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Mouhoun : les musulmans enterrent la hache de guerre
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- Title
- Mouhoun : les musulmans enterrent la hache de guerre
- Creator
- Serge Coulibaly
- Publisher
- Le Pays
- Date
- January 6, 2006
- Abstract
- Divisée par des querelles intestines pendant 15 ans, la communauté musulmane du Mouhoun a enfin décidé d'enterrer définitivement la hache de guerre. A cette veille de la Tabaski, nous avons échangé avec son président sur divers sujets. Pour El Hadj Adama Sidibé Sow, l'islam est un mode de vie.
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0000053
- content
-
Divisée par des querelles intestines pendant 15 ans, la communauté musulmane du Mouhoun a enfin décidé d'enterrer définitivement la hache de guerre. A cette veille de la Tabaski, nous avons échangé avec son président sur divers sujets. Pour El Hadj Adama Sidibé Sow, l'islam est un mode de vie.
Quels sont vos voeux pour cette nouvelle année qui commence ?
A la veille de la Tabaski, je formule des voeux de bonheur, de prospérité pour toute la province. Je souhaite que les autorités qui nous commandent soient en paix pour que cela se répercute sur l'ensemble des populations. Je leur souhaite aussi une bonne santé, parce que c'est la santé qui fait le bonheur de tous. Lorsqu'il y a la santé, cela est déterminant pour ce qu'on doit entreprendre. Je souhaite également que le nouveau gouvernement puisse prendre nos préoccupations en compte. Je souhaite enfin que les musulmans du Mouhoun soient beaucoup plus unis. C'est vrai que l'unité est retrouvée mais mon voeu est de voir cette unité se renforcer et devenir définitive ; que nous ne soyons plus en désaccord les uns envers les autres, car l'islam est une religion de paix.
Sous quel signe sera placée la fête de la Tabaski ?
La paix, la fraternité et la concorde. Parce que c'est l'occasion pour nous de se souhaiter la bonne fête, de pardonner mutuellement nos rancoeurs et tout ce qui s'ensuit. Je pense que si nous arrivons à nous pardonner mutuellement, l'année sera gagnée.
Peut-on s'attendre à vous voir prier demain dans un lieu de prière commun ?
La déchirure garde encore des stigmates qu'il faut panser progressivement. Certains se sont détachés avec une certaine rancoeur si bien que ce n'est pas avec un bâton magique qu'on pourra faire marcher les choses. Il faut aussi reconnaître qu'en dehors de Ouaga et Bobo, il n'y a pas de place officielle digne de ce nom pour les prières à l'occasion des fêtes. Qu'à cela ne tienne, nous travaillerons de sorte à avoir cette place officielle où la prière sera dirigée par le grand imam et où les autorités pourront venir prier en toute quiétude. Des critères objectifs nous permettront de déterminer ces lieux.
La réconciliation entre musulmans du Mouhoun est-elle une réalité ? Si oui quels sont les engagements que les uns et les autres ont pris pour enterrer définitivement la hache de guerre ?
Elle est une réalité depuis un certain temps dans la mesure où la formation du bureau est issue d'un consensus. Les imams s'étaient déjà retrouvés pour dégager un compromis. Des décisions ont été prises et le bureau de la communauté a été mis en place. Le problème était à leur niveau et chacun allait de son côté. Les cérémonies religieuses se faisaient à la limite par ethnie. Maintenant que l'unité est retrouvée, toutes les cérémonies se font de façon collégiale. Après 15 ans de division, nous croyons avoir rattrapé le bon bout pour enterrer définitivement la hache de guerre. Surtout que la génération montante le veut. Je crois que ce sont des intellectuels mûrs; ils semblent être en mesure de comprendre mieux l'islam que les autres. Le Mouhoun est une région de paix, de ce fait, il faut savoir se comporter et se supporter mutuellement.
Quels sont vos projets à court, moyen et long terme ?
L'islam est la religion présente à 60% dans la province, voire la région. Malheureusement, nous n'avons pas de structures conséquentes. J'entends par-là des medersas, des écoles, des collèges. Il serait souhaitable que nous puissions en avoir. Cela permettra de suivre le progrès. Les projets pour nous, ce sont les écoles, au niveau primaire et secondaire. Nous espérons, pourquoi pas, avoir des bourses pour l'université. Ce sera une bonne chose. En plus de cela, il serait bon que nous ayons un complexe islamique où on peut avoir une mosquée, un dispensaire, un orphelinat et une medersa. En somme des structures de bienfaisance pour secourir les nécessiteux.
Comment allez-vous y parvenir?
Nous allons nous organiser pour frapper à différentes portes.
Nous avons des enfants qui peuvent nous aider à atteindre un tant soit peu nos objectifs. Il y a l'ambassadeur du Burkina en Libye qui fait déjà beaucoup pour nous. Il a été un grand artisan dans cette réconciliation. Il a doté les mosquées de matériels de sonorisation et courant décembre, il nous a donné des ouvrages sur l'islam. Il nous a même promis des ordinateurs et une bibliothèque. Nous avons toujours été associés à ces dons.
Nous avons un autre fils en Arabie Saoudite qui est aussi de bonne volonté pour nous aider à renforcer la cohésion.
Notre pays a amorcé un processus de la communalisation. Quel rôle va y jouer la communauté musulmane du Mouhoun ?
Elle est prête à aider le gouvernement dans ce sens. Soyez rassurés que la communauté musulmane du Mouhoun jouera sa partition.
Quelles sont vos difficultés ?
Elles sont surtout d'ordre financier et infrastructurel. Ce sont des oeuvres sociales qui intéressent la population. Lorsque vous venez en aide à un homme souffrant, il vous reste reconnaissant. Nous avions des difficultés qui ont été aplanies, parce que chacun est content de revenir à la maison commune.
Nous avons, à l'occasion du nouvel an, constitué une délégation pour saluer les autorités politiques, administratives, coutumières et religieuses. Nos hôtes ont été sensibles et se sont réjouis de cette union.
Votre coup de coeur ...
Nous avons passé 15 ans dans le désordre. Maintenant que l'union est faite, je souhaite que les uns et les autres comprennent que ce qui s'est passé doit servir de leçon, et que l'on sache que l'islam est une religion de paix, d'amour.
Maintenant, il faut que les uns et les autres fassent preuve de bonne volonté afin que nous continuions dans cette lancée.
L'islam est un mode de vie. Si on s'y attache, si on l'applique, il n'y a pas de raison qu'on échoue. Tous les musulmans sont des frères. A partir du moment où nous sommes des frères, il y a un comportement qu'il faut savoir garder.