Issue
An-Nasr trimestriel #30
- Title
- An-Nasr trimestriel #30
- Publisher
- An-Nasr Trimestriel
- Date
- April 2007 – June 2007
- issue
- 30
- Abstract
- Bulletin d'information et de formation de l'AEEMB
- number of pages
- 6
- Subject
- Congrès CERFI (2007)
- Femme en islam
- Habibou Ouattara
- Journées de la femme musulmane
- Sidi Mohamed Koné
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Pauvreté
- Civilisation occidentale
- Hadith
- Sunnah
- Rights Holder
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-issue-0000220
- content
-
Lorsque vient le secours, "Nous sommes convaincus que les sœurs occupent la place qui leur revient au niveau de la structure. Il est aujourd’hui incontestable de reconnaître leur participation massive et régulière à la réussite des ambitions de l'association." Adama OUEDRAOGO P. 2
La crise ivoirienne semble désormais inscrite dans le passé depuis la signature des accords de Ouagadougou en mars dernier. En effet, tout porte à le croire au regard de l'engouement que cela a suscité en Côte d'Ivoire. En outre, la mise en œuvre de l'accord est en marche avec la formation du gouvernement.
Il est important de noter que, malgré les tensions profondes et lointaines, ils sont obligés de vivre ensemble sur la terre de Côte d'Ivoire qui leur appartient à tous. Vivre en harmonie et en toute intelligence. En outre, les leaders religieux ont une influence certaine sur les populations, et il... Leur revient de transmettre du nouveau gouvernement toute la question. Mais le courage a souvent manqué dans les décisions. Enfin, il leur revient de demander le secours et l'assistance de Dieu. Mais il faut avant tout que les formes de marginalisations et d’injustice à l'égard des autres qui ont été durement touchés par cette crise cessent.
La place de l'art dans l'islam
Pour la Côte d'Ivoire, les accords de Ouagadougou connaissent un meilleur sort, on est même obligé de se demander pourquoi les accords de Ouagadougou connaissent un tel succès alors que les autres n'ont pas été mis en œuvre. En réalité, les incessantes rencontres entre les états-majors des Forces Armées Nationales de Côte d'Ivoire (FANCI) et les Forces Nouvelles (FN) ont souvent manqué de concorde. En espérant que les accords de Ouagadougou connaissent un meilleur sort, on est quand même obligé de se demander pourquoi les autres accords n'ont pas été mis en œuvre. S'il faut aller chercher les solutions de cette crise dans un pays lointain, il faut reconnaître que le comportement des leaders politiques de ce pays ne favorise pas la paix. En somme, la crise ivoirienne d'une communauté cesse ; c'est le prix. Ensuite, les musulmans sont des frères, et cette relation affective nous impose à tous de supplier le seigneur dans notre rapprochement intime avec lui, d'accorder la paix à la Côte d’Ivoire et de guérir le cœur des Ivoiriens.
Les précédents accords n'ont parfois même pas connu un début de mise en application. Les acteurs de la crise sont-ils maintenant prêts à aller à la paix ? Si An-nasr a décidé des accords inter-ivoiriens de Ouagadougou : La paix. L’islam ne connaissant pas de frontière ; la difficulté que vit un musulman dans le point le plus avancé de la tonalité à ce sujet, c'est moins pour répondre à des questions ; c’est simplement pour un pays qui a des similitudes avec le Burkina Faso, devoir de. Solidarité et droit pour tous les habitants, musulmans ou non. En rappel, depuis 2002, l'armée s'oppose en Côte d'Ivoire par devoir de sécurité et par fraternité envers ce pays. La crise en Côte d'Ivoire est une crise profonde et multidimensionnelle ; elle est à la fois politique, ethnique, religieuse, xénophobe... Ainsi, toutes autant qu'elles sont, ses causes ont pour siège le cœur. Alors l'ultime solution se trouve chez les Ivoiriens, toutes catégories confondues. Il y a dans leurs cœurs la haine, la frustration qui ont été exacerbées par le discours meurtri et rancunier ; sinon on fera toujours la paix. C'est en cela que les religieux de Côte d'Ivoire et d’ailleurs ont une responsabilité dans le succès de ces accords. D'ailleurs, à tort ou à raison, on considère que le conflit a aussi des causes religieuses qui se situeraient dans des luttes d'influences entre musulmans, catholiques, et protestants pour le contrôle. Mais loin du compte. En somme, on espère que les accords de Ouaga seront signés et respectés. Avec l'analyse de la situation, on s'aperçoit que la Côte d'Ivoire a mal en ses fils qui, par leurs comportements, ont compromis la stabilité dans leur pays. C'est donc par une guérison spirituelle et morale qu'il pourrait sortir du bourbier dans lequel il est enfoncé. Que Dieu accorde donc la sagesse aux dirigeants de la Côte d'Ivoire ! Car, en un mot, c'est un comportement. disait Félix Houphouët Boigny.
La rédaction se réjouit que les Congrès du CERFI, l'alternance ait été au rendez-vous. Forces Armées Nationales de Côte d'Ivoire du président Laurent Koudou GBAGBO, qui contrôlent le sud du pays, aux Forces Nouvelles qui contrôlent le Nord et le Centre. Alors, un long processus de paix entamé à Lomé est engagé. Depuis lors, on a connu Marcoussis, Accra I, II, III, Pretoria... et Ouagadougou. Tous ces accords avaient Pour ambition de mettre fin à ce conflit armé mais aussi de résoudre définitivement une crise qui a des causes.
