Issue
Le CERFIste #9
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Burkina Faso
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- Articles de journaux (3615 items)
- Title
- Le CERFIste #9
- Publisher
- Le CERFIste
- Date
- November 2008
- issue
- 9
- Abstract
- Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- number of pages
- 12
- Subject
- Abdoulaye Guitti
- Djiguiba Cissé
- Mamadou Alioune Diouf
- Relations Côte d'Ivoire-Burkina Faso
- Tariq Ramadan
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans de Côte d'Ivoire
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Civilisation occidentale
- Hadith
- Sunnah
- Terrorisme
- Rights Holder
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-issue-0000538
- content
-
Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) N° 009
Al Ihsane ou la perfection P5
Les médias : nouveaux acteurs de la géopolitique mondiale
ÉDITORIAL
Obama ou être le sujet de sa destinée
Qui l'aurait cru ! Barack Hussein OBAMA, fils d'un musulman Kenyan et d'une américaine blanche, à la tête de l'hyper puissance américaine. En effet le 04 novembre 2008, les Américains ont choisi avec une majorité sans appel leur 44ème président, un fils d'immigré africain. OBAMA occupera le bureau ovale à partir du 20 janvier et pour les quatre ans à venir. Qu'a-t-il bien pu arriver pour favoriser l'ascension fulgurante d'un homme de couleur à la tête du pays le plus puissant du monde ?
Il a fallu d'abord l'arrivée au sommet de l'Empire états-unien d'un des plus piètres présidents de son histoire. Parvenu en effet au pouvoir en 2000 face au démocrate Al Gore après l'élection la plus calamiteuse de l'histoire de l'Amérique, Georges Bush junior gère Depuis le 11 septembre 2001 et de la façon la plus catastrophique qui soit, ce qu'il a dénommé la guerre contre le terrorisme. Pour cette raison, il a initié 2 guerres innommables et insoutenables respectivement en Irak et en Afghanistan qu'il se doit de céder à son successeur sans aucune victoire si ce ne sont des défaites au regard des moyens déployés, des forces en présence et des dégâts humains et matériels. Ces différentes guerres ont donné de l'Amérique une image pitoyable, celle d'un empire ayant atteint son apogée.
Puis est survenu l'ouragan Katrina mettant à nu, au cœur même du plus puissant empire de l'histoire récente de l'humanité, les puanteurs du sous-développement. Enfin et de loin le plus inquiétant, la crise financière éclate au crépuscule du règne du président Bush. C'est une crise immobilière qui se transforme en une crise économique mondiale. Depuis 1929, l'Amérique n'avait pas connu pareille déculottée financière. 700 familles dans la rue et l'économie réelle profondément atteinte. 18 mois de campagne avec plus de 500 milliards de francs Cfa broyés, ont révélé au monde un jeune métis, pour relancer l'Histoire. Pour avoir été élu, Barack OBAMA a rappelé à la conscience humaine "qu'aucune race ne détient le monopole de la beauté et de l'intelligence" (Aimé Césaire). Il a rappelé au monde que l'Histoire est là devant nous et qu'il appartenait à chacun d'être le sujet de sa destinée et de ses ambitions. Mais le prix à payer est lourd. Apporter des réponses justes à 2 guerres inventées pièce par pièce, relancer la machine économique occidentale...
L'actualité récente invite pourtant à la réflexion. Le réveil de la Chine et de l'Inde, le retour de la Russie et l'émergence de bien d'autres États, qui concurrencent avec les États-Unis dans tous les champs de la puissance (spatiale, militaire, économique et technologique). Des signes avant-coureurs, qui annoncent un déplacement progressif du centre du monde. L'anglosphère (White Anglo-Saxon Protestant) ne semble plus constituer le centre de l'Amérique, pas plus que les Etats-Unis ne constituent plus désormais le centre du monde. Nous entrons à n'en pas douter progressivement mais certainement dans un monde multipolaire plein d'espoir mais potentiellement dangereux. C'est donc dans un tel contexte que Barack OBAMA, dont l'élection suscite plus d'espérance dans les 4 coins du monde qu'il n'imagine, aura à conduire les nouveaux Etats-Unis d'Amérique. Les attentes sont énormes, les déceptions ne manqueront pas très vite mais l'Amérique a un rôle majeur à jouer pour ces nouvelles étapes. A-t-elle vraiment compris le nouveau contexte ? Saura-t-elle dégager de nouveaux horizons pour les filles et fils d'Amérique et bien au-delà ? Le chemin est long, la route épineuse. Et le sage de dire le chemin se fait en marchant. Dieu est le savant !
La rédaction
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■ Le Cerfiste N° 009 novembre 2008
SPIRITUALITE ET OCCULTISME
Mamadou Alioune Diouf apporte sa "lumière"
La spiritualité et l’occultisme, deux termes au contenu à la fois proche et opposé. En effet, la spiritualité se déploie sur l'imaginaire et les rapports de l'homme avec l’être supérieur. À ce titre, les deux termes englobent ensemble aussi bien le licite lien entre l'homme et son Créateur que les sombres désirs de celui de trouver du soutien auprès d'autres créatures. Ce rapport apparemment ambigu que pose la question de la spiritualité et l'occultisme n'existe pourtant pas réellement. La spiritualité telle qu'analysée ici est une expression claire des rapports de l'homme avec Dieu Créateur. L'occultisme est tout à fait le contraire. C'est ce qui n'est pas clair, dira Diouf, de passage à Ouagadougou le 26 octobre dernier, et sollicité pour animer la conférence bimestrielle du Cercle d'Étude de Recherche et de Formation Islamique (CERFI) du Kadiogo.
