Issue
An-Nasr Vendredi #211 (Sermon de la prière de l'Aid el Kébir)
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-
Burkina Faso
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- Title
- An-Nasr Vendredi #211 (Sermon de la prière de l'Aid el Kébir)
- Publisher
- An-Nasr Vendredi
- Date
- December 19, 2007
- issue
- 211
- number of pages
- 4
- Subject
- Khutba
- Tiégo Tiemtoré
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Aïd al-Adha (Tabaski)
- Aïd el-Fitr
- Pauvreté
- Prière
- Rights Holder
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-issue-0000378
- content
-
Toutes les louanges sont à Allah, Seigneur des univers. Louanges à Lui pour ses innombrables bienfaits, pour Son immense générosité et pour Sa Majesté, autant qu’il existe de créatures pour Le louer, autant que s’exprime Sa satisfaction, autant que s’élève Son trône, autant qu’il existe de paroles, de gestes et d’attitudes de glorification.
Celui qu’Il guide aura reçu une lumière, tandis que sera dans l’égarement manifeste, celui qui en est privé. Serviteurs d’Allah, craignez Dieu et souvenez-vous de Lui, Il se souviendra de vous. Remerciez-le pour Sa guidance et Son don et n’oubliez pas que si « vous voulez énumérer les bienfaits d'Allah, vous n'y parviendrez jamais ». (Sourate 14, Verset 34)
Que Sa paix et Son salut soient sur le Sceau des prophètes (Saw), sa famille, ses compagnons et les croyants, jusqu’au jour dernier. La célébration de l’Aid El Kebir est un grand moment de souvenir et de reconnaissance à Allah pour ses multiples bienfaits. Il couronne la pratique du 5e pilier qu’est le pèlerinage aux Lieux Saints et nous rappelle au souvenir d’Ibrahim, le patriarche, dont la figure emblématique illumine tous les itinéraires spirituels. Le pèlerinage, une leçon de renoncement aux biens de la vie ici-bas, aux soucis du quotidien, à la famille... On s'y adresse à Dieu.
SERMON DE LA PRIÈRE DE L'AID EL KEBIR
Il y a le jour d’Arafat. On s'y rend enveloppé dans des draps blancs tels des linceuls ; portrait miniature du jour du grand rassemblement. Dans la vallée d’Arafat, on prie, on pleure, on implore, on espère... L’état de sacralisation (ihrâm) retranche le pèlerin de sa condition ordinaire pour le remettre en harmonie avec celle de l’état primordial. Le Hadj nous enseigne que le seul approvisionnement valable est la piété (Attaqwa) comme le proclame le Coran, “Habillez-vous des vêtements de la piété, ce sont les meilleures parures".
Dans les instants à venir, les croyants commémoreront le sacrifice d'Abraham. Son itinéraire tout comme celui de tous les prophètes nous montre que la foi signifie résister à soi, aux... Hommes et aux sociétés. Résister, se battre, lutter et tous les jours, persévérer. Du haut des sept cieux. Dieu proclame : « Ceux qui luttent pour protéger leur foi, Nous les guiderons sur notre voie. Dieu est avec les bienfaisants » (Sourate 29, Verset 69).
En ce jour de souvenir, celui qui est nommé le père des Prophètes nous inspire une belle leçon d'abnégation, de sacrifice et de renoncement. Une leçon de certitude, une leçon d'amour entre un père et son fils. Les valeurs qui sont inculquées dès le jeune âge. Et où la foi en Dieu dépasse tout le reste. Souviens-toi toujours d’Ibrahim : Il a cru de toute l’énergie de son cœur et n’a eu cesse de demander à Dieu de parler à son cœur "pour que mon cœur s’apaise" (Sourate 2) ; murmurait-il. Il a vécu les épreuves : quitter son père, son pays, sa famille, sacrifice de son fils jusqu’à l’ultime limite.
Il entretient et développe, au fil de ses épreuves, un rapport de fidélité, de réconciliation, de paix et de confiance. avec Dieu. Celui-ci l’éprouve mais ne cesse de lui parler, de l’inspirer et de faire jalonner sa route de signes qui l’apaisent et le rassurent.
La deuxième leçon c’est que ceux qui déploient toutes leurs forces pour la cause de la vérité et la rectitude et placent leur confiance en Allah et lui confient toutes leurs affaires, obtiennent de Lui soulagement et réconfort.