Cette année encore, la journée internationale de la femme aurait consacré un intérêt particulier à la gente féminine à travers ateliers de réflexion, cadres de concertation et d’autres activités festives. À l'occasion, notre équipe de rédaction est allée à la rencontre du secrétariat à la mobilisation et à la formation des sœurs (SMFS) pour faire le bilan de cette journée célébrée au niveau de notre structure. La mobilisatrice Adama OUEDRAOGO, étudiante en Droit, revient sur les grandes lignes de cette journée dans les différents conseils généraux que compte l'AEEMB. Ainsi ne manque-t-elle pas l'occasion d'évoquer la situation globale des sœurs aeembistes dans le combat du militantisme.
Quelles sont vos ambitions à la tête du département des sœurs pour le présent mandat ?
Mobilisatrice (M) : Nos ambitions à la tête de ce département sont... D'une part, pouvoir obtenir une plus grande mobilisation des sœurs et à défaut, maintenir le niveau de mobilisation actuelle des sœurs qui est fort appréciable. D'autre part, nous ambitionnons d'œuvrer à avoir un nombre élevé de sœurs capables de participer aux débats qui se mènent au sein de l'association et ailleurs.
AN : Comment assurez-vous la coordination des activités avec les autres sœurs au niveau des provinces?
MA : À notre niveau, la coordination des activités avec les structures provinciales de l’AEEMB se passe un peu comme dans les autres départements. D'abord, nous profitons des occasions de rencontre du comité exécutif avec les Conseils Généraux (l'assemblée générale, par exemple) pour leur communiquer notre programme d'activité. Ensuite, pour permettre une uniformisation de l'organisation de certaines activités, le département retient un certain nombre d'axes. À titre illustratif, pour la célébration de la journée de la sœur, notre rôle a été d'arrêter un thème national pour permettre à tous les conseils généraux d'avoir un même sujet de réflexion. Ces structures provinciales mènent donc leurs activités en se référant à ces axes.
OLJEIMAOGC Adams
Chargée de la formation et de la mobilisation des sœurs de l'AEEMB
Q: Croyez-vous que les sœurs occupent véritablement la place qui leur revient au niveau de la structure ?
R: Nous sommes convaincues que les sœurs occupent la place qui leur revient au niveau de la structure. Il est aujourd'hui incontestable de reconnaître leur participation massive et régulière à la réussite des ambitions de l’association. Cependant, il faut reconnaître que si l'on considère le domaine de l'autoformation et bien entendu celui de la transmission de ce qu'on a appris aux autres, la participation des sœurs est négligeable.
Q: À qui la faute ?
R: Les premières responsables sont les sœurs elles-mêmes. Tout se passe comme si elles n’ont pas conscience du fait que rechercher le savoir, le mettre en pratique et le transmettre leur incombe au même titre que les frères. Le monde entier vient de célébrer la journée internationale de la femme le 08 mars dernier, quelle est votre opinion en tant que responsable musulmane par rapport à cette commémoration ?
M : La célébration de la journée internationale de la femme le 08 mars de chaque année est certes une occasion permettant à chaque couche sociale de la population mondiale de se souvenir des conditions précaires dans lesquelles vivent certaines femmes et des injustices qu'elles subissent dans certains coins du monde. Mais de façon pratique, nous pensons que cette commémoration, au fil des ans, n'est pas la voie de proposition de solutions concrètes pour éradiquer entre autres l’ignorance, l'analphabétisme et la pauvreté.
M_L : Quel bilan pouvez-vous tirer de la journée des sœurs célébrée un peu partout à travers les différents conseils généraux ?
M : Nous tirons de la célébration de la journée de la sœur un bilan satisfaisant. Et pour preuve, parmi les 38 CG présents à l'AG, la plupart ont pu... l'organiser exception faite de ceux du Kourwéogo et du Séno (que nous encourageons d'ailleurs). En outre, le thème retenu qui est : «Quelle éducation et quelle responsabilité pour la sœur musulmane» a été traité par tous ces CG et la participation des sœurs et des frères est globalement acceptable.
AN : Le 8ème séminaire des mobilisatrices s'est tenu à Ouagadougou du 24 au 28 mars 2007, quel sens donnez-vous à l'organisation d'une telle activité ?
M : Le 8è séminaire des mobilisatrices qui s’est tenu du 24 au 28 mars 2007 sous le thème «Formation et engagement des sœurs, un défi pour les mobilisatrices» est très important. C'est une activité à travers laquelle les mobilisatrices reçoivent une formation leur permettant d'accomplir convenablement leur tâche. Cela participe également à leur dynamisme dans les conseils généraux.
AN : Quels sont les problèmes que les sœurs rencontrent globalement ?
M : De façon globale, les problèmes rencontrés par les sœurs assemblistes sont de divers ordres. Ils sont entre autres relatifs dans certains CG au port du voile, (dans certains CG) au comportement inacceptable de certaines sœurs causant le départ d'autres. Dans d’autres CG, elles mettent fin à leurs études une fois mariées quand bien même le mariage ne constitue pas en soi une entrave aux études. À cela s'ajoute l'ignorance du sens de la fraternité et de la solidarité entre les sœurs.
