Issue
Islam Info hors-série #14
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Côte d'Ivoire
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- Articles de journaux (1445 items)
- Title
- Islam Info hors-série #14
- Publisher
- Islam Info
- Date
- May 2014
- issue
- 14
- number of pages
- 32
- Subject
- Terrorisme
- Rights Holder
- Éditions ALIF Islam Info
- Language
- Français
- Source
- Frédérick Madore
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-issue-0001266
- content
-
SPECIAL KONG
Prix :1500 FCFA Mai 2014 RAJAB 1435H
(Prix de soutien)__________________________
Hors série n° 14
La cité mystique, mythique et mystérieuse
Page 10
gommaire
KONG
1-Éditorial Page 2
2-Mot de l’éditeur Page2
3-Les leçons de l'histoire de KONG Page 4 & 13
D
4-Le royaume de Kong (I) Page 5
5-Binger entre à KONG Pages
6-Sékou Watara, fondateur de KONG Page 6
7-KUMBI Watara et l’Islam Page 7
8-Les relations de KONG avec ses voisins Page 8
9-Le Pr. KODJO Georges, un chercheur émérite Page 8
10-S AMORY à la conquête de KONG Page 9
11-Lettre de SAMORY aux kongois
12-La France, Samory et les Watara
Page 11
14-Histoire de la Mosquée de Kong
Page 16
15-Premier pilote instructeur Page 17
16-La Bamanaya contre l’Islam Page 18
17-La Sainte B ARRO de Kong Page 19
18-Les familles maraboutiques de Kong Page 19
20-“Kong revient de très loin.” Page25
21 -Kong était une puissance économique Page 27
23-Origine de Kong Page 28
LISTE DES PUBLICITES
’emblée, trois choses : premièrement nos excuses à nos lecteurs qui ont attendu si longtemps ce numéro Hors Série sur Kong. Deuxièmement nos remerciements et notre infinie reconnaissance à nos annonceurs, sponsors et donateurs. Notre gratitude
2. En tant qu’habitant de ce pays, l’histoire de Kong doit nous aider à mieux comprendre et accepter notre histoire, notre présent, et notre avenir commun.
3. En observateur de la géopolitique mondiale et des relations internationales, l’environnement politico-militaire dans lequel s’est déroulée la guerre entre Kong et Samory nous confirme que de tout temps, les alliances politiques sont fonction des intérêts stratégiques des uns et des autres.
ette publication des Editions Alif, rejoint le projet de valorisation des vestiges de l’islamisation de la Côte d’Ivoire, de l’Université Musulmane de Côte d’Ivoire (UMCI). Ce projet lancé depuis 2007, a
Bon voyage à travers l’histoire fabuleuse de la l’Ole de Kong, la mystique, la mythique et la mystérieuse.
4. En tant que croyant, Kong nous enseigne que le destin (individuel et collectif) est implacable et inévitable.
13-Le traité de Kong. Page 12
22-Un musée islamique à Kong Page 28
19-Lettre ouverte à Monsieur le Maire Page 25
Mot de l’éditeur
Dr. BAKAYOKO Bourahima
Par Fatim Djamila
Editorial
Ville éternell
Kong, la ville Mystique ; Mythique etMysténeuse
à tous ces éminents chercheurs, universitaires et érudits de l’Islam qui nous ont permis de produire, ce document tant attendu.
Kong la ville mystique, mythique, et mystérieuse est tout un symbole pour plusieurs raisons. Pour l’Afrique de l’Ouest, Kong est au centre de la naissance, de l’évolution, de l’apogée et de la décadence de plusieurs dynasties africaines. Kong est au centre de la géopolitique coloniale avec un affrontement des stratégies de résistance anticoloniales. Kong est aussi et surtout au centre' de la diffusion et de la consolidation de la civilisation musulmane en Côte d’Ivoire. Ici va naitre un Etat musulman moderne, tolérant, où le vivre ensemble entre musulmans et peuples animistes, était une réalité édifiante. Cet Etat islamique n’hésite pas à signer un traité avec le pouvoir colonial qui reconnaît l’Islam comme lareligion de l’Etat de Kong.
Cette ouverture d’esprit, permet à Kong de devenir un carrefour commercial, industriel et intellectuel important, envié, jalousé, et craint. Mais plus que cela, Kong la ville mystique, mythique, et mystérieuse a survécu à la nuit des temps pour s’inscrire dans l’éternité des consciences malgré des destructions physiques, humaines et matérielles propres à l’histoire des grands empires. Cette spécificité de Kong et cette baraka des Kongois restent vivaces depuis plusieurs siècles. Les plus grands marabouts, et les saints érudits de l’Islam Ouest Africains ont transité par Kong, ou ont reçu leurs enseignements de maîtres formés à Kong. La première université islamique de Côte d’Ivoire était à Kong. Les plus grands prédicateurs ivoiriens ayant fondé des écoles et des mosquées dans la sous-région sont de Kong. Même dans les sciences profanes Kong est singulière : le premier instructeur pilote d’avion de l’Afrique de l’Ouest vient de Kong. Le premier Directeur Général Adjoint (DGA) du Fonds Monétaire International vient de Kong. Le tout premier Premier Ministre de la République de Côte d’Ivoire vient de Kong. Au plan politique et traditionnel, la première dynastie familiale ayant survécu depuis des siècles, jusqu’ à nos jours est de Kong. Le marabout qui a prévu avec exactitude l’arrivée du premier chef de l’Etat de Côte d’Ivoire est de Kong.
Telle est Kong, la ville mystique, mythique, mystérieuse que nous tentons de vous présenter à travers (32 pages). Mais pourquoi Kong, pour ce numéro hors série?
Pour cinq (5) raisons principales :
1. En tant qu’organe de presse musulman, l’Etat musulman de Kong nous intéresse à plus d’un titre : son fonctionnement, sa gestion de la laïcité et du contexte géopolitique de l’époque.
-SICOGI P 3 & 24
- CECP P 14
-SONATTP15
- PETROCI P 21
- NUTRIVOIRE P 29
- SAFA P 30
Coordination : El Hadj D. Othman.
Reportages, Doumbia Ibrahim, Koulibaly Y Khayder, Dr. Konaté Siendou.
Maquettistes : Soumahoro Aboubacar, CISSE
Abdoulaye et MEITE Abdoul Rahmane.
Saisie : SORO Aïcha
Correction : TRAORE Abdoulaye, COULIBALY Maï.
Marketing : CISSE Aïcha, OUEDRAOGO Ibrahim et KONATE Ben.
5. Enfin,et surtout, en publiant sur Kong la mystique, la mythique, et la mystérieuse, nous espérons avoir contribué à rapprocher un peu plus les Ivoiriens à travers la présentation de l’histoire d’un patrimoine national commun reconnu aussi comme patrimoine mondial et dont chacun, et chacune d’entre nous sans distinction d’origine, de religion, et d’idéologie politique doit être fier.
Au nom de l’histoire et pour le patrimoine
débuté par une esquisse d’enquête sur Yorobodji, un avant projet d’étude sur les sources matérielles de l’histoire de l’islamisation de la Côte d’Ivoire, ainsi qu’un projet de constitution de fonds documentaire et iconographique dédié aux vestiges de l’islamisation de la Côte d’Ivoire. Les contingences de l’histoire, font que dans ce vaste programme historico-patrimonial. Islam Info, trouve l’opportunité de faire un numéro spécial sur Kong, la cité éternelle, au nom de l’Histoire de l’islamisation de la Côte d’Ivoire, et pour une action culturelle et scientifique, jusque-là négligée par notre communauté religieuse: la valorisation de son patrimoine.
Cette action, loin d’être simplement communautariste, est une quête historique et patrimoniale dont l'ambition est d'apporter une contribution essentielle à la pérennisation de la culture de la paix, à la tolérance par l’information et les échanges sur près de dix (10) siècles d’histoire religieuse, sociale et culturelle de territoires et de populations qui font aujourd’hui partie de la nation ivoirienne ; et dont les apports à l’identité de cette nation doit être connue et appréciée à sa juste valeur. Le terme d’Islam couvre à la fois l’architecture géopolitique et les fondements sociaux et spirituels de la dernière née des trois grandes religions monothéistes révélées. L’Islam est aujourd’hui une des composantes essentielles de la société ivoirienne. Valoriser son patrimoine historique et culturel en Côte d’Ivoire, est plus qu’utile pour une participation plus accrue au dialogue inter-religieux et aux dynamiques sociales, culturelles et scientifiques de la nation ivoirienne. L’histoire de l’expansion musulmane en terre ivoirienne est riche de vestiges, de sources matérielles, datant pour certains de près de dix siècles.
Cependant, l’Islam semble peu connue dans la société ivoirienne. Ni l’évolution de l’Islam, ni ses actions de socialisation, d’inculturation et d’acculturation, etc, ne sont connus et appréciés comme il se doit ; en raison d’un héritage colonial défavorable et de contingences historiques à dépasser, sur le chemin de la construction de la nation ivoirienne. La promotion de l’Islam en Côte d’Ivoire, l’un des objectifs majeurs de l’œuvre de redressement global entreprise par la communauté musulmane, passe donc par une reconstitution et une valorisation accrue du patrimoine islamique national qui est l’une des principales richesses historiques de la nation ivoirienne. Islam Info, l’un des porte-voix de la communauté musulmane, l’a bien compris : il faut donc saluer ce premier hors série d’information et de documentation, pour la revalorisation des cités centenaires, témoins de l’islamisation de la Côte d’Ivoire depuis le Xème-XIème siècle. Suivront, certainement, d’autres lucarnes sur ...Yorobodji, Samatiguila, Mankono,...
Pour l’Histoire et le Patrimoine, l’information devra être suivie d’actions de pérennisation, de structuration et d’édification : éditions scientifiques, colloques, circuits touristiques, mémoriaux, journées dédiées au souvenir etc.
SICOGI
Développer l’habitat urbain et rural en Côte d’Ivoire Population de Kong, c’est le moment devenir propriétaire
4
Islam Info HS N° 14 Mai 2014
Rajab 1435 H
f Les enseignements de l’histoire de la cité prestigieuse de KONG J
Interview exclusive du Dr. Lémassou FOFANA
CHRONOLOGIE DU ROYAUME DE KONG
“Kong devient le centre intellectuel le plus important” Historien de renom, auteur de plusieurs ouvrages et d’articles scientifiques, chercheur émérite et spécialiste de Kong, nous livre ici des informations capitales sur Kong notamment sur les motivations profondes de l’attaque de KONG ( la ville sainte) par l’Almami SAMORY TOURE.
Quelles sont les frontières exactes du royaume de Kong et de l’empire de Kong ?_________
Avec Sékou Ouattara, Kong connaît son apogée. Le royaume s’étend depuis la région de l’Ano (Prikro) jusqu’à Djéné au nord de Sikasso (Mali) et à Wenchi \ (Ghana actuel).
Le royaume de Kong qui devient à partir du 18ème siècle l’empire de Kong (Kpongènè), est le fruit du grand commerce transsaharien. En effet, entre le 11e et le 15e siècle, la région de Kong accueille de nombreuses populations provenant de la Boucle du Niger.
Les premiers migrants, connus sous le nom de Kalo-dioula sont les Ligbi, commerçants musulmans et les Noumou orpailleurs qui, attirés par la richesse de la région, s’y installent et créent des cités marchandes dans tout le nord-est de la Côte d’Ivoire entre le 11e et le 13e siècle.
Ces villes sont surtout des étapes, point de rupture de charges du commerce transsaharien qui s’imposent progressivement comme des cités Etats. Les plus importants de ces royaumes sont :
- Le royaume des Nabê avec pour capitale Kalgbinin situé à 50 km de Kong.
- Le royaume des Gbin situé au sud de Kong avec pour capitale Djagbanaso
- Le royaume de Ténéguéra avec
Grâce à sa grande
■ université, Kong accueille 1 I les élèves, les étudiants de la plupart des grands
^centres intellectuels du nord I de la Côte d’Ivoire à l’instar I des oulémas de Mankono, Séguéla, Odienné, ^Samatiguila,Bondoukou ou
________________Bouna.________
pour capitale Ténéguéra.
- Le royaume des Falafala avec pour capitale Kong.
Des quatre, celui de Kong s’impose très rapidement aux autres grâce à la présence des Traoré Samassoko entre le 15e et le 18e siècle.
En effet, toutes les sources orales de
la région de Kong soutiennent que la première dynastie qui règne à Kong est celle des Traoré Samassoko, famille que l’histoire retient sous le nom de dynastie de Lassiri-Gbombèlè.
Originaire de l’empire Songhaï, les Traoré Samassoko se réfugient dans la région de Kong et s’installent dans le quartier Kéréou au début du 15e siècle. Anciens guerriers, ils s’imposent rapidement à tous les autochtones et dotent le royaume de Kong d’une armée très disciplinée : les Sunangui.
Véritable machine de guerre, ne reculant devant aucun ennemi, le Sunanguiya visait à développer le culte de la force et de l’endurance, à mépriser la mort, à s’imposer à autrui ; d’où très tôt l’on leur donne le nom générique de Ouattara, les hommes de la force et de la puissance.
C’est cette dynastie qui règne jusqu’au 18e siècle et qui sera remplacée par la famille de Sékou Ouattara, fondateur de l’Empire de Kong.
Avec Sékou Ouattara, Kong connaît son apogée. Le royaume s’étend depuis la région de l’Ano (Prikro) jusqu’à Djéné au nord de Sikasso (Mali) et à Wenchi (Ghana actuel). C’est la période de la prospérité économique, du rayonnement intellectuel et de la puissance diplomatique de l’empire du Kpon Guènè.
1- Quels sont les liens qui
existaient entre les marabouts de Kong et ceux des cités musulmanes de Mankono, Séguéla, Odienné, Samatiguila et Bondoukou ?
Au plan intellectuel, Kong devient le centre intellectuel et scientifique le plus important des savanes ouest Africaines rivalisant, par la qualité de son enseignement et la production scientifique de ses Oulémas, avec des centres intellectuel comme Tombouctou et Djéné.
Grâce à sa grande université, Kong accueille les élèves, les étudiants de la plupart des grands centres intellectuels du nord de la Côte
Xle siècle
Fondation du Royaume de Kong par des érudits Ibadits formés à Kairouan
XVe siècle
Le Royaume prend son essor sous les Traoré
1710-1850
La Gloire du règne de SEKOU WATARA à SORIFANGHAMA
1740
Victoire de Kong sur DJENNE et L’ASHANTI
1893
Défaite de Kong face à DJENNE dont les troupes étaient entraînées par les français
1897
Samory attaque Kong
Au plan intellectuel, Kong devient le centre intellectuel et scientifique le plus important des savanes ouest Africaines rivalisant, parla qualité de son enseignement et la production scientifique de ses Oulémas, avec des centres intellectuels comme k Tombouctou et Djéné. J
Mois de Mai 1897 à Kong
d’Ivoire, à l’instar des oulémas de Mankono, Séguéla, Odienné, Samatiguila, Bondoukou ou Bouna. Plusieurs Maîtres coraniques de ces cités font remonter leur Isnad (chaîne initiatique) aux savants de Kong; d’où l’influence et la vénération qu’éprouvent la plupart des communautés musulmanes du Nord de la Côte d’Ivoire pour la cité de Kong et de ses habitants. Tout homme de Kong est par définition un « Karamoko » donc un savant.
/ Plusieurs Maîtres > coraniques de ces cités ’ font remonter leur Isnad
(chaîne initiatique) aux savants de Konçf d’où l’influence et la vénération qu’éprouvent la plupart des communautés musulmanes du Nord de la Côte d’Ivoire pour la cité de Kong et de ses habitants. Tout homme de Kong est par définition un « Karamoko » donc un k savant. À
4 Mai
Samory quitte Dabakala pour Kong
14 mai
vendredi jour de la Tabaski, il arrive dans le plus grand secret dans sa base militaire la plus proche de Kong : Palakadyasa
14-16
Rassemblement des derniers soldats de Samory
17 mai
Avec 10.000 soldats il investit la périphérie de la ville de Kong
18 mai
Les troupes Watara quittent stratégiquement la ville de Kong la veille
18 mai
à l’aube, Samory attaque la ville de Kong
L’après midi du 18 mai
Les renforts affluent à Kong
18 au 21 mai
Les archers Komono et Nzan encerclent la métropole de Kong et attaquent les soldats de Samory
22 mai
Né le 29 juin 1957 à Mankono, Lémassou Fofana, archéologue et islamologue, spécialiste du moyen-âge Africain, Docteur de 3è cycle de l’Université de Paris IV (Sorbonne) est actuellement chargé de recherche à l’Université de Cocody. Il a été de 2002 à 2009 Directeur de l’Institut d’Histoire, d’Art et d’Archéologie Africains (IHAAA, UFR des sciences de l’homme et de la société). Il est auteur de plusieurs publications. De février à juillet 2000, il a occupé les fonctions de Directeur par intérim du Centre National des Arts et de la Culture (CNAC). _________________________SuiteP13
Samory décide de sortir de l’enfer de Kong
24 mai
Samory rencontre les soldats Foro de
Kong commandés en personne par
Bakari Lile, accompagné de
Badyala, l’ennemi juré de Samory.
Islam Info HS N° 14 Mai 2014
Rajab 1435 H
5
Le royaume de KONG (I
Naissance du puissant royaume de Kong
C'est au XVème siècle qu’est fondé le Royaume de Kong. C'est un Prince Dioula du Clan Traoré, Bokar, qui fuyant l'invasion Mandé décide de s'installer sur cette terre peu habitée à l'époque unifiant sous son autorité les clans Traoré et sénoufos.
Binger entre à Kong le 20 février 1888
Sékou Watara peut s'emparer en douceur du royaume de Kong
La mort du roi de Maghan
A la mort du Roi Dé Maghan en 1548, une guerre civile éclate entre ses fils, Soundiata et Maghan II. C'est ce dernier qui s'assure le trône mais cette
ruiné le
guerre
économiquement
Royaume. Les caisses sont vides, les Rois de Kong perdent peu à peu leur autorité
animiste convaincu va bouleverser les mœurs en vigueur I dans le royaume V musulman. /
naturelle. En 1660, le Royaume de Kong est violemment secoué par un coup d'état organisé par le Prince (Mandé) Isaac Traoré que l'histoire va reconnaître sous le nom de Faama Lasiri Gbombélé. Cet animiste convaincu va bouleverser les moeurs en vigueur dans le royaume musulman. Il prend le titre de Nyana Kuruk (Grand Prêtre de Nyana) et confie la direction des affaires religieuses à sa sœur aînée (7 divinités installées). Bien peu de cadis officiels ne tentent de protester. A l'aube de sa prise de pouvoir, l'aristocratie lui sait gré d'avoir mis fin au règne de son prédécesseur qui faisait peu de cas de ses devoirs royaux. Mais Lasiri Gbombélé ne va guère profiter longtemps de cette gloire militaire. Il s'aliène vite la bourgeoisie
commerçante et la noblesse en prenant la décision de mettre sur un pied d'égalité tous ses sujets lorsqu'ils vont devoir s'acquitter des impôts.
SII s'aliène vite
la bourgeoisie commerçante et la blesse en prenant la icision de mettre sur n pied d'égalité tous ;es sujets lorsqu'ils nt devoir s'acquitter
des impôts. )
Pis, il met en place une taxe à l'entrée du Royaume afin de forcer tous les commerçants à lui payer des droits d'entrée dans la capitale.
Interdiction de la construction d’une Mosquée
Il refusera même d'autoriser la construction d'une mosquée dans la capitale au grand dam de la noblesse encore attachée au culte de Mahomet. En 1670, il fait face à la rébellion du Prince Tiéba, descendant du Roi Dé Maghan , qui revendique naturellement ses droits au trône des Traoré. Une partie de la noblesse se rallie à lui mais ses défaites successives vont le pousser à s'enfuir du royaume afin d'échapper à l'arrestation la mise à prix qu'offre Lasiri Gbombélé pour son arrestation (il fera exécuter tous les nobles rebelles et une quantité de chefs traditionnels qui s'étaient également soulevés contre lui). Tiéba 1er se réfugiera, entre autre, à Bouna et ne reviendra que vers 1700 à Kong et tentera
[C'est le pieu
Sheikh Oumar Abdel Kader (né en 1665), fils de Tiéba, qui reprend le flambeau de la révolte, J
de revendiquer de nouveau la succession de Dé Maghan. Ce sera un échec dont il décédera quelques temps après. C'est le pieu Sheikh Oumar Abdel Kader (né en 1665), fils de Tiéba, qui
reprend le flambeau de la révolte, bien déterminé à renverser ce qu'il considère comme un usurpateur devenu plus qu'impopulaire. En 1705, son armée fonce sur Kong et menace la capitale. Il propose l'abdication à Lasiri qui en retour fait exécuter les envoyés d'Abdel Kader. La guerre reprend durant 5 ans sans que les deux souverains en présence n'arrivent à se destituer l'autre.
La guerre civile
L a
guerre civile ne prend fin que début 1710 avec l'arrestation par les rebelles de Lasiri et ses fils. Abdel Kader ne tergiversera pas. Ils seront décapités. Le nouveau souverain de Kong restaure le culte musulman sur l'ensemble du royaume et interdit que les idoles de l'ancien régime soient vénérées. Ses partisans s'empressent de détruire tous les lieux de culte avec un tel zèle qu'en Mars 1710, les partisans de Lasiri se rebellent une nouvelle fois. Il faudra attendre Novembre de la même année avant que cette rébellion ne soit définitivement écrasée (il perd son fils Dyoridian mort aux combats). En hommage à cette victoire, Abdel Kader prend le nom de Sékou Wattara (ou Ouattara) et unifie le royaume deux ans plus tard, accordant la liberté religieuse dans tout son royaume. Une nouvelle dynastie est née. Le royaume de Kong retrouve rapidement une prospérité mise à mal pas des décennies de guerre et de répression et l'armée un véritable vecteur d'ascension sociale. Et il s'agit pour la dynastie Ouattara de l'agrandir.
r conquiert brièvement Djenné et Tombouctou mais devant la menace Ashanti entre 1740 et 1742, préfère se retirer dans son nouveau royaume afin de le sécuriser.
Le nouveau royaume
C'est son frère, le Prince Famaghan qui se lance en 1735 à la conquête du Royaume (voltaïque) de Kibidoué (actuelle Bobo Dioulasso) et fonde son propre royaume appelé Gouïriko. D'ailleurs, le Prince ne s'arrête pas là. En 1738, il conquiert brièvement le Djenné et Tombouctou mais devant la menace Ashanti entre 1740 et 1742, préfère se retirer dans son nouveau royaume afin de le sécuriser. Même son frère Sékou doit se battre afin de repousser les
/ La question de
'sa succession se pose et pour éviter tous conflits entre ses
héritiers, l'Empire de Kong est partagé en deux entités
indépendantes. Au Sud , avec pour capitale
Kong et au Nord, V Bobo Dioulasso. V
Ashantis hors de Kong. Zan Bakari, un autre fils de Sékou s'empare du royaume Lobi en 1716 avant de décéder deux ans après des blessures dues à un combat. Sékou Ouattara peut s'emparer en douceur du royaume Lobi mais maintient les fidèles de son fils aux postes les plus importants. En 1745, Sékou Ouattara meurt. La question de sa succession se pose et pour éviter tous conflits entre ses héritiers, l'Empire de Kong est partagé
deux
entités
indépendantes. Au Sud, avec pour capitale Kong et au Nord, Bobo Dioulasso.
Extrait de
httpJ/fr. wikipedia.org/wiki/
Kong
“Je fais mon entrée dans la ville de Kong le 20 février 1888, monté sur un bœuf porteur, entouré d'une population ni bienveillante, ni hostile, mais simplement curieuse.
‘ ‘La population musulmane est très lettrée et de nature tolérante”.
