Article
Interview (suite) : M. Hamed Bakayoko (fondateur de "Le Patriote") : "Châtier Alassane? Il faut arrêter de se faire peur"
- Hierarchies
-
Côte d'Ivoire
- Articles de journaux (1648 items)
- Agence Ivoirienne de Presse
- Fraternité Hebdo (74 items)
- Fraternité Matin (623 items)
- Ivoire Dimanche
- L'Alternative
- L'Intelligent d'Abidjan
- La Voie (185 items)
- Le Jour (16 items)
- Le Jour Plus
- Le Nouvel Horizon (4 items)
- Le Patriote (291 items)
- Notre Temps (5 items)
- Notre Voie (450 items)
- Publications islamiques (815 items)
- AJMCI Infos (4 items)
- Al Minbar (12 items)
- Al Muwassat Info (2 items)
- Al-Azan (13 items)
- Alif (37 items)
- Allahou Akbar (1 item)
- Bulletin d'information du CNI (1 item)
- Islam Info (695 items)
- Les Échos de l'AEEMCI (1 item)
- Plume Libre (49 items)
- Photographies (Côte d’Ivoire) (4 items)
- Références (Côte d'Ivoire) (239 items)
- Articles de journaux (1648 items)
- Title
- Interview (suite) : M. Hamed Bakayoko (fondateur de "Le Patriote") : "Châtier Alassane? Il faut arrêter de se faire peur"
- Creator
- Sindou Méité
- Publisher
- Le Patriote
- Date
- July 6, 1999
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0007026
- extracted text
-
Le Patriote : Monsieur Bakayoko, la guerre de succession de 1933, s'est muée en un affrontement ouvert aujourd'hui. Les deux challengers pour le poste d'Houphouët sont devenus des adversaires à la présidentielle de l'an 2000. Une des manifestations de ce conflit est apparue dans les dernières déclarations du Président Bédié : il "châtiera" quiconque parlant du retour d'Alassane Ouattara, viendra troubler la quiétude du pays. Vos commentaires ?
H. B. Dans la question du journaliste de TV5, il s'agissait d'Alassane en tant qu'individu qui a l'ambition d'être candidat. Je ne vois pas le rapport avec le désordre. C'est un droit élémentaire du citoyen que d'être candidat. M. Ouattara, ex-Premier ministre de la Côte d'Ivoire veut mettre son expérience au service de la Côte d'Ivoire. Il veut être candidat, il veut faire sa campagne et gagner les élections. II ne veut pas être nommé ou désigné Il veut convaincre les Ivo. ns au cours d'une belle bataille électorale, autour de ses idées et d'un programme. De là à imaginer le désordre, j'ai du mal à faire le lien. Ensuite, je pense qu'il faut arrêter de se faire peur. Les
la Côte d'Ivoire.
Interview (suite n০02/01)
M. Hamed Bakayoko
Ivoiriens sont mûrs, ils sont prêts et debout. Quiconque s'amusera à châtier un innocent en Côte d'Ivoire sera lui-même châtié. Il s'exposera lui-même à cette sanction du peuple. C'est pourquoi j'en profite pour dire que nous venons comme un cri de ralliement. Il faut que les Ivoiriens soient debout, où qu'ils vivent. Parce que personne n'a le droit de mettre inutilement en danger ce pays. Les Ivoiriens dans leur grande majorité ont envie de voir une belle bataille électorale entre des protagonistes de poids et afin que le meilleur gagne. On ne peut pas prendre une intention de candidature de l'ancien Premier ministre de Côte d'Ivoire comme étant la chienlit. C'est une intention de candidature : Il ne faut pas se dérober au combat électoral au risque de mettre le pays en péril. Ceux qui conseillent le Président Bédié doivent lui dire la vérité. Celle qui traduit les sentiments profonds des Ivoiriens. Ils seront frustrés si on veut les empêcher de voir une belle bataille d'homme à homme, un combat "mano à mano". C'est là que chacun doit faire la preuve de sa capacité à convaincre les Ivoiriens qu'il est capable de gouverner en toute légitimité la Côte d'Ivoire.
affirmation ?
Le Patriote : Toujours dans la logique, de l'affrontement, le Président Bédié écrit dans son livre "Les chemins de ma vie" qu'il aurait pu arrêter ADO parce qu'il n'est pas venu lui remettre sa démission à la mort d'Houphouët. Que pensez-vous de cette
HB : Je voudrais résumer mon commentaire en une image. Suggérée par le président Donwahi dont je salue la mémoire pour avoir été un grand patriote ivoirien, un homme de grande culture. Il me disait lors de l'entretien qu'il m'avait accordé : "Je ne dis jamais ce que je vais faire, mais je dis ce que j'ai fait".
Le Patriote : On se situe dans un tête à tête infernal entre le Président Bédié et son futur challenger, Alassane Ouattara. La tension est aujourd'hui telle que vous ne craignez pas qu'il y ait des périls qui menacent la Côte d'Ivoire ?
