An-Nasr Vendredi #054 (Sermon de la prière de l'Aid el Kébir 2005 : imam Marboulaye Nombre)
- Title
- An-Nasr Vendredi #054 (Sermon de la prière de l'Aid el Kébir 2005 : imam Marboulaye Nombre)
- Creator
- Marboulaye Nombré
- Publisher
- An-Nasr Vendredi
- Date
- January 20, 2005
- issue
- 54
- number of pages
- 4
- Subject
- Marboulaye Nombré
- Khutba
- Tariq Ramadan
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Aïd al-Adha (Tabaski)
- Aïd el-Fitr
- Prière
- Rights Holder
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-issue-0000224
- content
-
Lorsque vient le second d’Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon. Louange à Allah qui, dans sa bonté infinie, nous a fait parvenir à cette fête de l’Aïd El Kebir. Allah le Très-Haut a dit dans le Saint Coran, s’adressant au prophète (SAW) : « Nous t’avons accordé l’abondance. Prie pour ton Seigneur et sacrifie » (S108V1-2).
Cette fête, qui coïncide presque avec la fin du pèlerinage à la Mecque, comprend deux actes cultuels importants : la prière de la fête et l’immolation d’un mouton ou d’un autre animal agréé par la tradition du prophète Muhammad. Le rassemblement de ce jour pour la prière est une communion de tous les cœurs devant Allah à la recherche de son agrément et à l’image du rassemblement mondial des pèlerins, hier à Arafat ; cette rencontre, au-delà des différences naturelles et sociales, nous rappelle le rassemblement promis pour le jour dernier. La prière de cette fête est l’un des symboles visibles de l’islam qui concrétise la foi en Allah et la... Soumission à Lui, perpétuant ainsi la tradition d’Abraham, le père du monothéisme pur. En effet, les musulmans ont hérité d’Abraham, son attachement exclusif à Allah et sa lutte sans merci contre les idoles. L'islam, signifiant soumission sans partage à Allah, fait d'Abraham un modèle de croyant parfaitement soumis.
La foi en Dieu n'est point sans effets concrets. Puisque Dieu s'est manifesté dans un monde concret, il entendait que son amour, que nous sommes supposés avoir, soit manifesté dans le monde comme le fruit de la foi qui est dans notre cœur. Dans chaque instant de notre vie, Dieu fait noter par ses anges le fruit de notre conviction. Ce registre de nos actes sera la base du jugement du jour Dernier.
La foi, si elle existe, doit se prouver, ou elle n'existe pas, ou elle est si faible qu’elle reste sans effets. Ainsi, la foi chez Abraham avait atteint sa plénitude. Elle produisit donc les effets attendus, c’est-à-dire la soumission à Dieu. supporta avec succès les difficultés qui se présentèrent à lui sur le chemin de Dieu. Banni par son propre père pour avoir critiqué le culte des idoles, il fut jeté dans le feu par son peuple pour avoir détruit les idoles, et démontré ainsi leur inutilité ; et par là aussi il démontra la puissance de Dieu qui ordonna au feu d'être fraîcheur pour lui, et le feu obéit. Dieu ne donna pas d’enfant à Abraham jusqu'à l’âge de la vieillesse, bien qu’il fut l’ami de Dieu. À l’âge de quatre-vingt-cinq ans, dit-on, Dieu lui donna enfin son premier fils, Ismaël. Il se sentit heureux et se mit sans doute à l’aimer. Mais Dieu n’aime pas que l'amour d’une créature domine le cœur de ses serviteurs. L’amour du fils tant attendu va-t-il dominer l’amour de Dieu dans le cœur d'Abraham ? Dieu va éprouver son ami en lui demandant de sacrifier son fils.
An-nasr vendredi n° 054 du 20 janvier 2005 223 Prix 50 fcfa P. 1
Abraham prouva qu’il aimait Dieu plus que son fils unique. Il accepta de l’immoler. Il consulta Ismaël qui se montra. soumis à Dieu, comme son père accepta d’être immolé. Mais si Allah éprouve ses amis, ce n’est pas pour les détruire mais pour les élever sur l’échelle de la sainteté et leur réserver des surprises agréables dans ce monde et dans la vie future.
