Issue
Al Maoulid Magazine #07
- Hierarchies
-
Niger
- Publications islamiques (14 items)
- Al Maoulid Info (7 items)
- Al Maoulid Magazine (5 items)
- Al Maoulid Magazine (arabe) (2 items)
- Photographies (Niger) (1 item)
- Références (Niger) (211 items)
- Publications islamiques (14 items)
- Title
- Al Maoulid Magazine #07
- Publisher
- Al Maoulid Magazine
- Date
- April 10, 2006
- issue
- 7
- number of pages
- 32
- Language
- Français
- Source
- Abdoulaye Sounaye
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-issue-0000196
- content
-
Maoulid de Kiota ENTRE HIER ET AUJOURD'HUI Jawharatu-l-kamali : LE TEXTE ET SA SUBSTANCE Mosquées et airs de prière : LA PAGAILLE Hidjab : POUR OU CONTRE QUI ? Politique QUE VEULENT DONC CES AMÉRICAINS ? Maoulid de Kiota N° 007 du 10 Avril 2006 - BP : 12065 Niamey-Niger Tel : 90 00 - Mail : almaoulid@yahoo.fr LAYLATUL MAOULID : UNE NUIT D'EXTASE Librairie - Papeterie - Machines - Mobiliers - Fournitures de Bureau - Consommables Informatiques Papeterie-Machines-Mobiliers-matériels et Consommables informatiques Tél. : (00227) 73 62 43 - 73 39 82 Cel. 92 88 48 - 96 13 46 Fax : (00227) 73 62 43 E-mail : meredasa@intnet.ne BP : 12964 Niamey - Niger
Sommaire
Edito............................... 4
Le maoulid de Kiota : entre hier et aujourd'hui......... 5-6
Un mega-zikr... à Sirignéré !....... 7
Faites le zikr, pas la guerre !..... 8
Le zikr, à quels décibels ?......... 9
Prêchons la lumière!................ 9
Laylatul maoulid, une nuit d’extase........................ 10-11
JAWHARATUL-KAMALI .............. 12-13
Témoignages : Qui était Cheikh Kiota ?........ 14-19
A la mémoire de Habib Cheikh, Abass Cheikh et tous les autres............................. 20
A vos chapelets.................... 21
A la zawiya cheikh Cherif Haïdara.... 21
Mosquées et airs de prières : la pagaille !...................... 21
«Fofo», Dr. Florent !.............. 21
Que veulent donc les américains ? 26
François Ponge à Kiota............. 27
Hamid Boukrif chez le Khalife...... 27
Les oulémas d'el-azhar aux premières loges !.................. 28
Le hidjab, pour ou contre qui ?.... 29
Publications et auteurs............ 30
LE MESSAGER
Prières et salut sur lui
«O toi le prophète, nous t'avons envoyé comme témoin, comme annonciateur de bonnes nouvelles, comme avertisseur, comme celui qui invoque Dieu avec Sa permission et comme un flambeau lumineux.» (Coran, XXXIII, 45-46)
Al-maoulid magazine
BP 12065 Niamey (Niger)
Tél. : 59 00 62
Prix : 1.000 F CFA
Directeur de Publication - Rédaction Elh Barham Cheikh
Rédaction : Barham.C Maikoréma Zakari Mamoudou Issaka Mounir Cheikh Amadou Ali
Mise en Page : Chékarao A.
Impression : I.B.B. 5000 Exemplaires
Rester vigilant
Si le maoulid n'existait pas, il fallait l'inventer, rien que pour meubler le vide qu'il remplit jusque-là dans la vie économique et sociale des musulmans. Or l'importance spirituelle du maoulid est sans commune mesure avec les considérations d'ordre socio-économiques. Le maoulid consiste à célébrer à la fois le meilleur homme créé sur la terre, mais aussi à célébrer son amour et son message. Tel un baromètre, ce grand rassemblement permet de jauger l'unité des croyants autour de la sounna du prophète Mohammed (psl), de montrer et de maintenir la vivacité de cette flamme d’amour qui doit rester allumée dans le cœur de chaque croyant.
En introduisant ce joyau pour la première fois au Niger, le précurseur, feu cheikh Aboubacar Hassoumi, n'eut jamais de doute sur la justesse de son œuvre. Aujourd'hui, Plus d'un demi-siècle après, le constat est là : la pérennité du maoulid mais aussi l’engouement populaire sans précédent qu'il suscite encore partout, dispense de tout commentaire. Le succès du maoulid est une manifestation évidente de la Kurama du Cheikh comme il en existe une infinité dont les gens peuvent aujourd'hui encore témoigner dans nos colonnes. Cependant, le succès phénoménal enregistré par cette fête continue d'être ressenti par les dissidents comme une humiliation. Ces messieurs qui ont pris les maquis contre l'amour du prophète et contre sa fête continuent encore de rendre service à cette fête qu'ils prétendent combattre en parlant à l’occasion brusquement d’elle. Car le maoulid n'a jamais trébuché de leurs coups de boutoir. Leurs raids sont même restés comme « un coup d'épée dans l'eau » dixit Maïkorema.
Par ailleurs, si le maoulid fait l'unanimité, du moins dans les rangs de ses partisans, il n'est pas sûr qu'il en soit de même pour l'islam au Niger de façon générale ! Dans notre pays, la... Foi musulmane est tout simplement menacée par les querelles byzantines et le laisser-aller. Ainsi, la Mosquée, ce lieu emblématique qui est censé être le centre de convergence et d'unité des croyants, a éclaté elle-même en une nébuleuse. Elle est en passe d’être réduite, par trop de laxisme et d'égocentrisme, en lambeaux. Dans ce chaos annoncé, tout est prétexte à division : les hadiths, les versets, le croissant du ramadan... bref, tout l'islam est devenu une grosse pomme de discorde. Même la direction de la prière, cette Qibla, qui fait l'unanimité sous toutes les latitudes, participe parfois à cette division ! Que dire du foulard, ce simple hidjab nouvellement introduit chez nous, qui aurait pu très bien se passer de tout commentaire, et qui est déjà devenu un instrument de division, un « arsenal » partisan, voire un signe d’extrémisme et d'aliénation culturelle et religieuse, parce que des esprits malsains continuent de l'instrumentaliser, au mépris de son rôle premier ! Ainsi, par le truchement Insidieux des signes les plus anodins, le malaise qui couvait dans les rangs des musulmans est aujourd'hui, par la faute de cette nouvelle race de musulmans, étalé au grand jour. Cette division qui a été montée - et, il faut le dire, importée de toutes pièces - par cette poignée d’aventuriers à la solde de l’étranger, est une menace sérieuse pour l’islam et les musulmans. Pendant ce temps, et c'est tout aussi condamnable, le politique qui voit là le moyen de maintenir le statu quo, s’en félicite et se frotte les mains. Normal ! Après tout, le but clairement avoué de ces nouveaux « défenseurs » de l’islam mais qui sont en même temps ses fossoyeurs, n’est-il pas de positionner vaille que vaille cette religion comme premier adversaire des pouvoirs publics ? L’islam, on le sait, n’est pas qu’une simple religion pour ces apprentis sorciers, c’est un tremplin politique, une tribune d’invectives et de subversion. Face à ces pécheurs en eaux troubles, les croyants sincères ne peuvent rester les bras croisés. Ils doivent se lever pour faire échec à ces imposteurs et faire prévaloir la voix de la sagesse, celle d’un islam de paix et de tolérance. Je veux dire l'islam prôné par nos Cheikh, celui du zikr et des wirds, celui des nobles pratiques spirituelles saintes qui ont jadis conquis et pacifié le continent africain sans effusion de sang, sans bombes et sans kamikazes. Telle est notre responsabilité, telle est la voie du salut.
Al Maoulid n° 100 du 10 avril 2006 - JJ. Biniou de Kiota
Statique Religieuse
Le maoulid de Kiota : entre hier et aujourd’hui
S'il est une œuvre pieuse à laquelle une place toute singulière est dévolue à la Zawiya de feu Cheikh Aboubacar Hassounii à Kiota, c'est bien le maoulid, la cérémonie religieuse de célébration de l'anniversaire de la naissance du prophète Mohamed (psl). Il faut dire que jusqu'à un passé récent, dans le cas de Kiota, le politique ne voyait pas d'un bon œil la célébration du Maoulid, un événement qui a la particularité de regrouper un nombre important de fidèles. autour d’un chef religieux. Mais en dépit de cette réalité, la célébration du Maoulid perdure et gagne même en importance, tout particulièrement à Kiota où le nombre des participants ne cesse de croître d’année en année. En Afrique de l’ouest, l’initiateur de la célébration de l'anniversaire de la naissance du prophète Muhammad (Maoulid) serait le Shaikh Ibrahima Niasse de Kaolack. De 1949 à 1952, le Shaikh Abubakar Hassoumi et deux de ses disciples se rendaient régulièrement, à cette occasion, dans cette dernière localité. Par la suite, son Shaikh, le Shaikh Ibrahima Niasse, le dispensa de ce déplacement en lui signifiant de célébrer dorénavant cet anniversaire sur place. Cheikh Aboubacar Hassoumi fut le premier à célébrer la fête du Maoulid au Niger en 1953. « Le Maoulid vit le jour en 1953, avec une poignée de pionniers s'éclairant à la lueur d'un feu de bois allumé pour la circonstance. Et déjà sept jours plus tard, au petit Maoulid, la maison du Cheikh ne contenant plus le bébé, on tint la fête. dans la rue » - Barham.C La soie de la Vérité N°0(). Juin 2000. pp.5
Ces pionniers dont il est question, étaient pour la plupart des disciples du Cheikh Aboubacar Hassoumi, avec à leur tête Cheikh Adam Harouna Kantagora et Cheikh Ahmadou Alfazazi Yeni, tous deux proches collaborateurs du Cheikh. Ils ont passé la nuit à évoquer la vie du prophète. Bien que l'autorité de l'époque, l'autorité coloniale française, ne s'était point opposée à la tenue de cette cérémonie religieuse, celle-ci n'ayant pas drainé beaucoup de gens de Kiota qui, en réalité, ignoraient tout sur son sens et sa portée. Pour assurer la pleine réussite de la prochaine édition, il fallait donc nécessairement entreprendre une campagne d'information aussi bien à Kiota que dans la sous-région (Nigeria, Bénin, Mali, Togo, Côte d’Ivoire, Ghana...) Ce qui fut fait.
Selon ses tenants, quel est le sens du maulid ? Pourquoi son observance est-elle demandée aux musulmans ? À ce sujet, l'argumentaire couramment développé est le suivant : « Le jour de la Naissance du prophète est un jour exceptionnel : c'est le jour de la naissance du sauveur de l'humanité, de celui qui l'a sorti des ténèbres vers la lumière, c'est le jour de la miséricorde, de l'ouverture, de la guidance de Dieu envers les deux communautés, celle des hommes et celle des djinns. C'est aussi le jour de la naissance de la meilleure des créatures, de l'homme parfait, qui doit servir de modèle à suivre aux autres humains : leur salut réside dans son imitation. Le prophète étant la meilleure des créatures, le jour de sa naissance aussi est le meilleur jour. Cette célébration de l'anniversaire de sa naissance est faite en témoignage de sa grandeur. C'est aussi un témoignage d'amour pour le messager de Dieu. L'amour en Dieu étant le fondement de la foi en Dieu » (Hussein, A. 2003).
Le maoulid est ainsi une occasion pour vivifier la foi des musulmans, pour les exhorter à plus d'adoration, pour leur rappeler la haute mission du prophète, pour donner aux jeunes croyants une éducation spirituelle. C’est Aussi une opportunité qui est offerte aux fidèles pour multiplier les prières et les invocations afin de se rapprocher plus de Dieu tout en imitant et en glorifiant son messager. Toujours à ce sujet, le journal La Voix de la Vérité, qui se définit comme un journal islamique d'information et de réflexion, rapporte les propos suivants qui sont attribués au Cheikh Aboubacar Hassoumi : « La nuit du maoulid est l'occasion d'un grand rassemblement, auquel participent les prophètes révélés, les anges (comme c'est le cas dans toute assemblée de zikr), les djinns musulmans et non musulmans, et de nombreux grands savants de la sous-région. Toutes ces communautés célèbrent dans la ferveur la naissance du prophète Mouhammed (psl), qui est le descendant d'Adam le plus aimé de Dieu, parmi ses créatures » (La Voix de la Vérité du 15/06/2000, p. 9). Enfin, Dieu ayant « donné la particularité au prophète Mouhammad de naître et de mourir à une date concordante... la journée du Maoulid peut aussi être une journée de recueillement et de récitation de inna lilahi wa inna ileyhi râjioun (Nous sommes à Dieu et c’est à lui que nous retournerons), à la mémoire du prophète » (La voie de la vérité du 15/06/2000, pp. 9).
Cette argumentation est toutefois battue en brèche par les « champions du sunnisme », les « yan izala » ou les « izalistes », qui ne voient dans le maoulid qu'une innovation blâmable (bid’a), un rajout à l’islam, une pratique étrangère à la sunna du prophète Mouhammad, et qu'à ce titre, il ne doit point être observé par les musulmans.
« Le maoulid est ainsi une occasion pour vivifier la foi des musulmans, pour les exhorter à plus d’adoration, pour leur rappeler la haute mission du prophète, pour donner aux jeunes croyants une éducation spirituelle ». Al Maoulid n°007 du 10 avril 2006 - 53e édition de Kiota.
