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Hommage à El Hadj Oumarou Kanazoé
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Burkina Faso
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- Title
- Hommage à El Hadj Oumarou Kanazoé
- Creator
- Filippe Savadogo
- Publisher
- Sidwaya
- Date
- October 25, 2011
- Abstract
- 84 ans, quatre épouses, une trentaine d'enfants, Oumarou Kanazoé fut un success story du Burkina Faso. Ce milliardaire, sans grande instruction scolaire, très tôt orphelin de père, est parti de rien. Il a pourtant réussi à bâtir un véritable empire, l'entreprise Oumarou Kanazoé (OK) qui injecte annuellement plusieurs milliards dans l'économie nationale. Ce milliardaire fut aussi un philanthrope et un pieux musulman.
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0001134
- content
-
84 ans, quatre épouses, une trentaine d'enfants, Oumarou Kanazoé fut un success story du Burkina Faso. Ce milliardaire, sans grande instruction scolaire, très tôt orphelin de père, est parti de rien. Il a pourtant réussi à bâtir un véritable empire, l'entreprise Oumarou Kanazoé (OK) qui injecte annuellement plusieurs milliards dans l'économie nationale. Ce milliardaire fut aussi un philanthrope et un pieux musulman.
Du petit commerce à l'entreprise OK. C'est d'abord et avant tout le flaire d'un homme : El Hadj Oumarou Kanazoé. Un success story burkinabè. Fils unique de sa mère, Kanazoé, qui naquit en 1927, était un Yaarga originaire de Yako à 100 km au nord de Ouagadougou.
Comme souvent à l'époque, en milieu rural, à 7 ans c'est l'école coranique (apprentissage du coran en arabe) qui l'accueille et non l'école française. Fils unique, son père décédé alors qu'il a douze ans, il lui faut très tôt subvenir aux besoins de sa mère. « Mon père est décédé quand j'avais douze ans.
Il ne m'a rien laissé comme héritage matériel et financier, mais des bénédictions pour ma bonne conduite. Elles sont pour moi une richesse énorme et intarissable ».
Il se lance dans le petit commerce car il n'a guère le choix. Ce sont des cotonnades des tisserands de son pays qu'il va vendre, au Mali et au Ghana voisin, parcourant toutes ces distances à pied.
Il en ramenait de la cola, des sandales et du sel qu'il écoulait sur les marchés locaux. Habile commerçant, il ne rate pas à réaliser quelques petites économies qui lui permettent, en 1950, d'ouvrir une boutique et un restaurant à Yako.
Ses affaires commencent à prospérer et en 1955, Kanazoé achète un premier camion (T45) pour transporter diverses marchandises. Ainsi prend-il pied dans le transport. Au début des années 70, il diversifie encore ses activités.
On le retrouve dans la construction et le commerce général. Le moment est venu de structurer ses différentes activités. Il crée, en 1973, l'entreprise Oumarou Kanazoé, une entreprise familiale.
Son premier gros contrat est la réalisation (en sous-traitance) d'un tronçon de route de 50 kilomètres. Il commence à se faire un nom. Il devient de plus en plus incontournable dans le secteur stratégique du bâtiment et des travaux publics.
Un homme matinal, religieux et philanthrope
La journée de Kanazoé commençait très tôt. Après la première prière de l'aube, il reçoit ses nombreux visiteurs avant la traditionnelle tournée des chantiers vers 8h. Avec ses employés, il est plutôt paternaliste.
Malgré les succès et la fortune, Oumar Kanazoé n'a jamais oublié son origine modeste et son éducation morale. Les populations découvrent au jour le jour, sa générosité.
Il offre des vivres aux régions connaissant un déficit céréalier, construit bénévolement des écoles ; sans oublier les nombreuses mosquées et quelques églises.
En 1994, il a construit gracieusement, dans le bassin du Nakanbé, à environ 135 km au nord pays, un barrage dont la capacité de 100 millions de m3 peut irriguer 8000 ha avec un potentiel halieutique annuel d'environ 500 tonnes de poisson.
Reconnaissants, les habitants l'ont dénommé « Le barrage de Kanazoé ». Il a rénové les locaux de la télévision nationale en octobre 2006, pour plus de 70 millions, « sans contrepartie ».
Plusieurs familles et structures ne vivent que grâce à ses dons. Cet altruisme est chez lui comme une fixation psychologique : « L'homme ne vaut que par des rapports avec les autres. L'argent doit aider les nécessiteux, si je suis riche, c'est grâce à Dieu. Je répands bohneur autour de moi pour remercier », se justifie-t-il.
L'islam est pour lui ce qu'il a de plus cher. Il a déjà effectué plusieurs fois le pélérinage aux lieux saints et s'investit grandement dans la construction d'édifices religieux et dans la prise en charge des imams.
Il est Président de la Fédération des associations islamiques du Burkina Faso. « Ma fortune, c'est pour servir Dieu et mes concitoyens, pour créer des emplois, redistribuer les richesses et contribuer au bien-être du plus grand nombre possible de burkinabè », aime-t-il clamer.
Son voeu le plus cher : « avoir longue vie et la bénédiction de Dieu pour pouvoir réaliser le maximum de choses au profit des êtres humains ». Voilà l'homme que nous pleurons aujourd'hui qui fut aussi Président de la Chambre de Commerce du Burkina, propriétaire d'avions et d'hélicos.
Le petit Yaarga de Yako nous laisse un héritage immense de sage philosophe, de médiateur social hors pair ! « Sa présence était notre joie, sa mémoire sera notre force ».
Repose en paix Yasba.