Kong est une grande ville ouverte en forme de rectangle, d'environ 15.000 habitants, bâtie sur une colline allongée à 700
“La population musulmane est très lettrée et de nature tolérante”.
mètres d'altitude. Elle est
entourée incultes, plusieurs
de terrains épuisés par siècles de
cultures. Quelques arbres, dont des palmiers, se détachent du ciel. Toutes les habitations sont construites en terre, les toits étant plats. Au centre de la ville, composée de sept quartiers, se trouve une très grande place du marché avec quelques arbres qui donnent un peu d'ombre et une grande mosquée. Il y en a cinq qui portent chacune deux minarets. Moutons, chèvres, volailles errent dans des ruelles tortueuses et étroites qui débouchent sur quelques placettes d'où émergeait un arbre au faîte duquel se trouve souvent un nid de cigognes. Partout il y a des fosses à indigo qui servent aux tisserands. Dans de petits jardins clos, on cultive du mil, du maïs et du tabac. On ne parle que le mandé,
Au centre de la ville, composée de sept quartiers, se trouve une très grande place du marché avec quelques arbres qui donnent un peu d'ombre et une grande mosquée. Il y en a cinq qui portent chacune deux v minarets. j
langue proche du bambara. La population musulmane est très lettrée et de nature tolérante, non guerrière, toute tournée vers le commerce. De nombreux captifs sont employés aux tâches subalternes. La police est composée de "dou" qui manient leur fouet pour faire rentrer chez eux, à partir de 22 heures, ceux qui circulent sans motif valable. Il y a une quarantaine d'écoles coraniques, réparties dans la ville. Chaque quartier est
r La police A est composée de "dou" qui manient leur fouet pour faire rentrer chez eux, à partir de 22 heures, ceux qui circulent sans
\motif valable.^
dirigé par un chef, une sorte de maire d'arrondissement. Sur le marché, on vend des céréales, des Kolas, des bœufs, du riz, du coton, du sel, de la ferronnerie, de l'or.et des captifs.”
ECOLE CONFESSIONNELLE ISLAMIQUE IQRA Plateau Dokui atvic miu rtnccinn oc in moioute du dokui
I II llliilllllllllll’l
Tel: 21 50 00 41/0158 62 60
Un Label d’enseignement d’excellence et de scolarisation de masse/
Islam Info HS N° 14 Mai 2014
Rajab 1435 H
Le royaume de KONG (II)
Sékou Watara, Fondateur des Etats de Kong Qui était l’empereur Sékou Watara souverain fondateur de l'Etat de Kong? Quel a été son parcours ? Portrait de ce grand homme qui a marqué l’histoire de cet ancien royaume de son empreinte.
Un guenier qui prend le contrôle du royaume de Kong
PRINCIPAL ARTISAN DE LA FONDATION, DE L'ETAT DE KONG
Sékou Ouattara est le principal artisan de la fondation d'un des plus
Et lorsque
Sékou Ouattara meurt en 1745, à l'âge de quatre-vingts ans, il laisse à ses successeurs un vaste territoire s'étendant de Bondoukou (Côte d'Ivoire) à Sikasso L (Mali). J
grands Etats du nord-est de la Côte d'Ivoire au XVIIIe siècle, l'Etat de Kong.
Celui-ci va être le point de départ d'un empire dit des Ouattara. Et lorsque Sékou Ouattara meurt en 1745, à l'âge de quatre-vingts ans, il laisse à ses successeurs un vaste territoire s'étendant de Bondoukou (Côte d’Ivoire) à Sikasso (Mali).
DE L'ENFANCE À L'ÂGE MÛR : UN PARCOURS FONDÉ SUR UNE FORMATION PLURIELLE
Né en 1665 à Ténégéra, Sékou bénéficie d'une grande attention de la
F les questions qu'il pose sur les hadiths et sur la vie du prophète (saw) embarrassent souvent ses maîtres.
part de son père Tièba et de sa mère, une princesse animiste du nom de Tagari, appelé Matagari.
UNE FORMATION
CORANIQUE SOLIDE
Des l'âge de sept ans et pendant une dizaine d'années, Sékou fréquente la plupart des écoles coraniques de Ténégéra. Il reçoit une formation complémentaire chez les marabouts Dibi, Lagbakourou et Kpérésuma. Doué d'un esprit curieux et d'une intelligence vive, les questions qu'il pose sur les hadiths et sur la vie du prophète (saw) embarrassent souvent ses maîtres. Dès l'enfance, Sékou est initié aux travaux champêtres et au tissage dans lequel sa renommée franchit les frontières de Ténégéra.
UNE FORMATION MILITAIRE QUI EN FAIT UN VALEUREUX GUERRIER
Il apprend très tôt le maniement des armes et s'impose comme un valeureux guerrier au sein de l'armée. C'est un bon stratège qui oblige ses adversaires à combattre dans les conditions désavantageuses. Intrépide, intègre dans le partage du butin de guerre, Sékou devient rapidement l'idole des jeunes guerriers qui ^F^bïtrépidef^^^ intègre dans le
I partage du butin de I ^guerre, Sékou devient rapidement l'idole
1 des jeunes guen'iei's I
combattent dans les troupes de Ténégéra. Elément à forte tête, il est élevé au grade de commandeur des troupes par Mansa Maghan, peu avant 1700. Dès lors il va se consacrer entièrement aux activités commerciales. Il a trente ans.
UN COMMERÇANT AVISÉ AYANT UN SENS DES AFFAIRES AIGUË
Sékou Ouattara pratique avec amour ce nouveau métier difficile, manifeste une grande disposition pour les affaires et en cinq ans (1700-1705), il acquiert une solide réputation qui va au-delà des frontières de Kong. Le commerce qu'il entreprend porte sur les
F Aussi de nombreux commerçants de la région recherchent-ils son amitié, voire sa
L protection. j
esclaves que lui procure sa petite armée, les cotonnades tissées par ses esclaves, les barres
de sel, les noix de cola et l'or. Pour garantir la sécurité aux caravanes, Sékou dispose d'une armée régulière qu'il rétribue. Aussi, de
Ses entretiens avec ces savants et ces souverains portent essentiellement sur le droit musulman et sur la manière d'islamiser les populations de son L pays. 1
nombreux commerçants de la région recherchent-ils son amitié, voire sa protection. Comme il ne peut fréquenter le marché de Kong en raison de ses mauvais rapports avec les autorités du pays, les caravanes se rendant dans la boucle du Niger sont obligées de faire de grands détours par Salaga pour éviter les soldats de lasiri, souverain de Kong. Sékou Ouattara connaît les rigueurs de la vie du commerçant itinérant. Les intempéries, les chemins tortueux et peu sûrs, les attaques des razzieurs d'esclaves, les difficultés du ravitaillement sont tels que ses inquiétudes ne se dissipent que lorsque les caravanes sont de retour.
UN RÉSEAU DE RELATIONS BIEN IMPORTANTES
Au cours de ses voyages d'affaires, Sékou rencontre des savants musulmans étrangers et fréquente la cour des souverains dont il visite le pays. Ses entretiens avec
H se lie d'une solide amitié avec le cadi i Ahmed de Tombouctou qu'il a connu lors de ses voyages à Djenné et à Tombouctou entre 1700 (début de sa carrière de marchand)et 1710 (date t de sa prise de pouvoir à Kong). ,
ces savants et ces souverains portent essentiellement sur le droit musulman et sur la manière d'islamiser les populations de son pays. Il se lie d'une solide amitié avec le cadi Ahmed de Tombouctou qu'il a connu lors de ses voyages à Djenné et à Tombouctou entre 1700 (début de sa
carrière de marchand) et 1710 (date de sa prise de pouvoir à Kong).
UN CROYANT SINCÈRE
Personnage très pieux, Sékou profite souvent de ses moments de loisir pour lire et interpréter des versets du Coran à ses amis. Il n'a jamais accompli le pèlerinage à la Mecque mais il organise et finance le voyage de nombreux fidèles aux lieux saints. Il offre la zakat (l'aumône légale) aux pauvres. En dépit de sa grande fortune et du prestige dont il jouit au sein de la société, Sékou est resté un personnage très accueillant. Sa maison est ouverte à tous, sa générosité n'ayant pas de limites. Les commerçants
Les commerçants et les érudits étrangers sont entourés de tous les soins.
et les érudits étrangers sont entourés de tous les soins. Aux érudits il distribue des milliers de pièces d'or et des esclaves. Selon les sources orales, Sékou apparaît comme un bel homme, d'allure sportive car il fut l'un des meilleurs lutteurs de la région. Toujours bien habillé, il laisse l'image d'un prince qui aime les belles étoffes.
Alassane Dramane Ouattara, un descendant de Sékou Watara
Tout premier Directeur Général Adjoint du Fond Monétaire International, Tout Premier Premier Ministre de la République de Côte d’Ivoire et actuel chef de l’Etat ivoirien.
e me présente. Je suis Alassane
Ouattara, né le 1er janvier 1942 à Dimbokro comme
l'atteste mon acte de naissance. La déclaration de naissance établie par le Médecin Capitaine BERGOUNIOU peut être consultée à tout moment et en toute liberté à Dimbokro. Mon père s'appelait Dramane Ouattara et ma mère s'appelle Nabintou Ouattara née Cissé. Mon père Dramane Ouattara est Ivoirien. Il est de Kong en Côte d'Ivoire, descendant de l'Empereur Sékou Ouattara, bien connu des historiens de notre pays. Après avoir été enseignant, il est devenu représentant de la CFAO et commerçant.
De Kotobi, il s'est installé à Dimbokro où je suis né et où se trouve encore notre cour familiale, occupée aujourd'hui par mon frère Sinali. Dramane Ouattara est très connu dans la boucle du cacao à Bongouanou, à Kotobi où est né Gaoussou, mon grand frère, présent dans cette salle. Mon père a eu à exercer à S indou non loin de la frontière ivoirienne, les fonctions de chef traditionnel de village. Sindou faisait partie de l'ancien empire de Kong qui couvrait alors une partie de la Côte d'Ivoire, du Mali et du Ghana. Je suis de la lignée de l'Empereur Sékou Ouattara, fondateur de
l'Empire de Kong au début du 17ème siècle. Le 1er de mes ancêtres qui a foulé notre sol vers les années 1700 s'appelait Tiéba. Il était accompagné de ses enfants Sékou (dont je suis de la sixième génération), Famagan, Dabla et Karakara. C'est son ancêtre Sékou qui est le fondateur de Kong.
Sékou Ouattara, souverain des Etats de Kong a donné naissance à Djoridjan Ouattara, qui lui-même a donné naissance à Soumaoulé Ouattara, qui à son tour a mis au monde Aboubacar Ouattara, mon grand-père. Et c'est vers 1888 que naquit mon père Dramane Ouattara. Vous savez que je parle d'une époque où les frontières n'existaient pas. Nos traditions et les règles de succession dans ces chefferies ignoraient les frontières héritées de la colonisation.
j'ai étudié à l'Institut de Technologie de Drexel et à l'Université de Pennsylvanie où j'ai obtenu mon Doctorat d'Etat en Sciences Economiques(PHD in Economies). Comme économiste, j'ai commencé ma carrière professionnelle au FMI. Cela a été une expérience enrichissante puisque j'ai eu l'occasion ainsi de visiter de nombreux pays et de m'enrichir de multiples expériences à travers le monde.”
Source : forum de réconciliatrion nationale
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Rajab 1435 H
e royaume de
Kumbi Watara, le bâtisseur des Etats musulmans de Kong
^LES DATES IMPORTANTES J
Sous la conduite de Kumbi Watara, Sitafa, grande Imam de de Kong réorganisa renseignement de l'arabe dont le niveau était tombé très bas. Il en releva le niveau grâce à des maîtres compétents dont la plupart étaient ses disciples ou ceux de son père. Désormais cet enseignement comporta pour la premièrefois trois niveaux, un niveau élémentaire duguma, un niveau moyen sando et un niveau supérieur lomba.
LE DUGUMA
Le niveau élémentaire comme son nom l’indique, s’adressait à des enfants de cinq à huit ans. A Kong, on estimait que lorsqu’un enfant savait compter jusqu’à vingt sans se tromper, il pouvait aller à l’école. Il n’y avait donc pas un âge précis comme de nos jours pour inscrire son fils ou sa fille dans une école coranique. Mais, généralement, les enfants des milieux aisés y étaient admis très tôt, probablement dès l’âge de cinq ans. L’objectif du duguma était simple : il visait à assurer la formation morale de l’élève (devoirs et obligations) et à lui apprendre les règles de la prière. Il étudiait des versets dont il ignorait absolument le sens. Il mémorisait les premières sourates du Coran qui étaient généralement utilisées dans les prières quotidiennes. La formation pouvait durer quatre à sept ans. Il faut dire que dans le duguma, l’adolescent consacrait l’essentiel de son temps à accomplir des travaux manuels pour son maître (travaux des champs, de tissage...). A la fin du duguma, l’élève ne savait pas lire le Coran, mais sa mémoire avait enregistré de nombreuses sourates qui allaient lui servir au niveau du sando. A Kong, au XVIIle siècle, très peu de filles dépassaient le niveau du duguma.
LE SANDO
Le sando (en haut, supérieur) constituait véritablement les débuts des études coraniques. Non seulement le jeune élève apprenait les sourates par cœur mais iles recopiait sur des planchettes. Au cours de cette formation qui durait de nombreuses années l’étudiant apprenait à lire et à écrire correctement l’arabe. D’après Mamadou Saganogo, les vieux racontent qu’autrefois, à la fin de ce cycle les élèves avaient une maîtrise de la langue arabe. L’étudiant apprenait la grammaire (nahw) et le droit musulman (figh). Les élèves brillants préparaient un diplôme (ijaza) à la fin du cycle. Le programme portait sur l’étude du Coran et de deux ouvrages le Tafsir al Jalalayn de al-Mahalli et d’al-Suyuti. A la fin de cette étude les étudiants méritants recevaient leur diplôme et l’autorisation de porter le turban ou namu, une bande d’étoffe blanche enroulée autour de la tête, ou une
chéchia en signe de distinction. Le cycle sando pouvait durer 10 à 15 ans. Cette cérémonie donnait lieu autrefois à une grande fête
Dès lors, le nouveau diplômé pouvait, soit s'installer dans un petit village et créer une école coranique, soit poursuivre ses études pour acquérir le titre d’alim ou karamogo.
appelée (byètyè) et elle était marquée par des distributions de riz et de kola et une procession qui escortait l’élève de l’école à son domicile. Dès lors, le nouveau diplômé pouvait, soit s’installer dans un petit village et créer une école coranique, soit poursuivre ses études pour acquérir le titre d’alim ou karamogo et se hisser ainsi au rang de ses maîtres. S’il décidait de continuer les études, il s’inscrivait au cycle supérieur appelé lomba ou la grande connaissance.
LE LOMBA
Le cycle supérieur proprement dit ou lomba, fondé sur l’étude des Hadith, comprenait l’enseignement de la grammaire, de la loi et de la théologie de l’unité de Dieu. Les enquêtes que nous avons réalisées à Kong et à Bobo-Dioulasso révèlent que le lomba à Kong, au milieu du
Il sut concilier avec beaucoup d'intelligence le commerce et la culture : ceci est un fait nouveau dans les annales de l’histoire ouest-africaine.
XVIIle siècle, était basé sur l’étude du Coran et de quelques ouvrages fondamentaux, al-Shifa’fi tari huqûq al-Mustafa écrit par ‘lyad b. Musa b. lyad al Sabti, le Muwatta écrit par l’imam Malik b. Anas, le Tafsir al-Jalalayn d’al-Mahalli et d’al-Suyuti. Les études duraient de 10 à 20 ans. Les étudiants n’étaient pas tous des jeunes gens, on rencontrait souvent dans les classes de Sitafa des hommes avancés en âge, (de 40 à 50 ans). Ordinairement, dans les cycles supérieurs, les étudiants étaient en très petit nombre et vivaient dans l’intimité du professeur. Comme le souligne Y. Person, «Les liens d’affection et d’estime noués durant ces années studieuses durent généralement jusqu’à la mort et sont parfois renforcés par des alliances matrimoniales ». L’isnad était en effet un
document qui permettait de connaître le nom des maîtres qui avaient participé à la formation d’un individu. Il
des Kamagaté qui seraient venus de Begho au début du règne du faama. On leur attribue la fondation de la ville
faisait la fierté des grands érudits et l’isnad à Kong avait autant d’importance que le diplôme avec lequel il se confondait parfois. Il était délivré à I étudiant à la fin de sa formation. Chacun des ouvrages au programme donnait droit à un ijaza. A l’issue de ce cycle de formation, les étudiants maîtrisaient parfaitement la langue arabe. Ceci leur assurait une large ouverture sur le monde musulman et son histoire. Le lomba assurait la formation de deux types de savants, l’alim (théologien, jurisconsulte) reconnaissable par son numa de couleur orange et le véritable karamogo qui portait le turban à deux couleurs, noir et blanc.
LE FINANCEMENT DE L’ÉDUCATION
Labi souligne que ce souverain «avait une grande affection pour les karamoko et notamment les Sagnogo et qu’il leur accordait des privilèges et des biens considérables ».
La population elle-même soutenait les efforts des souverains. Elles payaient aux ancêtres des Saganogo un impôt tous les cinq jours. La médersa de Sitafa bénéficia du mécénat et surtout de l’appui des princes watara dont les traditions vantent
Elles payaient aux ancêtres des Saganogo un impôt tous les cinq jours. La médersa de Sitafa bénéficia du mécénat et surtout de l’appui des princes watara dont les traditions vantent encore la richesse.
encore la richesse. La générosité légendaire du fama Kumbi dépassa les frontières de l’Empire, elle attira de nombreux lettrés venus des quatre coins du monde. Parmi ceux-ci on peut signaler le cas
En 1884, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la Belgique se partagent l'Afrique en différentes zones d'influence. Chacun pouvant ainsi tirer librement profit de l'Afrique.
A partir de 1887, TREICH-LAPLENE, commis de VERDIER, remonte vers le Nord en signant des traités au nom de la France avec les Bettiés, les Agnis et enfin avec les Abrons. Il arrive ensuite à Kong et s'installe.
de Bilimono. D’après Bassirakoro Kamagaté, «à Begho les Kamagaté
I«à Begho les Kamagaté enseignaient le Coran (...).
La plupart d’entre eux quittèrent la ville pour venir à Kong.
enseignaient le Coran (...). La plupart d’entre eux quittèrent la ville pour venir à Kong, car dans la région de Begho on disait beaucoup de bien de Kumbi : on disait qu’il aimait les Karamogo et les savants et l’on vantait sa générosité.
« Si les gens de Kong ne font pas la guerre cela ne les empêche pas de faire des conquêtes ; ils y procèdent avec un ordre et une méthode remarquables,
De 1887 à 1889, Louis BINGER (1856 -1926) parti du Sénégal, parcourt 4 000 km et rejoint Grand-Bassam. Au cours de son périple, il rencontre TREICH-LAPLENE à Kong et ils se rendent ensemble à Grand-Bassam. BINGER est le premier à faire la jonction entre le Sénégal et la Côte d'Ivoire.
Au cours de cette période,
De 1887 à 1889 SAMORY TOURE, un guerrier guinéen, arrive en Côte d'Ivoire à la recherche de nouveaux territoires. Il s'attaque d'abord aux Sénoufo puis aux Lobis qu'il capture et revend comme esclaves.
En 1890, Grand-Lahou est à nouveau officiellement occupé par les français et, petit à petit, le pouvoir effectif de la France s'impose face aux autres comptoirs toujours présents.
Les Kamagaté conduits par Bakari supplièrent alors Tan un ami de Kumbi de les conduire dans le pays des Watara, ce qui fut fait».
LES DIPLÔMÉS DE KONG Après leurs études à la médersa de Sitafa, la plupart des étudiants étrangers rentraient chez eux, créaient des centres d’études étroitement liés à ceux de Kong. Comme le souline Moustapha Diané, ils devinrent les porte-drapeau de la civilisation dioula de
En 1891, SAMORY se retrouve à la tête d'un nouvel empire qui va d'Odienné à Bouna.
En 1892, les français inquiets de ce qui se passe dans le Nord décident d'envoyer une colonne dirigée par le capitaine MENARD pour capturer SAMORY. Celle-ci est massacrée à Séguéla.
Le 10 mars 1893, le décret portant création de la Colonie de Côte d'Ivoire est ainsi signé, BINGER en devient le gouverneur et Grand-Bassam la capitale.
Kong. Ceci dut se produire dès la fin du XVIIle siècle : en effet au début du XIXe siècle, les karamogo watara qui avaient essaimé un peu partout en Afrique de l’Ouest dirigeaient d’importants centres islamiques qui diffusaient ainsi l’influence de Kong à l’extérieur.
En 1893, les français lancent une armée contre SAMORY. Celui-ci, sûr de sa défaite, prend la fuite. Une véritable chasse à l'homme débute alors et ne prendra fin qu'en 1898 lorsque SAMORY fut capturé et déporté.
Georges Niamkey Kodjo “Le royaume de KONG des origines à la fin de XIXème siècle, aux éditions HARMATTAN2006“
En 1899, Grand-Bassam subit une terrible épidémie de fièvre jaune. Les français se retirent à Bingerville où l'air est plus pur et en font la nouvelle capitale de la Côte d'Ivoire.
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Rajab 1435 H
Le royaume de KONG (IV) Dr. Idriss Bara^
Les relations de Kong avec les pays voisins
Zone de transition entre la forêt et la savane^ Kong offrait de ce point de vue un cadre favorable à la formation de grands ensembles politiques et au commerce à longue distance. Cette position^ les différents souverains du royaume la mettront à leur profit pour établir des relations privilégiées avec les pays voisins. Toutes les sources s'accordent à souligner que le royaume dioula de Kong eut de parfaites relations avec ses voisins^ même s’il eut quelquefois des difficultés vite aplanies.
PROFESSEUR GEORGES NIAMKEY KODJO
KONG ET LE GYAMAN (BONDOUKOU) Le royaume dioula de Kong
avait soutenu un conquérant du nom de Dangban Koroko qui s’était pris aux intérêts du premier. Mais le règne de
^ De tous les souverains de Kong, ce sont Sékou Ouattara et surtout Koumbi Ouattara qui participèrent activement à relancer les relations diplomatiques et
L commerciales. J
entretenait de parfaites relations avec le Gyaman. Les mariages, les victoires militaires et les funérailles étaient des occasions privilégiées pour resserrer les liens d’amitié qui existaient entre eux. Les souverains du Gyaman sollicitaient en effet les bénédictions des meilleurs
Koumbi Ouattara (à partir de
Sékou Ouattara, fondateur du royaume de Kong, l’Empire est divisé entre ses enfants installés à Kong et son frère Famaghan installé à Bobo-dioulasso. A la mort de ce dernier, Koumbi Ouattara, alors au trône à Kong fit la paix avec ses cousins (notamment les enfants de Famaghan, Tyiéba surtout) en vue de contrôler cette voie commerciale. Elle avait l’avantage de voir passer l’essentiel des marchandises
les pagnes traditionnels de Kong.
La métropole dioula de Kong reçoit également par l’Egypte les beaux tapis d’Istanbul encore fort recherchés au XIXème siècle dont plusieurs sources comme Binger le souligne.
L’activité commerciale enrichit d’ailleurs de nombreuses personnes connues à Kong sous le nom de diagotigui ou maîtres du commerce.
que Kong expédiait en
Les dioula de Kong consolident leurs rapports avec les pays de la boucle du Niger comme Dfenné et Tombouctou, deux cites qui ravitailleront toute lajuture colonie ivoirienne en sel gemme et commercialiseront les pagnes traditionnels de Kong.
De tous les souverains de Kong, ce sont Sékou Ouattara et surtout Koumbi Ouattara qui participèrent activement à relancer les relations diplomatiques et commerciales avec les pays voisins. Toutes les sources relatent qu’Il usa de plus de diplomatie que de violence et
marabouts de Kong et aussi l’aide des Ouattara pour se prémunir contre d’éventuelles attaques venant de l’Ashanti (surtout entre 1730 et 1750).
1750) participa à calmer les tensions et à ranimer les routes commerciales entre les deux Etats. Les négociants de Bouna s’approvisionnaient en
On rappelle qu’à la mort de Sékou Ouattara, fondateur du royaume de Kong, l’Empire est divisé entre ses enfants installés à Kong et son frère Famaghan installé à Bobo-dioulasso.
Toutes choses qui facilitaient leurs échanges commerciaux. Même les chefs Abron ne dérogeaient pas à la règle. L’avis des marabouts leur était utile dans la détermination des zones aurifères du pays.
pagnes de Kong et en colas venues des régions forestières quand ceux de Kong redoublaient d’ardeur pour reconquérir l’or du voisin.