« Le maoulid est tout à la fois une occasion de ferveur religieuse, de brassage de gens issus d'horizons divers, d’échanges économiques et d’intenses activités intellectuelles ». Développement a suscité des interrogations très pertinentes chez feu directeur de publication du journal gouvernemental Le Sahel Dimanche, feu Elit Moustapha Mamane, dans les colonnes du journal La Voix de la Vérité en ces termes : « Est-il donc possible de considérer que l'islam s'est figé après le prophète et ses compagnons et que Dieu ne peut inspirer par la voie directe (ilham) aux musulmans des innovations ou prières, entre autres après celles du prophète ? Ou encore qu'aucune "bonne intention" n'est recevable auprès de Dieu pour sous-tendre des entreprises inédites après la mort du prophète et ses compagnons ? Si le prophète n'a pas célébré son propre anniversaire, ce qui correspond en fait à sa grande modestie, mais l'a-t-il expressément interdit aux musulmans ? Comment le maoulid peut-il être considéré comme bid'a ? Est-ce dû aux poèmes récités à la gloire du prophète, au zikr de Dieu ou aux retrouvailles fraternelles entre musulmans, au nom de Dieu et de son prophète ? Quel est le jour de plus de considération chez les musulmans que le jour de la naissance du plus grand des prophètes ? Comment le Eid-el maoulid peut-il être considéré comme un « égarement » alors que l'amour sincère du prophète conduit au paradis ; et que ce dernier disait, en outre, que l'homme est avec celui qu'il aime. Qu'il disait également que « ma vie est le meilleur sujet de vos débats. Quand je serai mort, ma mort est le meilleur sujet ». Pour ceux qui aiment Dieu et son prophète, il est non seulement louable et recommandé de se réjouir de la naissance du prophète et des bienfaits que cela a apporté à toute l'humanité, mais en plus de célébrer tous les grands événements qui ont marqué la vie du messager de Dieu : l'hégire, les batailles de Badr, Uhud, Khaybar, Tabouk, etc. Bref, de régler sa vie à l'horloge de la sirât. (Moustapha M. La voix de la vérité, n°60, juin 2000, pp. 6)
Toujours sur cette question bien fondée du maoulid, Cheikh Moussa Aboubacar Hassoumi, le fils aîné du Cheikh et le successeur du Cheikh Aboubacar Ilassoumi, a été très affirmatif dans son sermon de clôture du maoulid (édition 2003) : « La célébration du maoulid n'est pas une "innovation", mais bel et bien une souna que nous avons héritée, conformément à ce verset du Coran qui dit : "Et tout ce que nous te racontons des récits des messagers, c'est pour en raffermir ton cœur. Et de ceux-ci t'est venue la vérité ainsi qu'une exhortation et un rappel aux croyants" (S.11.v.120).
Aujourd'hui, adversaires et partisans du maoulid campent chacun sur sa position. Mais il faut préciser que la tradition de la célébration du maoulid au Niger est bien antérieure à l’apparition du courant « réformiste ». Par ailleurs, tout porte à croire que la condamnation de la célébration du maoulid par les izalistes ne gêne en rien la continuité de la tenue de cette cérémonie religieuse. Bien au contraire, elle contribue même à la réconforter : « Force est de constater que ce grand rendez-vous ne s'était jamais mieux porté que depuis qu'il est périodiquement pris à partie par les barbus » (Barham.C. Al-Maoulid. Mai 2002, p.1)
Outre sa dimension spirituelle susmentionnée qui s’observe partout où cette cérémonie religieuse est célébrée, à Kiota, le maoulid revêt aussi d’autres dimensions. En effet, au niveau de cette localité, cet événement est tout à la fois une occasion de ferveur religieuse, de brassage de gens issus d'horizons divers, d’échanges économiques et d'intenses activités intellectuelles. Bien que la célébration du maoulid soit décriée par certains, en examinant de près ce qui y est fait, on ne peut objectivement, au premier chef, voir autre chose qu'une occasion de ferveur religieuse, une occasion pour appeler les fidèles à plus de dévotion. Ce qui se fait (lecture du Coran et de recueils de poèmes sur le prophète, récit de la biographie du prophète Mohammed) n'enfreint en rien les principes islamiques. Bien au contraire. En réalité, du côté des pouvoirs politiques, le maoulid à Kiota a été un moment victime de son propre éclat : le Monde important qu'il draine vers cette localité, autour d'un homme prestigieux, même si son apolitisme ne fait aucun doute, ne peut laisser indifférents des hommes politiques jaloux de leur pouvoir et qui voient en tout regroupement important de personnes (surtout de religieux) une source potentielle de subversion. Mais avec le contexte de pluralisme politique qui prévaut en ce moment, il y a de bonnes raisons de penser que le maoulid a des beaux jours devant lui.
Quant à la dénonciation du maoulid par les « réformistes », la continuité sans faille de l'événement laisse penser que c’est un coup d’épée dans l'eau. Aussi Barham Cheikh a raison de noter dans l'éditorial du N°4 de Mai 2002 du magazine Al-Maouhd : « Le maoulid est une vérité simple et évidente que ni les conjonctures ni l'usure du temps, encore moins les sournoises délations des autres ne peuvent ternir. Le maoulid n'est ni une affaire d'argent, ni une affaire de l'État, encore moins celle des individus. Le maoulid, c'est plutôt une affaire... » d'Allah, et comme telle, il ne peut que s'inscrire dans la durée. » Maïkorénia ZAKKI Chercheur à l'IRMI
Le titre est de la rédaction Al Maoulid n°007 du 10 avril 2006 - 53e édition de Kiota
S'xatupic^ (Religieuse)
AUTRES MAOULIDS
Le maoulid du peuple
Un mega-zikr ...à Sirignéré !
Privée de son joyau, depuis des années, Sandiré, village pionnier, était condamné à regarder les autres fêter leurs petits maoulids. Ce beau village situé près de Baleyara avait même peu à peu sombré dans la morosité et l'oubli. Et la population avait perdu ses repères...
À l'origine, la prise en otage du principal animateur du maoulid local par les maquisards anti-prophète Mouhamed (psl). L'otage, un modeste talibé, sans bagage intellectuel. Le profil idéal en somme pour tomber dans le guet-apens de ces intégristes dont tout le programme est de déboulonner le maoulid en tant qu'institution. Repéré d'abord par les éclaireurs barbus, il fut envoyé bien sous d'autres cieux. député Manama Alassane fut en Arabie Saoudite, pour un pèlerinage, et retenu aussi longtemps que ne l'exigeaient les rites de ce cinquième pilier de l'islam. Histoire de lui faire subir un lavage de cerveau. Embrouillé, et surtout soumis à forte pression, l'homme s'arrangea, dès son retour au bercail, non sans la complicité d'une notabilité locale corrompue, pour torpiller le premier maoulid qui se présentait. Ce qui provoqua, vous l'imaginez bien, une grosse frustration populaire. Et plus tard, à mesure que les maoulids se succédaient et se faisaient escamoter, les uns après les autres, la population qui n'était pas dupe, avait repris, entre-temps, le chemin de Kiota. Ainsi, pendant plusieurs longues années d'un sevrage forcé, elle s'était contentée de veiller à Kiota puisque, de toute façon, il n'était pas question de chômer un maoulid. «Sandiré est mort!» ne cessait-on d'entendre. Aujourd'hui, grâce à la mobilisation de la population et au courage d'une dame exceptionnelle, Mme Mariema André, native elle aussi de Sandiré, députée nationale et ex-haut commissaire à la décentralisation. Le maoulid était revenu en toute force en 2005, plus fortifié et mieux intégré, redonnant à ce village meurtri sa fierté et son lustre d’antan! Ailleurs, pour moins que cela, on parle d'une révolution. Pour beaucoup, le village de Sirignéré situé dans le département de Kollo, près de Niamey, est la Mecque de l'intégrisme wahhabite au Niger du fait qu'un mécène islamiste bien connu est originaire de cette localité. Dès lors, l'on imagine impossible la tenue d'une veillée de zikr dans cette localité. Dès l'annonce à la Radio Horizon de ce zikr, le deuxième pourtant du genre organisé sur place, les intégristes de tous poils en furent littéralement abattus. Imaginez un peu un Wazin Kassa à Kiota ! Ils le sentirent de la même façon et tentèrent même d'organiser en vain une riposte sur place. Une simple gesticulation ! Car l'écrasante majorité de la population de cette localité est acquise au très actif Moquaddem tidjane de la ville. Cheikh Ousmane. Ce 25 février une équipe de prêcheurs barbus fut dépêchée sur place pour jouer les troubles fête avec l’intention de tenir un prêche à maoulid mecquois. La fête de nativité du prophète Mohamed (psl) ou Leylatel maoulid est célébrée le 12 du mois de rabi' al-awwal (le troisième mois de l’année hégirienne), car c’est le jour où traditionnellement, les Mecquois visitaient la maison natale de l'Envoyé. L'usage voulait que les hommes de lettres et les poètes composent des panégyriques (madihiyyat), des mawaehahat et des qasidas en l’honneur du prophète. Il convient de citer en particulier la célèbre Burda d’al-Busiri, souvent récitée dans les confréries soufies et qui constitue l'exemple classique d'un panégyrique traditionnel. La lecture de la Burda est aujourd'hui encore l'un des clous de la nuit du maoulid à Kiota et dans les autres maoulids du Niger et des pays voisins. mètres de là ! Mais ils ont dû prêcher dans le désert, sans public et sans « le zikr d'en face ». C'était parce qu'ils s'étaient trompés d'un jour sur la date annoncée ! Le lendemain, 26 janvier 2006, la fête eut lieu et elle fut magnifique. Cette veillée de zikr de Sirignéré a été unique dans son genre. Il a marqué un tournant dans l'organisation et le déroulement de ce grand phénomène du zikr. Car à Sirignéré, non seulement on a alterné zikr et prêche jusqu'à l’aube, mais aussi on a pris la décision de créer un comité d’organisation du zikr qui aura désormais la haute main sur l'organisation de cet événement. Au vu du succès enregistré, Sirignéré pense déjà à son troisième méga-zikr, à la grande barbe des adversaires des mots Laa ilaaha illa Allah !
Faites le zikr, pas la guerre ! Les Hilaqs (cercles) de zikr sont des séances d'animation spirituelles pour le moins intenses ! Chez les mystiques (soufis), Elles s’inscrivent dans une double logique en rapport au Qur'an et à la sounna. Le zikr est la seule prescription qui ne connaît aucune limite. Là-dessus le verset coranique est clair : « faites le zikr en abondance » -Qur'an-. Et pour sa part, notre prophète a dit « faites le zikr jusqu’à ce que les hypocrites disent que vous êtes des fous ! ». Les soufis ont compris à partir de là que le zikr doit parfois sortir du silence ordinaire. Car le zikr a beau être dit « dans le cœur », on ne vous traitera peut-être jamais de fous. Or, l’objectif du soufi est d’aller toujours au bout de la logique du prophète. Ainsi, si le zikr est dit à haute voix avec des mouvements voire des pas de danse, les ennemis de l’islam et les hypocrites vous traiteront, à coup sûr, de tous les noms. Ainsi, l’objectif du soufi au regard de ce hadith serait au moins atteint. Par ailleurs, ce que le soufi pratique dans le plus clair de son temps, c’est aussi le zikr silencieux dont les mérites sont bien évidents. Seul le zikr offre à son auteur le privilège exceptionnel d’être « évoqué par Allah » Lui-même, selon un célèbre hadith Qudsy. Il permet d’établir une relation transcendantale avec le monde matériel et donne au soufi toute sa quiétude et son assurance. Et cela le Qur'an le dit sans détour : « N'est-ce pas que les élus d'Allah ne connaissent ni crainte ni tristesse ? » Ces élus en question ne sont personne d’autre que ceux qui ont gravi les échelons à travers le zikr.
Quant aux balancements du corps concomitants au zikr, ils interprètent le mouvement de l’univers dans son ensemble. Lequel mouvement représente une forme de louange envers le Seigneur. Ces balancements du corps ont des vertus psychologiques et physiologiques indéniables : Ils permettent de canaliser les pulsions démoniaques chez l’être humain et de stabiliser ses muscles, ses nerfs. Et pourtant, rien n’agace autant nos frères intégristes qu’une intonation du zikr à vive voix. Et quand les paroles sont accompagnées de mouvements du corps, ils en sont littéralement scandalisés. C’est parce que ces gens sont des esprits dénués de sensibilités mystiques et qui plus est, sont ignorants des vertus spirituelles et thérapeutiques liées à cette pratique qui, il faut le dire, reste la chose la plus recommandée en islam. Le zikr est la sève nourricière de l’esprit, son absence dessèche le cœur et appauvrit l’âme. C’est ce qui explique le tempérament excessif, nerveux et violent constaté le plus souvent chez nos frères intégristes. Et c’est ce qui explique leur forte crispation pour tout ce qui touche à la femme. Résultat, il faut bien le dire, d’une libido non contrôlée au moyen du zikr et qui tend à se déchaîner !
La parade ? Il n’y en a pas, à part le zikr ! Car l’esprit humain est de nature rebelle, pour le dompter, il faut l’astreindre à des tâches rudes telles les pratiques spirituelles assidues que l’on trouve en abondance chez les soufis. Car un esprit non occupé divague forcément et vagabonde vers les maux et les plaisirs terrestres. « N'est-ce pas par l'évocation (zikr) que se tranquilisent les cœurs ? » - Qur'an
La pratique spirituelle régulière est à l’esprit ce que le sport est au corps humain. Le soufi est le sportif spirituel professionnel par excellence. Qu’un profane débonnaire reproche à un sportif aguerri l’intensité de ses entraînements, quoi de plus normal ? Le soufi est, si vous voulez, un professionnel issu d’un univers spirituel très avancé. Son esprit et son âme sont totalement occupés et imprégnés par le nom d’ALLAH tandis que son corps exprime sans arrêt un état d’émotion et d’exaltation intérieure à travers des mouvements et des vibrations subtiles qu’aucun langage humain ne peut encore exprimer.
