o:id 12075 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12075 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12087 19630 19631 19632 19633 19634 19635 19636 19637 19638 19639 19640 19641 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/f46952caa2da25515cb893feb3d28340121aac51.pdf https://islam.zmo.de/files/original/e53ea61c93a9182b82277923f1d1cf9ea642e182.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/7146d4d09c7709391e28c36c78d541ba1416903f.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/d0c9f175c8b1818c7f58bee7934e8617d75d6f62.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/3375533138e2b6dccd87e49d4bd243a610a9ff5e.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/04fda82a5e788d7b8e3512b9744871074078e890.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/07887bbd3cbe8c9b2cbfbd2c5435de7df45cf810.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/b543fa47806b650ad65aa79cbe84157f23b81433.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/8ae7f37b13f2be8c3411feb84e9ad393f23a65b2.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/f52f07a92ecee3a37fdeb2e2a0221c65da1e3fa3.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/6a854c3655be7cd099f52b9eb221a0747a37ff24.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/90ec631e940083c7352a4845a1640d5c308bd9fd.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/255dbb6aafe32d4296285490262e379745bd3e84.jp2 dcterms:title Le CERFIste #13 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/945 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/662 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/13 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/56 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/20 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1064 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/887 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/5 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1109 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/857 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/29 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/726 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/68 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/582 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/81 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/83 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2010-12 dcterms:identifier iwac-issue-0000534 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/321 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/405 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/351 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/414 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/550 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques (CERFI) n°13 250 F CFA Silence, les Pakistanais meurent ! LA FINANCE ISLAMIQUE Une activité en plein essor P.10 Faut-il réviser l’article 37 ? Imam Ismaël Tiendrebeogo «Les écoles médersas et coraniques ne correspondent plus à nos réalités actuelles» EDITORIAL Silence, les Pakistanais meurent ! Récemment, l'ONU a estimé que le tsunami de l’océan Indien (2004), le tremblement de terre du Pakistan (2005) et le séisme monstrueux d'Haïti (2010) ont fait, tous les trois réunis, moins de victimes que les inondations au Pakistan. A preuve : au moins 2000 morts, 21 millions de personnes affectées directement ou indirectement, 10 millions de sans-abris (dont 5 millions d'enfants), 15 % de la surface mise en culture détruite, 6 % des écoles du pays détruites (soit 9 780 écoles publiques et privées), chute prévisible de la croissance économique (2010) de 4,2% à moins de 3 %. Bref, le Pakistan collectionne par ces temps les records les plus tristes. Paradoxalement, la communauté internationale (ONG, États, ONU, personnes physiques et autres personnes morales de droit privé, etc.) se fait longuement prier pour secourir les victimes de ce drame qui ne semble préoccuper ni les grands médias, ni les puissants de ce monde. Sans verser dans un comparatisme déplacé, il importe de rappeler qu’après le tremblement de terre d'Haïti, plus de trois millions d’Américains avaient fait chacun un don de 10 dollars à la Croix-Rouge (soit 31 millions de dollars environ). Une action similaire organisée au profit du Pakistan n'a récolté que 10.000 dollars. Par ailleurs, les organisations humanitaires ont récolté à l'occasion du tsunami 1.249 dollars par victime et 1.087 dollars par victime lors du tremblement de terre d'Haïti. À l’occasion des inondations au Pakistan, les organisations humanitaires n'ont récolté que 16 dollars par victime. Et n'allez pas croire que le monde musulman brille par sa présence aux côtés des pauvres Pakistanais. Tenez, à la date du 25 Septembre 2010, sur les 25 pays ayant le plus contribué pour le Pakistan, l'on compte six (6) pays plus ou moins musulmans (Arabie Saoudite, Iran, Émirats arabes unis, Turquie, Koweït, Afghanistan). « Pourquoi la communauté internationale fait-elle preuve de tant de réserve face à ce désastre naturel, qui compte pourtant parmi les plus dévastateurs de notre époque? Voilà sans doute le mystère le plus captivant - et le plus grave - du moment », s'interroge Mosharraf Zaidi, observateur avisé du Pakistan. Est-ce parce que les gens en ont assez de donner? Est-ce parce que la corruption est répandue dans l’Administration pakistanaise et qu'on ne peut pas lui faire confiance? Est-ce parce que les victimes sont musulmanes alors que les islamophiles ne courent pas les rues par ces temps? Est-ce parce que les gens pensent qu’une puissance nucléaire est suffisamment forte pour se débrouiller seule? Est-ce parce que les inondations (qui sont des phénomènes progressifs et non instantanés comme le séisme) ont une faible charge émotionnelle ? Est-ce parce la crise financière Bimestriel d'Information et de Formation du Cercle d'Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques (CERFI) "Le Cerfiste" Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006 01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67 / 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Rédaction BAMBARA Hamadé OUÉDRAOGO A. Salam OUÉDRAOGO A. Wahid TOE Aboubacar a émoussé les valeurs de solidarité des pays riches ? Dans l’attitude de la communauté internationale, il y a un peu de tout cela. Mais toutes ces raisons réunies ne peuvent justifier cet humanisme sélectif. Car après, la même communauté internationale s’étonnera de ce que des groupes extrémistes profitent de la précarité socio-économique pour grossir leurs rangs. Quant au monde arabo-musulman, une fois de plus, il a raté l'occasion pour traduire en actes concrets les valeurs coraniques et prophétiques de solidarité dont il se ressasse de colloque en symposium. La Rédaction SAWADOGO Ousmane YAMÉOGO Hamidou Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Ressources Services : 50 46 45 19/70 43 33 78 Tirage : 1000 Exemplaires Le Cerfiste N° 013 Décembre 2010 SERMON «Les écoles médersas et coraniques ne correspondent plus à nos réalités actuelles» «Eduquer ou périr» écrivait le Pr Joseph Ki Zerbo. L’éducation, en effet, doit être au cœur des préoccupations de toute communauté humaine qui vise la prospérité. C’est elle qui soumet l’homme aux normes de l’humanité et l’arrache à ses «penchants brutaux», engage l’avenir de l’individu et des nations. Dans un élan où l'éducation pour tous est un défi important à relever, la contribution des musulmans, la communauté du juste milieu, est fortement attendue surtout que les musulmans représentent 60% de la population burkinabè. Nous vous proposons de lire à ce sujet la substance du sermon de l'Imam. Ismaël Tiendrébéogo, Imam de l'AEEMB et du CERFI Frères et sœurs dans la foi, Allah dans son immense miséricorde nous a accordé la vie, la foi et de multiples autres faveurs afin que notre vie nous soit agréable et que les signes de sa présence et de sa miséricorde nous soient visibles. «Et si vous cherchez à dénombrer les bienfaits d'Allah sur vous, jamais vous ne parviendrez à les énumérer exhaustivement». Nos enfants sont un bienfait d'Allah (qu'il soit exalté), un grand dépôt dont la responsabilité repose sur les pères et mères en premier et à défaut sur les membres de la famille suivant un ordre de préférence prévu par Allah. Le droit du dépôt est qu’il doit être protégé et il ne doit pas être négligé. "En vérité, vous êtes tous des bergers et vous serez tous responsables de vos troupeaux". L'émir qui dirige des gens est un berger et sera responsable de son troupeau. L'homme est un berger dans sa famille et sera responsable d'elle. La femme est une bergère de ses enfants dans la maison de son mari et elle... sera responsable d'eux. L'esclave est un berger dans la maison de son maître et il en sera responsable. Si l’on échoue dans la gestion du dépôt que Dieu nous a confié, si nous perdons ce dépôt-là en le laissant s'abîmer dans les tourments éternels, nous aurons échoué dans la gestion de ce dépôt, dans la gestion de nos enfants et nous rendrons compte à Dieu. «Les perdants sont ceux qui, au jour de la Résurrection, auront causé la perte de leurs propres âmes et celles de leurs familles. C’est bien cela la perte évidente», nous avertit Allah. Enfin, le succès dans la gestion des dépôts que sont nos enfants consiste aussi et surtout à ne pas détourner le dépôt de l'usage pour lequel Allah nous l’a confié. Sais-tu quel est cet usage, toi qui es mère et père d’un enfant ? Sais-tu pour quel usage Allah l'a créé et te l'a confié ? Lis la réponse dans le Glorieux Livre : «Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils m'adorent. Je ne cherche d'eux aucune subsistance et je ne veux pas qu'ils me nourrissent. En vérité c'est Dieu qui est le grand Pourvoyeur, le Détenteur de la force, l'inébranlable» S 51 V 58. Sais-tu quel est le moyen qu'Allah te donne pour réussir dans la gestion de ce dépôt lourd qu'il t'a confié et pour lequel, il te demandera compte ? Si tu apprenais la réponse, sache que le plus important n'est pas de savoir pour savoir mais d'avoir un savoir qui te profite par la mise en application que tu en feras. Le moyen qu'Allah t'a donné pour réussir la gestion du dépôt, ton enfant, c'est l'éducation puisqu'il t'a toi-même guidé à travers elle, qu'il t’a accordé ton statut par ton éducation, de même que ta respectabilité et ta dignité parmi les autres. Quelle est l'importance et quels sont les types d'éducation que l’Islam nous impose de donner à nos enfants ? Quel constat pouvons-nous faire de l’éducation telle que vécue et donnée par les musulmans au Burkina ? Quelles sont les solutions pour nous d'être de vrais musulmans ? Car, pour l’Islam, tu ne peux pas choisir ce que tu veux mettre en application et ce que tu ne veux pas mettre en application. L’Islam, ta foi, notre foi est un pack complet d’épanouissement et de succès. L'éducation est importante en ce sens qu'elle inculque des valeurs (valeur cognitive), prolonge les groupes ethniques, religieux en reproduisant chez la jeune génération les valeurs, les conceptions du monde et de l'autre et de l’eschatologie des anciens (valeur psycho-sociale). Elle permet de donner des aptitudes et des savoir-faire aux apprenants (valeur affective), développe l'esprit, forme le caractère et donne les moyens de se prendre en charge soi-même, les moyens d’autonomie. Il faut qu'il y ait deux types d'éducation, l'une devant permettre de réussir notre vie ici-bas et l'autre d'accéder à la félicité éternelle, autrement dit, une éducation profane (enseignement général et professionnel) et islamique. Le Cerfiste N° 013 Décembre 2010 SERMON Car si actuellement l’école et ses acteurs connaissent des troubles, c’est pour de nombreuses raisons mais Les violences qui se font jour dans les écoles occidentales, de même que les comportements déviants, sont liés aux caractéristiques de l'éducation, qui a cédé le pas à l'enseignement tout court. L'enseignement s'intéresse rien qu'à la transmission des connaissances, tandis que l'éducation vise à modeler les comportements. En effet, l'éducation est l'enseignement des règles de conduite sociale et de formation des facultés physiques, morales et intellectuelles qui président à la formation de la personnalité. C'est pour que l'éducation ne soit pas juste un enseignement que l'islam lui a prévu des caractéristiques et des objectifs clairs. La loi d'orientation de l'éducation promulguée en 2007 distingue quatre composantes du système éducatif de notre pays : l'éducation formelle, l'éducation non formelle, l'éducation informelle et l'éducation spécialisée. Des efforts ont été faits mais beaucoup reste à faire, surtout en matière d'éducation où les mauvais choix, le manque de volonté politique se paient cash. Peut-être Est-ce nos mauvais choix en matière d'éducation ou nos paresses à mettre en œuvre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui ont expliqué le bilan jugé sévère du Burkina Faso après 50 ans d’indépendance, bilan dressé par le Dr Englebert, enseignant de «politique comparative de l'Afrique» au département «Politique» de l'université de Pomone en Californie : «c'est un échec en général, c'est pire que ça ne devrait l'être», a-t-il dit lors d'une conférence. Il a regretté que cinquante ans après, l'Afrique n’ait pas les moyens de sa croissance et que les gouvernements africains n’arrivent pas à servir l’émancipation de leurs peuples. Frères et sœurs dans la foi, sachez que la sous-éducation ou la mauvaise éducation d’un enfant est grave, très grave même. Mais elle n'est rien à comparer avec l’impact de la sous-éducation ou la mauvaise éducation sur une communauté, sur un pays. Frères et sœurs, c'est le niveau d'éducation, la qualité de l’éducation et le nombre des membres d'une communauté qui... Détermine cette communauté par rapport aux autres communautés d'un pays donné. C'est encore l'éducation qui détermine la place d’une nation dans le concert des nations, la vitesse de son développement et la vitesse avec laquelle elle atteint l'ordre social désirable. C’est elle qui fait qu'une nation, qu’une communauté est respectable ou mérite juste d’être un wagon. Frères et sœurs, la communauté de tous les musulmans du Burkina Faso est un wagon de plus. Nous représentons 60,5% de la population. Malgré ce nombre, l'apport des musulmans à l'amélioration de l'offre éducative n’est pas encore satisfaisant pour plusieurs raisons (mauvaise perception des opportunités qui étaient offertes par l'école, méfiance vis-à-vis de l'école du colon, insuffisance des infrastructures éducatives des musulmans, distance des lieux où le savoir est dispensé, etc.). Cette situation n’est pas sans conséquences. D'abord, les musulmans sont en retard et ne participent pas au premier plan à l'orientation éducative du Burkina. Malgré notre nombre important. Ensuite, ils ne peuvent pas mettre correctement en application leurs règles et principes en matière d'éducation et nous ne pouvons pas transmettre notre foi en même temps que les connaissances modernes conformément à la demande. En plus, le faible taux de scolarisation nous empêche d'avoir des actions concertées au-delà des clivages et des appartenances à telle ou telle association ou confrérie. Devant un constat peu satisfaisant, il nous faut inciter les parents à jouer normalement leur rôle dans l’accompagnement scolaire de leurs enfants, filles comme garçons. Nos opérateurs économiques doivent investir et s’investir dans le secteur de l'éducation, en groupes ou en individualités. Les musulmans ont des écoles, les plus nombreuses au Burkina mais elles sont pour la plupart des médersas et des écoles coraniques. Ces écoles dont l'origine remonte à 1950 ont été la réponse appropriée à l'école coloniale qui détournait les musulmans de leur foi. Mais il faut dire fort qu'elles ne Correspondent plus à nos réalités actuelles, elles ne répondent plus à nos questions et à nos besoins. Il est temps que nous organisions ces écoles, qui ne doivent pas disparaître mais s'adapter et continuer à côtoyer le système éducatif classique. Frères et sœurs, les musulmans ne manquent ni de moyens financiers ni de ressources humaines qualifiées pour construire les écoles qui conviennent. La seule raison qui fait que nous ne faisons rien, c’est le fait que nous n'avons pas suffisamment conscience de notre responsabilité en la matière. Nos imams ont l'obligation d'attirer l’attention du reste de la communauté sur les manquements aux obligations religieuses. Nos riches ont l'obligation de financer la construction des écoles, nos techniciens, de les construire et nos frères et sœurs chargés de l’éducation de donner l'éducation qui convient à nos enfants et les parents de les y inscrire. Personne ne portera la charge d’aucune autre. Que chacun de nous joue son rôle ou s’apprête à répondre à Allah de sa négligence ou de son désintéressement des affaires de la communauté. « Et celui qui ne s'intéresse pas aux affaires de la communauté, n’est pas des nôtres » a dit le Prophète de l’Islam. Frères et sœurs, construire une école est une façon de souscrire à une assurance perpétuelle de bonnes actions. « Quand une personne décède, le compte de ses bonnes œuvres est arrêté sauf s'il laisse une science utile qui profite aux gens après sa mort, un enfant vertueux qui fait des invocations en sa faveur ou une aumône perpétuelle ». L’école garantit non seulement le bénéfice d’une aumône perpétuelle mais aussi le bénéfice d'une science utile que nous aurons contribué à laisser derrière nous, après notre mort. C'est même une bonne action que nous pouvons faire à l’endroit de nos parents décédés afin qu'Allah leur donne les bénédictions liées à la construction de cette école. Le Cerfiste N° 013 Décembre 2010 LIBRES PROPOS Faut-il réviser l’article 37 ? Le débat autour de la révision de l'article 37 de la constitution de Notre pays se mène presqu'au quotidien. Que pensent les musulmans de cette révision, surtout qu'il est question aujourd'hui de l'engagement des musulmans en politique ? C’est ce que nous avons tenté de savoir dans cette rubrique d'expression libre et citoyenne. Mme TRAORE Djénèbou : Je pense qu'il faut laisser l'article 37 tel qu'il est. Il ne doit pas être révisé. Ce n'est pas bon que ce soit la même personne qui dirige toujours les gens. Il faut donc donner la chance à d'autres personnes présidentiables de gérer le pays. Le même président ne peut pas seul continuer et réussir le travail. Il faut un changement. DERA Moumouni : La révision de l'article 37 nécessite qu’il y ait un consensus. C'est par consensus qu’on a limité le nombre de mandats présidentiels donc c'est par consensus qu'on pourra procéder à sa révision. Dans le principe, il est bon de limiter le mandat d'un président. Si le pouvoir n'est pas encadré ou limité, le dirigeant peut se retrouver hors circuit ou loin de certaines réalités. Lorsqu'on dure... Au pouvoir, ça devient la routine et plusieurs choses peuvent nous échapper. SAKIRA Ahmed : Je pense qu'il faut limiter le mandat présidentiel. Au Burkina Faso, ce ne sont pas les hommes capables de diriger le pays qui manquent. Je souhaite qu'il y ait du sang neuf pour amener des changements positifs au profit de tous les Burkinabé. Il importe de laisser l'article 37 dans sa disposition actuelle. OUOBA Mounkailou : La limitation des mandats présidentiels est en phase d'être une réalité dans beaucoup de pays. Cela participe à la consolidation de la démocratie. Lorsque le mandat n'est pas limité, cela appelle à un abus. Quelqu'un qui est au pouvoir et qui pense qu'il peut régner à vie, il est tenté d'en abuser. Mais s'il sait qu'il doit faire deux mandats de 5 ans, soit 10 ans et qu’il doit partir, il a tendance à bien gérer. Si toutefois son mandat est mal géré, il peut être poursuivi. Je pense qu'au Burkina Faso, on n’a pas besoin de modifier l'article 37 puisque qu'on donne déjà la possibilité au président de faire deux mandats de 5 ans et je pense qu'en 10 ans, quel que soit le chantier, on aura fait quelque chose. Il est important que ceux qui sont au pouvoir sachent qu'à eux seuls, ils ne peuvent pas diriger toute une nation. Il faut cultiver l'alternance qui est la base de la démocratie. Kindo Mahamadi : Je suis contre la modification de l'article 37. C’est important de limiter le nombre de mandats parce que le pouvoir épuise et le dirigeant peut être à court d'idées pendant son règne. Il faut aussi permettre à d’autres personnes de venir avec leurs nouvelles idées et non laisser une personne s'éterniser au pouvoir, comme s'il n’y avait pas d'autres fils du pays capables de travailler pour le développement du pays. Koné Safiatou : Je ne suis pas d'accord au sujet de la révision de l'article 37 de la constitution de notre pays. Je pense qu'il faut limiter le mandat du président parce que nous sommes dans un pays démocratique et nous devons cultiver cette démocratie. Le chef ne doit pas rester longtemps au pouvoir. Nom de la démocratie, nous devons respecter la clause limitative des mandats présidentiels pour éviter la monarchie. Quand on reste trop longtemps au pouvoir, on a les mêmes idées et on n'avance pas. Kindo Moctar : Le choix de la limitation du mandat d'un président est fonction de l'objectif fixé et du... Suite page 11, Le Cerfiste N° 013 Décembre 2010 VIE DU CERFI POLITIQUE AU BURKINA FASO Compter avec les musulmans Les 18 et 19 septembre derniers, le Cercle d'étude, de recherches et de formation islamiques (CERFI) a organisé à son siège (sis aux 1200 Logements) un colloque national sur l'engagement des musulmans dans la sphère publique de notre pays. Cela dans le souci d’amener les musulmans à s'engager dans la gestion de la chose publique et à être des citoyens à part entière. «Religion et participation citoyenne au Burkina Faso», tel a été le thème du colloque organisé par le CERFI avec pour... Objectif d'élaborer une stratégie de renforcement de la participation des musulmans à la gestion de la cité burkinabè. Venus des sections, des coordinations régionales, du bureau exécutif et du comité directeur de la structure, plusieurs