À priori, le sujet est problématique et complexe en permanence. Il concerne la vie de tous les jours des hommes et femmes et ne se règle pas une fois pour toutes. Il décrit schématiquement l’évolution des hommes et les raisons qu'ils se donnent pour imprimer un sens à leur vie. Cela va de la longévité à la richesse, en passant par le pouvoir. Il devient dès lors une affaire de réussite ou de mort sociale.
L'occultisme particulièrement est d'autant plus complexe et confus qu'il trouve un écho favorable dans la culture même de la société africaine, a fait remarquer le conférencier. Il concerne toutes les étapes de la vie : le mariage, la grossesse, la naissance, le succès, la mort. Nombre d'Africains ont embrassé l'Islam sans laisser ces pratiques occultes. Les cas de pratiques qui relèvent de l'occultisme sont légion.
Alioune Diouf a insisté sur les faits et le vécu du monde moderne auxquels les gens s'aliènent pour lire leur destin. Toute chose qui est considérée comme occulte et strictement interdite par Dieu. Il s'agit entre autres de l'horoscope. Les gens s'y lient de façon inconditionnelle. Les sujets adeptes de l'horoscope en dépendent exclusivement au point de ne poser aucun acte avant de consulter leur horoscope. Il existe des gens qui, sans lire leur horoscope du jour, s’interdisent de sortir. Ils croient fermement à tout ce que l'horoscope décrit sur leur chance de succès ou d'échec. En outre, dans la culture traditionnelle, le voyage pour certaines personnes ne se fait pas n'importe quel jour. La rencontre d'un homme, d'une femme, d'un animal donné, sur la route du voyage peut représenter un mauvais présage de l’issue qui en découle. C'est une pratique qui relève de l'occultisme. Selon Diouf, le simple fait de chercher à connaître ce qui n'est pas encore arrivé, le fait de recourir aux créatures de Dieu pour connaître son destin, relève du domaine de l'occultisme. Il y a aussi l’exemple des examens où des candidats sont tentés de connaître leurs résultats avant les examens, en consultant des devins et autres faux prédicateurs des temps nouveaux. Cela est aussi valable pour le commerce où les enjeux suscitent les tentations et les recours aux courtes échelles dont les pratiques occultistes. Nos routes et Carrefours ne désemplissent plus de toutes sortes de produits céréaliers et autres étoffes ou encore de la poudre noire faisant office de sacrifices, jetés dans ces lieux publics. Le moins que l’on puisse dire est que les pratiques occultes sont très répandues dans nos sociétés et affectent la foi de nombre de musulmans. Elles ont pris des formes multiples et multiformes. Ce qui inquiète actuellement, ce n'est pas tant l’occultisme distinctement affiché que les pratiques spirituelles islamiquement reconnues qui peuvent prendre une forme peu circonscrite et devenir ainsi très équivoques.
Pour Alioune Diouf, la Rokia qui a des sources islamiques est souvent pratiquée avec un symbolisme déroutant qui pose le problème du manque de références claires pour attester que c'est de la sorte qu'elle a été faite par le prophète lui-même. Autrement dit, soigner par la lecture du Coran est une pratique juste, mais y ajouter d’autres choses dans la forme et le contenu devient difficile à comprendre. Dans le même ordre D'idée, Diouf affirme que la prière de consultation est une pratique sunnatique recommandée par le Prophète, Paix et Bénédiction sur Lui. Avant d'entreprendre toute action d’importance confirmée, il est recommandé au musulman de faire 2 rakates à cet effet. Mais dans bien des cas, cette prière est vue comme un test dont l'interprétation des résultats hautement symboliques bloque ou galvanise le processus. L'on voit ainsi des gens recourir à d'autres personnes au motif que leurs prières de consultation donnent des résultats explicites. Diouf indique qu'il faut faire la prière telle que recommandée et prendre sa décision. Cette décision sera déjà une orientation de Dieu.
Les exemples de la Rokia et de la prière de consultation sont juste indicatifs des pratiques islamiques souvent faites de manière à susciter beaucoup de questions par rapport à leur authenticité telle que décrite par le Coran et la Sunna. Que faire alors pour que, contre la vraie spiritualité, l'on ne verse pas dans l'occultisme ? Diouf trouve que Cette question est loin de relever de l’ordre du dilemme. Pour lui, il suffit d’avoir confiance en Dieu. Cela fait disparaître le doute. Il faut avoir confiance en soi et faire usage de la raison dotée par Dieu. Il faut préserver sa foi. Bref, il faut avoir la mentalité du musulman et connaître les invocations enseignées par le Prophète pour les différentes circonstances ainsi que les pratiques qu'il a recommandées. Pour le conférencier qui a tenu le public en haleine pendant plus de trois heures, un matin de dimanche, c'est la seule voie pour vivre sa foi et éviter de tomber dans une spiritualité occulte.
Par Mikaillou KERE
Le Cerfiste N° 009 novembre 2008
Le Coran et les femmes
Le Coran est un rappel pour les hommes et les femmes vivant sur terre pour un monde meilleur. Lorsque l’on étudie le Coran, l’on se retrouve devant un message égalitaire, humanitaire et porteur de foi et de sens. Cependant, on oublie très souvent que le Coran est un message universel et on en fait une analyse réductrice et des Interprétations inexactes surtout en ce qui concerne la femme. Il faut donc dénoncer à la lumière des sources islamiques, c'est-à-dire le Coran et la Sunna (tradition prophétique), la mauvaise interprétation et application du texte coranique. La femme en tant que pilier central de la stabilité et du bonheur familial et social n’a point été oubliée par Allah du haut de ses cieux. Éducatrice de ses enfants, conseillère de son mari, la femme musulmane joue au sein de la cellule de base de la société qu’est la famille, un rôle irremplaçable.
