An-Nasr Vendredi #358 (Sermon de la prière de l'Aid el Fitr : imam Tiégo Tiemtoré)
- Title
- An-Nasr Vendredi #358 (Sermon de la prière de l'Aid el Fitr : imam Tiégo Tiemtoré)
- Creator
- Tiégo Tiemtoré
- Publisher
- An-Nasr Vendredi
- Date
- September 10, 2010
- issue
- 358
- number of pages
- 4
- Subject
- Khutba
- Tiégo Tiemtoré
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Aïd el-Fitr
- Hadith
- Prière
- Rights Holder
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-issue-0000477
- content
-
Nasr vendredi sermon de l’Aïd El Fitr 2010
Lorsque vient le secours d’Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon. Toutes les louanges sont à Allah, Seigneur des univers, pour ses innombrables bienfaits, pour sa générosité et pour sa Majesté ; autant qu'il existe de créatures pour le louer, autant que s’exprime sa satisfaction, autant qu'il existe de paroles, de gestes et d’attitudes de glorification.
Celui qu'Il guide aura reçu une lumière, tandis qu'il se trouve dans un instant de repentir, de remerciement et de purification interne. En nous incitant à contrôler nos yeux, notre langue, notre cœur, notre esprit, nos oreilles, n'est-ce pas à sa proximité qu'Allah nous invite ? Ce mois nous a enseigné la présence divine permanente pour que nous n’oublions jamais l'amour dans des invocations, le silence méditatif sur la création et les fautes, le zikr, le repentir sont autant de stations sur la route du rapprochement. Elles te guident.
SERMON DE LA PRIERE DE L’AID EL FITR
Imam Tiégo TIEMTORE t'emmènent vers lui, près de lui. El Dieu de nous enseigner cette vérité : « Souviens-toi de moi, je me souviendrai de toi », Coran 2:156. C’est pourquoi, tous les acquis du mois ne doivent pas disparaître avec lui. Bien au contraire, que sera dans l’égarement manifeste, celui qui en est privé ? Serviteurs d'Allah, craignez Dieu et souvenez-vous de Lui. Il se souviendra de vous. Remerciez-le pour sa guidance et son don et n’oubliez pas que « Si vous voulez énumérer les bienfaits d'Allah, vous n'y parviendrez jamais », Coran 14:34.
Chers frères et sœurs, le mois de Ramadan qui s’achève nous offre l’opportunité de marquer notre gratitude à l'égard du Seigneur et de Lui témoigner notre amour. En imposant le jeûne à la communauté, Il a voulu par Sa sagesse nous éduquer, nous purifier, nous ramener à Lui. Tout comme les autres piliers de l’islam, le Ramadan est un appel vers des valeurs, mais l'essentiel : être avec Dieu de son cœur pour vivre de tout son corps, car ce que ton cœur ne veut pas, ton corps n’en veut pas non plus. Voudra point. Tous ces sens par lesquels Dieu nous a honorés s’engagent dans une quête de satisfaction divine. On s'efforce de faire plus de bien, de lutter contre nos vices pour se bonifier, pour devenir pieux, comme le verset instituant le jeûne l'indique. C’est cela le jeûne, c’est aller d’un jeûne du corps à un jeûne du cœur. Assurément, le Ramadan, de par ses multiples faveurs, nous fait gravir des marches dans notre cheminement vers Dieu. Dans la nuit, le cœur, les larmes, les longues prosternations, les versets psalmodiés, les yeux embués de larmes de crainte. On doit les consolider et les fructifier et intérioriser le fait que les privations de ce mois devront s'accompagner d'un surcroît d'engagement pour le bien et la solidarité sociale. Ne pas boire, ni manger n’ont aucun sens si ces actes ne permettent pas de se rapprocher de Dieu. Ramadan est aussi une fête à vivre en groupe car c’est un moment de partage. On y partage la prière, le repas, les sourires et les cadeaux. C’est le moment de chasser. L’égoïsme, c’est le moment de rappeler à toutes et à tous que dans notre religion, il y a une place pour la joie. Mais en toutes choses, le musulman reste sobre et évite le gaspillage. Au niveau des réjouissances, il nous faut retenir que ce qui est interdit avant Ramadan le demeure même après. « Pas d'obéissance à une créature dans la désobéissance à Dieu », dit le Prophète Mohamed (Saw).
