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En prélude à la fête de Tabaski : le marché forain de moutons s'anime déjà
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- Title
- En prélude à la fête de Tabaski : le marché forain de moutons s'anime déjà
- Creator
- Evariste Yao Kadanga
- Publisher
- Togo-Presse
- Date
- January 5, 2006
- Abstract
- Tabaski, la fête du mouton des fidèles musulmans, c'est dans une semaine précisément.
- Page(s)
- 6
- number of pages
- 1
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0005794
- content
-
Tabaski, la fête du mouton des fidèles musulmans, c'est dans une semaine précisément.
Mais déjà, à Lomé, la fête s’annonce. L’espace marécageux à la verdure luxuriante qui borde le talus nord de la lagune au niveau du « Cinéma le Togo », grouille, depuis quelques semaines, de ces mammifères domestiques ruminants à toison laineuse et frisée : les moutons. Un marché de fortune qui s’anime, depuis quelques années seulement, à l'approche de l'Aïd El Kebir. Il s’y vend essentiellement des moutons de transhumance que les éleveurs et commerçants transportent par voie terrestre du Niger. Mali, Burkina Faso, etc. vers les pays côtiers.
« Nous faisons des associations et transportons nos moutons du Niger par titan. Le transport nous coûte cher : 10.000 F par tête de mouton », indique le propriétaire d’un troupeau de vingt moutons qui dit, toutefois, ne pas regretter le voyage. Le prix du mouton s'étale entre 50.000 F CFA et 400.000 F CFA ; un peu cher mais les clients ne manquent pas pour autant.
« Je viens ici chaque année, indique M. Sissoko, Gambien d’origine résidant au Togo, pour acheter au moins quatre moutons. Je les trouve bien gras et le prix me semble abordable ». Hélas ! tout le monde n’a pas les mêmes moyens ; et El Hadj Fousseni qui voulait au moins deux moutons pour sa nombreuse famille ne sait comment s’en sortir avec les 75.000 F CFA qu’il a prévus en venant.
L’occasion faisant toujours le larron, les habitants du voisinage ont trouvé le bon moyen de se sortir, pour quelque temps, des embarras pécuniaires. Ils y vendent l'eau à 100 F la bassine, de l’herbe à 2.000 F la botte, du son de blé à 100 F le sachet, des épluchures de tubercules d'ignames ou de manioc à 700 F le panier.
Certains viennent offrir leurs services de bergers et veillent sur les bêtes de jour comme de nuit. Les vendeurs de brochettes de la capitale n’ont pas, eux aussi, manqué le rendez-vous. Ils y achètent les bêtes mortes étouffées au cours du voyage qu’ils dépècent sur les lieux, grillent sur place et revendent aux passants.
Mais ce marché forain de moutons n’est pas sans créer des problèmes de sécurité, d’environnement et de santé. Aussi policiers et gendarmes ont-ils été dépêchés, qui pour empêcher les stationnements anarchiques en ce lieu et fluidifier la circulation, qui pour protéger les commerçants et leurs troupeaux contre les gangs de voleurs aux aguets.
Malgré quoi, « il est impérieux, souligne un agent de sécurité, de rouler lentement à ce niveau car les hâtes surgissent parfois brusquement dans la circulation et alors tout peut arriver. Mais nous n'avons pas encore enregistré un accident en ce lieu ».
Un vétérinaire mandé, pour examiner les bêtes d’un troupeau n’a pas manqué, pour sa part, de relever quelques défaillances sanitaires sans réelle gravité.
« Ces béliers, note-t-il, sont en majorité des mérinos, une race de moutons espagnols, originaire d’Afrique du Nord. Il y a aussi des caraculs de l’Asie centrale. La plupart se portent bien mais certains souffrent d'un début de charbon, de clavelée, de fourché, de muguet, de piétin ou de tournis ; mais il n’y a pas vraiment de quoi s'inquiéter. Le problème c'est que l’environnement ici est désormais aux déjections de bêtes et à la pestilence ».
Le plus déboussolé devant cette promiscuité de bêtes et d’hommes sur une artère au trafic routier assez dense est le passant. « Je ne comprends pas pourquoi c’est ici que ces gens doivent venir vendre leurs bêtes avec tout ce que cela suppose en terme de danger pour la circulation », se plaint un passant.
Les autorités municipales s’expliquent : « Ces commerçants de moutons n'ont obtenu aucun quitus de la municipalité pour occuper ces lieux, affirme M. Aouissi Lodé, vice-président de la Délégation spéciale de la commune de Lomé. Nos services techniques s'y sont rendus pour signifier aux vendeurs que le site n'est pas propice à ce genre de transaction : mais les commerçants refusent d 'obtempérer. Nous sommes toutefois à pied d'œuvre pour aménager ce marché de fortune afin de percevoir dans le cadre du budget 2006 des taxes sur les ventes ».
En attendant, sur le site, Mérinos, Caraculs, Astrakan, Breitschwanz et autres moutons de race, avant de passer à la broche de leur éventuel acquéreur, bêlent, broutent, ruminent, pètent et défèquent, à côté de bergers et commerçants affairés, de clients intéressés ou déçus ; tout ceci dans un concert de klaxons de conducteurs agacés et de policiers débordés aux heures de pointe.
Evariste YAO KADANGA
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