Article
Hadj'98 : toute la magouille devant le conseil des ministres
- Title
- Hadj'98 : toute la magouille devant le conseil des ministres
- Creator
- Mahorou Kanazoé
- Publisher
- Le Pays
- Date
- March 31, 1999
- Abstract
- Il aura donc fallu près d'une année, pour voir enfin se dénouer l'affaire de malversations qui a terni l'image des organisateurs du pèlerinage à la Mecque. Le Conseil des ministres va enfin examiner l'audit de l'Inspection générale d'Etat, sur la gestion du Hadj'98.
- Language
- Français
- Contributor
- Frédérick Madore
- Identifier
- iwac-article-0004835
- content
-
Hadj'98 : toute la magouille devant le conseil des ministres Il aura donc fallu près d'une année, pour voir enfin se dénouer l'affaire de malversations qui a terni l'image des organisateurs du pèlerinage à la Mecque. Le Conseil des ministres va enfin examiner l'audit de l'Inspection générale d'Etat, sur la gestion du Hadj'98.
Le Burkina Faso a été tenu, une année durant, en haleine par un dossier fort embarrassant qui confirme, la fameuse formule de Bongnessan Arsène Yé, l’ancien président de l’Assemblée nationale : “La morale agonise au Faso”. Même les secteurs naguère considérés comme sacrés sont pris d’assaut par les rapaces de tout acabit En mettant l’expertise de l’inspection générale d’Etat à contribution, le gouvernement a voulu mener une véritable opération de salubrité publique. Le résultat est probant. Non seulement toutes les formes d’opérations frauduleuses, utilisées dans de telles circonstances, ont été établies et leurs auteurs identifiés, mais en plus -et c’est peut-être l’essentiel -l’Inspection d’Etat a fait des suggestions et recommandations pour corriger le tir. Le redressement opéré dans l’organisation du Hadj’99 est sans doute à mettre, dans une certaine mesure, à l’actif de l’IGE. Au total, les irrégularités, constatées dans la gestion financière, comptable et patrimoniale de la CNOPM, s’élèvent à 225 millions de F CFA. La liste des irrégularités est longue : billets indûment pris en charge par la CNOPM, frais obligatoires non reversés, surfacturations, double comptabilisation, dissipation sur opérations de change, etc.
L’accusé principal, dans ces opérations est Seydou Ouédraogo, l’ex-secrétaire permanent du Hadj’98 qui s’est particulièrement enrichi grâce, entre autres, à des surfacturations dans les opérations de change (36 050 688 F CFA) et dans les dépenses de location d'immeubles en Arable Saoudite (90 139 920 F CFA).
L’autre volet des irrégularités concerné les opérations qui ont entraîné un déficit au niveau de l’organisation du Hadj’98. Là, les calculs de l’Inspection d’Etat ont abouti à la situation financière suivante ; total des recettes : 953 289 517 F- CFA ; total des dépenses : 1 094 519 099 FCFA ; soit un déficit de 141 229 528 F CFA. C’est à ce niveau qu’entrent en scène d’autres personnes qui, pour une raison ou une autre, se retrouvent redevables à la CNOPM. La nuance est Importante et l’IGE recommande que des mesures soient prises pour le recouvrement de ces créances qui s’élèvent à 72 908 500 F CFA. Sont concernés, Mahamadi Kouanda : 16 494 000 dont 4 594 100 F CFA pour billets indûment pris en charge par la CNOPM et 11 900 000 pour frais obligatoires non reversés ; Kouanda Omar : 3 220 000 F CFA pour frais obligatoires non reversés ; Kouanda Tasséré : 1 060 000 F CFA pour frais obligatoires non reversés ; Seydou Ouédraogo : 43 754 400 et la Présidence du Faso : 8 380 000. Que l’on cite la présidence du Faso peut intriguer. En fait, chaque année, le chef de l’Etat offre à la CNOPM un lot de billets d’avion et une enveloppe financière constituée de frais obligatoires et de pécules, à mettre à la disposition de la communauté musulmane. Ce manque à gagner de plus de 8 millions prouve donc que l’argent n’est pas totalement arrivé à destination...
A la lumière de toutes ces insuffisances, l’Inspection générale d’Etat a émis des suggestions et des recommandations. Ainsi, elle suggère, notamment que la CNOPM soit rattachée à une instance supérieure aux ministères comme 1a Présidence du Faso ou le Premier ministère, une réduction de l’effectif de la CNOPM, une maîtrise de la gestion des fonds de la CNOPM, une planification de l’organisation du Hadj, l’implication des Burkinabè vivant en Arabie Saoudite. Par ailleurs, l’inspection d’Etat propose que des poursuites soient engagées, d’une part, contre Seydou Ouédraogo et ses complices éventuels pour mauvaise gestion et malversations et, d’autre part, contre les débiteurs de la CNOPM.
Ce rapport, quoique traduisant le sérieux de l’IGE, laisse planer des zones d’ombres. Pourquoi le député Kouanda n’a-t-il pas été entendu par l’IGE, comme tous les acteurs du Hadj’98 ? Son immunité parlementaire lui interdit-il toute audition, d’autant qu’il n’est pas accusé de détournement ? Il semble, par ailleurs, qu’une personnalité a tenté à l’époque, d’influencer l’enquête de l’IGE. Lui aussi ne fut pas l’objet d’un intérêt particulier de la part de l’IGE. Mais l’institution a sans doute ses raisons que le commun des mortels ignore...
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