Article
La nuit du destin : le sens d'un rituel
- Resource class
- Article
- Item sets
- L'Observateur Paalga
- Title
- La nuit du destin : le sens d'un rituel
- Creator
- Adama Ouédraogo Damiss
- Publisher
- L'Observateur Paalga
- Date
- November 12, 2004
- Abstract
- Dans la nuit du mardi 9 novembre 2004, les musulmans du Burkina ont célébré Laylat al qadr ou la nuit du destin encore appelée, abusivement, la "fête des galettes".
- Spatial Coverage
- Ouagadougou
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0000518
- content
-
Dans la nuit du mardi 9 novembre 2004, les musulmans du Burkina ont célébré Laylat al qadr ou la nuit du destin encore appelée, abusivement, la "fête des galettes".
Chez nos voisins de la grande mosquée de Ouagadougou, on n'a pas dérogé au rituel. Les fidèles de la communauté musulmane se sont donné rendez-vous pour prier et implorer la Grâce de Dieu en cette nuit dont "la valeur dépasse mille mois d'activités spirituelles". Mais au fait, qu'est-ce que la nuit du destin ? Pourquoi les musulmans ne s'accordent-ils pas là-dessus ainsi que sur la date exacte du Ramadan ? Pour en parler, nous nous sommes entretenu avec le 1er vice-président de la Communauté musulmane du Burkina (CMBF), Adama Sakandé.
Frère vice-président de la CMBF, qu'est-ce que la nuit du destin pour les musulmans ?
La nuit du destin représente la nuit la plus importante en terme de valeur spirituelle pour la religion musulmane, car Allah a dit que c'est au cours de cette nuit, que le Saint-Coran, qui constitue le guide de tout musulman, a été révélé pour la première fois. Les traditionalistes musulmans disent que c'est dans cette nuit que le Bon Dieu a fait descendre le Coran tout entier. Ensuite, selon les circonstances et selon les besoins, le Coran a été révélé portion par portion, pour répondre aux exigences de l'époque et en même temps donner des solutions à tout ce qui se posait comme problèmes dans la société. Le Prophète (PSL) a recommandé de chercher cette nuit dans les dix (10) derniers jours du mois du Ramadan. C'est pourquoi dans les mosquées, il y a la ferveur spirituelle, un engagement certain dans les actes rituels, notamment la prière, que les uns et les autres observent depuis minuit jusqu'à 3h ou 4h du matin, selon les mosquées ou ce qui est convenu entre les musulmans.
Pourquoi les musulmans ne s'entendent-ils pas sur la célébration de cette nuit du destin ?
On ne peut pas dire que tous les musulmans ne fêtent pas comme nous. C'est d'abord une nuit spirituelle et le Prophète (PSL) a recommandé d'observer une retraite spirituelle en faisant la longue prière jusqu'au matin. C'est pourquoi, la majorité des écoles juridiques observent cette nuit, mais la forme que chacune lui donne dépend de sa structuration. Dans la plupart des mosquées, on fait précéder la prière nocturne d'une cérémonie de prêche, d'une conférence ou d'activités d'informations et de prédications. Quant à la nuit du destin, je disais tantôt qu'elle se situait dans les dix derniers jours du mois du Ramadan. Mais le Prophète a ajouté que cette nuit est impaire, c'est-à-dire qu'elle tombe le 21e, le 23e, le 25e, le 27e ou le 29e jour. Ensuite, la tradition dit que certains compagnons du Prophète (PSL) ont vu en songe que la nuit du destin se situait dans la 27e nuit du mois du Ramadan. C'est pourquoi, tout en recherchant la nuit du destin dans les dix derniers jours, celle du 27e jour est d'importance et est consacrée à d'intenses activités spirituelles. On dit que sa valeur dépasse 1000 mois, soit 83 ans et 4 mois d'activités spirituelles.
La nuit du destin est appelée "fête des galettes". Pourquoi est-ce que l'on fait des galettes pour cette nuit ?
Les galettes constituent généralement en Afrique de l'Ouest cet aliment que l'on offre soit en sacrifices soit lors de certaines manifestations religieuses. Pourquoi les galettes ? Je crois que cela dépend de la culture que nous avons. J'ai personnellement étudié dans le monde arabe et je sais que ce ne sont pas les galettes que l'on y utilise. J'ai constaté que dans les contrées de civilisation dioula, ce ne sont pas les galettes que l'on utilise, mais un aliment fait à partir de la poudre du néré, qu'on appelle "Takoula" (en dioula). L'aliment utilisé dépend donc du milieu. Durant la nuit du destin, les gens font beaucoup d'aumônes, et chez nous ce sont les galettes qui constituent l'aliment le plus utilisé.
Chaque année, les musulmans ne s'accordent pas sur la date de la grande prière du Ramadan. Pourquoi ne pas suivre le calendrier chrétien, basé sur des calculs scientifiques ?
Je voudrais que les uns et les autres comprennent que la fête du Ramadan vient couronner un mois d'efforts, un mois de don de soi-même, un mois de sacrifice parce que jeûner du matin au soir, c'est se priver de tous les plaisirs charnels, ce qui n'est pas facile. Dieu, dans sa grâce, a fait que les actes culturels islamiques sont sanctionnés par une grande cérémonie, notamment la prière et l'Aïd El Fitr. En même temps, il a fait en sorte que les actes cultuels des musulmans et la prière ne soient pas liés à la volonté ou ne dépendent pas de la volonté des humains, mais de Lui, qui les détermine. Le hadith du Prophète a été très clair là-dessus en disant :"Les gens jeûnent en observant la lune, ils interrompent le jeûne en observant la lune et le lendemain constitue le jour de la fête". Les musulmans ne déterminent pas quel jour la lune doit apparaître. Il nous a été demandé d'observer la lune. Par la Grâce d'Allah, l'ensemble des associations islamiques se sont organisées et je crois que les choses se passeront bien Incha Allah.