Il nous laisse un message : la foi veut aussi dire résister à soi, aux hommes, à la société. Résister, se battre, lutter tous les jours. “Sois patient et que la persévérance soit en toi”, réconforte le Coran.
Les épreuves, les déchirures, les séparations, les douleurs, les joies, les sourires sont autant de leçons et d’enseignements sur la route du rapprochement qui nous guident vers Dieu. Telle est la plus belle et la plus difficile des leçons de l’itinéraire d’Ibrahim.
Tu ne trouves Dieu qu’en retrouvant l’unique. À Lui nous appartenons, à Lui nous ferons retour. Un jour, le Prophète Muhammad (BSL) se tourna vers ses compagnons et dit : Ne Vous enseignerais-je pas ce pourquoi Dieu a appelé Abraham, Son ami qui fut fidèle ? Parce qu’il répétait constamment au moment de se lever et de se coucher : Gloire à Dieu quand vous parvenez au soir et lorsque vous accueillez le matin, et à Lui la louange dans les deux et sur la terre, au cœur de la nuit et de la journée (C30V17-18).
"Abraham réunissait, en son cœur et en son être, l’équilibre et l’harmonie d’une communauté entière" : il fut l'exemple de ceux qui portent la foi, "votre père Abraham", l'ami de Dieu, choisi, élevé, rapproché. Dieu l’a aimé tellement, et tellement éprouvé... aujourd’hui, au travers des siècles, l’issue de l’épreuve marque la plus grande fête de l’islam et des musulmans. La fête du Sacrifice. Un signe, un souvenir, un rappel... ce serviteur, cet ami de Dieu, cet humble qui a accepté et n’a eu de cesse de dire, de protéger et de lutter pour Dieu, pour la Lumière, pour la Vérité. Jusqu’au bout de l’insulte, du rejet, de la haine ; jusqu’au bout de son amour. C’est l’école de la vie. que Dieu nous enseigne par les Messagers, ou au travers de la prière, de la zakat, du jeûne, du pèlerinage, ou encore à la lumière de nos blessures, de nos tristesses et de nos espoirs. La vie est une épreuve elle-même emplie d’épreuves et de peines : aimer Dieu, respecter la vie exige un amour infini, une foi profonde, la patience et la persévérance... C’est une fête à vivre en groupe car c’est un moment de partage. On y partage la prière, le repas, les sourires et les cadeaux. C’est le moment de chasser l'égoïsme, c'est le moment de rappeler à toutes et à tous que nous sommes une religion d’amour, de rencontre et de solidarité. Mais en toutes choses, le musulman reste sobre et évite le gaspillage. Au niveau des réjouissances, il nous faut retenir que ce qui est interdit avant Tabaski le demeure en Tabaski et même après. “Pas d’obéissance à une créature dans la désobéissance à Dieu” dit le Prophète Mohammed (Saw). Chers frères et sœurs, les péripéties du Hadj 2007 ne manquent pas d’interpeller nos Consciences, tant les souffrances de nos vieux et nos vieilles balancées ça et là sont insupportables. Qu’est-ce qui explique que le hadj, qui est une activité programmée annuellement et à des moments bien précis par les musulmans, souffre autant d’inorganisation ? Les musulmans du Burkina l’aso sont-ils incapables de gérer leurs propres affaires ? Si c’est le cas, qui d’autre donc doit le faire à leur place ? Le pèlerinage est le cinquième pilier de l’islam. On a fait du hadj un enjeu financier alors qu’il est avant tout un voyage spirituel. Rappeler cette évidence est une manière d’insister sur sa dimension spirituelle. Sans elle, le hadj serait un voyage touristique ou d’affaires. Toute cette agitation autour du hadj traduit le plus souvent en réalité des ambitions d'affaires de voraces et de cupides. Qu’il soit sous forme étatique, associative ou privée, sa réussite dépend des hommes qui l’animent. En tout état de cause, il faut inviter tous les acteurs du hadj à la crainte de Dieu ; si tu ne crains pas. Dieu, alors fais ce que tu veux. Cette même invite à la crainte de Dieu est à réitérer dans le processus de la fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB), mise en place depuis trois ans. Chacun doit être animé par la volonté d’apporter sa pierre à la consolidation de l’Islam au Burkina. Cette fédération devrait constituer le symbole vivant de l’unité des musulmans, tant désirée et gage d’une meilleure organisation des musulmans.