représentants de partis politiques, de la société civile, d'associations islamiques et d'universitaires ont été conviés aux travaux qui se sont menés autour de communications, un panel, des ateliers et des restitutions en plénière. Les activités ont débuté par la communication du Pr Issa CISSE de l’université de Ouagadougou, qui a retracé l’itinéraire historique de la participation des musulmans à la vie politique nationale. Il est ressorti de ses propos, qu’en dépit de certaines insuffisances notoires, la communauté des musulmans du Burkina Faso a permis une affirmation des francophones musulmans, une dynamique en faveur de l’Islam et elle se caractérise par une augmentation du nombre de ses associations. «La participation des religieux à la gestion de la société : état des... Lieux et perspectives a fait l’objet de la deuxième conférence animée par le Dr Bakary TRAORE, chercheur au Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST). Dans sa communication, il est fait mention que les musulmans ont joué un rôle important dans les luttes d'émancipation politiques et autres pendant la période coloniale et celle de l'indépendance, avec des cas de manipulations, de persécutions et d'exécutions sommaires en raison de leur implication politique. En tout état de cause, avec les différentes interventions, notamment de l'imam Ismael TIENDREBEOGO et du frère Mamadou Alioun DIOUF, l'on retiendra qu’il n'y a pas de contradiction entre l'Islam et la politique. Bien au contraire, se tenir en marge des contributions que pourraient apporter les musulmans dans la gestion de notre société, c’est abdiquer de ses devoirs vis-à-vis de son pays, de ses concitoyens, religieux ou non, tout comme il est de la responsabilité citoyenne de tout individu de participer activement et pleinement. Aux affaires de la communauté dans son ensemble. Selon le messager de l’Islam « le meilleur d’entre vous, c’est celui qui est le plus utile aux autres Hommes ». Y a-t-il alors meilleur cadre que la politique pour répondre à ces propos prophétiques ? Pour le président du CERFI, Moussa NOMBO, « il n'y a aucune antipathie ou antinomie entre la pratique politique et l'engagement spirituel. L'homme religieux doit contribuer à changer l'image de l'homme politique qui ne doit plus apparaître comme celui qui ment aux électeurs juste pour avoir des voix. Le musulman qui s'engage en politique doit y charrier les valeurs supérieures de sa religion, il doit incarner une éthique que nourrit la crainte du Tout-Puissant ». Les bases de l’engagement politique des musulmans étant jetées à l'issue de ce colloque du CERFI, il appartient donc aux musulmans de renforcer leur culture de la politique en vue de refléter et de faire valoir les principes de l'Islam dans la société. gestion de la chose publique. Ces derniers doivent bel et bien faire la politique au risque d'être faits par la politique, comme le dit un adage, a rappelé Moussa NOMBO. A la lumière des recommandations de ce colloque, il importe de consolider l'unité d’actions des musulmans, de les former au leadership et d’œuvrer à l'émergence d'élites musulmanes dans tous les secteurs de l’activité humaine. Mahamadi OUEDRAOGO Le Cerfiste N° 013 Décembre 2010 VIE DU CERFI “50 ans de vie communautaire en Afrique de l’Ouest : bilan et perspective” Le Burkina Faso a cinquante ans. A l’heure où il est question de marquer un bilan et de tirer les leçons de l'histoire, le CERFI a choisi de porter un regard sur la vie de la communauté des musulmans en Afrique de l’ouest en cinquante ans de parcours. Il a organisé à cet effet une conférence à son siège le lundi 11 octobre dernier. La photographie de l’histoire de la communauté des musulmans en Afrique de l'ouest a fait l'objet d’une conférence animée par le Cheick Aboubacar FOFANA, président du Conseil supérieur des imams de Côte d'Ivoire (COSIM). «50 ans de vie communautaire en Afrique de l'ouest : bilan et perspectives ?» c'est autour de cette thématique que le frère FOFANA a fait revisiter aux participants les grands moments du parcours de la communauté. Il s’est agi pour le conférencier de traiter de l'Islam pendant la période coloniale et celle des indépendances avec une explication du contexte actuel d'évolution de la religion. Comme toute organisation humaine, la communauté des musulmans a connu des moments difficiles sur fonds de crises internes, par la mainmise du colonisateur mais aussi par les divergences de compréhension de l'Islam. Aussi sa vie était-elle liée à l’histoire sociopolitique des différents pays, selon le conférencier. Au sujet des querelles intestines qui émaillent les rapports interpersonnels de certains adeptes de l'Islam, le Cheick FOFANA préconise «qu'il faut prendre chacun avec sa complexité tant qu'il ne s'éloigne pas du fondamental. Il faut avoir une vision commune pour l'Islam et les musulmans, dira-t-il. Le conférencier a poursuivi en reconnaissant que le bilan des actions de la communauté est positif au regard de certaines avancées. Aujourd’hui les choses ont évolué et plusieurs défis se présentent à la communauté, au nombre desquels il a invité ses frères musulmans à plus d'engagement dans les domaines social, politique, économique, culturel, éducatif et sanitaire. Un accent particulier a été mis sur l'éducation et la santé. Car elles sont les fondamentaux d'un développement véritable. Trop de détails nous divisent et nous ont fait perdre beaucoup de temps, a soutenu l'Imam FOFANA. Il importe aux fidèles de savoir faire la différence entre ce qui est obligatoire, nécessaire et ce qui enjolive la religion. «Il faut passer outre les divergences et viser plus l'union de tous car la matière a pour caractéristique la division alors que l'esprit, la foi se caractérisent par l'union», a rappelé Cheick Aboubacar FOFANA. Par Mahamadi OUEDRAOGO et Issoufou KOSSE Le Cerfiste N° 013 Décembre 2010 QUESTION D’ISLAM Hadj 2010 au Burkina : législation et organisation Avec la volonté d'Allah, quelques Burkinabés ont foulé encore cette année le sol mecquois. Evidemment, c’est pour accomplir le cinquième pilier de l'islam. Et bien sûr tous les esprits musulmans ou non sont attentivement tournés vers l’organisation de cette année. Il n'est plus un secret de polichinelle pour personne que les affaires des musulmans ne se résolvent jamais aisément. Déjà beaucoup d'encre et de salive a coulé pour dénoncer la formule de l'organisation de cette édition, d’autres pour critiquer la façon dont l'Etat entend gérer les choses du hadj cette année. Par ailleurs pour tous il s'agira comme le besoin s'est toujours fait sentir de dépassionner le débat afin de diagnostiquer les faits et gestes de tous pour une meilleure santé du hadj. Constats des considérations Ils seront environ un millier et demi de pèlerins à quitter le sol burkinabè. À côté, en Côte d'Ivoire, ils sont plus de deux mille. Ce n'est pas qu'il y a plus de musulmans en Côte d'Ivoire, mais c'est surtout lié à la situation sociale des Burkinabés. Beaucoup vivent au-dessus du seuil de la pauvreté. Vous comprenez donc que lorsque l’on n’a pas fini de manger à satiété, l'esprit se porte moins sur l’idée de dépenser des millions pour un voyage. Cependant, ils sont nombreux, ces musulmans qui ne partent pas à la Mecque bien qu'ils aient les moyens, tout comme il y en a d'autres qui vont en donnant une coloration non islamique à leur hadj. D’abord, certains disent ne pas aller à la Mecque parce qu'ils sont jeunes. C’est le moment où ils se sentent incapables de s’abstenir des péchés ; alors il faut attendre de vieillir ; là on est sûr de sauvegarder la pureté de son pèlerinage. C'est une grave erreur : qui dispose d'une garantie pour atteindre la vieillesse ? En plus, qui a la garantie que même vieux il s'abstiendrait de fauter ? Enfin le pèlerinage exigeant de l'effort physique, les vieux sont déjà défavorisés quant aux mérites qu’ils tirent de l'accomplissement du pèlerinage. Ensuite il y a ceux qui avancent leur célibat pour fuir leur obligation de fouler le sol mecquois. Encore des balivernes. Le mariage n’est pas une condition d'exigibilité encore moins de validité pour le hadj. Il ne peut en être que suspensif seulement dans le cas où il est en instance. Que dire de ceux qui conditionnent leur départ à la Mecque par l'accomplissement préalable de ce pilier par l’un de leurs géniteurs. Encore de l'ignorance. Le verset est on ne peut plus clair à ce sujet : le hadj est obligatoire pour celui qui a les moyens. En pratique si le fils a les moyens, il doit l’accomplir d'abord le premier avant de faire partir ses parents. Enfin, le pire de ces cas est celui de tous ceux qui consultent marabouts et charlatans de toutes sortes pour s'assurer à l'avance de leur sort pendant ce voyage. Nous rappelons avec nos dernières énergies que c'est Deux actes qui sont fondamentalement opposés. L’associationnisme fait sortir de l'islam annulant ainsi le hadj. D'ailleurs si c'est de la mort dont ces gens ont peur, ils la retrouveront même en restant au Burkina. Toutes ces raisons ci-dessus évoquées ne doivent pas empêcher un individu de faire le hadj. Bien au contraire, elles doivent faire partie des éléments de motivation. Les raisons d'une motivation : Un acte d’adoration hautement spirituel. Si besoin est, le prophète saw nous rappelle que parmi les cinq piliers de l'islam figure en bonne place le pèlerinage à la Mecque. Il s’agit donc d'un acte d'adoration ; un culte voué à Allah exclusivement. En la matière, bien l'accomplir ou aider à le faire conduit inéluctablement à l’obtention de la miséricorde d'Allah. Il va de soi que certaines conditions liées aux finances, au physique, au mental, à la sécurité sont exigées de tout candidat à la Mecque. Ceci implique par ailleurs que les moyens utilisés soient licites et que l’intention soit résolument Tournée vers Dieu, il n'est donc pas excusable tout musulman qui refuse de se rendre à la Mecque alors qu'il remplit les conditions. Il faut donc condamner les fidèles qui prétextent de leur trop grande jeunesse, leur célibat, leur incapacité à éviter les péchés pour se soustraire à cette obligation divine. Ce ne sont là que des raisons qui, à coup sûr, pourraient aggraver et accélérer la sanction divine. Les spécificités du hadj burkinabè Tout le monde retient en mémoire les faits historiques que nous racontent nos parents sur le hadj à pied de certains de nos pèlerins. Évidemment, pour cela, ils mobilisaient plus d'un quart de leur vie pour accomplir ce pilier. Les temps ont évolué, les moyens de transport avec. De nos jours, les voitures, les avions remplacent les ânes, chameaux... En vertu de raisons que nous ne cernons pas assez, notre administration, à travers le ministère de l'administration territoriale, s'est toujours préoccupée de l'organisation du Hadj. Ce titre, elle s’est impliquée à plusieurs occasions dans l'organisation. Dans la plupart du temps, il s'agissait d'arbitrer entre des membres de la communauté des musulmans qui se sont illustrés non dans leurs incompétences à gérer leurs propres affaires mais surtout dans la voracité et les divergences dont ils font montre. Tour à tour, la communauté musulmane, l'État, STMB Tours se sont chargés d'organiser le hadj. Une alternance qui ne résout pas les difficultés mais démontre surtout la délicatesse de la question du hadj au Burkina. Pour cette année, à l'exemple des deux années passées, la formule des agences va être expérimentée. Un peu comme ce qui se passe dans certains pays de la sous-région. Cinq agences ont reçu l'agrément de l'État d'organiser le Hadj : STMB Tours, Agence Ranguma Voyage, Africa Voyage, Zoundi Voyage. Ce n'est donc plus une affaire d’associations musulmanes ou encore moins de communautés. Mais au fond, rien ne changera. Le ministère laissera la latitude aux agences de Collaborer avec les associations. Autrement ce serait difficile. Les agences ne maîtrisent pas la mobilisation des pèlerins, les démarcheurs en ayant fait leurs choux gras. Et l'on sait jusqu'à dernièrement que les musulmans du Burkina Faso ne s'embarrassent pas de principes d’union de la communauté quand il s'agit des affaires de celle-ci. Comprenant ainsi le contexte, l’AEEMB et le CERFI se sont jointes au Mouvement sunnite sous le couvert de l’Agence de Ranguma Voyage. Ces deux structures ont mis en place un secrétariat permanent chargé des questions du hadj. Certes, comme il est de coutume, ce secrétariat vise plusieurs nobles objectifs. Mais comme tout le monde le pressent, les moyens font défaut. Il ne reste que la volonté et la pureté de l'intention. C'est largement suffisant pour le moment. Naturellement, tous les cerfistes et aeembistes, la discipline du groupe l’exigeant, doivent s'aligner derrière leurs structures mères. Le volet transport fit l’objet d'appel d’offres. Le dépouillement retint STMB. Tours. Des pratiques qui minent l'organisation du hadj au Burkina. Elles sont nombreuses, apparentes ou pas. Le plus douloureux est que ces pratiques transgressent pour beaucoup certains principes de la religion. Dans un premier temps, il faut soulever la question des délégués : ils abandonnent les pèlerins pour s'occuper de leur commerce. Il y en a qui sont inefficaces parce qu'ils sont très vieux ou tout simplement ignorants. Ce n'est pas étonnant si l'on sait que les démarcheurs ont droit à un billet toutes les fois qu'ils inscrivent 25 pèlerins. Evidemment, ce n’est pas le critère scientifique qui est pris en compte. Un individu qui ne connaît rien ne peut en donner. Cette défaillance peut être accentuée lorsque, comme l'année passée, ils ne sont pas pris en charge par les organisateurs. En pareille situation, les délégués se sacrifient pour quelques pèlerins qu'ils connaissent bien et auprès desquels ils peuvent soutirer quelques profits matériels ou financiers. L'autre aspect de l'implication des délégués... se caractérise par l'absence de suivi des représentants au Hadj par leurs structures de base. La majorité ne rend jamais compte et considère que tout bien acquis dans le cadre de cette mission leur revient de droit. En second lieu, accusons le prix du billet de transport 1.193.600F. Le même avion transporte au Mali à 900.000F. Une différence qui peut disqualifier banalement plus d'un millier de pèlerins. Cet aspect démontre à plus d’un titre que les esprits capitalistes ont investi ce pilier. Pour beaucoup, c'est une occasion de faire des affaires. Tenez-vous bien qu'un démarcheur empoche 30.000F de ristourne sur chaque pèlerin inscrit. Certains démarcheurs peuvent à eux seuls inscrire plus de 200 pèlerins. Une multiplication rapide vous donne 6.000.000F : un pactole. Des intérêts suffisamment grands pour dévoyer les intentions de plusieurs musulmans. Nous ne pouvons pas passer sous silence la double casquette que porte STMB Tours dans cette présente édition. Elle a été agréée pour transporter les pèlerins et Aussi pour recruter, former et encadrer. Ceci crée une situation de position dominante qu'elle n'hésite pas à exploiter sans scrupule. Il est fort probable que, pour plusieurs raisons, le type de rapports qu'elle entretiendra avec les autres agences influe grandement sur la réussite de ce hadj. Par exemple, pour chaque édition, le transporteur donnait pour 25 pèlerins inscrits, un billet d'avion à un délégué. Cette année, les agences ont réclamé en vain le bénéfice de ce privilège. À coup sûr ceci influencera négativement le nombre des délégués et des encadreurs des autres agences. Parlons à présent de perspectives. Le transport est l'épineux problème du hadj. Toute solution qui doit être appliquée au pèlerinage doit intégrer le volet transport international. Réduire le coût de ce transport répercuterait favorablement sur le nombre des inscrits au hadj, le nombre des encadreurs. L'ossature de toute organisation "hadjique" se positionne sur ces deux éléments fondamentaux. Ouvrir la concurrence dans le domaine... contribuerait à son déblocage. À l’avenir, travaillons à ne plus donner le volet transport et organisation à une seule entreprise. L’on pourrait également procéder, à l'instar d'autres pays, à un recrutement des pèlerins et à leur formation bien avant l'édition à laquelle ils doivent prendre part. On pourrait même organiser un test de sélection à l’issue de la formation et n'en retenir que ceux qui ont la moyenne. L’État doit travailler à rétrocéder totalement l'organisation de cette tâche à la fédération. Ceci est logique d'autant plus que nous sommes dans un pays laïc. D'ailleurs, c'est seulement le pèlerinage des musulmans que l'État organise. À ce que nous sachions, ce n'est pas le seul pèlerinage à être organisé sur le territoire national. Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers l'AEEMB et le CERFI. Toute la communauté des musulmans attend beaucoup d'eux. En tout cas, ce n'est pas de la volonté qui leur manque. Mais, entre nous, à quoi sert une volonté dénudée d’appui financier et politique dans ce pays ? Les caciques du hadj au Burkina n’écoutent pas ces deux structures sous prétexte qu'elles n'arrivent pas à mobiliser plus de 30 pèlerins. C'est donc le lieu de sonner la mobilisation et le rassemblement général. Idrissa OUOBA Le Cerfiste N° 013 Décembre 2010 INTERNATIONAL LA FINANCE ISLAMIQUE Une activité en plein essor Nées dans les années 1970, les institutions financières islamiques opèrent dans plus de soixante-quinze pays. Apparemment paradoxal dans le contexte d'une religion qui réprouve les gains générés par le prêt, leur développement a correspondu à l'éveil de l'islam politique et à un retour des musulmans vers les valeurs cardinales de leur religion. Mais tout compte fait, le sujet est l'objet de nombreuses discussions, divergences et même de polémiques au sein des musulmans. Malgré tout, l'activité qui consiste à créer des banques ou institutions islamiques est en plein essor ; et il faut bien en parler. La finance islamique est évaluée aujourd'hui entre 500 et 700 milliards de dollars. En forte Croissance, le marché de la finance islamique suscite aujourd'hui un vif intérêt, notamment auprès des banques occidentales. «C'est un marché qui augmente de plus de 30 % par an», souligne Anouar Hassoune, analyste crédit chez Moody's. À l’heure où l'on parle de moralisation et de refonte du système financier international, la finance islamique brandit ses principes comme des vaccins préventifs. En plus, ses activités bancaires, conformes à la charia, permettraient d'offrir un modèle d'économie à la fois "éthique" et rentable. Généralités sur l'intérêt bancaire Parler de la finance islamique passe nécessairement par un rappel sur les principes de l’islam en matière d'intérêt bancaire. La finance islamique regroupe des activités bancaires conformes à la loi coranique, la charia. Autrement dit, ses transactions financières respectent les règles économiques, sociales et politiques de l'islam. La principale spécificité de la finance islamique est l’interdiction de percevoir des intérêts. Elle prohibe également la spéculation. Une dernière restriction majeure est d’ordre sectoriel : sont interdits les placements dans certaines industries comme l’alcool, le jeu, le porc, les armes, la pornographie. Enfin, elle met en avant la notion de partage des risques et des profits entre les contractants. En effet, l’un des objectifs principaux de la finance islamique est l’équité entre les parties. La tradition musulmane interdit le prêt à intérêt, tout comme la tradition chrétienne médiévale d’ailleurs. Il est assimilé à de l’usure, donc à la spoliation de l’emprunteur par le prêteur. Cette interdiction vise plus spécifiquement les prêts à taux fixe, indépendants de l'avantage que l'emprunteur retire de cette mise à disposition d'un capital. Ceci est un paradoxe en finance où tout est basé justement sur la notion d'intérêt. En rappel, l'usure, le prêt à intérêt consiste à prêter une somme d'argent à quelqu'un pour un temps donné, qu'il devra ensuite rembourser intégralement mais en payant en plus une somme que l'on nomme "intérêt". et qui représente une sorte de loyer versé pour la "location" de l’argent prêté. Du côté des traditions monothéistes, la tradition juive condamne également très clairement cette pratique et ce ne fut, semble-t-il, qu'au retour de la captivité de Babylone que fut autorisé le prêt à intérêt pour les non-juifs exclusivement. L'Église catholique était initialement très opposée à la pratique de l'intérêt, fondant sa position ferme sur le texte biblique très explicite à ce sujet. Sous l'impulsion de Calvin (au XVIe siècle), l'autorisation fut donnée aux protestants, et par la suite la pratique se répandit à l'ensemble de la communauté chrétienne, cependant qu'il fallait respecter une limite morale (ne pas pratiquer un taux d'intérêt trop fort). De nombreux intellectuels ont de leur côté fustigé l'usure, le prêt à intérêt, en argumentant que celui-ci dissuade l'investissement dans ce qui n'est pas directement et certainement rentable, même si cet investissement a une importance sociale (développement des Infrastructures, éducation, etc.). L’économiste et philosophe Adam Smith (1723, m.1790 ap. J.C.) estima pour sa part que par l'usure "le capital est au risque de l'emprunteur qui est comme l'assureur de celui qui prête". On voit très nettement apparaître ici cette inversion qui amène celui qui a besoin à devenir l'assureur de celui qui possède. À l'époque de la révélation coranique, la pratique du prêt à intérêt était très répandue dans la société arabe. La révélation coranique fut sans ambiguïté au sujet de l'usure : « Ô croyants! Craignez Dieu; et renoncez au reliquat de l'intérêt usuraire, si vous êtes croyants. Et si vous ne le faites pas, alors recevez l'annonce d'une guerre de la part de Dieu et de Son messager. Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés » C2, V278 et 279 ou « Ceux qui mangent [pratiquent] de l'intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela, parce qu'ils disent: "Le commerce est tout à fait comme l'intérêt." Alors qu'Allah a rendu licite le commerce, et illicite l'intérêt.» C2. V275. On rapporte également cette parole du Prophète Mohammed (SAW): "Dieu a maudit celui qui se nourrit d'usure, celui qui l'offre, celui qui en témoigne et celui qui en établit le contrat." Ainsi, les savants musulmans ont déduit que le croyant musulman ne devait donc pas prêter son argent à intérêt, ni même avoir recours au prêt à intérêt. Mais devant l'apparition des nouvelles pratiques bancaires, au cours du XXe siècle, les savants musulmans se sont interrogés. En 1965, une Commission de juristes musulmans venus de 36 pays s'est réunie en Egypte, à al-Azhar, afin de statuer sur la question de l'intérêt. Ils confirmèrent unanimement cette prohibition. En somme, les théoriciens de la finance islamique jugent un système mieux adapté aux besoins économiques du monde islamique ainsi qu'aux exigences morales de la religion. raisons d’une montée en puissance La finance islamique moderne prit forme dans les années 1970, au carrefour de la montée du pan-islamisme et du boom pétrolier. La guerre des six jours (juin 1967) avait en effet marqué le début du déclin du mouvement nassérien, pan-arabe et séculier, et ouvert la voie à l'hégémonie régionale de l'Arabie Saoudite, sous la bannière du panislamisme. La création, en 1970, de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) regroupant les pays musulmans remit les préceptes économiques de l’islam à l’ordre du jour. Les instituts islamiques de recherche économique proliférèrent. En 1974, au sommet de Lahore, l'OCI décida, dans la foulée du quadruplement des prix du pétrole, de créer la Banque islamique de développement. Basée à Djedda, cette institution posa les jalons d'un système d'entraide fondé sur des principes islamiques. En 1975, la Dubaï Islamic Bank fut la première banque privée islamique à voir le jour. Une association internationale de banques islamiques fut créée pour établir des normes et défendre des intérêts communs. En 1979, le Pakistan devint le premier pays à décréter l'islamisation de l’ensemble du secteur bancaire. Il fut suivi, en 1983, par le Soudan et l'Iran. L'attrait de la finance islamique s'explique surtout par les excès de la finance classique. Et pour de nombreux musulmans, s'il leur faut choisir entre la finance conventionnelle qui s'est «amoralisée», et un système de finance éthique cautionné par la religion (et fondé sur le principe que les activités économiques demeurent bénéfiques tant qu'elles sont exercées dans un cadre moral strict), la décision est d'autant plus aisée que le nombre de produits islamiques et d'institutions qui les offrent ne cesse de croître. En outre, «l'industrie de la finance islamique fait désormais l'objet d'un intérêt certain de la part de plusieurs institutions financières internationales, régionales et nationales, quand on sait que la finance islamique n'est plus l’apanage des seuls musulmans.» Le Président de la BID en Veut pour preuve l'existence de nombreux investisseurs et hommes d'affaires non-musulmans qui ont trouvé que certains produits de la finance islamique conviennent mieux à des formes précises de leurs projets et affaires. Ainsi, les placements financiers respectant les principes de la charia connaissent un véritable boom, et pas seulement dans les émirats arabes ou au Pakistan, mais aussi à la City de Londres et aux États-Unis. La valeur des actifs islamiques dépasserait aujourd'hui 700 milliards de dollars, jouissant d'une croissance estimée à 30% l'an. Lorgnant sur l'épargne du monde musulman, les places financières occidentales s’adaptent. La bourse de New York a ainsi créé en 2007 le SP500 Charia, un indice qui retrace l’évolution des valeurs boursières islamo-compatibles. Les économistes Olivier Pastré et Krassimira Gecheva le montrent bien : « l'essor de la finance islamique traduit le gonflement de l'épargne des pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient, ainsi que le recyclage des excédents commerciaux. » de pays émergents comme la Malaisie. La stigmatisation de l'islam post-11 septembre a apporté sa pierre à l'édifice, suscitant un rapatriement massif de liquidités vers le monde musulman. La finance islamique est donc une opportunité de financement pour les États et une opportunité pour les populations car elle est une alternative beaucoup plus éthique et respectueuse des valeurs religieuses que la banque conventionnelle. Il existe des obstacles à l’émergence de la finance islamique que sont entre autres la laïcité, les préjugés ainsi que les contraintes réglementaires et fiscales. Face à cette situation, il faut lutter contre les préjugés avec un travail pédagogique afin d'expliquer ce qu'est la finance islamique. L’Afrique et la finance islamique La finance islamique reste faible en Afrique malgré les 412 millions de musulmans qui constituent plus de 50% de la population globale estimée à 850 millions d'habitants. Le Soudan reste le marché phare, avec 22 banques islamiques dans le nord du pays, avec près de 10 milliards d'actifs conformes à la Charia. L’Afrique subsaharienne, bien qu'accueillant des banques islamiques, est encore timide. Toutefois, les pays de cette région d'Afrique pourraient comme le nord du continent, s’investir dans le financement ...suite de la page 5 système de gouvernance choisi. Dans le cas du Burkina Faso, nous avons opté pour la démocratie. Pour cela, nous ne pouvons pas laisser un président régner éternellement. Il faut à un moment donné céder la place à d’autres d'où la notion de l'alternance au pouvoir. Parce qu'au départ, le président peut bien commencer mais si son règne devient long, des dérives peuvent apparaître. Il faut un changement pour permettre à un nouvel homme de venir avec de nouvelles idées, de nouvelles perspectives pour faire évoluer les choses. On a plus besoin d'institutions fortes que d'hommes forts car un homme à lui seul ne peut pas être fort à tout moment. Une dame gardant l'anonymat : Il ne faut pas changer pour changer. D’ailleurs on ne change pas l’équipe qui gagne. Pour ma part, il faut faire attention avec les termes. Ce n’est pas parce qu'ailleurs on parle beaucoup de l’alternance que nous aussi on doit suivre le pas. Chaque pays doit faire face à ses propres réalités sans se sentir complexé. Tant qu'un président peut assumer ses responsabilités et travailler au service de la population, je ne vois pas pourquoi il faut tenir à le changer coûte que coûte. Le plus important, c'est satisfaire la masse. Chez nous au Burkina le problème ne se pose pas. Donc qu'on arrête de nous fatiguer avec ces histoires d'alternance, changement et que sais-je encore. Les idées exprimées ne sont ni la position du CERFI ni celle du Journal. Propos recueillis par Mahamadi OUEDRAOGO Le Cerfiste N° 013 Décembre 2010 INTERNATIONAL de l'immobilier, de l'automobile, de la consommation et dans le secteur de la microfinance. Le marché potentiel de la finance islamique sur le continent africain pourrait s'élever à près de 235 milliards de dollars US. Sept pays ont à ce jour accordé une licence bancaire à des institutions islamiques : la Mauritanie, le Sénégal, le Niger, la Gambie, la Guinée, le Liberia et Djibouti. Et ce ne sont pas seulement les pays dits musulmans qui sont concernés. À Maurice (20 % de musulmans) et en Tanzanie (37 %), comme en Afrique du Sud et au Kenya, qui ont vu débarquer deux établissements islamiques chacun en 2007, Gulf African Bank et First Community Bank, la finance islamique est considérée comme un marché « communautaire ». La médaille africaine de l'exemplarité en matière de banques islamiques revient cependant au Soudan, dont le Nord a un secteur bancaire 100 % charia-compatible. L'espace UEMOA représente moins de 0,01 % de ce marché de la finance islamique malgré une demande importante. Cela s’explique en partie par le fait qu'en Afrique francophone, on a des législations qui se rapprochent du droit civil et commercial français, hostile au développement de la finance islamique. Sources : • Olivier Pastré et Krassimira Gecheva, « La finance islamique à la croisée des chemins», Revue d'économie financière, n° 92, juin 2008. • Ibrahim Warde. Professeur associé à la Fletcher School of Law and Diplomacy (Medford, Massachusetts). Auteur de Propagande impériale & guerre financière contre le terrorisme, Agone - Le Monde diplomatique, Marseille-Paris, 2007. Hamadé Bambara Ahhamdu-li-lâhi, raabi-l-âla min à Allah, Seigneur de l’Univers) Inna lil-laahi, wa inna ilayhi raajioun (Certes, nous venons d'Allah et c'est vers lui que se fera le retour) Les grandes familles TAPSOBA, ILBOUDO, à Ouagadougou, Ziniaré, Laongo et aux Etats-Unis. La famille de feu El Hadj TAPSOBA Issaka Gouré à Ziniaré, El Hadj TAPSOBA Oumarou et famille à Ouagadougou, TAPSOBA Saidou Ahmed à la RTB, son épouse Adissa à la Commission de l’UEMOA, leurs enfants Abdel Nasser et Asma, leurs frères et sœurs à Ouagadougou, Ziniaré, Mankarga, Clermont-Ferrand et New York. ZOUNDI Moctar et famille à Ouagadougou, TIENDREBEOGO Hamidou et famille à Ouagadougou, SAM Issaka et famille à Ouagadougou, BELEM Salifou. Président du Conseil d’Administration de la RTB et famille à Ouagadougou. El Hadj OUEDRAOGO Salif, son épouse Hadja Mariam au F.E.R et famille, La famille spirituelle Noura au secteur 16 Ouagadougou, Les familles alliées NANA, OUEDRAOGO, TRAORE, SAWADOGO, TOGO, OUATTARA, KONE, BARA, KONATE et TAPSOBA à Ouagadougou, Ziniaré, Kounda, Zorgho, Gourcy, Kienfangué, Dapaong, El Hadj NANA Youssouf et famille à Ouagadougou, TOGO Saidou, professeur au lycée Marien Gouabi et famille, REMERCIEMENTS OUEDRAOGO Haminou, professeur au lycée de Komsilga et famille, expriment leurs sincères remerciements aux nombreux parents, amis, collègues et connaissances qui, de près ou de loin, leur ont manifesté leur soutien moral, spirituel, matériel et financier lors du décès brutal et de l’inhumation le lundi 27 septembre 2010 de leur petite-fille, fille, sœur, nièce et cousine, TAPSOBA Téewendé Farida, précédemment étudiante au CESAG à Dakar, à l’âge de 20 ans. Leurs remerciements vont à Monsieur le Secrétaire Général du Gouvernement, A Monsieur le Directeur de la Communication de la Présidence du Faso, A Monsieur le Président et aux membres de la Commission de l’UEMOA, ainsi qu’à l’ensemble du personnel des organes de l’UEMOA et leurs familles, A Monsieur le Directeur Général de la RTB, aux Directeurs Techniques et à l'ensemble du personnel, A l'ensemble des structures du CERF et de leurs militants, A l'AEEMB et à l'ensemble de ses militants, Au Premier Vice-président de la Communauté Musulmane du Burkina Faso, Au Secrétariat de la Fédération des Associations Islamiques du Burkina, A Son Excellence Cheick Aboubacar FOFANA, Président du COSIM en Côte d'Ivoire, A Monsieur le Directeur Général de la SONABEL, A Monsieur le PDG de CORIS BANK International, Aux fidèles musulmans, aux amis et aux voisins des secteurs 15, 16 et 7 de Ouagadougou, Aux camarades, amies et promotionnaires de la regrettée aux lycées Nourène, Bambata et Technique de Ouagadougou, A El Hadj MBAYE Diene et famille à Dakar, A tous les frères et sœurs de Jahma. Ibadou Rahman, A El Hadj KOMBOEGO et famille aux 1200 logements, A El Hadj KANAZOE Inoussa et famille à Ouagadougou, Que chacun trouve ici l'expression de leur reconnaissance, en considérant ces remerciements comme lui étant personnellement adressés ! Puisse Allah, le Grand Architecte de l'Univers, vous récompenser grandement et vous combler de ses grâces infinies ! Amin Le Cerfiste N° 013 Décembre 2010 bibo:issue 13 bibo:numPages 12 -- o:id 12076 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12076 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12088 19642 19643 19644 19645 19646 19647 19648 19649 19650 19651 19652 19653 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/d7b742dd2d62643575658e2174902eefa3720bc7.pdf https://islam.zmo.de/files/original/9d5d6b84ca24ef52e5d5fb8c8fe31f67a5cc4f76.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/f9c7eecb691ecb2f4fee4c6c64da6423df7d7e1e.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/c9f6f0a2d8474b97da5469793ec4aafa13104fde.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/851bac02987ba8d7f8f14b27682f51d977017c2a.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/b22a633689a987ebc3dec1908f2f10b0acdfba2d.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/f7dff7e9e5cff19c29810f7653d421681b3ed4d1.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/a717da4505c9a8f98b2f8c23cbcc2244169081a8.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/a2a16700dff478bbeb862e3ac51fdc56430ba209.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/865d14619dfa82047c47372327d558c11cd6d39a.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/02866e6377dfacb694e55d79cd50f63441eb12bd.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/89b16979388a297186d43c3ad8b96d3b9e35b284.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/91f6f80c3d3a4e04635ef4486014d0e2429072dd.jp2 dcterms:title Le CERFIste #12 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/234 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/146 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/432 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/857 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/202 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2010-08 dcterms:identifier iwac-issue-0000535 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/279 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/349 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/544 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/269 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/441 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/414 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/550 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’information et de Formation du Cercle d'Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) n° 012 AQMI AU BURKINA Attention aux amalgames ! P.2 Al-Qaeda, véritable histoire de l’islam Ramadan et spiritualité : deux réalités d’une même pièce « Ramadan est un mois d’abstinence que nous avons transformé en un mois de grande consommation » IMAM Alidou ILBOUDO AQMI AU BURKINA Attention aux amalgames ! Tant que leurs zones de prédilection se limitaient au Nord Mali, en Mauritanie ou dans le Sud algérien, on était tranquille au Burkina Faso et on appréhendait leurs faits et gestes comme de simples informations dont on se délectait sur les chaînes de télé et radios internationales. Mais, depuis que les ambassades occidentales au Burkina, notamment celles des Etats-Unis d’Amérique et de la France ont sonné l'alerte sur une présence supposée d’éléments d'Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) dans le Nord et l'Est de notre pays, les uns s’interrogent, les autres émettent des doutes, mais tous finissent par se convaincre qu'on n’est pas si loin de cette affaire de terrorisme dans le Sahel. On est même bien dedans ! Car avant ces derniers événements, on a d'abord signalé la présence d'un Burkinabè parmi les trafiquants d'AQMI ; ensuite on a assisté à l'enlèvement par le même groupe, de notre compatriote Philomène Ouédraogo ; enfin le Burkina Faso s'est investi avec succès dans la libération des otages détenus par AQMI. En de pareilles circonstances, en tant que musulmans, on ne peut que craindre les amalgames, les clichés et autres préjugés qui sont la conséquence naturelle de ces actes de terrorisme perpétrés au nom de l'islam. En effet, des esprits obtus et pervers n’hésitent pas à saisir ces situations pour jeter l'opprobre sur les communautés musulmanes qu’on accuse systématiquement de complicité ou de sympathie pour ces mouvements. Cela s’est déjà vu au Mali, en Mauritanie et ailleurs, où au nom d'une traque des terroristes d'AQMI, des enlèvements et séquestrations Systématiques ont été opérés contre des populations ayant généralement des ressemblances physiques avec les éléments recherchés et partageant avec eux les mêmes pratiques culturelles et religieuses. Pourtant, comment un musulman sincère peut-il éprouver de la sympathie pour des gens versés dans le trafic de drogue, dans les enlèvements et les assassinats d’innocentes personnes ? Pourquoi approuver des comportements qui sont aux antipodes des enseignements de paix que véhicule l'islam ? Qu’on ne se trompe donc pas au cas où l’hypothèse de la présence d’AQMI au Burkina Faso se confirmait ! On n’en est pas encore là au Burkina Faso, mais tant que la présence des terroristes fait encore l’objet de moult supputations et interrogations, il est difficile d’indexer qui que ce soit. Il vaut mieux mettre en garde tous ceux qui sont croupis dans l'ombre, espérant une situation pareille pour régler leurs comptes avec les musulmans. Ils pourraient même la créer si d’aventure les menaces ne se confirmaient pas. diront certains ! Pourtant, il faut se rendre à l'évidence compte du cynisme des hommes, prêts à nuire au nom de leurs intérêts divers. La Rédaction RAMADAN 2010 Une nuit spirituelle pour réussir son entrée De manière générale, il est ressorti qu'il importait que chacun s’instruise davantage sur les règles élémentaires du jeûne pour ne pas sortir perdant de Ramadan. Du reste, prions Allah d’accorder à toutes et à tous la santé et les moyens nécessaires d’observer ce pilier de l’Islam. Par Mahamadi OUEDRAOGO Qui veut aller loin ménage sa monture, a-t-on coutume de dire. Pour aider ses membres et ses sympathisants à réussir leur entrée dans le mois béni de Ramadan, le CERFI a organisé une nuit spirituelle le 31 juillet à son siège, aux 1200 logements à Ouagadougou. Ils étaient nombreux les fidèles à répondre à cette invitation. Cette activité qui se voulait un cadre d'échange et de réflexion était placée sous le thème : Ramadan et présence sociale. L’objectif était de rappeler aux participants leur devoir de promotion des valeurs sociales pendant le mois de Ramadan. La dimension sociale du jeûne a pu être examinée à l’occasion d’une conférence animée à cet effet par l'Imam Yacoub TIEMTORE. Rappel sur la valeur spirituelle de ce mois, lecture coranique et prière ont tenu les fidèles en haleine jusqu'au petit matin. Chacun a pu regagner sa famille avec l’espoir de décrocher le jackpot des barakat de Dieu. D’une “Le Cerfiste” Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006 01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67/ 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI SAWADOGO Ousmane YAMÉOGO Hamidou Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO Rédaction BAMBARA Hamadé OUÉDRAOGO A. SAIam OUÉDRAOGO A. Wahid TOE Aboubacar PAO & Impression Ressources Services : 50 46 45 19/70 43 33 78 Tirage : 1000 Exemplaires Le Cerfiste N° 12 Août 2010 Les musulmans du Burkina Faso ont débuté le mois béni de Ramadan le jeudi 12 août. Mois de spiritualité, de partage et de miséricorde, Ramadan est un moment privilégié pour le croyant de se rapprocher d'Allah. Durant ce mois, il est exigé des musulmans de jeûner de l'aube au coucher du soleil, de prier davantage, de lire le Coran et de faire preuve de charité envers les plus démunis. L'Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina Faso a organisé des cercles de lecture et des sessions de formation islamiques pour aider les jeunes à mieux comprendre et pratiquer leur foi durant ce mois sacré. Quel est le sens de Ramadan dans la vie d'un musulman ? Ramadan rentre dans la vie d'un musulman durant ce mois où le Coran a été révélé, ce Livre fondateur et la source première des lois en Islam. Pendant Ramadan, tout musulman trouve l’essentiel des prescriptions et des recommandations de sa religion renouvelées encore durant le mois et qu'il est appelé à vivre. Ramadan est important pour nous en ce sens qu’il y a la prescription du jeûne qui est l’un des cinq piliers de l’Islam. Il nous permet d’éduquer notre corps et notre esprit, notre cœur et notre âme à mieux nous conformer aux recommandations d'Allah. Qu’en est-il du facteur social ? Le Ramadan effectivement s’accompagne d’un aspect social très important. Parce que tout acte d'adoration, de culte est hautement récompensé durant ce mois, et le Prophète (SAW), étant un exemple, nous a habitué dans l’éducation qu’il nous a... laissée, à être solidaire envers ceux qui vivent avec nous durant le mois. Aicha, en parlant de la générosité du Prophète (SAW) a dit qu'il était comme le vent, surtout dans les dix derniers jours de Ramadan. Il y a des gens qui ont compris le sens réel de Ramadan en vivant cet embellissement spirituel, de cette maîtrise de soi et de mise en valeur des qualités qu'Allah attend du musulman. Ces gens sont sur le chemin de la perfection et de la recherche de la vérité. C’est d’ailleurs l’objectif pour lequel Ramadan a été très indiqué, l’exercice de la lecture du Coran. comme une fête; et ils passent ainsi à côté des enseignements du mois de Ramadan parce qu’il vient avec des privations et peut-être avec beaucoup d’efforts difficiles pour l'âme et c'est regrettable. Qu’est-ce que vous reprochez dans les pratiques de certains frères ? Ce que je reproche le plus, c'est que des gens ne font pas l'effort de vivre spirituellement Ramadan comme il doit. C’est-à-dire que le mois de Ramadan passe mais ils sont toujours dans l’attente de sa fin soit pour fêter, soit pour sortir vite des conditions d’abstinence et de retenue que j’ai évoquées. Alors que le mois de Ramadan devrait être en principe une occasion de repentir, de rémission de nos péchés, de retour à Allah et surtout de prise de bonnes résolutions pour l’avenir. Ramadan est pour nous une école où les vertus qui sont enseignées doivent être intériorisées par chaque musulman afin de rendre suivie. meilleure en Allah mais aussi avec les autres créatures. Quelles sont les conditions à remplir pour un Jeûné accepté? Premièrement, il est très important parce que cela fait la différence entre jeûner imposé et des jeûnes volontaires. Deuxièmement, il faudra respecter les conditions. Préservant ses organes des sens, notamment la vue, l’ouïe, la langue et ses membres de tout ce qu’Allah a interdit. Troisièmement, il faut mobiliser son cœur et son esprit et les diriger vers Allah