Article
Lutte contre le terrorisme au Burkina : un présumé recruteur de djihadistes abattu, grenade en main
- Title
- Lutte contre le terrorisme au Burkina : un présumé recruteur de djihadistes abattu, grenade en main
- Creator
- Thierry Sami Sou
- Publisher
- Le Pays
- Date
- October 24, 2016
- Abstract
- Les habitants de Kilwin, ex- secteur 21 de la ville de Ouagadougou, ont vécu une scène peu commune le 23 octobre 2016. Un présumé recruteur de djihadistes, membre d'un réseau chargé de ravitailler ladite filière au Burkina Faso et dans la sous-région, y a été abattu lors d'échanges de tirs avec la police. Une scène digne d'un film d'action, selon les riverains.
- Language
- Français
- Source
- Le Pays
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0000285
- content
-
Les habitants de Kilwin, ex- secteur 21 de la ville de Ouagadougou, ont vécu une scène peu commune le 23 octobre 2016. Un présumé recruteur de djihadistes, membre d'un réseau chargé de ravitailler ladite filière au Burkina Faso et dans la sous-région, y a été abattu lors d'échanges de tirs avec la police. Une scène digne d'un film d'action, selon les riverains.
Une ambiance tendue ! C'est l'impression qui se dégageait le 23 octobre dernier, à notre arrivée à Kilwin, ex-secteur 21 de Ouagadougou. La population attroupée, le regard interrogateur, était maintenue à distance par un cordon de policiers. Sur les visages de ces derniers, la fatigue se lisait aisément. En plus des éléments de la BAC et de l'UIP, la police technique et scientifique était présente, de même que le Génie militaire. On imaginait aisément que la situation était assez préoccupante. En effet, quelques mètres derrière le cordon de sécurité, un corps gisait, sur le ventre. A la question de savoir pourquoi toutes ces précautions pour un corps, un riverain nous a expliqué que celui-ci avait une grenade entre les mains, d'où ces précautions. L'air grave, il a dit n'avoir pas dormi de la nuit. « C'est vers 00h que tout a commencé. Je venais de rentrer chez moi. J'ai entendu sommer quelqu'un de s'arrêter et de se mettre à terre. Quelques instants plus tard, les tirs ont débuté. Je pensais, au début, que c'était des braqueurs qui étaient à l'œuvre. J'ai donc appelé le 17. C'est après que j'ai compris qu'il s'agissait de la police. Les tirs ont duré toute la nuit », a-t-il raconté. Une version confirmée par Kevin Zoma, également riverain de la scène. C'est même presque devant la porte de sa concession que l'indélicat a été abattu. Non loin de nous, une équipe du Génie militaire s'active. Elle s'habille pour la circonstance dans une tenue appropriée pour intervenir. Elle est bien protégée et, avec un système de cordage, s'approche du corps. Il est alors demandé à tous de reculer, pour des raisons de sécurité. Un badaud s'adresse alors à un de ses amis. « Allons à la maison », dit-il. Et de poursuivre que de toute façon, la presse est là ; on verra ce qui s'est passé dans les médias.
Le lièvre est débusqué
Entre temps arrivé, le premier responsable du département de la sécurité, Simon Compaoré, confie qu'il vaut mieux être prudent car on ne sait pas encore ce qu'il a sur lui. Dans les cours voisines de la scène, la police prie ceux encore terrés chez eux de sortir, pour des questions de sécurité. La foule grossit.
Il est alors 10h 39mn. Le génie militaire commence à intervenir. L'ambiance est tendue, tout le monde est conscient qu'une explosion peut survenir à tout moment. Pendant d'interminables minutes, l'équipe du génie sécurise le sac que le présumé recruteur de djihadistes avait sur lui. Qui sait ce qu'il peut contenir ! Puis, c'est au tour de l'arme avec laquelle il a tiré sur les forces de l'ordre. La grenade qu'il a en main est également sécurisée et le corps est retourné. Le soulagement de la foule est perceptible lorsque l'équipe de « déminage se retire », cède la place à celle de la police scientifique. Il est 10h 57mn. Le procureur, Maïza Sérémé, s'avance pour les constats d'usage.
