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Le vrai visage de l'Islam
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- Title
- Le vrai visage de l'Islam
- Creator
- Dodji A. Nyatépé-Coo
- Publisher
- La Nouvelle Marche
- Date
- September 11, 1982
- Abstract
- LA FAMILLE ET LES RELATIONS SOCIALES Non moins que le culte, l'organisation de la famille et de la société a préoccupé le Législateur. Dès sa période classique, l'Islam a construit un édifice juridique très ample et très solide qui, dans l'ensemble, gouverne encore, sous réserve de quelques aménagements, la vie de la plupart des musulmans d'aujourd'hui. Nombre de prescriptions du droit et de traits de la vie sociale chez les musulmans traditionnels, déconcertent les Occidentaux, et les jugements souvent hâtifs que forment alors ceux-ci, sont tenus, dans les pays d'Islam, pour, peu éclairés, malveillants, offensants et naïfs. Il en va ainsi, en particulier, pour le régime de la femme. L'Islam considère cependant qu'en réalité il a relevé celle-ci de la dégradation que lui infligeait le paganisme, qu'il a assuré sa dignité et sa protection tout en la confirmant dans les tâches de la maison, qu'il lui a donné en certaines manières, en particulier pour la gestion de ses biens, plus de droits que bien des législations occidentales modernes.
- Page(s)
- 5
- number of pages
- 1
- Subject
- Femme en islam
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0005478
- content
-
(Voir le début dans notre livraison de mercredi 3 septembre)
LA FAMILLE ET LES RELATIONS SOCIALES Non moins que le culte, l'organisation de la famille et de la société a préoccupé le Législateur. Dès sa période classique, l'Islam a construit un édifice juridique très ample et très solide qui, dans l'ensemble, gouverne encore, sous réserve de quelques aménagements, la vie de la plupart des musulmans d'aujourd'hui. Nombre de prescriptions du droit et de traits de la vie sociale chez les musulmans traditionnels, déconcertent les Occidentaux, et les jugements souvent hâtifs que forment alors ceux-ci, sont tenus, dans les pays d'Islam, pour, peu éclairés, malveillants, offensants et naïfs. Il en va ainsi, en particulier, pour le régime de la femme. L'Islam considère cependant qu'en réalité il a relevé celle-ci de la dégradation que lui infligeait le paganisme, qu'il a assuré sa dignité et sa protection tout en la confirmant dans les tâches de la maison, qu'il lui a donné en certaines manières, en particulier pour la gestion de ses biens, plus de droits que bien des législations occidentales modernes.
L’évolution moderne permet d’ailleurs de revenir partiellement sur diverses limitations évidemment désuètes. On notera qu’en ce qui concerne la conception de la propriété privée, le droit musulman qui introduit la notion du bien collectif, est plus ouvert que le droit romain accordant la faculté « d'user et d’abuser », et d'aucuns parmi les musulmans d’aujourd’hui verront là une amorce du socialisme à visage humain.
LA VIE SPIRITUELLE ET LE SOUFISME
De ces obligations légales et juridiques, il convient de distinguer les manifestations de la vie spirituelle. Celle-ci devrait selon la stricte règle primitive, s'alimenter exclusivement de la connaissance et de la méditation constante du Coran. Par ce moyen, un musulman pieux reconnaît en tous les événements, intérieurs ou extérieurs, les signes de la miséricorde de Dieu, de la justice de Dieu, etc : le spectacle du monde, ainsi interprété, devient le moyen de son édification. Le texte du Coran est, en effet, dans le fond et dans la forme d'une grande beauté, que ne peuvent rendre les traductions et qui pour les musulmans, prouve préremptoirement son origine divine. Une familiarité systématique avec un texte d'une pareille richesse procure une profonde formation religieuse, et même humaniste. Les illettrés eux-mêmes pouvaient bénéficier de cette méthode traditionnelle d’éducation coranique : à défaut de déchiffrer le Livre, ils le conservaient dans leur mémoire, les esprits malintentionnés ou plutôt niais peuvent taxer cette méthode de singerie et mimétisme.