Ainsi, quand Abraham était sur le point de sacrifier Ismaël, la surprise vint, car Dieu envoya un ange avec un bélier énorme qui fut sacrifié à la place d'Ismaël, qui deviendra plus tard l’ancêtre des Arabes dont descend Muhammad, le dernier envoyé de Dieu sur terre. En plus, Dieu donna à Abraham un deuxième fils en la personne du prophète Isaac, père de Jacob, de qui descendront les prophètes d’Israël. Comme quoi les bienfaits ne sont jamais perdus ou oubliés de la part de Dieu, même après des milliers d’années.
C’est ainsi qu’après des siècles, Dieu envoya son dernier messager, Muhammad (saw), suivant la demande d’Abraham et d’Ismaël. Dieu ordonna à Muhammad de restaurer la religion d’Abraham dans toute sa pureté. Ainsi, l'islam a hérité : - du monothéisme pur comme premier pilier ; - de la Ka’aba (maison sacrée de Dieu) reconstruite en son temps par Abraham et Ismaël ; - certains rites du petit et du grand pèlerinage ; - du rite d’immolation de mouton de la fête de Tabaski. À propos du sacrifice de Tabaski, quelqu’un demanda au prophète Muhammad (saw) : « Pourquoi ces sacrifices ? » Le prophète répondit : « C'est la tradition de votre père Abraham. » La personne demanda quel en serait l’intérêt ? Le prophète répondit : « Il vous sera compté pour chaque poil, une bonne action. » Ibn Maja et Tirmidhi.
L'immolation est donc une œuvre spirituelle et un acte de charité. Mais comme tout acte religieux islamique, il a des conditions de validité dont les principales sont : l’âge de l’animal, la qualité de l’animal, le moment de l’immolation, la personne qui sacrifie, comment immoler ? Pour ce qui est de la manière d'immoler, il faut donner à boire à l’animal, aiguiser l’instrument sans le montrer à la bête. Ensuite, l’animal doit être couché face à la qibla (direction de la... Mecque) ensuite, on formule l’intention et on prononce les paroles suivantes : « Bismillah, je m’adresse en vrai croyant à celui qui a créé les cieux et la terre, me conformant à la tradition d’Abraham. Ma prière, mon sacrifice, ma vie et ma mort appartiennent à Allah. Cela m’a été ordonné et je suis le premier à m'y soumettre. Bismillah, Allahou Akbar. Seigneur, c’est Toi qui Me l’a offert et c’est à Toi que je le présente. »
À travers le sacrifice du mouton, l’enjeu se trouve dans la lutte qui se mène dans le cœur entre la soumission aux ordres de Dieu et l’insoumission, entre l’avarice et la générosité, entre l’amour des biens que nous possédons et l’amour de Dieu, entre l’importance que nous accordons aux avantages de la vie présente et les avantages de la vie éternelle. L’enjeu du sacrifice est donc spirituel d’abord, ensuite moral, et enfin social. Cela a été clairement dit dans le Coran : « Mangez-en et distribuez-en tant à ceux qui s'abstiennent de mendier qu’à ceux qui le font. Nous vous avons... » Assujettis ces animaux, peut-être serez-vous reconnaissants. Ni leur chair, ni leur sang ne parviennent jusqu’à Dieu. Seul votre piété compte pour Lui » (Coran 22, V37). L’intention et l’acte de sacrifier induisent dans le cœur un état d'obéissance à Dieu, et de générosité qui est une reconnaissance manifeste des bienfaits de Dieu. C’est cette soumission du fond du cœur qui intéresse Dieu. Quant aux effets extérieurs comme la viande, c’est un moyen d’agrémenter la fête, les réjouissances, et de répandre la joie dans la famille, chez les voisins, les amis et partout autour de nous.