BARHAM CHEIKH
Quelques Hadiths sur le zikr Qodsî
D'après Tbarani. Allah a dit par la bouche de son envoyé : « Tant que le serviteur m’évoque en lui-même, Je l’évoquerai dans l’assemblée des anges et tant qu’il m’évoque en assemblée Je l’évoquerai dans le plus haut des degrés. »
Il est rapporté de l'Imam Ahmad, rapporté d’Abi Saïd el Khodri d'après le prophète: « Il n’y a pas un peuple qui se réunit pour évoquer Allah, ne désirant de cela que sa noble face, sans qu’un Hérault appelle à partir du ciel disant : « Levez-vous, vous avez été pardonnés et vos péchés ont été changés en bonnes actions. »
Selon Abdallah Ibn Omar rapporté par Imam Ahmad : « J’ai demandé : "Ô messager d’Allah ! Quel est le butin des assemblées de zikr ?" Il a dit : "Le butin des assemblées de zikr est le paradis." »
D’après Jaber : « Un jour le prophète est sorti vers nous et nous a dit : "Ô vous les gens ! Il y a des escadrons d'Anges qui descendent et s'arrêtent aux assemblées de zikr sur terre, empressez-vous vers les jardins du paradis." Et l’assistance dit : "Et où sont les jardins du paradis ?" Le prophète dit : "Ce sont les assemblées de zikr, allez-y matin et soir et rappelez-vous à vous-même, celui qui veut savoir son degré auprès d'Allah, qu’il regarde quel est le degré d'Allah auprès de lui, le serviteur s’éloigne de lui autant qu’il s’en éloigne en lui-même (en oubliant de le...)" mentionner) » Rapporté par Ibn Abi Dounia, Abou Ya’la, Bazzar, Tabarani, El Hakim et Baïhaqi selon une chaîne authentifiée.
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A! Maoulid n°007 du 8 avril 2006 - 53e édition de Kiola J latique ReCigieiite
Le zikr, à quels décibels ? Prêchons la lumière!
Il est courant de voir chez les soufis des séances de zikr (évocation) en formes de concert particulièrement intense. Ce que, bien évidemment, les intégristes condamnent. Leur argument, ce sont les quelques hadiths qui semblent interdire les évocations à « très » haute voix. Par contre, ce que ces islamistes taisent délibérément, c’est aussi les nombreux hadiths qui l’autorisent. D’ailleurs ce n'est pas la première fois que des hadiths du prophète prennent position à la fois pour ou contre un seul et même sujet. La lecture du coran à haute ou à basse voix connaît également ses hadiths « pour et contre ». Et là, curieusement, les islamistes se sont abstenus de choisir. Pourtant la lecture du coran n'est rien d’autre que du Comme cela, ce qui est valable pour un zikr ne l’est donc pas pour un autre ! Les soufis eux non plus, n’ont jamais choisi entre les hadiths sur le zikr. Au contraire, ils les ont tous acceptés de la même façon que pour la lecture du Coran. Le grand Waly Hassan el Basri a dit : « Le Zikr est un bien absolu, il efface les péchés et n’en contient aucun. »
Dans notre pays, du fait de l’absence d’autorité de l’État et de l'inculture criarde des dirigeants à la fois en matière de gouvernance et en matière de l'islam, les prêches religieux, à l'image des joutes politiques, n’ont parfois rien à envier aux foires d'empoigne, au su et au vu de l'autorité ! Aujourd’hui, il y a une réelle nécessité d'assainir le secteur religieux au Niger, car ne peut être autorisé à prêcher sur la voie publique qui veut. Il faut que l’animateur religieux ait une claire conscience de sa double responsabilité historique vis-à-vis de l’islam et de la nation. Qu’il sache puiser dans sa science et dans son intelligence et non se... Contenter d'un simple « copier et coller ! ». Mais il doit aussi et surtout savoir puiser dans sa foi et sa maturité pour accomplir sa tâche avec noblesse. Et puisqu'il ne peut y avoir des règles sans principes ni des principes sans règles, il lui faut une maîtrise des rudiments de la Charia et de la Haqiqa (les règles et la Lumière).
Appel du Guide de la révolution Libyenne à manifester lors des maoulids contre les caricatures du Prophète
Le Guide de la Révolution de la Jamahiriya Arabe Libyenne, le camarade Colonel Khadafi appelle les croyants du monde entier à manifester à l’occasion des fêtes de maoulids. Cette manifestation s’inscrit dans le cadre de protestation aux caricatures abjectes perpétrées par des mains maléfiques contre l’auguste personne de notre prophète. Pour ce faire, le site choisi est la ville historique de Tombouctou au Mali, connue pour être une capitale culturelle islamique pour les musulmans d’Afrique. Le Président Mamadou Tandja et plusieurs autres chefs d'États y seront présents. Ainsi, dans l'intérêt de la bonne compréhension des auditeurs, le prêcheur ne doit jamais aborder son sujet par les interdits (le licite et l’illicite). Comme c’est la pratique la plus répandue aujourd'hui. Une telle pratique a le désavantage de donner de l’islam l’image d’une simple compilation des interdits ! Le devoir du prêcheur est de mettre de la lumière dans le cœur de son auditeur et non de le noircir ! Qu’on se le dise, le prêcheur n’est ni un griot ni un politicien, encore moins un guerrier, il n'est qu'un humble serviteur entre les mains du Seigneur.
Mamouilou Issaka
Secrétaire Général
Association Ansaaru-d-dine Banifandou
Al Maoulid n°007 du 10 avril 2006 - 53e édition de Kiota
Laylatul maoulid, « La nuit du maoulid est une université où sont enseignées les nobles valeurs humaines et les qualités de l’homme modèle ». Ce n'est pas un hasard si la nuit du maoulid est considérée sur le calendrier musulman comme étant la nuit des nuits. C'est parce que la personnalité honorée À travers elle, le prophète Mohammed (psl), était le messager des messagers, le prophète des prophètes, l'être élu sur les êtres. La nuit du maoulid est une nuit dense, une nuit faite de souvenirs, de louanges et de prières sur le prophète, sa vie, ses combats, sa personnalité. Aller au maoulid, c'est donc aller à la rencontre du messager d'Allah, par la communion et par la relecture de son histoire, de son message.
Le maoulid nous enseigne ainsi sur ce prophète « illettré », ce prophète de la miséricorde et sceau des prophètes. Celui dont la lumière fut avant la création d'Adam et qui sera l'homme de l'intercession au jour du jugement dernier. Aller au maoulid, pour tout dire, c'est aller à la rencontre de l’homme préféré auprès d'Allah, celui qui a accès à la présence de la singularité. Jamais, un être humain n'a été élu à un rang aussi élevé d’amour divin comme l'est notre prophète. Si le prophète Abraham est considéré comme étant l'ami d'Allah « Khalilou llah », Moïse comme son interlocuteur « Kalimou Allah » et Jésus son esprit « Rouhoii llah », alors le prophète Mouhamed (psl) est lui, l'aimé « Habibou llah ». Donc celui qui se distingue des autres par l'amour exceptionnel qu'Allah lui voue. Au regard de ce privilège énorme de notre prophète, Feu Cheikh Aboubacar Hassoumi aimait à dire que l'amour est ce qu’il faut placer avant et après toute chose dans la vie. Parce que c'est par l'amour que le prophète s’est distingué des autres prophètes auprès d'Allah et c’est en amour que le prophète a dépassé le reste de l'humanité.
En quoi donc se distingue un ami d'un aimé ? Le Cheikh répondait à travers un exemple en disant : À un ami véritable, on donne toujours, et avec plaisir, tout ce qu'on a sous la main dès qu'il le demande. Alors même qu'un aimé, lui, n'a pas besoin de formuler une demande pour l'obtenir. On le lui donne donc avant même qu'il en exprime le besoin ! Tout notre corps et nos biens ne sont logiquement qu'une propriété de l'élu de notre cœur. C'est cela la marque véritable de l'amour. Prophète Mouhamed n’avait-il pas vu ses péchés, passés et à venir, pardonnés d'un trait par Allah ? N’avait-il pas eu la promesse que tous ses compagnons et fidèles iraient au paradis ? C’est cela la différence de l'homme que les musulmans honorent à travers le maoulid. Le maoulid est donc le creuset solennel où sont mis en exergue les privilèges exceptionnels dont bénéficie notre prophète auprès du Seigneur. Et plus qu'une simple école, la nuit du maoulid est une université où sont enseignées les nobles valeurs humaines et les qualités de l'homme modèle. Si la veillée du maoulid est un hommage rendu à l'être aimé d'Allah, elle est aussi une quête d’amour.
Al Maoulid du 11 avril 2006 - 52e édition de Kioia
Viatiques Jlediyieiwe — une nuit d’extase ! Elle est l'amour de l'amour... En dépit de ses privilèges, notre prophète bien aimé, incarnation par excellence de la miséricorde divine, était resté pourtant toute sa vie très modeste parmi les hommes comme l’un d’entre eux. Afin de mieux incarner un exemple de droiture et de soumission à la volonté d'Allah. Comme beaucoup de gens simples de son époque, le prophète d'Allah connut ainsi les privations de l’orphelinat, la misère du dénuement, la persécution des ennemis, la peur des incertitudes, la faim, la soif, la joie...
La nuit du maoulid est un moment qui charrie ces fortes émotions dans une atmosphère extatique très particulière. C’est une nuit dont la charge émotionnelle est telle qu'elle maintient les participants dans un état d’extase inoubliable de sorte qu’on ne sent nullement le temps passer. Ainsi, chaque minute, chaque seconde et chaque passage des animateurs d'un panégyrique à un autre, sont des moments exceptionnels d’émotions et de plaisir.
Tel un relent de misk, les flots d’éloges en forme de chants dédiés à l’homme de cette sublime nuit, embaument toute l’atmosphère et font planer sur l'assistance une légère ambiance de nostalgie, de béatitude et d’ivresse. Et pendant que des intenses activités culturelles des... ETUDIANTS DE L'UNIVERSITE ISLAMIQUE DE SAY A KIOTA A L'OCCASION DU MAOULID 2006
Une centaine d'étudiants de l’Université Islamique de Say ont séjourné à Kiota dans le cadre du maoulid 2006. Pendant trois jours, d’intenses activités culturelles faites de sketchs, théâtre, poésie, discours et visites ont été organisées. Les fidèles chantent à tue-tête les louanges prophétiques, d’autres en proie à l'émotion s’emmurent dans une méditation très profonde. Au fil de la veillée, les cœurs se tranquillisent et les âmes retrouvent comme une cure de jouvence. L'ambiance est d’une tonalité propre à alléger les paupières qui, chassant leur lourdeur, cèdent de temps en temps à l’émotion. Ici ou là, on aperçoit souvent une larme dégouliner sur une joue, et là-bas, on entend un sanglot, le tout en forme de souvenir et de repentance... Telle est la nuit du maoulid, un moment torride, mémorable, électrique. C’est une nuit bénie qui recharge les cœurs d’amour, les âmes d’émotions positives et les esprits de miséricorde.
BARHAM CHEIKH Maoulid est une nuit bénie qui recharge les cœurs d’amour, les âmes d’émotions positives et les esprits de miséricorde. Menés avec brio jusque tard dans la nuit, surpris par le succès de l’événement, tout comme la population ont promis de rééditer ces journées aux prochains maoulids avec plus d’attention et de rigueur.
Al Maoulid n°007 du 10 avril 2006 - 53e édition de Kiota
Pudiques fàeiigieiue JAWHARATUL-KAMALI
Le texte et sa substance
Traduction et commentaire de la Zawiya tidjaniya El kouhra d'Europe. Dans la Wazifa, la dernière litanie de clôture appelée Jawharatul Kamali (ou la perle de la perfection) est une formule de prière qui a véritablement tout d'une perle scintillante. La beauté exceptionnelle de la formulation de cette prière et sa profondeur mystique en font une prière sans équivalent. Le texte n'a certes pas été rédigé dans un langage accessible au profane, ni au débutant en langue arabe et surtout pas au néophyte en mysticisme. Al-Maoulid vous offre une occasion de vous plonger dans cette prière, en français, et de vous encenser de son parfum enivrant qui embaume chaque soir l'atmosphère dans les Hilaqs et Zawiyas tidjanes.
LE TEXTE
« O mon Dieu, répands tes grâces et accorde le salut à la source de la Miséricorde Divine (1) et au diamant étincelant versé indéfiniment dans la vérité (2). Celui qui est au centre de toutes formes de compréhension et de signification. Il est la lumière des êtres en cours de formation humaine, il possède la Vérité Divine tel l’éclair immense traversant les nuages précurseurs de la pluie bienfaisante (3) des Miséricordes Divines, qui emplissent sur leur chemin aussi bien les grandes étendues d’eau que les petites (4). Il est Ta lumière brillante qui s’étend sur toute l’existence et l’englobe dans tous les sens (5). O mon Dieu, répands tes grâces et accorde le salut à la source de la Vérité (6) qui est à l’origine des connaissances les plus justes (7), tel ton sentier parfaitement droit (8) par lequel se manifestent les majestueuses Réalités. O mon Dieu, Répands tes grâces et accorde ton salut à la manifestation de la Vérité par la Vérité (9), au trésor le plus sublime (10), au flux venant de toi et retournant vers toi (11), et à la quintessence des lumières dissimulées à toute connaissance (12). Que Dieu répande ses grâces sur lui et sur sa famille, grâces par lesquelles, Ô mon Dieu, Tu nous le feras connaître.