KONG ET LE GWIRIKO
Le Gwiriko représentait l’extrême nord du royaume
direction des pays soudanais et sahéliens. C’est aussi par cette route que les Ouattara recevaient les chevaux du Macina et des pays Mossi.
KONG ET LES RÉGIONS SOUDANAISES ET SAHÉLIENNES
Les dioula de Kong consolident leurs rapports avec les pays de la boucle du Niger comme Djenné et
qu’il était un roi qui aimait la paix et donc qui entretenait de bonnes relations avec ses voisins. Il échangeait avec eux des lettres d’amitié et de riches présents. Ce qui constitue un fait rare dans les annales de l’histoire des Etats musulmans de l’Afrique occidentale d’après l’historien Georges Kodjo. A la mort du souverain en 1770, Kong était non seulement la plus grande métropole commerciale mais
A la mort du souverain en 1770, ^> Kong était non seulement la plus grande métropole commerciale mais aussi la plus importante des capitales intellectuelles et religieuses d’Afrique de < l’ouest. ,
dioula avec pour capitale Bobo-dioulasso et dirigé par les cousins des Ouattara. On rappelle qu’à la mort de
Tombouctou, deux cités qui ravitailleront toute la future colonie ivoirienne en sel gemme et commercialiseront
aussi la plus importante des capitales intellectuelles et religieuses d’Afrique de l’ouest.
Georges Niamkey Kodjo fait partie des intellectuels et Universitaires ivoiriens rares dont les qualités se résument en trois mots : - LA VERITE - LA PATIENCE - L’HUMILITE Le préfacier Pierre Salomon de son volumineux ouvrage sur Kong intitulé: “Le royaume de KONG des origines à la fin de XIXème siècle, aux éditions HARMATTAN 2006”, le présente ainsi. “Après trente ans de recherches patientes et minutieuses, NIAMKEY Georges Kodjo retrace ici l’histoire du prestigieux empire de Kong des origines à la fin du XlXè siècle.
Depuis son doctorat obtenu en 1986 à Aix-en-provence, Georges Niamkey Kodjo a consacré le meilleur de son temps à rassembler une quantité extraordinaire d’informations dans les dépôts d’archives français et africains ; il a consulté toutes les sources imprimées disponibles ; il s’est rendu sur le terrain pour étudier des manuscris de Kong, de BOBO-Dioulasso et du Gonja, découverts chez des lettrés et des notables africains.
En ce qui concerne les sources européennes, il a examiné les écrits des voyageurs et des militaires en fonction de leurs qualités propres et a restitué aux faits leur dimension purement africaine en récusant le relativisme culturel et en faisant table rase de nombre d’idées reçues.
Georges Niamkey Kodjo s’est aussi préocupé de réunir et d’analyser les traditions arabes relatives aux thèmes étudiés en soulignant leurs aspects enrichissants et en montrant l’importance de la critique dans leurs problèmes d’interprétation. Il a éliminé au maximum les éléments subjectifs de l’histoire du Kpon-Gène et du Gwiriko en tentant d’appréhender les motivations des partenaires sans les fonder sur des jugements de valeur qui leur seraient propres. Dans sa méthodologie spécifique d’approche, empreinte de rigueur et modestie, il confronte les données des traditions orales avec celles d’autres sources indépendantes. Sa descrition de l’exeptionnelle richesse du passé de Kong prouve que l’interdisciplinarité demeure un élément fondamental des recherches en histoire de l’Afrique”.
KONG ET BOUNA
Les rapports entre ces deux royaumes étaient au départ tendus parce que le second
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SAMORY à la conquête de Kong (I)
Samory isole Kong
SAMORY voulait supposer farouchement à la colonisation. Il démontra ses capacités de stratège face aux garnisons français. Cependant, pour continuer sa résistance héroïque, il avait besoin de rallier à sa cause les peuples musulmans de la région, il avait surtout besoin de l’appui politique, militaire et financière du puissant royaume de Kong. Ayant épuisé toutes les voies politiques et diplomatiques, il décida d’y aller par la force.
Opinion d’un spécialiste de Samory
Dans le souci de l’équilibre de l’information et de la complexité de toute question touchant à SAMORY TOURE nous avoirs approché le Pr. KABA Lansiné grand historien, chercheur émérite et auteur de plusieurs ouvrages de référence. Il a bien voulu répondre à nos préoccupations et nous le remercions infiniment pour sa disponibilité et son humilité.
Les ambitions de SAMORY
En s’installant dans le worodugu, samori pensait
il n’avait jamais cessé de pensera cette vieille civilisation musulmane. Il savait que son titre d’imam irritait beaucoup de marabouis qui n’hésitaient pas à l’appeler Syè-mori, (le mori des poulets)
sans doute s’insérer dans les axes commerciaux de l’actuelle Côte d’Ivoire. Il n’en fut rien, car cette région avait perdu son lustre d’antan.
Ses échanges avec le nord et le sud avaient considérablement baissé. La disparition de Boron au milieu du XVIIle siècle et la défaite cinglante des zerma de Marabadiassa face aux autorités du Dyimini (1886-1887) l’avaient isolé des grandes routes de la kola et de l’or qui reliaient Djenné au golfe de Guinée par Kong et l’anno. Lalmami comprit qu’il n’avait pas encore atteint le pays de ses rêves, d’où l’attention particulière qu’il porta au Bandama et à travers ce fleuve, à Kong où il espérait trouver une solution à la question des chevaux.
Opinion des gens de
Les traditions du royaume conservaient une très mauvaise image de sa personne et des membres de sa famille.
KONG sur SAMORY
Samori avait certes des amis à Kong mais le trafic appartenait à Sabana Ulé qui manifestait ouvertement son hostilité au nouveau conquérant. Samori connaissait l’existence du grand royaume Kong. Il savait que ce pays avait étendu autrefois sa domination sur une partie importante de l’Afrique de l’ouest et que son objectif majeur avait toujours été la défense des intérêts des Dioula. Il savait aussi qu’un
grand nombre de marabouts se réjouissaient publiquement de sa défaite face à Tyèba et lui promettaient le même sort s’il s’attaquait à leur cité. Il éprouvait, vis à vis des autorités de cette métropole, un sentiment mitigé, fait de respect, d’admiration, mais aussi un profond ressentiment. La présence française dans la ville n’arrangeait rien. Depuis son installation en Août à Séguéla, il n’avait jamais cessé de penser à cette vieille civilisation musulmane. Il savait que son titre d’imam irritait beaucoup de marabouts qui n’hésitaient pas à l’appeler Syè-mori, (le mori des poulets), un sobriquet dont il n’était pas fier, car il avait été dans sa jeunesse un marchand de poulets. Les traditions du royaume conservaient une très mauvaise image de sa personne et des membres de famille. Il n’était pas vraiment aimé de la masse de la population et était perçu comme un impie, au même titre, sinon pire que Tyèba, l’ancien faama du Kénédugu.
SAMORY isole KONG
Fort de l’appui des sénoufo de Korhogo et celui des baoulé, l’Almami décida de faire de Dabakala, sa nouvelle capitale. L’offensive Samorienne dans le Dyimini fut minutieusement préparée par Sékou Ba avec trois colonnes soutenues par les combattants zerma qui connaissaient parfaitement le terrain. Le Dyimini tomba après deux semaines de siège et de très durs combats. Les Samoriens victorieux étaient désormais au sud de Kong (mi-août-début septembre 1894), ils venaient de mettre fin à l’indépendance du Dyimini qui durait depuis 1850.
La paix n’était pas pour autant revenue dans la région. Une insécurité permanente pesait sur tout le pays. Mais le fait significatif était que Samory n’était plus loin de la métropole dioula. Il fit construire sa résidence à Dabakala d’où il comptait contrôler les produits de la forêt (or, noix de cola et de la côte (armes et munition). En réalisant la conquête du Dyimini il venait de jeter les
Visiblement, Samory voulait attaquer Kong, mais le moment était mal choisi. En effet, depuis le 30 Avril 1894, la ville abritait des français et il n ’était pas question de les provoquer.
bases de son projet de s’établir de manière durable dans le nord de la Côte d’Ivoire. L’importance de l’acte posé par le nouveau venu n’a pas échappé à Marchand.
La prise du Dyimini en 1894 allait s’accompagner d’un certain nombre d’acquisitions de territoires qui visaient à isoler de manière méthodique les dioulas de la côte et du monde sénoufo. Visiblement, Samory voulait attaquer Kong, mais le moment était mal choisi. En effet, depuis le 30 Avril 1894, la ville abritait des français et il n’était pas question de les provoquer. Il lui fallait d’abord obtenir le départ des étrangers et il multiplia à ce sujet l’envoi d’émissaires auprès des autorités politiques, militaires et religieuses.
SAMORY affronte les français
Le 02 Mars 1895, Marchand sur l’ordre de Monteil, attaqua Samory TOURE. Celui-ci infligea aux français une humiliante et sévère défaite. Monteil qui avait rasé sur son passage tous les villages hostiles, eut toutes les peines du monde à battre en retraite
et à regagner sa base à Satama. Samory TOURE ne fuyait plus ; c’était désormais les armées françaises qui prenaient la fuite. L’Almami était désormais le maître incontesté des territoires situés au sud de Kong et en position de force, refusa de négocier avec Monteil. L’ironie du sort voulut que le français, battu, soit en plus désavoué par la France qui avait dissous sa colonie depuis le 18 Février 1895.
Les français et KONG
«La capitale des Watara se trouvait désormais prise en tenailles entre le Djimini et les sofas du Laraba. Les Dyula
«Musulman ne contracte pas une alliance avec le diable. Samori est le diable, il ne cannait rien aux lois islamiques et sa conduite est celle d’un conquérant animiste. Il a pris le titre d’Almami pour tromper les vrais musulmans. »
en éprouvèrent certainement de l’inquiétude et une colère d’autant plus forte que l’irruption des Français dans le Gurunsi venait de fermer les terres de l’Est à l’Almami. Celui-ci reportait dès lors son attention sur les pays du Comoé où il se trouvait bloqué sans espoir d’en sortir. »
^—^^- Suite P 10
Q: Bonsoir Pr. KABA en tant que spécialiste de l’histoire africaine pourriez vous votre avis sur Samory et Tislam, Samory et la ville sainte de Kong.-ll-mai2014à21h01?
R: Bonsoir de Doha. Merci de votre courriel. Je regrette d'y répondre avec quelques jours de retard, dû aux multiples activités de la fin de semestre.
A maints égards, la question de Samori est fascinante et mérite d'intéresser les Africains conscients de leur histoire. La montée fulgurante du colporteur Samori dans un espace où la notion de pouvoir impérial s'était depuis quelques siècles éteinte, son épopée phénoménale sur une vaste étendue territoriale comprenant des populations diverses, son recours à l'islam comme idéologie d'intégration politique et sociale, même si la culture islamique de son entourage restait faible, son génie militaire et son charisme, tout cela a fait de lui un chef exceptionnel, un véritable révolutionnaire en ce dix-neuvième siècle marqué ici et là de bouleversements multiformes. Comme je l'ai discuté en 1973 dans un article publié dans le Bulletin de ITIFAN, le concept de révolution dioula, rendu célèbre par l'éminent spécialiste samoricn, Yves Pcrson, mérite d'être analysé avec circonspection.
Il n'est pas exagéré de considérer Samori à la fois comme le Charlemagne et le Napoléon du monde mandingue de la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Comme Charlemagne qui comprit l'utilité du Christianisme et christianisa une bonne partie de l'Europe occidentale et Napoléon dont l'Empire s’étendit sur des zones disparates, Samori mit dur pied une puissante machine de guerre dans la savane guinco-soudanicnne, les bassins du Niger et de la Volta, et dans les forêts méridionales. Il s'en prit aux anciens États longtemps
| Biographie du Pr. KABA Lassiné ]
Dr. Lansiné Kaba est Professeur Emérite et Associé d’Histoire à l’Université Mellon Carnegie du Qatar. Il a dirigé le Département d’Etudes Afro-Américaines de 1986 à 1995 et a été le Doyen de l’Institut d’Enseignement Supérieur de Honors de 1996 à 2001. Il a été le Président de US /International/ African Studies Association de 1998 à 2001.
Il a reçu de nombreux prix et a prononcé plusieurs conférences dans divers pays d’Afrique, d’Europe et du Moyen-Orient à la fois sur des thématiques académiques et contemporaines.
Ses interviews radios et télévisées ont fait de lui un ‘ ’ intellectuel public” dans les pays francophones d’Afrique.
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La recherche doctorale de Kaba sur le rôle des Religieux et Marchands Musulmans dans le Nationalism Africain au Mali et dans les pays environnant en Afrique de l’Ouest a donné lieu à une thèse qui a été publié sous forme de manographe, La Wahhabiyya: Réformes Islamiques et politiques en Afrique occidentale française, 1945-1960 (Northwestern University Press, 1974). Son livre publié en 2005, Cheikh Mouhammad Chérif et son temps, 1874-1955 (2004), traite de la transformation culturelle en milieu urbain ainsi que le charisme, la spiritualité et la tolérance dans la tradition islamique d’un leader Soufi à Kankan, en Guinée, sous le pouvoir colonial Français. Son nouveau livre, Allahou akbar: Islam,Terrorisme et Tolérance, une perspective Africaine (2010), est à la fois une réflexion sur la façon dont l'Islam a prôné le pardon et
un plaidoyer pour une harmonie interreligieuse pour la paix dans le monde
un piaïuuyci pvtu \ d'aujourd'hui.
musulmans tels que Kankan, Kankan et Kong.
Pourtant, Samori appartenait au clan longtemps musulman des Touré répandu depuis Kankan jusqu'au Konia, à Odicnné et à Kong. Mon livre, Cheikh Mouhammad Chérif ou Islam et Société à Kankan, 1874-1955 (Présence Africaine, 2004) fait allusion à la manière dont des marabouts illustres de Kankan l'ont aidé à mieux connaître l'islam et à prendre le titre d'Almamy. Néanmoins, il conquit cette vieille métropole commerciale musulmane, mais n'en tua pas les oligarques qui l'avaient combattu. D'après une tradition qui remonte à Cheikh Amadou Bamba, fondateur du mouridisme, Samori mourut en 1900 au Gabon en musulman. Il vous incombe de déterminer si cela fait de lui un Émir authentique. Le personnage était loin d'être quelconque.
En ce qui concerne Kong, je me rappelle que des historiens ivoiriens se sont déjà penchés sur cette question. Veuillez bien les consulter à Abidjan ou à Bouaké. Jetez- aussi un coup d'œil critique sur le tome trois d'Yves Pcrson, Samori une Révolution Dyula (Dakar, (IFAN). En somme, je reste intéressé à lire ce que vous aurez écrit. C'est ainsi que le savoir historique s'enrichit et se propage. Merci de m'avoir donné l'occasion de communiquer avec vous.
Cordialement, L.Kaba,Ph.D.
Distinguished Visiting Prof essor Carnegie Mellon University in Qatar Doha, State ofQatar
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Islam Info HS N° 14 Mai 2014
Rajab 1435 H
SAMORY à la conquête de Kon
Samory attaque Kong
Malgré les accords de BORONO, malgré sa lettre de mise en confiance adressée aux autorités de Kong, Samory finit par
attaquer la ville sainte les 1er, 5 et 6 mai 1897.
Les autorités de Kong rendaient les Français responsables de sa
Ses équipes de démolisseurs mirent un ou deux jours pour raser la ville. Samory assista en personne à la décapitation des musulmans.
présence aux portes de leur métropole d’où les nombreuses lettres qu’elles adressèrent aux autorités de Grand Bassam. Certaines d’entre elles furent interceptées par l’Almami. C’est pour le déloger du Dyimini qu’elles appelaient la France à leur secours pour
Les accords de BORONO
Sous la pression de ses conseillers et de ses amis de Kong, Samori accepta de rassurer tous les marabouts de la ville et les princes de l’Empire, d’où la rencontre de Borono que l’on pourrait qualifier de pacte de non doute sur la bonne foi du conquérant, acceptèrent l’invitation. La réunion eut lieu du 05 au 15 avril 1895.
L’Almami qui
s’apprêtait à entrer en campagne contre le Gyaman, avait réuni à Borono le gros de ses troupes, ses fils et tous ses généraux. Tous nos interlocuteurs s’accordent à dire que les Watara.......
L’Almami s’engagea en outre à ne pas envoyer des sofas dans la région de Kong. Pour montrer leur bonne foi, les Watara acceptèrent sur leur sol un résident samorien.
Samori accepta de traiter, avec les autorités politiques et religieuses de la Cité, cinq sujets brûlants.
1- La contribution de Kong aux efforts de guerre.
2- Le libre accès des sofas au marché des chevaux.
3- L’installation d’un résident samorien à Kong.
4- La restitution des réfugiés du Dyimini, du dyamala et du Tagwana.
5- La conduite des sofas à Kong.
Sur le premier point, les autorités de Kong acceptèrent de participer aux guerres visant à reconquérir les anciens domaines Palaka mais refusèrent toute imposition en céréales ou en hommes qui porterait atteinte à leur souveraineté.
Le second point reçut l’adhésion des Watara et Samori désigna Sabana Ulé comme le garant de cet accord. L’Almami
s’engagea en outre à ne
qu’elle refoule le conquérant sur les terres de l’Ouest. Aux yeux des autorités religieuses de Kong, Samory était pire qu’un animiste. Elles disaient qu’un «Musulman ne contracte pas une alliance avec le diable. Samori est le diable, il ne connait rien aux lois islamiques et sa conduite est celle d’un conquérant animiste. Il a pris le titre d’Almami pour tromper les vrais musulmans. ». SAMORY décide de détruire KONG, haut lieu de la civilisation musulmane.
SAMORY attaque KONG
L’Almami, conscient de ce rejet, las des insultes et des railleries des femmes de Kong qui l’appelaient le
pas envoyer des sofas dans la région de Kong. Pour montrer leur bonne foi, les Watara acceptèrent sur leur sol un résident samorien.
Le quatrième point suscita un débat houleux car Badyula, parlant au nom de Sokolo Mori empêché, déclara que les réfugiés qui se trouvaient dans la ville étaient des sujets du Kpon-Gèné et qu’à ce titre ils avaient le droit d’asile. Ces populations, martela Badyula, étaient désormais une partie intégrante de l’Empire et il ajouta que Kong était et demeurait une L’Almami entra dans une violente colère car il se rendait compte que Badyula était de mauvaise foi, et qu’il voulait l’entraîner sur un sujet sensible l’islam au nom duquel il prétendait dominer le monde.
ville ouverte, une cité sainte qui exercerait toujours son droit d’asile. L’Almami entra dans une violente colère car il se rendait compte que Badyula était de mauvaise foi, et qu’il voulait l’entrainer sur un sujet sensible l’islam au nom duquel il prétendait dominer le monde.
Les marabouts eurent toutes les peines du monde à le calmer et à sauver ainsi les accords de Borono. Les autorités religieuses et politiques de Kong et de Bobo-Dioulasso, comprirent que seul un serment sur le Coran pouvait garantir les
balafré, décida de détruire le haut lieu de la civilisation dioula qui avait vu naître des poètes, des historiens et des personnalités politiques hors du commun.Samory ne perdit pas de temps car il savait,
A l’est, Bakari Ulé eut plus de succès, il surprit Kunandi-Kèlèbagba hors des murs de la cité, lui infligea une retentissante défaite qui l’obligea à s’enfermer dans la ville détruite.
d’après ses agents de renseignement, que les troupes watara étaient hors des murs de la capitale. Ce fut donc une ville sans défense que Samori attaqua le mardi
Les autorités religieuses et politiques de Kong et de Bobo-Dioulasso, comprirent que seul un serment sur le Coran pouvait garantir les clauses du traité.
clausesaîHraCTAImami refusa de jurer lui-même sur le Livre saint, il demanda à Sirafana de co-jurer avec Badyula et Bakari Ulé pour le Kpon-Gènè ; pour le Gwiriko, les co-jureurs furent Sabana Ulé, Va Baba et Mamadi Djabi, l’un des neveux de Samory.
La rencontre de Borono apparut aux Watara comme une duperie et pour eux, la guerre contre Samory semblait inévitable. Le conquérant n’ignorait pas non plus que les Watara étaient en train de se doter d’une armée et il n’avait aucun intérêt à voir ressusciter le vieil Empire
1- La contribution de Kong aux efforts de guerre.
2- Le libre accès des sofas au nuire hé des chevaux.
3- L’installation d’un résident samorien à Kong.
4- La restitution des réfugiés du Dyimini, du dyamala et du Tagwana.
5- La conduite des sofas à Kong.
des Dioula.
La méfiance régnait toujours de part et d’autres malgré la signature des accords Borono. Samory continua à grignoter des
18 mai à l’aube. Les chefs de guerre, la Mori Ba, Badyula et Bakari Ulé étaient absents. La résistance s’organisa uniquement autour de Sabana Ulé, de Niot-Sori et de quelques autres princes venus faire des affaires dans la ville. Après une journée d’héroïques et durs combats, les Samoriens s’emparèrent de la ville, égorgèrent les marabouts, y compris Longhoso et le reste de la population valide prise dans le piège tendu par le conquérant. Ses équipes de démolisseurs mirent un ou deux jours pour raser la ville. Samori assista en personne à la décapitation des musulmans. Cet horrible massacre dura deux jours.
terrains autours de Kong. A défaut, il signait des accords politiques avec les alliés traditionnels de Kong pour mieux l’isoler militairement et diplomatiquement.
Avait-il épargné Kong, pour
La rencontre de Borono apparut aux Watara comme une duperie et pour eux, la guerre contre Samori semblait inévitable.
en faire plus tard la capitale de son nouvel Empire ? Ceci expliquerait pourquoi il orienta ses conquêtes vers la Volta pour se frayer un second chemin vers les marchés des chevaux du Mossi. Cette politique avait aussi pour but de se passer au besoin, des services de Kong, pour son approvisionnement en montures.
Source: Kodjo Niamkey Georges, Le royaume de Kong, des originesa la fin du XIXème siècle Paris/ Harmattan, 2006, 377pages.
Après une journée d’héroïques et durs combats, les Samoriens s’emparèrent de la ville, égorgèrent les marabouts,y compris Longhoso et le reste de la population valide prise dans le piège tendu par le conquérant.
les renforts affluèrent de partout vers Kong. Mâsa Kadari et son frère Lansana Tondosoma, tentèrent de secourir les Dioula assiégés,
Lettre de Samory
«Je ne ferai jamais la guerre aux musulmans!»
Je suis venu à
Kourodougou où il y a beaucoup de Dioula et de Haoussa, adorateurs d'Allah, disciples de Mahomet le prophète et je sais que les Ouattara sont leurs chefs.
vous écris en personne. J'ai voulu par cette lettre saluer Karamoko Oulé Ouattara et Sipala votre marabout. Je suis venu à Kourodougou où il y a beaucoup de Dioula et de Haoussa, adorateurs d'Allah, disciples de Mahomet le prophète et je sais que les Ouattara sont leurs chefs.
Moi, je ne ferai jamais la guerre aux musulmans ni ne prendrai Kong où il y a
après avoir fait évacuer la ville de Nafana, mais ils ne purent pas se frayer un chemin à travers la colonne de Ngolo, ils durent se replier sur Fasselemou où se concentraient les guerriers Watara. A l’est, Bakari Ulé eut plus de succès, il surprit Kunandi-Kèlèbagba hors des murs de la cité, lui infligea une retentissante défaite qui l’obligea à s’enfermer dans la ville détruite. Il chargea Badyula d’organiser le siège de la ville pour empêcher les Samoriens d’en sortir.
tant
Jamais je ne prendrai un musulman pour le vendre ni ne pillerai ses biens ni son mil ni rien de ce qui lui appartient.
de disciples du Coran et de célèbres marabouts. Jamais je ne prendrai un musulman pour le vendre ni ne pillerai ses biens ni son mil ni rien de ce qui lui appartient. Je désire commercer avec vous, aussi vous ai-je envoyé mes hommes avec des esclaves et de l'or pour avoir en échange des fusils, de la poudre et des chevaux. Vous êtes en amitié avec les Blancs de la côte. Il vous sera facile d'acheter pour moi aux Blancs des fusils et de la poudre. Vous êtes aussi les amis des habitants du Kénédougou ; prenez donc mes esclaves et veuillez les échanger chez Babemba contre des chevaux. Si vous faites
r prenez donc mes esclaves et veuillez les échanger chez Babemba contre des chevaux. Si vous faites ainsi, fai décidé de ne pas entrer sur vos L terres. J
ainsi, j'ai décidé de ne pas entrer sur vos terres.”
