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"Le terrorisme est l'arme des lâches"
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- Title
- "Le terrorisme est l'arme des lâches"
- Publisher
- Notre Voie
- Date
- January 23, 2002
- Abstract
- interview *Côte d'Ivoire : S.E.M. Salah Lebbdioui (ambassadeur d'Algérie) :*
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0006616
- content
-
interview
Côte d'Ivoire : S.E.M. Salah Lebbdioui (ambassadeur d'Algérie) :
Nous vous proposons cette interview de l'ambassadeur de l'Algérie, déjà publiée le 8 janvier 2002, mais avec plusieurs erreurs techniques. Voici donc la copie "propre" de l'interview de SEM Salam Lebdioui Notre Voie : Excellence, vous êtes M. Salah Lebdioui, ambassadeur d'Algérie en Côte d'Ivoire. Après tous les événements qu'a connus votre pays, quel commentaire faites-vous ?
Salah Lebdioui : Merci de vous inquiéter pour l'Algérie. Je vous dis tout de go que l'Algérie se porte très bien. d'évolution sur le plan politique est très positive. Sur le plan sécuritaire, la situation est maîtrisée, depuis quelques années, grâce à la loi sur la Concorde civile d'une part et également au rôle de l'armée et des services de sécurité. D'autre part, l'action diplomatique a eu une part prépondérante dans l'évolution positive de la situation en Algérie.
Sur le plan économique et social, nous avons arrêté un plan de relance économique triennal pour la période 2002-2004. L'enveloppe fixée est de sept milliards de dollars auxquels s'ajouteront le budget d'équipement pour les trois années et également un concours extérieur. Ce qui d'après nos prévisions ramènera cette enveloppe à entre 20 et 24 milliards. Le plan de relance économique a pour objectif d'offrir de l'emploi, de lutter contre les disparités régionales et de favoriser le développement des infrastructures.
N.V. : Malgré ce tableau très reluisant de la situation en Algérie, nous avons encore les échos à travers les média de ce que l'Algérie connaîtrait des situations d'insécurité et on parle d'activisme islamique. Qu'en est-il exactement ?
S.L. : Comme vous l'avez effectivement très bien précisé selon certains média occidentaux, l'Algérie serait toujours dans une situation quelque peu difficile. Je peux infirmer de la manière la plus formelle les informations que vous venez d'évoquer et vous rassurer sur la situation sécuritaire en Algérie. Bien sûr, nous avons connu une période un peu difficile. Mais ça c'est du passé . Ça ce n'est pas quelque chose de particulier à l'Algérie. Je peux vous citer comme exemple ce qui se passe en Corse, en Espagne, en Grande Bretagne et en Irlande où le terrorisme continue de se manifester même si c'est de manière sporadique alors qu'il s'agit d'entités appartenant à un espace des plus démocratiques.
N.V. : Aujourd'hui, il y a dix ans que le Front islamique du salut (FIS) a gagné les élections législatives en Algérie. Certains observateurs disent que le FIS n'aurait jamais dû être légalisé. Et cela aurait évité beaucoup de gâchis à l'Algérie. Quel regard rétrospectif mais aussi prospectif faites-vous par rapport à cette question des islamistes ?
S.L. : Je suis entièrement d'accord avec vous quand vous dites que certains disent que l'ex-FIS n'aurait jamais dû être légalisé. La Constitution qui a été adoptée à l'époque stipulait en matière d'organisation à caractère politique qu'aucun parti ne pouvait se prévaloir d'une des identités du pays. Qu'elle soit régionale ou religieuse. Je répète qu'à son origine, l'ex-FIS était anticonstitutionnel. Il n'aurait jamais dû exister. Mais nous nous situons au début des années 90. Nous sortons d'une ère de parti unique. Vous savez la démocratie ne se décrète pas. La démocratie est une éducation. Il faut que les gens l'apprennent. On a été habitué à un parti unique, c'est-à-dire pensée unique, vote unique Nous n'avions pas à travailler dans la diversité. L'ex-FIS a bénéficié de cette situation qui prévalait en Algérie. Pendant les élections législatives, il a réussi à mobiliser l'ensemble de ses partisans. Alors que les autres partis qui n'ont pas pris le scrutin au sérieux n'ont pas fait le travail nécessaire de mobilisation. Ce qui fait que le taux de participation était très faible et à majorité des partisans de l'ex-FIS. Ce qui explique son succès relatif lors du premier tour qui, je le répète, était un vote sanction contre le parti unique de l'époque, le FLN.
N.V. : Vous parlez de l'ex-FIS et en même temps vous avez tout à l'heure évoqué l'existence en Algérie des poches de résistance du terrorisme. Est-ce parce que le FIS ne représente plus rien en Algérie ?