Quand le Coran parle à la femme, la femme musulmane doit chercher à connaître et à comprendre les droits que l’Islam lui octroie. Elle se rendra compte que la loi islamique lui octroie des droits que les traditions rétrogrades lui confisquent. Dieu dit dans le livre sacré : « ...Je ne ferai jamais perdre à aucun, d’entre vous, homme ou femme, le bénéfice de ses œuvres... » S3V195. Dieu interpelle les croyants hommes ou femmes par plusieurs formules évocatrices et significatives pour les doués d’intelligence. On peut, entre autres, citer le verset 35 de la sourate 33 : « Les musulmans et les musulmanes, les croyants et les croyantes, les hommes pieux et les femmes pieuses, les hommes sincères et les femmes sincères, les hommes patients et les femmes patientes, ceux et celles qui craignent Dieu, ceux et celles qui pratiquent la charité, ceux et celles qui observent le jeûne, ceux et celles qui sont chastes, ceux et celles qui invoquent souvent le Nom du Seigneur, à tous et à toutes Dieu a réservé Son pardon et une magnifique récompense ».
Tout en tenant compte des différences physiques et physiologiques venant de la création, l’Islam légifère l’égalité entre homme et femme. Le prophète Muhammad (PSL) ne dit-il pas que les femmes ne sont que les sœurs des hommes ? Dans une autre version il dit : « Ô hommes ! Traitez bien les femmes car elles ne sont que vos partenaires ». Le seul critère de distinction entre les humains hommes et femmes reste le critère de la piété et de la droiture et non le genre, la couleur, la race ou la richesse. Comme cela est évident dans le verset 13 de la sourate 49 : « Le meilleur d’entre vous est le plus pieux ». Il est vrai que Dieu met en exergue une certaine « prédominance » des hommes sur les femmes pour ce qui concerne leurs responsabilités familiales et sociales dans le verset 34 de la sourate 4, mais cette différenciation se retrouve uniquement dans les rôles. L’objectif visé ici c’est la capacité, les aptitudes et les dons et non le sexe car la prise en charge matérielle et financière de la femme incombe entièrement à l'homme quel que soient les richesses de cette dernière.
Quand le coran parle de la femme, c'est "toute une histoire d’amour, de beauté, d'intelligence et de clémence qui se lit à travers des mots, des signes et des silences" comme le note Asma LAMRABET dans le coran et les femmes, une lecture de libération. C’est aussi la manifestation d’une volonté réelle de revaloriser l’identité féminine. Les femmes du coran Des personnages Féminins ont jalonné l’histoire de l’Islam depuis le début de la révélation. Elles furent de braves femmes résolues et énergétiques. Elles sont mentionnées dans le Coran comme des modèles et des exemples à suivre pour l’ensemble de la communauté musulmane. C’étaient des êtres libres, doués d’intelligence, de raison et de discernement. Cette conception coranique de la femme remet en cause l’image infantilisante véhiculée par une certaine culture islamique.
La mère de Moussa (Moïse) le prophète de Dieu était une femme dévouée, patiente et soumise à Allah à une époque où Pharaon exerçait son pouvoir tyrannique en tuant tous les garçons nouveau-nés. Dieu inspira à la mère de Moussa de le jeter dans le fleuve.
Maryam (Marie), fille de Imran et de Hannah et mère du prophète Issa (Jésus). Cette personnalité féminine a été citée tout au long du Coran comme un exemple de piété, de soumission et de chasteté. Tout un chapitre porte son nom (chapitre 19).
Bilqis, reine de Saba (le peuple qui donne son nom à cette sourate). Habitait au Yémen, la région méridionale de la péninsule arabique, apparaît dans le Coran comme une femme de pouvoir et politique. Elle a su gérer les affaires de l’État avec habileté et sagesse. Elle était scrupuleuse concernant les principes politiques d’équité et de justice.
Assia, la femme de Pharaon, tyran légendaire, est évoquée dans le Coran comme un modèle de foi et de détermination. « Dieu a fait de la femme de Pharaon un exemple pour les pieux lorsqu'elle dit : "Seigneur, construis-moi auprès de Toi une maison au paradis et sauve-moi de Pharaon et de la gent injuste." »
Par Salamata Sidibé
Le Cerfiste N° 009 novembre 2008
Al Ihsane ou la perfection
L’islam nous recommande de bien agir dans tous les actes de la vie. Comme un enfant qui naît, grandit, apprend à parler, à imiter ses parents, à comprendre son entourage, il cherche à se frayer un chemin, à comprendre les lois qui régissent la société, à déjouer les coups, à s’intégrer dans la société, à se socialiser diront les sociologues. La vie du musulman suit la même trajectoire. On ne naît pas savant, on le devient; on ne naît pas pieux, on le devient. Certes, en chaque être humain Allah a placé la fitra, nous enseignent les écritures. La fitra, c’est la lueur en chacun de reconnaître l’existence de Dieu. Mais au gré des circonstances, elle peut être pervertie. Il appartient donc à chacun, à chaque être humain, de s’orienter, de bien s’orienter, de se guider, bien sûr par la grâce de Dieu.
A propos de la fitra, Allah nous dit dans le Coran : « Et quand ton seigneur tira une descendance des reins des fils d'Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : "Ne suis-je pas votre Seigneur ?" Ils répondirent : "Oui, nous en témoignons..." » (Coran 7:172).