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SAMORY à la conquête de KONG (III)
La résistance des Watara
Du 18 au 21 mai, les archers komono et nzan encerclèrent la métropole,postés derrière les pans des murs encore debout et prirent les sofas pour cible. Pendant quatrejours, ce fut un véritable enfer pour les Samoriens qui poussaient des cris lugubres, atteints par les flèches empoissonnées des archers de Kong.
Samori n 'avaitpas envisagé qui/ pouvait être pris dans une souricière où ii risquait à tout moment d'être atteint.
wstrategieaeaerense
Les sofas évitaient de circuler dans les ruines pour rechercher des survivants à égorger. Samori n’avait pas envisagé qu’il pouvait être pris dans une souricière où il risquait à tout moment d’être atteint par une flèche empoisonnée. Les Watara avaient décidé de garder les cartouches pour les combats à venir.
Une véritable panique s’installa dans le camp de Samori qui savait que les communications avec l’extérieur étaient coupées et que Badyula interceptait désormais ses convois d’approvisionnement. Les colonnes qui tentèrent de
Les Watara avaient décidé de garderies cartouches pour ies combats à venir.
briser l’étau subirent des pertes énormes. Le 22 mai, Samori jugeant la situation critique, décida de sortir de cet enfer qu’il avait pourtant contribué à créer. Il organisa une vigoureuse sortie mais ne put atteindre Fasselomou
où étaient positionnés les archers du Nzan qui mirent hors d’état de nuire les troupes de Ngolo. Malgré les pertes en vies humaines, Samory obligea ses hommes à avancer. Il parvint au prix de mille difficultés à camper non loin du plateau de Limono où il eut la désagréable surprise de rencontrer le corps d’élite des archers Nzan qui abattit un nombre considérable de
Le 22 mai, Samory jugeant ia situation critique, décida de sortir de cet enfer qu'il avait pourtant contribué à créer.
ses montures.
La tactique adoptée
La tactique adoptée par les Nzan était de tuer les cavaliers mais aussi et surtout les chevaux. Il fallait priver Samori de ses montures. Seul le courage de l’Almami et la crainte qu’il inspirait à ses hommes lui permirent de repousser les archers. L’Almami avait subi cependant des dégâts considérables qui l’empêchaient de progresser. La chance lui sourit, car le lendemain matin, il reçut un renfort de plusieurs milliers de guerriers venus du Palakadyasa avec des vivres et des montures.
Le 24 mai, Samory rencontra les foros de Kong qui bloquaient la route à Nyando, commandé par Bakari U lé en personne, accompagné de Badyula, l’ennemi juré de
Samory et de la Mori Ba. Ces trois chefs de guerre avaient disposé leurs hommes en carré. Au premier rang, tous
Le vieux souverain refusa de quitter ie champ de bataille vivant, iiremit ies insignes du pouvoir à Bakari U/é afin qu'ils parviennent à Pinyèba.
les archers venus pour défendre Kong. Au centre, se trouvait le gros des troupes constituées par les diouladyon et les bambadyon
L’Almami, conscient de ia gravité de la situation, prit en main ia direction des opérations.
et à l’arrière plan, la cavalerie sous le commandement de Kumi, le faama de Kong qui avait tenu à participer aux combats malgré son grand âge.
L’Almami prend en main les choses
L’Almami, conscient de la gravité de la situation, prit en main la direction des opérations. Il lui fallait absolument vaincre les Watara pour établir le contact avec les armées de Bouna que commandait son fils Sarankenyi Mori. Il lui fallait aussi la tête des dirigeants dioula pour en finir avec Kong, oubliant peut-être que la sienne aussi était en jeu.
IAplusieurs repr/ses ies sofas furent repoussés à coup de flèches et de fusils.
Ceci expliquerait la rage avec laquelle les deux camps s’affrontèrent.
A plusieurs reprises les sofas furent repoussés à coup de flèches et de fusils, mais grâce à leur supériorité numérique, d’autres groupes revinrent chaque fois à la charge. Finalement, Samori lança toutes ses colonnes
contre les Watara qui, malgré leur courage et leur savoir-faire en matière de guerre, lâchèrent prise.
A en croire Hébert qui a interrogé un témoin oculaire, les combats durèrent trois jours. Samory avec ses 10 000 ou 12 000 hommes, avait une supériorité numérique incontestable. En face de lui Kong n’avait que 6 000 hommes. L’Almami remporta la dure et longue bataille de Nyando. Mais il dut encore affronter la garde de Kuni, les 900 diouladyon équipés de fusils et de flèches, qui protégeaient la retraite des princes du Kpon-Gènè.
Le refus du vieux souverain
Le vieux souverain refusa de
L’histoire de l’empire Watara allait désormais se confondre avec ce/iede/a colonisation.
quitter le champ de bataille vivant. Il remit les insignes du pouvoir refusa de quitter le champ de bataille vivant. Il remit les insignes du pouvoir à Bakari Ulé afin qu’ils parviennent à Pinyèba. Il trouva la mort au pied d’un arbre en compagnie de ses fidèles bambadyon. Les princes Watara qui survécurent à cette effroyable guerre gagnèrent Bobo et se mirent au service de Pinyèba et de Caudrelier qui reprit la lutte contre Samori. Mais la page glorieuse de l’histoire de Kong était définitivement tournée. L’histoire de l’empire Watara allait désormais se confondre avec celle de la colonisation.
Pr. Kodjo: extrait de son ouvrage, le royaume de Kong (Edtion Harmattan)
La France, SAMORY et les Watara: géopolitique et stratégies pour le contrôle de KONG
Mai 1897. Précisément les lundi 14, mardi 15 et mercredi 16, l'affrontement tant redouté mais inévitable oppose celui qui se fait désormais appeler l'Almamy, Commandeur des Croyants, et l'empire musulman de KONG: avant cette attaque, quelles étaient les stratégies pour finir à Paris, KONG et Dabakala (siège dans l’Etat major de SAMORY ?
SAMORY ne supportait pas d'être commandeur des croyants sans pouvoir installer sa capitale dans la plus prestigieuse capitale et ville sainte du peuple Mandé-Dioula. L'attrait de la capitale dirigée par les Watara depuis 1700 est irrésistible. C'est une ville charmante, avec un dynamisme culturel, religieux, intellectuel et commercial unique au carrefour du Nord et du Sud forestier. Donc un carrefour naturel et un point stratégique pour tout conquérant.
A Kong habitent presque trente mille personnes dont de nombreuses fortunes et riches commerçants. Mais il y a des obstacles énormes et presque insurmontables. Qu’à cela ne tienne. SAMORY a décidé de se jeter dans la conquête quel qu en soit le coût. En face de lui les Watara n'ont plus le choix. Ils sont sur leurs terres, la terre de leurs ancêtres. Ils sont les gardiens de l'islam et des valeurs qui incarnent cette religion dont se réclame aussi SAMORY auto proclamé commandeur des croyants.
La stratégie de SAMORY est de neutraliser tout 'abord tous les soutiens locaux de KONG et de menacer tout soutien étranger potentiel comme la France qui elle aussi est attirée par KONG. Il y réussit. La stratégie des Watara est face à l'inévitable de protéger l'essentiel, de ne pas se disperser et de faire en sorte que quelle que soit l'issue du combat le royaume des Watara survive pour l'éternité.
La stratégie de la France est d'empêcher SAMORY de descendre vers le sud ou de remonter vers le nord de ce qui va être plus tard la Côte d'Ivoire. Tout en surveillant toute liaison possible entre SAMORY et les anglais à l'Est. Malgré la signature d'un traité de paix avec KONG, la France hésite à se lancer franchement dans la défense du royaume de KONG. Ses meilleures garnisons capables de faire la différence sont trop éloignées. SAMORY est un soldat redoutable qui leur a déjà montré de quoi il est capable.
A Paris, diplomates, politiques et militaires confrontent leurs stratégies respectives contradictoires parfois. Faut-il appliquer les accords de défense signés avec Kong ? Ou laisser SAMORY faire le sale boulot de la mise au pas d’un royaume musulman puissant, fier et sans complexe? Paris hésite mais finalement un choix est fait sur la base des intérêts primordiaux de la
France.
La France préfère plutôt s'occuper de SAMORY quand il se sera usé contre le puissant royaume de KONG et aura perdu sa crédibilité chez les peuples musulmans de la région qui considéraient KONG comme leur ville sainte. A KONG, l'homme de la me ne comprend pas l'attitude la de la France. Au sommet, le pouvoir politique et le pouvoir religieux de KONG débattent de la meilleure stratégie à adopter; car à KONG le pouvoir politique est l'affaire des Watara et le pouvoir religieux l'affaire des Sanogo. SAMORY ne comprend pas que bien qu'il se soit proclamé commandeur des croyants, les ulémas de KONG lui refusent l'allégeance totale. Il ne comprend pas aussi que bien qu'il se soit emparé militairement d'une grande partie du royaume des Watara ceux ci lui refusent l'allégeance pure et simple. KONG doit donc payer le prix fort. KONG de son côté jure que SAMORY doit payer chèrement le prix de son audace, en s'attaquant à ses terres.
Ainsi en 1897, à la veille de la fête de la Tabaski entre le 14 et 18 mai, SAMORY en colère fonce tête baissée, avec plus de dix mille soldats contre la ville de KONG dont les six mille défenseurs étaient sortis plus tôt pour pouvoir encercler les troupes samoriennes dans le piège du plateau de KONG. La bataille va durer trois jours et trois nuits. SAMORY prend la ville de KONG mais pas le royaume des Watara. Les Watara perdent momentanément leur capitale mais pas leur royaume.
La bataille entre les assaillants et les défenseurs de la ville sainte est mde. Très rude même.
SAMORY est obligé de se battre farouchement avec la dernière énergie propre à l'instinct de survie, pour battre, il doit se frayer un chemin. Il sort très affaibli de ce bourbier avec les pertes énormes. Il en payera les conséquences un an plus tard, par son arrestation à l'ouest de la Côte d'ivoire et son emprisonnement au Gabon loin de KONG, de ses terres natales, et de son empire du Wassoulou. Le royaume des Watara est resté vivant et témoigne aujourd’hui encore, de l’ampleur du drame de ce face à face avec SAMORY; d’où son surnom de “KONG L’ETERNELLE”.
Abou Khal Fatim
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i^^^^^^M
Esquisse bibliographique sur Kong
Traité entre la France et le royaume de Kong (1889) .
❖BERNUS (Edmond), « Kong et sa région » in Etudes Eburnéennes, 1960, n°8, pp239-324.
❖BINGER (Louis Gustave), Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Kong et le Mossi (1887-1889), Paris, Hachette, 1892, réédité en 1980, 416 pages.
❖CHENORKIAN (Robert), « Prospections préhistoriques en Côte d’Ivoire : les sites de Ehania-Krinjabo et Kong » in Travaux du LAPMO, Aix-en-Provence, 1979, 5 pages.
❖DERIVE (J), « Le chant de Kurubi à Kong » in Annales de l’université d’Abidjan, série J, tome II, 1976
❖DIABATE (Victor), La région de Kong d’après les fouilles archéologiques. Prospections, sondages et direction de recherche, sous dir. Jean Dévisse, Paris,
Insolite à Kong
Acte de tolérance entre espèces différentes.
Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne, juin 1979, Thèse de 3è cycle, 299 pages.
❖KODJO (Niamkey Georges), Le royaume de Kong (Côte d’Ivoire), des origines à la fin du XIXème siècle, Paris, L’Harmattan, 2006, 377 pages.
❖Mémorial de la Côte d’Ivoire, T4 : Grandes figures ivoiriennes, Abidjan, Edition Ami Abidjan, 1987, 141p
❖PERSON (Yves), « Les ancêtres de Samori » in Cahiers d’Etudes Africaines, vol IV, n°1, 1963.
❖PERSON (Yves), Samori, une révolution dyula, IFAN-Dakar, 1968, 3tomes, 2375p ❖ZEMP (Hugo), « La légende des griots malinkés » in Cahiers d’Etudes Africaines, 1966, VI, n°24, pp611-642A.
Traité conclu avec les Etats de Kong, le 10 janvier 1889, au nom de la République française (ratifié par le décret du 27 juillet 1889).
Entre le capitaine d'infanterie de marine Binger, d'une part et Karamokho oulé Ouattara, chef de la ville de Kong, il a été convenu ce qui suit :
Article premier : le chef du pays de Kong déclare placer la ville de Kong et ses Etats sous le protectorat de la France. Art 2 : le commerce se fera librement dans le pays de Kong et ne sera soumis à aucune taxe, le chef de Kong s'engage à favoriser (...) les relations commerciales entre ses Etats et les comptoirs français établis, tant sur la cote d'or (Assinie et Grand-Bassam) que dans le Soudant Français.
Art 3 : les Français seuls pourront venir faire du commerce dans les Etats de Kong.
Art 4 : les missionnaires, voyageurs et autres sujets français seront libres de venir se fixer et traverser les Etats de Kong. Le chef de Kong s'engage à leur accorder protection dans toutes les circonstances.
Art 5 : L'exercice de tous les cultes religieux sera libre dans les Etats de Kong. Les Français, de leur côté, s'engagent à ne pas entraver l'exercice de la religion musulmane.
Art 6 : le gouvernement français sera seul juge des différends qui pourront se lever entre les Etats de Kong et les pays placés sous la protection de la France.
Art 7 : le chef de Kong s'engage à ne conclure aucune convention avec d'autres nations sans le consentement de la France.
Art 8 : en compensation des avantages accordés ci-dessus à la France un cadeau annuel (50 fusils, 20 barils de poudre, 40 pièces de calicot de 15 m et 300 pièces de 5 francs en argent) à Karamokho Oui Ouattara, chef de Kong et des Etats de Kong (...).
Fait et signé à Kong. (Signé) G.binger (marque de) Karamokho Oulé Ouattara ont signe comme témoins :
M. Treich-Laplène, résident par délégation à Assinie.
M. Bafolugué Daou, notable à Kong.
M. Mokhosia Ouattara, notable à Kong.
M. Kérétigui Ouattara, notable à Kong, frère ainé de Karamokho.
M. Oulé Ousmane, petit fils de Sékou Watara.
Décret de la création de Côte d’Ivoire (1890)
C’est dans ce sens que fut signé le traité de Kong que nous Le Président de la République française décrète
Article 1er : les colonies de la Guinée française, de la Côte d'Ivoire et du Bénin constituent trois colonies distinctes qui sont classées parmi les colonies du groupe énuméré par l'article 4 du décret du 2 février 1890. L'administration supérieure de chacune de ces colonies est confiée à un gouverneur assisté d'un secrétaire général.
Article 2 : les gouverneurs de la Guinée française, de la Côte d'Ivoire et du Bénin exercent, dans toute l'étendue de leurs colonies respectives, les pouvoirs déterminés par les décrets et règlements en vigueur et notamment par l'ordonnance organique du 7 septembre 1840. Le gouverneur de la Côte d'Ivoire est chargé de l'exercice du protectorat de la République sur les Etats de Kong et les autres territoires de la boucle du Niger.
Toutefois les Etats de Samory et de Thieba restent sous la juridiction du commandant supérieur du Soudan français.
Fait à Paris le 10 mars 1893 signé : Carnot.
Par le Président de la République.
Le Ministre du commerce, de l'industrie et des colonies, signe : Siegfried .
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Suite de la P4
Les enseignements de l’histoire de la cité prestigieuse de KONG
Interview exclusive du Dr. Lémassou FOFANA (Suite et fin) Historien de renom, auteur de plusieurs ouvrages et d’articles scientifiques, chercheur émérite et spécialiste de Kong, nous livre ici des informations capitales sur Kong notamment sur les motivations profondes de l’attaque de KONG ( la ville sainte) par l’Almami SAMORY TOURE.
[CHRONOLOGIE DE KONG J
FIN XVe siècle:
Bokar chef de clan Traoré crée le royaume Mandé Dioula de Kong
2- Quelles sont les alliances politiques que l’empire et le royaume de Kong avait en Côte d’Ivoire et dans la sous-région ?
En raison du poids de Kong dans Z* Une grande puissance A vieille de plusieurs siècles accepte rarement une domination extérieure quel que soit le masque porté par k le conquérant.
plupart des Oulémas de la cité ont préféré être massacrés dans la grande mosquée que de rallier l’Almamy Samory Touré qui pour eux ne méritait pas d’être élévé à la dignité de Ouléma.
l’histoire, la cité entretenait des relations diplomatiques fortes avec l’ensemble des régions de l’Afrique de l’Ouest. Souvenons-nous que c’est grâce à l’intervention de Kong que le royaume Abron a pu échapper à la domination Ashanti au début du 18ème siècle. C’est Kong qui sauva en effet le royaume Abron de Bondoukou d’où son influence diplomatique dans toute la région. Traités de paix avec tous les royaumes Mandingues, toutes les cités Etats de Côte d’Ivoire mais également des liens diplomatiques forts avec les royaumes
4- Pourquoi Samory en voulait-il à Kong une ville musulmane alors qu’il s’était lui même autoproclamé Almamy ?
Pour les Oulémas de Kong, Samory ne pouvait pas être élévé à la dignité de Ouléma ni de Almamy. Par ailleurs, une grande puissance vieille de plusieurs siècles accepte rarement une domination extérieure quel que soit le masque porté par le conquérant.
Le refus de soumission de Kong à Samory a été interprété par celui ci comme la fin de son règne « impérial », d’où sa colère.
Dr. Lémassou FOFANA
PouTIe^O ulémas
1495 - 1570:
Règne des Traoré
1663:
Construction de la petite mosquée
1680:
Construction de la grande mosquée détruite par Samory en...
1660 -1710 :
Le Prince animiste Mandé Ishra Traoré prend le pouvoir
Début du 18e siècle :
Révolte des musulmans de Kong contre le refus des autorités de laisser édifier une mosquée à Kong
5- Quel est le circuit de l’immigration suivi par les marabouts après la destruction de Kong ?
1710:
Shaykh Umar ( Sékou Watara écrase les animistes et s’empare du pouvoir. Le nouvel Etat prend le nom de Kpon Géné
c’est grâce à l’intervention de Kong que le royaume Abron a pu échapper à la domination Ashanti au début du 18ème siècle. C’est Kong qui sauva en effet le royaume Abron de Bondoukou d’où son influence diplomatique dans toute la
région. /
Agni et le royaume Ashanti.
Après la Chute de Kong en 1897, les marabouts de Kong ou ce qu’il en restait, à l’instar des autres composantes de la population ont trouvé refuge dans la plupart des centres islamiques de l’époque (Bondoukou, Mankono, Bouna, Odienné, etc.).
En réalité, ils étaient accueillis avec respect et dignité dans leur lieu de refuge.
8"
Quelles sont les autres
6- Pourquoi la France n’est pas venue au secours de Kong face à Samory?
3- Quelles sont les destructions subies par les Oulémas et le patrimoine islamique lors du passage de Samory à Kong ?
Le passage de Samory dans la région correspond, comme le souligne avec justesse le Professeur Kodjo, à une phase de grande instabilité politique dans le royaume de Kong due à des rivalités intestines entre les différentes familles régnantes. Malgré cette faiblesse, Kong démeurait une zone stratégique pour le commerce et pour le ravitaillement des troupes de Samory notamment en chevaux et en armes. Maîtriser Kong devenait ainsi pour Samory Touré une obsession car la soumission de Kong induisait inéluctablement le ralliement des autres royaumes de la région. Pour cela, il comptait sur l’appui des Oulémas.
Cependant, malgré quelques hésitations, ceux ci n’ont pas daigné répondre à sa requête ; ils ont préféré le martyre à la soumission. L’histoire soutient que la
Pour cela, il comptait sur l’appui des Oulémas.
Cependant, malgré quelques hésitations, ceux ci n’ont pas daigné répondre à sa requête ;
ils ont préféré le martyre à la soumission. L’histoire soutient que la plupart des Oulémas de la cité ont préféré être massacrés dans la grande mosquée que de rallier
l’Almamy Samory Touré qui pour eux ne méritait pas d’être kélévé à la dignité de Ouléma.Â
La France avait la même ambition de conquête que Samory. Elle n’avait donc pas intérêt à avoir en face d’elle une puissance militaire, diplomatique, intellectuelle et économique.
Binger d’ailleurs avait senti que malgré la courtoisie dont avaient fait preuve les chefs politiques de la cité lors de son
villes du savoir islamique en Côte d’Ivoire?
Il serait fastidieux de donner une liste exhaustive de ces centres car ils sont nombreux. A l’Est, on peut citer Bouna et Bondoukou. La région de Dabakala, Satama sont également des hauts lieux de diffusion du savoir. Mbengué, Tengrela , Kolia, Gbon, Kadioa sont connus dans
devenait ainsi pour Samory 1 k Touré une obsession. J
1720:
Construction du centre islamique par Karamoko Sabaki
1725:
La grande mosquée détruite par Samory est en... est reconstruite
1735:
Le frère de Sékou Watara crée le royaume du Gwiriko dont Bobo Dioulasso est le poumon
1738:
Apogée de l’empire de Watara
devoir de mémoire, il ne serait pas superflu que les Oulémas Ivoiriens inscrivent cette date dans le calendrier comme un moment de recueillement et l d’espérance. y
passage, le ralliement à la cause Française n’était pas évident.
Disons de manière cynique que Samory Touré a fait « le sale boulot « pour la France.
l’imaginaire comme des grands centres de diffusion du savoir. Dans la région du Worodougou, outre Mankono et Séguéla, les centres de Kani, de Boron sont particulièrement cités en exemple comme centres de diffusion du savoir. En pays Mahou, hormis la ville de Koro où repose l’un des saints des savanes Ouest-Africaines, berceau des Oulémas Bakayoko, l’on pourrait citer Touba, Ferenteguela, Ganhoué comme centre de savoir islamique. Il en est de même pour les villes d’Odienné, Samatiguila et Tiémé au nord ouest.
Comme on le constate, il s’agit là des centres les plus connus mais d’autres Cités ont un rayonnement local à l’instar de Fanfala dans la région de Goulia.
1740:
Les Ashantis envahissent le Gyaman, taillent les Abrons et marchent sur Kong où ils sont écrasés par les troupes des Watara
1745 :
Mort de Sékou Watara
1748:
Kumbi Watara arrive au pouvoir à Kong
1770:
Kumbi Watara meurt à Kong capitale intellectuelle et religieuse de l’Afrique de l’Ouest.
7- Quels sont les lieux saints ou historiques de Kong ?
Pour les historiens, toute la région de Kong est un monument historique pour l’histoire de l’Afrique notamment à partir du 10ème siècle.
Pour les Oulémas Ouest-Africains, la ville de Kong est une ville sainte avec des espaces de haut lieu de spiritualité comme la grande mosquée de Kong. Méditer dans cette mosquée, prier et implorer Dieu dans cette mosquée est considéré pour beaucoup comme une grâce de Dieu.
9- Le mois de mai 1897 a été particulièrement sanglant à Kong.
Est ce qu’il n’y a pas lieu de célébrer cet événement douloureux ?
Comme tout événement historique tragique, mai 1897 marque une tentative de décapitation de l’Intelligentsia Islamique par un « prétendu » résistant. C’est le drame et les contradictions de l’histoire Africaine.
Pour ma part, par devoir de mémoire, il ne serait pas superflu que les Oulémas Ivoiriens inscrivent cette date dans le calendrier comme un moment de recueillement et d’espérance.
1770 - 1850
Les successeurs de Kumbi Watara connaissent des règnes mouvementés au milieu du 19e siècle (vers 1850) : Karamoko Dari souverain pieux et fin lettré restaure la préséance du pouvoir central à Kong.
1850
Une série d’épidémies et de famines coïncident avec de graves conflits locaux et la pénétration des
Français dans la région, ainsi que les visées de Samory sur Kong.
