Issue
An-Nasr Vendredi #226 ("L'AEEMB nous offre une chance historique de contribuer à la réalisation de la maison de Dieu")
- Title
- An-Nasr Vendredi #226 ("L'AEEMB nous offre une chance historique de contribuer à la réalisation de la maison de Dieu")
- Creator
- O. D.
- Publisher
- An-Nasr Vendredi
- Date
- March 28, 2008
- issue
- 226
- number of pages
- 4
- Subject
- Mosquée AEEMB (Université de Ouagadougou)
- Tiégo Tiemtoré
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Rights Holder
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-issue-0000417
- content
-
Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon.
Le 12 mars dernier, la mosquée de l’AEEMB était à sa quinzième année d’existence. C’est précisément à cette date que la première prière de vendredi a été célébrée au siège de l’AEEMB. À cette occasion, An-nasr a rencontré le frère NANEMA Omar qui a été le rapporteur de la commission qui a conduit à l’ouverture de cette prière de vendredi. Avec lui, c’est un pan de l’histoire de l’AEEMB et de l’Islam au Burkina que nous allons découvrir. Il nous parle également de la mosquée du siège qui n’arrive plus, à l’état actuel, à contenir les fidèles de plus en plus nombreux.
An-nasr (An) : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de An-nasr ?
NANEMA Omar (N.O.) : Je m’appelle NANEMA Omar, je suis marié et père de 3 enfants. Je suis le conseiller aux affaires culturelles et théologiques de l’AEEMB. J’ai eu la chance, il y a de cela quinze ans, d’être le rapporteur de la commission qui a conduit à la prière de... Vendredi à l'AEEMB. La mosquée de l’AEEMB était à sa 15e année d’existence depuis le 12 mars dernier. Pouvez-vous revenir brièvement sur l’histoire de cette mosquée ? « L’AEEMB nous offre une chance historique de contribuer à la réalisation de la maison de Dieu. » N.O : L'histoire de la mosquée est liée au cheminement même de l’association. Dans les années 1990, nous avons eu notre berceau qui était le local que nous avions à Bilbalgo chez le vieux Yugo, pour nous retrouver dans un cadre un peu plus ouvert qui est le siège actuel de l’AEEMB. Cela a du coup suscité un besoin d’ouverture pour mieux servir les militants et les musulmans en général. À partir de là, des réflexions commencent à naître autour de la prière du vendredi. C’est ainsi qu’en 1992, on installa une commission qui avait pour charge de réfléchir sur la possibilité d’ouverture de la prière du vendredi au siège de l’AEEMB. La commission avait émis quelques inquiétudes à savoir les compétences théologiques, le cadre qui n’était pas approprié puisque ce... Fut un lieu d’habitation. Mais en réalité, on s’était rendu compte que la prière de vendredi était devenue une nécessité. En effet, le nombre de militants et sympathisants grandissait et il n’existait nulle part une tribune pour répondre dans un premier temps au souci des intellectuels musulmans francophones et ensuite pour répondre au besoin de formation de la jeunesse à travers la prière de vendredi.
Nos contacts avec l’extérieur nous avaient aussi révélé que les compétences de ceux qui officiaient les prières de vendredi dans les autres pays de la sous-région ne dépassaient pas les nôtres. Le déclic a eu lieu début mars 1993 lors d’une conférence animée par l’Ivoirien Cissé Guigba à Ouagadougou. À l’issue de sa conférence, le conseil consultatif de l’AEEMB à l’époque avait discuté avec lui sur le projet d’ouverture de la prière de vendredi au siège de l’AEEMB. Celui-ci, fort de son expérience, nous rassura que nous avions les moyens et les compétences nécessaires pour la prière de vendredi. Effectivement, deux semaines après, l’imam montait pour la première fois sur la chaire et prononça son sermon. C’était exactement le 12 mars 1993 et voilà comment est partie la prière de vendredi au siège de l’AEEMB.
AN : Quel imam a dirigé une première prière de vendredi au siège de l’AEEMB ?
N.O : Cette 1ère prière a été dirigée par l’imam SIDIBE Abdramane et si ma mémoire est bonne, il est monté sur la chaire autour de 12h45 et il est descendu à 12h57. Le pré-sermon avait été fait par Tiégo TIEMTORE et le thème était « l’importance de la prière de vendredi ».
Quand on voulait organiser cette première prière, on se demandait si on allait atteindre le quorum, et ce qu’il fallait faire dans le cas contraire. Et comme solution, on avait décidé de se poster et de compter les fidèles qui allaient à l’autre mosquée. Mais très heureusement, par la grâce de Dieu, plus d’une centaine de personnes étaient là pour la prière.
