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Réaction à propos de l'arrestation de Blé Goudé Charles (SG de la FESCI). El Hadj Idriss Koudouss (Président du CNI) : "Il y a eu trahison"
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- Title
- Réaction à propos de l'arrestation de Blé Goudé Charles (SG de la FESCI). El Hadj Idriss Koudouss (Président du CNI) : "Il y a eu trahison"
- Creator
- Didier Dépry
- Publisher
- Notre Voie
- Date
- September 13, 1999
- Abstract
- El Hadj Idriss Koudous Koné, Président du Conseil national islamique (CNI) était l'invité d'honneur du XVIIème séminaire national de l'Association des élèves et étudiants musulmans à Man. Interrogé sur l'attitude ambiguë des chefs religieux dans la crise universitaire et l'emprisonnement de Blé Goudé Charles, S.G. de la FESCI, il a fait la genèse des négociations avec le Président Bédié pour lever toute équivoque.
- Page(s)
- 2
- number of pages
- 1
- Subject
- Idriss Koudouss Koné
- Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire
- Front populaire ivoirien
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Bouaké
- Charles Blé Goudé
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans de Côte d'Ivoire
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0006597
- content
-
El Hadj Idriss Koudous Koné, Président du Conseil national islamique (CNI) était l'invité d'honneur du XVIIème séminaire national de l'Association des élèves et étudiants musulmans à Man. Interrogé sur l'attitude ambiguë des chefs religieux dans la crise universitaire et l'emprisonnement de Blé Goudé Charles, S.G. de la FESCI, il a fait la genèse des négociations avec le Président Bédié pour lever toute équivoque.
"Le problème entre la FESCI et le régime en place est une vieille histoire. Mais, je vais vous dire pourquoi et comment la communauté musulmane à travers ses hauts responsables s'est retrouvé dans la négociation.
Lorsque ceux qui ont fait croire au chef de l'État qu’ils pouvaient régler la crise universitaire ont voulu associer les hommes religieux, ils ne sont pas venus voir les musulmans. Ils nous ont exclus et ont appelé uniquement les autres confessions religieuses. Ils ont même décidé du jour de la rencontre entre ces chefs religieux et le bureau de la FESCI. C'est Blé Goudé Charles à l’époque en exil dans son propre pays qui a refusé de participer à cette réunion si je n'y prenais pas part. Comme Tchotche Mel, président de l’église Harris, nous fait toujours l'honneur de son amitié, il a tenu absolument à la suite de Blé Goudé que nous soyons à la rencontre. C'est ainsi qu’il m'a appelé. Je lui ai envoyé des membres du département de réflexion sur l'éducation du CNI. Le jour “J" de la réunion, Tchotche Mel m'a demandé d'être présent moi-même à la rencontre. Ce sont les enfants (NDLR : les membres de la FESCI) qui ont exigé que la rencontre se tienne au siège du CNI. Ils disent que c’est là-bas qu'ils se sentiront en sécurité. Quand les autres religieux m’ont fait la proposition, je l'ai acceptée. Nous avons tenu la première réunion un lundi. C'est ce jour-là que Blé Goudé est sorti de son "exil" pour prendre part à la réunion.
Nous avions vu toutes les confessions religieuses à la rencontre sauf les Catholiques. Les participants se sont mis d'accord pour faire appel à Monseigneur Agré. Ce qui fut fait.
La réunion a démarré aux environs de 12 h. Elle a duré jusqu'à 16 h. Après quoi les participants et les étudiants se sont déportés à la cathédrale d'Abidjan. Monseigneur Agré a trouvé nécessaire que je sois présent à la réunion parce qu'on devait rencontrer le Président de la République. J’étais à Dabou quand on m'a demandé de venir à la rencontre. Ce jour-là, nous sommes restés à discuter de 18 h à 2 h du matin.