1888:
Binger estime le nombre d’habitants à Kong à 15 000
20 avril 1988 :
Le Président de la République de Côte d’Ivoire signe un décret portant classement et délimitation des sites et monuments de la ville historique de Kong retenue par l’UNESCO comme patrimoine mondial
Banque de proximité
Le Hadj et la Tabaski. Date probable 03 ou 04 Octobre 2014
PLAN EPARGNE
PELERINAGE - TABASKI - RAMADAN
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LA CAISSE D'EPARGNE
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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE
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LA CARTE DE TRANSPORTEUR
^sannrr
SOCIETE NATIONALE DES TRANSPORTS TERRESTRES
Personne physique / Personne morale
REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
U CARTE»
^ Photocopie de l’inscription au registre de transporteur.
^ 02 photos d’identité couleur (pour les personnes ne pouvant se déplacer).
/ABIDJAN 1 SIEGE-*-ABIDJAN 2 ANGRE -*- ABIDJAN^ 3 OSER -*- ABIDJAN 4 ADJAME -*- ABIDJAN 5 MAR-CORY -*- ABIDJAN 5 BIVA -*- ABIDJAN 6 ABOBO CENTRE -*- ABENGOUROU -*- ABOISSO -*- BOUAKE -*- BONDOUKOU -*■ DALOA -*- GAGNOA -*- KORHOGO -*- MAN -*- ODIENNE -*■ SAN-PEDRO -*- SOUBRE -*-YAMOUSSOUKRO
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Islam Info HS N°14 Mai 2014
Rajah 1435 H
Histoire de ta Mosquée de KONG
Entretien avec Dr. Konaté Siendou
HISTOIRE DE KONG DATES IMPORTANTES
1710 - Début création du royaume de Kong
“Le site de la grande Mosquée était le bois sacré”
Biographie de Siendou Konaté
Ancien boursier Fulbright, Konaté Siendou a obtenu son PhD en Études comparées à l’Université d’État de New York à Binghamton aux États-Unis. Il a enseigné la littérature et la culture africaine et africaine-américaine aux États-Unis ainsi que les Études culturelles en Ontario au Canada.
Actuellement, il enseigne la littérature comparée et les Études américaines à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody à Abidjan en Côte d’Ivoire.
BASSIAKA OUATTARA, Adjoint au Maire de Kong
“La grande Mosquée est notre richesse indéniable
Par la force de l’histoire, la ville de Kong a vite bénéficié de l’islam. Par le biais du commerce
Le site de la grande Mosquée de Kong était le bois sacré des Ouattara. Quand les parents ont voulu installer une Mosquée parmi les animistes, on leur a dit qu'ils pouvaient aller construire leur Mosquée. Dans la forêt sacrée. Quand ils sont allés déblayer la forêt, mais auparavant, on leur a demandé de donner le pesant en or par rapport à la portion de terre qu'il voulait. On leur a donné ce qu'ils voulaient et les parents ont essayé de décimer les arbres. Il y avait un arbre qui ne voulait pas être décimé. A chaque fois l'arbre tombait devant ceux qui l'abattaient et le lendemain, il se tenait debout. Il a fallu que les parents aillent
transsaharien, l’islam a transité par les mosquées de Djenné, de Tombouctou entre le 12ème et le 13ème siècle, pour arriver à Kong où la population a adhéré pleinement à cette religion. Beaucoup estiment même que la petite mosquée de Barola a été construite à cette époque. La grande Mosquée, est notre richesse c’est indéniable. Elle date comme vous le savez du 17ème siècle. Il en est de même pour la petite Mosquée, chez les Barro et je crois qu’elle existe depuis la fin du 13ème et début du 14ème
faire beaucoup de retraites spirituelles. C'est après cela que l'arbre a accepté de s'incliner. C'est l'une des raisons pour lesquelles les Konaté sont ceux qui nomment les imams à Kong. Celui qui a fait ce travail, c'était notre arrière grand-père, Sagarasinan. Voilà pourquoi les Konaté sont les adjoints à l'imam et contribuent le plus souvent à nommer les imams.
Pourquoi les musulmans de Kong ont voulu construire forcément une Mosquée dans la forêt sacrée ?
C'était symbolique. La symbolique, c'était que les animistes étaient très encrés dans leurs valeurs religieuses. Ils voulaient absolument défier la nouvelle religion qui était en contact avec eux. Évidemment, le challenge était très grand pour les musulmans. Il leur a fallu du temps pour réussir à déblayer cette forêt avec l'ardeur et la foi en Allah qu'ils avaient a permis la construction de cette Mosquée. Mais également cela a donné une nouvelle façon de voir aux animistes qu'on appelait les « Djatiguis ». Ces vendeurs essayaient de soumettre les musulmans à un challenge. C'était notre Dieu unique contre leurs dieux. Les musulmans sont
siècle. La Baraka qu’il y a dans cette mosquée du fait de la succession de tous les imams, saints et érudits depuis sa construction se répercute évidemment sur les enfants de Kong. Par ricochet, il y a eu beaucoup d’érudits à Kong et il y en a beaucoup encore à qui Dieu a donné la connaissance du Coran, la science ésotérique liée au livre saint. A Kong, on a eu beaucoup de walidjou. Dans notre ville il y a beaucoup de familles maraboutiques et dans chaque famille, il y a des érudits. Notre ville a participé pour beaucoup à
parvenus à le faire n'eussent été la distance et l'abnégation des parents dans leurs prières. Malgré la remise du prix de la forêt, l'arbre n'a pas voulu s'incliner. Mais avec la retraite spirituelle, l'arbre a fini par s'incliner. C'était une confrontation entre deux religions ou civilisations. La façon de voir Dieu pour le musulman, c'est l'Islam. Cela a permis aux musulmans de prendre en compte la notion de l'ouverture. Ils n'ont pas cherché à s'en prendre à leurs hôtes, mais ils ont opté pour une coexistence. On peut voir ce passage dans le règne de Cheick Oumar ou encore appelé Sékou Ouattara. C'est vrai qu'il voulait établir un royaume musulman, mais il s'est d'abord intéressé aux peuples de la région (les nafaras sur la languette de Kong en passant par N'Golodougou). Parmi ces peuples, certains se sont islamisés et d'autres sont encore animistes depuis les origines de l'Etat de Kong. C'est que très souvent on parle de l'hégémonisme de l'Islam, mais à Kong, ce hégémonisme s'est ajusté sur le plan commercial. C'est-à-dire que le Dioula (Malinké-Musulman commerçant) connaissait sa place et ce qui l'intéressait, pratiquer sa foi en faisant le commerce.
1850 - Epidémie et famine
1880 - Les marabouts tentent de raisonner Samory de ne pas attaquer kankan
1881 - Kankan tombe
1882 - Samory entre à Kankan où il massacre les lettrés
Mai 1887 - Samory amasse 30 à 35 000 soldats
1888- Binger entre à Kong
Février 1888 - Samory échoue aux portes de Sikasso
1889 - Faux traité entre des Kongois non représentatifs et
Binger
1892 - Samory tue un Capitaine Français
1893 - Début de la débâcle de Samory
1893 - Moskowitz prépare une mission à Kong
27 au 28 janvier 1893 - Mort accidentelle de Tieba ennemi juré des Wattara de Kong et Bobo
20 mars 1893 - La colonie de la Côte d’Ivoire est créée par décret
l’islamisation de la Côte d’Ivoire et même hors de la Côte d’ivoire par le biais des premiers enseignants coraniques qui sont partis de chez nous Pour preuve, dans beaucoup de villes de ce pays beaucoup d’anciens se réfèrent aux érudits de Kong tels que Moustapha Sogodogo et l’imam Baro lors des lectures coraniques.
C’est l’ensemble de tous ces faits qui me permets de dire sans aucune volonté d’ostentation que, ce sont les prières de ces marabouts de ces érudits dans nos mosquée qui ont conféré la baraka à notre cité et par ricochet à ses enfants.
1894 - Samory installe sa Capitale à Dabakala
Avril - mai 1894 - Le Roi Sénoufo Zwa Kongon meurt et est remplacé par Peto Fogho Sono Gon Koulibali qui se rallie à Samory.
Juillet et août 1894...
13 septembre 1894 - Les Français abandonnent Kong
18 novembre 1894 - Sokolo Mori meurt.
21 février 1895 - Samory attaque Bilimino un département du Royaume de Kong.
02 mars 1895 - Marchand attaqua Samory mais celui-ci lui infligea une défaite humiliante.
5 au 15 Avril 1895 - La rencontre de Borono entre Samory et Kong débouche sur un pacte de non agression.
1er juillet 1895 - Bondoukou est prise par Samory.
13 novembre 1895 - Samory envoie une lettre aux autorités de Kong.
4 mai 1896 - Samory quitte Dabakala pour la campagne militaire contre Kong.
Mai - juin 1896 - Samory prend Kumba et Kalakala.
8 au 21 mai 1897 - Samory attaque Kong 1898
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Rajab 1435 H
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Interview exclusive d'El Hadj SAKANOKO Bass
Sakanoko Bakary de Kong était le premier aviateur ivoirien
Feu Bakary Sakanoko, fut le tout premier pilote ivoirien et le premier instructeur de pilote privé de l'Afrique de l'ouest. Sa passion de l'aviation l'emmène à aller apprendre et se peifectionner en France et aux Etats-Unis d'Amérique. Seul à bord de son monomoteur, il fait la traversée Paris-Abidjan en mai 1969. Dans cette interview exclusive avec El Hadj Sakanoko Bass (cadre commercial), le neveu de feu Bakary Sakanoko, nous vous invitons à découvrir le premier pilote instructeur de l'Afrique de l'ouest et natif de la ville sainte de Kong.
El Hadj SAKANOKO Bass
Pourquoi feu SAKANOKO Bakary était si passionné d'aviation?
Feu Bakary était passionné d'aviation dès son jeune âge,il rêvait de devenir pilote.Une conviction qu'il s'est forgée depuis sa prime jeunesse. En 1958,à Dakar, à l'âge de 18 ans, dans l'armée française,il assimilait ses premières leçons de parachutisme;ce qui lui a enlevé la crainte du vide et l'a passionné davantage pour l'aventure de l'espace aérien.Trois ans plus tard en France,il s'inscrit à l'Aéro-club de Toulouse où il fit à 21 ans ses premières armes dans le domaine aéronautique.
De retour au pays,tout en étant Inspecteur des P.TT (spécialité télecommunications)en détachement auprès de la Compagnie Multinationale Air Afrique,il devient à l'Aéro-club d'Abidjan le premier aviateur ivoirien et le premier instructeur du sport aérien de l'Afrique de l'Ouest.Ace titre,à l'Aéro-club d'Abidjan,il a été l'instructeur du défunt Colonel-major Dosso Adama(pilote présidentiel,paix à son âme)à l'époque
Feu Bakary’ était passionné d'aviation dès son jeune âge fl rêvait de devenir pilote.Une conviction qu'il s'est forgée depuis sa prime jeunesse.
où il était étudiant à l'Université Nationale de Côte d'Ivoire ainsi que de plusieurs jeunes africains et européens.
Vous a-t-il parlé ou raconté son vol de Paris à Abidjan en avion monomoteur?
En effet,il nous a raconté ce vol Paris-Abidjan à bord d'un avion d'école monomoteur Rallye MS 892 immatriculé FOC MZ qui a duré sept jours(du 21 au 28 mai 1969). Au cours de ce voyage, il a eu à traverser la France,l'Espagne,la Mauritanie,le Mali et la Côte d'Ivoire.Comme lui-même aimait le dire, "l'oiseau a bien tenu et la traversée s'est bien déroulée à part quelques ennuis météorologiques qui m'ont obligé à rester trois jours en Espagne".
A son arrivée à l'aéroport d'Abidjan Port Bouët, il a été chaleureusement accueilli et félicité par plusieurs membres de l'Aéro-club avec à sa tête Mr d'Almaric
Vincent(vice-président) et Mr Reynes(représentant de Sud-Aviation, propriétaire de l'avion) pour l'exploit à l'époque,remarquable et fabuleux qu'il venait de réaliser.
Pourquoi a-t-il décidé de quitter le Zaïre où il était commandant de bord pour venir en Côte d'Ivoire?
Permettez-moi de vous raconter d'abord l'histoire de son départ en République populaire du Zaïre. En effet, feu Sakanoko Bakary après avoir obtenu le 25 février 1969 à Paris le brevet de pilote professionnel d'avion, il est parti en 1970 aux Etats-unis où il a obtenu avec brio en 1972 la licence de pilote de ligne au Centre de Formation Aéronautique Burnside-Ott de Miami(Floride)avec qualification DC8/DC 10 et qualification instructeur(Mention très bien).De retour au bercail,il sollicite un emploi de pilote de ligne à la Compagnie Multinationale Air
Dépité par cette situation, il est parti en exil au Zaïre où il a été engagé à son arrivée en 1973 en tant que pilote de ligne sur DC10 à la Compagnie nationale Air Zaïre.
Afrique où on ne jurait à l'époque que pour la licence française de pilote.Pour pouvoir être embauché, les responsables de la Compagnie d'Air Afrique lui demandaient d'aller en France faire une équivalence de sa licence américaine de pilote.
Il a refusé catégoriquement cette condition estimant qu'étant le major de sa
LE PREMIER AVIATEUR IVOIRIEN, M. SAKANOKO BAKARY, EFFECT LA TRAVERSEE EUROPE - AFRIQUE A BORD D' UN MONO - MOTE
promotion au Centre Aéronautique de
tirez-vous de sa vie?
Burnside Ott de Miami (avec les meilleurs pilotes français), il ne pouvait pas accepter une telle humiliation. Dépité par cette situation, il est parti en exil au Zaïre où il a été engagé à son arrivée en 1973 en tant que pilote de ligne sur DC 10 à la Compagnie nationale Air Zaïre. Par la suite,il devient Commandant de bord sur DC 10 et pilote présidentiel pour l'équipage du Président de la République Populaire du Zaïre feu Mobutu Sese Seko(paix à son âme). Lors d'une de ses visites en 1978 à Yamoussoukro, le Président zaïrois feu Mobutu Sese Seko a présenté feu Sakanoko Bakary au Président feu Félix Houphouet Boigny (paix à son âme) en disant de lui que c'est un pilote ivoirien très doué qui fait la fièreté de l'authenticité africaine.
Le Président ivoirien fier de son compatriote a plaidé auprès de son homologue pour qu'il libère celui-ci afin qu'il vienne mettre ses qualités et ses performances au service du pays et de la sous-région. Peu avant son retour au
pays,c'est à dire le 23 février 1978,feu Sakanoko Bakary à été reçu en audience
Le Président ivoirien fier de son compatriote a plaidé auprès de son homologue pour qu 'il libère celui-ci.
par le Président zaïrois feu Mobutu Sese Seko en sa résidence privée du camp Tshatshi de Kinshasa qui le décore lui même "Officier dans l'Ordre National du Léopard" pour services loyaux rendus pendant cinq ans à l'Aviation civile zaïroise et par ricochet à la Nation zaïroise. En 1978,il rentre en Côte d'Ivoire et sur instruction du Président feu Félix Houphouet Boigny à feu Aoussou Koffi alors Président Directeur Général de la Compagnie Multinationale Air Afrique,il est engagé comme pilote professionnel de ligne jusqu'à sa retraite.
Sakanoko Bakary était capitaine de l'armée française, diplômé de droit, inspecteur des RT.T, pilote instructeur, vice-président de l'Aéro-club d'Abidjan, président de la fédération aéronautique et des sports aériens, pilote professionnel de ligne......etc. Que voulait-il exactement?
C'est un homme toujours à la recherche du savoir de l'inconnu,pour lui,on ne finissait jamais d'apprendre et qu'il fallait toujours aller de l'avant. Il aimait le travail bien fait et les personnes qui aiment apprendre.
En tant que neveu, quelles leçons
Feu Sakanoko Bakary était un humaniste persévérant, honnête, humble et rigoureux.
Feu Sakanoko Bakary était un humaniste persévérant, honnête, humble et rigoureux. Il ne passait pas par quatre chemins pour vous faire entendre ce qu'il pense. Ce qui faisait de lui un homme incompris. En tant que jeunes nous avons toujours cherché à lui ressembler malgré sa rigueur et son franc-parler.
En étant fils de Kong, quel symbole représente-t-il pour vous?
Un modèle.Pour preuve,un de ses neveux Baba Danouma a emprunté le même chemin: celui de l'aéronautique. Il est actuellement pilote professionnel spécialisé dans la photographie aérienne et la télédétection au Bnetd.
- Né le 27 novembre 1939 àOuéllé (ancien Département -Mai 1969:
de Dimbokro). Traversée Europe -Afrique (Paris-Abidjan) à bord d'un
- 23 février 1978: avion monomoteur Rallye MS
Officier de l'Ordre National du 892 immatriculé FOC MZ
Zaïre. avec des escales en Espagne, Mauritanie et au Mali (in
- Pilote de ligne DC8 et DC 10 - Instructeur de pilotage Fratmat du 29 mai 1969).
- Ingénieur des Travaux de -1970:
Télécommunications (Major Détachement par décret auprès
de promotion). du Ministère Ivoirien des Transports.
-1947-1953: Ecole Primaire Publique de -1970-1972:
Dimbokro. Centre de Formation Aéronautique de BURNSIDE-
-1953-1957: OTT à MIAMI en Floride
Lycée Classique d’Abidjan (Etats Unis d’Amérique.
(R.CI). -1972:
-1957-1959: Obtention de la Licence
Lycée Fédéral Maurice américaine de Pilote
Delafosse de Dakar Professionnel avec
( Sénégal). qualification DC8 et DC10 avec qualification instructeur.
1959-1960: Service millitaire dans l’armée -1972-1973:
française. Premier instructeur pilote privés de l’Afrique de l’Ouest
1960-1963:
Ecole Supérieure des Postes et Télécommunications de -1973-1977:
Toulouse (France). Pilote de ligne à la Compagnie Nationale Air Zaïre sur DC 10.
-1964-1967: Chef de la Division -1977-1978:
Télécommunications et de la Commandant de Bord de
Section Internationale à la l’équipage Présidentiel du
Direction Générale des P.T.T Président Mobutu Sésé Séko.
-1967: -1979-1999:
Mise en position de détachement auprès de la Compagnie multinationale Air Afrique (Service Pilote de ligne à la Comagnie Multinationale Air Afrique. REFERENCES
Transmisions). AERONAUTIQUES
-1968: - Brévet de Pilote
Président de la Fédération Professionnel.
Aéronautique et des Sports - Brévet de Pilote privé.
Aériens. - Qualification de Radio Téléphonie.
- Février 1969 : - Qualification d’instructeur
Brevet de Pilote Professionnel de Pilote privé.
d'Avion délivré par le - Brévet de pilote privé de
Secrétariat Général a l'Aviation planeur.
Civile du Ministère Français - Brévet de parachutiste (Civil
des Travaux Publics, des Transports et du Tourisme. et Millitaire).
La Bamanaya contre l’Islam
Ce numéro spécial sur Kong, nous permet d’évoquer l’aspect idéologique du clash entre Samory et Kong, dans un contexte marqué par la forte émergence de la domination politique des Malinké-Dioula. Cette domination que le professeur Yves Persan a qualifiée de « révolution dioula » porte en elle une remise en cause politico-idéologique de l’ancienne religion (la Bamanaya) qui éclaire particulièrement l’antagonisme dramatique entre Samory et l’establishment Kongka.
Dr. Bakayoko Bourahima
La Bamanaya ou la religion ancestrale
Un certain nombre de travaux de recherche sur l'histoire de l’espace géopolitique concerné, dont notamment la thèse d’Yves Person sur Samory, nous donnent une idée assez précise sur le
7
La notion de Bamanaya est étroitement associée au sous - groupe ethnique Bambara, dont le nom semble être une francisation du terme Bamana.
processus d’installation des Malinké-Dioula dans les territoires qui constituent aujourd’hui le nord de la Côte d’Ivoire. Ce qu’il nous importe de suivre au-delà du processus militaro - politique de cette implantation, c’est la dynamique sociale et culturelle qui caractérise l’appropriation de cet espace par ces populations de l’ancien empire du Mali. Ces peuples forment un vaste ensemble dont les Malinké ne sont qu’une composante. Cet ensemble est connu dans la littérature classique sous le nom de Mandingue. En Côte d’Ivoire il est plus couramment désigné par le nom de Mandé. On les distingue en Mandé du Sud (Dan ou Yacouba ; Toura ou Wenmebo ; Kouéni ou Gouro) et Mandé du Nord (Malinké ; Dioula).
L’installation Mandé vers le territoire qui sera le nord de l’actuelle Côte d’Ivoire, s’étendit sur plusieurs siècles. Ces manés prirent différentes formes et concernèrent plusieurs régions : « ...Parmi les populations ivoiriennes, les premières qui choisissent de rejoindre les peuples les plus anciens (...) sont les Mandé. (...) à cette date, l’avant -garde formée de Ligbi et de Numu, est déjà stabilisée dans le Nord ivoirien. Ce sont de paisibles marchands et artisans : orpailleurs, orfèvres, forgerons, cordonniers, boisseliers (...) Le gros de la troupe, formée en grande partie de guerriers, suivra un
siècle plus tard ».
Dans l’histoire de l’ère culturelle Mandé ou Mandingue, la notion de Bamanaya est étroitement associée au sous - groupe ethnique Bambara, dont le nom semble être une francisation du terme Bamana. Cette déformation est assez symptomatique des difficultés de catégorisation des sous - groupes Mandé, notamment le trinôme Bambara - Malinké - Dioula. La difficulté vient du fait que plutôt que de traduire une profonde différenciation ethnique, cette distinction entre Bambara, Malinké et Dioula, traduit beaucoup plus une stigmatisation culturelle et religieuse, voire économique. En effet, on rencontre dans l’historiographie, des affirmations du genre, « Les Malinké sont tous musulmans », qui traduit le fait que les Malinké se sont, dans l’ensemble Mandé, caractérisés par leur prosélytisme musulman. La plupart des clans Malinké sont en effet constitués par les familles maraboutiques appelées localement « Manika mori » (prêtre Malinké) : Cissé, Béréthé, Diané, Touré, Kamaté, Doukouré, Kouma,...
Islam contre Bamanaya
Les Dioula constituent la frange des populations Mandé qui se sont spécialisées dans le commerce. Yves Person pense que le terme Dioula provient de la racine « Dyo » qui évoque une périodicité régulière, et ainsi « le Dyula serait celui qui fréquente régulièrement les marché ».
'«Ils opposent au milieu ambiant une culture mandingue^
originale fondée sur le commerce et l’Islam (...) Ces
Dyula de l’Est ont même développé un dialecte particulier assez différent de celui des Mcdinka-Mori...»