Explications de la perle :
(1) La source de la Miséricorde Divine « Aïn Rahmati rabbaniyati » Si on prend l’exemple d’une source d’irrigation dans laquelle se déverse le flux Divin, tous ceux à qui Allah a décrété le breuvage s’abreuvent de ce flux. En conséquence tu comprends la signification de la parole prophétique qui dit : « Je ne suis qu'un répartiteur et le véritable donateur est Allah » Et la parole d’Allah qui dit : « Certainement nous t'avons envoyé comme miséricorde pour les mondes » (Sourate 21, verset 107).
(2) Le diamant étincelant versé indéfiniment dans la Vérité (Al yaqoutali-l-moutahaqiqati). Comme il est une évidence que certains... Métaux en dépassent d’autres en valeur, le diamant est une pierre précieuse qui dépasse en estime toutes autres pierres non précieuses, les hommes se différencient les uns par rapport aux autres de la même sorte. Le cas du prophète (psl) est celui d’un serviteur créé qu’Allah a honoré et ennobli par des dons immenses. Il a atteint le sommet de toutes les grâces et connaissances. Il détient la science des premiers et des derniers par l’enseignement d’Allah. Il est certainement la lumière de la Vérité par laquelle Allah dévoile les ténèbres qui obscurcissent les cœurs. La lumière de la vérité signifie la lumière Mohamedienne qui est à l’origine de toute la création, elle est certainement parfaite et pure de toute souillure.
À ce sujet on rapporte un hadith de Jaber dans lequel il dit : « Ô messager d’Allah informe-moi au sujet de la première chose qu’Allah a créée ? » Le prophète (psl) a répondu : « Ô Jaber Allah a créé avant toute chose la lumière de ton prophète de sa propre lumière. » avril 2006 - 53e édition de Kiota
J'éclairé immense traversant les nuages précurseurs de la pluie bienfaisante (Al barqi-l-asta’i bi mouzouni-l-arbahi). C’est-à-dire, les nuages remplis de profit, accordant à chaque degré ce qu'il mérite en tant que dons.
Emplissant sur leur chemin aussi bien les grandes étendues d'eau que les petites, (al mali-ati li koulli mouta'arridin minal-l-bouhouri wal awani). Les grandes étendues d'eau (al bouhouri) symbolisent les cours des grands connaissants d’Allah. Les petites étendues d'eau (al awani) symbolisent les saints. Ainsi, la lumière Mohamedienne avec tout ce qu’elle contient en tant qu’eaux, secrets, flux, théophanies, savoirs et connaissances, irrigue les cœurs des grands pôles, des connaissants et des saints.
Il est ta lumière brillante qui s'étend sur toute l’existence et englobe dans tous ces lieux (wa nourika-l-lami'i lazi mala’ta bihi kawnaka-l-haita bi amkinatil makani). Le prophète (psi) transcende de loin tous les degrés des créatures. Il concrétise la servitude particulière puisqu’il a accès à la présence de la singularité (Al Hadratou Al Fardaniyati). Cette présence lui permet la plus grande proximité avec son Seigneur. Ce privilège est réservé exclusivement à sa personne.
(6) Source de la Vérité (aïni-l-Haqqi). Dieu ne déverse dans cette source que la vérité pure de laquelle se ramifient les véracités. De cette source, toutes les créatures tirent leurs breuvages : Puis certainement le croyant exclut à son Seigneur tout ce qui ne lui est pas digne.
(7) Origine des connaissances les plus justes (aïni-l-ma'arifi al aqwam). C'est la source de la rectitude la plus parfaite.
(8) Ton sentier parfaitement droit (siratika tammi-l-asqam). C’est-à-dire ton chemin parfaitement juste et dépourvu de toutes déviances. Asqam appartient à un registre linguistique rare, Saqama ; Yasqoumou a le même schème et la même signification que Adala ; Ya'dilou.
O mon Seigneur, prie sur celui dont tous les états sont excellences même la rudesse de la maladie car il y a en cela une leçon de courage pour ceux qui souffrent au sein de la communauté Mohamedienne. Pourtant ce n’est pas le sens escompté dans cette prière car Al asqam veut dire « le plus juste ».
(9) La manifestation de la vérité (tal’ati-l-Haqqi). Celui que Dieu a embelli par les qualités de la perfection tel que cela est concevable pour la création. Enfin Dieu est certainement son allié.
(10) Le trésor le plus sublime (al kanzi-l-a'azami). L’essence des secrets particuliers.
(11) Le flux venant de toi et retournant à toi (ifadatika minka ilaïka). Le prophète est créé pur de toute imperfection, ses agissements sont exclusivement en vue de son Seigneur, dans tous les états.
(12) La quintessence des lumières dissimulées à toute connaissance (ihatati-l-nouri al moutalsam). Celui dont la station n’est connue que de Dieu seul, il détient les sciences des premiers et des derniers, il est certainement la créature qui craint le plus Allah. « Craignez Allah et Allah vous enseignera ». Al moutalsam veut dire ; le caché, celui qui est arrivé à un degré très élevé et impérissable, c’est pour cette raison que le prophète dans son excellence parfaite est dissimulé à la connaissance de la création.
MÉCÉNAT : des bonnes volontés ont fait don de 2000 sachets d’eau purifiée de marque « Eau de Vie gloire à Dieu » au maloulid 2005.
Quand les arabes disent saqamta, ils veulent dire que tu as adopté une attitude juste, cette expression est encore d'usage auprès des arabes du Maghreb. Cependant Asqam ne découle pas des schèmes saqima et saqouma provient de malade. Même si les maladies ne sont plus une faiblesse pour les prophètes. Allah dit à propos de Jonas : « Nous l’avons éprouvé dans la nudité et la maladie. » Et il est rapporté dans un hadith authentique du sahih de Boukhari que le prophète a dit : « Certainement je souffre comme deux personnes parmi vous ». Ainsi il se révèle que sa grande maladie est une perfection.
Entêté et têtu, cet acharné al Caches ... ce magazine, est le nôtre ! Continuez à son éclat. Lion et à sa publication Al Maoulid n°007 du 10 avril 2006 - 5e édition de Kiota
Qui était Cheikh Aboubacar Cheikh Chouaïbou Ali
Grand Cheikh de la confrérie tidjane à Niamey. Ami et compagnon de Cheikh Kiota, Cheikh Chouaïbou a été désigné par la famille du cheikh pour prier sur le défunt le jour de son enterrement. Un tel honneur n'est pas donné à n'importe qui. Mais à cause de son état de santé, il délégua quelqu’un à sa place.
Cheikh Yacouba Amadou Kida
Il fréquenta la même école que Cheikh Aboubacar à Zaria. Il est le Cheikh de la communauté de Kida près de Niamey. « Cheikh Ibrahim Niasse nous dit : Suivez Cheikh Aboubacar jusqu’à Kiota ! »
« Je suis de deux ou trois ans l'aîné du Cheikh Aboubacar Hassoumi. Ce que je sais de lui, je ne suis pas le seul à le savoir. C’était à Kaolack au Sénégal, alors que nous étions à la fin de notre séjour auprès de Cheikh Ibrahima Niasse, ce dernier nous convoqua et dit : maintenant rentrez chez vous mais auparavant vous raccompagnerez Cheikh Aboubacar. » Hassoumi chez lui avant de vous installer dans vos villages respectifs. Depuis ce jour je me suis lié d'amitié avec lui. C’est Cheikh al islam Elhadj Ibrahima Niasse qui nous révéla la grandeur de cet homme ce jour-là. Et depuis ce temps-là son aura et son influence n’ont jamais cessé de prendre de l'ampleur. Que Dieu l’agrée. Amin!...
Cheikh Abacar Oumarou
Neveu et conseiller du Cheikh
Il est le patron de l'éducation spirituelle et le traducteur du saint Coran à Kiota pendant le Ramadan.
« Dix-huit ans avant son décès, le Cheikh nous confia un testament détaillant l’emplacement exact de sa tombe. »
« Au lendemain de son retour d'un de ses voyages, le Cheikh convoqua un jour dans sa chambre quelques membres disponibles de la famille. Et après une brève introduction, il prit un papier vierge et y traça au feutre noir l'emplacement exact de sa tombe. Le schéma indiquait clairement un point parallèle à la Mosquée et qui se situait à une quinzaine de mètres de l'axe de la Qibla. Alors il me confia le plan en... » disant: Garde-le puisque c'est toi qui es le plus permanent ici. Vu que les autres membres de la famille étaient visiblement sous le choc de ce qu'il venait de leur révéler, il s'était voulu rassurant en disant: Ne craignez rien ce n'est pas encore l'heure! Entre-temps dix-huit années se sont écoulées...
« Un Shérif prophétisa que, tôt ou tard, je serai parmi les disciples de Cheikh Aboubacar Hassoumi. »
« J'étais à Zaria quand un jour mon maître m’annonça l'arrivée d’un grand étranger dans notre école. Il m’informa que j'étais de la même région que l’étranger qui va venir et que c'est un adepte de la voie Tidjane. À l'époque, moi j’étais plutôt adepte de la voie Quadria. Et mon maître prophétisa que tôt ou tard je serai parmi les disciples de cet étranger. Cheikh Aboubacar Hassoumi Kiota était un homme saint dont l’autorité morale et spirituelle fait loi dans toute la région... »
Cheikh Moussa Garba Tondigamey, farouche partisan du Cheikh et son compagnon de longue date. Cheikh Moussa Tondigamey est un Des ceux qui gardent des détails historiques importants de la vie du Cheikh. « Le Cheikh n’a pas que des amis, mais grâce à Dieu, il a toujours déjoué les complots des jaloux. » « La vie du Cheikh n’a pas été que paix et tranquillité. Plusieurs fois il a été calomnié auprès des autorités de Dosso et Niamey. Mais la main protectrice de Dieu était sur lui. Des adversaires à lui adressaient des correspondances calomnieuses sur lui jusqu’à Dakar auprès du gouverneur de l'AOF. Mais puisque Cheikh Ibrahima était associé à la prise de certaines décisions à Dakar, il s'était toujours opposé aux manœuvres visant à nuire au Cheikh. Les commanditaires de tous ces complots sont bien connus. Mais ne comptez surtout pas sur moi pour citer des noms... »
Al Maoulid n°007 du 10 avril 2006 - 53e édition de Kiota
Cheikh Oussouman Nouhou Mouqaddem du Cheikh Aboubacar Hassoumi, Il est un Cheikh charismatique de la communauté peulh dans la région de Niamey. Plus connu sous le nom de Cheikh Bangoula, il est un grand sage qui est animé d'un amour profond et sincère pour le Cheikh et sa voie. C'est aussi un homme d'une modestie et d'une humilité sans pareilles.
« Le plat était inépuisable ! »
« Une autre fois, avec un ami, nous lui avions rendu visite chez lui à Kiota. Pendant que nous étions seuls avec lui, une domestique apporta un petit plat d’omelette qu’elle montra au Cheikh qui, apparemment, l’avait commandé à l'intention d’un hôte de marque. Mais le Cheikh ordonna tout de même à la domestique de déposer le plat devant nous. Et il nous invita à manger. Il prit le premier une seule et petite bouchée et après, s’occupa d’autres affaires. Sachant bien que le plat ne nous était pas destiné à l’origine, moi, je me suis contenté de quelques bouchées bien que le Cheikh revenait régulièrement à la charge pour nous inciter à manger avec ardeur. Mon compagnon, lui, ne s’embarrassa point et mangea avec un appétit formidable. Après le repas, le Cheikh demanda à la domestique de ramener le reste à son hôte. » de marque. Mais quelle ne fut notre surprise de remarquer que le plat était resté intact. Il n'avait rien perdu de son contenu initial comme si personne n'y avait touché!»
Elhadj Amadou Djibrilla Dit Dandakoye
Neveux et fidèle compagnon du Cheick depuis 1941, Elhadj Amadou Djibrilla était resté avec le Cheikh pendant six ans au Nigeria. Il a conservé en les plastifiant, toutes les lettres que lui envoyait le Cheikh Aboubacar Hassoumi. Dandakoye a pour principales activités le commerce et l'agriculture.
«Je n'ai jamais vu le Cheikh sermonner quelqu’un en présence d’autrui, même si la faute commise est grave.»
Mon père m’avait confié au Cheikh alors que j'avais sept ans. Aujourd'hui j'ai 71 ans. Parmi les disciples du Cheick, certains l'ont suivi de leur propre initiative. Ceux-là, le Cheikh n'a jamais porté la main sur l'un d’eux. Je me souviens des moindres détails de la vie que nous avons menée ensemble. Je me souviens jusqu’aux noms des différents hôtes qui nous hébergèrent lors de notre voyage à Zaria. Jour, alors qu'ils prenaient leur repas du soir, le Cheikh et ses compagnons parlaient de leur âge respectif. En ce temps-là, le Cheikh disait qu'il avait 30 ans. Je m’en souviens comme si c'était hier. De cette époque à nos jours, cela fait près de 60 ans... C’était en 1943.
Taïbou Issa Daouda
Architecte et neveu du Cheikh
Auteur du plan de rénovation de la Mosquée du Cheikh ainsi que du plan du Mausolée.