pour vivre intensément un jeûne emprunt de piété et surtout de retour à Allah. Quels sont les actes qui sont fortement recommandés dans ce mois de Ramadan ? Pendant qu’on empêche le corps de se nourrir, il faut nourrir le cœur et l’esprit. Et la nourriture du cœur, c’est l’adoration à travers la prière, la lecture du Coran, les invocations, la méditation du Livre saint et les actes de solidarité. Les actes qui sont recommandés, c’est tout ce qui nous amène à nous améliorer, surtout sur le plan spirituel à travers les différentes sortes de prière et les actions qui nous amènent à nous rapprocher des autres. êtres qui vivent avec nous. Je veux parler de la solidarité. Le prophète (SAW) a dit : « Celui qui donne... » Que dites-vous de ceux qui, par peur de succomber à la tentation, décident de rester chez eux pour observer leur jeûne ? En réalité, c'est aussi le sens de l'épreuve. Le jeûne vise à nous apprendre à vivre parmi les hommes et à... être bon parmi eux pour eux. Nous devons nous maîtriser et nous dire que nous sommes des jeûneurs et que, quoi que nous fassions ou disions, cela doit être en accord avec ce que nous croyons. Ramadan rime chez nous avec la polémique autour de l’apparition de la lune marquant le début et la fin du jeûne. Qu’en dites-vous ? Pour ce qui est des enseignements qui marquent la fin ou le début de Ramadan, effectivement l'Islam recommande la vision du croissant lunaire. Maintenant, est-ce qu’il a été dit que cette vision doit se faire à l'œil nu ou est-ce qu’on peut utiliser les moyens modernes dont nous disposons pour le faire ? Cela va dépendre de la période, du pays, de l’époque où l’on vit. À mon sens, nous devons tous aller à la recherche du consensus dans notre recherche de la lune ou dans notre recherche du début ou de la fin du mois de Ramadan. Sur le plan national, une commission lune est chargée de régler cette question. Il est temps que les musulmans s'alignent sur les décisions de cette commission. commission; qui sont parafées par la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB). Tout musulman devrait dans l'obéissance à l'autorité suivre les recommandations de la commission lune. Si on ne peut pas s’entendre sur des questions aussi légères que cela, on ne peut pas s’entendre sur les questions de fond. Ce mois connaît généralement la hausse des prix des denrées de grande consommation. Quel message avez-vous à adresser à ceux qui font de la surenchère pendant Ramadan ? Je n’ai pas de message particulier à leur endroit parce qu’ils mettent, à mon sens, des produits au moment où les gens en ont besoin. S'ils ont acquis ces produits à un moment difficile ou que les prix ont augmenté, c’est normal qu'ils nous les revendent à des prix élevés. Par contre, je m’adresse aux musulmans pour les rappeler que Ramadan est un mois d’abstinence que nous avons transformé en un mois de grande consommation. Donc à la limite, c’est nous qui avons créé la surenchère. Normalement le mois de Ramadan devait voir la diminution de la consommation au niveau de la famille. Si nous en faisons un mois de grande consommation, il est normal que les prix s’enflamment à ce moment-là. Je pense que le péché capital vient de nous-mêmes les jeûneurs. Bientôt nous entrerons dans la dernière décade de Ramadan. Quelle est l’importance de cette étape ? La dernière décade est le moment le plus ultra du mois. C'est le bonus qu’Allah nous donne parce que les meilleures heures, les meilleurs moments de toute l'année s’y trouvent. Dans cette dernière étape, il y a spécialement une nuit appelée la nuit de la destinée, Al QADR, où Allah accorde la valeur à toute œuvre de l'année. La valeur de cette nuit dépasse mille mois d’adoration consacrée à Allah. C'est dans la recherche de cette nuit que les dix derniers jours prennent leur valeur. Chacun doit faire l’effort d'adorer Allah en cette circonstance. Le prophète (SAW) nous a recommandé de la chercher surtout durant les nuits impaires. Quand on a des difficultés pour savoir quand débute Ramadan ou quand il finit, il est encore plus difficile de savoir quelle est la 21e, la 23e, la 25e, la 27e ou la 29e nuit. Donc il est bon que nous la cherchions durant toute la dernière décade. C’est ce que le prophète (SAW) avait l'habitude de faire. Aicha nous disait que quand la 20e nuit de Ramadan arrivait, le prophète (SAW) pliait sa natte. C'est le signe qu’il ne dormait plus la nuit. Il réveillait les membres de sa famille pour qu'ils veillent en prière. L'autre pratique que le prophète (SAW) faisait et que ses Compagnons et ses femmes ont observé après lui, c’est l'itikaf, c'est-à-dire, la retraite spirituelle, qui consiste à se retirer dans la mosquée dès la 20e nuit et de n’en sortir que le matin de la prière, avec pour objectif de consacrer ses nuits et ses jours à la recherche du meilleur des moments, la nuit de la valeur. Pouvez-vous nous faire un rappel sur la philosophie de la Zakat el fitr? La zakat el fitr est dite aumône de la rupture. Le prophète (SAW) nous dit qu'elle a été instituée pour deux objectifs essentiels. Premièrement, pour purifier notre jeûne des éventuelles imperfections qui l'auraient entaché, soit un regard, une parole déplacée, un geste qui nous a échappé, qui ne rompent pas le jeûne de façon formelle mais qui jouent sur sa valeur. La zakat el fitr ou l'aumône purificatrice a pour but de laver notre jeûne et le rendre acceptable aux yeux d’Allah. C’est pourquoi, le prophète (SAW) a demandé que cette aumône soit payée avant la prière. C'est ainsi qu'elle joue son rôle purificateur. Mais si cette zakat est prélevée après la prière, c'est-à-dire après la fête, elle devient comme parmi les aumônes volontaires que nous faisons tous les jours. Le deuxième objectif de la zakat el fitr, c'est qu’elle doit servir aux indigents et aux besogneux de fait. Le prophète (SAW) a dit de leur épargner la mendicité le jour de la fête. Donc nous allons partager nos vivres avec ceux qui vivent parmi nous et qui n'ont pas les moyens de fêter. afin qu’ils puissent participer à la fête avec nous. C’est pourquoi cette aumône, vous allez le constater, est très consistante, puisqu'elle est prescrite sur chaque membre de toute famille musulmane jusqu’au bébé qui vient de naître. Les califes Ousmane et Omar ont étendu cette aumône jusqu’au fœtus. On doit prélever sa zakat el fitr parce que cela augmente l'aumône qu'on va distribuer aux autres. Pour sa quantité, on peut l'évaluer à environ 2,5 kg de céréales que nous consommons dans notre région (le maïs, le sorgho, le riz, le mil ...). Au temps du prophète (SAW) on pouvait donner des dattes. La majorité des savants musulmans disent qu'au temps du prophète (SAW), il y avait l’utilisation de la monnaie en or ou en argent comme zakat. Mais dans le hadith, le prophète ne nous a pas prescrit de donner cette aumône en espèce, c’était seulement en nature. Seul Imam Abou Hanifa, parmi les 4 grands Imams, a agréé l’aumône de la zakat el fitr en espèce, en numéraire, surtout lorsque cela atteignait l’objectif. d’empêcher ou d'éviter aux pauvres la mendicité le jour de la fête. Quand on peut atteindre au mieux cet objectif en leur donnant de l’argent, l’Imam Abou Hanifa a jugé qu’il était acceptable qu’on le fasse. En tout état de cause, nous allons d’abord chercher à donner la zakat el fitr en respectant les principes en la matière et quand nous serons dans une situation d’exception comme celle-là, alors nous donnerons l’aumône purificatrice en argent. Comment le musulman doit-il gérer l’après Ramadan ? L’après Ramadan est une période post-vacances ou de post-scolarité. Ramadan est une école. C'est l'école de la vie. Dans Ramadan, j’ai appris à me maîtriser face à des situations. J’ai acquis plus de piété dans la dévotion et aussi une habitude de lecture du Coran, d’invocation et de solidarité. Ce sont des actes qui devront nous servir la vie durant. Donc, je vais d’abord essayer de maintenir le cap. C’est le premier élément. Maintenir le cap sur les activités que je faisais pendant le mois de Ramadan en essayant de ne... pas trop m’en éloigner. C’est vrai qu’il y aura un relâchement. Le prophète (SAW) nous a indiqué des actes à suivre durant l’année que nous pouvons utiliser à la limite pour réanimer en nous la flamme de Ramadan. C’est d’abord les six jours du mois de chawal (le mois qui suit Ramadan). Il a recommandé qu’on jeûne ces six jours. Dans chaque mois, il est recommandé de jeûner trois jours et surtout les jours de pleine lune (les 13e, 14e et 15e jours des mois lunaires). En plus de cela, il y a d'autres jeûnes volontaires tout au long de l’année, qui doivent nous servir à maintenir tout ce que nous avons acquis comme habitude durant le mois de Ramadan. Donc, l’après Ramadan est une période essentielle où nous allons capitaliser tout ce que Ramadan nous a enseigné et l’investir dans notre vie de tous les jours pour que cela nous serve, nous et les autres. Quels défis se présentent aujourd’hui à la communauté des musulmans au Burkina Faso pour une meilleure compréhension et une bonne observation de Ramadan par Les défis sont multiples. Mais le premier et le plus grand, c’est le défi de la culture. Beaucoup de gens ne sont pas informés et nous avons vraiment une culture très minime en matière de connaissances islamiques. Il faudra qu'on relève le niveau de connaissance à travers l’enseignement dans les mosquées. Dieu merci, il y a des radios communautaires qui sont là, des journaux comme le vôtre qui font ce travail mais il faut qu’au niveau des communautés à la base, les gens trouvent toujours des stratégies pour enseigner le plus de musulmans possible. Parce que l'enseignement se fait beaucoup plus par l'oralité et tout ce qu’on écoute ne reste pas. Je pense que s’il y avait l’alphabétisation, que ce soit en langue locale, en français ou en arabe dans les mosquées, dans les quartiers, dans les communautés musulmanes, nous aurions fait un pas de plus dans l'enseignement et dans la compréhension de l'Islam en général et de Ramadan en particulier. Le deuxième, c’est le défi de l’unité. C’est quelque chose qu’on a tant cherché mais qu’on n’a pas encore trouvé. C’est vrai que la Fédération est là avec ses diverses commissions, mais elle peine à fonctionner normalement. Chaque association doit mettre du sien pour aider la Fédération à prendre pied pour répondre à tous les défis qui se présentent à la communauté. Je pense que si on relève le défi de l’alphabétisation et celui de l’unité des musulmans, on aura fait un grand pas et les autres défis seront maintenant négligeables. Quels sont vos vœux à l’approche de la fête ? Je formule mes vœux de bonne fête et surtout d’exaucement de tout ce qu’on aura fait durant ce mois en matière d’adoration, de jeûne et de solidarité. Je souhaite beaucoup de courage à tous ceux qui s’engagent dans le travail islamique. J’ai enfin une pensée pieuse pour tous les musulmans dans le monde entier, surtout ceux qui souffrent parce qu'ils sont musulmans. Nous sommes également en saison hivernale, je souhaite qu’on ait des pluies abondantes et bienfaisantes et qu’Allah nous évite Les calamités qui sont parfois animées à ces pluies. Interview réalisée par Mahamadi OUEDRAOGO Le Cerfiste N° 012 Août 2010 Al-Qaeda, véritable histoire de l’islam radical Le terrorisme international comme on a convenu de l’appeler est un phénomène qui touche aujourd’hui de nombreuses sociétés à la surface du globe. Cela est d’autant plus vrai que la bande sahélo-saharienne qui inclut le Burkina Faso en est devenue un terreau favorable. Les causes du terrorisme sont multiples et profondes, mais pour l’essentiel nous retenons que c’est le fanatisme religieux (qui existe aussi bien dans l’islam que dans les autres religions), nourri à la source de la volonté des occidentaux de soumettre le monde entier, qui en est l’explication. Après les attentats du 11 septembre 2001 attribués à Ben Laden et son mouvement al Qaeda, beaucoup d’ouvrages ont été publiés sur le phénomène du terrorisme. C’est un de ces nombreux écrits que le Cerfiste se propose dans cette... parution de vous faire découvrir : Al Qaeda, véritable histoire de l’islam radical. Cet ouvrage est l'œuvre de Jason Burke, journaliste anglais et spécialiste des mouvements islamistes. Il est par ailleurs reporter du journal The Observer pour lequel il a suivi la guerre en Irak, la question kurde, le Pakistan... Publié à La Découverte en 2003, le livre compte 212 pages organisées en 16 chapitres. Il a été traduit de l’anglais au français en 2005 par Laurent Bury. Burke, dans son ouvrage, affirme qu’Al Qaeda n’existe pas au sens où il serait une organisation qui coordonne des actions terroristes dans le monde à partir d’un seul centre de commandement. Il est plutôt une « vision du monde qui mêle antioccidentalisme, antisémitisme, antisionisme partagée à des degrés divers par un nombre croissant de personnes dans les sociétés musulmanes ». « La force du mouvement, poursuit-il, réside dans sa capacité à former des individus capables d’agir sans ordre du guide. » C’est l’hypothèse qui a guidé l'auteur dans tout son livre. Il retrace le parcours d’Oussama Ben Laden depuis ses origines yéménites. Son engagement dans le mouvement islamiste, la création du mouvement Al Qaeda, ses compagnons directs et tous les discours entretenus jusqu'à l’invasion américaine de l'Afghanistan en 2001. Ainsi, il rapporte que le père de Ben Laden, parti du Yémen, s’est installé à Djedda en Arabie Saoudite en 1930. Il créa une entreprise de travaux publics qui prospéra et développa de très bonnes relations avec la famille royale saoudienne. C’est dans cette cité de Djedda que naquit Ben Laden. Il y mena ses études primaires et secondaires. À la mort du père, sa fortune fut partagée entre ses fils. C’est ainsi qu'Oussama devint propriétaire d’une immense fortune. À la fin de ses études, Ben Laden n’était pas du tout attiré par le luxe ; il épousa une femme et commença à mener une vie ordinaire. Dans le milieu universitaire, les discours engagés de Saïd Qutb, Abdallah Azzam, entre autres, ne l’ont pas laissé indifférent. Ben Laden ne se sentait pas bien dans une vie ordinaire quoique luxueuse. Il voulait mettre sa fortune au service de la lutte pour la cause de l’islam. En 1979, il choisit de se rendre en Afghanistan afin d'aider les moudjahidins (combattants afghans) à chasser l’URSS qui a envahi ce pays un an plus tôt. C’est le début d’un long et difficile parcours jusqu’en 2001. Ben Laden s’installa au Pakistan d’où il recrutait des combattants et envoyait toutes sortes de soutien aux moudjahidins. Après le retrait des Soviétiques en 1988, il fit son retour en Arabie Saoudite avec un projet de création d’une armée musulmane à même de défendre la "nation islamique" contre toute agression. Le rejet de son projet par le roi marque la rupture avec ce dernier. Sa vie en Arabie Saoudite devint difficile. « En 1991, Ben Laden était en quelque sorte en résidence surveillée à Djedda. De plus en plus mécontent, il sentait que c'était son devoir de quitter la péninsule arabique tant que les soldats américains occuperaient le pays des deux lieux saints. » temps, on lui retira la nationalité saoudienne le contraignant à l’exil et à la clandestinité. La même année, Ben Laden s’installa à Peshawar. Trois ans après, il se rendit au Soudan avec l’intention de soutenir le régime putschiste d'Al Tourabi et d'El Béchir. Là, il se consacra à des travaux publics (autoroute Khartoum-port Soudan, aéroport de la capitale...). Mais le régime soudanais sentit à un moment que la présence de Ben Laden constituait une insécurité pour lui et l'isolait sur la scène internationale parce que l'homme était recherché à la fois par les Saoudiens et les Américains. Dans ce contexte difficile, Ben Laden se vit contraint de quitter le Soudan pour l’Afghanistan. À son arrivée, il avait envoyé voir le Mollah Omar pour expliquer son idéal et l’appui qu'il entend lui apporter. Il s’intégra dans le mouvement des Talibans en lutte contre le régime pro-soviétique de Kaboul. Il eut de véritables difficultés à être accepté par les Talibans pour simplement une question de doctrine et de culture. Alors que lui menait un jihad planétaire, les Talibans inscrivaient leur lutte dans le cadre de la libération de leur pays de l’influence extérieure. Toutefois, par un compromis il réussit à installer le noyau d’Al Qaeda, fit sa déclaration de jihad contre le grand Kufr et créa les camps d'entraînement. Suite aux attentats de Nairobi et de Dar es-Salam qu'on lui attribuait, les services secrets saoudiens et américains se lancèrent plus que jamais à sa recherche. Le Mollah Omar parvenu au pouvoir refusa de livrer Ben Laden et s’attira la foudre des Américains. Le noyau originel formé autour de Ben Laden fut renforcé par un autre groupe constitué à l'université de Hambourg et nourrissant les mêmes ambitions. Il s'agit entre autres de Mohammed Atta un des pirates du 11 septembre, Ziad Jarrah, Al Shehhi et Ben Al Shibh tous étudiants. Ils rejoignirent les camps d’entraînement de Ben Laden en 1999. Il paraît que l’idée de détruire le World Trade Center est née à leur arrivée en Afghanistan. effet que ce groupe s'est constitué de façon autonome, d'autres par contre pensent qu’il s'agit de recrues d'Al Qaeda à qui on a confié les attentats du 11 septembre. Des jeunes saoudiens, pakistanais, maghrébiens et bien d'autres nationalités sont recrutés et envoyés dans les camps d'entraînement. Les dirigeants du mouvement à l'époque, à la suite de Ben Laden, étaient Ayman Al Zawahiri d’origine égyptienne, Mohammed Atif, Abou Zoubeidah, Khalid Cheikh Mohammed... Il semble que ce furent les formateurs des pirates du 11 septembre. L’auteur s’arrête sur les opérations de préparation des attentats du 11 septembre, il explique l’invasion américaine de l'Afghanistan et la dispersion des militants talibans et leurs hôtes, militants d'Al Qaeda. C'est un autre tournant de l’histoire d'Al Qaeda car chaque acteur partout où il se retrouvait pouvait recruter des combattants et commettre des attentats. Entre autres, on a les attentats de Bali en Indonésie, de Casablanca, de Bombay en 2003 et bien d’autres qu’on leur attribue. attribue. Il O ^ „ 4^ Le Cerfiste N° 012 Août 2010 ^&wtmM^&^&^üw^ VIE DU CERFI RENCONTRE ANNUELLE DES ENSEIGNANTS MUSULMANS DU CERFI La CNEM et le pari de l’amélioration de l’éducation au Burkina La Cellule nationale des enseignants musulmans (CNEM) du Cercle d’étude, de recherches et de formation islamiques (CERFI) a organisé du 07 au 10 août sa rencontre annuelle ordinaire. L’objectif était de créer un cadre de formation, d'échange et de fraternisation entre les femmes étaient bien représentées religieuses et professionnelles des participants dans l'optique de mieux les outiller à l'encadrement des sections du CERFI et à mieux participer au développement de notre pays. Le séminaire a d’ailleurs été marqué par le lancement d'une étude sur la contribution des musulmans en matière d’éducation au Burkina Faso. Compétence et il importe de les placer au cœur de toutes les stratégies. C’est le gage d'une action réussie en termes d'édification d’une société d’espérance. Si la rencontre s’est bien déroulée et que les Objectifs ont été atteints, on ne peut pas cependant perdre de vue les difficultés rencontrées. La plus importante à relever, selon le président du Comité d’organisation, Zoumana KASSAMBA, c'est bien la communication. Cette dernière a beaucoup fait défaut, car de nombreux participants ont reçu l'information tardivement réduisant ainsi leur nombre. On ne peut pas ne pas communiquer, disent les spécialistes. Aujourd’hui la communication est un défi et une opportunité au quotidien. Pour rendre davantage ses actions plus visibles et plus dynamiques, le CERFI gagnerait à améliorer sa stratégie de communication. En la matière il dispose de nombreuses compétences. «Quid du séminaire ?» Chaque année, la Cellule nationale Le ministre Ousséni Tamboura, parrain de l’activité Ousseini TAMBOURA, Ministre délégué à l’alphabétisation et à l’éducation non formelle. Elle a été co-présidée par le Président du Comité Directeur National du CERFI et par Seydou Banworo Sanou, Gouverneur de la région du Centre-ouest. Les activités du séminaire se sont achevés, ses membres en vue de renforcer leurs capacités. Cette année, la cellule a placé cette activité sous le signe de la valorisation des compétences, conformément à la politique générale de formation du bureau exécutif national du CERFI. «La valorisation des compétences au sein du CERFI» et «Les sourates Al Falaq et An-Nass : mérites et enseignements», c’est autour de ces deux (2) thématiques que la rencontre annuelle des enseignants musulmans s’est tenue du 7 au 10 août au lycée provincial de Koudougou. Ils étaient au total deux cent quatre (204) participants venus des différentes localités du Burkina Faso à prendre part aux travaux de cette assise. Pendant trois (3) jours, les membres de la CNEM ont passé en revue les exigences du travail islamique et les défis qui se présentent à la communauté des musulmans en matière d’éducation. Les thèmes développés et les échanges qui ont suivi, ont permis d’approfondir les connaissances. Pour le parrain, Ousséni TAMBOURA, Ministre délégué à L'alphabétisation et à l’éducation non formelle, cette activité vient à point nommé et contribuera certainement à renforcer l'offre éducative au Burkina Faso. Il a saisi l’occasion pour interpeller le CERFI à élaborer des stratégies d’alphabétisation au profit des personnes âgées et des démunis. Tout en saluant la pertinence du thème de cette rencontre, il s’est réjoui de l’étude que le CERFI compte mener pour apprécier la contribution des musulmans dans le domaine de l’éducation. Pour lui, cette étude s'impose et il a souhaité voir les résultats dans un bref délai. Car elle renferme un intérêt très poussé pour les différents départements ministériels en charge de l’éducation et de l'enseignement dans notre pays. Il ne peut y avoir de développement possible sans une valorisation des ressources humaines, des compétences. Les enseignants sont des acteurs qui