Ce jour, les invités de Dieu à la Mecque pour le Hadj de l’année 2005 accomplissent comme nous l’acte d’immolation, comme l’un An-nasr, vendredi no 054 du 20 janvier 2005, prix 50 F CFA, p. 2 des rites du pèlerinage. Nous pensons à eux et invoquons Allah afin qu’Il leur accorde un Hadj réussi et un bon retour parmi nous. Nous voudrions saisir l'occasion pour demander à chaque musulman et à chaque musulmane d’invoquer Dieu au profit de ces... Jeunes élèves et étudiants qui se dépensent nuit et jour pour comprendre le message de l'islam, le mettre en pratique et le transmettre à d'autres. Ils constituent la relève naturelle non seulement du CERFI, mais aussi de toutes les associations islamiques. Demandons à Allah son soutien pour le succès de la nouvelle équipe mise en place en décembre dernier.
Nous saisissons cette heureuse occasion pour demander aux autorités islamiques de poursuivre les efforts entrepris en vue de réaliser l’unité d’action de la oumma islamique du Burkina Faso, par la culture de l’esprit de dialogue et de tolérance ; d'entreprendre les démarches nécessaires à la réconciliation des frères et à la résolution des conflits latents. Nous prions Allah pour le renforcement de la solidarité et de la paix dans notre pays. Que Dieu bénisse le Burkina Faso et inspire à ses dirigeants la voie du succès, et que les efforts de ses habitants soient bénis, et guidés vers le bien, la prospérité et le bonheur.
Un des fléaux qui menacent notre... La société est certainement la pandémie du sida. Nous demandons aux frères et sœurs de se mobiliser pour contribuer à soulager les malades, et à participer aux différentes initiatives entreprises pour éradiquer ce mal du siècle. Nous demandons à la jeunesse plus d’engagement moral et spirituel et de sacrifice personnel comme contribution à la réduction du fléau.
Au-delà de notre pays, en ce jour de fête, nous ne devons pas oublier de demander la miséricorde d'Allah pour nos frères et sœurs qui souffrent en Asie et en Afrique de l’Est, du fait de la catastrophe naturelle qui les a frappés à travers la montée des marées. Certes, c’est Allah qui fait rire et c’est Lui qui fait pleurer. Mais dans les joies et dans les peines, il y a des leçons pour les gens qui réfléchissent. Ce monde-ci n’est pas un paradis. C’est un champ d’épreuves dont la sagesse ultime est détenue par Allah. Une catastrophe naturelle est toujours un avertissement pour l’ensemble de l’humanité, mais pas seulement pour ceux qui ont été. atteints. Les catastrophes nous obligent à réviser nos manières, à nous adapter à l'environnement naturel, à identifier nos faiblesses, à imaginer de nouvelles solutions et à concevoir de nouvelles stratégies pour améliorer les conditions environnementales. C’est un moment qui met à l’épreuve la foi des éprouvés ; la fraternité et la solidarité entre les frères dans la foi, entre les hommes tout court. Invoquons Dieu en particulier pour les frères et sœurs qui souffrent en Palestine, en Irak et ailleurs, du fait d’invasions des puissances extérieures ou de conflits. Les conflits entre les hommes ou l’entente entre les hommes sont des phénomènes normaux de l’humanité. Avant l’avènement de l’islam, il y avait des conflits, et avec l'avènement de l'islam, il y a toujours des conflits. Dieu a voulu que la vérité et le mensonge se distinguent, et que le bien et le mal se distinguent. C’est une opposition naturelle ; ce que les philosophes appellent « loi de la dialectique ». Il est impossible que le monde entier Avaliser le mensonge et l’injustice d’un individu ou de groupes d'individus. La résistance est naturelle. Sans elle, on ne saurait préserver la liberté et le droit qui donnent un certain sens à la vie. La résistance en Palestine et en Irak est une résistance contre l'occupation. Si celle-ci cesse, elles cesseront. Il ne faut pas l’attribuer à un certain islamisme qui est la solution facile que certains ont trouvée pour déplacer les problèmes de leur vrai contexte sans les résoudre. Quel est ce peuple normalement constitué qui n’a jamais résisté contre l'oppression des envahisseurs ? Même l’oppresseur n’accepte pas de subir l’oppression. Or, la conscience morale nous dicte de ne pas faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qu’on nous fasse. Nous ne voudrions que tous les tons soient portés par les envahisseurs ; comme le dit Tariq Ramadan : « si vous êtes colonisés, c’est que vous êtes colonisables ». Les structures internes de la plupart des pays. Les musulmans ne s’adaptent plus ou s’adaptent mal à notre époque. On regarde trop vers le passé pour reconstituer des sociétés révolues à jamais, au lieu d’imaginer ce qu’on peut construire aujourd'hui, sur la base des principes généraux édictés par l’islam. Au lieu de bâtir des nations libres et démocratiques, ils bâtissent des nations-prisons. Avec des prisonniers, on peut tout défendre, sauf les prisons. Par contre, une nation démocratique et libre est difficile à détruire.