Mais, comme l'ont très tôt senti les musulmans les plus pieux, un système religieux, ainsi réduit à l’accomplissement strict d’obligations légales et à l’invocation systématique d’un texte, risquait de tomber dans le formalisme et de susciter un nouveau matérialisme, ne différant de la pratique païenne que par une organisation plus poussée. Aussi, en partie d'ailleurs selon l’exemple des moines chrétiens des déserts d'Egypte, l'Islam a-t-il vite pensé qu’à ces pratiques devaient s’ajouter l’usage de moyens spirituels plus personnels, faisant appel à la sensibilité et à l'imagination. Ainsi sont nées dans l’Islam, les «voies mystiques» ou confréries, « tariqa », lesquelles enseignant à leurs adeptes à cultiver en leur âme l’amour de Dieu, voire à rechercher une sorte d’absorption, de fusion en Lui.
La mystique, ou soufisme, a permis aux marabouts de toucher plus aisément des populations païennes révélant les forces de la nature, et ainsi amenées à reconnaître en ces forces la puissance du Dieu unique. C’est à elle que l'Islam a dû sans doute, s’étendre dans la Berbérie, l’Afrique Occidentale et Centrale, le Caucase, l’Afghanistan, le sub-continent indo-pakistanais, l’Indonésie qui sont devenus de nos jours ses piliers les plus enracinés.
En beaucoup de ses régions, et principalement en Afrique Noire, se sont ainsi établies des formes particulières de l'Islam du terroir, correspondant aux mentalités locales mais comportant des déviations superstitieuses que réprouvent tes musulmans de l'Orient arabe et que rejettent progressivement en Tunisie et en Algérie, par exemple, les élites.
Cependant le grand théologien Ghazali a sagement défini, dès la fin du XIe siècle, le degré de soufisme acceptable dans l’Islam, et de la sorte, la ferveur mystique est devenue partie intégrante de la vie spirituelle des musulmans. De Hassan al Basri et de Rabiya «la joyeuse flûte», à l’illustre al Hallaj auquel ses contemporains scandalisés infligèrent le martyre, et au profond philosophe Mohieddine ibn Arabî resté le «très grand maître » des soufis contemporains, la mystique a apporté à la vitalité et à l’éclat de l’Islam, une immense contribution. Mais, pour les rigoristes, aujourd'hui encore, de tels élans restent suspects et justifient des réactions puritaines : pour nombre de musulmans d'esprit moderne, il s’agit là de formes religieuses périmées et grosses de multiples dangers.
LES « BRANCHES » NON ORTHODOXES DE L'ISLAM
Certaines de ces «voies» mystiques prennent, en effet des allures de sectes. Mais aucune hérésie proprement théologique ne subsiste dans l'Islam contemporain, encore que diverses tendances du passé, comme le précoce matérialisme des montazilistes ou la croyance djabrite, à une stricte prédestination, correspondent aux goûts de certains musulmans d’aujourd'hui qui aiment invoquer ces précédents pour Justifier leurs attitudes. Et, comme il n'y a pas dans l’Islam de hiérarchie centralisée et d’autorité suprême, Il ne peut s’y produire, à proprement parler, des schismes.
On préférera donc appeler « branches » de l'islam certains groupes Issus de difficultés très anciennes relatives au choix du chef de la communauté, mais demeurés vivaces et devenus extrêmement divergents par rapport à la doctrine orthodoxe. Les adeptes de ces branches, qui en très grande majorité se rattachent au chiisme et, pour une faible part, au kharedjisme, ne représentent d’ailleurs qu'environ 10% des musulmans d'aujourd’hui.