disposent déjà d'une com- Une vue des participants des enseignants musulmans du CERFI organise des rencontres de formation islamique à l’intention de ses membres. La présente rencontre a connu une forte implication du Bureau exécutif national (BEN) qui a mobilisé les ressources humaines, matérielles et financières à cette occasion. Cette session de formation a été placée sous le parrainage de vées par une concertation élargie entre le BEN et les participants, dans un souci de valorisation des compétences et de mobilisation des ressources pour faire face aux investissements en matière d’éducation. Envoyé spécial à Koudougou Mahamadi OUEDRAOGO Le Cerfiste N° 012 Août 2010 VIE DU CERFI La CNEM, le bras technique du CERFI en matière d’éducation La Cellule nationale des enseignants musulmans (CNEM) est une commission spécialisée du CERFI. Elle a été créée en 1996 par le Bureau exécutif national (BEN). Depuis lors, la Cellule organise des activités de formation au profit de ses membres et apporte son appui aux différents projets du CERFI. Elle tient chaque année une rencontre de formation des enseignants dont l’objectif est d'approfondir leur niveau de connaissance. La CNEM a contribué à l’élaboration du Guide de formation islamique de base du CERFI et au programme de dynamisation des formations. Elle compte ainsi jouer son rôle de pièce maîtresse dans la politique de formation du CERFI. Dans cette dynamique, la CNEM a été à la base du projet SIE (Société d’investissement pour l'éducation). Le but de la SIE, selon son Secrétaire permanent, est de permettre au CERFI de disposer d'un fonds pour le financement de l’éducation. Pour y parvenir, la CNEM a souhaité une forte contribution des frères et sœurs cerfistes, gage de la réalisation de ce projet. Le CERFI est une structure engagée dans la formation et l’éducation pour une meilleure compréhension de l'Islam au Burkina. De ce fait, il dispose de projets sur papier qui n’attendent que des ressources financières pour être exécutés. La SIE constitue un espoir, selon ses initiateurs, en ce sens qu’elle permettra certainement d’accompagner. La structure dans l’amélioration de l’offre éducative au pays des hommes intègres. Nous pouvons citer en exemple le projet d'extension du Complexe scolaire de la fraternité Ousmane Dan Fodio de Banfora. Par Mahamadi OUEDRAOGO Des kits scolaires pour renforcer les actions du CERFI à la veille de la rentrée En marge de la rencontre annuelle des enseignants musulmans tenue à Koudougou du 7 au 10 août, le CERFI a reçu des kits scolaires. Ce don du parrain, le ministre de l'alphabétisation et de l'éducation non formelle, Ousséni TAMBOURA, vient comme une bouffée d'oxygène. En effet, ce lot composé de stylos, de crayons, de cahiers permettra au CERFI de faire certainement des heureux à la veille de la rentrée scolaire 2010-2011. Le président du CERFI, Moussa Nombo, qui a reçu le matériel des mains du chef de cabinet du ministre, a rassuré le donateur quant au bon usage du matériel. Les enseignants présents à la remise étaient très émus de ce geste de don de matériel important. Au-delà de ces gestes, c’est un signal. fort qui est adressé à l’ensemble des intellectuels musulmans. Ils doivent avoir à cœur l’évolution des structures islamiques. L’édification de l’Islam au Burkina Faso ne peut être l’affaire d'une seule personne. Notre catégorie sociale ne doit pas nous faire oublier notre religion tout comme il est démontré qu’il n’y a pas d'antagonisme entre la religion et l'ascension sociale. C'est la contribution de tous et de chacun qui permettra aux structures islamiques d’être plus dynamiques et de jouer pleinement leur rôle d’acteurs de changement et de développement. Par Mahamadi OUEDRAOGO Le Cerfiste N°012 Août 2010 Colonie de vacances islamique 2010 Enfants musulmans, ambassadeurs de la nature L’année 2010 est sans conteste l'année de l’environnement. Depuis le forum mondial de l’environnement tenu à Ouagadougou et le sommet de Copenhague au Danemark, les initiatives d'interpellation des consciences sur les défis environnementaux sont légions. Dans le souci d’apporter leur contribution dans l’élan Commun de sauver la planète des dangers liés à la dégradation de l’écosystème, l’Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina (AEEMB) et le Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI) ont placé la 21e édition de la colonie de vacances islamique sous le signe de l’éducation des enfants. Ils étaient au total 270 enfants musulmans à participer à cette colonie de vacances islamique qui a eu lieu au Centre socio-éducatif de l’Agence des musulmans d'Afrique. Placée sous le parrainage de Moustapha SARR, Directeur du Parc urbain Bangr-wéogo, cette activité statutaire de l’AEEMB et du CERFI a tenu toutes ses promesses. Car l’objectif était de réunir les enfants musulmans dans un cadre de fraternité, de formation et d’épanouissement spirituel, conformément au Coran et à la tradition du Prophète de l’Islam (SAW). Après deux semaines de travaux, les initiateurs tirent satisfaction au regard des résultats de l’évaluation. Selon Arouna YAMEOGO, l’éducation des enfants est et demeure une des priorités. de la protection de l’environnement. C'était du 17 au 31 juillet à Ouagadougou. Finale à laquelle les participants ont été soumis et qui fait état d'une moyenne générale de 93,7%. Selon le Directeur de la colonie, les enfants ont regagné leurs familles avec ce qu’il faut comme formation spirituelle à leur âge et les connaissances nécessaires sur les défis environnementaux qui concernent toute l’humanité. En référence au thème de la colonie : « Enfants musulmans et éducation à la protection de l'environnement », des cours d’instruction religieuse portant sur les ablutions, la prière, les histoires des prophètes, la morale, mais aussi des travaux manuels et des ateliers sur la protection de l’environnement et des changements climatiques, toutes ces notions ont été dispensées aux enfants. Les enfants se sont aussi rendus à Faso parc, à la base aérienne et chez le Mogho Naaba, empereur des Mossés. Le président du CERFI, Moussa NOMBO, dans son allocution de clôture au nom des deux structures organisatrices, a fait savoir... que de l’islam. Elle est le fondement, la base sur laquelle la communauté mohamédienne repose pour se constituer et se maintenir, grâce à la transmission des valeurs et des principes islamiques. C’est donc cet esprit qui a et qui guidera toujours l'esprit de ce rendez-vous annuel des enfants musulmans. Tout en remerciant les parents des enfants pour leur confiance à l’AEEMB et au CERFI, le président NOMBO a exprimé son vœu de voir tous les acteurs de l’Islam au Burkina Faso, s’engager à rendre davantage cette activité meilleure pour le bonheur des tout-petits. En attendant la prochaine édition, les parents sont invités à aider les enfants dans la consolidation des acquis de la colonie. Car l'éducation est le plus beau cadeau qu’un père puisse léguer à son enfant, a dit le Prophète (SAW). Par Mahamadi OUEDRAOGO LeCerfiste N° 012 Août 2010 ^^^ Ramadan et spiritualité : deux réalités d’une même pièce Allah nous a enjoint plusieurs actes d’adorations, certains obligatoires, d’autres facultatifs. L’objectif Ultime est l’éducation, la purification. Il faut arriver au bon comportement, à la piété. L’observation des prescriptions conduit à éveiller les sens à l'essentiel, à l’important, à l’Humain. Le principe est que le Seigneur Allah a accordé des potentialités à l'Homme. Il lui a ensuite doté de la raison pour identifier le bien du mal d'autant plus qu’Il a pris le soin de dresser la liste des bonnes et mauvaises qualités. Pour couronner le tout, un outil efficace a été incorporé à chaque Homme pour l'aider à maîtriser, voire façonner sa personnalité. C’est à ce niveau qu’interviennent les recommandations divines, les pratiques cultuelles. Dans celles-ci et par rapport à cet objectif, Ramadan est indispensable. S'abstenir de tout ce qui est mal, se priver pour acquérir, faire du bien : c’est ce à quoi nous invite Ramadan et c’est cela la spiritualité. L’esprit conditionne l’efficacité du jeûne de Ramadan. Le prophète (saw) a dit : « celui qui se réjouit de la venue de Ramadan, Allah lui pardonne ses péchés. » passés.» Il invite à un bon accueil du ramadan. Plus, il dévoile l'importance de la conscience dans l’accomplissement de ce pilier. En effet, pour bien aborder cette pratique, il importe que l'homme mobilise tout son être. Il s'agit de s’égayer au vu de ce que ce mois a de valeur. L’esprit dans ce cas expose l’intérêt du jeûne et se donne en même temps la motivation nécessaire pour la perfor-mation de l'acte. Lorsque cette opération intérieure d'orientation de l'esprit est effectuée, l'individu musulman jeûne par plaisir. Ce plaisir lui révélera, du coup, la nécessité de mobiliser les moyens spirituels indispensables au jeûne : patience, persévérance, abnégation,...... Ainsi préparé, l’esprit accepte d'accorder tous les soins à la pratique : il surveillera perma-nemment ses gestes, paroles, pensées et veillera à ce que ces derniers ne soient pas en porte-à-faux avec les règles prescrites, mieux il les mobilisera pour une meilleure réussite de l’acte. Cette relation entre esprit et jeûne est de loin ce qui imprime des spécificités aux actes des jeûneurs. Et c’est pourquoi Allah en a fait un outil d'appréciation des actes de Ses serviteurs : «les actes ne valent que par les intentions qui les inspirent...» En pratique, ensemble, nous nous abstiendrons de manger, de boire, d’avoir des rapports sexuels mais quant à la récompense, nous serons différenciés. Pour cause, certains ont observé ce jeûne par conformisme, par complaisance, par ostentation, par intérêt mondain ; pour cela ils n'ont pas fait d'égard à leurs oreilles, à leurs langues, à leurs yeux, bref ; leur jeûne était vidé de toute présence spirituelle. A ceux-ci le prophète remarque : «Celui qui n’abandonne pas le mensonge et les mauvaises actions, alors Dieu n’a pas besoin qu’il abandonne sa nourriture ni sa boisson.» (rapporté par Al-Bukhârî) Par contre «Celui qui jeûne le mois de Ramadan, en connaissant et en respectant avec vigilance les règles du jeûne, expie les fautes de son passé». (Boukhari) Qu’Allah nous inscrive parmi le dernier groupe ! En somme, Le jeûneur mobilise toutes ses énergies spirituelles pour embrasser le ramadan, et se donne, en retour, la possibilité que ce jeûne influe positivement sur sa spiritualité. Ramadan éclaire l’esprit. Il n'est plus un secret pour personne que les péchés assombrissent le cœur, obscurcissent l’esprit et aveuglent la conscience. Les nourritures alourdissent le corps, de ce fait lui insufflent lourdeur et paresse. Ramadan interdit : les rapports sexuels, le manger et boire, la cigarette. Du coup, il allège le corps, condition essentielle de tout exercice spirituel. L'aide d'Allah pour cultiver notre spiritualité par le biais de ramadan ne s’arrête pas là. Il ordonne aux anges de fermer l'enfer (l’obscurité), d'attacher le diable (l'obscurcisseur). En plus, Allah impose le repentir et l'exauce de sorte que l'âme s'en sorte décrassée, dépoussiérée, cirée et purifiée de tout péché. L'imam Tirmidhi a rapporté que le Prophète, Salla Allahou Alaihi wa Sallam, a dit : «Quand l'homme commet un péché, un point noir est marqué. sur son cœur, quand il se repent, le point noir sera effacé. Par contre s'il persiste et commet d’autres péchés, la surface de ce point s'accroît jusqu'au point de couvrir tout son cœur. C'est la souillure mentionnée dans le Coran : «Pas du tout, mais ce qu’ils accomplissent couvre leurs cœurs.» S83V14 C’est aussi une évidence que nos sens ou organes sont les portes par lesquelles les péchés atteignent le cœur. La prudence ramadanique les bouche. Ainsi, par Ramadan, Allah nous allège physiquement (privation) et spirituellement (repentir) et nous protège contre les souillures. Après cette lecture des choses, ces nobles paroles ne peuvent qu’être bien comprises et acceptées : «...Dieu veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous...» S2V185. Il est indéniable dans ces cas que Ramadan est un outil indispensable de spiritualité. Abdullah Ibn ’Umar (qu'Allah les agrée tous les deux) rapporte que l'Envoyé d'Allah (psl) a dit : "Le jeûne et le Coran intercéderont en faveur du serviteur (adorateur) le Jour de la Résurrection. Le Jeûne dira : "O mon Seigneur ! Je l'ai empêché de se nourrir et de satisfaire son désir : prends-moi donc comme intercesseur en sa faveur !". Et le Coran dira : "Je l'ai empêché de dormir la nuit, prends-moi donc comme intercesseur en sa faveur !". Et ils intercéderont. La première philosophie qu'il faut tirer de ramadan est qu'il faut se détacher de ce monde mais seulement de cette vie. Ainsi, à travers cette période de privations, on devient plus prudent et vigilant, on se rend compte de plusieurs raisons : se libérer de ses erreurs dans lesquelles il nous a induits, découvrir la simplicité de sa nature, comprendre son utilité et le sens de notre vie, se procurer les moyens surtout spirituels pour affronter et dompter les instincts de l'âme. non pour effet que d’induire. Elles sont faites de recommandations telles que jeunes ou obligatoires, prières de certaines annuités, lecture coranique, remerciement. Il est évident qu’un individu ne peut pratiquer, au-delà des pratiques obligatoires, l’ensemble des facultatives. Au mieux, la pratique pousse très souvent à une spécialisation. Ce devrait être tout autre. Chaque acte dans sa spécificité a son importance et son effet sur le cœur. De ce fait, il faut procéder à un assaisonnement. Ce n'est pas la quantité qui compte, mais bien la qualité. Dieu accroît avec son chemin, et les bonnes œuvres durables méritent une meilleure récompense et une meilleure destination. Immédiatement, nous devrions apprendre à nous écarter des mauvaises influences de nos communautés et nous devrions au contraire travailler à les maîtriser et à les transformer. Paradoxal, à vue d’œil, cela semble contradictoire. D'une part, il faut observer les règles de prudence qui nous rendent utiles à notre société et, par ailleurs, de notre capacité à être bienveillants à l'égard des créatures. De cela dépendra aussi la qualité du rapport que nous entretiendrons avec Allah. Aussi, la spiritualité musulmane ne sera sociale, elle se construit dans, autour et avec la société avec un but essentiel d’imprimer une marche positive au monde. Le jeûne de ramadan n’y fera pas exception. Lisez tout simplement ce hadith du prophète (saw), vous comprendrez : « Ô gens! Le mois d'Allah (Ramadhan) vous a approché avec sa miséricorde et les bénédictions. C'est le mois qui est le meilleur de tous les mois dans l'estimation d'Allah, Ses jours sont les... » Parmi les jours, ses nuits sont les meilleurs parmi les nuits. Its hours are the best among the hours, ses heures sont les meilleures parmi tes heures. Je te pardonne tes péchés. Vos bonnes œuvres seront acceptées. Par conséquent, vous devez appeler votre Seigneur, de bon droit avec des cœurs qui sont exempts de péchés et de maux, pour que Dieu vous bénisse. Observez rapidement ce mois, et récitez le Saint Coran. En vérité! Les personnes qui ne peuvent recevoir la miséricorde et la bienveillance d'Allah en ce mois doivent être très malheureuses d'avoir une fin aussi mauvaise (dans la vie future). Pendant le jeûne, souvenez-vous de la faim et de la soif de demain dans le Qiyamât. Faites l'aumône aux pauvres et aux nécessiteux. Rendez hommage à vos aînés. pitié de ceux plus jeunes que vous et d'être bienveillant envers vos parents et vos proches; Protégez vos langues contre les mots indignes, et vos yeux de ces scènes qui ne sont pas dignes d'être vues (interdites) et vos oreilles à partir de ces sons qui ne devraient pas être entendus par vous. Soyez bons pour les orphelins de sorte que lorsque vos enfants deviennent orphelins, ils peuvent aussi être traités avec bonté. Utilisez vos mains au moment de la prière, car c'est le meilleur moment pour demander des miséricordes. Lorsque nous faisons des invocations à ce moment-là, il est dit que quand nous appelons, Il répond, et quand nous demandons, Il donne. Ô gens! Sachez que vous devez faire de votre conscience l'esclave de vos désirs; et que vous devez vous repentir de vos péchés. Ô gens! Sachez que quelqu'un parmi vous prend... 0 enfants de l'Islam, pour Ramadan, rebouchez vos cœurs et vos âmes. Ne soyez pas comme ceux qui donnent ses peines mineures. Toutes personnes qui dans ce mois peut prendre des résolutions valables de ses serviteurs (mâle ou femelle), Allah lui rendra facilement sa comptabilité sur le Jour du Jugement. Quiconque s'abstient de taquiner ou de menacer les autres en ce mois, Allah lui permettra de rester à l'abri de sa colère dans le jour de la résurrection. Toute personne qui respecte et traite avec bonté un orphelin dans ce mois, Allah le regardera avec dignité le jour de la résurrection. Toute personne qui traite bien ses parents en ce mois, Allah déversera Sa miséricorde sur lui le jour de la résurrection. De même, toute personne qui maltraite ses parents en ce mois, Allah... l'éloignera dès à miséricorde nos lieux emmoni Par Idrissa OUOBA Le Gerfiste N°012 Août 2010 6ème CIMEF L’islam et les défis actuels Du 18 au 23 juillet dernier, le CIMEF a donc posé ses valises au bord du fleuve Djoliba. Les travaux du 6ème CIMEF se sont déroulés au Centre International de Conférence de Bamako, avec à son habitude, des participants de marque (Tariq Ramadan, Youssouphe Hassan Diallo, Aboubacar FOFANA, Mohamed Minta...) et à l’ouverture, des présences hautement politiques (Président malien Amadou Toumani TOURE, Président de l'UEMOA Soumaïla Cissé...). Au regard de la qualité des communications, tables rondes et ateliers, l’on peut dire, en attendant bien sûr le bilan du Comité d’organisation et les Actes du Cimef 2010, que les deux (2) objectifs du CIMEF 2010 : ouvrir, dans le référentiel de l'Islam, un débat sur la problématique des questions de paix et de sécurité, de réchauffement climatique, des rapports Etat et Ummah islamique et sur des questions de Réformes sociales ; définir des stratégies de diffusion et d’appropriation par les musulmans dans l'espace francophone des solutions que préconise l'islam aux défis ci-dessus identifiés, ne sont pas loin d’être atteints. Après des échanges francs sur le financement du CIMEF, son ancrage institutionnel et l’opérationnalisation des Actes du Colloque, les délégués des pays participants ont confié au pays de la Téranga l’organisation du CIMEF 2012. En rappel, le nombre de musulmans vivant dans un espace où le français est la langue ou l’une des langues officielles, dépasse les 200 millions. Lorsque l’on en vient à analyser la situation des musulmans et des musulmanes vivant dans cet espace, on s’aperçoit qu’ils font certes face à des réalités bien spécifiques mais qu’il existe aussi de grandes similarités quant aux défis religieux, sociaux, politiques, économiques et culturels à relever. On constate, malheureusement, que les occasions d’échanges entre les acteurs musulmans sont rares et n’ont, si elles existent, qu'une dimension régionale. Pour corriger cette lacune, un groupe d’organisateurs et de conférenciers au Séminaire International de Formation des Responsables des Associations Musulmanes (SIFRAM), tenu à Abidjan (Côte d'Ivoire) en septembre 1999, a pris l'initiative d’organiser un colloque international dont l'objectif est de rassembler des musulmans et des musulmanes (imams, responsables associatifs, intellectuels et étudiants...) de l'espace francophone pour partager les vues, à la lumière des réalités respectives, sur des problématiques de première importance. Dès lors, le CIMEF est né, et depuis, il a respecté son agenda biannuel : - 2000, Côte d'Ivoire (Grand-Bassam), « Les musulmans francophones : Compréhension, Terminologie, Discours ». - 2002, Cotonou (Bénin), « La scène internationale et les expériences d’une éducation adaptée ». - 2004, Niamey (Niger), « Les musulmans : entre textes et contextes ». - 2006, Ouagadougou (Burkina Faso), « De l’islamophobie au choc des civilisations ». - 2008, Lomé (Togo). «Islam et développement : les musulmans face aux objectifs du millénaire». - 2010, Bamako (Mali), «L’Islam et les défis actuels». Par Abdoul Hamid YAMEOGO Les enfants musulmans à l’école de la mémorisation du Saint Coran L’institut musulman d'éducation et d'enseignement (IM2E) du CERFI a lancé le 9 août dernier une opération de mémorisation du Coran à l'intention des enfants musulmans de 9 à 16 ans. Il estime même qu’après 2001, très peu d'attentats impliquent le noyau dur d’Al Qaeda. Vers la fin du livre, il explique que le but de Ben Laden, à travers son mouvement, est de surmonter les divisions au sein de la umma et combattre l’ennemi commun. À propos, il déclarait bien avant de quitter l’Arabie Saoudite : « il est crucial de passer outre nos divergences afin de dissiper le grand kufr ». En conclusion, l’auteur montre que les causes du terrorisme résultent d'un processus historique et peuvent être combattues efficacement. Il propose le soutien des leaders musulmans modérés, l'inclusion des islamistes dans les... gouvernements démocratiques, l'empêchement de la propagation de l'islam radical et la présentation de l'Occident non pas comme un ennemi à abattre mais un partenaire de co-prospérité. L'auteur a essayé de présenter avec une certaine objectivité les acteurs connus du terrorisme, la nature de leur organisation, leur motivation... en commençant par Ben Laden. C'est un ouvrage à découvrir parce qu’il nous introduit dans les méandres d’un phénomène aussi complexe qu’actuel. Par Kadré SAWADOGO Pendant un mois, c’est-à-dire jusqu'au 9 septembre, les participants, au nombre d'une trentaine, tenteront de s'approprier la source fondamentale de l’Islam, d'avoir par cœur et par esprit ses versets. Cette opération rentre dans le cadre de l’exécution du programme d'activités de l'IM2E. Par Mahamadi OUEDRAOGO Le Cerfiste N° 012 Août 2010 LIBRE PROPOS Nous voulons bien jeûner, mais c’est difficile ! Le Ramadan bat son