Article
Salam du Ramadan : "Les femmes doivent redoubler d'efforts dans la spiritualité", Awa Gnessi du CERFI
- Title
- Salam du Ramadan : "Les femmes doivent redoubler d'efforts dans la spiritualité", Awa Gnessi du CERFI
- Creator
- Fabé Mamadou Ouattara
- Publisher
- Sidwaya
- Date
- June 14, 2016
- Abstract
- Le mois de jeûne est une période au cours de laquelle, la femme occupe une place centrale. La vice-présidente de la cellule féminine du CERFI, Awa Gnessi née Séré a entretenu Sidwaya sur le rôle ...
- Language
- Français
- Source
- Sidwaya
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0000684
- content
-
Le mois de jeûne est une période au cours de laquelle, la femme occupe une place centrale. La vice-présidente de la cellule féminine du CERFI, Awa Gnessi née Séré a entretenu Sidwaya sur le rôle de « l'autre moitié du ciel » durant cette période de pénitence.
Sidwaya (S.) : Dans quelle disposition, la femme musulmane devrait-elle aborder le mois de Ramadan ?
Awa Gnessi (A.G.) : La femme musulmane doit aborder le mois de Ramadan comme tout musulman. Le jeûne est le même pour tous les croyants, qu'ils soient hommes ou femmes. C'est une obligation pour tous, sauf si la femme n'est pas dans les dispositions physiologiques. Cela veut dire qu'elle est exemptée de jeûne lorsqu'elle se trouve dans sa période de lochies (menstrues). Toutefois, elle est tenue de rattraper les jours passés sans jeûner avant le prochain mois de Ramadan.
S. : L'approche du mois de jeûne est marquée par la multiplication des mariages de certains musulmans. Qu'est-ce qui justifie cela ?
A.G. : En islam, on considère qu'en étant marié, on a la moitié de la foi. Toutefois, cela ne veut pas dire que les célibataires n'ont pas la foi. Je n'ai pas connaissance de disposition coranique qui prescrive de précipiter le mariage à l'approche du Ramadan. Mais d'un point de vue social on peut voir cela comme une volonté de régulariser sa situation avant le mois de jeûne. Car, c'est un mois de faveur, un mois béni, dans lequel, il faut maximiser dans la spiritualité. Si en étant à deux on peut mieux se prêter aux obligations de la foi, ce doit être sans doute pourquoi, les unions sont beaucoup célébrées dans cette période. Il faut dire aussi que les unions libres, qu'on appelle concubinage ne sont pas acceptées en islam. C'est donc mieux de se mettre en conformité avec les préceptes religieux afin de bénéficier des faveurs du mois de Ramadan et du pardon de Dieu. Toute relation entre l'homme et la femme, en dehors du mariage, est carrément interdite en islam. Pour parler du mariage en tant qu'institution, je dirai que c'est une affaire de famille, de société. Personne ne souhaite se marier deux fois ou plus. Mais pour cela, il faut que le premier soit réussi. C'est la raison pour laquelle, il faut que les familles des deux conjoints soient impliquées dans le processus de l'union au-delà de la personne des deux aspirants au mariage. Cela est une exigence sociale. Mais l'implication des parents ne doit pas aller jusqu'au point d'imposer des conjoints à leurs enfants. Le mariage forcé est interdit en islam.
S. : Quel doit être le quotidien d'une femme pendant le Ramadan ?
A.G. : La femme voit ses responsabilités se doubler pendant le mois béni. En effet, en plus de continuer à exécuter ses tâches habituelles, elle doit aussi se conformer aux exigences du mois de jeûne. Si elle a une occupation professionnelle par exemple, elle doit continuer à aller au boulot, et conjuguer cela avec ses activités ménagères et religieuses. La particularité du mois de Ramadan pour la femme, c'est qu'elle voit ses travaux se multiplier. Elle est la première à se réveiller le matin pour préparer le repas du « suhour » (jeûne) afin que la famille puisse jeûner. A la rupture encore, il faut qu'elle s'y mette pour permettre à sa famille de rompre convenablement. Sans compter que la plupart du temps, les mets sont diversifiés avec des plats principaux, de la bouillie, des jus… Alors qu'elle doit également accomplir des activités religieuses. La femme se retrouve donc au four et au moulin.
