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Title
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La mosquée, l'hélicoptère et les bénédictions
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Date
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August 29, 2006
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Abstract
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En cette période hivernale où les travaux de chantiers tournent au ralenti, l'entrepreneur El Hadj Oumarou Kanazoé que d'aucuns appellent affectueusement Ladji, a choisi d'inaugurer les mosquées qu'il a construites au profit des fidèles musulmans à travers le pays. Une centaine au moins. Pour plusieurs milliards de F CFA. Vendredi dernier, Ladji était à Margo dans le Yatenga.
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Rights
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Identifier
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iwac-article-0000953
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content
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En cette période hivernale où les travaux de chantiers tournent au ralenti, l'entrepreneur El Hadj Oumarou Kanazoé que d'aucuns appellent affectueusement Ladji, a choisi d'inaugurer les mosquées qu'il a construites au profit des fidèles musulmans à travers le pays. Une centaine au moins. Pour plusieurs milliards de F CFA. Vendredi dernier, Ladji était à Margo dans le Yatenga.
Margo, un village du département de Oula dans la province du Yatenga était vendredi 25 août 2006 aux couleurs de l'islam et dans une ambiance de grande fête. Les fidèles musulmans étaient au rendez-vous. Drapés dans leurs boubous blancs, ils sont venus à Margo, qui de Ouagadougou, qui de Ouahigouya et qui d'autres des villages environnants pour partager avec les habitants de ce village une joie légitime : l'inauguration de la mosquée de vendredi de Margo. L'acte de foi à poser est d'importance. C'est pour cela qu'il y avait foule.
Tout à coup tous les regards convergèrent vers le ciel. Au loin là-bas, un bruit à peine audible. Au fur et à mesure que ce bruit s'intensifiait, une silhouette se faisait plus précise. Puis de la foule, des voix s'élevèrent : «C'est Kanazoé qui arrive. C'est l'hélico de Ladji. Oh, «Pangsoaba» (la force tranquille !)». Des minutes s'égrenèrent. Puis de nouveau de la foule : «Kanazoé est là». Une vieille qui ne voyait rien venir de l'horizon s'écria «Où est-il ?». «Par là, dans le ciel», répondit un jeune homme à la vision plus nette. Et quelque temps après, l'hélico se posa au milieu d'un champ d'arachides. La poussière intense que les hélices soulevèrent envahirent la foule, accourue autour de cet oiseau rare dans la région. Ce qui obligea certains spectateurs à détaler dans les buissons. Les plus courageux eurent de la peine à conserver leurs bonnets sur la tête.
Quand tout redevint normal, Kanazoé, tout de blanc vêtu, sortit enfin. Un tonnerre d'applaudissements accompagna les pas majestueux de celui que tout le monde attendait. Puis ce fut un cortège de louanges en son honneur.
Dès lors, la cérémonie pouvait commencer : l'inauguration de la mosquée de vendredi de Margo. Un joyau dont la construction a été financée par El Hadj Oumarou Kanazoé, ce riche Burkinabè d'un altruisme inégalé au pays des Hommes intègres. Coût de l'ouvrage, près de 23 millions de F CFA.
Devant l'édifice qui fait désormais la fierté des fidèles musulmans de Margo et environnants, les intervenants à la cérémonie n'ont pas tari d'éloges à l'endroit du donateur : «Merci Ladji... Longue vie à toi... du succès dans toutes tes entreprises. Nous te sommes reconnaissants... Que Dieu te comble de sa grâce...». Au summum des révélations, quelqu'un s'écria : «Après Dieu et son prophète, c'est Kanazoé». Tout le monde éclata de rire. En disant cela, l'auteur savait qu'il ne répartirait pas les mains vides. Effectivement, de la poche du grand boubou de Ladji jaillirent quelques billets craquants en direction de «l'enturbanné». Avant de se fondre dans la foule, il lança à qui veut l'entendre : «Moi en tout cas, j'ai eu ma part. Le reste, débrouillez-vous».
Après cette sécance qui n'était pas prévue dans le programme, mais à laquelle Kanazoé est familier, ce fut au tour du préfet de Oula de s'adresser à l'assistance : «En ce jour de grâce, nous implorons le Tout-puissant afin qu'il nous comble de bonnes choses». Il a invité les bénéficiaires de la mosquée à ne ménager aucun effort pour faire de cette infrastructure, «un sanctuaire de la foi pour le rayonnement des idéaux de l'islam».
Pour clore la série des interventions, la parole fut donnée à El Hadj Kanazoé, le généreux donateur. Son message, lu par le secrétaire général de la Communauté musulmane, El Hadj Moussa Simdé, est un appel à la réflexion : «Vous avez voulu une mosquée pour adorer Dieu, vous l'avez ! Faites - en bon usage. Ne perdez jamais à l'esprit que c'est la maison de Dieu. C'est donc une maison de prière, d'adoration, de grâce, de prêche, de foi, de conviction... C'est une maison de concorde, d'union, d'entente, d'entraide... C'est une maison de paix, d'amour, de joie, de tolérance, de pardon. Cette maison est la vôtre... C'est une infrastructure réalisée et offerte par Kanazoé certes, mais c'est avant tout une oeuvre de Dieu, acquise grâce à vos bénédictions à tous».
Selon les bénéficiaires de l'ouvrage, «un comité sera mis en place pour veiller à la gestion et à l'entretien de la mosquée». Sitôt après son inauguration, les fidèles y ont effectué la prière du vendredi, avec la promesse intime de ne jamais déserter cette maison de Dieu. Puis une plantation d'arbres a mis fin à cette cérémonie chargée d'émotions, d'enseignements et de satisfaction. Et comme pour élever dans les cieux les prières, les voeux et les souhaits des fidèles de Margo, Kanazoé s'est «envolé» dans le ciel, à bord de son hélicoptère. Destination, Ouagadougou. Avec la conviction d'avoir fait oeuvre utile.
Sidwaya
Frédérick Madore