre Gbagbo-Communauté musulmane PLUS DE QUATRE HEURES D'ÉCHANGES
Charles Sanga
un autre. Certains d'entre eux, « au lieu de poser les vrais problèmes de la réconciliation, ont passé tout leur temps à fait le procès du Conseil National Islamique (CNI) en se rangeant du côté du pouvoir ", a révélé l'un des participants à la rencontre qui a requis l'anonymat. Mais ces prises de positions (inopportunes) n'ont nullement empêché le CNI de faire part au chef de l'Etat, les frustrations dont sont victimes les Musulmans depuis 1993. L'Imam Cissé Djiguiba qui a bien voulu s'adresser à la presse à sa sortie, a été claire : « Les Musulmans sont pour la réconciliation. Mais, il faut qu'elle se fasse dans la justice et la vérité « <. Il n'a pas manqué de fustiger les forces de l'ordre qui sont à la base, selon lui, des exac-
Une rencontre de vérité. On ne peut trouver mieux pour qualifier la rencontre qui a eu lieu hier entre le Président Laurent Gbagbo et les responsables des différentes communautés musulmanes de Côte d'Ivoire. A la fin de la rencontre, les avis sont unanimes « Laurent Gbagbo est resté figé sur ses certitudes, soutenant que les Musulmans ne sont pas persécutés parce qu'ils sont musulmans. Mais nous avons tenu à lui faire part notre vérité » >, a soutenu un responsable religieux que nous avons interrogé. En effet, pendant près de quatre heures d'horloge, les responsables des communautés musulmanes et Laurent Gbagbo se sont dit les vérités. Dès l'entame de la réunion à 11h25, Laurent Gbagbo annonce les couleurs : « J'ai chassé les joumalistes. Si vous sortez, vous pouvez leur dire ce que vous voulez » , a-t-il dit avant de situer l'ordre du jour : « Qu'est-ce qui ne va pas entre l'Etat et la communauté musulmane » > ? leur a-t-il fait savoir avant de préciser : « Vous n'êtes pas limités, ni dans les thèmes ni dans le temps… » .
Ainsi, c'est le Conseil supérieur islamique (CSI) avec Legré Aziaho qui a pris la parole. Il a été suivi de l'Imam Cissé Djiguiba qui a parlé au nom du Conseil supérieur des Imams (COSIM). Ce demier a lancé un appel à l'union et à la fraternité entre les leaders politiques. Mais, a-t-il dit, soutenu par d'autres leaders religieux « c'est Koudouss qui est notre porte-parole » . Avec l'Imam Djiguiba, sont intervenus d'autres responsables de la Fédération de la Oummat islamique (FOI) de Chériff Bakary et du C. I. D. Dans un langage direct, ces demiers ont dit à Gbagbo : « On veut t'aider à gouvemer, mais c'est la vérité qui est la vérité. Il faut l'accepter telle qu'elle est » . Mais, d'autres voix discordantes se sont fait entendre dans la salle. Principalement celle de M. Harissou Fofana, président d'une association musulmane qui a vu le jour sous la deuxième République, Al Coran. Pour lui, il n'y a pas de problème entre l'Etat et la communauté musulmane en Côte d'Ivoire. Les problèmes, pour lui, se situent à trois niveaux pèlerinage, gestion de la communauté et amalgame entre politique et religion. Il a même taxé le CNI et Koudouss d'être à la solde du RDR
SE SONT DIT
tions qui ont entraîné la mort de centaines d'Innocents lors des troubles. Et d'interpeller le pouvoir en place quant à l'application effective « de la laïcité avec équité et justice". Pour conclure, il a rappelé que « la Côte d'Ivoire n'est pas l'affaire d'une seule religion, d'une seule ethnie et d'une seule région. (…) On n'a pas besoin d'atomise le pays ".
Le chef de l'Etat, dans son discours introductif, a promis faire publier les résultats de toutes les enquêtes le 18 juin prochain.
La rencontre qui a débuté à 11 heures 15 et pris fin à 15 heures 30, a enregistré la participation, outre du CNI, du CSI, du CID-CI, d'Al Coran, etc.
EXCLUSIF CE QUE GBAGBO ET LES IMAMS
et d'Alassane Ouattara. Dans la même veine sont intervenues des associations jusque-là méconnues du grand public l'ANACI (Association des convertis ivoiriens), I'UNAMECI et « l'appel à l'islam » , représentées par Zigo Abass Koné, Bodo Ibrahim Tahirou et Legré Yao. Ce dernier, visiblement soumis à Boga Doudou a salué, dans un discours dithyrambique les qualités de l'homme. Il a proposé que le président Gbagbo nomme un « Mufti » (Autorité religieuse musulmane) pour la communauté musulmane en remplacement de Tidiane Bâ et qu'il y ait cinq imams pour la Mosquée du Plateau.