Le Coran proclame : “Obéissez à Allah et à Son Messager, ne vous disputez pas, sinon vous deviendrez faibles (malgré votre nombre), vous perdrez votre force. Soyez parmi les patients, car Dieu est avec les patients” (Coran 8/46). Tous, nous avons l’obligation, chacun à son niveau, d’y œuvrer. Et c’est le choix fait, sans ambiguïté, par TAEEMB et le CERFI. Aussi, ces associations sollicitent toujours votre confiance et vos prières, pour poursuivre leurs ambitions de satisfaire la soif spirituelle des couches intellectuelles. d’être de véritables cadres d’épanouissement pour les musulmans burkinabé, partant de la nation toute entière. C’est d’ailleurs dans le souci d’être encore plus efficace et de mieux jouer sa partition que l’AEEMB s’engage dans la construction de la mosquée de son siège national, qui accueille plus d’un millier de fidèles chaque vendredi depuis une dizaine d’années et qui, à l’évidence, est devenue exiguë. Aussi, souhaite-t-elle vous associer à cette grande ambition. Dieu proclame : “Ô vous les croyants, si vous aidez Dieu, Il vous aidera et raffermira vos pas ici-bas et dans l’au-delà.” (Coran 47, V7)
Dans le même sillage de cette contribution citoyenne, il faut saluer l’esprit de la célébration de la fête nationale, si elle peut apporter aux Burkinabé l’amour de la patrie et fortifier l’engagement de tous, par le travail, à bâtir une nation solide et forte. Ce souci d’ancrer le civisme doit conduire les gouvernants et aussi les gouvernés à œuvrer à réduire les grands maux comme la corruption, la fraude, l’insécurité. De même, il faut saluer le consensus obtenu entre le Gouvernement et les syndicats et le renforcement du dialogue social qui sont essentiels à la stabilité sociale, gage d’épanouissement individuel et collectif. Tout ce qui concerne l’avenir du pays doit intéresser le musulman. Notre foi induit une responsabilité vis-à-vis de Dieu, mais aussi des hommes. Le sens profond de l’attestation de foi, symbolisée par le doigt tendu, invite à la droiture, à la dignité et à ce qui est juste et bon pour les hommes. L’objectif reste de réaliser l’harmonie terrestre à l’image de l’harmonie dans la création. Quand Dieu invite à regarder non seulement avec les yeux de la tête mais aussi avec ceux du cœur et de l’esprit, les cieux, la terre, les fleuves, la succession du jour et de la nuit, la création, c’est pour t’indiquer que tout respire la beauté, l’ordre, la quiétude. Notre identité musulmane nous exhorte à un engagement citoyen. Au nom de Dieu et au service de ses créatures. Notre rôle de communauté exemplaire. (Coran 3:110) nous invite à la visibilité de l’engagement citoyen. Accompagner les hommes et non les juger, c'est-à-dire avoir le geste qui apaise, le sourire qui rassure, la main qui secoure, le cœur qui aime. En un mot comme en mille, vivre l’Islam, c’est vivre avec les autres, parmi les autres et leur être utile. (Coran 49:13). Si la foi est véritablement une lumière, qui guide, éclaire, illumine, montre le chemin, protège des déviations dans l’obscurité, cette foi doit donc faire de nous des combattants de tous les défis et des instants. “Sois bon comme Dieu l’a été à ton égard”, proclame le livre sacré. Le Coran ne cesse de rappeler le lien existant entre l’adoration de Dieu et le service rendu aux êtres humains. Il nous fixe un horizon de valeurs et nous guide vers celui-ci. Elle nous enseigne de ne jamais oublier le lieu vertical qui nous nourrit de lumière pour éclairer l’horizontalité de nos rapports dans la cité. C’est à cette dimension de la foi que nous appelons les uns et les autres, dans la. Gestion de la situation agricole du pays, car malgré l’excédent national, il existe bel et bien des poches de déficit à certains endroits du pays. Aussi, il nous faut dénoncer la spéculation qui pourrait en résulter, encourager la solidarité nationale et appeler à la justice.
An-Nasr, vendredi n° 211 du 19 décembre 2007, p. 189
Si l’on veut se rapprocher de Dieu, l’on a l’obligation de se rapprocher de Ses créatures et de leur faire du bien. Notre vie est une vie du sacré. Tout est de la dimension du sacré en Islam : le temps, le regard, la prière, l’homme, le salut, l’arbre, etc. Tout acte que nous posons passe sous le sceau du regard divin, même nos silences, pour ne pas mal faire.