plein dans notre pays. S’il est facile pour les uns d’avoir de quoi jeûner, D’autres éprouvent par contre beaucoup de difficultés pour s’offrir de quoi manger. Pendant qu’il est question de solidarité et de partage dans Ramadan, nous devons avoir des pensées pour les moins nantis de la société. Au-delà des prières et des invocations, ils attendent de nous des gestes forts et concrets pour faire face à la vie comme le confirment les lignes qui suivent. Ramata Kaboré (mère de jumelles) : Nous préparons pour jeûner. C’est un mois de dépenses. Dépenses pour la nourriture. Dépenses pour le sucre. Je compte sur la bonne volonté des gens certes, mais souvent j'utilise ma force physique pour trouver à manger. Ce n'est pas facile surtout pour moi qui ai des enfants à ma charge. J’ai la foi, même s’il n’y a pas à manger, je vais jeûner, c’est l’intention qui compte. Yero Tall : J’ai une femme et trois enfants, je demande la charité pour eux. Le soir, je remets le fruit de la journée à ma femme qui prépare et on se retrouve le matin pour manger et jeûner. Un de mes enfants se trouve chez un maître coranique. Pour les autres et ma femme, seules les offrandes nous servent de pitance. Comme ces offrandes, très souvent maigres, arrivent au compte-gouttes, imaginez ce que nous vivons dans ce mois. Ce n'est pas facile mais au bout, il y a la miséricorde, la bénédiction et c'est ce qui nous donne la force d’espérer. Safiata Legda, (elle a refusé d'être photographiée) : Nous voulons bien jeûner, mais c’est difficile. Il n’y a pas de nourriture, ni de sucre pour faire du zom-kom. Aujourd’hui, je suis à jeun, si d’ici ce soir je ne gagne rien, je ne pourrai pas rompre convenablement mon jeûne. Comme c’est le début nous jeûnons. Mais après trois ou quatre jours, il sera difficile de continuer parce qu’il n’y aura plus rien à se mettre sous la dent. Dans de telles conditions, on ne peut que se retrouver malade à cause du fait que nous n’avons pas quelque chose de consistant pour rompre le jeûne. Mam Bella : Pendant le mois de jeûne nous mangeons avant la prière de l’aube et ce, jusqu’au soir. Ici à Ouaga, Nous mangeons de la bouillie mais au village nous prenons du foura. Nous vivons des offrandes que les gens font. Nous ne faisons pas de distinction à ce niveau, nous prenons tout ce que nous apportent les vieux, les femmes, les mères de jumeaux, les enfants talibés... Nous faisons notre jeûne grâce aux offrandes que nous recevons. Un groupe de Talibés : Nous sommes quatorze chez notre maître coranique. Le matin, c’est chez lui que nous mangeons pour jeûner. Le soir nous faisons le tour des mosquées pour rompre le jeûne. De toute la journée, nous faisons le tour de la ville pour tendre la sébile et c’est le fruit de cette tournée qui sert à notre prise en charge. Il arrive souvent qu’on n'ait pas assez à manger pour nous tous mais on fait avec, c’est un mois béni et nous ne voulons vraiment pas rester en marge. Propos recueillis par Mahamadi OUEDRAOGO et Moumouni SIMPORE Le Cerfiste N°012 Août 2010 bibo:issue 12 bibo:numPages 12 -- o:id 12077 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12077 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12089 19654 19655 19656 19657 19658 19659 19660 19661 19662 19663 19664 19665 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/84aa79b20ffcbafe83ec804a06520088a006e5f5.pdf https://islam.zmo.de/files/original/081a6431fa2dd8135b13998936c6f8ed42de7cf1.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/9c2b78a4a0ad372285825e99b72f4256ec71bcd5.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/594eb06c64e4142373adc7e903aa9bb86f003919.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/de04dce6a32a90345a42b1c2ae65b12554484b2d.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/0058d1110b419acaa98968efa3d0cd6168f10a59.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/485c81e919f5be3c5c25611f5bd632afcbb5c3e3.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/e1143e43261cc6fb958207578f075cb2786bae1a.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/4126245ecf1e177fd13a9996143a01fc2ed9f7dc.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/e438908e049f7d25d9bb49e993ad0ef8d0553ee3.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/e322c65cc02da91b8c565868d30afd5c9c18a2ad.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/cc146179cbe3b900c5cf9ee8168c802d2d964f1b.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/6eac11b07ac8bb97a46fb1ad39f8c69f4ae9433d.jp2 dcterms:title Le CERFIste #11 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/960 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/176 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/898 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/572 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/578 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/582 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/83 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/89 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/23138 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2010-04 dcterms:identifier iwac-issue-0000536 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/351 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/414 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/319 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/443 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) N. 011 Les successions selon l’islam ACTIONS HUMANITAIRES L'absence injustifiée des musulmans P.9 L'EDITORIAL 2010 : année électorale, année de tous les dangers Au Burkina Faso, Blaise COMPAORE est en fin de mandat et les élections présidentielles de novembre prochain devraient lui permettre de briguer un nouveau bail pour la luxueuse présidence de Kosyam. Au Togo, Faure Essozimna EYADEMA, a malgré les récriminations de l'opposition togolaise et le silence assourdissant du facilitateur remporté les élections présidentielles de mars, celles qui devaient faire sortir le Togo d’une longue crise politique. Mais hélas ! Au pays de Félix Houphouët Boigny, malgré les récents soubresauts politiques qui ont abouti au renouvellement douloureux des membres du gouvernement et de la Commission Electorale Indépendante (CEI), les observateurs espèrent tout au moins la tenue d'élections. Présidentielles courant mai 2010, sauf énièmes tergiversations du président boulanger. En Guinée, avec la mise à la touche du pauvre Capitaine Moussa Dadis CAMARA, l’histoire s’est accélérée et le gouvernement d’union nationale promet à la Communauté internationale des élections propres dans moins de deux mois. Au Niger, la frange armée de la population a dû prendre ses responsabilités face aux multiples et flagrants délits de violations constitutionnelles opérées par Mamadou TANDJA, l’homme des projets. Certes, la junte ne s'est pas encore impartie une date butoir pour un retour à la vie constitutionnelle, mais avec la pression de la Communauté internationale et surtout du nouveau Premier ministre qui en fait un préalable, des élections ne sauraient tarder, sauf bien sûr revirement spectaculaire des militaires. Comme on le voit, cette année est pleinement électorale dans la sous-région et cela ne va pas sans susciter des interrogations quant à leur issue. En cette année 2010 qui marque aussi le cinquantenaire Des indépendances de la plupart de ces États, l’idéal aurait été que tous les acteurs politiques dans ces pays respectent, non seulement les règles du jeu démocratique, mais aussi le demi-siècle de souffrances des populations, de sorte à engager résolument l’Afrique de l’Ouest sur les autoroutes du développement humain durable. Or, ici comme ailleurs, rien ne semble augurer de lendemains meilleurs. Au Burkina, on voit déjà que l’enjeu n’est plus vraiment à qui va remporter les présidentielles de novembre, mais à la re-révision éventuelle de l’article 37 de la Constitution pour assurer à la majorité présidentielle actuelle un règne ad vitam aeternam, et ce aux risques et périls de la stabilité sociale déjà éprouvée par une paupérisation à la limite de l’acceptable. La Côte d'Ivoire, elle, apparaît comme le pays de tous les dangers. Contrairement à ceux qui voient dans les élections la panacée, l’on voit mal comment dans le contexte actuel de suspicions mutuelles et d'exacerbations des positions, l’un ou L’autre des camps politiques accepterait les résultats d’élections, transparentes ou non. En s’étant battu bec et ongle lors de la composition du nouveau gouvernement pour conserver les portefeuilles sécuritaires (Défense, Intérieur, etc.), Laurent Gbagbo trahit ses intentions de parer à toute éventualité, et ceci ne présage rien de bon. Finalement, la Guinée et le Niger qui se remettent tant bien que mal de coups d’État militaires, pourraient se refaire une santé démocratique, au grand dam des constitutionalistes puritains. Comme quoi, aussi paradoxal que cela puisse paraître, les coups d’État boostent souvent la démocratie. La Rédaction Le Cerfiste N°011 Avril 2010 INTERVIEW «Le Burkina est un pays où les sorciers et les djinns sont nombreux» Al Foussein TOUNKARA Sous le parrainage de Maître Ahmed SIMOZRAG, la représentation au Burkina Faso de l’association ivoirienne Bemba tagaçi-ra a organisé à la fin de l’année 2009, un séminaire de formation théorique et pratique sur La roqia. Plusieurs thèmes relatifs à la pratique et au phénomène des djinns ont été abordés. Pour comprendre davantage la roqia et ses implications, nous avons rencontré un spécialiste de la question en la personne du président de l’association. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la roqia et ne cache pas sa détermination à combattre les djinns et la sorcellerie même au-delà des frontières ivoiriennes. Le Cerfiste : Pouvez-vous vous présenter ? Al Fousséin TOUNKARA : Je suis le frère Al Fousséin TOUNKARA, président de l'ONG Bemba tagaçira de la Côte d’Ivoire. C’est une ONG basée sur le traitement des maladies spirituelles, psychiques et mentales... à base du Coran et de la médecine traditionnelle conformément à la charia. J’exerce la roqia discrètement depuis 1999 mais de manière professionnelle depuis 2002. Je suis chimiste de formation. La roqia est au cœur d'une divergence. Certains ne partagent pas cette science et ont du mal à trouver les raisons de sa pratique. Quelle est votre réponse ? crois que généralement ces genres de réponses sont des réponses d’hypocrisie et d’ingratitude. Parce qu’on a des malades qui souffrent et les médecins n’ont pas de solutions à leur mal et tout le monde est unanime que le prophète (saw) a fait la roqia. Il a soigné à maintes reprises et il y a des hadiths qui l’attestent. Ceux qui ne croient pas peuvent consulter le livre Kayatoul innsane minai djin wa chaitane de Abdoul Salam BALI ou celui de Tibi Nabawi de Imam Ibn KAYM. Ils verront que la roqia est une science qui se pratique. Seulement certains disent qu’on ne peut pas faire de la roqia un métier. Si la médecine est un métier, on peut faire de la roqia un métier également à partir du moment où le prophète même a accepté de prendre quelque chose lorsqu’il a désenvoûté le fils d’une dame et qu’elle a donné deux moutons. Il a dit à son compagnon de prendre un et de lui remettre l’autre. Plusieurs hadith rapportent ce fait. Mais si nous faisons de la roqia un métier c’est parce qu’aujourd’hui nous sommes débordés. Quelqu’un qui traite plus de 10, 20 ou même 200 malades par mois ne peut pas faire autre métier que ça. Il existe donc des conséquences financières de la roqia. Ne craignez-vous pas que certaines personnes de mauvaises intentions s'adonnent à la pratique rien que pour de l'argent ? Bien sûr. Il y a plusieurs personnes qui se sont lancées dans la roqia pour se faire de l’argent et escroquer la population. Raison pour laquelle j’ai personnellement commencé des tournées pour donner une vision de la roqia et former ceux qui sont déjà engagés dans la roqia sans avoir les vrais rudiments du travail. Je reconnais que beaucoup de personnes font la roqia pour de l’argent et non pour véritablement soigner les gens. Si vous étiez face à ces personnes, qu'est-ce que vous leur diriez ? Nous ne manquerons pas de leur dire la vérité. Ils détériorent l’image de la roqia. Voilà pourquoi nous tentons de les récupérer et de les former et changer leurs intentions parce que les actes ne valent que par les intentions. S’ils sont venus pour chercher de l’argent, ils n’auront pas cette richesse tant souhaitée. Par contre, s’ils viennent pour la cause d’Allah et aider les souffrants, ils auront fait œuvre utile. Quand vous regardez le monde tel qu'il avance, qu'est-ce qui vous motive à perpétuer cette pratique ? D’abord il faut dire que la majorité des personnes qui font la roqia étaient eux-mêmes malades. Ils souffraient des djinns ou de la sorcellerie ou un membre de leur famille. Moi ce n’est pas le cas. J’étais en bonne santé et les membres de ma famille aussi. Je m’y suis retrouvé suite à un séminaire où les djinns ont fatigué nos sœurs et aucun oustaz (NDLR : enseignant) sur place n’a pu les aider et c’était une humiliation pour la communauté. Je me suis dit si un pasteur passait par là il allait nous humilier. C’est cette situation qui m’a poussé à me jeter dans la pratique de la roqia. Mais aujourd'hui il faut dire qu’au regard de notre situation actuelle on constate que les djinns ont vraiment une emprise. Sur les hommes et tous les agissements ne sont que l’œuvre des djinns et des sorciers. C’est donc un devoir. Le Cerfiste N° 011 Avril 2010 © Celui qui a la connaissance théorique de la roqia et qui refuse de la pratiquer quand le besoin est présent, a fui le djihad alors que c’est un grand péché de fuir le djihad. Qu'est-ce qui vous fait dire que les hommes sont sous l'emprise des djinns ? Allah dit dans le Coran que : ceux qui mécroient en Nous, Nous leur donnons pour alliés les diables. Aujourd'hui, à force de commettre les péchés, les diables se sont déchaînés et ils ont plus de force sur nous. Si nous remontons 20 années en arrière, il était rare de parler de possession mais aujourd’hui la possession des djinns et des sorciers se vit au quotidien aussi bien dans nos assemblées, séminaires ou conférences. La dépravation des mœurs, les filles qui s'habillent mal pour sortir, la pandémie de la maladie du siècle (SIDA), ... sont l’œuvre du diable. Même chez les blancs le phénomène existe mais ils ne parlent... Pas de djinns. Il cite la dépression et la schizophrénie. Au Canada par exemple, il n’y a pas un jour sans qu'on ne parle de suicide. Généralement, tout ceci relève des djinns et des sorciers. Y a-t-il des mesures prises par votre ONG pour encadrer la pratique et éviter que des hommes de mauvaises intentions se retrouvent dans ce secteur ? Oui, il y a des dispositions. Ce n’est pas un domaine comme la médecine classique où il faut un diplôme avant d'exercer et nous ne pouvons aller demander à quelqu’un pourquoi tu fais la roqia alors que tu n’es pas formé. Mais nous essayons, comme dans mes écrits, de sensibiliser les gens sur la nécessité de se former dans le domaine et l’obligation de se faire encadrer par un spécialiste de la roqia et avoir une attestation de reconnaissance pour la maîtrise de la roqia. Nous conseillons donc aux malades de vérifier la sincérité et de se référer à la réputation du soignant dans le pays. Il faut chercher à savoir s'il dispose d’une attestation ou s’il est recommandé par un spécialiste. de la roqia avant de s’attacher ses services. Nous n’avons pas de veto ni le pouvoir d'interdire la pratique à quelqu’un puisque ce n’est pas une étude classique où il faut forcément un diplôme. C’est là le gros problème. Vous avez choisi le Burkina Faso pour une représentation de votre association. Pouvez-vous nous dire pourquoi ? Parce que premièrement j'aime le Burkina Faso. Deuxièmement c'est un pays où les sorciers ou les djinns sont nombreux. Donc j’ai trouvé bon surtout que ces dernières années la roqia a une très mauvaise image. Raison pour laquelle j’ai décidé de venir donner notre vision de la roqia et nos méthodes de soins sur la base des plantes et des versets coraniques. Nous avons trouvé bon de venir former des gens sur place et mettre une base ici afin de pouvoir aider les gens. Nous nous déplaçons aussi pour les soutenir. Vous êtes dans le pays pour un séminaire, êtes-vous satisfaits de la formation ? Oui je suis satisfait parce qu’il y a eu une trentaine de participants. Parmi ces personnes Il y avait des intellectuels, des étudiants et autres. Je crois qu’avec ce genre de personnes le travail peut vite avancer parce qu'ils ont l’esprit ouvert, l'esprit critique. Mais quand ce sont seulement des arabisants, beaucoup ont l’esprit fermé et ne cherchent pas à comprendre les choses. Ils ont peut-être pris connaissance de la roqia dans un livre arabe et ils pensent qu'il faut la pratiquer comme ça. Chez eux c’est farida (NDLR : obligation) de faire la roqia comme ça. En Afrique et partout ailleurs la sorcellerie et les djinns sont appréhendés différemment donc ne peuvent être traités de la même manière. Quel projet vous tient à cœur au stade actuel de vos activités ? J’ai en perspective d'introduire la roqia dans les hôpitaux. C’est mon ambition. Dans les hôpitaux il y a des homéopathes, des magnétiseurs. Donc nous aussi nous pouvons imprégner notre science afin de contribuer à la santé de l’humanité. C’est mon plus grand souhait. Après cela je compte poursuivre mes campagnes de sensibilisation et de Formation théorique et pratique de la roqia. Lors du séminaire, j’ai rencontré deux frères béninois venus à Ouagadougou pour leur master. Ils m’ont invité au Bénin parce qu’ils sont satisfaits de notre prestation. C’est dire que notre travail est en train de gagner du terrain, d’avoir une base. Bimestriel d'Information et de Formation du Cercle d'Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques (CERFI) “Le Cerfiste” Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TGI/OUA/PF. du 10 novembre 2006 01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tel : 76 61 57 67/ 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Rédaction BAMBARA Hamadé OUÉDRAOGO A. Salam OUÉDRAOGO A. Wahid TOE Aboubacar Bemba Tagacira est également au Mali. J’envisage aller dans d’autres pays de la sous-région mais pour l'heure nous sommes au Mali et au Burkina où nous enseignons nos méthodes de travail de la roqia. À côté de cela nous avons été sollicités plusieurs fois en France, au Canada et aux États-Unis. Les malades nous appellent et nous faisons des emballages de produits qu’on envoie par le biais de la poste. Le Ghana et la Guinée nous demandent également mais nous n’avons pas encore effectué le déplacement. C’est leur souhait et nous allons le faire inch’Allah. Votre dernier mot Al Fousséin TOUNKARA : Je remercie tous ceux qui ont donné de la valeur à cette session de formation. Je remercie également maître SIMOZRAG Ahmed, le parrain de l’activité. Nous lui devons une fière chandelle. Merci au peuple burkinabé pour l'accueil chaleureux. Interview réalisée par Mahamadi OUEDRAOGO SAWADOGO Ousmane YAMÉOGO Hamidou Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires Le Cerfiste N° 011 Avril 2010 Les successions selon l’islam : première partie S’il y a bien sur terre une chose qui fait courir l’homme et crée des désaccords entre les hommes, il y a bien la propriété. Elle est Davantage problématique quand elle prend son origine dans l’héritage. En effet, ces biens dont héritent certains individus sont à l’origine de nombreux conflits et dislocations des familles. Et celles musulmanes, souvent, n’en font pas exception. En ces cas, les convoitises sont attisées et étalées en plein jour alors même que les propriétaires vivent encore. Ce n’est pourtant pas une législation qui manque. Cette situation, le maître de la création l'avait dépeinte et prise en compte dans sa loi fondamentale. Qu’entend-on par succession ? Dans le cadre de cette thématique, héritage et successions contiennent une même réalité. Ils sont tous définis de la même façon par le dictionnaire universel. Ils désignent d’abord l’action d’hériter ou de transmettre. Ensuite, ils désignent les biens transmis par succession. De façon légale, la succession est une transmission par voie légale des biens et des droits d’une personne décédée à une personne qui lui survit. La succession peut être directe (ascendants et descendants). ou collatérale (neveux, cousins). Cette définition ne déroge pas à la règle islamique, sauf que quelques nuances doivent être établies. D'abord, les lois édictées par les Hommes mettent à la charge des réservataires autant les créances que les obligations, alors que seules les premières sont transmissibles en islam. Ensuite, il y a lieu dans le cadre de cet article, et de façon générale ce qui est de mise en islam, de préciser tout de suite que la loi positive n’est rien d'autre que le Coran. En définitive, retenons que les lois successorales s’intéressent aux biens, à leurs partages et aux personnes bénéficiaires. Les successions : une préoccupation de la législation musulmane « Aux hommes revient une part de ce qu'ont laissé les père et mère ainsi que les proches ; et aux femmes une part de ce qu'ont laissé les père et mère ainsi que les proches, que ce soit peu ou beaucoup : une part fixée. Et lorsque les proches parents, les orphelins, les nécessiteux assistent au partage, offrez-leur quelque chose de l'héritage, et parlez-leur convenablement...» S4V7&8 Ces versets posent le principe de la succession en précisant déjà les réservataires, les ayant-causes. Comme plusieurs versets du Coran, ceux-ci ont valeur obligatoire pour le musulman. De ce fait, il n'est pas permis d’y déroger. D’ailleurs, un hadith du prophète (saw) est on ne peut plus clair à ce sujet : «Attribuez à chacun la part qui lui est assignée. Le reste de la succession sera remis au mâle ayant le plus de droit» (B&M). Cette injonction de se conformer aux dispositions coraniques quant à ce qui concerne les successions est martelée par le Loué (saw) en ces termes : «Dieu a désigné à