Frères et sœurs en Islam ! La perfection (Al Ihsane), telle que le Prophète (SAW) l’a expliquée à l’ange est : « la perfection, c'est adorer Dieu, comme si tu le voyais, et même si tu ne le vois pas, sache que lui, Dieu, te voit ». Al Ihsane, c’est donc le summum de la foi. Il faut pouvoir, en tout temps et en tout lieu, s'évertuer à adorer Allah, comme si on le voyait. Tâche difficile, mais pas impossible, puisque... le Prophète (SAW) et ses compagnons y sont parvenus. « Dieu prescrit l'équité et la perfection » nous dit le Coran 16/90. Eux-mêmes « Ne suis-Je pas votre seigneur ? » ils répondirent : « Mais si, nous en témoignons ... » afin que vous ne disiez point, au Jour de la résurrection : « vraiment, nous n'y avons pas fait attention » S 7/172. Ce verset nous met face à nos responsabilités. Avant de naître chacun a témoigné, du fond des entrailles de sa mère, qu’il adorerait Dieu. Ainsi, nous pûmes naître. Toutes les voies ne conduisant pas à Rome, parce qu’il y a des voies qui égarent, Allah nous dit : « Appliquez-vous à bien agir, Dieu aime ceux qui s'appliquent à bien faire » II/195. Dans tout acte ou toute œuvre dans lequel le musulman s’engage, il lui est demandé de bien faire. Dans un hadith authentique rapporté par Bokhari et Muslim, l’ange Djibril est venu demander au Messager de Dieu, l’explication de trois termes : Islam, Imam et Ihsane, le dernier stade étant la perfection. Après le départ de l’ange, le Prophète dit à ses compagnons : « c'est Djibril qui est venu vous apprendre votre religion ».
Suite à la page 6
“Le Cerfiste”
Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TG1/OUA/P.F. du 10 novembre 2006
01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso
Tél : 76 61 57 67 / 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf
Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF
Directeur de Publication SAWADOGO Ousmane
Président du CERFI YAMÉOGO Hamidou
Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO
Rédaction BAMBARA Hamadé
OUÉDRAOGO A. Salam
OUÉDRAOGO A. Wahid
TOE Aboubacar
Allah nous dit également dans le Coran : « Adorez Allah et ne lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers vos père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, vos voisins immédiats ou lointains, le collègue, le voyageur, et les esclaves en votre possession .... » 4 / 36
Le Prophète (SAW) a dit : « Dieu recommande la perfection dans tout ce que nous faisons. Quand vous tuez, faites-le humainement, quand vous égorgez une bête, faites-le de la manière la plus douce, aiguisez bien votre lame et accordez à l'animal le temps suffisant pour mourir.
Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO
PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10
Tirage : 1000 Exemplaires
Le Cerfiste N° 009 novembre 2008
«SERMON avant de le dépouiller » Muslim
La perfection dont parle le Prophète (SAW) embrasse aussi bien les pratiques religieuses et les rapports sociaux. La prière, le jeûne, la zakat, le pèlerinage doivent être accomplis avec perfection. Chaque musulman doit bien apprendre les rites, les comprendre correctement et bien les appliquer.
Dans les rapports sociaux, le champ où se manifeste la perfection est large. Les parents sont prioritaires dans le traitement. Se conduire convenablement envers eux, leur obéir, leur procurer toutes sortes de biens matériels tels que leur trouver un logis, des vêtements, de l’alimentation. On doit aussi implorer Dieu pour eux selon les dires du Coran. Au cas où les parents ne sont plus de ce monde, il faudrait bien garder les relations avec leurs amis. La parenté C’est à entendre dans le sens le plus large. Après le bon traitement qu’on doit aux père et mère, il faut l’étendre aux proches parents maternels et paternels : sœurs et frères du père et/ou de la mère. Les orphelins et les nécessiteux sont des personnes vulnérables ; par conséquent, notre miséricorde doit les toucher.
Pour l’orphelin, il faut bien agir envers eux, leur réserver un bon traitement, ne pas faire trop de différence avec ses propres enfants. Au cas où les parents défunts ont laissé des fortunes pour eux, ne pas les dilapider, ni les détourner à d’autres fins. Le Coran s’insurge contre tous ceux qui dévorent avidement le bien des orphelins. Allah dit : « Ceux qui mangent injustement des biens des orphelins ne font que manger du feu dans leur ventre. Ils brûleront bientôt dans les flammes de l’Enfer » (4/10).
Pour les employés, le prophète (SAW) dit : « Donne à l’ouvrier son salaire avant que sa sueur ne sèche ». Parce qu’ils sont des ouvriers, il ne faut pas leur manquer de respect, porter atteinte à... leur dignité. Encore moins les soumettre à des travaux qui ne relèvent pas de leur compétence. Il en va de même pour les domestiques : les nourrir des mêmes aliments dont on se nourrit, les vêtir. Veillez à ce que tous les membres de la famille, surtout les enfants, ne les maltraitent pas. Ils sont à votre charge. Vous devez vous soucier de leur pratique religieuse, les instruire en les envoyant suivre les cours laïcs ou religieux, ne serait-ce que les cours du soir. Il faut les prendre en charge sur tous les plans.
Quant aux animaux, rappelons-nous qu’une femme est entrée au Paradis pour avoir donné à boire à un animal (chien) ; une autre est entrée en enfer pour avoir enfermé un chat sans lui donner à boire. Frères et sœurs en Islam ! Un homme pieux est un homme humble. L’exemple d’humilité nous a été donné par le 5ème calife bien guidé, Omar Ben Abdel Aziz. Il a dit un jour à son esclave : « Rafraîchis-moi avec l’éventail pour que je dorme. » Ce qu’elle fit. Mais le sommeil ayant gagné l’esclave, elle s’en... dormit à son tour. Le prince se réveilla, prit l’éventail et se mit à la rafraîchir à son tour. L’esclave se réveilla et, troublée, poussa un cri de frayeur en se voyant ainsi. « Tu es aussi un être humain, lui dit le calife, tu as chaud et j’ai voulu te rafraîchir, comme tu l’as fait pour moi. » Qu’Allah nous donne l’humilité.