AN : Le mariage serait-il une préoccupation majeure chez les sœurs ? La réponse à une telle question ne peut être que relative. Pour certaines, le mariage serait une préoccupation et pour d'autres tout le contraire. Et cela se justifiera entre autres par les conditions sociales et économiques des unes et des autres ou les objectifs que se fixent ces dernières. Il serait par exemple une préoccupation pour des sœurs à un âge assez avancé qui ne recevraient pas de proposition de mariage. Il serait aussi une préoccupation si elles n'arrivent pas à supporter la pression sociale qui les oblige à se marier en raison des préjugés qui assortissent l’état. de célibataire. Mais il faut retenir qu'à un moment donné dans la vie d'une sœur et même si on ne peut pas parler en termes de préoccupation, le mariage demeure nécessaire pour préserver sa foi si l'on s'en tient aux réalités de notre monde en matière de sexualité et de moralité...
AN: Qu'est-ce qui est fait par votre département pour aider les sœurs à résoudre ces difficultés?
ML: Le secrétariat à la mobilisation et à la formation des sœurs ne dispose pas de prérogatives en matière sociale pour aider les sœurs à résoudre leurs difficultés. Certes, il participe à certaines activités sociales des sœurs, mais la grande tâche revient au délégué aux affaires sociales qui œuvre à soutenir l'ensemble des militants financièrement et moralement.
ML: Que pouvez-vous dire de l'habillement des sœurs?
IL: Il est important de rappeler que l'habillement de la femme musulmane est régi par des lois coraniques. Par conséquent, en parler n'est pas une mince affaire. Ce qu'on peut dire, c'est que de façon générale, beaucoup D'efforts sont faits par les sœurs pour conformer leurs habillements aux exigences coraniques. Toutefois, le phénomène de la mode immerge leur univers et ce faisant la pratique vestimentaire y prend souvent un coup. Nous invitons alors les sœurs à garder à l'égard de la mode une attitude de méfiance et à n’intégrer dans leur habitude vestimentaire que les habits qui respectent leur religion.
Quelle lecture faites-vous des relations frères sœurs ?
C'est toujours une question difficile à répondre car cela ne demande pas seulement d'être dans le milieu mais aussi d'être une attentive observatrice. Le contexte d'association et de jeunesse dans lequel s’inscrit notre travail nous oblige à adopter certaines attitudes de rapprochement qui sont une nécessité pour l'exécution de nos tâches. Ce qui est important, c’est de rappeler aux frères et sœurs d'observer les recommandations prescrites dans leurs relations quotidiennes, à savoir entre autres rester en public, parler de choses vraies et justes. Nous gagnerons un peu plus dans nos relations si nous sommes sincères dans nos propos et essayons davantage de montrer à notre interlocuteur qu'il a de l'importance et que tout ce qu'il peut avoir comme sentiment nous intéresse.
AN : Votre mot de fin.
M : Nous remercions la rédaction qui a porté son choix sur notre département. Puisse Dieu la soutenir davantage et l'aider dans ses multiples tâches. Nous voudrions aborder d'autres préoccupations de notre département qui sont d'une part la démobilisation des sœurs et d’autre part l’absence d'une élite féminine au sein de l’association. Pour ce qui concerne la démobilisation, elle s'explique par le fait que les sœurs participent massivement aux activités récréatives telles que cantiques, sorties touristiques et sont moins nombreuses lors des séances de formation notamment aux cours d'instruction religieuse qui suivent les niveaux I, II, III. Par conséquent, nous les invitons à s'engager davantage pour leur formation individuelle car cela leur permettra de servir efficacement. L'islam à travers l'A.E.E M.B. Propos recueillis par Ibrahim SAM AN-NASR N° 030 AVRIL-JUIN 2007
Le monde musulman a commémoré récemment, le 1437ème anniversaire de la venue au monde de l'homme le plus illustre jamais créé par Allah (swt). Muhammad (saw), puisque c'est de lui qu'il s’agit, a été envoyé comme une miséricorde pour toute l'humanité et un parfait modèle à suivre pour quiconque espère le salut ici-bas et dans l'au-delà. Dans l'exercice de sa mission, Muhammad a confirmé tout le bien que le Coran a dit de lui. En tant qu'époux, père, ami, guide spirituel, autorité politique, Muhammad a été et demeure irréprochable. Ce dernier aspect de sa vie (en tant qu'autorité politique) est l'objet de cet article, en raison de l'actualité de la vie politique nationale dominée par la préparation de la 4ème législature organisée par la 4ème république.
Quelques aspects marquants de la vie politique du prophète de l’Islam
L'unité dans la diversité
La recherche de l'unité malgré l'insistante diversité de sa communauté a été la première bataille que Muhammad a menée dans le cadre de l'exercice de sa fonction politique. Cette unité, il l'a bâtie autour de la foi, de la crainte d’un Dieu unique à qui seul reviennent tous les honneurs, toutes les louanges et à qui seule se soumettait toute la création. De cette manière, le prophète venait d'assurer à moitié le succès de sa mission, car non seulement il avait réussi à ébranler le polythéisme mais aussi à construire pour sa société un repère. Une société au sein de laquelle Dieu est mis au centre de toute autorité et Muhammad le modèle parfait.