« Dans toute décision du Cheikh, il était possible de découvrir une sagesse cachée. »
Un jour, un chef d'État du Niger a envisagé un voyage officiel au Nigeria. La communauté et l'Émir du Kebbi ont exprimé leur souhait de recevoir le Cheikh au sein de cette délégation. Pour répondre à cette demande, le Cheikh m'a désigné comme son représentant. N’étant ni marabout ni le plus présent à ses côtés à Kiota dans cette période, j’ai été un peu surpris par ce choix et je me suis posé la question de savoir si j'étais le mieux indiqué pour cette mission. Avant le départ, j'ai reçu du Cheikh des messages à... transmettre et au chef de l’État que j’accompagnais et à l'Emir du GANDOU qui devait nous recevoir, mais je ne pouvais poser la question au CHEIKH sur la raison de mon choix, parce que même en tant que neveu cela pouvait se justifier. En fait le message caché que j’ai découvert plus tard, c’était qu’en plus des messages et de l’honneur fait à la communauté sœur, ce voyage devait me permettre de découvrir une partie de mes racines jusqu'ici ignorées. En effet en tant que neveu du CHEIKH et arrière-petit-fils de feu l'honorable SERKIN KEBBI SAMMA (Père de la mère de mon grand-père Malan Nargoungou), j'étais pour lui, le mieux indiqué pour le représenter.
Elhadj Issaka Dandakoye, fidèle du Cheikh et chef de quartier de Gamkalley, est un fervent croyant de la voie du Cheikh. « En nous accompagnant jusqu’à la porte, le Cheikh nous dit: Les sept premiers pas fermeront les 7 puits de l’enfer et le huitième ouvrira les portes du paradis!...»
Suite à la page 1 (Al Maoulid n°007 du 10 avril 2006 - 1ère édition de) Kiota 15 PMWOS
Légende
1. Au maoulid avec le Khalife
2. Le Cheikh sur un chantier
3. En visite dans Niamey
4. Le Cheikh devant sa porte
5. Revenant de la mosquée
6. Avec Miftah El Waer
7. Lors de l'Aid El Kebir
8. À la clinique avec Dr Lawi
9. Saluant les parachutistes (en arrière-plan le PR Baré)
10. Avec l'ambassadeur Libyen
11. Avec Cheikh Tidjani et le Khalife lors d'un maoulid
12. Avec Elhadj Barham Cheikh
13. Le Cheikh à Niamey
14. Image d'adieu lors de son dernier maoulid
15. Vue intérieure du mausolée
16. Al Maoulid du 10 avril 2006 - 53e édition de Kiota
C'était un jour, il y a longtemps de cela, nous étions partis rendre une visite de courtoisie au Cheikh. Après plusieurs conversations, nous décidions de repartir. Il voulait nous accompagner à la porte. Vu son rang, nous ne pouvions que refuser qu'il se donne ce mal. Mais il insista. C’est alors qu’il nous a dit : « Le raccompagnement d'un visiteur a des vertus. » Les sept premiers pas ferment sept puits de l'enfer et le huitième ouvre les portes du paradis. Ousseini Boubacar, Directeur de l’enseignement arabe, élève du Cheikh depuis son jeune âge, il est également l'auteur d'une biographie en langue arabe non encore éditée sur la vie du Cheikh.
« Cheikhs Bali Bali et Azimzim prédirent la venue du Cheikh Aboubacar Hassoumi. » Je suis un exemple vivant de la contribution du Cheikh à l'expansion de l'islam, me dit Elhadj Boubacar Ousseini. Il ne fait pas de différence entre ses enfants et ceux des autres. Il engage volontiers ses biens et ses relations dans la culture. Quand j’étais enfant, nous étions plusieurs centaines de personnes de tout âge et de toute nationalité à fréquenter l'école traditionnelle sous son égide. Les Cheikhs Azimzim et Bah-Bali avaient prédit sa venue. Cheikh Aboubacar Hassoumi n'avait que 16 à 17 ans lorsqu'il contracta le wird tidjane auprès de Cheikh Bali-Bali. Avant sa rencontre avec Cheikh Aboubacar, il prédisait même qu'un jour, un grand... homme apparaîtrait derrière les collines qui entourent Kiota et qui aura une grande influence sur la communauté musulmane...
Elhadj Boubacar Salio
Né à Bongario Filongou Koira
Directeur de l'agence DAR ES SALAM
« Dieu merci, nous ne sommes pas orphelins ! »
Ce qui m’a le plus marqué dans mes relations avec le Cheikh, c'est cette phrase en arabe : "Al Waladou Sirr Ri Abihi" (l’enfant détient les secrets de son père). Au moment de sa disparition, nous ne nous étions pas sentis orphelins car nous vivons en famille avec ses descendants donc nous sommes avec ceux qui détiennent ses secrets, pour nous le Cheikh est toujours là. Le Cheikh nous répétait cette phrase à tout moment pour que nous sachions que même s'il n'est pas là, il y aura toujours quelqu'un pour transmettre ses conseils....
Cheick Djibrilla Amadou
Dit Cheick Sorrey
Cheikh de la communauté musulmane de Sorrey.
Fervent croyant de l'islam, Cheikh Djibrilla Amadou était fier et heureux que la prophétie du Cheikh Aboubacar Hassoumi s'était accomplie sur le Devenir de son village. À chaque visiteur, il montre du doigt l'endroit qui jadis était dénudé et qui aujourd'hui abrite des installations très modernes. « Un jour, cet endroit sera si illuminé que vous serez éblouis, m’avait dit un jour le Cheikh. »
Quand nous nous présentions à sa porte, quelques camarades et moi, il nous accueillait courtoisement. La première surprise que j'eus avec le Cheikh, c’était lors de la construction de notre mosquée. Par habitude, le Cheikh ne rend pas visite. Mais un jour, pendant que je m’apprêtais à démarrer les travaux, le Cheikh fit son apparition sur le chantier. Après les salutations d’usage, il me demanda ce que j'entreprenais. Il se trouvait que j'avais déjà fait fabriquer plus de quatre mille briques en argile qui se trouvaient entassées sur l'aire de construction. Je lui répondis que je commençais aujourd'hui la construction d’une mosquée pour la prière du vendredi. Il me dit simplement : « Tu la construiras ta mosquée, mais en ciment » et il s'en alla. Après son départ, je fis. don des briques en terre aux villageois qui en ont besoin. Quelques temps plus tard, décidé à bâtir ma Mosquée, je réunis mes économies et les confiai à mon fils aîné pour aller à la ville chercher le nécessaire pour le redémarrage des travaux. Il revint avec tout ce qu'il faut : pelles, brouettes, ciment, fit amener du sable fin et les travaux commencèrent. À ma connaissance, ce fut la seule fois où j'ai déboursé de ma poche... et pourtant les travaux continuèrent jusqu'à l'achèvement de la Mosquée et cela sans interruption.
Mais avant de monter dans sa voiture pour partir, il désigna d'un doigt le terrain vague qui s'étendait à perte de vue (le lieu de l'actuel dépôt de carburant de la SONIDEP) et il dit : «Cet endroit sera un jour si illuminé que vous en serez éblouis». En fait, c'est bien ce qui était arrivé longtemps plus tard avec l'installation du dépôt de pétrole. Les lumières installées pour éclairer ce dépôt étaient si fortes qu'elles furent, dit-on, à l'origine d'un crash d'avion qui s'était produit tout à côté. Le pilote l'ayant pris pour la piste d'atterrissage. De sorte qu'on a fini par diminuer l'intensité de l'éclairage sur ces lieux. Le cheikh avait vraiment vu venir les choses près d'une décennie à l'avance.
Al Maoulid n°007 du 11 avril 2006 - 5e édition de Kioki
Dr. Hassane Idé Adamou, Secrétaire particulier du Cheikh Aboubocar Hassoumi entre 1976 et 1980. Actuellement fonctionnaire au ministère des finances.
À l'image du docteur Hassane Idé Adamou, beaucoup de ses semblables se souviennent encore des soutiens multiformes ô combien inestimables du Cheikh à leur encontre durant leur scolarité. Pour tous, le Cheikh représente à la fois un père très attentionné et un guide qui fait très peu cas de la langue choisie par l'élève pour sa formation. L'objectif du Cheikh n’est autre que d'encourager la jeunesse à s'instruire.
« Le Cheikh a su inculquer à ses disciples l’amour du travail champêtre dans la foi. »
« Je me fais le devoir de réitérer toute ma gratitude et ma... » Reconnaissance à Cheikh Elhadj Aboubacar Hassoumi Kiota pour le soutien spirituel, moral et financier qu’il n'a cessé de m'apporter tout au long de mon cursus scolaire, universitaire et professionnel. Durant les quelques années que j'avais eu l’honneur et le privilège d'assurer son secrétariat, surtout pendant les grandes vacances et les congés scolaires, j'étais étonné du volume du courrier qu'il recevait tant en provenance de l’intérieur du Niger que de l’étranger et ce, de toutes les catégories de correspondants (marabouts, fonctionnaires, commerçants, paysans...).
Compte tenu de l'importance du courrier journalier, et aussi de celle des audiences accordées aux différents groupes de visiteurs, c'est seulement vers 23 heures ou zéro heure, sinon aux champs, que le courrier est traité. L'autre aspect de mon témoignage concerne l’intérêt que le Cheikh accorde aux travaux agricoles. En effet, chaque jour de la semaine, à l’exception du vendredi, le Cheikh se rend aux champs pour coordonner, suivre, encourager les travailleurs. Centaines de personnes qui travaillent sur divers chantiers (les jardins, les greniers, les champs de mil, les champs de manioc). En somme, le Cheikh a su intégrer efficacement le travail de la terre et la religion. Ce qui est attesté par les différentes réalisations physiques agricoles qui existent à Kiota et dans d'autres villages de la région. Il a su inculquer à tous ses disciples l'amour du travail champêtre dans la foi...
Boubacar Bagourmé, Chef du village de N'goualo, opérateur économique, Président de l'organisation du Maoulid
Il se rendait à Kiota dès son jeune âge à vélo ou à pied, avant de s'intégrer dans le comité du maoulid. « Un jour, des avions atterriront à Kiota », avait dit un jour le Cheikh. J'ai appris cela de la bouche du Cheikh Aboubacar Hassoumi Kiota alors qu'on était assis en demi-cercle autour de lui. C'est ainsi qu’au maoulid 1998, on vit ce jour-là, à la grande surprise de tous, excepté le Cheikh, peut-être, un hélicoptère se poser à Kiota! L’interrogation muette de l'assistance, après le départ des étrangers venus pour la célébration de la naissance du prophète, le Cheikh dit simplement : "lors de son premier séjour au Niger, le Cheikh Ibrahim Niass m’avait dit qu'un jour viendra où des avions atterriront à Kiota.” C’était en 1949. Cela fait environ 55 ans. En ces temps-là, même les voies routières d’accès à la région étaient rares, c’était la brousse. Auprès du Cheikh Aboubacar Hassoumi, chacun avait la place qu’il méritait. Ainsi lors des fêtes du maoulid, je conduisais toujours le Cheikh jusqu'à sa chaise en marchant devant lui, sa main posée sur mon épaule.
Soumana Amadou Tondigameye
Talibé du Cheikh et commerçant
Disciple du Cheikh depuis sa tendre enfance, Elh Soumana Amadou a toujours gardé de lui l'image d'un homme saint. Autrefois, ils partaient à plusieurs de Tondigamey à Kiota, pour participer aux travaux champêtres du Cheikh. « Le Cheikh nous annonça ce qui allait se produire plusieurs semaines à l’avance. » Un jour alors que le Cheikh Aboubacar Hassoumi se trouvait à Paris, l’ambassade de Libye fait don d’un dispensaire à la communauté Kotchiré. Le Cheikh de Kotchiré Abdoulaye Hassane, me chargea d'informer Cheikh Aboubacar Hassoumi par téléphone. Quand je lui fis la commission, le Cheikh Aboubacar, me dit simplement : Cela n'est que peu de chose au regard de ce qui suivra. En effet, quelques jours plus tard alors que le Cheikh se trouvait toujours à Paris, les mêmes Libyens revinrent pour nous offrir encore une classe pour l'enseignement arabe et un foyer féminin tout équipé et le personnel de fonctionnement à leur charge. Ainsi, le Cheikh nous annonça ce qui allait se produire plusieurs semaines à l'avance.
Maoulid n°Oir du 20 avril 2006 - 53e édition de Kiota
AUTRES MAOULIDS
Talifanta : Coup d’essai, coup de maître
Talifanta est une localité du canton de Damana. À compter de 2005, cette localité sera davantage et pour toujours submergée de la lumière Mouhamedienne. C’est grâce à l’abnégation et au courage de Cheikh Khalidou. Younoussa, le Mouquadem de Talifonta, fait partie de ces fervents disciples rassembleurs des populations autour des bonnes causes. Si jamais ce Monsieur avait décidé plutôt de créer son propre petit maoulid comme bien des villages, cela ne pourrait que lui réussir à tous points de vue. Mais à chaque chose son temps. Et à partir de l’année 2005, c'était chose faite. Mieux, pour un coup d’essai, ce fut déjà un coup de maître! Car ce premier maoulid avait surpris tant par la maîtrise de l’organisation que par la qualité de l’accueil. Les participants étaient unanimes à reconnaître n’avoir jamais eu un seul instant l'impression d’assister à un truc de débutant. Autre signe qui ne trompe pas, la présence à ce maoulid de bout en bout de Cheikh Ismael Koudou Karanta, le vice Imam de la grande Mosquée de Niamey auquel le public est désormais familier pour ses discours flamboyants et fort éloquents lors des maoulids de Kiota. Pour pareille fête, on ne peut trouver un parrain plus prestigieux. Le maoulid de Talifonta est une valeur sûre. C’est un maoulid à ne pas rater.