Chers frères et sœurs, en ce jour de mémoire et de remerciement, nous devrions avoir une pensée pieuse pour tous ceux qui sont éprouvés et avoir en mémoire que Dieu, parce qu’Il est plus proche de nous que notre veine jugulaire (Coran VI, 87), a interdit de se décourager, d’aller au désespoir et de dire : je suis perdu, Dieu m’a... Abandonné. Au plus fort des souffrances et des douleurs, les premiers musulmans tourmentés, chassés de leurs demeures et exilés, crièrent : « À quand l'aide de Dieu ? » Dieu répondit : « L'aide de Dieu est toute proche » (Coran 2, V215). Il nous faut marquer notre compassion et notre solidarité à l’égard de tous ces hommes et femmes qui ici, là, là-bas et ailleurs, souffrent sur la terre de Dieu : parce qu’ils ont perdu leur emploi, traînent des maladies, parce qu’ils sont orphelins, endettés, pleins d’angoisses et du mal de vivre. Toutes ces épreuves, en plus de la mort d’êtres chers, la misère et la pauvreté, la peur et le désespoir bafouent la dignité des fils d’Adam.
En ce jour glorieux, frère, sœur, sache que Dieu, parce qu’Il est plus proche de nous que notre veine jugulaire (Coran 2, V187), a interdit de se décourager, d’aller aux désespoirs. Résister, se battre, lutter et tous les jours persévérer. Il faut donc donner vie et sens à son cœur. Là où brille l’étincelle que Dieu a originellement insufflée dans notre... Cœur. Laisse ton cœur parler à Dieu. Et Dieu nous enseigne cette vérité : “Souviens-toi de moi, je me souviendrai de toi” (Coran 2:156). Seul, dans le dernier tiers de la nuit, il t'appelle : “Qui veut se repentir ? Qui a une demande à formuler ? Qui veut se faire pardonner ?”. Cet appel trouve-t-il écho dans ton cœur ? Réponds-tu à cet appel avec la chaleur de tes larmes sur tes joues, avec le frisson de ta chair, dans le calme et le silence de la nuit ? Le cheminement vers Dieu, la lumière, est la voie. “Que vous vous tourniez, là se trouve la Face de Dieu” (Coran 2:116). Vivre sans oublier la mort, méditer sans négliger l’action, se savoir seul et vivre parmi les hommes, nourrir l’esprit et le cœur comme on nourrit son corps et rester dans la recherche de l’équilibre. “Cherche les biens terrestres comme si tu ne devais jamais mourir, recherche l'au-delà comme si tu allais mourir demain”, nous enseigne le prophète. Chers frères et sœurs, le temps et ses déchirures nous prennent souvent une partie de... nous-mêmes et seul un cœur présent peut échapper à l’oubli. Dieu nous invite à avoir le lien permanent avec Lui : “Ne soyez” pas comme ceux qui ont oublié Dieu et Dieu fit qu’ils s’oublièrent eux-mêmes” Q 59/19-21. Pour maintenir notre cœur éveillé et attentif, Dieu fit de nous une communauté de rappel : cinq fois par jour, un cœur présent à travers la prière ; chaque vendredi, un bilan hebdomadaire ; une fois dans l’année au mois de Ramadan, le retour à Lui pour nous recharger spirituellement ; répondre à Son appel, une fois dans sa vie (qui efface tous les péchés) en allant aux lieux saints. Chaque jour, à chaque instant, le cœur du croyant doit désirer Dieu.
Les derniers jours de décembre pressent le pas pour échouer la barque de l’année 2007 sur les rives éternelles de l’Histoire. Que les jours à venir nous apportent à tous la joie et le bonheur. La joie d'être en compagnie des gens qui nous font aimer Dieu, qui partagent avec nous leur amour de Dieu et qui veulent nous faire connaître le vrai bonheur. Celui d'être parmi les bien-aimés de Dieu. Qu’Allah nous guide, nous protège et nous comble de sa grâce.
Imam Tiégo TIEMTORE
An-nasr vendredi n° 211 du 19 décembre 2007
P. 190
Part of An-Nasr Vendredi #211 (Sermon de la prière de l'Aid el Kébir)