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Fête de la Tabaski : "Ne vous endettez pas pour immoler un mouton", Dr Inoussa Compaoré
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- Title
- Fête de la Tabaski : "Ne vous endettez pas pour immoler un mouton", Dr Inoussa Compaoré
- Creator
- Adama Sedgo
- Publisher
- Sidwaya
- Date
- July 29, 2020
- Abstract
- Les musulmans du Burkina célèbrent demain, le 31 juillet 2020, l’Aïd-el-Kébir communément appelé fête de la tabaski ou du mouton. Dans cet entretien, le Dr Inoussa Compaoré, imam de l’Association des élèves et étudiants islamiques du Burkina (AEEMB), revient sur le fondement de cette célébration et donne des conseils pratiques aux fidèles.
- Subject
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- FDS (Forces de Défense et de Sécurité)
- Inoussa Compaoré
- Présidentielle (2020)
- Pèlerinage (hadj)
- Terrorisme
- Radicalisation
- Spatial Coverage
- La Mecque
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0004905
- content
-
Les musulmans du Burkina célèbrent demain, le 31 juillet 2020, l’Aïd-el-Kébir communément appelé fête de la tabaski ou du mouton. Dans cet entretien, le Dr Inoussa Compaoré, imam de l’Association des élèves et étudiants islamiques du Burkina (AEEMB), revient sur le fondement de cette célébration et donne des conseils pratiques aux fidèles.
Sidwaya (S) : Quel est le fondement de l’Aïd-el-kébir ou fête du mouton dans l’islam ?
Inoussa Compaoré (I.C.) : La célébration de l’Aïd-el-kébir remonte à l’histoire du prophète Ibrahim (Abraham) qui est la centralité du monothéisme pur. Que ce soit le christianisme, le judaïsme ou l’islam, tout part du prophète. Il est un fidèle serviteur de Dieu. Pour arriver à ce statut, il a gravi plusieurs échelons jusqu’à ce qu’il arrive à comprendre que l’arbre, le soleil, la lune ne sont pas Dieu. Il a rencontré beaucoup de difficultés et il fut même jeter dans un feu par le roi. Dieu a ordonné le feu d’être paix et miséricorde pour Abraham. Il était arrivé à un niveau de soumission qu’il a vu en songe. Dieu qui lui ordonnait de sacrifier son fils pour lui. Ainsi, il consulte son enfant et ce dernier qui est également un prophète va lui dire : « exécute ce que t’ordonne ton Seigneur, tu me compteras parmi les endurants ». Au moment où, il s’apprêta à accomplir l’ordre de son Seigneur, Dieu a ordonné l’ange Djibril de remplacer l’enfant par le bélier. Ce que nous accomplissons aujourd’hui est un acte de soumission absolue en Dieu. Dieu n’a ni besoin de la viande, ni du sang qui coule. Ce que Dieu cherche, c’est la piété avec laquelle on accomplit l’acte.
S : Qu’est ce qui est recommandé aux musulmans à l’occasion de la célébration de la Tabaski ?
I.C. : La fête a deux dimensions. Il y a d’abord la dimension cultuelle. Il est recommandé de faire le jeûne le jour jusqu’à l’immolation de l’animal. Il faut aller à la prière, se concentrer et suivre le message de l’imam. La fête, ensuite a une dimension sociale qui est très importante dans le contexte actuel de notre pays. Combien de Burkinabè ont quitté chez eux du fait de l’insécurité, ou du fait des inondations ? En la matière, il est attendu des Burkinabè, un devoir de présence auprès de toutes ces personnes qui souffrent. Il est même intéressant que si dans une famille, il y a cinq personnes qui peuvent immoler, que l’on décide de prendre deux ou trois moutons pour les déplacés, les orphelins et même les Forces de défense et de sécurité qui sont loin de leurs familles pour assurer notre sécurité. Le sacrifice demeure ton sacrifice. Seulement, il est accompli dans une autre famille en matière de nourriture. Même si, on a un seul mouton, on peut diviser la viande et donner une partie à ceux qui sont dans le besoin, au lieu de conserver la viande pendant des mois. La fête est un acte de solidarité et la solidarité, c’est l’état du cœur. Le Burkina est en train de traverser les moments les plus durs de son histoire et le pays a besoin que les fils et filles se tendent la main pour qu’on puisse traverser ensemble cette difficulté. En la matière, le musulman est interpellé par sa foi qui lui impose d’assister, de faire la miséricorde. La célébration est un moment où les invocations sont acceptées. Le musulman est invité à prier pour la sérénité et la sécurité du pays. Nous sommes en année électorale, nous connaissons tous, les conséquences d’un dérapage. Nous devons prier pour que Dieu donne une issue favorable aux familles en difficulté, prier pour les malades.S : Quels sont les types d’animaux qui peuvent être immolés ?