Il y a un ministre qui était intermédiaire entre le Président et nous. C'est le ministre d’État chargé de l’Agriculture, M Lambert Kouassi Konan. C'était le lundi. Le mardi matin, le chef de l'État devait se rendre en visite officielle au Japon. Nous lui avons dit de reporter son voyage puisqu'il ne devait pas s’absenter au moment où le pays est en feu. Finalement, nous avons pu le convaincre. Nous avons discuté sagement avec les enfants. Et nous leur avons donné l'assurance qu'ils seront avec nous pour l'audience avec le chef de l'État. Nous avions informé le Président de cela. Il n'était pas d'accord mais il a par la suite accepté car, nous lui avons clairement signifié que nous ne pourrions intervenir dans cette crise sans la présence des enfants. Nous sommes allés avec le bureau de la FESCI chez le Président. Il nous a d'abord reçu. Tout ce que nous avons fait, les concessions faites par les étudiants etc., nous avons tout communiqué au Président. Il nous a rassuré de sa collaboration. Nous lui avons dit qu'avant toute véritable négociation, il faut libérer tous les étudiants détenus et rouvrir les résidences universitaires. Nous lui avons aussi signifié que les vrais problèmes de la FESCI sont d'ordre académique. Nous avons eu trois heures de discussion avec le chef de l'Etat. C'est après cela qu'on a introduit les enfants. Les étudiants ont dit franchement au Président que tout ce que certaines personnes lui racontent est faux et que leurs problèmes sont purement académiques. Qu'il trouve des solutions et la paix reviendra à l'université. Nous avons trouvé cela très positif. Le chef de l'Etat s'est dit favorable mais a demandé que les enfants lèvent d'abord leur mot d'ordre de grève. Comme nous avions déjà discuté avec les étudiants, nous leur avions demandé de préparer un texte. Ils l'ont fait et nous l'avons corrigé. Nous avions même transmis une copie au chef de l'État pour qu’il en prenne connaissance. Le texte que les enfants ont lu avait notre approbation et celle du chef de l'Etat. Nous nous sommes d'accord avec le Président pour que la presse nationale et internationale couvrent la déclaration de la FESCI. Vous savez, les religieux font confiance au départ à leur interlocuteur jusqu'à ce que celui-ci démontre qu'il n’est pas un homme de confiance. Nous étions hautement surpris de constater l'absence de la télévision nationale à la déclaration de la FESCl en dépit de la parole donnée du Président avant son départ pour le Japon. Monseigneur Agré a joint le Premier ministre au téléphone qui lui a rétorqué qu'il n'a pas eu les instructions du chef de l'État pour faire venir la télévision nationale. J’ai donc fait la proposition à Monseigneur Agré d'annuler cette déclaration. Parce qu'il y a eu une promesse qui n'a pas été tenue. Pour moi, cette situation peut générer un différend. Monseigneur Agré m'a dit de laisser faire puisqu'il y avait entre autres organes de presse, RFI et BBC Les enfants ont fait leur déclaration Pour une caution visible à leur action les étudiants ont demandé que Blé Goudé soit assis entre Monseigneur Agré et moi. Si vous revoyez la photo de l'événement, vous constaterez que Blé Goudé est plus proche de moi. Car, il a toujours dit que c’est avec moi qu’il se sent en sécurité. Après cette déclaration, nous attendions la réaction du gouvernement. Jusqu'à ce que le Président Bédié rentre de son voyage, il n'y a pas eu de réaction. Voyant cela, nous avons décidé de reprendre nos réunions. Le collectif des chefs religieux se réunit régulièrement jusqu'à ce jour. Mais, il faut préciser que nous sommes confrontés à des blocages en notre sein.
Nous, les musulmans, avons proposé aux autres chefs religieux d'admettre que nous rédigions un communiqué de presse pour signaler notre déception parce que le pouvoir n’a pas tenu parole. C'est nous qui avons préparé ce communiqué et l'avions proposé aux autres. Certains en étaient satisfaits mais les Catholiques, soyons sincères, ne nous ont pas facilité la tâche. C'est ainsi que le communiqué de presse a été annulé. Lorsque le quotidien "Notre Voie" nous a tous interpellés par rapport à l'arrestation de Blé Goudé Charles, au cours d'une réunion, nous avions dit aux autres chefs religieux voilà ce que nous voulions éviter. Si nous avions publié le communiqué de presse pour dégager toute notre responsabilité dans cette crise, je crois que la presse ne nous aurait pas qualifiés de défaillants et de complices. C'est honteux pour notre collectif et cela a tout l'air d'une trahison. Parce que la population estime que les religieux sont les derniers recours dans les problèmes. Et si notre intervention n'est pas acceptée, c'est le comble, l'éclatement.
Nous n'avons pas pour autant baissé les bras. Nous tenons des réunions pour renégocier avec le chef de l’Étal. Les étudiants ont approché le GERDES qui a pris contact avec moi. Nous devons nous rencontrer ce mercredi à 10 h. C'est vous que nous continuons toujours pour arriver à la solution de cette crise et la libération de Blé Goudé. Voilà, le degré d'intervention des religieux dans la crise universitaire".