Désormais dans l'esprit de cette jeune communauté, ne résonnait que l'idée de se rendre au service de ce Dieu juste et qui commande la justice. Dans cet élan, le clanisme, l'esprit tribal ne pouvait pas survivre. L'honneur des tribus se mesurait, dans ce contexte, à leur crainte d'Allah et à leur loyauté au prophète, en d'autres termes à leur engagement pour la cause commune. «Allah vous a créés en tribus et nations pour que vous vous entre... connaissiez. Le plus noble d'entre vous est celui qui craint Allah le plus» dit le Coran. Muhammad, toute sa vie durant, a entretenu cet élan de cohésion de sa communauté. «Les croyants sont des frères. Le plus digne de vous auprès de Dieu est celui qui Le craint le plus. Et aucun Arabe n'a supériorité sur un non-Arabe, sauf par la piété. Craignez de commettre l'injustice» avait-il dit au soir de sa vie lors du sermon qu’il a prononcé lors de son pèlerinage d’adieu. Grâce à cet idéal, Muhammad a réussi ce que nul ne pouvait imaginer : construire le plus grand empire que le monde ait jamais connu. En voici le témoignage de Michaël H. Hart : «Peu nombreux, minés par des guerres intestines, ils (les Arabes) n'étaient pas de taille à lutter contre les armées imposantes des empires situés sur les terres agricoles du Nord. Cependant, unifiés par Muhammad (saw) pour la première fois dans leur histoire et inspirées par leur foi sans faille, ces petites armées arabes furent entraînées dans les plus étonnantes séries de conquêtes de l'histoire de l'humanité (...) Bien que numériquement largement inférieurs à leurs ennemis, les Arabes poussés par leur nouvelle foi, conquirent rapidement la Mésopotamie, la Syrie, et la Palestine. En 642, ils avaient ravi l'Égypte à l'empire byzantin et écrasèrent les armées persanes à Qadisiya et Nihaverd (643), deux batailles cruciales. Extrait de "Les cent personnes les plus influentes de l'histoire de l'humanité. MOHAMMED, p. 6-7
«Quoiqu'il en soit, en à peine un siècle, les tribus bédouines inspirées par la prophétie de Muhammad se taillèrent un empire s'étendant de l’océan Atlantique aux frontières de l'Inde.»
Aujourd'hui, il est admis de tous qu'une société ne peut espérer un quelconque progrès sans une cohésion forte, solide et durable entre les composantes, le tout soutenu par une conscience citoyenne. Malheureusement, sur ce plan, nous sommes encore loin du compte. La recherche permanente de la justice, du respect des droits humains et de l'équité. Il ne fait l’ombre d'aucun doute que Muhammad a entretenu la cohésion et la stabilité de sa communauté grâce à sa constante recherche de la justice et du respect des droits des membres de sa communauté. Muhammad ne s'est pas contenté de rendre lui-même la justice, il a lutté contre la racine de l'injustice et a travaillé à créer un cadre propice au plein épanouissement de cette valeur après lui. Ses propos à ce sujet sont aussi éloquents que profonds : « Je ne suis qu'un homme parmi vous. Vous venez à moi avec vos différends. Il se peut que dans vos plaidoyers certains soient plus éloquents que d'autres et que je tranche en faveur des plus éloquents. S’il arrive que je donne une faveur à l'un d'entre vous alors qu'il est conscient de ne pas le mériter, ce dernier ne devra pas en agir en conséquence car je lui aurai remis une partie de l'enfer. » Ainsi donc, la justice à double vitesse lui était inconnue. Pas une justice pour les pauvres et une autre pour les riches. Il ne manquait pas d'instruire ses gouverneurs à aimer et à appliquer la justice dans les provinces de l'empire. La justice pour tout le monde, musulman ou non. «Oh vous qui croyez, soyez justes. Que la haine contre un peuple ne vous conduise à être injuste à son égard. Soyez justes, car la justice est plus proche de la conscience intime de Dieu.» Les hadiths où le prophète incite à la justice peuvent être multipliés à souhait. Sa détermination pour le respect des droits humains était sans faille. Toute sa vie durant, il n'a cessé de se battre pour cela. Le respect des droits d'autrui était un pilier de la foi qu'il prêchait. «Le musulman, le vrai, est celui dont les autres musulmans sont à l'abri de sa langue et de ses mains.» Avant de quitter ce monde pour rejoindre son Seigneur, l'une des dernières recommandations qu'il a laissées stipule : «Ô peuple, en vérité, vos sangs, vos biens et vos honneurs sont jusqu'à la rencontre de votre Seigneur aussi inviolables que ce jour même, en ce mois, dans cette région sacrée.» «Ne blessez personne, afin que personne ne puisse vous blesser.» Aujourd'hui encore, sur ce plan, beaucoup reste à faire. Pourtant, sans justice, la paix sociale est constamment menacée. Sous Muhammad, malgré la grandeur de son territoire, la diversité de ses gouvernés, la Ummah, en dépit de quelques anicroches interpersonnelles et très superficielles inhérentes à tout regroupement humain, avait l'air d'un havre de paix. Georges Bernard Shaw ne pensait pas mieux exprimer cette réalité lorsqu'il dit : «Si un homme comme Mohammed gouvernait le monde, il parviendrait à résoudre ses problèmes et à lui assurer la paix et le bonheur dont il a besoin.»
