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Insécurité au Sahel : l'Etat existe-t-il encore ?
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- Title
- Insécurité au Sahel : l'Etat existe-t-il encore ?
- Publisher
- Le Pays
- Date
- August 16, 2020
- Abstract
- L’insécurité au Burkina et plus particulièrement à Djibo, est en passe de devenir un sujet banal, tant il ne se passe pas un seul jour sans qu’on y enregistre un cas d’enlèvement, d’assassinat ou encore d’attaques contre les symboles de l’Etat. Rien que le 15 août dernier, l’Imam de cette grande ville du Nord du Burkina, Souaibou Cissé, pour ne pas le nommer, y a été retrouvé assassiné. Le corps du vieil Imam a été retrouvé dans les encablures de Djibo et plus particulièrement dans le village de Tibéré. Il faut rappeler que l’infortuné avait été enlevé le 11 août dernier à Gaskindé (province du Soum) par des terroristes alors qu’il revenait de la capitale, Ouagadougou. Et comme d’habitude, l’acte a été posé entre Namsiguia et Djibo. Et la distance qui sépare les deux localités, est seulement de 36 kilomètres. Pour les populations de Djibo et pour les tous les usagers de la nationale 22, ce tronçon représente celui de la mort. On l’aborde en se confiant seulement au Tout-Puissant, puisque les Forces de défense et de sécurité (FDS) semblent l’avoir abandonné.
- Subject
- Djibo
- FDS (Forces de Défense et de Sécurité)
- France
- Gaskindé
- Namsiguia
- Ouagadougou
- Roch Marc Christian Kaboré
- Souaïbou Cissé (?-2020)
- Soum
- Terrorisme
- Radicalisation
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0004915
- content
-
L’insécurité au Burkina et plus particulièrement à Djibo, est en passe de devenir un sujet banal, tant il ne se passe pas un seul jour sans qu’on y enregistre un cas d’enlèvement, d’assassinat ou encore d’attaques contre les symboles de l’Etat. Rien que le 15 août dernier, l’Imam de cette grande ville du Nord du Burkina, Souaibou Cissé, pour ne pas le nommer, y a été retrouvé assassiné. Le corps du vieil Imam a été retrouvé dans les encablures de Djibo et plus particulièrement dans le village de Tibéré. Il faut rappeler que l’infortuné avait été enlevé le 11 août dernier à Gaskindé (province du Soum) par des terroristes alors qu’il revenait de la capitale, Ouagadougou. Et comme d’habitude, l’acte a été posé entre Namsiguia et Djibo. Et la distance qui sépare les deux localités, est seulement de 36 kilomètres. Pour les populations de Djibo et pour les tous les usagers de la nationale 22, ce tronçon représente celui de la mort. On l’aborde en se confiant seulement au Tout-Puissant, puisque les Forces de défense et de sécurité (FDS) semblent l’avoir abandonné.
Les populations souffrent aujourd’hui le martyre
Et comme la nature a horreur du vide, les forces du mal l’ont logiquement récupéré. Et elles y sévissent en toute tranquillité. Les rares téméraires qui osent encore fréquenter ce tronçon, sont formels : l’Etat burkinabè n’y exerce plus sa souveraineté. L’effet induit est que Djibo se voit privée de tout et les populations déjà éprouvées par la rigueur du climat et l’aridité des sols, ne savent plus à quel saint se vouer. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les populations souffrent aujourd’hui le martyre. En tout cas, elles croient de moins en moins aux discours des autorités. Car, ceux-ci sont rarement suivis d’actions. L’on se souvient encore, en effet, des propos tenus par le président du Faso, alors qu’il était en visite surprise dans la ville de Djibo. C’était en juin dernier. A cette occasion, il avait martelé, sur un ton on ne peut plus martial, ceci : « Je m’emploierai à ce que l’Etat retrouve toute la plénitude de son autorité et que les populations déplacées retrouvent leurs terres à Djibo ». Trois mois après ce beau et rassurant discours, l’on constate que l’on est encore loin du compte. On peut même avoir l’impression que la tirade présidentielle a galvanisé davantage les forces du mal au point qu’elles ne se cachent même plus pour agir. En tout cas, Roch Marc Christian Kaboré doit se poser des questions et les bonnes en ce qui concerne l’insécurité au Burkina et plus particulièrement dans le Soum. Au delà du Burkina, c’est l’ensemble des dirigeants des pays du Sahel qui doivent faire l’effort de se poser les bonnes questions à propos de l’insécurité, pour autant qu’ils aient un minimum d’empathie pour les populations. Car, ces dernières sont en train de payer un lourd tribut, au propre comme au figuré, aux terroristes qui écument nos villes et campagnes. Et c’est le dénominateur commun du Burkina, du Mali et du Niger. Pour aller plus loin dans le vocabulaire mathématique, l’on peut dire que l’insécurité liée au terrorisme, est l’identité remarquable de ces trois pays. Et c’est pour cette raison, peut-on dire, que la France est en train, excusez le barbarisme, de les « rougir ».
Les engagements des princes qui nous gouvernent, n’engagent que ceux qui y croient
Cette extension du rouge à pratiquement toutes les localités de ces pays, intervient moins d’une semaine après l’attaque de Kouré au Niger. En rappel, six Français y avaient perdu la vie. Cela a suffi pour que les autorités françaises prennent des mesures fortes pour protéger leurs populations, allant jusqu’à peindre pratiquement des pays entiers en rouge. Cette attitude peut froisser les autorités des pays concernés, mais nul ne doit jeter la première pierre aux autorités françaises d’avoir agi ainsi. Car, là-bas, la vie d’un homme est précieuse. Et l’on peut être sûr que la France vengera ses six morts. En tout cas, le Premier ministre l’a promis. Et la parole donnée au pays de De Gaulle, est sacrée. Sous nos tropiques, l’on peut avoir l’impression que les engagements des princes qui nous gouvernent, n’engagent que ceux qui y croient. L’autre impression que l’on peut avoir, est que les souffrances des populations, leurs martyrs et toutes les misères qu’elles subissent relativement aux exactions des terroristes, ne comptent pas beaucoup. En tout cas, les réponses qu’elles apportent aux terroristes, ne dérangent nullement ces derniers dans leur plan de destruction de l’Etat au Sahel. En tout cas, l’on peut se permettre de se poser la question de savoir si l’Etat existe encore au Sahel. La France y a déjà répondu par la négative. C’est pourquoi elle invite fortement ses ressortissants à s’abstenir de s’aventurer du côté du Mali, du Niger et du Burkina. Et personne ne doit s’en offusquer dans ces trois pays. En effet, tout concourt, au regard de la récurrence des attaques terroristes et surtout au regard du fait que les autorités de ces pays sont incapables de les réduire, à accréditer la thèse selon laquelle le requiem de l’Etat a été déjà prononcé au Sahel. Tout ce qui reste aux dirigeants, c’est de se fendre de discours de compassion à l’endroit des victimes du terrorisme à chaque passage des malfaiteurs des temps modernes.