S. : Tout le contraire des hommes… ?
A.G. : Effectivement, c'est vrai que c'est eux qui ravitaillent la maison en provisions. Mais, il faut reconnaître qu'ils ont un peu plus de temps pour s'adonner à la spiritualité. Cependant, ce n'est pas une raison pour que la femme baisse les bras. Bien au contraire, elle doit également monter en spiritualité, elle doit concurrencer les hommes en spiritualité parce que c'est un mois de spiritualité. Il ne faut pas qu'elle se base sur ses responsabilités ménagères pour s'éclipser sur le plan spirituel. Il est vrai que l'accomplissement des travaux ménager est un mérite pour elle. Mais, il ne faut pas que la femme se contente de cela pour ne pas exceller sur le plan de la religion. Car, nul ne peut prédire si un autre Ramadan le trouvera en vie.
S. : Ramadan est donc un mois difficile pour la femme?
A.G. : Justement non. C'est plutôt un mois de faveur. Il s'agit d'une question d'organisation. Il faut déjà reconnaître que dans nos sociétés traditionnelles, de par son statut social, les femmes quelle que soit leur religion, sont confrontées pratiquement au même lot de tâches ménagères quotidiennes (cuisine, vaisselle, lessive, ménage, éducation des enfants…). Mais en islam, la femme a des mérites pour ses actes qu'elle pose, Dieu la récompense. Donc, si elle travaille plus, elle a plus de récompenses encore par rapport à l'homme.
S. : Que dire de la femme, source de tentation,en ce mois de pénitence ?
A.G. : Sur cette question, je voudrais d'abord déplorer le fait que les gens n'abandonnent leurs comportements impudiques que juste le temps du Ramadan. Pourtant, le mois de jeûne peut être perçu comme une école de la foi. Donc, au sortir de cette période, on devrait retrouver des gens qui ont une spiritualité élevée et qui ne retomberont plus dans leurs travers antérieurs. Malheureusement, les gens laissent leurs mauvais comportements en « stand bye » pendant ces 30 jours et s'empressent de les reprendre à l'issue du mois de pénitence. Maintenant du côté de la femme, tout le monde sait ce qu'est une femme musulmane. Même en dehors de Ramadan, elle doit se protéger contre toutes ces tentations. Se protéger signifie se conformer aux règles que l'islam édicte. S'habiller décemment, fréquenter les lieux décents. En islam, il faut éduquer tous ses sens (yeux, oreilles, langue, bouche). Si la leçon a bien été acquise, après le mois de Ramadan, la femme musulmane ne doit plus retomber dans ces erreurs.
S. : Avez-vous des conseils particuliers à donner à vos sœurs musulmanes ?
A.G. : Ramadan est un grand mois et les femmes musulmanes ne doivent pas rester en marge, surtout du point de vue de la foi. Les femmes doivent redoubler d'efforts dans la spiritualité et dans les invocations. Ce n'est pas parce qu'on s'est levé à 3 heures du matin pour monter la marmite qu'après la prière, il faut se mettre à dormir. Je conseille à chacune de faire un effort dans la lecture du Coran, les invocations, dans l'exaltation du nom du seigneur. Ce sont des paroles légères sur la langue, mais qui pèsent beaucoup en termes de bénédictions. En plus, elles permettent de ne pas se laisser tenter par la télévision, ni de se laisser aller à la calomnie et la médisance qui sont le fort des femmes en général. Je les invite à maximiser dans les prières nocturnes et surérogatoires au lieu de se laisser aller au sommeil. Il faut diminuer le temps de sommeil durant ce mois. Parce que, c'est pendant le Ramadan que le Coran est descendu sur terre et il contient une nuit meilleure que mille nuits. Cette nuit se recherche au cours des dix dernières nuits et j'invite les femmes à la rechercher autant que les hommes. Nul ne sait s'il aura la chance de vivre le Ramadan prochain. Alors, il faut vivre celui-là, comme si c'était le dernier de sa vie.
Interview réalisée par
Fabé Mamadou OUATTARA