H. B. Je pense qu'il faut que tous les Ivoiriens de bonne volonté se donnent la main pour l'éviter. Il ne faut pas dire que ça n'arrivera jamais chez nous. Vous savez des pays comme le Liban, le Libéria, ont connu aussi la paix comme nous. Mais des considérations mal maîtrisées, mal gérées et mal contrôlées ont entraîné des guerres fratricides. Aujourd'hui en Côte d'Ivoire il ne faut pas se le cacher il y a des problèmes de fond. Depuis que nous sommes sous l'ère Bédié, le malaise est réel. Dans les quartiers, les bureaux, les services, l'armée, la police etc. il y a un malaise ethnique et religieux. Les gens se soupçonnent parce que ce concept d'ivoirité mal maîtrisé et mal géré fait des ravages dans nos rangs. Les gens ne se fréquentent plus comme avant. Il n'y a plus d'amour dans le pays. La Côte d'Ivoire doit être un pays moderne. Alassane veut être élu : on ne peut pas prendre le risque de faire courir une guerre civile au pays tout simplement parce qu'on veut empêcher quelqu'un que beaucoup d'Ivoiriens suivent, d'exercer son droit le plus élémentaire. Sa liberté de penser et d'être. Il faut que les autres arrê-
M. HAMED BAKAYOKO (FONDATEUR DE “LE PATRIOTE”) : "CHATIER ALASSANE ? IL FAUT ARRETER DE SE FAIRE PEUR"
Dans la deuxième et dernière partie de l'interview qu'il a accordée à "Le Patriote", Hamed Bakayoko commente l'affrontement ouvert entre Alassane Dramane Ouattara et Bédié. Critiquant l'obstination du président Bédié à vouloir coûte que coûte disqualifier son principal challenger, il insiste sur les risques d'explosion sociale que cette option fait peser sur
assument.
tent de se faire peur. Ou de vouloir faire peur. Ne pas l'intégrer est une maldonne essentielle. A ce jeu on sait où se trouvent les plus courageux et les mieux préparés.
Le Patriote : Il y a un scandale qui a éclaté au ministère de la Santé portant sur une somme de 18 milliards détournés. Comment avezvous ressenti cette situation ?
H. B. C'est une honte nationale à deux niveaux. D'abord, par les faits. La communauté européenne, avec l'argent du contribuable européen vient nous aider à mieux nous soigner et à mieux éduquer nos enfants. Et cet argent est détourné par le biais des surfacturations. Pour le prix de 100 compresses, on n'a acheté qu'une seule et nos parents meurent par la faute des dirigeants. Le second aspect concerne la gestion de ce scandale. Il faut arrêter le système de l'impunité, c'est l'une des plus grandes tares du régime actuel. Un ministre qui a la responsabilité d'un département doit être responsable. Etre responsable, c'est assumer pleinement les actes de ses collaborateurs. Partout dans le monde, après un tel scandale, si le ministre n'a pas lui-même le courage de démissionner, il doit être démis. Alors qu'on arrête des journalistes qu'on les met en prison avant le procès, je prétends qu'il faut mener des enquêtes contre des gens qui pillent le pays. J'estime que la première mesure à prendre, c'est de démettre le ministre, car sa responsabilité est engagée. Sous le gouvernement Ouattara, un ministre qui n'avait pas respecté la procédure en vigueur pour la privatisation a été débarqué dans les 48 heures. C'est ça la rigueur, la bonne gestion, la bonne gouvernance. Il y a aussi la question des tricheries à l'école. On entend le ministre accabler les parents d'élèves. Et le ministre qui est payé par la Côte d'Ivoire pour choisir des responsables compétents, pour organiser des examens sans fuite, que fait-il ? Je trouve que c'est une attitude irresponsable. Il faut que les gens
H. B. Je suis conscient que beaucoup ne comprendront pas. Ils se demandent comment quelqu'un dans ma situation peut prendre des risques. Je voudrais leur dire que l'histoire des peuples est ainsi faite. Il faut que les gens se mettent debout pour assumer leur responsabilité devant l'histoire. Je veux faire référence aux Français qui ont conquis à travers la révolution de 1789, toutes les grandeurs républicaines d'aujourd'hui. Je pense aussi à la révolution bolchevique. Il a fallu des hommes pour s'affranchir. Que ceux qui ne sont pas d'accord avec cette façon de conduire la Côte d'Ivoire, se mettent debout pour assurer à nos enfants un meilleur devenir. C'est en cela que nous n'aurons pas failli.
Pour finir, je voudrais vous adresser mes félicitations et mes encouragements pour que "Le patriote" nouveau soit un très grand journal, un journal d'investigation bien écrit avec toutes les ficelles du métier afin que nous ne soyons jamais épinglés par I'OLPED. Ensuite n'ayez pas peur des menaces, la menace est l'expression de la peur. Quand vous voyez un chien qui aboie très fort, c'est qu'il a peur ; car le chien courageux n'aboie pas. Il attaque. Que Dieu protège la Côte d'Ivoire.
Interview réalisée par MEITE Sindou
H. B. Politiquement, je me suis mis à la disposition des forces du progrès, et je me prépare, comme beaucoup de nos concitoyens au grand retour d'Alassane Dramane Ouattara. Ensuite, j'habite la commune de Cocody où je pense qu'il y a quelque chose à faire. Je suis de très près ce qui s'y passe et j'ambitionne très bientôt, avec un groupe d'amis, d'y faire de merveilleuses choses sur le plan politique.
Le Patriote : En ces périodes de menaces et de périls divers, ne craignez-vous pas pour votre sécurité ?
Le Patriote : M. Bakayoko,
après cette sortie pour le moins musclée, on sent poindre en vous la fibre politique, avez-vous des ambitions politiques ?