AN : Après cette prière de vendredi, quelles ont été les réactions des fidèles francophones ? et des musulmans du Burkina en général ?
NO : Lorsque nous sommes arrivés dans ce quartier (Wemtenga) en 1990, on s’est retrouvé un peu comme les Mecquois à Médine car nous avons eu une adhésion totale des autochtones de ce quartier, notamment le chef de Wemtenga, que Dieu ait pitié de son âme, qui était devenu un fidèle parmi les fidèles de la mosquée. La première réaction qui était celle du commun des fidèles était un sentiment de joie qu’on pouvait constater au niveau des assemblistes et des musulmans francophones en général. La deuxième réaction qui pouvait s’y comprendre était celle des responsables musulmans qui observaient une certaine méfiance face à ce nouvel élu des jeunes. Ainsi, après la première prière, nous avons été demandés à être entendus par les autorités musulmanes parce que justement ils avaient des inquiétudes par rapport à cette prière qui venait d’être initiée. Le président de la commission, le frère YOUG-BARE Hamado et moi, ainsi que certains membres du Comité Exécutif, nous Nous sommes allés deux fois poser des questions pour répondre à l'invitation, mais malheureusement, ceux qui étaient chargés de nous recevoir n’étaient pas là, donc depuis 15 ans, plus rien.
AN : Pouvez-vous nous parler de l’état actuel de la mosquée ? À peu près combien de fidèles prient dans la mosquée chaque vendredi ?
NO : Aujourd’hui, il n’y a pas de vocable pour qualifier l’exiguïté de la mosquée. En fait, la petite mosquée a fait place aujourd’hui à un véritable centre où les gens viennent se ressourcer tous les vendredis. En réalité, cette mosquée a été conçue pour contenir 50 personnes. De nos jours, plus d’un millier de personnes, en général des intellectuels, viennent prier, et plus de la moitié prient en dehors de la mosquée sous le soleil ou sous la pluie et les vents selon la saison. Cela pose des problèmes de confort et de sécurité.
AN : En rappel, quel est en quelques mots l'importance d’une mosquée dans la vie du croyant ?
NO : Premièrement, la mosquée est le lieu qui permet d’accomplir le pilier fondamental de... L’Islam est la prière. Deuxièmement, la mosquée est un lieu de fraternisation. C’est à la mosquée que vous pouvez voir le menuisier à côté du ministre, le blanc prie à côté du noir, bref toutes les couches sociales se côtoient dans la fraternité et l’humilité. La mosquée est également une tribune d’information et de formation des fidèles. Le vendredi, l’imam fait un résumé de l’actualité et conseille ses coreligionnaires dans le sens de l’amélioration de leur foi. Dans le cas spécifique, notre mosquée est une mosquée d’ouverture. C’est à la mosquée qu’on connaît la santé de la communauté. C’est donc un lieu important dans la vie du musulman.
Pour permettre aux musulmans de pouvoir accomplir leur prière dans la sécurité et le confort, le Comité Exécutif de l’AEEMB a entrepris un ambitieux projet de reconstruction de la mosquée du siège de l’AEEMB. Pouvez-vous nous en parler ?
Dieu faisant les choses, je me retrouve 15 ans après dans la commission chargée de diriger la reconstruction de la mosquée. de l’AEEMB. C’est une occasion que Dieu me donne encore de participer à la réalisation de sa maison. Pour vous parler du projet, nous avons décidé, au terme d’études sur la situation des musulmans au Burkina Faso en général, et particulièrement celle des élèves, étudiants et des travailleurs, de faire quelque chose. C’est pour satisfaire aux besoins d’information et de formation de cette catégorie de musulmans de notre pays. C’est ainsi que nous sommes arrivés à l’idée de reconstruction de cette mosquée qui, en réalité, sera un centre culturel islamique. En fait, le travail de formation qui est fait jusqu'à présent par l’AEEMB à l’endroit de ses militants, des musulmans et du public est satisfaisant et très encourageant. Cependant, la recherche de l’excellence étant un principe cardinal de notre religion, l’AEEMB a toujours cherché à améliorer ses prestations. La construction du centre culturel répond à cet objectif.
AN : À quoi va ressembler ce centre culturel ?
N.O : Il s’agit d’un bâtiment R + 2 extensible en R + 3. En d’autres termes, c’est un bâtiment en étage comprenant une mosquée pour les frères et sœurs, des salles de conférences, etc.
AN : Qui peut participer à la réalisation de ce projet ?
N.O : Tout le monde peut et doit contribuer à la réalisation de cet édifice. Et je dis que Dieu nous offre ici une occasion historique de participer à la construction de sa maison. Dans un premier temps, ceux qui sont visés par cet ambitieux projet sont nos militants.
