Article
La célébration du 16e anniversaire de l'attentat de Sarakawa à Lomé
- Title
- La célébration du 16e anniversaire de l'attentat de Sarakawa à Lomé
- Publisher
- La Nouvelle Marche
- Date
- January 25, 1990
- Abstract
- Dans le cadre des manifestations marquant la célébration du 16e anniversaire de notre libération économique, une cérémonie de dépôt de gerbe au Monument du 23 Septembre a eu lieu hier après-midi à Lomé II.
- Page(s)
- 5
- 6
- 7
- number of pages
- 3
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0005564
- content
-
Dans le cadre des manifestations marquant la célébration du 16e anniversaire de notre libération économique, une cérémonie de dépôt de gerbe au Monument du 23 Septembre a eu lieu hier après-midi à Lomé II.
La cérémonie s’est déroulée en présence de M. Gbégnon Amégboh, ministre délégué à la présidence de la République, chargé de l'Information, représentant personnel du chef de l’Etat, du général de brigade Yao Mawulikplimi Amégi, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, chargé de la Justice, ainsi que de plusieurs membres du Comité central du RPT et des officiers supérieurs des Forces Armées Togolaises (FAT).
Il y avait également sous l’apatam dressé pour la circonstance, les députés à l’Assemblée nationale, des responsables des Ailes marchantes du RPT, plusieurs Militaires, des policiers, des gardiens de préfecture ainsi que de nombreux militants des cellules du Parti.
C’est le ministre Amégboh qui a procédé à la cérémonie de dépôt de gerbe au pied du Monument aux morts rendant ainsi un hommage mérité à ceux là qui sont tombés à Sarakawa pour que vive et prospère la Nation togolaise. Ensuite est intervenue la sonnerie aux morts exécutée par la musique principale des FAT.
L’assistance a alors écouté dans un grand recueillement, la rediffusion du message adressé à la Nation par le président Eyadèma après l’odieux attentat de Sarakawa d’où il était miraculeusement sorti indemne, parce que défendant une juste cause nationale.
Dans ce message, le président de la République conviait en ces termes les Togolais : « Quoiqu’il m’arrive, vous continuerez la bataille que nous avons entreprise ensemble pour notre indépendance économique ». Car, devait poursuivre le général Eyadèma, « un coup isolé n’arrête jamais le combat ».
L’ambiance a été entretenue par les animateurs des ARETO, de la préfecture du Golfe et de Lomé-Commune qui ont interprété plusieurs chansons de circonstance conférant ainsi un éclat solennel à cette cérémonie.
Toujours dans le cadre de ce 16e anniversaire de l’attentat de Sarakawa, des offices religieux — culte protestant, prière musulmane et messe catholique — ont été célébrés tôt hier matin sur le terrain de sport du Camp du RIT.
Ces offices ont été précédés trente minutes plus tôt d’une cérémonie de libation à l’entrée principale du Camp pour invoquer les mânes de nos ancêtres sur le Togo et sur le président Eyadèma afin qu’il conduise le pays vers d’autres victoires encore plus éclatantes.
II était 6 h 30, lorsqu’ont débuté ces offices religieux en présence de plusieurs membres du Bureau politique et du Comité central du RPT, des responsables politiques et administratifs, des officiers et soldats des FAT, ainsi que de nombreux fidèles.
Le culte protestant
Les offices ont débuté par le culte protestant dirigé par le pasteur Komla Ayakana Amouzou, secrétaire synodal de l’Eglise Evangélique du Togo, assisté des pasteurs Bessa, Ahoga, Kuadjovi et Eho ; il a été animé par les chorales Hadzihagan de Tokoin-Centre et du Collège Protestant de Lomé.
La prédication du pasteur Amouzou a été tirée du livre Romain 8, verset 28 à 31 intitulée « Toute chose coopère au bien de ceux qui aiment Dieu », de l'Apôtre Paul. Le pasteur Amouzou, pour rendre plus claire cette affirmation, a cité un éminent théologien pour dire que « rien ne peut aller mal dans un univers que Dieu dirige». A cet effet, il a évoqué l’histoire de Joseph vendu par ses frères en Egypte et qui devait ensuite un jour les sauver de la faim.