En Côte d’Ivoire, dans la classification des Mandé du Nord on distingue deux grands espaces : à l’ouest les Malinké et à l’est les Dioula. Au sujet de ces derniers, Yves Person qui n’est certainement pas étranger à cette classification, écrit «Ils opposent au milieu ambiant une culture mandingue originale fondée sur le commerce et l’Islam (...) Ces Dyula de l’Est ont même développé un dialecte particulier assez différent de celui des Malinka-Mori, mais proche du Bambara oriental et du Dafin (...) On peut donc parler d’un peuple Dyula, mais la valeur ethnique de ce nom est récente et secondaire ». Il convient de noter que ce qui apparaît être un processus
( « Le Bamanaya est la voie y du mal; nous ne la suivons plus ; interrogez nous sur la voie du bien, celle de l’Islam ; pour nous, le passé animiste de Kong
< c’est une mauvaise chose. /.
d’ethnicisation des Dioula, n’en était pas véritablement un ou du moins était loin d’être achevé ; quand bien même, il semble avoir été assez poussé dans le cas des Dioula de Kong. Ils se sont ainsi inscrits idéologiquement, dans l’opposition à la notion de « Bamanaya » qui signifie littéralement « la manière d’être des Bamana » ; c’est-à-dire le fétichisme ou le paganisme. C’est à ce niveau que se situe le principal point d’achoppement entre Samori et Kong. A Kong métropole Dioula, Georges N. Kodjo, a souvent entendu les traditionnistes lui dire : « Le Bamanaya est la voie du mal ; nous ne la suivons plus ; interrogez nous sur la voie du bien, celle de l’Islam ; pour nous, le passé animiste de Kong c’est une mauvaise chose. Nous avons rompu avec elle ». Sous l’impérium des Wattara, Kong a tourné résolument le dos à la Bamanaya, et est devenue la principale métropole marchande de la région, la place forte d’un empire militaire et commercial prospère, s’étendant sur une grande partie du nord de l’actuel Côte d’Ivoire et touchant aux régions limitrophes des actuels Ghana et Burkina Faso. Au-delà de cette puissance matérielle, le rayonnement religieux de
Kong s’étend jusqu’aux confins du sahel et en pays Haoussa et Zerma. Kong du XVIIème au XIXème siècle est avec Kankan, la capitale religieuse, la cité leader des révolutions Dioula qui voient s’imposer une dynamique majeure de reconstitution politique du monde Mandé, sous la houlette de dynasties guerrières et marchandes de Dioula. L’islam est leur porte étendard et le socle des réseaux commerciaux, de ses descendants des Wangara
' En fait, les premiers clans ’ Malinké convertis à l’Islam ont été qualifiés de Maninkamori, c’est à dire les prêtres Maninka
ou Malinké. h
qui, plusieurs siècles plus tôt, ont animé le commerce transsaharien et, au contact des marchands arabo-musulmans, ont servi de vecteur à l’islamisation du monde Mandé. En effet, les Dioula, ont tiré un grand profit de l’islam et du commerce. Musulmans, ils entrent dans la catégorie des lettrés et des rares intellectuels arabophones du moyen âge. Cette connaissance leur donne un grand prestige auprès de leurs frères Bambara et des autres populations non islamisées. Commerçants, les Dioula et les Malinké bénéficient du prestige de la fortune et des entrées dans les grandes cours royales. Grands voyageurs, ils développèrent un esprit, une vision du monde et une culture nécessairement en rupture avec l’ordre originel de leur peuple. Yves Person affirme qu’en « pays animiste, les musulmans, ou mori, s’ils n’étaient pas Dyula, étaient fabricants d’amulettes et guérisseurs. A ce titre, ils constituaient simplement une corporation de plus ». Contrairement à cela, nous pensons plutôt qu’il y a une confusion de termes. Aujourd’hui, le terme mori fait penser automatiquement au marabout musulman. En fait, les premiers clans Malinké convertis à l’Islam ont été qualifiés de Maninkamori, c’est à dire les prêtres Maninka ou Malinké. Car, pour les Bamana qui ont dû leur donner cette appellation, il s’agissait d’une nouvelle prêtrise (morya) qui, à la différence de la leur, était celle des musulmans Malinké. Ces mori avec l’adjonction du qualificatif Maninka (pour dire Malinké musulmans) n’étaient différents des anciens mori, ceux du Bamanaya, que par la pratique d’une autre religion. Dans le fond, ils gardent le même statut et la même fonction justifiant ainsi leur titre de mori : « Le mot mori = marabout, est employé couramment dans l’épopée à la place de féticheur. Symptôme de ce complexe d’infériorité de l’animiste envers l’Islam ? Ou exemple de digestion d’une fonction religieuse étrangère par la religion locale ? Quoi qu’il en soit lesdits marabouts sont d’authentiques sorciers (...) Louis Tauxier remarque aussi cette fusion des deux noms pour une seule fonction ». Ainsi, dans les traditions locales, des qualificatifs sont devenus des noms propres et renvoient à des réalités animistes Bamana. Des noms comme « Sinimory », de sini = demain et de mory = prêtre ;
ce qui donne « prêtre de la divination ». Relativement aux anciens cultes agraires, on a aussi le nom de « Férémory », de féré = germer, fleurir et de mori, pour désigner le «prêtre de la germination » ou « prêtre des semences ». Le magicien est appelé aussi djinamory (le prêtre des djins ou génies).
Il est clair que Samory n’était pas comme on peut le dire, y un érudit musulman et de ce point de vue on ne peut pas dire qu’il remplissait toutes les conditions pour mériter l’appellation d’imam. Il ne dirigeait pas non plus les
prières.
L’aristocratie de Kong rejette Samory
Le plus fameux de ces noms ou prénom d’origine Bamana, qui devaient fleurir en ce moment dans la région est celui de « Samory » de «sa» = serpent, et de «mory» ; signifiant le « prêtre du serpent». Le culte du python sacré fut, un élément essentiel dans la vie des Bamana et semble avoir été très répandu avant l’islamisation. Ce prénom Bamana, dont Samory ne s’est jamais défait est le point crucial de sa récusation idéologique par les chefs, religieux notamment, de Kong. Samory aurait ainsi été impitoyable avec les Dioula de Kong, parce que ceux-ci ont commis une
Ce prénom Bamana, dont Samory ne s’est jamais défait est le point crucial de sa récusation idéologique par les chefs, religieux notamment, de
Kong. /
offense suprême, en lui faisant remarquer que « les derniers arrivés ne pouvaient être les premiers servis ». Une allusion directe au fait que sa famille sortait à peine de l’animisme, comme l’attestait le prénom Bamana qu’il portait. Il ne pouvait donc prétendre porter l’étendard de l’Islam et mériter le titre d’Almamy, de commandeur des croyants. Au-delà des conflits d’intérêts objectifs qui ont pu opposer Samory à Kong, ces propos permettent de comprendre la fonction idéologique de l’Islam dans le jeu géopolitique de la région, suite à la formation des nouvelles aristocraties marchandes et guerrières. En fait, il est clair que Samory n’était pas comme on peut le dire, un érudit musulman et de ce point de vue on ne peut pas dire qu’il remplissait toutes les conditions pour mériter l’appellation d’imam. Il ne dirigeait pas non plus les prières. Mais, étant un commandeur, un guide, il pouvait, compte tenu du
contexte de l’époque, trouver opportun de s’inscrire dans cette dynamique de l’histoire et donner un sens idéologique fort à ses mouvements de conquêtes et à sa constitution politique. Samory veut donc tout capitaliser sur les révolutions Dioula et a besoin, pour cela, du contrôle des cités marchandes. Mais
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idéologiquement, son histoire personnelle pose problème, en raison de son ancrage parallèle dans la Bamanaya. Quand et comment parvient-il à la dignité d’imam ? Pourquoi garde t-il toujours le prénom de Samory et pourquoi ne prend t-il pas, comme il se doit un prénom musulman ? Autant de questions et de zones d’ombre qui permettent aux aristocraties Dioula, de Kankan puis de Kong, de récuser la légitimité de son ambition de les mettre sous sa coupe, au nom de l’Islam. Ce procès fait à la Bamanaya, à travers les allusions ironiques sur la conformité religieuse de Samori, est plus qu’un crime de lèse-majesté, mais aussi et surtout, il constitue une action importante de fragilisation de ses ambitions politiques et stratégiques. Ce que l’empereur du Wassoulou ne manquera pas de faire payer très cher à Kong.
Biographie du Dr. BAKAYOKO
Bourahima
Historien et Conservateur d’Archives, spécialiste de l’Histoire des Peuples et Civilisations Africaines Traditions orales et Religions.
Depuis décembre 2012 : Enseignant-Chercheur à l’Université Alassane O uat tara - Bouaké.
Il a été Chef de projet GED et chef de service Archives à la CNPS. Il a été, de 1999 à 2006, Chef du service de la Documentation de l’ENSEA, et Enseignant vacataire à l’Ecole de Formation à l’Action Culturelle de l’Institut Supérieur de la Culture et des Arts (EFAC-INSAAC) ainsi qu’à l’Institut privé pour la Promotion des Arts Conservatoires (IPAC) et à ITnstiut National Supérieur de la Culture et des Arts (INSCA).
Islam Info HS N° 14 Mai 2014
Rajab 1435 H
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[ Les familles Maraboutiques de KONG (I)
Dr Konaté A. Siendou
KONG, TOMO-TIGUI
Les familles Maraboutiques sont au nombre de cinq
A Kong, le pouvoir politique est Vaffaire des Wattara tandis que le pouvoir religieux *est F affaire des Saghanogo. Le pouvoirjudiciaire serait P affaire des Barro. Uinfluence des familles maraboutiques de Kong était considérable dans tout P empire de Kong. Cette influence intellectuelle et spirituelle continue de nos jours*.
Mufti Cheikh Marahaba Sanogo petit fils de Cheikh Lahbib
La Sainte BARO ou la miraculée de Kong
Sous d'autres deux, on lui aurait tissé une auréole de sainte. Id on lui a juste donné le titre de "Patronne de sa Ville, Kong qui a connu le martyr au passage des troupes samoriennes.
Qui est TOMO-TIGUI?
Les familles maraboutiques de Kong Toutes les sources traditionnelles mandingues soutiennent que les familles maraboutiques sont au nombre de cinq. Ce sont les familles Berté, Touré, Cissé, Sagahnogho et Diané. La place de ces cinq familles est également gravée dans l’histoire de la ville de Kong lorsque cet Etat fut créé par Cheikh Oumar qui prit le patronyme Wattara des
r Toutes les sources traditionnelles A
mandingues soutiennent que les familles maraboutiques sont au nombre de cinq. Ce sont les familles Berté, Touré, Cissé, Sagahnogho et
k Diané. y
Sonongui. Il venait d’évincer Lassiri Gbomèlè de la chefferie du Kpongènè. S’il est vrai que Sékou Wattara avait légué la charge des affaires religieuses à Al-lmam Barro le patriarche historique des Barro de Kong à Barrola (qui était en même temps nom de qabila ou quartier de la cité islamique que celui du conseil que Sékou créa pour lui), nul n’est sans savoir à Kong qu'après le rappel à Allah de Sékou, son fils Kombi avait entrepris de vastes mouvements et changements comme ce fut le cas lorsque le pouvoir avait changé de main. Kombi Wattara insista, plus que son père, sur l’islamisation accrue des provinces de l’Etat de Kong par un rapprochement étroit avec les grands érudits. Les sources orales approchées confient que le souverain fit venir un certain Imam Touré pour diriger et propager la connaissance islamique dans son royaume. C’est lui que nous appelons Karamogo Touré qui passa quelques quatre ans à la tête de la mosquée principale, étant
* Le royaume de l’Arabie Saoudite est dirigé sur le même schéma du partage des pouvoirs. La famille Abdel Aziz détient le pouvoir politique tandis que le pouvoir religieux est détenu par les Al Wahab.
entendu que chaque qabila avaient sa propre moussouala ou sa grande
Le^sourcewraleiMipprochef^^
que le souverain fit venir un certain Imam Touré pour diriger et propager la connaissance islamique dans son royaume. y
salle de prières que nous appelons bouroun.
Il faut cependant ajouter les érudits Sagahnogho, Cissé, Sylla et autres étaient déjà présents dans la ville, qui à la recherche de refuge contre les persécutions dans leurs fiefs originels, qui pour changer carrément de résidence en raison du nouveau pôle de connaissance islamique que devenait Kong. Ce renouvellement de la foi est à mettre à l’actif des Saghanogho que certaines recherches académiques, travelogues (récits de voyages) et historiens arabes (al-Bakrî et al-ldrissî, parmi
tant d’autres) disent provenir de l’ancien empire du Ghana. Ce sont, selon ces textes, les Banû Naghmarût ou les Wangara ou Soninké, des noirs, musulmans et négociants d’or. Il se trouve
Les Soninké (Noirs et orpailleurs et négociants) vivaient avec des kharijites d’obédience ibadite (les Saghanogho) et des \Malékites Sunni, les Touré (Arama ou enfants de Roum ou les guerriers pré-arabes et femmes L noirs du terroir). J
qu’AI-ldrissi et Al-Bakri n’avaient pas foulé le sol de cette aire qu’ils appelaient Bilâd as-Sudan, le pays des Noirs. La désintégration de l’empire du Ghana à cause des attaques des Berbères almoravides et des Soussou plus tard n’a pas contribué à un déplacement massif des peuples. Ils sont restés jusqu'à la formation de l’empire mandingue que Ibn Battuta avait parcouru l’empire du Mali au temps de Mansa Souleymane, successeur de Soundjata Kéita entre 1352 et 1354. Ces récits commandent respect et confiance parce
qu’il dit ce qu’il a vu.
D’après Ibn Battuta, les
Soninké (Noirs et orpailleurs
et négociants) vivaient avec des kharijites d’obédience ibadite (les Saghanogho) et des Malékites Sunni, les Touré (Arama ou enfants de Roum ou les guerriers pré-
CUne fois à Kong, Cheikh Konaté trouva une place pour les Sagahnogho auprès des Wattara.
arabes et femmes noirs du terroir). Ces deux groupes musulmans étaient de teint clair. Ils propageaient la foi et continuèrent le prosélytisme et le commerce après l’effritement du Ghana ancien. C’est justement ce qui les emmènera à Kong par la suite. Les feuillets (asnads) des Saghanogho à Kong confirment plus ou moins ce que dit Ibn Khaldun.
Les Konaté
Quant aux Konaté, qui à Kong réclament aussi une histoire maraboutique, ils sont, selon toute vraisemblance, des Wangara incluant les Doukouré, Niakhaté, Nimaga qui se sont imposés dans les sphères administratives, commerciales et
maraboutiques ; ils ont constitué la « race » des Mande-dioula et Maraka et ont émigré de Ouagadou après la chute de l’empire du Mali vers les nouveaux centres de négoces et de pouvoir tels que le Songhay et Kong vers le 17e siècle. Aussi,
CLe grand-père et maître de al-Moustafa Sagahnogho a été mis en terre à Koro entre Odienné et Man...
ces Konaté n’ont point coupé les liens avec le Mandé car ils s’agrippent à leur lieu d’origine en donnant le nom Sakharang (qui renvoie à Sankaran, le berceau des
Konaté et des Kéita du Mandé) à leur qabila à Kong. Il faut retenir enfin que selon les asnad des Konaté et des Sagahnogho (puisque ces deux familles semblent être intimement liées depuis leur établissement dans la ville de Kong), les affaires imamales de Kong avaient cessé d’être gérées par les Barro depuis le décès de Sékou Wattara.
Les Sanogo
Après l’almamy Sylla et al-
lmam Barro à la tête de la mosquée, ceux qui avaient pris les devants étaient irrévocablement les Sagahnogho. Les Sagahnogho rattachent leur origine maraboutique, dans leur asnad, au Cheikh Al Moustapha Sagahnogho qui
Cheikh Mouhamed Lahbib Sanogo, grand-père de Moufti Mahmoud Sanogo
avait douze enfants. Le grand-père et maitre de al-Moustafa Sagahnogho a été mis en terre à Koro entre Odienné et Man, son père Abbas à Kani en 1178 H. soit en 1764-65. Le Cheikh al-Moustafa lui-même s’installa à Boron ou fut rappelé à Allah l’Exalté en 1215 H/1801.
Le Cheikh n’a pu répondre à l’invitation de Kombi de s’installer à Kong pour promouvoir la foi et la connaissance islamique dans la ville. Cependant, il ne
manqua pas de dire a ses enfants de s’installer à Kong tout en leur indiquant Sagarang-Sina Konaté, son ami et érudit comme lui.
—> Suite P 20
Na b 1 a m a n BARRO native de Kong est connue sous le nom de Kong TOMO-Tigui ou Patronne de Kong la ville défigurée et vidée de ses fils et filles après le passage de l'Almamy Samory Toure et ses troupes.
La sainte BARRO
Elle était très jeune entre 12 et 13 ans au moment ou les troupes de SAMORY semaient la panique et la mort dans sa ville natale. Des mois de hantise, de peur ont précédé ces jours terribles. Puis vint le jour fatal, tant redouté et inévitable...dans la fleur de l'âge que pouvait-elle faire? Si jeune si frêle que pouvait-elle face aux redoutables et redoutés sofas de SAMORY TOURE. Elle a vu ses parents inquiets, apeurés mais braves devant la mort. Elle les a vus tomber les uns après les autres sans pouvoir rien faire et cacher depuis sa tanière. Elle a tout entendu, tout vu de ses propres yeux ces 14, 15 et 16 mai 1897. Ces bruits de tambours de guerre, ces chevauchées des cavaliers, ces sifflements mortels des flèches empoisonnés des défenseurs du royaume des Wattara...les cris de douleurs des soldats blessés, et tombés....puis ce silence de cimetière de plus de 2000 martyrs de ces jours terribles et inoubliables pour les habitants de KONG et toute la communauté musulmane .alors que les survivants continuaient à abandonner la ville de KONG, la jeune fille refusa d'abandonner sa ville sur laquelle elle décida de veiller....cette silhouette était presque seule dans cette ville détruite et abandonnée par ses envahisseurs et ses défenseurs. Elle se nourrissait en fouillant dans les restes abandonnes par les familles parties dans la
précipitation...jusqu'au jour où un chasseur après plusieurs tentatives réussit tant bien que mal à l'appréhender.......après l'avoir rassurée elle désigna la cour familiale des BARRO d'où elle était issue..
Elle fouillait le fonds d'une cuisine abandonnée aux rats et insectes, à la recherche de restes de nourriture. Pour sa survie, elle racontera plus tard qu'elle se contentait de gratins, de céréales et légumes secs et puis de cueillette bien évidemment. Il se dit qu'au moindre bruit, elle fuyait se réfugier dans les forêts environnantes ou se camouflait dans les eaux marécageuses d'un marigot. Les jours passèrent toujours les mêmes avec leur lot de frustrations faites de privations. Nablaman, la fillette découverte par le chasseur retrouve les siens au sein de la grande famille BARRO. Nablama, devenue désormais la mère gardienne de la ville sera célébrée le reste de sa vie pour avoir donné l'espoir a ses concitoyens.
De son vivant, Nablaman Barro ou TOMO-TIGUI, reçut les honneurs dus à son rang. Elle a vaincu la ruine et le désespoir. Elle fut vénérée et vécut centenaire. Symbole de renaissance et AME de la ville vidée de ses habitants, la ville de Kong lui est restée fidèle et reconnaissante jusqu'à sa disparution en février 1984. Sortir TOMO-TIGUI de l'anonymat est un devoir de mémoire. Il s'agit de l'une des rares figures féminines de l'histoire tragique de Kong à avoir été célébrée de son vivant, par ses concitoyens. Symbole de résistance, de renaissance et de reconstruction, notre héroïne mérite notre reconnaissance à tous pour que vive à jamais Kong la ville des érudits et imams bâtisseurs avec à leurs côtés de grandes Personnalités féminines dignes d'être les gradiennes de la cité!
Mai COULIBALY J
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Islam Info HS N014 Mai 2014
Flajab 1435 H
( Les familles Maraboutiques de KONG (H) °^«i^^J
Les Saghanogo ont contribué à répandre l’Islam
A Kong, le pouvoir politique est P affaire des Wattara tandis que le pouvoir religieux *est raffaire des Saghanogo. Le pouvoir judiciaire serait l’affaire des Barro. L’influence des familles maraboutiques de Kong était considérable dans tout l’empire de Kong. Cette influence intellectuelle et spirituelle continue de nos jours*.
Le tableau de l’imamat à Kong l de 1742 à nos jours
Cheikh Makama Sanogo
Une fois à Kong, Cheikh Konaté trouva une place pour les Sagahnogho auprès des Wattara afin d’éviter les conflits évidents de positionnement qui surviennent le plus souvent entre les doctes et gardiens du savoir islamique. C’est ainsi qu’ils s’installèrent à Koro, le site et ou le qabila qu’ils occupent aujourd’hui et où se trouvent les tombes des saints Sagahnogho.
Les Coulibaly
Lorsqu’al-lmam Barro connut l’éviction en règle par Kombi, ce sont les Coulibaly (probablement petits fils de Al-Moustapha Coulibaly) qui occupèrent la fonction imamale pendant près d’un
demi-siècle.
Imam Morissiré Coulibaly fit quarante ans et Bèrè Coulibaly lui succéda. Des problèmes que les asnad des Saghanogho et des Konaté ont toujours gardés dans le secret eurent raison de l’imamat des Coulibaly et la famille Konaté décida donc de gérer les questions de succession imamales jusqu'à ce jour. Il n’est pas exagéré de dire que la présente mosquée de Kong a été l’œuvre de la famille Konaté.
Les Konaté et les Sanogo
Les Konaté prirent la décision que ceux qui allaient diriger les prières à la mosquée principale seraient les seuls Sagahnogho à commencer par le Cheikh Oumar Sagahnogho. Quel que que soit le lieu où il se trouve, les Konaté iront chercher le Sagahnogho pouvant assumer l’imamat lorsqu’un imam n’est plus. C’est ce qui explique leur position de « faiseur de faiseur d’Imams ». C’est également à eux que revient de droit le poste d’imam adjoint C’est enfin ce qui explique que le Konaté de
Kong est adjoint à l’imam et pourquoi il refuse d’être imam principal lorsqu’il sort de Kong.
Les Sanogo et l’expansion de l’Islam
Il faut dire aussi ajouter que, fidèles à leur prosélytisme originel, les Sagahnogho ont contribué à répandre l’Islam dans les confins de l’Etat de Kong, même dans le Gwiriko qui est le nouvel Etat que fondera Famaghan frère cadet de Sékou Wattara qui s’installera dans le Bobo, d’où Bobo-Dioulassa. Deux fils du
Cheikh Laraboutchè Konaté pendant une session d'explication dans son Majlis à Bouaké.
Cheick Al-Moustapha Sagahnogho, Brahima et Karamogo Seidi, sont ceux qui installèrent Dar-es-Salam à quelques kilomètres de
Bassina Konaté, Naib actuel de la mosquée de ___________Kong_________ Bobo-Dioulasso où ils furent déployés par le souverain aux fins de prosélytisme. C’est le lieu de parler d’un arrière petit-fils de Al-Moustafa, el-Hajj Marhaba Sagahnogho auteur d’une centaine d’ouvrages dont et Al-Jawahir wal Yawaqit fi Dukhul Al-lslam fil Maghreb maal Tawqit (Histoire de l’expansion de l’islam en Afrique de l’ouest avec l’apport des Saghanogho) la Fatawa (traité sur la jurisprudence islamique ou fiqh) qui connut une large diffusion. C’était lui le Mufti de Bobo-Dioulasso dont une avenue porte son nom aujourd’hui. La région de Wa reconnaît cette valeur aux Sagahnogho qui sont guides de la communauté dioula que les Ghanéens appellent toujours Wangara.
Imams Dates
Sylla »......................► 1742-1745
Barro »......................► 1745-1789
Karamoko Touré »..........► 1789-1793
Ba Mory Coulibaly »..........► 1793-1833
Ba Mory Coulibaly »..........► 1833-1840
Oumar Sanogo ».............► 1840-1843
Binaté Sirifé Sanogo »........► 1843-1844
Basidigui Sanogo ».........► 1844-1848
Bamory ba Sanogo »..........► 1848-1856
Bassou Sanogo»..............► 1856-1863
Sanogo Béman Ladji ba » ► 1863-1866
Ba Féré Mory Sanogo ».......>-1866-1871
Ba Siriki Sanogo»..........► 1871-1879
Ba Lassina Sanogo»..........>-1879-1886
Ba Mamadou Sanogo»..........>- 1886-1897 Salimou Sanogo
Karamoko Alama Sogodogo»....>-1900-1933 Karamoko Ali Taali Sanogo ».>-1933-1948
Ba Sawati Sanogo »..........>- 1948-1955
Karamoko Abou Sanogo »......>-1955-1964
Karamoko Hamadou Sanogo »->1964-2009 Karamoko Bossa Sanogo »....>- 2009-2013 Karamoko Seydou ».......>l’actuel Iman
cheikh sanogo BASSIEDOU (Imam de la mosquée centrale )
Q : Pourriez-vous nous dire quels sont les rapports entre Konaté et Saghanogho ici à Kong ?
R : Il y a eu deux grandes familles qui sont restées à Kong parmi lesquelles on cite les Saghanogho à la destruction de Kong. Avant et après la destruction de Kong, nous ne pouvons rien sur cela. Mais, je puis dire que notre arrière-grand-père Al-
Moustapha Saghanogho a eu douze fils.
Q : Mais ou sont partis les Saghanogho après la destruction de la ville par Samori Toure ?