La réaction courante consiste à dire que ceci ou cela n’est pas islamique tout en esquivant les débats. Tel n’était ni le comportement du prophète, ni celui des compagnons. Un jour, une femme intervint pendant le sermon de Omar, le deuxième calife, pour lui dire que même s’il était le chef de l’État musulman, il n’avait pas le droit de vouloir réduire la dot, un droit que Dieu a donné aux femmes. Omar répondit que la femme avait raison et que c’était lui qui avait tort. Le même Omar fera fouetter le fils de son gouverneur d’Égypte pour avoir frappé injustement un chrétien qui l’a battu lors d'une compétition de course de chevaux. C’est le même Omar qui faisait la ronde la nuit pour voir si le peuple n'a pas dormi à jeun afin de l’approvisionner. Ils avaient compris que leur devoir était de servir et non de se servir. Toutes ces manières de bonne gouvernance doivent inspirer les responsables de tous les temps.
Aujourd’hui, il faut pleurer afin de susciter la compassion. Ainsi, les musulmans qui avaient poné l’islam à la place d’honneur étaient donc des hommes libres, ouverts, responsables, dotés d’une conscience critique et d'une foi inébranlable. Ils ne se barricadaient pas, mais ils allaient partout pour prendre ou apprendre tout ce qui convenait à l’islam, comme le prophète le leur a recommandé : « cherche la science même jusqu’en Chine ». C’était le secret de leur réussite miraculeuse.
Nous pensons que les musulmans portent une part de responsabilité dans la situation actuelle. Autant on demande à l’étranger de respecter nos droits, Autant nous devons le faire. La violence n’est pas une vraie solution, mais un signe de désespoir par rapport à la vraie solution au conflit. Nous pensons que dans le Proche-Orient, il se pose des problèmes de droit. Les Palestiniens comme les Israéliens ont droit à une terre pour y habiter, et à se gouverner librement suivant les principes du droit international et de leurs cultures spécifiques. De même, les Irakiens ont le droit de se gouverner sans ingérence extérieure. La paix dans cette région passe donc par le respect des principes du droit international de la part de toutes les parties prenantes dans les conflits. L’histoire a démontré qu’un conflit, aussi long soit-il, le mot de la fin appartient au droit, à la négociation, à la raison. On ne choisit pas souvent son voisin. La cohabitation entre les peuples et les communautés humaines est donc une nécessité pour les hommes. La paix qui en dépend est également un élément fondamental pour la survie et l’épanouissement des hommes. Par conséquent, l’esprit de Dialogue, de justice et de tolérance sont des vertus à développer. Nous prions Allah d’inspirer les protagonistes dans les points chauds du globe terrestre pour la paix et le bonheur de l’Humanité. En réalité, il n’y a de puissance et de force qu’en Allah. Bonne fête à tous, et souvenons-nous que nous devons fêter sans dépasser les interdits de Dieu.
L'AEEMB souhaite une bonne et heureuse fête de l'Aid El Kebir à tous ses militants, sympathisants et à l'ensemble des musulmans vivant au Burkina Faso. Que Dieu, le Très Miséricordieux, accorde la foi, la santé, la prospérité et le bonheur à tous.
An-nasr vendredi n° 054 du 20 janvier 2005. Prix 50 CFA. P. 4
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