Le chrétien non averti, a fait remarquer le pasteur Amouzou, peut être dérouté par une telle déclaration tendancieuse, sinon trop pieuse. Pourtant, elle est une vérité indéniable que des expériences ont démontré d’une façon patente à travers les époques. Dieu, s’est interrogé le prédicateur, n’utilise-t-il pas les difficultés, voire les épreuves de notre vie pour accomplir son plan ?
Paul, l’Apôtre des peuples marginalises, des sans-voix, a eu à expérimenter cette évidence au point d’admirer sans le moindre commentaire, tous les événements malheureux qui s’abattaient sur lui et sur son peuple Pour lui, a indiqué le pasteur Amouzou, la main de Dieu travaille dans les expériences de la vie de chacun et rien n’est laissé au petit bonheur la chance. Or, le plan de Dieu pour les hommes, c’est que tous jouissent d’une vie abondante, pleine ou épanouie ; trouver de quoi faire bouillir la marmite tous les jours et aussi jouir de la bonne santé, la liberté, la justice, la paix, la culture, bref toutes les valeurs humaines par lesquelles la vie se décompose en une angoisse infernale.
L’accomplissement de la destination de toute chose que Dieu a assigné aux hommes se fait malgré les durs obstacles de la vie, a affirmé le pasteur Amouzou. Pour lui, l’expérience la plus éclatante reste celle de Joseph dont l’histoire nous est contée dans le livre de la Genèse.
Adolescent de 17 ans, beau, doux et aimable, Jacob son père, l’aimait plus que ses autres frères. Cela suscitait de la jalousie de la part de ses frères aînés qui le vendirent à des marchands étrangers. Ils trompèrent leur père que Joseph a été dévoré par une bête féroce. A la nouvelle, Jacob se mit en deuil et pleurait son fils pendant longtemps.
Mais le Seigneur était avec Joseph, si bien qu’en Egypte où il fut vendu à l’homme de confiance du roi, tout lui réussit. Nommé Premier ministre du roi d’Egypte avec la plus grande confiance de ce dernier, Joseph organisa son pays de telle façon qu’il y avait à manger au moment où les autres pays mouraient de faim.
Les frères de Joseph qui l’avaient vendu pour s’en débarrasser se sont retrouvés en Egypte pour acheter des vivres, et personne d’autre que Joseph ne pouvait leur accorder cette faveur. Ainsi, Joseph se fit reconnaître par eux en disant : « Ne vous tourmentez pas, car c'est Dieu qui m'a envoyé ici à l'avance pour vous sauver la vie ».
Pour le pasteur Amouzou, l’histoire de Joseph illustre éloquemment comment Dieu peut en fin de compte produire un bon résultat de ce qui semble un véritable désastre. Mais, a-t-il affirmé, nous sommes souvent désorientés devant les méthodes que Dieu utilise pour préparer notre bonheur.
Il y a 16 ans, a déclaré le pasteur Amouzou, l’attentat de Sarakawa a failli décourager pour toujours, certains d’entre nous et remettre en question, la toute puissance de Dieu ainsi que la sincérité des églises qui la professent.
Au même moment le président Eyadèma avait compris dans cet événement, la main du Seigneur pour réaliser son plan en faveur du Togo, notre patrie. Depuis lors, a-t-il poursuivi, Sarakawa est devenu pour nous, synonyme de délivrance.
En 16 ans, a affirmé le prédicateur, la bataille économique engagée par notre pays a porté ses fruits, et l’on peut parier aujourd’hui du miracle togolais. Le peuple est désormais mobilisé pour lutter contre le sous-développement ; la Révolution verte pour l’autosuffisance alimentaire poursuit lentement mais sûrement son chemin ; une gestion saine des biens publics et une ferme volonté de relancer cette économie sur des bases saines ; la lutte contre toute forme d’irresponsabilité sont devenus les efforts permanents entrepris pour rendre effective la libération économique.
Au cours de la prière musulmane dite par El Hadj Maman Issifou, adjoint à l’Imam de la Mosquée centrale de Lomé, les fidèles ont prié pour que Dieu protège le président Eyadèma, ses collaborateurs ainsi que tout le peuple togolais.
