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Religieux et coutumiers face au Sénat : quel rempart demain pour la république ?
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- Title
- Religieux et coutumiers face au Sénat : quel rempart demain pour la république ?
- Publisher
- Le Pays
- Date
- September 17, 2013
- Abstract
- L'épée de Damoclès planerait-elle au-dessus de la tête des Burkinabè, particulièrement celle de certaines autorités ? En tout cas, il est difficile de comprendre pourquoi des leaders religieux et coutumiers s'acharnent à défendre la mise en place du Sénat, au point de voir la discorde s'installer et progresser dans leurs propres rangs.
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0000298
- content
-
L'épée de Damoclès planerait-elle au-dessus de la tête des Burkinabè, particulièrement celle de certaines autorités ? En tout cas, il est difficile de comprendre pourquoi des leaders religieux et coutumiers s'acharnent à défendre la mise en place du Sénat, au point de voir la discorde s'installer et progresser dans leurs propres rangs.
Certes, l'Eglise catholique a une position claire : elle n'enverra pas de représentant au Sénat. Elle s'en est justifiée. Tel n'est pas le cas dans les autres confessions religieuses où l'on éprouve bien du mal à trouver une position consensuelle. Que ce soit au niveau des protestants ou des musulmans, la question divise, et ceux qui sont projetés à l'avant-scène ne semblent défendre que leurs propres points de vue.
Jour après jour, d'autres porte- parole des mêmes communautés religieuses sortent de l'ombre. Ils avouent, sans équivoque, ne pas partager les prises de position de certains leaders. Du côté des coutumiers, c'est également le clair-obscur. Les prises de position sont si ambiguës que cela devient exaspérant.
La question du Sénat divise plus que jamais. Entre le sommet et la base, la déconnexion est devenue une réalité
Ce Sénat devrait apporter la cohésion, être le garant de la démocratie et de la paix sociale. On constate qu'avant même sa mise en place, il engendre des tensions.
Chaque jour qui passe voit les Burkinabè de plus en plus divisés. Les différentes composantes du corps social s'effritent, mais cela ne semble point émouvoir certains acteurs politiques. Pour eux, la situation est normale. Et pourtant les ingrédients d'une explosion sociale ne semblent pas loin.
A l'image de leurs dirigeants, les Burkinabè sont tenaces. Et lorsque la colère commence à gronder en leur sein, il devient difficile de les contenir. Or, ce Sénat qui divise, ne paraît pas pour un nombre considérable de Burkinabè, aussi vital pour le peuple burkinabè.
Pourquoi le présenter comme si son absence ferait disparaître toute une nation ? Il n'y aurait aucun drame à le suspendre, justement, au nom de la paix sociale que tout le monde a tendance à revendiquer. Pourquoi insister tant ?
La question du Sénat divise plus que jamais. Entre le sommet et la base, la déconnexion est devenue une réalité. Or, le morcellement des communautés religieuses et coutumières est à ce point évident, que la division devient transversale. Comment les fidèles peuvent-ils donc se retrouver dans une telle cacophonie ?
Il y a de quoi être inquiet lorsque certains leaders parlent. Finalement, quelle est leur légitimité ? Au nom de qui prétendent-ils vraiment parler, puisque, peu après, des voix discordantes se font entendre ?
Le Sénat ne doit pourtant pas devenir une question de vie ou de mort. Or, la discorde gagne chaque jour du terrain. Chaque Burkinabè, dans son for intérieur, finira bien par se sentir de moins en moins concerné par la prise de position de tel ou tel leader de sa communauté d'appartenance.
La presse a récemment fait cas de la large concertation à laquelle le chef de l'Etat s'est lui-même livré, notamment auprès des coutumiers et des religieux.
Elle a démontré que le consensus qu'il cherche tant à propos du Sénat est inexistant. Blaise Compaoré comprend-il que beaucoup de ceux qui se disent favorables au Sénat seront demain les premiers à lui faire des reproches ? Au Burkina Faso, les courtisans nous ont habitués à d'incessants va-et-vient.
Il est bon de garder à l'esprit que la paix sociale constitue de nos jours une denrée de première nécessité.
En Afrique en général, ceux qui vont systématiquement dans le sens du prince, sont ceux-là qui partagent ses repas, ou tirent énormément profit de son pouvoir.
Par conséquent, ils ne peuvent avoir de recul face aux questions d'importance nationale. Les thuriféraires d'aujourd'hui en oublient même que dans une situation comme celle-ci, la cohésion sociale est le bien le plus précieux à préserver.
En effet, la division au sein de nos instances religieuses et coutumières doit être prise au sérieux. De tout temps, celles-ci ont constitué des remparts pour la République.
A présent que des leaders s'affichent politiquement, vers qui donc les fidèles en particulier, les populations en général, vont-ils se tourner le jour où la République sera véritablement en danger ?
Et, désormais, quid de leur crédibilité. Dans la forme, il y a manifestement une crise de confiance. Il est bon de garder à l'esprit que la paix sociale constitue de nos jours une denrée de première nécessité. Il faut la préserver à tout prix.
De toute évidence, on n'a pas suffisamment tiré leçon de l'histoire, notamment des circonstances qui ont engendré la création du collège de sages, qui a fait à l'époque, un travail mémorable. L'histoire est insaisissable en ce sens que, face à elle, nous sommes tous des analphabètes impuissants.
Demain, saurions-nous avoir un collège de sages d'une qualité aussi irréprochable que celui qui nous avait apporté tant de belles réformes, socle de notre cohésion sociale actuelle ?
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