I.C. : Il y a quatre types d’animaux qui peuvent être immolés. Le bélier, la chèvre, le bœuf et le chameau.
S : Qui est autorisé à immoler ?
I.C. : Celui qui a les moyens peut le faire. Même si un enfant a les moyens, on peut le faire à son nom. De tous les actes, l’acte le plus aimé de Dieu au jour de la Tabaski, c’est l’immolation. Ne mettez pas l’argent dans les habits, dans les boissons et dire après qu’on n’a pas les moyens pour faire le sacrifice.
S : Il y a des musulmans qui s’endettent pour s’offrir le mouton à immoler. Est-ce conseillé en islam ?
I.C. : Le prophète Mohamed a une fois immolé deux animaux. Le premier, c’est pour sa famille et lui. Quand il immolait le deuxième, il a dit : « ça, c’est pour tous ceux de ma communauté qui viendront par la suite et qui n’auront pas les moyens pour faire le sacrifice ». Celui qui n’a pas les moyens, le prophète a déjà immolé à son nom. On ne doit pas s’endetter pour immoler. Dieu même a dit qu’il n’impose à une âme, une charge qu’elle ne peut pas supporter. Dieu connaît mieux notre situation que nous-mêmes.
S : De plus en plus, une concurrence s’installe dans des quartiers sur le nombre ou la qualité de moutons immolés dans les familles? Que dit l’islam par rapport à ce comportement ?
I.C. : Si nous étions dans une dynamique de partager avec les autres familles en difficulté, est-ce que cette concurrence va s’installer ? C’est ceux qui n’ont pas compris le sens véritable du sacrifice qui se mettent dans cette situation. La finalité est la satisfaction de Dieu. La concurrence utile, c’est celle dans l’accomplissement du bien pour la satisfaction de Dieu. Les familles qui se concurrencent par rapport au nombre de moutons ou à la qualité, elles ne sont pas dans la véritable dynamique du sacrifice enseigné par le prophète Mohamed.
S : Des vendeurs et de surcroît certains adeptes de la religion font des spéculations sur les prix des animaux à l’approche de la fête. Cette pratique est acceptable?
I.C. : Ce n’est pas du tout acceptable. C’est de l’injure à notre spiritualité. Nous ne devons pas être dans cette dynamique. Ces commerçants n’ont pas compris que ce qui importe, ce n’est pas la quantité, mais la bénédiction que Dieu fait à leurs avoirs. Tu fais de la surenchère, tu vas prendre l’argent, mais Dieu peut t’imposer des épreuves. C’est un acte de miséricorde d’accompagner les fidèles à accomplir leurs devoirs.
S : Les Burkinabè et des ressortissants de plusieurs pays ne sont pas allés cette année à La Mecque pour le pèlerinage. Comment percevez-vous cette situation ?
I.C. : Ce n’est pas une première fois que cela se produit. Nous saluons d’ailleurs cette décision sage des autorités saoudiennes. Pour cause de plusieurs pandémies, le pèlerinage a été suspendu aux pays externes. C’est d’ailleurs conforme aux enseignements du prophète Mohamed qui dit : « Quand une épidémie se déclare, ne rentrez pas dans cette ville et ne ressortez pas de cette ville ». Le pèlerinage, qui regroupe souvent plus de 3 millions de personnes, pourrait être un foyer de propagation de la maladie. A tous ceux qui avaient l’intention d’accomplir le pèlerinage, si leur intention était sincère, Dieu a agréé leur pèlerinage, alors qu’ils n’ont même pas fait le déplacement. Par juste l’intention, une personne peut avoir les mérites d’un acte sans l’avoir accompli.
Réalisée par Adama SEDGO
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