Le social au service de la politique. Par définition, gouverner un pays, une nation, c'est rechercher des solutions aux problèmes que connaît cette société. Muhammad n'était pas ce dirigeant loin de ses dirigés et de leurs réalités sociales. Il était proche d'eux et s'intéressait beaucoup à leur vécu quotidien. Sa porte était ouverte à tous les citoyens et aucun protocole pour avoir accès à lui. Son humilité et sa Modestie étaient telles qu'il se confondait à ses compagnons. Plusieurs récits confirment cela. Les biens de l’État étaient mis au service de l'État, rien pour lui-même. Le peu qu'il avait, il le mettait à la disposition des cas sociaux. On rapporte qu'un jour le prophète (saw) a égorgé un mouton pour sa consommation. Mais par générosité, il distribua toute la viande à l'exception de la tête et des quatre (4) membres. Aicha dit : "Oh prophète, il ne reste plus que la tête et les membres." Il répondit : "Toute la viande de ce mouton est là sauf sa tête et ses 4 membres ; car quand nous les aurons consommés nous ne les retrouverons plus. Or ce qui a été distribué, nous les retrouverons entièrement au Paradis." Ces genres de situations, il y en a eu des centaines. C'est pourquoi Diwan Chand Sharma a écrit dans son livre "Le Prophète de l'Orient" : "Mohammed était la bonté même. Son influence sur son entourage fut considérable et inoubliable." Il n'était pas de ceux dont les paroles sont très belles et les actions d'une Laideur extrême. Dès son arrivée à Médine, il s'évertua à rendre la ville propre, saine et vivable en engageant des travaux de salubrité. Dans la même optique, il fit construire des puits en vue de permettre à tout le peuple l'accès à l'eau. On l'aura constaté, aucune préoccupation du peuple n'a fait l'objet d'une quelconque négligence. C’est là un véritable homme politique, indifférent aux apparats du pouvoir. La simplicité de sa vie privée était en accord total avec sa vie publique, dixit le Révérend Bosworth Smith.
Adama SAKO
Le paysage mondial en général et celui africain en particulier est inondé de sons et d'images. Le monde devient donc un grand écran où tout se raconte et se voit. De tous les mass médias, la télévision est sans doute le partenaire quotidien des familles burkinabé. Le petit écran diffuse des images, et sages ou pas, il embarque tout le monde dans sa logique. C'est pourquoi, il nous paraît assez intéressant d'ouvrir une fenêtre sur ce maître des cœurs qu'est la télévision, c'est-à-dire... examiner sa répercussion positive sur la population et aussi sa face néfaste.
Avantages liés à la télévision
La télévision est un moyen de communication sociale à grande échelle. Et en tant que tel, elle comporte beaucoup d'atouts. Dans un pays majoritairement analphabète comme le nôtre, la télévision constitue un moyen de liaison entre l’État et la masse. Elle contribue conséquemment à l'information, à la formation et à la sensibilisation de la masse, la rendant ainsi participative au développement.
Toutefois, ces avantages cachent de gros inconvénients.
La télévision entre sexe et sang
À bien y voir, les images de la télévision ont deux aspects dominants : le sexe et le sang. Pour le premier élément, il accompagne et rythme les émissions télévisuelles. La musique est très présente dans les chaînes les plus regardées au Burkina Faso : Canal3, SMTV où la musique bénéficie de plus de 80% de diffusion. La télévision nationale n'est pas en reste. En plus des émissions consacrées à la musique comme reemdoogo, Cocktail, AH flowz, Star en direct, etc., la musique annonce et accompagne toutes les émissions. Malheureusement, depuis l’avènement du mapouka, reconnue bestiale, la musique diffusée sur les chaînes ne s'est jamais éloignée de cet aspect même si elle a pour nom takiboron-sé, wollosso et que sais-je encore ? C'est le lieu de l'indécence, de la nudité et des gestes très osés.
À côté de la musique, il y a les défilés de mode, les concours miss, les films obscènes sans parler des séries et telenovelas où le sexe, les ruses, la séduction font loi. La deuxième constante est celle du sang, de la violence. Dans nos chaînes nationales, il n'est pas possible qu'il se passe une seule journée sans une scène de violence, de sang. Ainsi, une enquête réalisée sur les programmes des chaînes de télévisions françaises donne les résultats suivants publiés par le journal «le point» : 670 meurtres, 419 fusillades ou explosions, 27 scènes de tortures, 648 bagarres, 32 prises d'otage, 14 enlèvements, 15 viols, 13 tentatives. d'étranglement, 08 suicides et 09 défenestrations en l'espace d'une semaine. Une enquête de la même nature réalisée aux USA révèle qu’un jeune américain assiste à 18 000 meurtres en moyenne avant la fin de son premier cycle, les téléspectateurs burkinabés sont de plus en plus friands de films vampires, de guerre, des films où le sang coule à flots. Étant donné que la télévision imprime consciemment ou non des images dans la tête des téléspectateurs, il va sans dire que les effets ne vont pas tarder à s’exprimer.
Les conséquences de la télévision sur les enfants
Une étude réalisée en 1983 par Eran el Collection rapporte que l'âge de 06 à 10 ans est considéré comme la période où l'écran a la plus grande influence sur l'enfant. Les images qu’il regarde constituent le modèle idéal. De nos jours, la télévision devient le moyen pour les parents de se débarrasser des enfants. Pourtant, le musicien burkinabé Zèdess, depuis quelques années déjà avait tiré sur la sonnette d'alarme : «la télévision remplace les parents». D'après Huesmann : «la fréquence d'expositions des enfants aux émissions violentes qu'ils préfèrent prédisait la fréquence et la gravité des délits criminels qu'ils commettraient à l'âge de 30 ans, même après que l'influence de l'agressivité initiale du quotient intellectuel de ces enfants ait été annulée. Les enfants exposés à la télévision peuvent être désensibilisés à la violence comme quelque chose de normal dans leur environnement et dans la société en général. Par conséquent, ils peuvent développer aussi un comportement agressif et implorer leur force physique pour résoudre des conflits».