Chers frères et sœurs, après le mois de Ramadan, se dresse le moment du pèlerinage aux lieux saints. Sous nos contrées, on a fait du hadj un enjeu financier alors qu'il est avant tout un voyage spirituel. Rappeler cette évidence est une manière d'insister sur sa dimension spirituelle. Sans elle, le hadj serait un voyage touristique ou d’affaires. C'est pourquoi, autant il faut saluer l’apport des autorités de notre pays qui s'est traduit par la mise en place d'un Comité national de suivi de l'organisation du pèlerinage à la Mecque, composé de treize membres, dont sept représentants des structures de l'État et six des... associations islamiques), autant il faut appeler à la responsabilité de tous les acteurs. Extirper de l'organisation du Hajj, les voraces et les cupides pour lesquels seuls comptent la monnaie et les billets et redonner à ce pilier toute sa splendeur spirituelle, c'est-à-dire un voyage pour Dieu. Ce ne sont point les formules d'organisation qui font le Hajj, mais le sérieux et la crainte de Dieu des principaux organisateurs.
Les péripéties du Hajj ne manquent pas d'interpeller nos consciences, tant les souffrances de nos vieux et de nos vieilles, balancés ici et là, sont insupportables. Qu'est-ce qui explique que le Hajj, qui est une activité programmée annuellement et à des moments bien précis par les musulmans, souffre autant d'inorganisation ? Les musulmans du Burkina Faso sont-ils incapables de gérer leurs propres affaires ? Si c'est le cas, qui d'autre donc doit le faire à leur place ? Vivement donc que les insuffisances organisationnelles constatées lors des éditions passées soient corrigées. Apporter sa contribution à l'organisation du hadj que l’AEEMB et le CERFI vont s’engager dans l'inscription et la formation des pèlerins par devoir et par souci d'être utile.
Chers frères et sœurs, à l'évidence, l'actualité dans notre pays reste dominée par les enjeux électoraux. La présidentielle de novembre prochain et les municipales de 2011, ainsi que les législatives de 2012, interpellent tout Burkinabè parce qu'il s'agit de choisir ceux qu'il estime aptes à conduire son destin, à lui donner des raisons d’espérer.
La foi musulmane invite le croyant à l’engagement citoyen. Notre foi induit une responsabilité vis-à-vis de Dieu, mais aussi des hommes. Le sens profond de l'attestation de foi, symbolisée par le doigt tendu, invite à la droiture, à la dignité et à ce qui est juste et bon pour les hommes. C’est le refus, au Nom de Dieu, de laisser le destin des milliers de personnes aux mains des personnes inaptes et promoteurs d’antivaleurs. Un hadith nous dit : « Celui qui choisit un dirigeant pour diriger ses affaires alors... » qu'il y a mieux que l'ut a trahi Dieu. Son prophète et les croyants » Ce hadith nous interpelle quant au devoir civique du croyant. Autant il a le devoir de participer à la désignation des dirigeants, autant il a le devoir de bien choisir, donc de bien voter. Seul dans l'isoloir, mais avec Dieu, prends tes responsabilités et sache que tu les assumeras ici et demain devant Dieu.
Quand on observe autour de nous les conflits et les déchirements nés à la suite d'élections, les images poignantes de femmes, d'enfants et de vieillards sur le chemin de l’exil, les destructions de biens matériels, toutes les conséquences de nos mauvais choix, le choix du musulman ne doit être dicté que par le souci du choix de l'éthique. Le croyant, le vrai, vote celui qui incarne les valeurs. Celui qui est honnête et intègre, qui cherche à vous servir et non à se servir, qui inspire la justice, qui ne divise pas pour régner, qui n'opprime pas son peuple, qui propose des solutions à vos problèmes, qui s’engage à promouvoir le. vivre-ensemble dans la société ; qui est humble, courtois et disponible pour les administrés. Les critères de choix sont résumés en ces termes par le Coran : « Si tu dois choisir, choisis le compétent et le loyal » 28/26. Les Burkinabé ont pleinement conscience qu’on ne construit pas un pays dans la haine, la méfiance et les rancœurs. Il faut donc travailler à éviter ce qui peut saper les bases de l'harmonie de la nation. Ce qui induit un vrai sens de responsabilités tant chez les élites dirigeantes que chez le commun des Burkinabé. Ce qui appelle à travailler pour plus d'équité, de justice et à refuser l’exclusion. Aucun groupe n’a seul les solutions pour faire émerger le pays. Il faut faire appel à toutes les compétences, d'où qu'elles viennent, faire de chaque Burkinabé une force de propositions. Faire en sorte qu'on ne soit pas seulement préoccupés de préparer seulement les prochaines élections mais aussi et surtout les prochaines générations.