Un esclave, un jour, mit en colère son maître. Celui-ci voulant le punir, l’esclave lui rappela ces paroles de Dieu : « Ceux qui savent dominer leur colère ! » « Eh bien, je la domine, » dit le maître. « Ceux qui pardonnent à leur prochain, » ajouta l’esclave. « Je t’ai pardonné, » dit encore le maître. « Dieu aime les âmes généreuses, » dit encore l’esclave. « Tu es libre pour l’amour de Dieu, » finit par dire son maître.
Les versets utilisés par l’esclave sont tirés de la S III/134. Puisse Allah (SWT) pardonner nos péchés. Puisse Allah nous faire parvenir au summum de la foi. Puisse-t-il nous faire comprendre sa religion et nous aider à mieux l’adorer!
Imam GuittY Abdoulaye © Le Cerfiste N* 009 novembre 2008
Lecture digne d'Intérêt
Barack Obama : Espoir sans Naïveté
Les huit années qui viennent de passer sous la présidence de George W. Bush et de son administration nous ont habitués à tellement d’erreurs, de mensonges, d’instrumentalisations et de manipulations politiciennes que l’on ne peut que se réjouir qu’une page se tourne enfin dans l’histoire des Etats-Unis. À partir de septembre 2001, l’essentiel du propos politique de l’administration Bush s’est concentré sur la guerre « contre le terrorisme », « contre les Talibans », « contre Saddam Hussein » et plus largement « contre l’axe du Mal ». Les citoyens américains ont peu à peu pris conscience du vide de cette rhétorique guerrière et arrogante, dont le candidat John McCain ne s’est finalement pas vraiment distancé. Barack Obama est désormais le président des Etats-Unis et on peut saluer cet événement pour de nombreuses raisons sans tomber dans l’évaluation naïve des perspectives d’avenir. n’est pas musulman. Les racines, le passé et les multiples identités culturelles de Barack Obama contrastent furieusement avec le profil de George Bush ou de John McCain. Il a forcément une compréhension et un rapport différents avec les autres pays du monde, et notamment ceux du Sud, et avec la société américaine elle-même. C’est à partir de ce capital d’être et d’expérience que l’on est en droit d’espérer de nouvelles politiques intérieures et internationales.
Sur le plan fondamental, Colin Powell avait justement posé les termes de la question : Barack Obama est Noir et chrétien mais, au fond, qu’y aurait-il de mal à ce qu’il soit musulman ? Y a-t-il un problème à être « African-American » et/ou musulman dans l’Amérique d’aujourd’hui ? Alors que l’Amérique semble s’accommoder majoritairement de l’élection d’un Noir, tout semble montrer qu’un nouveau racisme antimusulman s’est installé après septembre 2001. Face à ces peurs et à ces positionnements ethniques et religieux, l’origine et le passé de Barack Obama devrait lui permettre de devenir le président de tous en refusant paradoxalement les faux clivages, l’ethnicisation, la culturalisation ou la « religionisation » de la question sociale aux États-Unis. Barack Obama ne deviendra le symbole d’une nouvelle Amérique que s’il utilise son statut de président afin de promouvoir des politiques intérieures qui défendent l’égalité des citoyens, la justice, la lutte contre les discriminations à l’emploi ou à l’habitat, de nouvelles politiques urbaines. Une politique intérieure qui répartisse mieux les opportunités et les pouvoirs entre les citoyennes et les citoyens de quelque origine qu’elles/ils soient. La force du premier président noir sera de faire oublier sa couleur pour se préoccuper exclusivement de promouvoir des politiques sociales égalitaires et sans couleurs. Le pari n’est pas gagné. Sur le plan international, Barack Obama devrait enfin mettre un terme à la surdité de l’administration précédente. qui s’efforçait de persuader les Américains que ceux-ci étaient « victimes » d'agresseurs qui « détestaient » leur civilisation et leurs valeurs. Au-delà de la condamnation des attentats terroristes - qui est quasi unanime et qui ne doit souffrir d’aucune condition -, il faut entendre les critiques et les griefs qui proviennent des populations du monde entier.
La politique de Bush a engendré un rejet internationalement partagé des États-Unis. Il faudra commencer par des actes symboliques mais qui montrent clairement que pour le nouveau président la vie d’un Afghan, d’un Irakien ou d’un musulman a autant de valeur que la vie d’un Américain. Que l’on cesse ce langage arrogant et guerrier et que l’on ferme les prisons de la honte à Guantanamo mais également en Afrique et à travers le monde.
Barack Obama ne peut plus justifier, au nom de la sécurité des États-Unis, la mort des innocents, la torture légalisée et les traitements indignes dans les extraditions et jusqu’à la gestion discriminatoire des visas. américains. Si les origines multiples de Obama sont porteuses d’espoir, c’est dans l’exacte mesure où elles devraient lui permettre de rester ouvert et non pas justement pour qu’il s’y enferme aveuglément en les utilisant comme un prétexte ou un alibi. La campagne nous a montré qu’il ne fallait pourtant pas se faire trop d’illusions. Les changements pourront être conséquents dans certains domaines, mais ils resteront très relatifs dans d’autres.
Le conflit israélo-palestinien est central pour la paix du monde et on a pu voir Barack Obama tenir des propos tellement en faveur d’Israël (devant le lobby pro-israélien américain AIPAC) qu’il y a fort à parier que rien ne changera substantiellement sur cette question. Comme d’ailleurs sur la politique destinée à faire face à la crise économique globale. On semble, dans ces deux domaines (soutien à Israël et défense de l’économie libérale), toucher à des espaces sacrés, à des dogmes, que personne ne semble avoir le courage de questionner aux États-Unis. L’avenir du Monde dépend pourtant de ce conflit local-global et de l’ordre économique international. Il faut donc entretenir un espoir mesuré. Il est certain que des choses changeront, positivement, avec l’avènement de Barack Obama. Il faut les saluer sans perdre sa capacité critique quant aux sacro-saints dogmes de l’establishment qui peine à reconnaître la dignité du peuple palestinien et les dégâts d’un ordre économique qui, au bout de sa logique et des endettements, tuent des millions d’innocents à travers le monde et jettent aujourd’hui des familles entières d’Américains à la rue.