Également, des chercheurs néo-zélandais ont observé le devenir de plus de 1 000 enfants de 1972 et 1973, en s’intéressant à leur parcours scolaire. Ils ont fait deux constats sur les conséquences des abus de la télévision. La télévision dans l’enfance (entre 05 et 11 ans) est reliée au fait de ne pas achever un cycle universitaire. La vie durant l’enfance (entre 13 et 15 ans) augmente le risque de quitter l’école sans qualifications. aucun diplôme. Et c’est normal. Les séries et les télénovelas, les films obscènes, les musiques vides de message allument la passion sexuelle des jeunes. Ce qui colonise leurs pensées et les dévie des préoccupations sérieuses. La publicité unilatérale sur la capote aide les jeunes qui tentent sans censure leur première expérience sexuelle précocement et librement. Les samedis soirs, les bals de fin d’année, tous les moments sont bons pour accomplir l’acte sévèrement interdit de Dieu, celui sexuel.
En février 1993 en Angleterre, deux garçons de 10 et 11 ans enlèvent et tuent un de deux ans. En décembre de la même année, trois petits Allemands prennent en otage leur camarade de classe. En France, les délits commis par des mineurs de moins de 13 ans sont passés de 36 000 en 1980 à 48 000 en 1987. Plus récemment, un étudiant sud-coréen, Cho Seung Hui, rafale à bout portant 33 personnes le lundi 16 avril 2007, sur le campus de l’université de Virginia Tech, à Blacksburg, dans l’État de Virginie. Il dit s'inspirer des images de 1999 où deux élèves avaient tué 12 camarades et un enseignant avant de se donner la mort au lycée Columbine, dans le Colorado. Plus près de nous, des événements nous font réfléchir sur l'influence du petit écran sur les mentalités des spectateurs : l'assassinat des trois filles en 2004, le massacre des peuls dans la même année où les victimes ont été découpées en morceaux, la récente boucherie commise sur les 2 victimes en début mars, l'insécurité croissante sur les routes où les voleurs se livrent couramment à la tuerie des victimes et au viol des femmes, le lynchage des voleurs par la population nous oblige à penser que les mobiles cachés de tous ces actes pourraient se retrouver dans les images que nous consommons. La publicité qui zèbre nos écrans, excite les gens à tout désirer, bien, mal, n’importe quoi. Car c’est la force lumineuse, flatteuse des produits qu'on présente. Après l'avènement des tassaba des gens ont vendu leur P50 pour s'en procurer, mais où est La différence sinon l'habillage. Les feuilletons ne sont que l’autre publicité car ils appellent à l’achat de tous les meubles, des habits des acteurs et surtout des actrices. On se rappelle Mari Mar, avec des sacs, chaussures, rouge à lèvres Mari Mar juste après la fin du feuilleton. Nous ne reviendrons pas sur les ravages de ce feuilleton car nous n'avons pas encore fini avec Rubi et Sublime Mensonge qu'est arrivé Maria El Barra où Mari Mar est l'actrice principale.
Comment pouvoir gérer le temps que Dieu nous a donné et dont Il nous demandera compte ? Télévision et le temps de notre loi. Une étude américaine a démontré que les enfants passent le même temps devant la télévision qu'en classe. Et il a été aussi prouvé que nous passons le 1/3 de notre vie à dormir. Faisons un petit calcul : nous utilisons en moyenne 30 min pour les cinq prières quotidiennes. Soit pour une année 365*30 = 182,5 heures = 8 jours. Pour 60 ans : 8 jours*60 = 480 jours = 1 année et 1 mois. Télévision soit en moyenne 1 h/jour. 365*1h = 365 h = 16 jrs. Pour 60 ans : 16 jrs × 60 = 960 jrs = 2 ans et 2 mois. Nous passons le double de notre temps devant l'écran que dans l'adoration pourtant le but de notre création est clairement l'adoration comme Dieu le dit : « je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils m'adorent ». Sans commentaire.
Télévision un nouveau polythéisme
Le polythéisme n'est pas seulement l'association d'autres créatures à Dieu, c'est aussi, ce qui...
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AVRIL-JUIN 2007
AN-NASR N° 030
Congrès du CERFI, l’alternance a été au rendez-vous !
Le Cercle d'Études, de Recherches pour la Formation Islamique (CERFI) a tenu son congrès du 28 mars au 1er avril 2007 au siège du centre socio-éducatif de l'Agence des Musulmans d'Afrique sous le thème « quelles stratégies pour une meilleure efficacité du CERFI ». Le bureau a été renouvelé à près de 60%. Le nouveau responsable chargé de conduire les rênes de la structure est le frère KONE Cheick Sidi Mohamed, président du bureau exécutif national. Les autres responsables sont... TIENDREBEOGO Hamidou (président du Comité Directeur National), Mme OUATTARA née OUEDRAOGO Habibou (présidente de la cellule féminine nationale) et le Commissaire Aux Comptes (SAWADOGO Lassané). Bon vent à cette structure.
Arouna YAMEOGO
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occupe, préoccupe notre cœur et qui nous détourne de l'adoration. En effet, la concentration dans la prière, seule occasion pour soigner nos cœurs malades et les purifier devient impossible. Notre conscience est colonisée par des scènes de télévision et la prière est une aubaine pour se replonger dans celles-ci. «Dis-moi, ce que tu regardes à la télé et je dirai la spiritualité que tu as».
