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Burkina-Qatar : une coopération en béton armé
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- Title
- Burkina-Qatar : une coopération en béton armé
- Publisher
- L'Observateur Paalga
- Date
- February 19, 2014
- Abstract
- Sur invitation de l'émir du Qatar, le cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, le président du Faso, Blaise Compaoré, a séjourné les 17 et 18 février 2014 à Doha, la capitale qatarie. Au centre de cette visite d'amitié : le dossier de construction de l'autoroute Ouagadougou-frontière de la Côte-d'Ivoire-Yamoussoukro, celui de la cité Qatar-Burkina ainsi que les perspectives d'approfondissement et d'élargissement de la coopération bilatérale.
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0000436
- content
-
Sur invitation de l'émir du Qatar, le cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, le président du Faso, Blaise Compaoré, a séjourné les 17 et 18 février 2014 à Doha, la capitale qatarie. Au centre de cette visite d'amitié : le dossier de construction de l'autoroute Ouagadougou-frontière de la Côte-d'Ivoire-Yamoussoukro, celui de la cité Qatar-Burkina ainsi que les perspectives d'approfondissement et d'élargissement de la coopération bilatérale.
Il suffisait de remarquer la présence du ministre des Infrastructures, du Désenclavement et des Transports, Jean Bertin Ouédraogo, ainsi que de son homologue en charge de l'Habitat et de l'Urbanisme, Yacouba Barry, pour savoir que le béton serait au centre de ce voyage à Doha.
Que Blaise Compaoré s'y rendait avec la casquette d'entrepreneur. Rien d'étonnant quand on sait que le minuscule émirat, situé entre l'Arabie Saoudite, le Bahreïn et l'Iran, est réputé, ces dernières années, pour ses gros investissements à travers le monde. Minuscule portion de sable gorgée de pétrole et de gaz naturel (premier producteur et exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, la petite péninsule est aujourd'hui une destination économique de choix).
Cette visite du président Blaise Compaoré donne la mesure de l'excellence des relations de coopération bilatérale entre le Burkina Faso et le Qatar. Tant la délégation burkinabé a quitté Doha avec de belles promesses de financement de projets de grande envergure.
« Les deux chefs d'Etat ont parlé des questions liées au désenclavement, et le président du Faso a rappelé à son homologue qatari l'importance du transport dans le processus de développement », a expliqué le ministre Jean-Bertin Ouédraogo à l'issue des échanges entre les deux délégations au palais de l'émir.
Le Qatar a alors marqué son accord pour soutenir le Burkina Faso dans le projet de réalisation de l'autoroute Ouagadougou-frontière de la Côte-d'Ivoire-Yamoussoukro. Cette future infrastructure transnationale comprend deux tronçons : Abidjan-frontière du Burkina Fao et Ouagadougou-frontière de la Côte d'Ivoire. La partie burkinabè, longue de 600 kilomètres pour un coût estimé à 1 200 milliards de francs CFA, bénéficiera du soutien qatari sous forme de prêts à taux réduits.
L'émirat de la péninsule arabique est aussi disposé à accompagner le projet de construction de l'aéroport de Donsin, et Qatar Airways, la meilleure compagnie aérienne en 2012 et 2013, s'intéresse à Air Burkina.
La vitalité de l'Axe Ouagadougou-Doha, c'est aussi le projet de réalisation de la cité Qatar-Burkina, qui comportera 852 logements, 15 immeubles R+3, 150 logements pavillonnaires et des équipements collectifs. Sur un besoin de financement estimé 23,1 milliards de francs CFA l'apport attendu du Qatar est de 17,7 milliards de francs CFA.
Débuté en 1997, le partenariat entre les deux Etats est basé sur un Accord de coopération générale et des Accords spécifiques comme le tourisme, la culture et l'éducation.
La dépendance du gaz et, dans une moindre mesure, du pétrole a incité les autorités qataries à chercher à diversifier l'économie. La recherche scientifique, technique et technologique est portée par de prestigieuses universités sous la tutelle de la Fondation pour l'éducation, les sciences et le développement communautaire du Qatar. Au siège de cet institut, où il s'est rendu, Blaise Compaoré a « salué l'engagement de l'émirat au service de l'humanité » et exprimé la reconnaissance de son pays pour l'effort de la famille au service de la paix durable et du bien-être de la communauté.
« Le monde avance par les connaissances et avancerait mieux si ces connaissances étaient mieux partagées. Le Burkina Faso entend être bénéficiaire et acteur des projets de partenariat sur l'éducation, la culture et les sciences », a expliqué le président du Faso avant d'annoncer la tenue, dans son pays, d'une réunion de la Fondation du Qatar avec les pays francophones.
Alain Sain Robespierre
Encadré
Le Qatar, petit pays aux grandes ambitions
Devenu Etat indépendant le 3 septembre 1971, le Qatar s'étend sur une minuscule portion de terre de 11 586 Km2 avec une population estimée à un peu plus de 2 millions d'habitants. Mais rencontrer un Qatari dans cette population aussi nombreuse que celle d'une ville comme Ouagadougou revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Tant les nationaux sont comme dilués dans un océan d'immigrés.
En effet, sur les 2 millions d'habitants que compte l'émirat, seulement 200 000, oui, 200 000 sont des Qataris. Environ 10%.
Jadis appelé « la terre oubliée d'Allah » par les Arabes à cause des rigueurs climatiques et du manque d'eau, le Qatar est aujourd'hui la 17e puissance économique mondiale. Le pétrole et le gaz naturel apportent au pays 60% de ses revenus à l'exportation. La péninsule détient actuellement les troisièmes réserves de gaz après la Russie et l'Iran. Le niveau de vie des Qatariens est comparable à celui des habitants de l'Europe Occidentale. Le PIB par habitant atteint, selon le FMI, 78 260 $ en 2009. Avec 8 500 Ä par mois, le salaire moyen y est le plus élevé au monde.
Grâce à une ambitieuse politique sociale soutenue par les immenses revenus tirés de l'exploitation des hydrocarbures, les soins de santé et l'éducation y sont gratuits de la garderie au collège. Les baptêmes et les mariages sont pris en charge par l'Etat.
Preuve de sa puissance financière qu'illustre sa diplomatie du chéquier, le Qatar a obtenu face aux Etats-Unis et à l'Australie l'organisation de la coupe du monde 2022. Pour la construction des infrastructures, l'émir a annoncé qu'il ferait venir encore un million de travailleurs.
Sur le plan politique, le pouvoir est détenu par la famille souveraine des Al Thani. L'actuel émir, le Cheik Tamim Ben Hamad Al Thani, âgé de 42 ans, est aux affaires depuis seulement le 25 juin 2013, après l'abdication de son père Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani. Dans tout le Moyen-Orient, l'ex-protectorat britannique est considéré comme un des pays les plus libéraux. Bien que l'islam soit la religion d'Etat, la vente d'alcool y est autorisée dans les lieux touristiques et les femmes ont le droit de conduire, contrairement à ce qui se passe en Arabie Saoudite.