Au sortir d’une campagne électorale qui n’a jamais été aussi coûteuse, il est bon de se souvenir que les victimes de la crise économique globale seront désormais autant américaines qu’africaines ou asiatiques. C’est à l’aune de ces défis que Barack Obama prouvera ou non qu’il est le président de tous et du vrai renouveau. Les musulmans aux États-Unis et à travers le monde sont majoritairement satisfaits : ils espèrent voir la fin de ces politiques de la peur, de la méfiance et de la polarisation répandues par l’administration Bush. Les musulmans ont néanmoins leur part de responsabilité : se libérer de la mentalité de victime, être plus cohérents avec leurs propres valeurs, se libérer de leur ghetto intellectuel et enfin être positivement, et de façon critique, proactifs afin de se sentir appartenir à ce « Nous » (ce « We »), engagés dans les réformes au moment où ils répètent « Yes, WE can ».
Par Tariq Ramadan
Le Cerfiste N° 009 novembre 2008
« L’islam progresse au Burkina Faso »
Nous vous avons proposé dans le numéro précédent, une interview du Cheick Aboubacar Fofana de la Côte d'Ivoire. Cette fois-ci encore nous avons rencontré pour vous un autre acteur important de l'Islam en Côte d'Ivoire, Cissé Djiguiba. Il livre, à travers ces lignes, son avis sur l'islam au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire et fait une analyse de la crise politico-militaire que vit son pays depuis septembre 2002.
Le Cerfiste : présentez-vous à nos lecteurs Cissé Djiguiba : Je suis Cissé Guiguiba Abdallah, imam de la mosquée du plateau. Directeur général de la radio Al Bayan, conseiller en communication du Président du COSIM et porte-parole du COSIM. J’ai créé une fondation qui est animée par des cadres, anciens membres de l’AEEMCI et d’autres structures islamiques de Côte d’Ivoire. La radio est un ancien projet que nous avons réussi à mettre en œuvre en 2001. L’objectif est de former, d’informer, de distraire comme tout organe de presse. Mais notre particularité réside dans la formation sur l’islam et les valeurs islamiques. Al Bayan veut dire clarification. Notre souci est de faire en sorte que les musulmans améliorent leur connaissance du Coran et de tous les enseignements de l’Islam. C’est une radio qui est très ouverte. Nous avons des émissions islamiques, de santé, destinées aux femmes, à la jeunesse. Il y a des émissions sur l’histoire de l’Afrique avec Ibrahim Baba. Kaké et bien d’autres historiens. Nous avons également des émissions littéraires. Le concept intéresse tout le monde. En dehors de la radio, il y a un programme pour la mosquée, nous sommes au centre-ville. Donc il y a un programme de formation destiné aux cadres dans l’apprentissage de la lecture du Coran et des préceptes de l’Islam. Mais comme la mosquée est en chantier, on ne dispose pas encore de toutes les infrastructures pour faire de ce cadre un centre de formation intellectuelle, morale et spirituelle, voire même un centre de santé qui permette aux musulmans de vivre pleinement et aisément leur foi.
Je crois que concernant la radio, c’est l’effort de tous les musulmans qui a permis son installation, mais au départ c’est un musulman qui a dégagé près de 120 000 000 FCFA pour acheter le matériel.
Quelle lecture faites-vous des divergences au sein de nos communautés musulmanes ? Je crois que ces divergences trouvent leurs fondements chez ceux qui ne sont pas des théologiens, qui ont des bribes de connaissances. et qui après avoir vu l’étoile prétendent qu’ils ont vu la lune. Donc, ils se permettent de dire, de condamner, de légiférer, de juger alors que nous avons à faire plus que ça. De ce point de vue, je crois que la solution est en train d’être trouvée en Côte d’Ivoire. Nous sommes d’accord sur le fait d’être tous sunnites donc, il n’y a pas de tendance qui puisse se dire plus sunnite que les autres, mieux que les autres. Ce complexe doit être dépassé. Il faut qu'on aille à l’essentiel parce qu’il y en a qui attendent d’être informés sur l’islam pour devenir de bons musulmans. Il y en a également qui ne savent pas où aller ; il faut les orienter. Nous devons trouver des solutions intra et interreligieuses pour une cohabitation pacifique. S'asseoir pour mener des débats entre théologiens ne peut être utile que si on laisse le cœur, la passion écouter ceux qui savent. Je ne dis pas que ces problèmes vont cesser du jour au lendemain. Lorsqu’on parle de Qadria, de Tijiani et bien d’autres choses il y en a qui commencent à froncer les sourcils à se mettre en colère. Mais la religion appartient à Allah. Si vous avez des remarques à faire allez à l’intérieur du système. Mais ne condamnez pas systématiquement.
Quel regard vous portez sur l'islam au Burkina ? Depuis 1992, je m’adresse aux musulmans du Burkina ; j’ai parcouru pratiquement toutes les provinces, j’ai animé des causeries avec le CERFI dans certaines régions, animé des émissions à la télé et à la radio. Je sais qu’il y a eu une bonne évolution de l’islam au Burkina. Il y a aujourd’hui une structure fédérative qui est née et qui arrive à trouver des solutions aux problèmes qui se posent ; le CERFI continue son travail ; personne ne peut remplacer l’AEEMB sur son terrain ; le mouvement Tidjania a ses adeptes partout. Je crois qu’il ne faut pas bousculer les traditions mais trouver des points de synergie, de développement qui apportent un mieux-être.