Les chiistes se caractérisent par leur attachement au sang du Prophète, dont ils entendent que leur chef, ou iman, soit issu. Minoritaires dès le début, ils ont été persécutés, et, tout en rendant aux Imans, martyrs un cuite volontiers dramatique, ils ont souvent cru n’avoir d'autre recours qu’une dissimulation systématique, portant sur leur adhésion même à ce système auquel Ils demeurent parfois en secret, farouchement fidèles. La grande majorité d’entre eux, adeptes du chiisme, dits «réguliers», vivent sous le règne d’un « iman caché », représenté sur terre par les Docteurs qui ont hérité de son pouvoir d’interprétation ; ils sont répandus surtout en Iran dont ils constituent la grande majorité de la population et tiennent avec plus ou moins de bonheur, les rênes du pays de nos Jours. Ils ont en sorte incorporé à l’Islam leurs traditions religieuses antérieures, visant à sauvegarder ainsi leur patrimoine de civilisation et leur particularisme national.
Les autres adhérents au chiisme se partagent entre zeidites au Yémen, que peu de traits distinguent des musulmans orthodoxes, ismaïljés des rivages de l’océan Indien, qui ont substitué à l’idée de la Révélation celle d’une émanation divine, et qui reconnaissent à leur chef, l’Agakhan, un caractère quasi divin; druzes et mosairis, éléments minoritaires mais influents, de la population de la Syrie, que leur évolution théologique vers I'ésosolatérisme a pratiquement détachés de l'Islam.
Les Kharedjites se sont très précocement séparés des chiites en prenant le contre-pied de leur attitude doctrinale; ils n'ont exigé de leur iman aucune ascendance particulière, mais entendent réserver cette charge au croyant le plus parfait; de ce fait, leur communauté a éclaté en sous-groupe et, le plus souvent, elle est demeurée sans iman. Caractérisés par un extrême puritanisme, ils occupent du Maghreb les oasis du Mzab algérien et de Djerba, et, en Orient, le sultanat de Mascate et Oman.
L'ISLAM ET LE MONDE MODERNE
Tout système religieux subit les épreuves du temps et se heurte aux défis du monde moderne; il cherche alors à se rénover, et c’est dans son esprit et selon ses lignes propres qu'il convit son renouveau. La complexité de l'édifice islamique fait pressentir que son adaptation posera en effet des problèmes originaux.
La loi de l’Islam, codifiée aux VIIe et VIIIe siècles en fonction d'une interprétation des sources conforme au génie de l’Orient pré-médiéval, a aussitôt été tenue pour intangible. Les musulmans d'alors, conscients d'être encore proche» de la révélation et de ses premiers commentaires, ne pensaient en effet pas que l'élaboration due à leurs docteurs, et unanimement reçue, puisse être améliorés par des travaux plus tardifs et moins directement inspirés.
Ce principe de l’absolue fixité de la Loi comporta t, en ce qui concerne l'Islam, des conséquences particulièrement sévères. En effet, d'une part la loi musulmane arrête non seulement les principes, mais les modalités d’exécution par exemple en ce qui concerne les « piliers» de l’Islam, ou les contrats juridiques — d’autre part, l’absence dans l'Islam, d'une institution analogue à l'Eglise le prive, sauf en ce qui concerne les branches chiites, de tout instrument qualifié pour opérer une éventuelle adaptation.
L'Islam n'est cependant pas demeuré immobile, et l'on pourrait, comme l'a fait le philosophe Mohammed Iqbal, essayer de retracer son histoire comme celle de tentative d’évolution constamment renouvelée. La mystique a constitué, sans doute, le plus efficace de ces moyens de transformation, mais son apport a été, au niveau populaire, encombré de pratiques Incorrectes ou superstitieuses. Les impulsions puritaines souvent renouvelées ont, en sens inverse, tenté d'élaguer ces acquisitions, et de restaurer, foi, pratique et institutions dans leur rigueur primitive. Maintes initiatives pratiques ont, enfin, le cas échéant, en tournant la loi en lui ajoutant des compléments non strictement canoniques mais réels, assoupli par moments et par endroits le système, parfois jusqu’à l'énerver.
(A suivre)
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