Chers frères et sœurs, au moment où le monde éducatif s'apprête à Reprendre le chemin des classes, il est important de souligner tout l'intérêt que porte l'islam aux savoirs et connaissances afin d'inciter tout le monde à donner le meilleur de lui-même. Pour l'islam, il faut apprendre pour savoir, un savoir qui doit conduire à un savoir-être avec Dieu, savoir-vivre parmi les hommes et leur être utile, savoir faire-faire pour servir de modèle où que l’on se trouve. La première des révélations « lis au Nom de Dieu » signifie que tout part de Dieu et tout doit nous y ramener. Apprends, cherches, explore l’univers, interroge au Nom de Dieu. Ce que tu trouveras comme réponses à tes préoccupations de l’esprit, du cœur et du corps, doit t'amener à reconnaître la grandeur d’Allah, l'adorer et servir ses créatures. Près de 700 versets du livre saint exhortent à la recherche du savoir pour transformer l'être et sa société. L'élève, l'étudiant et le chercheur doivent tous être conscients que leurs familles et leur pays, qui se sont sacrifiés pour leur formation, attendent beaucoup d'eux. Ils ont donc une responsabilité devant les hommes et devant Dieu. Voici pourquoi l'Islam considère le travail (que l’on va exercer grâce à notre formation) comme une adoration et un acte de citoyenneté. En travaillant, on assume sa part de responsabilité dans la cité, on construit un avenir aux générations à venir. Le musulman donc en toutes circonstances, accorde au travail une place importante et mieux, lui donne une dimension qualitative supérieure. Il ne s'agit pas seulement de travailler, mais de bien travailler. Le Coran parle de la bonne action à accomplir, répétée plus de 300 fois dans le livre sacré. Ainsi, le médecin musulman qui consulte son malade est en adoration, le jardinier musulman adore Dieu quand il arrose ses plantes, le menuisier musulman qui scie son bois, l'enseignant qui dispense son cours de mathématiques aux élèves, le fonctionnaire qui épluche ses dossiers, sont tous, en état d’adoration quand ils cherchent le progrès de leur société. Un hadith du prophète (SAW) nous dit à ce propos : « Quand le travailleur musulman revient du travail, ses péchés tombent comme les feuilles sèches d'un arbre ». Les chantiers dans lesquels est engagé notre pays tels la SCADD, l'atteinte des OMD, le MAEP requièrent des hommes et des femmes bien formés pour tirer le Burkina Faso vers le haut. Aussi, faut-il accorder le primat à la formation de la jeunesse.
Le livre saint ne cesse de nous rappeler que toute la terre appartient à Dieu et il nous demande de le parcourir pour tirer des leçons et apprendre à vivre ensemble. Vivre ensemble selon l'Islam : aller à la rencontre de tous et de toutes, apprendre de l'autre, partager des valeurs universelles de l’espèce adamique.
Dans le même sillage de cette contribution citoyenne et dans cette volonté d’apporter sa contribution à l'offre éducative et sanitaire de notre pays que l’AEEMB et le CERF travaillent depuis quelques années, à des projets d'envergure. Ce sont notamment, le complexe scolaire de Banfora, le CSPS de Nongtaaba au secteur 16 de Ouagadougou pour. lesquels ils sollicitent votre adhésion et votre apport. Ces associations sollicitent toujours votre confiance et vos prières, pour poursuivre leurs ambitions de satisfaire la soif spirituelle des couches intellectuelles et d'être de véritables cadres d'épanouissement pour les musulmans burkinabé, partant de la nation toute entière.
Chers frères et sœurs, le mois de septembre nous rappelle cette douloureuse épreuve vécue par notre pays l'année dernière et qui a semé la désolation dans des milliers de familles et détruit de nombreux ouvrages. Les séquelles ne sont pas totalement refermées que les fortes pluies de ces derniers mois ont encore fait des sinistrés dans certaines régions du pays. C’est le lieu d'inciter à plus de solidarité, à plus de partage pour accompagner les efforts des pouvoirs publics. Allah éprouve ses serviteurs et les peuples pour qu'ils puissent tirer des leçons et revenir vers lui. Mieux, un véritable pacte de solidarité entre les Burkinabé devrait être réfléchi en vue de prendre en... Charge les marginalisés et les laissés pour compte. Où se trouve notre foi et notre dignité humaine, quand on est indifférent devant les pleurs de l’orphelin, la détresse des malades, la misère de la veuve, la souffrance du troisième âge, les déboires des enfants de la rue, etc. ? Notre identité musulmane nous exhorte à un engagement citoyen. Au nom de Dieu et au service de ses créatures. Notre rôle de communauté exemplaire (Coran 3 :110) nous invite à la visibilité de l’engagement citoyen. Accompagner les hommes et non les juger, c'est-à-dire avoir le geste qui apaise, le sourire qui rassure, la main qui secoure, le cœur qui aime. En un mot comme en mille, vivre l’Islam, c'est vivre avec les autres, parmi les autres et leur être utile (Coran 49 :13). Si la foi est véritablement une lumière, qui guide, éclaire, illumine, montre le chemin, protège des déviations dans l’obscurité, cette foi doit donc faire de nous des combattants de tous les défis et des instants. C'est en cela qu'il faut saluer, chers frères et sœurs. Sœurs, toutes ces initiatives des partenaires du Burkina, des organisations de la société civile qui contribuent à redonner tant soit peu de l’espoir à nos populations. Dans cette quête de bien-être, comment ne pas être solidaires des peuples de Guinée Conakry et de Côte d'Ivoire ? Il nous faut exhorter les acteurs à plus de responsabilité en acceptant le verdict des urnes et le choix du peuple. Nos prières et invocations doivent les accompagner pour la tenue effective des élections qui ne résolvent pas tous les problèmes, mais qui redonnent espoir.