L’avenir de notre société, notre responsabilité
Le monde n'est qu'une grande pièce de théâtre et les hommes des acteurs. Regarder le comportement quotidien des gens qui nous entourent. C'est le reflet évident de la télévision : l'habillement, l'alimentation, la manière de parler, de raisonner, de prier, et ce sous le silence complice de tous. Plus de 80% des programmes de TNB sont inspirés de l’occident. Tous les efforts d’éducation, d’enseignement des valeurs morales, s'ils ne sont pas aidés par une télévision responsable, échoueront sur le socle de celle-ci. Nous rappelons que chaque berger, comme le dit le hadith, répondra de la gestion de sa bergerie. Aucun parent ne peut par conséquent se prévaloir de la télévision pour justifier la déroute de ses enfants le jour des comptes. On est musulman dans la mosquée, on le reste devant la télévision. Dans tous les cas, le verset 11 de la sourate 13 (le tonnerre) est on ne peut plus clair : « Dieu ne change pas l’état d'un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui-même ». On a le droit de disposer de plusieurs chaînes de télévision, on a le droit de tout suivre comme on a l’impératif devoir de répondre devant Dieu. À chacun de jouer.
Arouna YAMEOGO
SEPROFI 2007, thermomètre des conseils généraux
« L’excellence dans la formation : une exigence du militantisme » tel est le thème autour duquel les SEPROFI (Séminaires Provinciaux de Formation Islamique) édition 2007 se sont déroulés sur tout le territoire national. En effet, du 17 au 29 mars 2007, 38 Conseils Généraux ont organisé ou co-organisé avec succès dans 26 provinces ces grandes messes de formation au profit de 2980 élèves et étudiants musulmans qui y ont participé. En plus de la conférence d'ouverture, divers thèmes ont été abordés au cours des différentes communications qui ont été données par les encadreurs durant ces séminaires. Entre autres, on peut citer le tawhid, la prière, la vie du prophète (saw), les 04 écoles juridiques, la purification, les devoirs fondamentaux du musulman, le pluralisme en islam, la discipline.
Assemblée Générale de mars 2007. Seulement deux conseils généraux étaient absents. Du 24 au 28 mars 2007 s’est tenue à Ouagadougou au Lycée Ridwane la première AG du mandat 2006-2008. Cette rencontre statutaire a regroupé les représentants de trente-neuf (39) conseils généraux sur les quarante et un (41) que comprend l'association. Un record jamais. Battu, ce qui témoigne de l’engagement plus que jamais des conseils généraux pour la réussite des objectifs de la structure. Quatre (04) jours durant, les participants ont assisté à la présentation du plan d'action du Comité Exécutif et à la présentation du bilan semestriel de chaque conseil général. Le bilan, présenté par les CG, a permis au Comité Exécutif d’apporter des solutions aux diverses difficultés que les frères et sœurs rencontrent à la base.
Les participants ont aussi discuté en atelier sur trois (03) thèmes touchant directement à la vie de la structure. Il s'agit essentiellement de la problématique de l'encadrement dans l'AEEMB, des problèmes liés au fonctionnement des familles spirituelles et enfin des problèmes liés au fonctionnement des cours de remise à niveau. Ces ateliers ont été suivis de plénières où ont été adoptés des documents de groupe, le positionnement idéologique de l’AEEMB, comment réussir à l'école. Aussi, des exposés, des projections et des activités culturelles ont fait partie intégrante du programme. Programme de ces séminaires
Pour le Comité Exécutif, ces activités constituent une occasion pour s’imprégner des réalités du travail islamique mené au niveau décentralisé. C’est dans ce sens alors que s'explique le déploiement d'une trentaine de missionnaires dans les conseils généraux. Deux conseils généraux ont signé en lettre d’or leur entrée en organisant avec succès pour la première fois un SEPROFI. Il s'agit du conseil général des Balés avec 80 participants et celui de Séno avec 72 participants.
Arouna YAMEOGO
...ments qui serviront de base pour le fonctionnement des conseils généraux. Du reste, l’Assemblée Générale a pris des résolutions finales qui devront guider les actions des CG afin de pallier les difficultés qui ont été soulevées à l’Assemblée Générale. En marge de l'Assemblée Générale, il y avait le séminaire des sœurs mobilisatrices de l’association des élèves et étudiants musulmans au Burkina autour du thème : «Formation et engagement des sœurs, un défi pour les mobilisatrices». Ce séminaire a... regroupé (38) mobilisatrices venant des différents conseils généraux. Elles ont assisté à (07) cours de formation, une causerie-débat. Elles ont également participé à deux travaux en atelier suivis de plénières à l'issue desquelles ont été adoptés deux documents servant de base pour alléger leur tâche dans les conseils généraux. Notons en général que les deux activités se sont déroulées sans difficultés majeures. La louange est à Allah qui a facilité ces assises. Puisse-t-Il nous faire bénéficier des bienfaits de celles-ci.
Boukary TOURE
[AN-NASR N° 030 AVRIL-JUIN 2007]
De nos jours, le domaine des arts connaît une explosion et un dynamisme sans précédent à travers les multiples manifestations. Ce constat nous amène à aborder le sujet en relation avec l'islam. Il s'agit de montrer l’existence d'art musulman avec toutes ses richesses, encourager la production artistique mais aussi et surtout rappeler aux artistes la nécessité de respecter l'éthique dans les différentes productions.