Quel est le secret du dynamisme relatif des Musulmans de la Côte d'Ivoire ? C’est la sincérité dans le travail. Il y a également le fait que c’est un environnement compétitif. Il faut bouger, il faut se fixer des objectifs, il faut faire des activités, la synergie entre les différentes associations. Ne vivons pas comme si on était aux 13e ou au 14e siècle. Cela se ressent même dans les communications, dans les sermons. Vous savez, nous sommes des vases communicants. Ce qui se passe au Burkina, on le ressent en Côte d’Ivoire et vice versa parce que ce sont les deux mamelles d’une même vache.
En 1992, ce n’était pas ça ; il y avait des conflits au sein des communautés sans compter qu’on ne voulait pas se sentir les uns les autres. En 1992, ceux qui étaient des étudiants sont des hauts cadres aujourd’hui qui réfléchissent encore mieux pour résoudre les problèmes. C’est tout ça qui me conforte à l’idée que l’islam évolue très bien au Burkina. Les gens sont de nature disciplinée. Il faut ajouter à la discipline le respect de la différence. On ne cherche pas à s’attarder sur les détails. On va à l’essentiel. Je crois que tout cela se déroule avec une note d’espoir. Au Burkina Faso il y a déjà des universités islamiques. C’est maintenant que nous allons avoir des écoles supérieures islamiques en Côte d’Ivoire. Je pense que nous sommes sur une bonne voie, prions Dieu que nous réussissions pour le bonheur de nos peuples, de nos nations et de nos fidèles.
Quel impact la crise sociopolitique a eu sur les musulmans de Côte d'Ivoire ? La crise a eu un impact sur tout le monde. La paix on ne dira jamais assez, n’a pas de prix. C’est une parenthèse de l’histoire et prions Dieu que soyons arrivés à la fin et que les accords signés à Ouagadougou nous permettent définitivement d’avoir des élections transparentes le 30 novembre. Tout le monde a subi l’impact de cette crise, de sorte que tout le monde est pressé d’en sortir. On est une espèce de maison où tout le monde veut voir l’ouverture pour s’oxygéner. On veut voir ce jour-là venir. Avec la guerre on n’arrive pas à connaître le bonheur auquel Dieu nous a destinés. Et ce n’est pas la faute de Dieu, c’est nous qui devons changer ce qu’il y a en nous.
Votre mot de la fin
Merci à vous, merci à tous mes frères ; merci au Président de la République, à toutes nos associations islamiques.
Interview réalisée par Abdous Salam Ouédraogo et Kadré Sawadogo
Le Cerfiste N° 009 novembre 2008
INTERNATIONAL
Les médias : nouveaux acteurs de la géopolitique mondiale
L’influence des médias sur les opinions publiques nationale et internationale est considérable, ce d’autant plus qu’ils ont été et sont au cœur des grands bouleversements que le monde a connus. Le jeu international se fait désormais par médias interposés et se trouve au centre des programmes médiatiques. Les États ne pensent plus et ne peuvent plus vivre aujourd’hui à l’abri des frontières hermétiques. Certains évènements ont eu lieu à cause de leur médiatisation : la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 ; la guerre du Viêt-nam (1962-1972) ; la chute de la dictature de Ceausescu le 25 décembre 1989 qui a produit l’effet domino dans le reste de l’Europe centrale et orientale : Les guerres du Golfe (Irak en 1991 et 2003)... Ainsi, de la « guerre contre le terrorisme » aux « armes de destruction massive », en passant par la « grande alliance » réunie autour des États-Unis, les faits majeurs du monde sont d’abord une vaste entreprise de communication visant l’espace médiatique international. Plus qu’avant, les crises internationales montrent un lien marqué entre sources politico-militaires et médias dans le cadre de stratégies de communication visant une efficacité accrue auprès des opinions publiques. La médiatisation est devenue donc un enjeu dans les crises internationales. La couverture des événements du monde tend à s’uniformiser autour de grandes lignes de clivage qui épousent le positionnement des acteurs politiques. On parlera ici de « terroristes » et là de « martyrs », tantôt de « soldats libérateurs » et tantôt de « forces d’occupation ». Médias, enjeux et outils de Michael O’Neill, ancien rédacteur en chef du New York Daily News, écrit : « Grâce à la révolution des communications et aux progrès technologiques, le vieux monde de la diplomatie s’effondre. Le jeu était réservé à des professionnels qui considéraient l’opinion publique comme vulgaire et qui n’avaient que dédain pour la classe politique, pour les journalistes et, très souvent, pour les hommes d’État qui les employaient. Les diplomates ne sont plus les principaux gardiens de la politique. Leur art est celui d’une époque révolue et les ambassadeurs appartiennent maintenant à une espèce menacée. »
Faut-il en déduire que la presse dicte la politique étrangère des États ? Même si ce n’est pas dans l’absolu, elle donne plus que jamais la parole à l’opinion publique quand vient le moment de décider quel est l’intérêt national et quelle politique adopter pour le défendre. Ce qui peut se révéler fort ennuyeux pour les décideurs. Les diplomates parlent d’effet CNN, expression peu flatteuse. qui signifie que lorsque la chaîne CNN diffuse à saturation des nouvelles sur une crise à l'étranger, les décideurs n’ont d’autre choix que de s’intéresser à une région d’une telle actualité. Les enjeux autour de la guerre des mots - et aussi des images - sont suffisamment importants pour que les politiques accordent aux médias une part très significative de leur temps et de leurs moyens. De témoin, le journaliste tend de plus en plus à devenir acteur des relations internationales. Dans ce sens, les médias sont un enjeu pour faire parler de soi, pour en désigner des coupables et pour en appeler aux opinions publiques afin qu’elles se mobilisent pour conduire les dirigeants des États à réagir. Quitte à construire des événements de toutes pièces pour convaincre les médias, à produire du faux et, si besoin est, à envoyer des messages spectaculaires, sur le plan des symboles ou de l’horreur, voire les deux à la fois comme ce fut le cas pour les Tours jumelles de New York.