A la mémoire de Habib Cheikh, Abass Cheikh et tous les autres Feus Habibou Cheikh et Abass Cheikh respectivement à gauche et à droite. Pris d’une soudaine crise (de maux de tête), et transporté d’urgence à l'hôpital de Lamordé, Habib Cheikh devait succomber, sans crier gare, quelques minutes plus tard aux urgences pendant que médecins et accompagnants s’affairaient autour de lui. C’était le 03 janvier dernier. Trois mois seulement à peine, jour pour jour, après le décès de Cheikh Abasse mort dans un accident de la route du côté de Maradi en même temps que Haroune Rachide, Moustapha Imam et Maigari Tombo. Une véritable hécatombe ! Que leurs âmes reposent en paix! Amen !
Feu Cheikh Moustapha Imam avec en arrière-plan feu Maïgari Tombo. L'épave du véhicule accidenté. Feu Harouna Rachid.
Al Maoulid n°007 du 10 avril 2016 — 53e édition de Kiota
Rubrique Religieuse
A vos chapelets... Appelé Soubha chez les musulmans. Le Rosaire chez les chrétiens, le chapelet, cet instrument de comptage fait de grains reliés par un fil, est apparemment la chose la mieux partagée par les grandes religions du monde. Fabriqué parfois sur mesure aussi bien chez les juifs, les hindous, les bouddhistes, les chrétiens que chez les musulmans, le chapelet existe partout dans toutes les formes et dimensions.
En Afrique, il fait partie des arsenaux privilégiés du marabout ou du religieux. Le chapelet est devenu un symbole de piété et d’endurance dans la pratique spirituelle. Il est le signe d’un islam à visage humain, sage et tolérant. La charge symbolique du chapelet reste notable dans tous les courants religieux musulmans, même chez les wahhabites ! Stylisé à merveille chez les tidjanes, le chapelet participe efficacement à l’affirmation identitaire religieuse. C’est à vous faire oublier quelques fois, par sa beauté artistique, son premier rôle ! Il est ainsi considéré parfois comme une arme, une arme somme toute pacifique, et peut fièrement être Brandi avec le coran là où d’autres brandissent le coran et la Glaive ! Ce qui en fait de facto un symbole de tolérance et de paix. On voit donc pourquoi les barbus veulent s’en détourner en cherchant désespérément à y substituer leurs doigts à la fin des prières. Mais il y a aussi le fait que ces irascibles wahhabites tropicaux de chez nous sont surtout habités par une sérieuse psychose du chapelet ! Ils disent ne pas supporter du tout une certaine manie des tidjanes à les « narguer » voire à les « harceler », selon leurs propres termes, avec « ces choses » ! Cette histoire me rappelle, à mon corps défendant, l’exemple du grand diable qui, semble-t-il, a lui aussi la même phobie devant la croix du Christ ! Les mêmes causes produisent peut-être les mêmes effets.
B.C.
Aux origines du chapelet
Si vous avez un grand nombre d'évocations à faire, le chapelet vous sera d'une utilité sans pareille : Il vous permet de vous concentrer sur Dieu au cœur du zikr et non de vous concentrer sur le calcul. Il vous permet... d'être dans le Zikr disait l'Imam Souyouti. Dans son livre intitulé MIHNA FI ISTIMAL SOUBHA consacré au chapelet, le grand Imam a dit que le chapelet tire son origine du Qoran et de la Sounna, contrairement à ceux qui affirment qu'il s'agit d'une bonne innovation qui est récente. Il a rapporté aussi que de nombreux compagnons du prophète l'utilisaient tels qu'Aïcha, Abou Houreira, Marouf el Karkhi et consorts. Dans le livre MOUSNAD EL FIRDAOUS d’Abi Mansour Dailami, il est rapporté que le prophète a dit : « Quel bon moyen de rappel que la Soubha ! » Il est rapporté par Ibn Abi Chaïba, Abou Daoud, Tirmizi, Nissa'i et el Hakim qui l'a authentifié selon Ibn Omar : « J'ai vu le prophète tenant dans sa main un chapelet (Soubha) avec des nœuds. »
Première soirée ziyara à la zawiya cheikh Cherif Haïdara
Chérif Haidara (à dr.) avec Chérif Omar de la Côte-d'Ivoire
Le 16/02/06, la Zawiya de Cheikh Shérif Haidara à Banifandou eut l'honneur d'inaugurer la première Zyara groupée des fidèles tidjanes dans la... Communauté urbaine de Niamey. Et depuis ce jour, tous les jeudis soir une zawiya de la capitale est visitée avec au programme zikr et prêches. C'est ainsi que furent visitées les zawayas du deuxième arrondissement (Cheikh Chouaïb Ali), du complexe (Cheikh Aboubacar), du Gamkallé, de Goudel, de Banifandou, (Imam Warshe) etc. Une Zyara est une des traditions soufies les plus recommandées. Elle consiste à organiser une visite en solo ou en groupe à l'intention d’un Cheikh. Jusque-là, les zyaras connues étaient destinées aux grandes Zawiyas. Aujourd'hui, il est question de porter cette flamme d’amour au cœur de toutes les Zawiyas grandes et petites de la capitale. Les fidèles n'en seront que plus galvanisés et heureux. Il était vraiment temps. Ibn Al Jaouzi a dit : « La Soubha est recommandée (Moustahabba) en raison du hadith sur Safiya qui mentionne qu'elle utilisait des noyaux ou des cailloux pour ses zikrs et le prophète accepta ce qu'elle faisait. Selon Safiya, le messager ne voyait aucune différence du fait. que la Soubha soit reliée ou détachée. » Al Hafidh Abdelghani a rapporté dans le livre El Kamèl sur la biographie d'Abou Darda'a qu'il répétait chaque jour 100 000 glorifications et aussi que Salamata Ibn Chouaïb a rapporté que Khalid Ibn Ma'dane en effectuait chaque jour 40 000 et Abou Houreira avait un fil composé de 1000 nœuds et il ne dormait pas avant d’avoir glorifié 12 000 fois avec.
Il Maoulid n DI) du 10 avril 2016 — 53e édition de Kiota 21 CMUÏJt Mosquées et airs de « Dans les villes, chaque angle de rue est «borné» d’une chambrette à prière si ce n’est d’un air sommairement délimité qui sert de mosquée ». Au Niger. Allah est grand mais sa maison est toute petite ! Il n'est pas excessif d'utiliser une boutade pour pointer du doigt le scandaleux phénomène de l'exiguïté des lieux de culte musulman dans notre pays. C’est une situation brûlante que ne justifie par ailleurs ni le manque de moyens encore moins de l’espace. Il y a aussi parfois le nombre exagéré de ces Mosquées à l'hectare qu'il convient de dénoncer. C'est une situation qui ne se justifie là aussi ni par le nombre des pratiquants ni par le besoin de proximité. La question n'est pas de savoir si ces mosquées, dans leur fonctionnement quotidien, en pâtissent ou pas, car il semble même qu'elles y tirent largement leur épingle du jeu, puisque l'on continue de se bousculer à leurs portillons à longueur de journée !
Au Niger, le boom de la foi que nous vivons depuis toujours et qui connaît quelques exacerbations ces dernières années du fait de l'arrivée massive des musulmans nouveaux, a des beaux jours devant lui. Notre pays aujourd'hui a quelque chose d'une Algérie des années soixante-dix où, disait l'écrivain Mohamed Arkoune, les mosquées d'alors n'obéissaient à aucune loi. N'importe qui pouvait en construire n'importe où et n'importe comment. À l'époque, les intellectuels algériens de tous bords avaient beau tirer la sonnette d'alarme, l'État était resté sourd. Et la suite, tout le monde la connaît. Au Niger aussi, tout indique qu'on s'achemine vers une dérive à l'algérienne. Le problème n'est surtout pas dans la prolifération des mosquées mais dans la pagaille qui règne dans le secteur ainsi que la menace qu’elle fait peser sur l’unité des croyants et l’unicité de la foi. Dans ce pays, du fait de l’absence de l’État sur le terrain de la foi, les mosquées de toutes tailles, financées parfois avec des fonds douteux, poussent sans aucune réglementation, tels des champignons. Même chose pour ces mosquées dites de « pigeon », ces minuscules petites mosquées « nichées dans un mur » qui pullulent et qui prospèrent comme des herbes sauvages dans une jungle où n’existe ni foi ni loi !
L’univers de la foi, chez nous, ressemble ainsi à une curieuse foire où tout venant érige ses lois sans avoir à se soumettre à une formalité ou réglementation. Ainsi, construire une mosquée au Niger, est, malgré la crise endémique, plus facile que d'avaler une gorgée d'eau fraîche ! Dans ce pays, il se dégage trois types de promoteurs de mosquées : Un premier qui construit des Mosquées qui sont belles et spacieuses, un second qui se contente de bâtir une piaule sur « un mètre carré » quand le troisième, lui, se contente de rien ! Ce qui fait que dans les grandes villes, presque chaque angle de rue est « borné » d’une chambrette à prière, si ce n’est d’un air vague sommairement délimité de bric-à-brac et qui fait scandaleusement office de Mosquée ! De tels espaces de prière, 22 AI Maoulid n°Ü07 du 10 avril 2006 - 53e édition de Kiota ----------------------------- Ces prières : on peut aisément en compter une dizaine se juxtaposant dans un mouchoir de poche à même le sol. C'est pourquoi on parle de « Mosquée par terre » ou « Mosquée poussière » au propre comme au figuré. Et ce que ces espaces de prière ont de commun, c'est souvent leur propension à phagocyter le domaine public, et à exposer les croyants non seulement aux intempéries mais aussi aux dangers multiformes de la rue. Comme si la foi est un vulgaire métier de trottoir, un commerce à la sauvette ! Je ne crois pas à l'existence d’un islam d'ébène ou d'un islam « sous-développé ». Cela relève à mon sens d'une ineptie. Mais je pense que l'islamisation de la misère ou du sous-développement est peut-être une réalité qui est longtemps en expérimentation chez nous ! En tout cas, certaines ONG islamiques censées promouvoir l'islam au Niger semblaient agir dans ce sens. Dans les années 90, elles ont massivement investi dans ces mini-mosquées « bon marché » avant de se voir, plus tard, rappeler à l’ordre par certains contributeurs. Une autre ONG saoudienne n’a pu qu’ériger des hangars sur « les mosquées la pagaille ! à l'air libre » dans la CUN. Ce travail qu'on voit aujourd'hui encore a été, en son temps, bruyamment salué ! Cela est tout de même ridicule pour des si riches Saoudiens. Quant aux mosquées en béton, certaines n'ont rien à envier à des boîtes d'allumettes et n'ont jamais servi jusque-là que comme magasin des nattes ! Les fidèles ayant toujours tenu leurs prières dehors, tant elles sont exiguës ! Faut-il indexer les promoteurs qui sont devenus entrepreneurs plus que mécènes, les fidèles qui ne prennent jamais en charge le bon fonctionnement de leur mosquée ou l’État qui n'a jamais rien contrôlé ? Le laxisme, pour ne pas dire le mépris affiché pour « la chose de Dieu » atteignait parfois les sommets de l’absurdité. À Birni N’gaouré par exemple, jusqu’à une date récente, une mosquée avait longtemps partagé un même toit d’un bâtiment en banco avec un bar qui tournait à plein régime ! Les « deux établissements » qui se tournaient certes le dos, étaient seulement séparés d’un mur ! Mais c'est à Niamey que revient la palme où, dans la même période, le débit de boisson de l'arène de lutte innova en créant « sa » propre mosquée entre ses casiers de bouteilles. À l’époque, on s'était amusé à aller voir, par-dessus le mur, à quoi ressemblaient les « clients » de cette mosquée, lesquels, bien entendu, étaient les mêmes que ceux du « généreux sponsor », le bar ! Cette « agressivité », j’allais dire cette Volonté tous azimuts d'investir le moindre espace, est presque à saluer chez ces « créateurs » de lieux de culte, n’eût été le côté moqueur voire carrément insultant de leur mécénat ! Ailleurs, ce quadrillage tout de même très marqué, que l’on ose croire à la limite stratégique, cache mal une informalisation sauvage de ce « gigantesque marché de la foi » qui existe désormais au Niger. J’en veux pour preuve les scandales financiers à répétition qui secouent régulièrement certaines mosquées dites « sunnites ». Il y a aussi ces rivalités sournoises qui empoisonnent très souvent les climats inter-mosquées dans les quartiers : il arrive que des mosquées « d’un même bord » entretiennent une ambiance lourde, voire houleuse, consécutivement à une « Dans ce pays, du fait de l’absence de l’État sur le terrain de la foi, les mosquées de toutes tailles, financées parfois avec des fonds douteux, poussent sans aucune réglementation, tels des champignons ». Al Maoulid n°007 du 11 avril 2006 - 53e édition de Kiota 23 EMUË^ « Pour avoir vu venir le problème, feu Cheikh Aboubacar Hachim insistait particulièrement sur l’unité des croyants autour des grandes mosquées ». Cohabitation mal maîtrisée. Si vous avez la malchance de cohabiter dans un mouchoir de poche avec des mosquées, par malheur, d'obédiences différentes, vous serez tout simplement pris entre deux feux ! Cela commence d'abord par les décalages fantaisistes des horaires de prière et d'appels de part et d'autre de façon à vous donner le tournis. Puis vient la guerre ouverte, celle des décibels par mégaphones interposés ! Mais il y a plus grave, c’est ce que j'appelle la multiplicité de la Qibla ou le refus de s'orienter dans une seule et même direction ! Une blague ? Pas du tout ! À l'heure où j'écris ces lignes, il existe à Niamey ces types d’incohérence qui font presque partie de la normalité. Dans le voisinage immédiat de la « Grande prière », il existe deux mosquées voisines, séparées l’une de l’autre, d'une dizaine de mètres ! Les fidèles de l’une prient le dos parfaitement tourné à la rue, quand, à deux doigts de là, leurs voisins, eux, prient dans le sens de la rue, le dos parfaitement tourné à leurs coreligionnaires ! Comment une telle configuration serait-elle possible dans une même ruelle qui, au demeurant, était parfaitement rectiligne ?