Aujourd’hui, plus de 25 ans après, l’AEEMB a mis à la disposition de la société burkinabé des milliers de cadres intellectuels, de commerçants formés aux principes et valeurs islamiques, c’est-à-dire la solidarité, la justice, l’honnêteté, la chasteté, la fidélité et la pudeur. C’est donc une catégorie de personnes qui constituent un rempart contre les maux sociaux qui ravagent nos populations, mais aussi des gens dynamiques et honnêtes qui contribuent pour beaucoup au développement socio-économique du Burkina Faso.
En reconnaissance à cette association, je pense que Coude à coude, et je dis, on ne peut rien réaliser de plus grand pour le Seigneur. Deuxièmement, ce projet s’intéresse aux musulmans en général. Dieu merci, nous sommes dans un pays où les musulmans ne sont pas les plus pauvres et peuvent apporter leur contribution à l’édification de cette bâtisse qui va les dignes d’eux dans l’espace local mais aussi dans l’espace sous-régional. Troisièmement, l’AEEMB est aussi utile aux non-musulmans à travers sa lutte contre les maux qui minent notre société.
Dans cet espace exigu, beaucoup d’étudiants de toutes les confessions religieuses viennent étudier et consulter nos documents pour la réalisation de leurs mémoires. Bref, l’association contribue au développement socio-économique du pays et de ce fait, l’appel est destiné à toutes les bonnes volontés.
AN : Comment peut-on apporter les contributions ?
N.O : Nous avons un compte bancaire BOA pour la collecte des fonds qui est le suivant : N° 0137580002. Les contributions peuvent être faites directement de ce compte ou au... siège de l’AEEMB. Nous recevons aussi les matériaux de construction (ciment, tôles, barres de fer, carreaux, peinture, lampes d’éclairage, etc.). Nous avons également besoin du soutien spirituel, technique et physique de la part de tous les musulmans, car la construction de la mosquée veut symboliser l’union des musulmans, l’union des cœurs, de telle sorte que cette mosquée soit ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui le « Dar-oul Salam », c’est-à-dire la résidence de la paix. En effet, Dieu seul sait la récompense qu’Il donnera à toute personne qui participera d’une manière ou d’une autre à la réalisation de ce projet. On sait déjà, à travers les enseignements du saint prophète (saw), que celui qui a participé à la construction d’une mosquée aura des récompenses jusqu'à la fin des temps tant que des gens prieront dans cette mosquée. Chacun doit donc saisir cette chance pour le maximum de bénédiction. Dieu augmentera ses richesses et lui accordera une bonne place le jour du Jugement dernier. AN : À quand peut-on Envisager le démarrage effectif des travaux ?
N.O : Nous ne pouvons pas, pour des raisons techniques, vous donner une date précise du début des travaux. Je peux seulement vous dire que les travaux commenceront incessamment, Inch Allah.
AN : Combien de temps ce projet peut-il prendre ?
N.O : Tout dépendra de la volonté de Dieu.
AN : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans cette entreprise ?
N.O : La première difficulté est d’ordre financier car le projet nécessite 300.000.000 (trois cent millions) et la somme dont nous disposons est insignifiante par rapport à ça. Ensuite, il y a le problème d’espace pour accomplir les prières. Quand les travaux commenceront, il faut ajouter que nous craignons aussi d’être incompris par certaines personnes qui penseront que c’est orgueilleux d’envisager un tel projet tout en sachant que nous ne disposons pas des fonds nécessaires. Mais pour nous, il n’y a rien de grand pour Dieu.
AN : Quel est votre mot de fin à l’endroit des fidèles ?
N.O : Je voudrais saluer la maturité et... L’orientation des discours de vendredi qui permettent d’éclaircir les fidèles. Je salue également An-Nasr, votre bulletin, héritier d’Al Mimbar dont je fus l’un des rédacteurs, qui accompagne la vie de l’association.
Je voudrais enfin réitérer notre appel à tous les frères et sœurs du Burkina Faso à contribuer, quel que soit la modicité de leurs moyens, à la réalisation de ce projet car nous n’avons pas d’aides extérieures. Je voudrais dire à nos parents qui ont su toujours rester à nos côtés depuis 25 ans que nous avons besoin de leurs soutiens pour la réalisation du vœu de beaucoup de musulmans, celui de réaliser ce centre culturel islamique.
L’AEEMB est sur la voie de cette jeunesse dont a parlé le prophète quand il dit : « Les vieux m’ont trahi alors que les jeunes m’ont soutenu ». Elle est donc la graine d’un avenir radieux de l’islam au Burkina. Et chacun doit donc y apporter sa pierre pour son édification.
Propos recueillis par O.D. 30