Le rôle géopolitique des médias Médias peuvent soutenir un discours politique. De ce fait, ils ont la capacité de former l’opinion et apparaissent comme des moyens formidables. Ainsi, la diffusion d'une idéologie doit beaucoup à l’existence de médias structurés. Ils sont souvent les instruments d’acteurs déjà constitués : États, partis politiques, religions, organisations internationales, entreprises, etc. Leur rôle politique et géopolitique est donc certain, d’autant plus qu’ils agissent au-delà des frontières et pour le compte d’acteurs internationaux.
Le rôle géopolitique des médias a été souligné lors des révolutions observées ces dernières années. En mettant en évidence les carences des régimes socialistes et en faisant miroiter les avantages matériels (mais aussi politiques) des démocraties occidentales, les télévisions ont grandement contribué à la déstabilisation des régimes communistes. Le pouvoir de nuisance des chaînes de télévision est tel que certains États ont
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Le Cerfiste N° 009 novembre 2008
INTERNATIONAL interdit les antennes paraboliques (Roumanie socialiste, Iran, Afghanistan des talibans). Bien sûr, les conséquences de l’influence des médias sont souvent plus immédiatement politiques que géopolitiques. Néanmoins, comme ce fut le cas dans l’ex-RDA, les médias peuvent largement contribuer à l’évolution d’une situation géopolitique en formant la population à des idées, en développant des représentations territoriales. On peut aussi rappeler que le génocide rwandais a été facilité par des médias racistes liés au pouvoir hutu.
À l’inverse du rôle déstabilisant que l’on peut prêter dans certains cas aux médias, les analystes politiques soulignent le rôle stabilisateur qu’ils peuvent avoir : accélérer le processus de décomposition ou de déstabilisation (exemple ex-URSS) ; conforter un pouvoir qui a pour lui la légitimité mais qui traverse une grave crise (mai 1968 en France) ; rendre perméables des frontières imperméables (États de l’Est avant 1989) ; internationaliser une crise ou un conflit régional ou local. (conflit israélo-palestinien) ; renforcer la solidarité internationale (en cas de guerre, de catastrophe naturelle, de révolution et d’assistance humanitaire) ; isoler tel ou tel régime politique (Afrique du Sud à cause de l’apartheid ou la Chine populaire après 1989)... L’importance grandissante de cette influence des médias laisse apparaître néanmoins le danger de leur exploitation éventuelle à des fins d’invasion culturelle, d’altération des vérités et d’atteinte aux valeurs morales.
Empereurs des médias
De ce qui précède, la détention et le contrôle des médias sont devenus un enjeu essentiel pour les autres acteurs : États, organisations internationales, individus, entreprises... Cette dynamique s'observe d’abord au niveau interne où les enjeux sont les plus importants d’autant plus que c’est à ce niveau que la dimension internationale est intégrée. Parmi les 500 familles les plus riches du monde, on distingue, pour la France, une dizaine de milliardaires en euros, dont la moitié (Bernard Arnault, Serge Dassault, Jean-Claude Decaux, Martin Bouygues et Vincent Bolloré sont actifs dans le secteur de l’information, de la communication et de la publicité. Un tel cas de figure rappelle celui de la presse de Rupert Murdoch (très active aux États-Unis, en Australie et au Royaume-Uni) et l’appui qu’elle apporta à George Bush, John Howard et Tony Blair au moment du déclenchement de la guerre d’Irak.
Ensuite, au niveau international, on a assisté au cours de la guerre froide à la création de médias en vue d’influencer les comportements et la vision des populations de l’ennemi potentiel : CNN, BBC, Voix de l’Amérique, RFI... Par la suite, ces médias auxquels sont venus s’ajouter de nombreux autres accompagnent l’idéologie de leur promoteur. Ainsi, dans la crise civilisationnelle entre l’Orient et l’Occident, les médias sont au premier plan. En réponse aux informations diffusées par la BBC, CNN ou France 24, les pays arabes ont créé des chaînes de télévision à portée internationale. D’ailleurs, le phénomène n'est pas Nouveau car Nasser avait déjà conçu un vecteur d’influence transnational avec la Voix des Arabes. L’Arabie Saoudite s'est ensuite taillé un véritable empire médiatique, à travers surtout la presse écrite (Al-Charkq al Awsat, Al-Hayat). On assiste à une étonnante floraison de chaînes, de radios et de titres de presse (Al-Jazira en 96 pour le Qatar, contrée par la saoudienne Al-Arabiyya créée en 2003 et installée à Dubaï, Al-Manar, la chaîne du Hezbollah, Sawa, la radio américaine en arabe, bientôt BBC Arabie TV et France 24...).
À l’échelle de la planète, la question des médias devient chaque jour plus politique, géopolitique et géostratégique. Point de salut pour un État ou un groupe qui néglige ce facteur médiatique. En définitive, la naissance d'une opinion publique internationale a été conçue et entretenue par les médias qui marquent ainsi l’ouverture d’une ère de colonisation des esprits. En effet, il existe une réelle menace d’homogénéisation et de hiérarchisation de la pensée. La vertu suprême des Nouveaux médias est sans doute qu’ils ont réduit les dimensions de la Terre dans nos esprits. Ils nous ont fait prendre davantage conscience de ce que nous appartenons à une même espèce.
Par Hamadé BAMBARA
Le Cerfiste N° 009 novembre 2009