Le côté invraisemblable de cette situation m’a amené souvent à repasser dans cette ruelle en me demandant comment se fait-il que, pendant toutes ces années, personne n’a pu rien remarquer d'anormal ? Dire que dans la CUM des cas similaires sont légion. Il m'a été rapporté des cas où les gens refusent net de synchroniser leurs horaires et d'ajuster leurs Qiblas par peur de perdre la face ! C'est à peine croyable. C'est à croire que la foi est faite pour servir des humeurs et non un Dieu adorable unique.
Devant une telle situation, comment ne pas être tenté de douter de la sincérité et de l’engagement de certains croyants vis-à-vis de leur foi ? Tout se passe comme si, à défaut de se doter chacun de son petit dieu familial comme au bon vieux temps de nos lointains ancêtres, on cherche à inviter le grand Dieu unique à la maison à travers la création d’une Mosquée familiale ! Cette façon de banaliser et de « ghettoïser » les lieux de culte, découle d’une sévère mentalité fort ancrée de repli sur soi que l’on trouve chez nous en ville comme en campagne, chez les tidjanes comme chez les « sunnites » ! À qui profite donc cette désintégration de la Mosquée au Niger ? À personne, même pas à ceux qui y voient un moyen simple de couper l'herbe sous les pieds des extrémistes religieux ! Quoi qu'il en soit, cette situation inadmissible nous interpelle tous. Là-dessus, le tout nouveau conseil islamique que préside Elhadj Omar Ismaël a vraiment du pain sur la planche. Dans ce tableau assombri, une lueur d'espoir nous vient tout de même de la grande Zawiya de Kiota. Pour avoir vu venir le problème, feu Cheikh Aboubacar Hachim insistait particulièrement sur l'unité des croyants autour des mosquées. Et il avait lutté en parole et en actes contre une séparation trop prononcée des Mosquées. Car unité des croyants et unicité divine, disait-il, sont les deux faces d'une même médaille. Mais les habitudes ont la vie dure. Ainsi, dans le voisinage immédiat de Kiota, les villages dont certains ont à peine « la taille d’une case », en sont arrivés à inaugurer leur troisième voire quatrième Mosquée, toutes en activité, pendant que la ville de Kiota, le chef-lieu de la commune, elle, continue encore de s’en tenir jalousement à sa seule et unique grande Mosquée. J'ai bien peur que ce ne soit là l’exception qui confirme une triste règle. Quoi qu’il en soit, le cas de Kiota reste un cas à méditer.
Barham Cheikh
24 Al Maoulid n°007 du 10 avril 2006 - 53e édition de Kiota
VJS3JC « Fofo », Dr. Florent ! Il serait difficile d'être un ressortissant de l’Afrique de l’Ouest sans avoir jamais entendu parler du célèbre Dr Florent du centre hospitalier St Jean de Tanguieta en République du Bénin. Son hôpital est considéré comme étant le dernier recours pour les patients en détresse. Florent a la réputation de ressusciter pratiquement ses malades ! Les patients qui échouaient dans son centre, après avoir bien souvent épuisé tous les recours et toutes les ressources, ont bien du mal à ne pas voir dans les succès phénoménaux de ses prestations un acte de miracle !
Très ami avec le Cheikh, Dr Florent a toujours réservé un accueil spécial aux patients envoyés par le Cheikh. Outre cette grande diligence, Florent, qui avait eu une correspondance régulière pendant plus d’une décennie avec ce dernier, avait de tous temps rêvé de lui rendre une visite de courtoisie. Mais, débordé de tous côtés, il n’en avait jamais eu, hélas, l'occasion du vivant du Cheikh comme il l’aurait souhaité. Et lorsqu'un matin il en prit la ferme décision, quelle ne fut sa surprise d’apprendre, 48h plus tard, le décès du Cheikh !
Arrivé au Niger en février pour la première fois dans le cadre du tournage d'un documentaire sur les activités de son centre, en collaboration avec la télé Sahel, il ne pouvait ne pas faire les 125 km pour se recueillir sur la tombe du Cheikh. Et le jour-là, l’accueil qui lui était réservé était plus que chaleureux, à la mesure du personnage. Tous ses anciens « disciples », comme aimaient à dire les habitants pour désigner ses ex-patients, étaient là au grand complet et en pleine forme pour le grand bonheur du médecin. Très ému, il avait dit avec humilité ne pas mériter tant d’attention avant de remercier la population et d’exprimer toute sa joie pour ces retrouvailles.
« Je ne guéris rien, je ne ressuscite rien, je ne suis qu’un instrument de Dieu ! » assurait-il dans son discours. Pour la population, le Dr Florent était un ami avant d’être le blanc, le chrétien, le médecin, le professeur, le naturaliste, l’humaniste, l’africain. Il est l'ami des musulmans et de tous les désespérés. Il avait ceci de surprendre tout le monde par sa simplicité, sa modestie et sa très grande générosité. À un étudiant en médecine qu’il rencontra à Kiota, il dit « Je veux que tu viennes en Stage dans mon centre, comme ça tu apprendras tout ce que je sais » avant d’ajouter « l'important est que tu arrives là où je suis arrivé et non de passer par mes étapes, non ? ». Quel cœur ! Comme le disait Mozart, le vrai art est à transmettre ! La médecine aussi n’est-elle pas quelque part un art ? Il faut reconnaître vraiment que Dr. Florent en détient un bon bout. La preuve en est qu’il tenait à transmettre son savoir, tout son savoir, aux générations futures.
Après un recueillement fort en émotions sur la tombe du Cheikh, suivi d’une entrevue avec le Khalife, il prit tout son temps, malgré un agenda très surchargé, pour jeter ça et là quelques regards, j’allais dire médicaux, sur certains de ses patients. Au terme de cette visite, le grand toubib, l’air très ravi, prit congé en laissant derrière lui une population tout aussi satisfaite et heureuse.
Si vous voulez savoir à quoi ressemblerait un peu Jésus-Christ quand il sera ressuscité, alors vous n’aurez qu’à regarder ce Docteur ! Marham Cheikh A! Maoulid n°Oir du 20 avril 2006 - 33e édition de Kiota
AUTRES MAOULIDS
Que veulent donc les américains ? Tchota ou Tchida !
Cheik Kida
Situé à 40 km de Niamey sur la route de Hamdallaye, Kida est connu pour être un des plus grands foyers du tidjanisme au Niger. La ressemblance entre Kida et Kiota n’est pas seulement d’ordre sémantique mais elle est plus profonde et plus mystique que ne le disent les lettres. Ici le Bâtine a rejoint le Zahir pour le grand bonheur des esprits avertis. D’où cette appellation de « Kiota Kaïna » ou Kiota en miniature, si empreinte de politesse dont on l’affublait.
Ici, le maoulid a atteint depuis longtemps un niveau impressionnant en taille et en maturité. Situé à quelques encablures de la capitale, Kida est une destination privilégiée pour les citadins soucieux de s’offrir un maoulid intense en forme d'un pèlerinage. À l’image de Kiota, l’existence des maoulids périphériques n’a jamais pesé sur la progression de celui de Kida. Au contraire. Sans jamais trébucher tout au Long de son parcours, le maoulid de Kida poursuit encore résolument son glorieux destin. Alors il ne faut plus s’y méprendre, Kida n’est pas une copie certifiée conforme de Kiota encore moins sa copie en miniature, mais, pour tout dire, Kida et Kiota, c’est tout simplement kif kif. Depuis qu'un certain Ben Laden avait eu la sale idée de réveiller violemment l'Amérique de son sommeil de géant, celle-ci a le plus grand mal à trouver ses marques face aux musulmans. Si les méchants, ou supposés tels, continuent d’être punis sous des tonnes de bombes et dans des prisons de non droit genre Guantanamo et Abou Ghraib, les autres, tous les autres, quant à eux n'ont qu'à bien se tenir ! Désormais ils sont eux aussi soumis à une « violence organisée » que mène une redoutable machine américaine d’espionnage et de propagande à tous les niveaux. Dans cette nouvelle « croisade de charme » américain, il faut aussi compter parfois avec des cafouillages propres à vous Assommer! Tenez par exemple! Cette extraordinaire histoire de conférences foraines organisées à tour de bras, il y a quelques mois, par le centre culturel américain sur la tolérance en islam, associé à je ne sais quels autres sujets, et à l’issue desquelles des marabouts ont sillonné le pays pour haranguer les croyants. Et c’était sous l’œil implacable d'une marraine en tenue toujours si peu pédagogique en terre d’islam qu’elle suscitait à elle seule, partout où passait la délégation, ires et scandale, malgré son âge avancé...
Personne ne demandait à Mme Sita Liane Shakrawarti, puisque c’est d’elle qu’il s’agissait, de porter un hidjab mais simplement d’être discrète et respectueuse de la sensibilité de ces gens qui l’ont toujours accueillie dans le respect. Il faut qu’elle se dise que la tolérance qu'elle était venue - on ne sait trop - quémander ou enseigner, ne devrait pas seulement venir des seuls musulmans. N'est-ce pas un acte d’intolérance de sa part que de vouloir coûte que coûte en mettre plein la... vue à ces musulmans paisibles sa façon d’être occidentale? Ailleurs, cela s’appelle simplement du fanatisme primaire. À Kiota, où la caravane était passée le 25 janvier, les croyants, comme à Taccoutumée, étaient sortis nombreux l’accueillir. Mais, au fur et à mesure du déroulement du « prêche », le sentiment d’une frustration était nettement perceptible. Cette « tournée islamique » malgré les apparences, agaça les croyants à plus d’un titre : Non seulement, ce prêche censé être islamique était régenté, à vue d’œil, d’une main de maîtresse par une non-musulmane et, pour enfoncer le clou, les prêcheurs du jour étaient des personnages tout ce qu’il y a d’éloignés de la sphère tidjane ! De sorte qu’un moment, la conférence avait failli être désertée par le public qui n’y croyait plus, n’eût été la sagesse légendaire des musulmans tidjanes que nous sommes. Alors si cette « sortie » de Mme Sita Liane visait à sonder notre tolérance, qu’elle sache qu’elle en avait atteint ce jour-là les limites. Et là-dessus, on ne peut que l’inviter vivement à revoir tout simplement sa copie. Cependant la ville sainte de Kiota qui a toujours accueilli ses hôtes avec joie, reste toujours une ville de tolérance et d’amour, une ville disponible pour recevoir tous ceux qui veulent bien la respecter. Tout comme elle l'était du reste bien avant le passage de cette caravane. Ici, ni américains ni danois, ni israéliens, ni chrétiens ni musulmans, personne n’est en territoire ennemi. Tout le monde est chez lui. Comme quoi notre hospitalité et notre tolérance sont pour Dieu seul. Car elles font partie de ce prestigieux et irremplaçable héritage que le Cheikh nous a légué. Mais, encore une fois, elles ne sont pas sans une limite.
Très amicalement,
Amadou Ali
26 Al Maoulid à 00 du II) avril 2006
53 édition de Kiota
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VJSJ3E
L'Ambassadeur Français François Ponge à Kiota...
A l'inverse des américains, les français se préoccupent apparemment très peu de ce que pensent les musulmans d'eux. Ainsi, malgré le poids de L'histoire. Jamais un représentant français n’a mis le pied à Kiota, premier foyer de l'islam au Niger. Mais depuis le 26 février, cette lacune semble être quelque peu comblée avec la visite « historique » de l’ambassadeur français M. François Ponge à Kiota. Venu saluer le Khalife en toute simplicité, le représentant de la France, qu'une vieille femme prit pour De Gaulle, eut droit à un accueil grandiose. Après s'être entretenu avec le khalife, il effectua plusieurs visites dans la ville. Visiblement ravi de son accueil et de sa découverte pour le moins inattendue de la communauté de Kiota, le français, tout au long de sa visite, n’a pu réprimer un large sourire qui l'aidait si bien à cacher son grand étonnement.