Quelques minutes plus tard, elle s'avance vers les Hommes de médias, accompagnée du ministre d'Etat Simon Compaoré et du DG de la police, Lazare Tarpaga. Ce dernier, avant tout propos, a tenu à remercier la population pour sa collaboration et a rappelé la nécessité de celle-ci.
« Hier dans l'après-midi, nous avons eu la collaboration de la population de Yagma qui nous a fait comprendre qu'il y a des tentatives de recrutement de jeunes afin de les former au Nord du pays, et même au-delà de nos frontières », a-t-il expliqué. Ces recrutements, selon ses dires, avaient pour objectif de former les recrues afin qu'elles reviennent s'en prendre aux forces de défense et de sécurité. « Nous avons donc essayé de remonter la filière pour voir si on pouvait mettre la main sur les individus chargés du recrutement. Ce qui nous a conduits à plusieurs domiciles. Nous avons débusqué le lièvre que nous avons poursuivi jusqu'ici. Nous avons essuyé des tirs, nous avons riposté. Le résultat, vous le connaissez », a confié Lazare Tarpaga. Rappelant que le présumé djihadiste abattu n'était pas seul, le DG de la police a ajouté que 3 autres personnes sont en train d'être recherchées, aussi bien à Ouagadougou qu'à Bobo-Dioulasso. « Nous espérons qu'avec ce que nous avons pu obtenir ici, nous allons mettre la main sur les autres. Nous avons déjà les identités de certains, ce sont des Burkinabè », a conclu Lazare Tarpaga. « Au fil de l'évolution de l'enquête, nous vous donnerons plus d'informations », a dit pour sa part Maïza Sérémé. Pour l'instant, a-t-elle fait noter, « la police scientifique est sur les lieux. Nous avons mis la main sur un sac contenant des téléphones et divers autres éléments que nous allons exploiter pour trouver les ramifications du réseau de recrutement. C'est une infraction, un acte terroriste qui a été posé et qui est puni par la loi », a lancé Maïza Sérémé.
Le ministre d'Etat, Simon Compaoré, a quant à lui, précisé que le véhicule à bord duquel les recruteurs se sont enfuis, a été retrouvé. Une voiture verte de marque Mercedes, selon certaines sources. « Certains éléments ont été appréhendés. Ceux qui doivent être entendus, le seront », a dit Simon Compaoré. Chacune des 3 personnalités a insisté sur la nécessité de la collaboration de la population. Elles ont toutes demandé de ne pas hésiter à contacter les forces de l'ordre pour toute information. L'accès au théâtre des opérations était impossible, la police scientifique étant toujours à pied d'œuvre. Quand nous quittions les lieux autour de 12h, un véhicule des pompes funèbres se positionnait, certainement pour l'enlèvement du corps du recruteur abattu.
Thierry Sami SOU
Le gouvernement appelle à la vigilance
Dans la nuit du 22 au 23 octobre 2016, les forces de défense et de sécurité ont démantelé un réseau de recrutement destiné à alimenter des filières terroristes dans la sous-région et au Burkina Faso.
Cette opération a pu être menée grâce à la vigilance des populations de Yagma dans la commune de Ouagadougou, suite à des tentatives de recrutement de jeunes devant être formés hors du territoire national, aux fins d'actions terroristes.
Après recoupement et vérification des faits et sources, les forces de défense et de sécurité sont intervenues pour démanteler ledit réseau en procédant à leur arrestation. Durant cette opération, elles ont essuyé des tirs et dans la riposte, un assaillant a été abattu, tenant en mains un explosif et un pistolet.
Le procureur du Faso accompagnée du ministre d'Etat, ministre de l'administration territoriale et de la sécurité intérieure est allé faire le constat d'usage. Cette opération a permis l'arrestation de suspects et l'enquête suit son cours.
Le gouvernement félicite les habitants de Yagma pour leur collaboration et appelle toutes les populations à contacter les forces de défense et de sécurité aux numéros 16 ou 17 pour tout comportement suspect.
Le gouvernement félicite par ailleurs les forces de défense et de sécurité pour leur professionnalisme, renouvelle ses encouragements aux populations pour leur collaboration et les invite à la vigilance.
Le service d'information du gouvernement
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