S.L. : L'ex-FIS parce que juridiquement, il a été dissout. Je dis l'ex-FIS parce que son bras armé qui était l'Armée islamique du salut (AIS) s'était auto-dissoute pour bénéficier des avantages offerts par la loi sur la concorde civile. Je dis l"ex-FIS parce que sur le plan politique aujourd'hui, il n'a aucune base populaire. Une élection aujourd'hui ne le crédite de rien du tout. Et quand je parle de petites poches de terrorisme, c'est les groupes islamiques armés qui souvent sont des groupes qui n'ont aucun programme politique. Leur seul programme, c'est de tuer de pauvres citoyens.
N.V. : Pourquoi ?
S.L. : Pour peut-être le plaisir de se manifester. Parce que vous avez des hommes qui tuent sans aucune raison. Ils tuent pour pénaliser les citoyens qui n'ont pas voulu leur donner à manger hier, qui ne les ont pas hébergés comme par le passé. Je crois que le terrorisme est l'arme du lâche. Il n'a pas de justification précise, il n'y a pas de logique qui peut l'expliquer.
N.V. : Est-ce que le terrorisme ne se justifie pas par l'opposition entre une minorité qui possède une richesse insolente et une majorité de démunis qui s'appauvrit davantage. Le terrorisme ne se justifie-t-il pas sur le terrain par des raisons objectives ?
S.L. : Heureusement que ce que vous dites est faux. Parce que si c'était une raison, il y aurait des milliers de terroristes notamment à travers l'Afrique et le tiers-monde. Où les disparités existent. Le terrorisme est une arme utilisée par des lâches qui frappent quand on ne s'y attend pas. Et qui n'ont pas un visage humain. Pas plus. On ne peut pas lui trouver une quelconque explication.
N.V. : Nous sommes sur le sujet du terrorisme. Après les attentats suicides dont ils ont été victimes le 11 septembre 2001, les Etats-Unis continuent de riposter. D'aucuns pensent que ces actes terroristes sont la réponse des injustices que les Arabes auraient subies vis-à-vis des Occidentaux.
S.L. : Soyons sérieux. Ben Laden puisque c'est de lui qu'il s'agit est une créature des Etats-Unis. Pour lutter contre l'invasion soviétique de l'époque en Afghanistan. Ça tout le monde le sait. Vous pensez que Ben Laden est un pauvre ? Je crois que c'est un des Arabes les plus riches. Alors pourquoi il n'a pas pu faire profiter sa richesse à ces pauvres afghans en leur permettant de vivre dans de meilleures conditions plutôt que de leur donner des armes et de les envoyer se faire tuer. Le terrorisme n'a rien à voir avec la misère du monde. Et Dieu merci parce qu'on serait dans une situation beaucoup plus chaotique.
N.V. : Des analyses disent aussi que tant que la Palestine n'est pas un Etat libre et indépendant, le terrorisme persistera.
S.L. : Là, je crois que vous êtes en train de confondre les genres. La lutte menée par le peuple palestinien n'est pas une lutte terroriste. C'est une lutte pour recouvrer ses droits conformément aux accords d'Oslo. Là, ils sont en train d'être brimés, mais leur action n'est pas terroriste. On ne peut pas comparer les situations. Au contraire, ils sont victimes. Ils sont victimes d'un terrorisme étatique de la part d'Israël.
N.V. : Que pensez-vous de la réponse américaine face au terrorisme de Ben Laden.
S.L. : C'est une réponse que j'estime tout à fait logique. Nous l'avons soutenue. Nous ne pouvons pas accepter le terrorisme. Nous avons été victimes du terrorisme. Le discours qui est tenu actuellement par le président Georges Bush, est celui que nous avons tenu à l'époque et beaucoup ne nous entendaient pas. Parce qu'ils étaient loin du Front. Aujourd'hui nous sommes heureux que le discours que nous prônions, il y a quelques années, ait été pris en compte par les différents pays et il y a une attitude conjointe contre le terrorisme.
N.V. : Comment se portent les relations ivoiro-algériennes ?
S.L. : Je puis vous dire que les relations entre la Côte d'Ivoire et l'Algérie sont excellentes sur le plan politique. J'ai eu à le dire. Elles sont loin d'être satisfaisantes sur le plan économique et commercial. Sur le plan culturel, nous avons quelques raisons d'espérer une amélioration. Nous offrons des Bourses à des jeunes ivoiriens pour des études en Algérie. Ce qui est clair du côté d'Alger et d'Abidjan, c'est qu'il y a une volonté commune de redynamiser les relations bilatérales sur tous les plans et renforcer également la concertation et le dialogue qui existent depuis très longtemps. L'année 2002 sera, j'espère, l'année de la relance de la coopération entre l'Algérie et la Côte d'Ivoire.
N.V. : Votre avis sur la situation en Côte d'Ivoire
S.L. : Je me réjouis de l'évolution récente de la situation en Côte d'Ivoire et en particulier la tenue du Forum pour la réconciliation nationale, dont la mise en oeuvre des recommandations contribuera sans nul doute à l'amélioration de la situation en Côte d'Ivoire au double plan politique et économique.