L’ambassadeur d’Algérie Hamid Boukrif chez le Khalife
Le 11 février 2006, le nouvel ambassadeur d’Algérie accrédité au Niger était venu à Kiota. M. Hamid Boukrif, c’est son nom, était accompagné de son conseiller M. Khaled Alleg. Après un accueil populaire suivi d’un tête-à-tête avec le khalife et d’une Visite au mausolée, l'ambassadeur s’était estimé très honoré. On se rappelle avoir vu par ici à peu près tout le monde, sauf la France ! En effet, le manque d'intérêt de ce pays envers les « mahométans », comme ils disent encore là-bas, ne date pas d'aujourd’hui. Se souvient-on d’une seule mosquée construite par la France chez elle, ailleurs ou dans ses colonies ? Ce pays abrite pourtant pas moins de quatre millions de musulmans aujourd'hui ! Il vaut mieux tard peut-être que jamais. La France était certes venue à Kiota, mais bien longtemps après les Américains, les Belges, les Suisses, les Allemands, les Monégasques, les Japonais, les Iraniens, les Marocains, les Algériens et que sais-je encore ! Le 11 septembre 2001 est sans doute passé par là ! Avec cette visite, et malgré son côté opportuniste sans lendemain, on sent un vent tourner. Reste à savoir en faveur de qui. Dans tous les cas, pour la population et surtout pour ces masses de déshérités, ces genres de visites n’apportent concrètement rien de neuf. Aux diplomates de passage à Kiota de comprendre que la population locale préfère de loin une cérémonie de distribution d’aides alimentaires ou médicales à mille cérémonies d'accueil, si grandioses soient-elles ! Amadou Ali heureux et impressionné de sa visite. Le diplomate était aussi porteur d’une lettre officielle d’invitation pour le khalife à se rendre en Algérie. Rappelons que l’Algérie abrite l’une des sources du tidjanisme à Ain Maadi, la ville où le fondateur de la voie cheikh Ahmed Tidjani vit le jour.
L’embargo Saoudien
Le système wahhabite est sans doute le système le plus manichéen du monde ! L’Arabie Saoudite, pays phare de cette idéologie, est un pays avec lequel nous partageons cette grande religion faite d’amour et de mansuétude qu’est l’islam, mais c’est un pays qui est resté fermé, si je peux dire, sur tous les autres courants islamiques même quand ils existent sur son sol. La raison en est toute simple : Incompatibilité du wahhabisme avec tout courant islamique autre que le wahhabisme lui-même. C’est à ne rien comprendre de voir les grands de ce monde avaliser pour nouer des relations avec les musulmans soufis en général et les tidjanes en particulier à la différence du royaume saoudien. Cette idéologie qui aspire pourtant à régenter l’islam mondial, s’est toujours montrée incapable et insouciante d’unifier les musulmans, alors même que ses rivaux, les chiites, les chrétiens et que sais-je encore, savent désormais dépasser le cadre idéologique étroit pour essayer de s’ouvrir aux autres courants et idéologies. Le wahhabisme, une idéologie médiévale et bornée ? En tous cas avec la visite de l’ambassadeur français à Kiota, l’Arabie Saoudite vient de céder encore honteusement le pas à un pays occidental. Pourvu que les sionistes, à leur tour, ne prennent le pas sur eux dans ce domaine...!
Al Maoulid n°007 du 20 avril 2006 - 53e édition de Kiota
AUTRES MAOULIDS
BANI KOSSEYE : HUIT ANS DÉJÀ !
Situé à quelques 65 km de Niamey sur la route de Balleyara, Bani Kosseye est un village en chantier. Il Vient récemment de s’installer sur le bord du bitume au terme d'un litige foncier qui avait persisté pendant de longues années. Le village de Kosseye avait néanmoins fêté en 2005 son sixième petit maoulid. Lorsque nous l’avions visité, Cheikh Oumarou Kosseye, le Mouquaddem de la place, n’avait qu’un seul souci en tête : achever les travaux de la magnifique mosquée en chantier qui trônait au milieu du village. Aujourd'hui, depuis le 17 mars, c’est chose faite et le village abrite même un puissant centre de téléphonie mobile.
Le maoulid de Bani Kosseye n’a jamais trouvé ses marques que depuis que le village a changé de site. Et pourtant c’est un maoulid qui n’a que sept ans et, déjà, chaque année draine plus de monde que la précédente. Ici, depuis quelques années, l’animateur principal du maoulid s’appelle Alfa Idrissa Godou, une voix familière à la fois militaire que l’on trouve sur les ondes de la radio. Une nuit de zikr est une nuit avec Alpha Idrissa Godou.
Assemblées de zikr à Kiota : Les oulémas d’el-Azhar aux premières loges. loges ! L'Egypte rédige, le Liban imprime et l'Irak lit ! Ce célèbre adage tout à l'honneur de la République arabe d'Egypte, atteste de la place primordiale de ce pays au sein de la nation arabe notamment dans le domaine des sciences. Pays de la très prestigieuse El-Azhar (une université qui avait depuis une décennie fêté ses mille ans), l’Egypte a aussi produit le prix Nobel du monde arabe dans le domaine des lettres et très probablement celui de la chimie aussi. Masr, comme l’appellent affectueusement les Égyptiens eux-mêmes, est surtout un pays modéré où l’islam dit sunnite est vécu sainement au quotidien dans toutes ses obédiences, sans heurts et sans anicroches. Voilà un levier pour comprendre un peu pourquoi les coopérants égyptiens d’El-Azhar qui vivent en grand nombre à Kiota n’ont jamais eu maille à partir avec les pratiques du Wird Tidjane. Car il suffisait à ces grands érudits de lire nos textes pour les voir s’installer à la première loge dans nos cercles de zikr. Et plus d'une fois, il était arrivé qu'un Égyptien d'Al Azhar dirige, de bout en bout et d’une main ferme, toute une séance de Hadra dans la Zawiya de Kiota! «Le cœur et l’âme de l'Islam sont dans le zikr» avait dit un de ces Égyptiens. «Le zikr c'est le sel de la foi» a ajouté un autre. Qui a dit que le Wird est une abominable innovation? À moins de se prendre pour plus savant que le savant et plus arabe que l'Arabe (le fondateur de la voie tidjane était lui aussi un Arabe, qui plus est, un shérif), une telle prétention n'est-elle pas, de la part de ses auteurs, la preuve d’une méprisable imposture?
Amadou Ali
AI Maoulid n°007 du 10 avril 2006 - 53e édition de Kiota
Le hidjab, pour ou contre qui? Les femmes voilées courent vraiment les rues! Elles font partie du décor des grandes villes, pas seulement en Orient, mais aussi en Occident et même, désormais, en Afrique noire. Mises à part les maladroites tentatives françaises de s'en protéger (du moins Dans ses écoles publiques, aucun autre pays ne semble vraiment s’en émouvoir. En tous cas, pas tant que ça ! Le hidjab dit intégriste est, indéniablement, un signe politique et idéologique islamiste de premier plan. Son port résulte sans aucun doute d’une imposition féroce de la part des islamistes radicaux. Non, pas toujours nous dit-on dans un livre intitulé : Les voilées de l'islam. Le port du hidjab découle bien souvent, assure l’auteur, de l’arbitre des femmes elles-mêmes, pas seulement parce qu’elles sont des dévotes confites mais parce qu'elles sentent la nécessité vitale de se préserver de tous ces obsédés qui écument les rues arabes et musulmanes ! Ce qui est sûr, l’islam n'a jamais fixé un modèle type de foulard. C’est pourquoi dans l’univers arabo-islamique, il existe autant de foulards que de tribus. Les foulards, appelés communément Hidjab, existent sous toutes les formes et couleurs, et de tous les noms. Depuis des millénaires, chaque peuple a dû en tailler (le ou les siens) à la mesure de ses traditions et de ses goûts. Ainsi, du Maroc à l’Indonésie, de la Bosnie au Yémen, les voiles sont d'une infinité de formes et d'appellations. Entre autres : Hidjeb, Neequab, Khimar, Bouchqa, Chila, Haïk, Alr, Borqua, etc. On ne compte plus les noms et les types. Néanmoins, leur rôle reste partout le même : satisfaire à une injonction islamique faite à la femme de mettre certaines parties de son corps à l'abri des regards indiscrets.
Le voile, qui est un habit comme un autre, avant d’être un signe religieux, aurait pu passer inaperçu s'il n'avait été instrumentalisé par les islamistes radicaux, avec l’intention non voilée de maintenir une chape de plomb sur la femme, mais aussi d'en faire un instrument de marquage de leurs territoires. Certains intégristes vous disent l’exiger pour le bien de la femme, d’autres, pour s’affirmer contre l'Occident et même contre certaines idéologies différentes. Quant aux sœurs, elles disent le porter soit pour se conformer à une prescription. coranique, soit parce que c’est leur tradition, si ce n’était pour se protéger des hommes trop voyeurs ! C’est à se demander pour qui ou contre qui est porté finalement ce fameux hidjab. Et Dieu dans tout cela ? Si jamais la guerre des muselières devait avoir lieu, elle aurait toutes les chances de se faire sans les premières concernées à savoir, les femmes ! Car dans les rues, MOULTAZIMATES (femmes voilées) et SAFFRATES (femmes non voilées) continuent de se côtoyer, non sans quelques préjugés parfois certes, mais toujours dans la paix et la convivialité et jamais avec animosité !
Barham Cheikh
Et les Djinns s'en mêlent !
Que n’a-t-on pas vu et entendu dans le feuilleton du hidjab au Niger ! Détournements, mises en scène, corruptions, mensonges et menaces. Ainsi lors de certaines séances « d'exorcismes coraniques » de certaines maladies notamment mentales que les intégristes copient désormais sans vergogne sur le modèle évangéliste, les « djinns » n'hésitaient pas à proposer le hidjab comme remède aux maux dont souffraient les patientes. Les parentes des malades, elles-mêmes, étaient sommées d'en porter sous peine de subir le même sort ! On se rappelle aussi de ce fameux « Génie tchatcheur » qui défraya un moment la chronique à Niamey et même dans certaines villes de l'intérieur. C'était un djinn, paraît-il « velu et barbu », qui hantait les nuits des quartiers sombres et qui, menaçant et vociférant gourdin à la main, exigeait aux femmes, même porteuses d'un foulard traditionnel, le port du hidjab intégriste. Inutile d'insister, ce djinn était très tenace. Il n'acceptait aucune autre forme de foulard en dehors du sien, le hidjab intégriste ! En réalité, en lieu et place de djinns, il ne s'agissait que des yan-agaji (milice islamiste) qui, la nuit tombant, écumaient les quartiers obscurs en se déguisant en épouvantails pour menacer et même molester les femmes non porteuses de hidjab intégriste, tout en leur enjoignant l'ordre d'en porter pour la vie. Sinon... Est-ce à dire que ce hidjab était devenu déjà si impopulaire au point d'exiger l'usage des moyens aussi musclés? Al Maoulid n°00 du 10 avril 2006 - 53e édition de K loin 29 ZJV^S
Publications et auteurs
Les voilées de l’islam
La rencontre complexe Occidents et islams
Hinde Taarji, une journaliste marocaine musulmane, et non moins féministe chevronnée, « gavée d’occidentalisme » selon ses dires, mais jalouse de sa culture musulmane, a parcouru pendant des longs mois, du Kuweit, du Liban, de la Turquie, les sentiments de ces Akhawaates (sœurs) dans un livre fort instructif. « Les voilées de l'islam » est une enquête révélatrice des ambiguïtés, des outrances et aussi des espérances de ces femmes. La préface, de descendre un peu plus au sud pour compléter son enquête et peaufinée elle-même, nous a laissé hélas quelque peu sur notre faim.
Mondes occidentaux et mondes de l’islam s'interpénètrent de manière croissante. Migrants, touristes, étudiants, hommes d’affaires circulent. Institutions et États se rencontrent. Télévisions et autres médias se renvoient des images. Réciproques. L’histoire de la rencontre entre islam et occident pèse lourd sur le présent. Des événements dramatiques, de la Palestine à Madrid en passant par le 11 septembre, marquent ces relations de leur empreinte. La crainte de l’islamisme touche les occidentaux. Le sentiment de domination désespère les musulmans. Des opinions s’affrontent.
Felice Dassetto tente de faire une sociologie de cette rencontre contemporaine, dans toute sa complexité et sa profondeur. Il essaie de saisir sa nouveauté, afin d’envisager des ouvertures pour l’avenir. Il pointe les grandes discordes entre mondes occidentaux et islams, non pas pour conclure à un affrontement inéluctable, mais pour identifier les obstacles à une rencontre inévitable. S’il explore les multiples facettes que l’islam offre à l’Occident, il tente aussi de saisir les multiples formes que l’Occident montre à l’islam. L’auteur essaie de dégager le rôle et la place de l’Europe, le monde occidental le plus proche d’une partie importante du monde musulman. Parviendra-t-elle à élaborer une politique islamique spécifique ? Jouera-t-elle un rôle actif ou restera-t-elle à la traîne de la dérive de l’affrontement ? L’enjeu de la rencontre entre deux mondes, musulmans et Occidentaux, sera de parvenir à penser les relations présentes et à venir en leur intégrant la profondeur civilisationnelle respective.
Professeur FELICE DASSETTO
Francophone d’origine italienne, le professeur Felice Dassetto est un auteur très prolixe. Il a publié coup sur coup dix livres de bonne facture sur l’islam et le monde musulman. Avant la sortie de son dixième livre, il fit un voyage à Kiota en notre compagnie avec M. Makama Bawa où il séjourna pour 24h. Aussitôt rentré, il nous envoya un exemplaire de son magnifique livre intitulé : La rencontre complexe. Occidents et Islams (notez bien le pluriel des noms !). Et le professeur prit soin d'y apposer la dédicace suivante : « À la Zawya de Kiota et à la communauté tidjane, avec estime et reconnaissance » signé Felice Dassetto. À la préface de Ce bouquin on peut lire : « Docteur en sociologie et professeur ordinaire à l'Université catholique de Louvain, Felice Dassetto est responsable du Centre Interdisciplinaire d’études de l’Islam dans le Monde Contemporain (CISMOC) où il coordonne un programme de recherche comparative sur les transformations locales de l'islam en lien avec la mondialisation. Il poursuit tout particulièrement des travaux de recherche sur l'islam en Europe et dans les pays d’Afrique occidentale. »
Vivement la onzième parution.
Al Maoulid n°007 du 10 avril 2006 - 53e édition de Kiola
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