Ces mêmes clans de solidarité et de compassion sont pour le peuple palestinien qui vit le martyre et l'injustice au quotidien. Que le dialogue israélo-palestinien qui vient de reprendre puisse apporter réconfort et paix à cette partie du monde. En ce jour de souvenir et de gratitude, nous devrions avoir une pensée pieuse pour les éprouvés, les victimes de catastrophes naturelles et tous ceux qui souffrent sur la terre de Dieu ici, là-bas et ailleurs ; et avoir en cœur une prière pour eux. mémoire que Dieu, parce qu’il est plus proche de nous que notre veine jugulaire. Coran 2/187, a interdit de se décourager, d’aller aux désespoirs. Du haut des sept cieux, Dieu proclame : « Ceux qui s’efforcent de lutter pour protéger leur foi, Nous les guiderons sur notre voie. Dieu est avec les bienfaisants », Coran 29 :70.
Aussi à tous ceux qui sont à la recherche d’une situation meilleure, ceux qui souffrent de maladie, ceux qui éprouvent la peur et l’angoisse, orphelins et veuves très souvent délaissés, ceux dont le dos courbe sous le poids des dettes, ceux à la recherche d’une progéniture : il faut rappeler que Dieu n’oublie personne et que Sa Miséricorde est plus grande que toute chose. « Il s'est prescrit la miséricorde », dit le Coran, sourate 7.
Hassan Basri dit à son disciple : « Un homme n'est qu'un ensemble d'heures, de jours et d'années : prends soin à ne pas être consommé par le temps ». Il faut donc donner vie et sens à son cœur. La réponse se trouve dans notre spiritualité qui engage l’homme à. Vivre dans l’harmonie en tenant compte de tous les éléments de son humanité, tel est l'Islam. Notre foi, notre éducation, nos adorations nous préparent à nous rendre utile à tous. C'est la raison pour laquelle le message de l'Islam est appelé An-Nour (la lumière), Al-Houda (la direction), Ar-Rahmat (la miséricorde), Al-Fadl (la grâce), Al-Barakat (la bénédiction), As-Salam (la paix), etc.
Le musulman doit s'efforcer dans sa vie quotidienne de refléter ces attributs et d'être pour tous ce que Dieu a placé autour de nous, une lumière et une miséricorde. Notre identité musulmane nous exhorte à nous engager citoyennement, au nom de Dieu et au service de ses créatures. Un hadith du Messager affirme : "Toute la créature est la famille de Dieu. L'homme le plus estimé de Lui est celui qui est utile à cette famille."
Le message de l'Islam est un message de miséricorde, de réconfort, de soulagement et de guidance. Adorer Dieu, c'est être proche des hommes et leur être utile. Notre foi nous enseigne de savoir être avec. Dieu pour savoir être avec les hommes. Sois bon comme Dieu t'a été à ton égard, proclame le livre sacré. Si l'on veut se rapprocher de Dieu, l'on a l'obligation de se rapprocher de ses créatures et de leur faire du bien. Notre vie est une vie du sacré. Tout est de la dimension du sacre en Islam : le temps, le regard, la prière, l'homme, le salut, l'arbre, etc. Économisons notre repos pour notre tombe ! Diminuons notre distraction et notre sommeil, car devant nous se trouve un sommeil dont le lendemain est le Jour du Jugement dernier. Puissent les jours bénis du Seigneur de la création, qui viennent et qui reviennent, apporter au monde paix et sérénité, comme le fait la voix du muezzin, sereine et mélodieuse, du haut des minarets, lorsqu'elle se pose sur un peuple prosterné et soumis au vrai Seigneur. Bonne fête à toutes et à tous.
Imam Tiégo TIEMTORE 134
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