L’Éthique de la création Certains spécialistes affirment qu’il n’y a pas de doctrines de l'art dans le Coran, ni dans la Sunna. La production artistique n’ayant pas été une préoccupation pour le prophète et ses compagnons. Néanmoins, ils se fondent sur la S34 V12 : « Ils exécutaient pour lui ce qu'il voulait : sanctuaires, statues, plateaux comme des bassins et marmites bien ancrées » pour dire que le principe de la création artistique est admis.
Quand bien même l’approche du sujet reste difficile, on peut retenir que l'artiste musulman ou la production artistique en islam est soumise à des principes généraux. D’abord, l’islam refuse le culte des idoles donc la représentation de Dieu. Ensuite, le respect de la pudeur et de la dignité humaine est un principe cardinal qui guide l’artiste. Enfin, Dieu est le Seul créateur, d'où la problématique de la représentation animée. Les fondements de ces principes s'énoncent dans le Coran et les hadiths. A ce propos, Dieu classe les statues (ou pierres dressées selon les traducteurs) avec le vin, le jeu de hasard et les qualifie d'œuvres de Satan (S5 au v 90). À la Sourate 6 verset 74 Dieu dit : « (rappelle le moment) où Abraham dit à son père Azar : prends-tu des idoles pour Dieu ? Et toi et ton peuple vous êtes dans un égarement évident. »
Si le Coran ne fait pas clairement référence à la production de l'image, de nombreux hadiths évoquent clairement le sujet, même si leur interprétation reste difficile. On retient que ce regard de l’islam sur l’image est lié au rejet de l’idolâtrie et tout ce qui peut inspirer un sentiment de vénération en dehors de la face d'Allah.
Ainsi, l'art musulman est un art qui se limite à la calligraphie qu'on rencontre souvent dans le Coran sous forme de frise et dans de nombreuses œuvres d'art dans un but non seulement décoratif mais aussi pour magnifier les versets du Coran et des nobles propos du prophète (saw). En plus, on a les figures géométriques dans l’architecture. On a un aniconisme total des mosquées et édifices religieux comme la Kaaba, la grande mosquée. des Omeyyades à Damas, le dôme de roche à Jérusalem. Aucune représentation figurative, rarement on rencontre des représentations d'hommes ou d'animaux. L’architecture à proprement parler se limite aux mosquées, palais, mausolées. Il faut signaler cependant quelques exceptions avec les mosquées anatoliennes qui comportent des sculptures. Chez les Ottomans, les Mongols et les Saffârides on rencontre la calligraphie figurative. Les miniatures sont apparues avec les Turcs Seldjoukides. Mais, il faut noter que le rôle de l’image chez les peuples conquis par l'islam (Perses, Byzantins) a fait apparaître l'image de plus en plus dans l'art musulman. Mais les principes cités plus haut limitaient cette tendance. C’est d’ailleurs cette dynamique qui donne à l'art musulman son originalité.
De la formation d'un art musulman
L’art musulman se définit simplement comme l’ensemble des productions artistiques des populations des contrées musulmanes. C’est donc une conjugaison des goûts Traditionnels chez ces peuples avec les exigences de la foi islamique. L'histoire de l'art de l'islam classique compte trois grandes phases. Le califat omeyyade (661-750), période pendant laquelle le territoire musulman s’étend de la Syrie à l'Espagne ; le califat Abbasside (750-1258) avec pour capitale Bagdad, illustre pour son goût des sciences et des arts. C’est au cours de cette période que l'influence iranienne a été prédominante. Enfin, la période Turco-mongole qui dure jusqu’au 18e siècle, dernière phase de l'islam classique.
L'art musulman a pris corps avec l'extension du territoire par les conquêtes des peuples et, bien entendu, par le contact des cultures qui en est conséquent. Quant aux Arabes du berceau de l'islam, ils ont juste laissé un héritage littéraire oral. Leur culture matérielle, aujourd'hui disparue, n'a rien de comparable à celle des empires conquis. Ainsi, les traditions locales ont-elles servi de base à l’art de l'islam ; absorbées, adaptées, elles sont devenues communes au monde. musulman. L'art musulman s'est développé ainsi à travers les styles romains, chrétiens, byzantins. De même l'architecture et l'art décoratif sassanide (dynastie iranienne) ont joué un rôle primordial dans le développement de l'art musulman. Les styles d'Asie centrale ont été transmis lors des incursions turques et mongoles. Le contact avec l'art chinois a influencé pour sa part la peinture, la poterie et le textile.
Des styles distincts sont associés à la période turco-mongole en fonction de la dynastie et des régions qui la caractérisent. Le style des Turcs seldjoukides a dominé l'Iran, l'Irak, la Syrie, l’Anatolie jusqu'au 13è siècle. Celui des Ilkhans, des Timourides, et des Safavides ont, tour à tour, contrôlé l'Iran de 1256 à 1736. L'art connaît une période particulièrement riche sous les Ottomans, maîtres de la Turquie du 13è siècle au premier quart du 20ème siècle, qui déjà au 16è siècle avaient étendu leur empire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
On retiendra que l'art musulman est d’une très grande Richesse car il comporte autant de diversités culturelles que l'islam a englobé avec le temps pour son expansion. Sans avoir la prétention de trancher la question de l'image qui est au centre des débats entre les savants, il nous a paru important d'insister sur le fait que l'art musulman obéit à une éthique dont l’observation doit être un souci permanent des artistes de notre époque.
AVRIL-JUIN 2007 lAN-NASR N°030
Part of An-Nasr trimestriel #30