La messe catholique
La messe catholique qui clôturait la série des offices religieux a été concélébrée par Mgr Dosseh-Anyron, archevêque de Lomé, entouré d’une dizaine de prêtres. Cette messe a été animée par les chorales St Grégoire, Ste Cécile, St Casmir et Sts Pierre et Paul.
Dans son homélie tirée du livre de St Marc, chapitre 12, verset 28 à 34, Mgr Dosseh-Anyron a parlé de l’amour de Dieu et du prochain. Il a affirmé qu’avec Sarakawa, il devient impératif pour nous, d’être des hommes de foi, d’amour, de charité et d’espérance.
Après avoir parlé des célébrations marquant la fin d’année et caractérisées par la présentation mutuelle des vœux et par les manifestations de la fête nationale, Mgr Dosseh-Anyron a déclaré que l’on débouche aujourd’hui après l’effroi ressenti à la nouvelle de l’attentat, sur une joie profonde, celle de la sauvegarde du chef de l’Etat au milieu d’un accident terrifiant.
Cette sauvegarde, selon Mgr Dosseh-Anyron, est inscrite dans le destin de la providence, de Dieu qui ne saurait faillir.
Chacun évoque dans son âme les images d’horreur en même temps que de grâce de cet événement où s’affrontaient il y a 16 ans déjà, le bien, le droit et l’amitié en bute à la cupidité, à la haine et à la traîtrise. De ce choc, a noté l’archevêque de Lomé, renaissaient l’espérance, l’ardeur de toute une nation pour le combat économique, pour l’effort de son développement.
Mgr Dosseh-Anyron a exprimé la gratitude des Togolais au Seigneur notre Dieu et a appelé tout le peuple à conjuguer ses efforts pour bâtir ensemble un monde meilleur, digne de l’homme et à la gloire de son créateur.
L’archevêque de Lomé a expliqué que notre sauvegarde, c’est la remise totale de notre vie entre les mains de Dieu qui conforte la liberté des peuples et le droit des nations ; c’est aussi le respect de la charte de notre « alliance, des dix commandements de Dieu qui se résument dans le grand commandement nouveau de l’alliance nouvelle et éternelle, à savoir, aimez-vous les uns les autres comme moi-même je vous ai aimé, comme l'a dit Jésus-Christ notre Seigneur.
Sur ce point, a dit Mgr Dosseh-Anyron, chrétiens que nous sommes, nous devons vaincre les scènes de la terre, la lumière du monde et le levain dans la pâte, cela, suivant le propre enseignement de Jésus-Christ.
Ici bas, Dieu nous initie à la communication bien heureuse à travers les trois vertus essentielles qui constituent la vie de la grâce à savoir, la foi (qui est une participation véritable à la vérité de Dieu), la charité (à son amour), l’espérance (à son bonheur). Le baptême a mis à tout chrétien le germe de ces trois vertus a déclaré l’officiant. Mais, a-t-il ajouté, il est de notre rôle, de notre volonté libre de développer ce germe avec le concours de la grâce de Dieu. Celui qui vit d’amour, de foi et d’espérance, seul mérite le nom de chrétien.
Ceux qui se savent chrétiens, doivent savoir qu’avec Sarakawa, il devient impératif d’être des hommes de foi, de charité et d’espérance. « C’est de toute évidence, la leçon qui se dégage du sombre et sinistre événement de Sarakawa », a affirmé Mgr Dosseh.
Pour conclure, l’archevêque de Lomé a fait savoir que le souvenir de Sarakawa ravive aujourd’hui la flamme au cours de l’histoire de la nation. Il a demandé que te Seigneur bénisse 1e président Eyadèma qui a engagé sa vie pour notre réussite commune.
« Que l’Eternel soutienne son courage qui émerge aujourd’hui de la ferraille de Sarakawa ; qu’Il soutienne aussi son courage de liberté, de justice, de solidarité, d’amour et de paix pour le bonheur de son peuple », a conclu Mgr Dosseh-Anyron.
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