Article
Rapport accablant sur la Côte d'Ivoire : Human Rights Watch dénonce les violences ethniques et religieuses
- Title
- Rapport accablant sur la Côte d'Ivoire : Human Rights Watch dénonce les violences ethniques et religieuses
- Type
- Article de presse
- Publisher
-
Le Patriote
- Date
- December 22, 2000
- DescriptionAI
- Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport accablant dénonçant des violations des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire après la présidentielle d'octobre, avec plus de 150 morts. Le rapport met en cause les forces de sécurité du régime Gbagbo pour des violences étatiques à caractère ethnique et religieux, ciblant opposants politiques, musulmans et étrangers, incluant exécutions sommaires et tortures. HRW appelle le gouvernement ivoirien à mettre fin à ces exactions et la communauté internationale à faire pression pour établir les responsabilités.
- pages
- 4
- number of pages
- 1
- Subject
- Laurent Gbagbo
- Robert Guéï
- Alassane Ouattara
- Human Rights Watch
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Organisation des Nations Unies
- Droits de l'homme
- Politique
- Sécurité
- Language
- Français
- Contributor
-
Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007079
- content
-
Rapport accablant sur la Côte d'Ivoire
HUMAN RIGHTS WATCH DÉNONCE LES VIOLENCES ETHNIQUES ET RELIGIEUSES
Le charnier de Yopougon. Œuvre des forces de l'ordre au service du régime Gbagbo.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé mercredi des violations des droits de l'Homme à l'initiative de l'État, dans un rapport consacré aux événements sanglants qui ont suivi la présidentielle du 22 octobre. Dans ce rapport d'une mission d'enquête conduite après les tueries des 24 au 25 octobre à Abidjan, l'organisation basée à New York note que toutes les parties ont perpétré des violences contre des civils. Mais il ajoute : "HRW a eu des preuves accablantes de violences à l'initiative de l'État, avec une focalisation clairement ethnique et religieuse." Faisant état d'un bilan de plus de 150 morts et de centaines de blessés, le rapport de HRW indique : "À Abidjan, les forces de sécurité de l'État ont abattu des adversaires politiques dans les rues et raflé des civils pour les exécuter ensuite dans des fosses, des champs, et aussi dans une base de la gendarmerie."
Après avoir rappelé les violences meurtrières perpétrées les 24 et 25 octobre - essentiellement contre des partisans de l'actuel président Laurent Gbagbo descendus par dizaines de milliers dans les rues - par la garde rapprochée du général Robert Guei, le chef de la junte qui voulait se faire passer pour élu président, le rapport note que, le 26 octobre, la violence à l'initiative de l'État s'est intensifiée, prenant un tour clairement ethnique et religieux. Le rapport met en cause les gendarmes et la police, dont la violence s'est principalement tournée contre les militants du Rassemblement des Républicains d'Alassane Ouattara qui manifestaient pour obtenir un nouveau scrutin présidentiel, protestant contre le rejet par la Cour suprême de la candidature de leur leader pour cause de nationalité douteuse.
Les tueries des gendarmes, poursuit le rapport, ont commencé pour la plupart après qu'un gendarme a été tué au cours d'une patrouille dans le quartier d'Abobo. À la nouvelle de sa mort, les gendarmes se sont lancés dans une expédition meurtrière dans Abobo, chassant les musulmans, les étrangers, et les jeunes Dioulas originaires du nord. Les gendarmes ont abattu 30 à 40 jeunes gens déjà détenus dans le Camp Commando d'Abobo et ensuite ont raflé 11 à 13 jeunes Dioulas pour les utiliser comme porteurs. Après avoir déchargé les cadavres dans une forêt, les porteurs et autres témoins toujours vivants ont également été tués, selon des survivants.
Le rapport décrit longuement les tortures, notamment sexuelles, mais HRW n'a pu confirmer aucun cas de viol infligé aux détenues de la police et de la gendarmerie. L'organisation de défense des droits de l'Homme déplore une réaction de la communauté internationale grossièrement inadéquate. Elle appelle le gouvernement du président Gbagbo à prendre immédiatement toutes les mesures possibles pour mettre fin à l'usage excessif de la force par les forces de sécurité, à empêcher la torture des personnes détenues, et à réprimer la violence ethnique et religieuse ainsi que la violence contre les étrangers. Elle l'appelle également à aider l'enquête des Nations unies sur ces violences. À la communauté internationale, des pays donateurs, et spécialement à la France, elle demande d'exercer des pressions pour que les responsabilités des violations des droits de l'Homme qui ont eu lieu depuis octobre soient établies.