R : Oui, certains se sont repliés sur d’autres aires sous la domination de Kong. Mais, qu’on trouve plein de Saghanogho partout est le fait des descendants de Al-
Moustapha qui se sont déportés partout où l’islam avait besoin de se faire sentir. Il faut dire que certains sont restés à Boron, d’autres sont venus ici à Kong et d’autres sont allés ailleurs. Mais, il faut savoir que ce sont les douze fils d’AI-Moustapha Saghanogho qui sont à l’origine de la création des différents villages autour de Kong et même jusqu'à
Darsalmi au Burkina Faso. Notre grand-père, un « waliyou », a confié sa famille qui devait arriver à Kong au Cheikh Sagara-Sina Konaté qui était aussi un « waliyou » qui a estimé que nos parents auraient besoin de plus d’espace pour s’épanouir et nous a donc confiés aux Touré, c’est pourquoi depuis sommes dans ce qabila que nous appelons « Korora ».
OUSTAZ MOUHAMED KAMAL SAGHANOGO
Q: Salam alikoum Oustaz Kamal Saghanogho ! Je voudrais vous poser une question sur votre grand-père Marahaba. D’abord, pourriez-vous-vous présenter ?
3 : Au nom d’Allah et gloire à Allah. Qu’Allah répande Sa grâce sur le Prophète et les siens. Qu’Allah ait pitié de nos grand-pères. Et Je suis fils de Kassim Saghanogho, e fils ainé de Cheikh Marahaba. C’est à l’âge de 15 ans quand nous avons pris conscience de son existence, il nous enseignait.
Le père de mon grand-père s’appelait Bamory Saghanogho et sa mère était Naana Saghanogho, tous deux de Kong évidemment.
Q: Où est-ce que votre grand-père a appris le Coran ?
R : Il a appris auprès de ses parents à Kong. Il n’a pas appris auprès de quelque arabe que ce soit. C’est une fois qu’il avait complété sa formation qu’il est allé s’installer au Ghana parmi les Haoussa qui l’ont adopté. Il n’a pas étudié auprès d’eux,
mais c’est après avoir fait ses études auprès de ses parents à Bobo et précisément à Darsalami et à Kong qu’il est allé au Niger puis en Arabie Saoudite. Il est retourné à Kong pour faire le tafsir auquel il a pris le soin d’inviter tous les fils et filles de Kong, et n’a pas manqué de préciser que ce serait son dernier tafsir.
Q: Il se dit que le Cheikh a beaucoup écrit.
R: Les livres qu’il a écris et dont nous avons des copies ce sont le « Fatawa bi Cheikh
Muhammad Marhaba» et la « Kamila ». Dans le premier livre, il explique comment s’opèrent le lavage mortuaire, le baptême de l’enfant musulman, et le type de femme à marier en islam. Le second, qu’on appelle « Takamila », signifiant « procéder à un achèvement », un ouvrage qui enseigne la grammaire arabe.
Q : Quels sont vos souvenirs de votre grand-père que vous avez connu à quinze ans ?
R : Le vieux Marahaba ne forçait personne à apprendre. Beaucoup de
personnes ont acquis le savoir auprès de lui. Il y a les Kôyakas, les Odiénnékas, meme ceux de Kong. Tout le monde était unanime sur l’immensité de son savoir jusqu’à son décès en 1981. Juste après son dernier tafsir,
il est allé au Burkina précisément à Dar-Salami à une quinzaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso pour montrer l’endroit où il souhaitait être enterré, c’est-à-dire à côté de la tombe de son oncle.
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Islam Info HS N° 14 Mai 2014
Rajab 1435 H
Les familles Maraboutiques de KONG (III)
BASSAWATI « TCHOMBA » SAGHANOGHO
Pourquoi les Konaté sont devenus des naïbs (Imams Adjoints) Bassawati Tchomba Saghanogo (fils de Cheick Ahmadou Saghanogo) avant dernier imam de Kong, nous parle ici de la vie des marabouts de la ville sainte.
Samory Touré conquérant et L résistant anticolonial j
Bassina Konaté, Naïb actuel de la mosquée de Kong
Quels sont les détails historiques des rapports entre les Konaté de Sagara et les Saghanogho de Kong?
R : Paix sur vous ! Je vous demande de me donner la permission de parler un tant soit peu. Ce que les sages ont pu nous dire, c’est que le grand-père des Saghanogho, Al Moustapha Saghanogho a eu douze enfants. Et ces enfants se sont installés en différents endroits. Ils ont eu différents patronymes. Le grand-père des Saghanogho s’est installé à son arrivée dans la Mosquée familiale. Un jour, après la prière d’Asr, il est allé faire une promenade comme à son habitude. Alors qu’il était sur la route, un vent violent commença à souffler, emportant ainsi presque tout sur son passage. Poursuivant son chemin, il vit une calebasse que le vent poussait vers lui et sur laquelle il était écrit « moussiba» -désastre-trois fois.
Après cette scène, notre arrière-grand père fit une méditation et dit à ses enfants qu’il leur fallait plier bagage et aller s’installer ailleurs, à Kong. Il leur dit : « Là-bas, vous verrez une rivière à l’entrée de la ville qu’il faut traverser. Juste après la rivière, vous trouverez une famille, c’est celle des Konaté. A cette époque-la, la famille Konaté regorgeait de 72 oulémas à même de faire le tafsir de Coran. Pour ne pas rallonger le récit, je vais simplement dire que nos grands-parents sont restés avec les Konaté. Celui qui était
le patriarche des Konaté a cette époque s’appelait Sagara Sinan Konaté. Nos grands-parents Saghanogho avaient de longs cheveux dont ils faisaient trois tresses, c’est ce qui les caractérisait. C’était des métis.
Lorsque la délégation des Saghanogho arriva chez les Konaté, elle trouva celle-ci en train de faire le tafsir. Je dois ajouter que les Konaté maîtrisaient le tafsir plus que nous. Mais eu égard aux révélations qui avaient été faites au Sagara Sina Konaté, les Saghanogho avait aussi la « baraka » et il fallait aussi chercher à appréhender de la connaissance avec eux. Le patriarche des Konaté dit alors aux Saghanogho que les oulémas Konaté avait prédit leur arrivée. Et immédiatement, les Konaté ont cédé la tâche consistant à faire le tafsir à leurs nouveaux hôtes, les Saghanogho.
Puisque la délégation était massive, grande, et que les hôtes étaient tellement de marque et avaient tellement de baraka, Sagara Sina se rappela une autre partie de la prédiction : celui qui héberge ces hôtes et leur cause du tort perdra tout son lustre et les hôtes seront au-dessus de lui. Alors, le Cheikh Sagara Sina demanda à son plus grand ami Cheikh Ibrahim Touré de leur céder un espace où ils pourraient aménager. Le Cheikh Ibrahima Touré est celui qui faisait le tafsir dans le qabila des Touré. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, c’est ce lien de fraternité qui existe entre Sagara et Touréra.
Lorsque les Saghanogho avaient déposé leur bagage à Touréra, les Touré avaient promis de cultiver la paix, la fraternité, l’amour et l’entente avec leurs nouveaux hôtes les Saghanogho. Les Saghanogho bâtirent leurs maisons sur le terrain acquis. Cependant, chaque nuit, notre grand-père allait « prendre le tafsir » à Sagara jusqu’à la mémorisation effective du Coran. C’est à ce moment-là qu’on choisissait les imams par qabila.
Il faut dire Bémansina Konaté fut le premier fondateur de la première mosquée de Kong. Oui, la toute première mosquée de Sagara bâtie à Kong est celle par notre le patriarche Sagrara Sina Konaté. Et avant la destruction de Kong par Samory, la ville a eu une longue succession d’imams. Eu égard à quelques désaccords sur la gestion de la mosquée, le qabila de Sagara sollicita de gérer l’imamat pour toujours. C’est à la suite de cette demande, la fonction d’imamat a été confiée aux Saghanogho, et depuis lors, ce sont eux qui sont les imams de la ville avec Fonction nécessaire des Konaté.
Après la destruction de la ville de Kong par Samory, une partie de la mosquée s’est effondrée. La deuxième mosquée fut construite par Béman Karamokoba Konaté. Il faut préciser que quand les Konaté avaient fait la demande de gérer la fonction imamale à Kong pour toujours, et quand ils confiaient le rôle d’imam aux Saghanogho, le rôle d’adjoint à l’imam devait revenir pour toujours aux Konaté. C’est ainsi que les Konaté sont devenus des « naibs ». C’est parce que le terrain sur lequel est construite la mosquée appartient au Konaté.
Comment ? Pourriez-vous nous expliquer davantage ? R : Mais, on peut aussi dire que ce terrain appartenait aux Ouattara, mais c’était ce terrain que Sagara Sina voulait pour y bâtir la mosquée de la ville. Sur l’insistance des Konaté qui ne voulaient nulle part d’autre que la forêt sacrée, les Ouattara leur demandèrent deux peaux de veaux recousu et rempli d’or comme le prix du terrain. C’est ce que fit le patriarche de Konaté. Après la cession du terrain, ainsi qu’ils ont abattu un bœuf et ont ramené la peau pour obtenir enfin le terrain. Pour la petite histoire, il y avait un arbre que nous appelons « Baganan » en Mande-dioula qui se dressait
sur l’emplacement actuel de la mosquée qui était une forêt sacrée des Ouattara animistes à l’époque. Cet arbre posait problème. C’était le seul que les bûcherons ne parvenaient pas à abattre pendant des mois. Je vais lever le voile sur ce pan de l’histoire. Lorsque les Sonongui ou Ouattara avaient décidé de donner le terrain, il voyait en leur cession un piège parce qu’ils se disaient que cet arbre multiséculaire ne pourrait pas être abattu par qui que ce soit. Avant de construire la mosquée, les bûcherons et ceux en charge de nettoyer le terrain n’étaient pas parvenus à abattre l’arbre en question. Ainsi, ils sont allés voir Béman Sina Konaté pour lui donner la nouvelle. Lorsque celui-ci se rend sur les lieux, il prit une hache sur laquelle il récita : « wa qui, djaa alqu wazahaqa albatla, innal batila kanan zaouka » [Et dis: « La Vérité (l’Islam) est venue et l’Erreur a disparu. Car l’Erreur est destinée à disparaître»] (17 :81), avant la couper définitivement de l’arbre et donner l’ordre de construire la Mosquée. Vous voyez, il a fallu un grand combat entre l’islam et les Sonongui pour construire la mosquée.
Qui sont ceux qui sont sortis lors de la destruction de Kong. Et quand sont-ils allés ?
R : Il y en a qui sont allés à Wa, dans l’actuel Ghana. Il y a par exemple Mounir, le fils d’EI Hadj Marahaba et son petit frère Seydou sont tous au Ghana. Son petit frère Seydou est celui qui s’occupe de l’approvisionnement en nourriture des militaires du Ghana. El Hadj Mounir est le premier responsable de l’organisation du pèlerinage à la Mecque. Ce dernier a un petit fils à Abidjan qui s’appelle Kamal. Il y en a qui sont au Burkina et qui ont fondé des villes comme Darsalami près de Bobo Dioulasso. En Côte d’Ivoire, il y en a qui sont repartis à Boron, d’autres sont dans la région de Korhogo.
Islam Info, en éditant un numéro hors série sur Kong ne souhaitait pas réécrire l’histoire de Samory Touré, le conquérant et résistant anticolonial farouche. Notre objectif premier était de présenter la cité de Kong comme foyer intellectuel musulman unique dans notre sous-région et en Côte d’Ivoire. Et chemin faisant nous avons découvert la destruction subie par la ville sainte, ses érudits, ses commerçants et ses populations. Probablement pour Samory, la lutte anticoloniale passait par la mise au pas de Kong. Mais nous observons qu’à peine un an après la destruction de Kong, ce royaume musulman, Samory est arrêté et déporté par les colons. Mais quoi qu’on dise, l’histoire retiendra à la fois de Samory qu’il fut certainement un grand conquérant, combattant anticolonial. Mais, l’histoire doit retenir aussi que la ville sainte du royaume de Kong fut attaquée entre le 14 et le 18 mai 1897 par les troupes de Samory Touré dirigées directement par lui-même. Ces faits sont sacrés et le commentaire est libre. Pour notre part, à Islam Info, nous visons un et unique objectif : le mois de mai 1897 ne doit pas être oublié. Car, tout peuple qui oublie son passé, a toujours du mal à comprendre le présent pour mieux affronter l’avenir.
Fatim Diamila
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Opâfïî i ion Cité ni £ s C H rj P ; ; : / c r j ;
h Idéalisation
Ce programme est réalisé dans la commune de Kong Superficie : 12 hectares
Nombres de logements : 155
U * Equipements
* Espaces Verts
* Terrains de Sport
* Parkings
* Voiries et reséaux divers
* Ecole primaire
* Mosquée
* Aire de jeux
* Centre de santé
* Centre commercial
III - Caractéristiques de logements
Villas basses Individuelles ■ 2 pcs (54 logements) 3 Pcs (62 logements) 4 Pcs (24 logements) 5 Pcs (15 logements ) 2 Surfaces utiles: 60 à 132m 2 Surfaces paracellaires : 400 à 500m
Type de finition (économique)
- Couverture en tuile fibrociment type IFC - Chape ciment dans les chambres,séjour et terrasse - Murs des salles d’eaux en carreaux faience
SICOGI
Immeuble Mirador Boulevard Général de Gaulle - Adjamé - 01 BP 1856 01 - Tél: 20 30 55 00 \ 20 30 56 00
Fax: 20 37 66 74 - Site internet :http:\\ www.sicogi.ci - E-mail: info@sicogi.ci
Islam Info HS N° 14 Mai 2014
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Lettre ouverte à Monsieur le Maire de KONG par CAP ALIF*
[ les 7 ‘‘merveilles’’ de Kong J
Monsieur le Maire,
Vous avez été élu brillamment à la tête d’une municipalité prestigieuse à un moment où l’un des plus illustres fils de Kong est le Président de la République de Côte d’Ivoire.
Avant vous et votre frère, l’histoire a beaucoup donné à Kong qui restera à jamais une ville éternelle. Mais chaque génération de kongois doit laisser son empreinte indélébile sur la cité des Saints marabouts et des chefs valeureux. En vous recevant devant les kongois, la nation et le monde entier comme celui à qui a été confié les destinés de la ville éternelle, le Président de la République a voulu aussi demander à tous de vous aider à réaliser un vœu cher. Nous avons perçu cet appel à vous aider dans cette noble et inlassable mission. A travers cette contribution, nous nous acquittons de ce devoir d’assistance maintenant.
1. KONG, VILLE TOURISTIQUE
Kong peut et doit devenir une ville touristique pour les chercheurs, les historiens, les archéologues et les kongois de la diaspora. Dans cette perspective, CAP ALIF a identifié ce que l’on pourrait appeler les sept (07) merveilles de Kong. Un partenariat avec le Prince AGHA KHAN spécialiste de restauration de patrimoines islamiques anciens et par ailleurs grand mécène pourrait énormément vous aider dans ce sens.
2. KONG, VILLE DE PELERINAGE
Kong peut doit être une ville de pèlerinage pour tous les musulmans de la sous-région. Nous pensons que le mois de mai de chaque année (entre le 4 et 20 mai) doit être consacré aux prières et sacrifices pour tous ceux qui sont morts pour KONG en mai 1897.
3. KONG, FOYER DE RAYONNEMENT INTELLECUEL
Kong a été, selon tous les historiens, un foyer d’érudits et de savants avec une université islamique. Mais nous savons maintenant que Kong a produit aussi des intellectuels occidentaux de référence panafricaine et mondiale. Pour toutes ces raisons, nous pensons et souhaitons que soient construits à Kong un lycée franco-arabe avec internat et une université musulmane polytechnique.
4. LA FONDATION KONG
Pour la pérennité de ces deux projets, il serait bon qu 'ils soient financés sur fonds privés des cadres et amis de Kong et de la Côte d’Ivoire avec l’appui institutionnel de l’Etat.
Au final, Monsieur le Maire, vous avez une chance inouïe de rentrer dans la prestigieuse l’histoire de Kong avec votre illustre famille.
Puisse DIEU vous inspirer pour adhérer à cette doléance que beaucoup d’ivoiriens, souhaitent de tout cœur se réaliser comme les grands chantiers que ton grandfrère est en train défaire pour la Côte d’ivoire. Amin !!!!!
CAPAUF
Abidjan le 16 mai2014
1-La mosquée principale de Kong proposée comme (Patrimoine mondiale de l’UNESCO)
2-La mosquée de Barrola ou de l’Imam Barro (deuxième personnage de l’Etat de Kong au temps de Sékou Ouattara)
3-Daaba, ou la grande porte
(portes par lesquelles les guerriers Ouattara passaient avant de procéder à leurs campagnes guerrières)
4-Karanga ou le Carré sacré.
Ce lieu de recueillement a une superficie de 120/160 a été clôturé. C’est aussi là où les saints Saghanogho sont inhumés. 11 y a des arbres multicentenaire.
M. Ibrahim OUATTARA, Maire de la ville de Kong
“Kong revient de très loin.”
Dans une interview au journal le Patriote le Maire de Kong Ibrahim OUATTARA dit(Photocopie9répond à la question suivante :
5-Les vestiges de l’université islamique de Kong attenantes à la mosquée centrale de Kong.
L.P : Lors de sa visite d’Etat en juillet dernier, le Président de la République vous a confié Kong. Comment vivez-vous le poids de cette responsabilité ?
I.O. : "Si je peux assumer cette responsabilité, c’est bien évidemment avec le soutien de tout le monde, de toutes les filles et tous les fils de Kong. A commencer par le plus illustre d’entre nous, le Président de la République d’abord. Kong revient de très loin. On se rend compte maintenant que c’est une région qui a d’énormes potentialités mais aussi beaucoup de besoins en matières d’infrastructures. Les attentes des populations ont été très longues".
Homme de devoir avec une humilité et une discrétion exemplaire, IBRAHIM OUATTARA peut et doit réussir sa mission au service de la ville éternelle de KONG, la cité Mystique, Myhtique et Mystérieuse.
M. Ibrahim OUATTARA, Maire de Kong, la ville éternelle ou la cité mystique, mythique et mystérieuse.
in Le Patriote du mardi 13 mai 2014
6-La maison de Binger au sein du musée de Kong construite grâce à la coopération franco-belge.
7-La tombe et stèle de l’explorateur Moscowitz mort et enterré à Kong 1884.
La nouvelle Mosquée du CHU de Cocody- Ramadan 2014
Bientôt une Mosquée écolo et moderne sera ouverte au CHU de Cocody avec toutes les comodités: salle de prière décorée par les marocains, fontaines
Cette belle œuvre est le don d’un serviteur de Dieu, (D.M)
Que le Seigneur Tout Puissant le récompense Ici-bas et dans l’Au-delà. AMINE!!!
Islam Info HS N° 14 Mai 2014
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QuandKongétaitunepuissiinceécononiiquerégioiialeæ
Dr. SIDIBE Souleymane (Docteur en Histoire des économies, expert en archivage et documentation, fonctionnaire international)
Le sol et les cycles économiques à Kong (XVIIème-XVIIIème siècle)
Deux expressions frappent chez Binger à propos de Kong en 1888 : « les terrains sont incultes, épuisés par plusieurs siècles de culture » (Capitaine Binger, 1892 :285) ; et encore: « dans les environs de Kong, il n'y a ni fer ni forgerons » (Capitaine Binger, 1892 :317). Comment en effet cette entité impériale a-t-elle pu mener toutes ses guerres et conquêtes du XVIIIe siècle sans fer, étant donné l'équipement et l'armement en fer que ces campagnes militaires supposent ?
Quel type d'agriculture a-t-on pu bien pratiquer par le passé pour obtenir une terre aussi peu productive à latin du XIXe siècle? Ne faut-il pas plutôt lire les absences en question comme deux éléments
U agriculture à grande échelle et les guerres ont, de toute évidence, porté la métallurgie et la forge à leur exploitation maximale à Kong.
moteurs de la vie économique antérieure? Dans cette perspective, les remarques de Binger tendent à indiquer la possibilité d'un changement radical, au moins, dans la structure économique de Kong.
PRODUCTION MINIERE ET AGRICOLE
Tout au tour de Kong, et cela dans un rayon de 30 Km environ, les villages' recèlent des sites métallurgiques importants. Puits d’extraction, ateliers se comptant ici par centaines, ce n'est plus la notion de cycle complet de production qu'il faut mettre en avant, mais celle de foyers de production.(Niamkey Kodjo, 1986:358). Il va de soi que les défrichements massifs provoqués à cette occasion ont donné lieu à une forte demande et donc à une forte production d'outils en fer que l'on peut chiffrer à plusieurs milliers sans risque de se tromper.
Parallèlement, les guerres de Sékou s'imposaient comme un autre facteur de la hausse de l'activité métallurgique : d'abord celles de 1710, lors du
Dyèma-diago pouvait engendrer une société commerciale, un pool d'investissement où des maîtres du négoce, des diago-tigui mettaient en commun marchant dises et! ou capitaux (de la poudre d'or essentiellement), finançaient des expéditions commerciales, et se partageaient les bénéfices de l'opération au prorata de l'apport des associés.
renversement de Lassiri Gomèlè, le roi animiste de Kong; puis les campagnes militaires ultérieures qui ont permis vers 1720 d'ériger le Kpon-guènè14, l'État de Kong; pour autant que le fer devait contribuer à l'équipement d'une armée de plus de 10 000 hommes, et dans tous les cas, au renouvellement de cet équipement compte tenu de l'usure infligée au matériel par la fréquence des guerres.
L’agriculture à grande échelle et les guerres ont, de toute évidence, porté la métallurgie et la forge à leur exploitation maximale à Kong. L'on dispose maintenant de
suffisamment d'éléments pour avancer des hypothèses explicatives en ce qui concerne la disparition des métiers du fer à Kong au cours du XVIIIe siècle. Ce mouvement peut s'expliquer par plusieurs raisons. L'épuisement des réserves à Kong pourrait en être une: la question n'est pas à exclure, eu égard à l'ancienneté et à l'intensité de l'exploitation antérieure. Le déplacement du centre géographique de l'empire au fur et à mesure de son extension vers le nord-ouest pourrait également être une raison essentielle. Dans ce cas, la production de Bobo-Dioulasso signifiait avant tout un meilleur approvisionnement des troupes engagées dans la boucle du Niger; du moins, une meilleure poursuite de la guerre et une consolidation des territoires conquis.
LE DYEMA-DIAGO OU LE CAPITALISME DIOULA
Le Dyèma-diago fut une dynamique qui a engendré une institution sociale qui a fortement marqué l'histoire de Kong : le Dyèma-diago. On n'en sait pas la date de
Une société qui produit de très grands marchands recèle bien évidemment une foule très nombreuse de petits marchands, ces gens que la dure sélection des affaires n'a pas encoure permis de s'élever dans la hiérarchie sociale.
création. Kodjo nous dit après l'œuvre fondatrice de
seulement qu'il a été mis en place bien avant le règne de Lassiri Gomèlè (Georges Niamkey Kodjo, 1986, 684). Toutefois, un certain nombre d'éléments permettent de penser qu’il n'a, en fait, probablement précédé ce règne-là que de peu. Le Dyèma-diago était en effet la guilde -non pas des petits marchands, mais des maîtres du négoce eux-mêmes, les diago-liglli, donc un syndicat et, en tout état de cause une organisation dont la vie n'est possible qu'avec une masse critique d'acteurs. Une société qui produit de très grands marchands recèle bien évidemment une foule très nombreuse de petits marchands, ces gens que la dure sélection des affaires n'a
pas encore permis de s'élever dans la hiérarchie sociale. Nous avons là le signe d'une croissance démographique sans précédent du monde
L’empereur n’en est pas l’inventeur : la pratique existait dans tout le monde mandé, et y existe aujourd’hui encore dans les communautés à forte structure clanique.
des affaires à Kong. Or une telle éventualité n'est pas envisageable avant la seconde moitié du XVIle siècle; car, et nous l'avons vu, le tissage, activité caractéristique des marchands de cette contrée, était encore embryonnaire en 1610, date de l'installation de Dé Maghan, l’initiateur de cette activité à Kong, du moins sous sa forme à grande échelle. L'élément dyula était donc encore peu abondant au début de ce siècle-là. S'il avait été aussi puissant qu'il l'a été au XVIIIe siècle, il aurait, compte tenu de l'oppression, bâti un autre environnement politique bien avantl 8eme siecle. Ce n'est donc pas un hasard si le «Dyiillla-diago» ne se signale dans l'histoire qu'en 1710 seulement, lors du renversement du roi Lassiri Gomèlè par Sékou, le petit-fils de Dé Maghan, alors à la tête du «Dljiillla-diago». Ce qui nous ramène à un siècle
Maghan. Dans le meilleur des cas, le «Dyiillla-diago» émerge à la fin du XVI le siècle, ou ne devient puissant qu'à cette période.