Pour sa part, M. Idriss Koudouss, le président du Conseil national islamique, a tenu un discours qui a jeté le froid dans la salle. « Le régime Gbagbo s'est installé dans le sang des martyrs de l'Islam. L'Imam Koudouss n'a pas manqué de tenir le FPI responsable ou du moins co-responsable de tous les torts causés aux musulmans sous la période de transition. Pour finir, l'Imam a demandé que soient publiés les résultats des enquêtes sur le chamier de Yopougon et que les auteurs des massacres et des tueries subissent la rigueur de la loi. Il n'a pas manqué de souligner que le harcèlement des musulmans a commencé depuis les débuts de la gouvernance de Bédié avec le gazage de la Mosquée d'Abobo le 16 juin 1994 » .
Prenant la parole, le président Gbagbo a d'abord fait des rappels historiques en ce qui concerme la guerre entre religion et politique. Puis, il a tenu à répondre au président du CNI : « Koudouss a dit que la deuxième République s'est installée dans le sang des martyrs musulmans ; c'est faux ! Je ne suis pas d'accord. Je m'insurge et m'inscris en faux. D'abord, ce n'est pas vrai de dire qu'il y avait que le FPI seul. Le FPI partageait le pouvoir avec Guéi. (…) Il n'y a pas eu de chasse aux musulmans. Ce n'est pas vrai (…) C'est le 27 octobre qu'en plein conseil des ministres qu'on m'a dit qu'un charnier a été découvert. On ne peut même pas dire que c'était des Musulmans. Quel intérêt ai-je à faire tuer des musulmans » ?
Après cela, Gbagbo Laurent s'est appesanti sur les conditions de son accession au pouvoir. Poursuivant, il a fait cas des problèmes sur les Cartes nationales d'identité. pour lui, il faut plutôt parler de "gens du Nord » et non
KJM
des Musulmans. Il poursuit que les Ivoiriens de régions frontalières Est et Ouest n'ont pas de problèmes avec le Ghana et le Libéria. Mais, avec la Guinée, le Mali et le Burkina, il y a problėme. Il n'y a aucune différence. « On n'est pas une lutte contre l'Islam, mais on lutte contre la fraude", a-t-il dit devant une assistance médusée par autant de propos « démagogues » . En ce qui concerne le chamier de Yopougon, Gbagbo a promis faire diligence pour que les résultats soient connus dans de bref délais. Il a révélé que les différents rapports d'ONG et de l'ONU seront publiés avant le 18 juin. « Je suis d'accord pour que tous les procès aient lieu, même ceux des événements politiques des 4 et 5 décembre 2000 » .
Pour le pèlerinage, le chef de l'Etat s'est dit prédisposé à ouvrir une Ambassade d'Arabie Saoudite en Côte d'Ivoire. En ce qui concerne l'inégalité de traitement des religions relevée par le CNI, Gbagbo a voulu avoir des exemples. Pour lui, ce sont plutôt des Imams qui font la politique. « Pourquoi quand le Cardinal Agré, Messeigneurs Dakoury et Manjo rencontrent Guéi, on ne parle pas de politique alors que quand Koudouss rencontre Ouattara, on dit qu'il fait la politique ? Pourquoi quand Mgr Ahouana dit, en pleine messe, ses vérités à Guéi, on ne l'accuse pas de faire la politique ? C'est cela que nous appelons l'inégalité de traitement qui met à mal la laïcité de l'Etat » , lui a précisé le porte-parole des Imams.
Le Président Gbagbo a aussi tenu à dire ses prédispositions pour la réconciliation nationale. « Aucun responsable politique n'est en exil. Bedie n'est pas en exil. Il peut venir quand il veut. Guéi a décidé de lui-même d'al ler à Kabakouma. Alassane Ouattara ? Il m'a appelé… Je n'ai aucun problème avec aucun responsable politique en Côte d'Ivoire » , a-t-il fait remarquer. Après quatre heures de débats, les musulmans et Gbagbo se sont séparés. Mais se sont-ils entendus ? Là est la question. « Il faut juger l'être humain sur ce qu'il fait et non sur ce qu'il est » . a dit Gbagbo à ses interlocuteurs. Attendons de le voir à l'œuvre.
DEMAIN
Le discours intégral
du CNI
C. S.
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