Dyèma-diago pouvait engendrer une société commerciale, un pool d'investissement où des maîtres du négoce, des diago-tigui mettaient en commun marchandises et/ ou capitaux (de la poudre d'or essentiellement), finançaient des expéditions commerciales, et se partageaient les bénéfices de l'opération au prorata de l'apport des associés (Georges Niamkey Kodjo, 1986:685).
LE FOROBAOULA REVOLUTION AGRICOLE
La troisième dynamique sociale et économique en œuvre est celle de l’institution du foroba qui a connu un développement considérable
sous le règne de Sékou. Cette dénomination qui signifie littéralement grand champ, désigne en réalité un champ collectif, voire de nos jours la chose publique. L’empereur n’en est pas l’inventeur : la pratique existait dans tout le monde mandé, et y existe aujourd’hui encore dans les communautés à forte structure clanique.
L’originalité de Sékou est d’en avoir expérimenté une forme individuelle et privée avant son accession au pouvoir. C’est là la grande innovation qui va transformer radicalement la structure économique de Kong. Ces plantations furent en effet mises en valeur par une main d’œuvre variant de 10 à 200 personnes (Georges Niamkey Kodjo, 1986 : 571), taille qui ne relève plus de l’agriculture d’autosubsistance. Le développement des foroba répond à coup sûr à celui des besoins en coton de la
puissante industrie textile de Kong, ainsi qu’à ceux de l’alimentation de la population qui devait déjà être très importante pour pouvoir entretenir une double production à grande échelle, à la fois dans le textile et dans l’agriculture.
LE COMMERCE INTERIEUR
Autre dynamique sociale
C’est là la grande innovation qui va transformer radicalement la structure économique de Kong.
conquérante, l'institution du marché. Sékou n'en est certainement pas l’initiateur. La place de Kong était déjà
La place de Kong était déjà très réputée avant l'avènement du négociant ; non seulement en tant que lieu fixe des échanges, mais aussi en tant que marché de transit où se négociaient des stocks et des flux -de passage ou destinés à la consommation locale -,
très réputée avant l'avènement du négociant ; non seulement en tant que lieu fixe des échanges, mais aussi en tant que marché de transit où se négociaient des stocks et des flux -de passage ou destinés à la consommation locale, dans le secret des cases. Mais l'empereur eut, il partir de 1710, le mérite de faire du marché une attitude culturelle et politique. Il avait en effet incité ses parents Dyula et coreligionnaires musulmans à créer sur les principaux axes commerciaux des gîtes d'étape comportant nécessairement une place de marché. Par ailleurs, un certain nombre de ces marchés entraient selon les régions, dans un cycle hebdomadaire et tournant qui déterminait le calendrier. Tel était le cas du marché de Kong lui-même, dont le grand marché pas le petit qui lui était quotidien se trouvait pris dans une série de cinq qui constituait la semaine et où tout le pays se rendait; de
l'habitant de Kong pouvait se rendre à Bobo-Dioulasso ou à Djenné en faisant les marchés, selon un rythme adapté à l'endurance et selon les opportunités commerciales du moment.
sorte qu'il y avait toujours des échanges dans et autour de Kong qui, dès lors, avait
dépassé le marché conçu en tant que place, marché élémentaire et discontinu s'il en est, pour instituer un échange continu, permanent. Du reste, les marchés étant corrélés aux gîtes d'étapes ou aux agglomérations les plus importantes de l'empire, l'habitant de Kong pouvait se rendre à Bobo-Dioulasso ou à Djenné en faisant les marchés, selon un rythme
adapté à l'endurance et selon les opportunités commerciales du moment. Sékou avait donc réussi à faire
émerger un espace mercantile unifié et ouvert. Le négoce de Kong pouvait par ce biais se projeter au-delà du grand marché de Kong, vers d'autres cités marchandes.
LE COMMERCE EXTERIEUR
Le commerce extérieur lui-même eut pour vecteur le sèrè -vocable qui littéralement signifie la foule, mais qui, dans un contexte marchand, désigne la caravane qui obéissait à des techniques d'armement très complexes. C'est par cette voie que Kong a pu combler les déficits céréaliers provoqués par la famine dans d'autres pays. Le Ki/ab G/lllll.ja (Gondja) signale en effet une invasion de sauterelles en 1747 qui a dû certainement provoquer une famine ailleurs. Quoi qu'il en soit, Kong, commercialisait des surplus agricoles au XVIII' siècle. Kodjo n'exclut pas à cet égard une exportation de riz et de Inil vers Bouna; et Salaga (dans le éondja justement) au cours de la même période
(Georges Niamkey Kodjo, 1986:563-571).
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LA FONDATION D’UN MUSÉE ISLAMIQUE ^te^...
ORIGINE DE KONG
«Je recommande la fondation d’un musée islamique »
Le Pr. Mèkè Méüé de Funiversité FU B milite ardemment depuis des années pour que le patrimoine culturel, intellectuel et religieux de Kong soit préservé et entretenu pour les générations à venir.
Pr. Méité Mèkè
Biographie du Pr. Méité Mèkè
Pr. Méité Mèkè enseigne la littérature et civilisation française à l’université Félix Houphouët Boigny. Il est spécialiste des questions de spécialité. Il a écrit de nombreux articles sur les questions de société et de famille (Question de Patrie). Il est gestionnaire des ressources humaines et membre fondateur de l’université musulmane de Côted’lvoire. Il s’intéresse aux questions sur l’Islam en général et l’Afrique et paretriculièrement la Côte d’Ivoire.
Vous avez participé à l’élaboration de ce document sur Kong. Qu’est-ce que cela vous inspire finalement ?
Le travail sur Kong mérite d’être élargi. Il y a d’autres villes universitaires
islamiques qui dans le passé avaient que j’ai nommé Mankono, Tiémé, Kong. Il faut qu’on soit capable de mettre un fonds qui va ressusciter ces grandes villes universitaires qui ont fait le luxe et le bonheur des chercheurs. Aujourd’hui, les grandes familles
maraboutiques sont en train de disparaître. Ou encore elles ont émigré vers le sud. Il faut qu’il existe un fonds des musées pour mettre en relief l’existant à l’instar de ce qui s’est passé à Tombouctou et ailleurs.
Quel est le rôle des intellectuels, des politiques et des cadres musulmans dans cette perspective ?
Les intellectuels et cadres musulmans gagneraient à se mettre ensemble pour permettre aux chercheurs de reconstituer ce qui existait. C’est faisable. Le politique ne ferait que suivre et encourager ces choses là.
Dans notre investigation, nous avons remarqué que beaucoup de chercheurs sont occidentaux. Très peu d’africains s’intéressent à notre propre histoire. Quelle explication ?
Les occidentaux ont compris depuis longtemps, les fondements islamiques de notre société africaine. Pour
mieux pénétrer dans ce milieu, ils sont allés vers le savoir. Seul le savoir permet de comprendre comment fonctionne une société. Nous nous souvenons souvenons qu’une française est venue à Abidjan pour rencontrer le vieux Sako et elle a fait un travail monumental pour que nous nous apercevions que le vieux Sako n’était pas n’importe qui et bien d’autres.
Mais, il y a eu une exception quand même.
Le Pr. Kodjo en tant qu’universitaire, a fait un travail remarquable sur Kong. Que pensez-vous de ce travail ?
Je pense que la thèse du Pr. Kodjo peut servir dans ce cadre, peut servir de point de départ dans la mesure où il a fait beaucoup de recherches. Il faut creuser puisque les familles existent encore. Il faut creuser parce que les fonds existent dans les familles capables d’exploiter au mieux. A l’heure du numérique, il serait intéressant d’être capable de mettre tout cela à la portée du plus grand nombre par voie numérique de sorte que le manuscrit qui est devenu fragile, ne soit pas abîmé ou volé.
Dans le cas particulier de Kong, que souhaiterez-vous ?
Je recommande qu’il y ait un
musée. Un fonds, pas pour Kong seulement mais pour toutes ces universitaires dont on parle. Pour Kong d’abord, il faut un fonds, un musée qui va faire l’historique de ce royaume légendaire qui a eu son lustre d’antan. Aujourd’hui, c’est possible puisque cent ans après, Kong renait de ses cendres. Il faut encourager tous ceux qui d’une façon ou d’une autre sont en train de travailler dans ce sens là dont des intellectuels, des politiques, etc.
Qu’est-ce que la connaissance de cette histoire de la Etat sainte de Kong peut apporter à la Côte d’Ivoire ?
C’est parce qu’il y avait méconnaissance de beaucoup de choses que nous avons connu des événements malheureux qu’on ne souhaite plus reconnaître. Connaître son histoire participe de ce que l’on sache où l’on va. C’est très important. Et surtout d’où l’on vient. Imaginons sur les 322.462 Kilomètres carrés, chaque région à son histoire que les autres doivent savoir de sorte qu’on s’apprécie. On va ailleurs pour faire des pèlerinages alors que nous devons savoir que nous avons une histoire et que cette histoire doit être vulgarisée.
Kong est par excellent un carrefour, une zone de brassage entre Arabes, Berbères et populations noires et ceci depuis le Xlè siècle. Il suffit de penser aux ancêtres des Sanogo et des Touré Ulé qui sillonnaient la région de Kong à l’époque ibadite entre le Ixe et le Xlè siècle.
Au XVè siècle, les familles princières Traoré qui ont régné à Kong avaient certainement du sang touareg ou peul. Ceci expliquerait pourquoi Karamoko Ulé, un arrière-petit-fils de Gborogo Traoré, avait le teint « clair, presque celui d’un Peul pur sang, qui lui a valu le surnom de oulé (rouge) ».
Au XlXè siècle le brassage entre Noirs et Berbères se poursuivait ; nous savons que Soma Ali, un prince Watara, maria sa fille à Abd-ar-Rahman, un chérif de Tombouctou. Karamoko n’est d’ailleurs pas le seul Ulé de l’histoire de Kong. Nous connaissons les Bakari Ulé, les Sabana Ulé, les Soma Ulé et bien d’autres ulé issus de la monarchie dioula de Kong. Ceci a fait dire à certains auteurs comtemporains, à tort ou à raison, que les Watara avaient une origine arabe.
Les Falafala sont essentiellement paysans ; on leur atribue la diffusion des techniques de la culture du mil et du sorgho. L’héritage qu’ils ont légué est donc très important. On leur doit aussi l’existance de nombreux masques qui ont joué et jouent encore un rôle dans la vie quotidienne (anniversaires, mariages, cérémonies funéraires, cultures agraires). Ils semblent avoir eu pour voisins, depuis les reculés, les Myoro. Ceux-ci, initialement occupaient toute la rive droite du haut et moyen Comoé.
(Enseignant - Chercheur) à l’Université Alassane OUATTARA de Bouaké
>■ Depuis février 2013 : Assistant (Enseignant -Chercheur) au Département d’Histoire à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké >■ Septembre à novembre 2013 : Chercheur invité / Visiting fellow à l’African Studies Center (ASC) de Leiden (Pays Bas)
>■ Animation d’un séminaire sur les ONG islamiques en Côte d’Ivoire
Dr. BINATE Ibrahim
Le rôle joué par Kong dans l’enseignement islamique en Côte d’Ivoire
Kong était un centre commercial et islamique important surtout avant et au début de la période coloniale. Il constituait l’un des gîtes étapes sur le chemin des commerçants reliant Djenné et Begho (actuel Ghana). Pour la stabilité du royaume, la chefferie a fait venir à Kong de nombreuses familles maraboutiques au nombre desquelles les familles Sanogo, Konaté, Barro, Coulibaly, Touré, etc. Ce sont ces dernières qui ont assuré la formation dans cette localité faisant d’elle l’un des centres prestigieux de l’enseignement islamique. Chaque famille ou presque disposait d’une école assurant les trois cycles de formation. D’où l’appellation des universités islamiques de Kong. Les talités en provenance des différentes régions du territoire y séjournaient. Une analyse comparée des chaînes de transmission ou Isnad ou Lassinadou (en langue malinké) d’anciens talibés rencontrés à Bondoukou, Bouna, Korhogo, Mankono, etc. indique bien la place qu’a occupée Kong dans la diffusion du message islamique.
Pr. Kodjo in Royaume de Kong des origines à la fin du XIXème siècle.
La restauration collective en tout temps et en tout lieu
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Islam Info HS N° 14 Mai 2014
Rajab 1435 H
suit*p 27 Quand Kong était une puissance économique régionale (H)
Dr. SIDIBE Souleymane (Docteur en Histoire des économies, expert en archivage et documentation, fonctionnaire international)
Le sol et les cycles économiques à Kong (XVIIème-XVIIIème siècle)
Deux expressions frappent chez Binger à propos de Kong en 1888 : « les terrains sont incultes, épuisés par plusieurs siècles de culture » (Capitaine Binger, 1892:285) ; et encore: « dans les environs de Kong, il n'y a ni fer ni forgerons » (Capitaine Binger, 1892:317). Comment en effet cette entité impériale a-t-elle pu mener toutes ses guerres et conquêtes du XVIIIe siècle sans fer, étant donné l'équipement et l'armement enfer que ces campagnes militaires supposent ?
LES CHANGEMENTS INSTITUTIONNELS INDUITS
Compte tenu de tout ce développement institutionnel et de la formidable transformation économique et sociale qui l'accompagne, ce qui s'est passé en 1710 est autre chose et plus que le " hardi coup de main » qu'évoque Binger (Capitaine Binger, 1892:324). On peut légitimement parler de révolution pour plusieurs
raisons. D'abord à cause du nombre probable des acteurs. Les Watara, nous dit Binger, ont été aidé à cette occasion par les Kouroubari, les Baro, les Dao, auxquels la tradition ajoute Karamoko Dibi Traoré, Korissouma Cissé et Lagbakoro (Edmond Bernus, 1960 : 248-249). Or, les
Compte tenu de tout ce développement institutionnel et de la formidable transformation économique et sociale qui l'accompagne, ce qui s'est passé en 1710 est autre chose et plus que le " hardi coup de main ».
rapports sociaux en général, et les rapports sociaux de production en particulier de l'époque, étaient encore ceux qui régissaient le clan, structure dominée par un chef, le fa, pour lequel tout le monde travaillait. Le malékisme et son droit, porteurs de facteurs d'individuation, n'avaient pas encore triomphé; ils ne le feront qu'à partir du milieu du XVIIIe
siècle, avec l'arrivée des Saganogo, marabouts qui dominèrent par la suite la vie intellectuelle et religieuse à Kong. De ce point de vue, sept clans au moins, et non pas sept individus ont contribué à la victoire des Watara ; et il est permis de supposer que chacun de ces clans
comptaient plusieurs dizaines de membres. A ces parents directs, on peut ajouter des centaines d'esclaves: Sékou, lui seul, en avait au moins un millier; et il n'est pas exclu que les autres chefs de clan en aient eu presque autant chacun. Selon toute vraisemblance, ce sont, au bas mot, un millier de combattants qui ont pris part au
renversement de Lassiri.
Enfin, les changements institutionnels introduits, à commencer par la forme même de l'État, militent en faveur d'une révolution. La construction du Kpon-guènè répondait, rappelons-le, au souci d'échapper aux petites chefferies et anarchies paysannes qui pillaient les caravanes, imposaient de lourdes taxes (de péage) et empêchaient la libre circulation des biens. Dans ce contexte, l'émergence d'un Etat puissant et unificateur supprimait cette insécurité nocive aux affaires. Au demeurant, Sékou fit de la sécurité un service public sur tout le territoire du Kpon-guènè ; cependant que ses guerriers, établis dans des villages-garnisons, surveillaient les principales pistes caravanières utiles au négoce tentaculaire de Kong.
La nature politique de l'acte porté ne laisse aucune place
au doute : il s'agissait d'une révolution destinée à balayer des institutions qui, jusqu'au début du XVIII' siècle: s'opposaient au libre commerce. Les pratiques politiques qui suivirent furent plus conformes à la réalité sociale du moment: celle d'un royaume prospère où les Dyula n'étaient plus en situation de faiblesse numérique, qu'il fallait résolument orienter vers le régime de la production à grande échelle, et dont il fallait davantage dynamiser le commerce extérieur. Un fait ne trompe pas à cet égard: parvenu au pouvoir, Sékou associa le Dyèma-diago à la gestion du royaume, en invitant ses représentants à siéger au Dyb"a, le Grand Conseil où se discutaient les affaires politiques de l'empire (Georges Niamkey Kodjo, 1986 :684).
LES STATISTIQUES DE
PRODUCTION
Quelles ont pu bien être les quantités et les valeurs produites à Kong dans la première moitié de ce grand XVIIIe siècle? L'absence de données de base nous condamne au silence en ce qui concerne les productions céréalière et cotonnière. Des tendances, même incertaines, peuvent toutefois être dégagées pour ce qui est de la production textile. Sékou, dit-on, avait commis 500 esclaves au tissage. Kodjo leur suppose chacun une cadence d'un pagne tous les 3 jours; et ce, à raison de 8 mois par an -le temps que dure la saison sèche qui est la période propice à ce genre d'activité de plein air -et obtient une production de 40 000 pagnes par an (Georges Niamkey Kodjo, 1986 : 632). A partir de là, des extrapolations peuvent être faites.
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Pour cela étendons les capacités de production de Sékou aux fa, aux arches des clans Baro, Kouribari et Dao; de même à Karamoko Dibi du clan des Traoré, à Korisuma du clan des Cissé, ainsi qu'à Lagbakoro, tous lettrés musulmans et dingo-tigui comme Sékou qu'ils avaient, nous l'avons vu, aidé à prendre le pouvoir. Soient donc sept personnes. Dans ce cas, ce sont 280 000 pagnes que nous obtenons; et la vérité est certainement au delà, pas en deçà, car nous ne prenons bien évidemment pas en compte la production des centaines de moyens et petits artisans.
LA CROISSANCE ECONOMIQUE L’environnement économique
les rapports sociaux en général, et les rapports sociaux de production en particulier de l'époque, étaient encore ceux qui régissaient le clan, structure dominée par un chef, le fa, pour lequel tout le monde travaillait.
et social qui émerge dans le cadre de l'ensemble de ces institutions a permis aux Dyula de Kong d'engendrer la croissance économique, puis de l'orienter de façon dynamique. Ce climat des affaires a perduré après 1745, date de la disparition de Sékou, en ce qui concerne la sphère du textile du moins. S’il n’est pas possible de démontrer cela au moyen des quantités produites ou exportées, il est néanmoins
possible de le faire par le truchement des opportunités offertes à Kong. En fait, la période coïncide avec
Kong n'a jamais été aussi riche que sous Koumbi et Djanguina, pour la plus grande croissance d'une production à grande échelle qui a traversé tout le XVIIIe siècle.
d'énormes difficultés économiques dans la boucle du Niger. Au XVIIIe siècle, des fléaux naturels (inondations, famines et épidémies périodiques), rappelons-le, ravagèrent constamment cette contrée. La production et la transformation du coton en furent affectées. Tymowsky souligne même que « pendant la famine de 1738-1756, les tissus et vêtements de toute sorte firent complètement défaut. Le coton disparut
presque entièrement de Djenné dont les environs étaient le centre de cette culture ». La pénurie était telle que « les gens se couvraient de peaux d'animaux ou de feuilles. Les plus riches seuls portaient des vêtements en tissu kas qui, naguère, était utilisé par les pauvres» (Mychall Tymowsky, 1974:130-131).
LE CLIMAT DES AFFAIRES
Les successeurs de Sékou ont-ils perçu les opportunités nées de la chute de la place de Djenné? Très certainement; car
Kong a toujours été en relations commerciales avec Djenné, du temps de Sékou comme avant et après. Une catastrophe d'une telle ampleur n'a donc pu être ignorée. Par ailleurs, les souverains de Kong étaient également hommes d'affaires. Ils ont sans aucun doute été informés de la situation qu'ils ont très certainement exploitée. Vue l'ancienneté du poids de Djenné dans la production textile du Soudan occidental, le vide laissé par cette cité a, à coup sûr, permis à Kong d'accroître ses parts de marché dans la boucle du Niger et dans d'autres contrées.
Quoi qu'il en fût, la politique de deux des fils de Sékou, Koumbi et Djanguina, pour autant qu'elle a consisté à soutenir les affaires, semble s'inscrire dans cette dynamique. En effet, après les errements de Samanogo (1745-1747), fils et premier successeur de Sékou, qui s'était mis les milieux d'affaires à dos, Koumbi (1747-1770) eut une politique plus conciliante. Jamais il ne rançonna, ni ne multiplia les taxes, se contentant en cela de suivre l'exemple de son père et donc de recevoir le dolo songo
-vocable qui signifie littéralement le prix de la bière, mais qui, en réalité, désigne les largesses concédées par les négociants à l'empereur pour l'exercice de la sécurité en tant que service public. Cette fiscalité minimale, outre qu'elle créait un environnement favorable à la production et aux échanges, accrut considérablement les finances impériales, dont l'on peut mesurer l'ampleur par les cadeaux somptueux qu'offrait le souverain à ses invités. Le geste impérial ne doit pourtant pas être considéré comme une incitation fiscale dont l'efficacité relative devait soutenir les fastes du palais, car le Kpon-guènè prospéra réellement sous Koumbi. De ce point de vue, la fortune impériale peut être envisagée en partie comme un surgeon du rendement des affaires à Kong. Le règne de Djanguina dit Mori Maghari (1770-1800) fut également pros-père. La nouvelle donne est ici la vigoureuse reprise en main du Gwiriko que l'homme entreprit à unir de 1775, du temps de Maghan-Oulé, fils et troisième successeur de Famaghan. Il le fallait. En fait, depuis la mort de Famaghan en 1750, le Gwiriko, rappelons- le, était en proie à des guerres de libération de plus en plus violentes, notamment sous le règne de Kèrè-mansa watara (1765-1780) et de Magban-Oulé lui-même (1780-1802). tous deux successeurs de Tyèba (1750-1765)22. Aussi bien, la rupture
de l'unité politique de l'empire en 1747 aidant 23, des pans entiers du Gwiriko étaient restés
une cadence d'un pagne tous les 3 jours; et ce, à raison de 8 mois par an -le temps que dure la saison sèche qui est la période propice à ce genre d'activité de plein air -et obtient une production de 40 000 pagnes par an.
inhabités ou hostiles et, par là même, fermés au négoce des Watara. Certes, des couloirs de sécurité avaient été établis entre les villages-garnisons qui reliaient Kong à Bobo-Dioulasso et à Djenné; mais la faiblesse de ce maillage urbain et militaire rendait l'espace marchand vulnérable, et donc peu propice y compris la circulation des biens et des hommes.
La construction du Kpon-guènè répondait, rappelons-le, au souci d'échapper aux petites chefferies et anarchies paysannes qui pillaient les caravanes, imposaient de lourdes taxes (de péage) et empêchaient la libre circulation des biens.
CONQUETE MILITAIRE ET ECONOMIQUE
C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la décision de Djanguina qui couronna ses succès militaires par une politique de colonisation systématique de l'espace marchand. Les négociants furent en effet incités à s'installer dans les agglomérations du Gwiriko, avec souvent pour
objectif de créer et d’animer un marché là où il n'en existait pas. Maghan-Oulé fut d'ailleurs
réceptif à cette politique, en accueillant de très nombreux négociants et des lettrés, musulmans, étrangers ou venus de Kong pour s'installer et vivre dans le Gwiriko (George Niamkey Kodjo, 1986) et (Bakary Traoré, 1196).
Djanguina poussa également vers le sud, inscrivant ainsi le Tagwana dans le giron de l'empire. Les relations diplomatiques très anciennes
avec le Gyaman ; et avec Bouna et Mango vaincus en 1750, puis placés dans un état de dépen-dance permirent à Kong de consolider sa maitrise de l'espace marchand et de mieux exporter son textile. Selon toute vraisemblance, Kong n'a jamais été aussi riche que sous Koumbi et Djanguina, pour la plus grande croissance d'une production à grande échelle qui a traversé tout le XVIIIe siècle.
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CARTE DU ROYAUME DE L’EMPIRE DE KONG VERS 1750
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Part of Islam Info hors-série #14