chaque héritier sa part. Aucun legs n'est permis à un héritier» Abou Daoud. Autrement dit, même le testateur ne peut déroger à cette prescription. Concrètement, disons que sur la richesse de chaque musulman, Allah a déjà grevé un certain nombre de droits pour des bénéficiaires définis en cas de décès du propriétaire. «A tous Nous avons désigné des héritiers pour ce que leur laissent leurs père et mère, leurs proches parents, et ceux envers qui, de vos propres mains, vous vous êtes engagés, donnez-leur donc leur part, car Dieu, en vérité, est témoin de tout.» S4V33. Ils sont nombreux, ces versets qui traitent de ce sujet ainsi qu'une floraison de hadiths. C’est un domaine moins vaste que complexe qui constitue l’une des préoccupations du fiqh. À travers le monde, seuls quelques pays appliquent la charia dans son chapitre héritage non sans l’édulcorer. Le droit positif de certains pays tels que la Jordanie, la Syrie, l’Irak, le Soudan et le Koweït s’en est beaucoup inspiré. Qui est réservataire selon le Coran ? Le réservataire est celui à qui est destinée une succession. Alors qui peut prétendre à ce titre ? Au contraire, qui en est exclu ? Le Coran a déjà la réponse : «Et à vous la moitié de ce que laissent vos épouses, si elles n’ont pas d'enfants. Si elles ont un enfant, alors à vous le quart de ce qu'elles laissent, après exécution du testament qu'elles auraient fait. ou paiement d'une dette. Et à elles un quart de ce que vous laissez, si vous n'avez pas d'enfant. Mais si vous avez un enfant, à elles alors le huitième de ce que vous laissez après exécution du testament que vous auriez fait ou paiement d'une dette. Et si un homme, ou une femme, meurt sans héritier direct, cependant qu'il laisse un frère ou une sœur, à chacun de ceux-ci alors, un sixième. S’ils sont plus de deux, tous alors participeront au tiers, après exécution du testament ou paiement d'une dette, sans préjudice à quiconque. (Telle est l'injonction de Dieu ! Et Dieu est Omniscient et Indulgent.) S4V12 De ce verset, il ressort que pour prétendre à un héritage, l’héritier doit se prévaloir d’une des qualités suivantes : - être parent direct ou collatéral ; - avoir un lien conjugal légal même sans consommation du mariage ni rencontre des conjoints. Il faut noter que la femme répudiée hérite de son mari si elle est toujours en période de viduité et même si son mari a prononcé le divorce sur son lit de mort ; - avoir droit de patronage : quand l'esclave affranchi (homme ou femme) meurt sans laisser de successeur, le droit de patronage revient au maître. Le prophète (SAW) l’a disposé ainsi : «le droit de patronage échoit à l'affranchisseur». Par contre sont exclues les personnes qui se retrouveraient dans l’une des situations suivantes : - le cas d’incroyance, comme l’a stipulé Mohammad (SAW) «L’infidèle n’a pas droit à la succession d'un musulman, ni ce dernier à la succession d'un infidèle.» (B&M) - le cas d’homicide : «l’assassin n'a nullement pas droit à la succession de sa victime.» Ibn Abdilbirr - le cas d'adultère. Un enfant adultérin n’hérite pas de son père, de même son père n'hérite pas de lui. Il ne peut qu’hériter de sa mère et cette dernière de lui conformément aux propos suivants : «L’enfant appartient à la couche. Le libertin n'a que de la prière !» (B&M) Il en est de même pour l'enfant désavoué par son père à la suite d’une imprécation conjugale - le mort-né qui n'a pas manifesté de signes de vie au moment de l'accouchement n’a pas également droit à la succession et personne n’hérite de lui. Quelles sont les conditions de la succession ? En plus de celles précitées, il faut aussi retenir que : - la succession doit être exempte d’empêchements ci-dessus cités ; - la succession ne peut être ouverte qu’à partir de la mort effective de la personne héritée ; - l'héritier doit être vivant le jour de la mort de la personne héritée ; - les biens de la succession doivent être licites. Ainsi sont exclus les biens volés, grevés d’une hypothèque et tous les biens acquis selon des principes contraires aux règles islamiques. Le traitement des héritiers orphelins Toutes les personnes qui ont sous leur coupe des orphelins ou veuves doivent non seulement veiller sur leurs biens mais surtout sur leurs personnes. Dieu y accorde une grande importance. A ce propos, Il nous met en garde dans le verset 10 de la sourate 4 : « Ceux qui mangent [disposent] injustement des biens des orphelins... » ne font que manger du feu dans leurs ventres. Ils brûleront bientôt dans les flammes de l'Enfer». Le verset 152 de la sourate 6 est plus impératif : «Et ne vous approchez des biens de l'orphelin que de la plus belle manière, jusqu’à ce qu'il ait atteint sa majorité. Et donnez la juste mesure et le bon poids, en toute justice. Nous n'imposons à une âme que selon sa capacité. Et quand vous parlez, soyez équitables même s'il s'agit d'un proche parent. Et remplissez votre engagement envers Dieu. Voilà ce qu'Il vous enjoint. Peut-être vous rappellerez-vous.» Cependant cette autre référence coranique introduit une nuance : « Et éprouvez (la capacité) des orphelins jusqu'à ce qu'ils atteignent (l'aptitude) au mariage ; et si vous ressentez en eux une bonne conduite, remettez-leur leurs biens. Ne les utilisez pas (dans votre intérêt) avec gaspillage et dissipation, avant qu'ils ne grandissent. Quiconque est aisé devrait s'abstenir de se payer lui-même de cet héritage qui lui est confié. S'il est pauvre, alors qu'il y puise une quantité convenable, à titre de rémunération de tuteur.) est aisé, qu'il s’abstienne d'en prendre lui-même. S'il est pauvre, alors qu'il en utilise raisonnablement : et lorsque vous leur remettez leurs biens, prenez des témoins à leur encontre. Mais Dieu suffit pour observer et compter.» S4V6 A ce sujet et en rapport avec ce verset, les oulémas ont dégagé quatre comportements par rapport aux relations que le gestionnaire doit avoir avec les biens des orphelins. Ainsi, ce dernier peut : - prélever une somme à condition qu’il soit considéré comme un prêt ; - dépenser pour le nécessaire et sans prodigalité ; - prendre l’équivalent d’un service quelconque rendu à l'orphelin ; - disposer d’une somme déterminée en cas de nécessité de sorte que s’il devient riche, il devra s’en acquitter, mais s'il reste pauvre il en sera absout. Dans le prochain numéro : la deuxième partie (le partage de l’héritage) Idrissa OUOBA Le Cerfiste N° 011 Avril 2010 11è CONGRES DE LA CMBF El Hadj Oumarou KANAZOE reconduit pour un mandat de 5 ans Après celui du CERFI tenu en décembre 2009, c’est au tour de la Communauté musulmane du Burkina Faso de réfléchir sur ses futures orientations à travers son 11è congrès ordinaire qui a eu lieu du 13 au 14 février 2010 sous le parrainage de Yéro BOLY. Nous vous proposons de revivre un des temps forts de ces assises, notamment la cérémonie de clôture du 14 février. La Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF) s’est réunie du 12 au 14 février 2010 pour la 11e fois, en congrès ordinaire sous le thème : les valeurs islamiques au service du développement pour un monde meilleur. Placé sous le parrainage de Yéro BOLY, ministre de la défense nationale, ce congrès visait sans doute à mener la réflexion sur les préoccupations de la structure, de dégager de nouvelles perspectives mais aussi et surtout de renouveler le bureau qui était en fin de mandat. Après la cérémonie officielle tenue à la Maison du peuple le 13 février, les travaux pouvaient sérieusement Commencer car les résultats étaient attendus pour le lendemain 14 février dans l’après-midi. Pour terminer en beauté ce congrès et porter à la connaissance de tous, une cérémonie de clôture a fait l’objet d’un rassemblement des fidèles venus des 45 provinces de notre pays, à la mosquée en chantier de El Hadj Oumarou KANAZOE à Ouaga 2000. Dès 15h, le site était pris d'assaut par le public. Malheureusement, il faudra endurer les rayons du soleil et la forte chaleur de Ouagadougou avant la cérémonie qui débute à 17h40 au lieu de 16h. Après les différentes interventions d’ouverture, El Hadj Adama SAKANDE, au nom du collège électoral, annonce la reconduction de El Hadj Oumarou KANAZOE à la tête de la Communauté musulmane du Burkina Faso pour un mandat de cinq ans. La mosquée de El Hadj Oumarou Kanazoé en construction à Ouaga 2000, a servi de cadre à la cérémonie de clôture du congrès. Le congrès a été cette année une aubaine pour la CMBF de redéfinir sa stratégie de travail pour l’épanouissement de l’islam dans notre pays. Elle s’est dotée désormais d’un programme d’activités lui permettant de cerner les grands domaines d’intervention en vue de répondre aux besoins du moment. L’occasion était aussi offerte au Ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, M. Clément SAWADOGO, présent à l’ouverture, de prendre des engagements sur l'organisation du Hadj. A ce propos justement, il dit attendre des propositions en la matière. Notons enfin que très prochainement, incha'Allah, il sera organisé le congrès de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB). Là encore les attentes sont nombreuses et espérons que l’issue soit meilleure. Le président ou si vous voulez le nouveau président de la Communauté musulmane du Burkina Faso, El Hadj OK, dans son allocution a remercié l’assistance pour le déplacement avant de formuler des vœux de tolérance, de cohésion et de paix dans la oumah et au pays des hommes intègres. Le Cerfiste N° 011 Avril 2010 Les regards sont tournés Désormais vers le futur et chacun devra jouer pleinement sa partition pour l’épanouissement de l'Islam au Burkina Faso. Les défis sont multiples, les attentes sont connues et la bataille s’annonce rude pour l’édification d'un monde meilleur à la lumière des valeurs islamiques. Seules une bonne gestion des ressources humaines et une vraie promotion des valeurs islamiques peuvent nous amener à surmonter l'impasse. La communauté musulmane traîne sur elle depuis des années un lourd fardeau qu’elle ne peut plus supporter. Elle a besoin du concours de tous pour briser les barrières. Il faut la désunion des musulmans et agir conséquemment pour un développement véritable et durable de nos sociétés. Cela commence maintenant par l’engagement des intellectuels et des jeunes musulmans surtout, porteurs d’espoir et de rêve d’une population qui a encore du mal à se définir. C’est un acte de foi. Du reste, gardons en mémoire qu’un jour nous répondrons devant le Juge suprême pour les actes posés et ce jour est... Redoutable pour ceux qui sont doués d’intelligence. Envoyé spécial Mahamadi OUEDRAOGO Lu pour vous L’imam Al Houssayn et le jour d’Achoura Pour cette parution du CERFIste, l’ouvrage choisi pour vous s’intitule L’imam Al Houssayn et le jour d’Achoura. C’est un ouvrage consacré à la biographie de l’imam Al Houssayn fils d’Ali, fils d’Abou Talib. Publié par la fondation Al Balagh et traduit de l’arabe au français par Abass Ahmed Al Bostani, l’ouvrage met l’accent sur l’opposition des fils d’Ali notamment Al Houssayn au pouvoir omeyyade. En 14 chapitres, l’auteur de ce livre retrace l’histoire de la mort du khalife Uthman ibn Affan et les problèmes de succession qui en ont résulté jusqu’à l’assassinat de l’imam Al Houssayn à Karbala par les armées omeyyades. L’auteur consacre le 1er chapitre à la figure d’Al Houssayn. On retient qu’il s'agit du petit-fils du prophète (saw). Il est fils d’Ali ibn Abi Talib, cousin et gendre du prophète et de Fatima fille chérie du prophète. Houssayn est né à Médine le 25 chaban. de l’an 4 de l’hégire (626). Il a grandi avec son frère aîné Hassan sous les soins de ses géniteurs et du prophète (saw). Le prophète a aimé ses petits-fils d'un amour exceptionnel au point de déclarer à propos d’eux « Al Hassan et Al Houssayn sont les deux maîtres de la jeunesse du paradis » (propos rapportés par Abou Bakr). Ce sont ces hommes, notamment Al Houssayn, que la grande discorde va jeter dans la tourmente. Le 2e chapitre, intitulé Les racines du mal, explique l'origine de la discorde. Le tout est parti de la contestation du khalifat d'Ali (RA) par les Omeyyades qui va conduire à la bataille de Siffin. Certains partisans d'Ali, n’ayant pas été satisfaits de l’arbitrage entre Ali et Muawiya, se rebellent contre lui : ce sont les kharidjites. Ali, dans sa retraite à Kufa en Irak parce qu'il faisait l'objet de contestation, fut assassiné par ces derniers. À la mort d'Ali en 661, Mu’awiya, son rival, se proclame khalife de l’ensemble de l'empire arabo-musulman. Cette situation déclenche la révolte des fils d’Ali. Mais un accord fut conclu entre Al Hassan et Mu’awiya qui s'engageait à remettre le pouvoir à sa mort. En violation flagrante de cet accord, Mu’awiya à sa mort lègue le pouvoir à son fils Yazid. Entre-temps Hassan décède, et conformément à l’accord, le pouvoir devrait être transféré à son frère Al Hussayn. Le nouveau khalife voulait obtenir l’allégeance d’Al Hussayn dont il sait que le soulèvement représenterait une sérieuse menace à son pouvoir. Il demanda au gouverneur de Médine d’obliger Al Hussayn à lui prêter serment. Ce dernier opposa un refus et quitte Médine avec sa famille pour la Mecque. Son objectif était de mobiliser le maximum de personnes autour de sa cause et rejoindre Kufa pour y installer sa base et combattre les Omeyyades. Il passa quelques mois à la Mecque pour s'assurer le soutien des gens de Kufa avant de s’y rendre. Il envoya des messagers et échangea des lettres afin de préparer le terrain à sa venue en Irak. C’est en ce moment que Yazid enjoint le gouverneur de Kufa Oubeidullah. d'étouffer le mouvement par une impitoyable répression pour dissuader d’éventuelles velléités de révolte, d’empêcher par tous les moyens Al Hussayn d’atteindre Kufa. Muslim ibn Aqil, cousin et messager de Al Hussayn à Kufa pour la mobilisation, fut assassiné. Finalement, c’est en l’an 60 de l’hégire (682) qu’Al Hussayn quitta la Mecque pour se rendre à Kufa accompagné de tous ceux qu’il a pu mobiliser autour de sa cause depuis son départ de Médine. Mais une fois en Irak, il se rendit compte que tous ceux qui l’avaient réclamé et s’étaient engagés à le soutenir s’étaient démobilisés après la mort de Muslim Ibn Aqil et sous Suite page 10. Le Cerfïste N° 011 Avril 2010 ACTIONS HUMANITAIRES L'absence injustifiée des musulmans L'humanité fait face aujourd'hui à des catastrophes naturelles de tous genres, des guerres et leurs lots de désolations, la famine, la pauvreté... Et pour s'en convaincre, il suffit de regarder autour de soi ou de se mettre au diapason de l'actualité internationale. Pas un Jour ne passe sans que des centaines et des milliers de personnes dans le monde ne subissent les affres de la nature ou celles de leurs semblables. Ainsi, autour de ces situations difficiles, des hommes et des femmes s’organisent à travers des ONG, associations et fondations pour apporter leur soutien aux victimes. Dès qu'un point chaud est signalé dans un coin de la planète, la communauté internationale se mobilise comme un seul homme pour l'éteindre, même s'il y a beaucoup à dire sur la sincérité des acteurs, le deux poids deux mesures que l'on observe, la célérité et le volume de l'aide. Bref, l’essentiel est l'élan observé et c’est déjà bien. Dans cette assistance prompte et généreuse, les musulmans se font discrets. Est-ce parce qu'ils y sont vraiment absents ? Ou est-ce parce que les médias n'en parlent pas, sachant aussi que cette action humanitaire est devenue une importante arme de positionnement dans les relations internationales. En attendant, deux éléments majeurs les obligent à se montrer plus entreprenant dans ce domaine : les enseignements de leur religion et le fait que plus de la moitié des opérations actuelles de la Croix-Rouge sont réalisées pour secourir les victimes des conflits armés dans le monde musulman. Toutefois, ce tableau de l'engagement des musulmans doit être complété par le fait que néanmoins il existe ça et là des initiatives louables de musulmans ou d'organisations islamiques qui agissent discrètement pour lutter contre les souffrances et la misère des populations. Aussi, l’humanitaire commence avant tout devant sa porte et en direction de ceux qui sont dans notre environnement immédiat. En effet, l'islam a rendu l'action humanitaire populaire, générale et exerçable au quotidien. En plus, depuis les années 1980, les associations islamiques se sont développées et ont démontré une envergure et une capacité d’action importantes. Mais, dans un climat international qui inscrit le terrorisme islamiste au premier rang de ses inquiétudes, les activités de ces associations sont souvent mal perçues. D'ailleurs, les accusations que l'on a vu apparaître après le 11 septembre ont indiscutablement fait du tort à de nombreuses ONG islamiques. Mais que dit l'islam de l'action humanitaire ? L’humanitaire est un des principes fondamentaux de l'islam. Faire un don ou secourir un sinistré sont des actes qui ne sont pas laissés à la libre appréciation du croyant mais sont obligatoires au même titre que la prière, le jeûne du Ramadan ou le pèlerinage à La Mecque. L’exercice de l’acte humanitaire chez le musulman est donc une composante essentielle de la pratique religieuse, qu'il se limite à un don en argent ou en nature ou qu’il revête une forme plus pratique telle que, par exemple, don de soi, secours ou distribution d’aide. Cette dimension religieuse motive, canalise et intensifie les autres dimensions que sont l’affectif et le sens du devoir. Se basant sur le hadith du Prophète (saw) rapporté par Al Hakim : « Si, dans une cité, un homme décède de famine, alors tous les résidants de cette cité se mettent hors de la protection de Dieu et de son prophète...», les oulémas ont décrété que, dans ce cas de figure, tous les résidants d'une telle cité seraient condamnables et devraient être jugés pénalement car ils auraient failli au devoir d'assistance. Il faut noter aussi que cette obligation d'assistance ne s’applique pas qu'aux seuls musulmans en situation de détresse. Les textes coraniques ou prophétiques n’excluent pas les non-musulmans de l’aide humanitaire. Ce principe, énoncé dans les textes, s'est souvent concrétisé dans les faits. Durant les premières années de l’hégire, une famine régnait à Modar (Arabie Saoudite). Le Prophète (saw) organisa un convoi humanitaire destiné aux habitants de Modar, lesquels, à cette époque, ne s’étaient pas encore convertis à l'islam. L'action humanitaire a des finalités, pour le croyant, parmi lesquelles on peut citer : - L’action humanitaire valide la foi du croyant car l'islam impose de traduire les intentions et les convictions en actions réelles dans tous les domaines, y compris l’humanitaire. On constate dans le Coran, et de manière systématique, que jamais la foi n'est évoquée sans qu’immédiatement ne soit rappelée l'obligation d’agir, et plus particulièrement l’incitation aux actions de bienfaisance. L’expression «Ceux qui ont cru et ont fait de bonnes œuvres» est citée dans le Coran un nombre considérable de fois. D'ailleurs, le mot «sadaqa», qui signifie aumône, dérive du mot arabe «tasdiq», qui veut dire validation ou confirmation. À ce propos, le Prophète a déclaré : «l'aumône est une preuve...» ; une preuve qui démontre que la piété du musulman se transforme en une réalisation concrète et en pitié envers les pauvres. Elle efface les péchés (kaf-fara). En effet, Dieu a mis à la disposition de l'être humain des moyens pour se repentir des fautes qu’il ne peut pas ne pas commettre. Au titre de ces moyens, il y a la bonne action qui est la traduction de la soumission, de la justice et de la réparation. Dans ce sens, le Prophète (saw) a dit : «L’aumône efface le péché exactement comme l’eau éteint le feu...». Les œuvres humanitaires visent surtout la satisfaction de Dieu. En effet, étant considéré comme un rite et une adoration, l’acte humanitaire vise entre autres à obtenir la satisfaction de Dieu. Le hadith du Prophète (saw) précise : «Dieu aime parmi les humains ceux qui sont au service de leurs semblables... » (Al-Souyouti, Al-Jami’ Al-Kabir.) Il ajoute dans une autre citation : «Dieu a créé des hommes et les a prédisposés à être au service des gens ; ils aiment faire le bien, Dieu leur évitera les châtiments du jour dernier...» (Al-Tabarani, recueil de hadiths) ou encore : I - Le don transcende le temps. C’est en cela que tout musulman doit œuvrer dans le sens du soutien d'autrui. Les textes religieux indiquent que l’acte humanitaire occupe tout l’espace temporel. En effet, un don est utile pour un donateur dans Le Cerfiste N°11 Avril 2010 le passé, le présent et le futur. En ce qui concerne le passé, un musulman peut faire une aumône qui effacera ses péchés antérieurs ou assurera une récompense à un parent déjà décédé. Un homme, après la mort subite de sa mère, vint demander au Prophète (saw) si elle serait récompensée s’il faisait un don en son nom. Le Prophète (saw) répondit par l’affirmative. (Al-Hafid, Al-Fath Al-Bari, hadith N° 1388). A la lumière de ces principes, on devrait voir les musulmans et les ONGs islamiques agir davantage dans des domaines comme : - La lutte contre la famine et l'aide alimentaire. Un hadith indique que « la meilleure des aumônes est de nourrir un affamé... ». Lors de la fête du Sacrifice, durant laquelle chaque famille musulmane sacrifie un mouton, la tradition prophétique recommande d’en manger un tiers, d’offrir un tiers à ses amis et de donner un tiers aux pauvres. L'islam ne s'arrête pas à l'aspect incitatif mais déclare hors de l’Islam celui qui s’abstient de partager la nourriture : « N'est pas croyant celui qui dort le ventre plein tout en sachant que son voisin a faim... ». - Le parrainage des orphelins. L'islam a accordé une attention toute particulière à la situation des orphelins. En témoigne le nombre de versets coraniques ordonnant la bienveillance à leur égard, promettant le pire des châtiments à ceux qui les maltraitent et promettant également les plus belles récompenses à ceux qui les prennent en charge. Le Coran va jusqu’à considérer comme non-croyant, outre celui qui renie l'existence de Dieu, celui qui opprime l’orphelin : « Vois-tu celui qui renie la religion, c'est bien lui qui repousse l'orphelin et qui n'encourage point à nourrir le pauvre... » S 107, V3 ou encore « Ceux qui disposent injustement des biens des orphelins ne font que manger du feu dans leur ventre. Ils brûleront bientôt dans les flammes de l'enfer... », S4, V10. S’il est bien une chose dont regorge l'humanité de nos jours, ce sont les orphelins de tous ordres. Et au lieu qu’on leur vienne en aide conformément aux enseignements de l’islam, ils croupissent sous le poids des maltraitances et des humiliations (souvent de la part de musulmans). Pourtant le prophète (saw) a vivement encouragé le parrainage en déclarant que « la demeure que Dieu préfère est celle où un orphelin est bien traité... » Assistance aux réfugiés. Du temps du Prophète (saw), le mot « réfugié » n’était pas utilisé dans le sens qu’on lui connaît aujourd’hui. Cependant, dès sa naissance, l’Islam a eu à traiter les situations de réfugiés. Ses premiers réfugiés furent les musulmans persécutés par les mécréants à La Mecque. Le Prophète (saw) leur ordonna de se réfugier en Abyssinie (actuellement l’Éthiopie). Lorsque la persécution atteignit un niveau insupportable, le Prophète (saw) et ses compagnons décidèrent d'aller s’installer à Médine où ils furent accueillis par de nombreux musulmans et sympathisants. Le Prophète (saw) instaura une règle d'or pour la prise en charge des réfugiés. Il décréta le principe de fraternisation entre les Ansar (habitants de Médine) et les Muhajirun (réfugiés de La Mecque). Les veuves et les orphelins Yazid mirent le cap sur La Mecque pour combattre l'effet de la persécution. menace. Le gouverneur Oubeidullah fidèle à son souverain Yazid, se décida à l'empêcher d'atteindre sa destination. On obligea ainsi Al Hussayn à se diriger vers Karbala et à y camper. Une fois encore, on essaya d'obtenir son allégeance en vain. Le 10 muharram de l’an 61 de l’Hégire, son campement fut encerclé par les armées omeyyades. Hussayn et ses compagnons furent conduits devant le gouverneur Oubeidullah. Les captifs accompagnés de la tête de Hussayn furent conduits jusqu'à Damas en Syrie. A l’arrivée de la nouvelle à Médine, les populations se soulevèrent contre le pouvoir de Yazid et destituèrent le gouverneur qui le représentait. Mais une violente répression menée par Zeinab et Ali respectivement sœur et fils d'Al Hussayn aussi rebellé entre temps contre Abdallah ibn Zubeir qui s'était proclamé Khalife, se décida à l'empêcher de brûler la Kaaba. Le document présente en annexe des propos du prophète et biens d’autres savants exaltant les mérites d'Al Hussayn mais aussi de lui-même. Kadré et ses compagnons y furent assassinés. Leur corps fut révolté à Médine. Les soldats encerclèrent la ville. Après avoir écrasé la révolte à Médine, les soldats... ...suite de la page 9 ...encerclèrent la ville. Médine acquise à la cause du Prophète (saw) et les Mouhajirin (réfugiés de La Mecque). Selon ce pacte, chacun des Ansar devait prendre à sa charge un Mouhajir. Cette prise en charge comprenait le vivre, le couvert et l'habillement ainsi que toute autre assistance nécessaire jusqu'à ce que le Mouhajir puisse se prendre en main. Dans un hadith rapporté par Al Hakim, le Prophète nous dit que Dieu déploiera sa clémence et fera entrer au paradis celui qui donne asile au misérable. La religion considère que l'assistance au réfugié est un droit de ce dernier : «Et donne au proche parent ce qui lui est dû ainsi qu'au pauvre et au voyageur (en détresse)...». S 17, V26. Les projets de développement durable. Au-delà de l’aide d’urgence et de l’assistance, la religion musulmane a encouragé également des... actions humanitaires susceptibles de provoquer un changement durable dans la vie des gens. Les hadiths du Prophète (saw) en ce sens sont nombreux. Dans un hadith, le Prophète (saw) affirme la continuité de la récompense même après la mort : « Quand l'homme meurt, ses œuvres cessent de lui rapporter des rétributions sauf trois actions : une aumône continue, une science utile et un fils pieux qui invoque Dieu... » ou encore : « Celui qui fait une aumône s'attire du bien en retour tant que le bienfait dure... ». Ainsi, la durabilité de la récompense est liée à la durabilité de l’action bienfaisante. Parmi les actions durables que la religion a encouragées, on peut citer : le forage de puits, la remise en état de canaux d'irrigation, la plantation d’arbres ou le don d’outils. Dans une autre citation, il précise : « Si un musulman cultive des plantations, il sera récompensé jusqu'au jour du Jugement chaque fois qu'un être humain, un animal ou un oiseau mangera les fruits de sa plantation... ». En somme, l’examen des Textes coraniques et prophétiques donne une idée claire de la force avec laquelle l’islam a stimulé l’action humanitaire. Elle en a fait un rite et une obligation. Le musulman, lorsqu’il accomplit un acte humanitaire, accomplit tout d’abord un acte d'adoration pour se rapprocher de son Seigneur. Il en attend aussi une récompense dans sa vie ou dans l’au-delà. Il ne peut se déclarer croyant s’il ne vient pas au secours de ses semblables. La piété est indissociable de la pitié. Source : L'influence de la religion musulmane dans l'aide humanitaire ; Jamal Krafess (directeur général de Islamic Relief - Suisse) Hamadé BAMBARA Le Cerfiste N° 011 Avril 2010 UNITÉ DES MUSULMANS AU BURKINA Des musulmans se prononcent Seule l’union fait la force, a-t-on coutume de dire. Or l’unité des musulmans est difficilement perceptible, ici comme ailleurs. Pourtant de nombreuses dispositions existent en la matière. Qu’en est-il exactement de l’avis du citoyen ? Nous avons tendu notre micro. aux frères et sœurs qui se sont prêtés à la question. El Hadj TRAORE Mamadou, responsable militaire L’unité des musulmans est possible mais il faut remplir beaucoup de conditions. Une des conditions fondamentales est l’organisation. Vous pouvez le constater, on enregistre beaucoup de défaillances dans l’organisation de nos activités, le hadj par exemple. Par contre, si on est bien organisé, on peut se mettre à la même table et discuter pour trouver un consensus minimum pour aboutir à cette union. OUATTARA Djénèba, étudiante en gestion commerciale. L’unité est possible à condition que chacun accepte de rompre avec l’inaction et le silence. Plusieurs détails semblent nous échapper de l’universalité du message islamique. Pour parvenir à cette unité, il y a tout un travail de sensibilisation à faire. Le gros défi est celui de la formation pour faire face à l’analphabétisme et au manque d’esprit d’ouverture qui gangrènent notre communauté. Il ne s’agit plus ici de dire que l'unité est possible et rester les bras croisés. L’unité est avant tout un comportement. Si chaque musulman que nous sommes accepte de faire son propre mea culpa, il n’y aura pas de raison pour que cette unité-là ne soit pas matérialisée. De toute façon, c’est une chose qui va s’imposer un jour et nous gagnerons à être du bon côté pour espérer la récompense auprès de Dieu. Ilboudo Souleymane, étudiant en médecine. Pour l'unité des musulmans, il y a un espoir. Seulement, il faut qu’un certain nombre de paramètres soient réunis. D’abord, il faut que cette prise de conscience de la nécessité de s’unir naisse au sein des musulmans. Certes, elle ne peut pas l’être chez tout le monde en même temps, mais des gens, des associations ou des structures islamiques peuvent mener la réflexion sur le sujet et accepter de jouer leur rôle de leader afin que le grand ensemble emboîte le pas et incha Allah on parlera d’unité. KABORE Adama, étudiant économiste en fin de cycle. Cette unité est probablement possible. En Le Cerfiste N° 011 Avril 2010 11 [VIE DU TERH] tout Ça dépend des musulmans eux-mêmes. Si on décide de s’unir, je pense qu'il n’y a pas de problème. Ce sont les petites différences qu’on note à gauche et à droite qui posent problème. Aussi, certains se considèrent-ils de nos jours plus musulmans que d'autres. La modestie exagérée et bien d’autres choses constituent une étape à franchir avant de parler d’union. Sinon, en principe, il ne doit pas y avoir de problème. Il faut mettre l’accent sur la solidarité et mettre de côté ce qui nous divise. L’unité des musulmans est difficile à réaliser en raison de la floraison de certaines tendances qui ne facilitent pas les choses. Aussi, nous sommes dans un milieu où chacun veut s’afficher comme la référence au détriment de l’autre. Au regard de certains comportements, on peut dire sans se tromper que l’unité à l’heure actuelle est un leurre. Cependant, c’est à chacun de mesurer l’urgence de cette unité et d’adapter son agir et sa pensée conformément aux principes de la religion en la matière. KOUANDA Akima, élève en Tle A au Lycée Zinda KABORE TOURE Aboubacar, étudiant en droit L’unité des musulmans n’est pas possible parce qu’au sein d’un même groupe il y a trop de divergences par rapport à la compréhension de l’islam. Il faut un retour aux sources de cette religion en faisant preuve de tolérance et d’union même apparente pour aider les jeunes comme nous à aimer davantage notre religion. BAROU Ben Sékou, membre du bureau du mouvement Sunnite. L’unité des musulmans au Burkina Faso est possible quand bien même un hadith nous situe sur la division de la communauté en sous-groupes. Aujourd’hui la FAIB devrait susciter un espoir pour aboutir à cette union, cette unité d’action vis-à-vis des frères musulmans. Pour moi, le problème de cette unité se situe au niveau de la lecture que les uns et les autres se font de la religion et de ses enseignements. Il faut un changement de comportement pour briser la glace qui nous empêche d’aller de l’avant. ACHIROU Djamila, étudiante en pharmacie. Je crois que cette unité est possible Mais il faut la rendre concrète. Pour cela, il faut mettre l’accent sur la connaissance de l’islam. On doit revenir sur les fondements et les principes premiers de la religion en insistant sur l’approche humaine, c’est-à-dire la solidarité, l’entraide, le partage avec l’autre. Il faut revoir notre manière de vivre communautaire. C’est à ce prix qu’on pourra parler d’unité au sein de la communauté. Nos structures organisent des sermons sur le sujet et c’est bien. Mais chacun de nous doit faire de cette unité, sa priorité. Propos recueillis par Mahamadi OUEDRAOGO Le Cerfiste N° 011 Avril 2010 bibo:issue 11 bibo:numPages 12 -- o:id 12078 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12078 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12090 19666 19667 19668 19669 19670 19671 19672 19673 19674 19675 19676 19677 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/f37b369f23587806bdc82f8af06688c6374add3c.pdf https://islam.zmo.de/files/original/1cb91acd57e901b7980d927f920033e5c71c2d58.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/c30b47ec64df6884967a3ea1fdfac22d047f7723.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/3daeec2f8fffc814fea54a6caaa6ecf04ba62490.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/c585caefa5d51a6be361899910b26d51942bdaed.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/3f6af4197c0c70e3303a5f0d7971a93481825aa0.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/419e856ef670c55d00902491ace7699489a6bedb.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/b84a571e3d3b0d6344a50cce70fbb0cd0f152a57.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/f70e2ac5ef1f8e7690ea7f6eef5fd9849d2f82be.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/ea5f60b97655b06ab4e26a8368c571ca613c3dfb.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/6b902d2f4281f9db78dc828a1081e2afe7c2d5eb.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/97cb1b6c13c357de3441fa4e6597fa77131bbb0b.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/3eb5adc8390e895bbe7d390e56436934d03b7388.jp2 dcterms:title Le CERFIste #10 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/944 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/948 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/293 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/146 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/162 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/36 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1039 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/432 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/687 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1090 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/28 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/857 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/60 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/706 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/600 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1170 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1171 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1175 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1180 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1190 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/63 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/578 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/582 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/125 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/124 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/87 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2010-01 dcterms:identifier iwac-issue-0000537 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/284 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/311 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/336 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/293 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques (CERFI) N. 01 250 F CFA «Nous ferons du CERFI un espace de spiritualité et de prospérité» MOUSSA NOMBO, NOUVEAU PRESIDENT DU CERFI 20e ANNIVERSAIRE DU CERFI Se souvenir pour l’avenir A la découverte de l'histoire méconnue du CERFI Un panel pour réintégrer les pionniers 20e ANNIVERSAIRE DU CERFI Se souvenir pour l’avenir Sur plus de quatorze (14) millions d'habitants que compte le Burkina Faso, une frange très importante (au moins 60%) est musulmane. A l’image de la plupart des Burkinabè, cette population musulmane est majoritairement analphabète, pauvre et mal outillée pour faire face aux défis et aux mutations socioculturels, économiques et politiques qui se présentent à la Oumma. Afin d'accompagner cette population dans sa quête d'un mieux-être avec Dieu et d’un mieux-vivre avec les hommes, plusieurs personnes morales musulmanes (associations, ONG, fondations, etc.) se sont créées, parmi lesquelles le Cercle d'Études, de Recherche et de Formation Islamique (CERFI). En effet, le CERFI est né en 1989 sous l'impulsion de jeunes cadres qui étaient à la recherche d'un espace adéquat de renforcement de leur culture islamique, mais aussi de promotion de leur religion. 1989-2009, cela fait déjà 20 ans de vie dans le paysage associatif combien problématique qu'est celui de la société civile burkinabè. S’il est hasardeux, en quelques pages, de vouloir faire le bilan du CERFI, il reste que 20 ans d’existence commandent un regard rétrospectif et prospectif, sommaire soit-il, tant le questionnement du passé, du présent et du futur demeure un impératif des organisations sérieuses. Ce présent numéro du Cerfiste, qui marque en même temps la relance de votre canard, se propose de lever le voile sur la vie du CERFI à l'occasion de son 20e anniversaire. Que peut-on retenir en 20 ans d'engagement ? L’un des principaux acquis se situe au niveau fonctionnel. S'il est vrai que l'organisation et le fonctionnement du CERFI sont encore perfectibles, il n'en demeure pas moins que sur 20 ans, la tenue des sessions importantes (assemblées générales, congrès) ainsi que l’alternance à la tête de l'association sont désormais un lieu commun, et ce contrairement à la quasi-totalité des associations burkinabè. S’agissant de la formation, bien que l'indisponibilité des statistiques et des archives rende les jugements approximatifs en la matière, on peut affirmer sans risque de se tromper que le CERFI a activement participé au développement de la culture islamique de bien des cadres musulmans, et ce dans un contexte mondial difficile, car marqué par des appréhensions et des préjugés vis-à-vis de l’Islam. Du point de vue de la perception même du fait islamique au Burkina, l’on reconnaît volontiers au CERFI d’avoir contribué à décomplexer la pratique de la religion musulmane tant dans les administrations publiques que les organisations privées. Quant à la présence et aux prestations socioéconomiques du Cercle, des actions appréciables sont certes entreprises ça et là, mais elles ne s'inscrivent pas toujours dans une approche intégrée et concertée, d’où la faiblesse de l'impact. Dans le cadre de l'Action islamique sous-régionale et internationale, le CERFI peut se targuer d'avoir apporté sa contribution dans l'enfantement et la croissance d'organisations transfrontalières comme l’Organisation de la Jeunesse Musulmane en Afrique de l’Ouest (OJEMAO) et le Colloque International des Musulmans de l’Espace Francophone (CIMEF) ; même si par ailleurs on ne peut occulter les difficultés fonctionnelles que connaissent celles-ci. Ces acquis relevés, il faut immédiatement relativiser, car malgré l'espoir que la mobilisation des intellectuels musulmans avait suscité à la fin des années 80 avec l’avènement du CERFI qui s'annonçait comme le catalyseur des querelles intestines et la locomotive d'une présence musulmane affirmée, le CERFI à l'image de la plupart des associations musulmanes de La place, recherche encore ses marques et l'on peut légitimement se demander jusqu'à quand ? Contrairement à nombre d'organisations de la société civile partageant plus ou moins les mêmes contraintes du terrain (clubs services, confessions religieuses sœurs, etc.), le leadership musulman longtemps espéré, peine à s’imposer et à infléchir en tant que de besoin les options sociétales. Pour beaucoup d'observateurs, cet état de lieu résulte de la conjugaison d'un ensemble d'insuffisances que le CERFI gagnerait à combler dans le court terme. Il s'agit d'abord, de l'absence de documents stratégiques fixant sur le long terme, les priorités et les défis de l'association (plan stratégique, politique de communication, cadre budgétaire à moyen terme, stratégie de renforcement des capacités, etc.). Comme le dit la sagesse populaire, « il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ». Tant que les actions du CERFI, notamment celles de formation, d’information, de communication, de recherche, de Soutien social, d'investissement et autres, continueront d’être des fins et non des moyens visant l’atteinte d’objectifs déclinés dans une stratégie claire, le CERFI donnera toujours l’impression de quelqu'un qui croit agir alors qu'il s’agite en réalité. Les autres insuffisances s'analysent entre autres en termes de faiblesse de la communication interne et du marketing social, de désuétude des méthodes de mobilisation financière et des problèmes de management opérationnel et stratégique. Que dire en guise de perspective ? L'un des points forts du congrès 2009 aura été la réforme des postes du Bureau Exécutif National (BEN), avec l'avènement d'attributions touchant à la gestion des projets, à la planification, à la prospective, au développement des compétences, aux TIC, etc. Cela dénote certainement de la conscience des nouveaux défis, lesquels exigent des approches novatrices. Cette réforme organisationnelle devra être accompagnée d'un travail de déclinaison de stratégies d'intervention par domaine. (communication, action sociale, formation, projets majeurs, etc.). Ceci a l’avantage de baliser la voie de l'action, mais aussi de permettre l’appropriation et la mobilisation des militants et sympathisants autour de centres d’intérêts consensuels. En matière de développement tout court, le fait que le pays soit majoritairement musulman impose à l’élite musulmane un devoir d'implication (individuelle ou concertée) dans l’œuvre de construction nationale. Nous devons pouvoir nous approprier, voire même tirer profit, des textes législatifs et règlements ainsi que des politiques et stratégies nationales en matière de santé, d'éducation, de justice, de culture, d'action sociale, de droits humains, de décentralisation, de genre, de démographie, de loisirs, de «e-gouvernance», etc. Mais en même temps que l'on pense le futur, il faut savoir gérer les urgences du présent. En cela, la consolidation des acquis engrangés par les précurseurs et la mutualisation des expériences réussies dans les différentes sections Provinciales doivent être effectives. À ce titre, des expériences comme celle de IM2E, du projet de parrainage d'étudiants, de la semaine de solidarité, du week-end de la Famille, de la Cellule d'écoute matrimoniale et tant d’autres pourraient être vulgarisées à l'échelle nationale. Sur le plan purement cultuel, l'organisation du hadj et la mobilisation de la zakat interpellent certes toute notre communauté, mais en tant que force de proposition, les réflexions constructives du CERFI sont attendues. Enfin, l’histoire des organisations de la société civile montre que les actions isolées prospèrent peu, de sorte qu’il faille aller vers des réseaux. Là aussi, la voix du CERFI est attendue dans les réseaux associatifs de lutte contre le Sida, contre la corruption morale et matérielle, contre la dégradation de l'environnement, contre les atteintes aux droits de l'homme, etc. C'est un impératif humaniste, et l'Islam est hautement humaniste. La Rédaction Le Cerfiste N° 010 janvier 2010 | INTERVIEW—INTERVIEW AVEC MOUSSA NOMBO, PRESIDENT ENTRANT DU CERFI «Nous ferons du CERFI un espace de spiritualité et de prospérité» Vous venez d'être porté à la présidence du BEN du CERFI, quel sentiment vous anime? Je rends d'abord grâce à Allah de cette confiance placée en moi par mes sœurs et frères et Le prie de me mettre dans les meilleures conditions de réaliser leurs attentes. Je voudrais en cet important moment remercier Celui qui fait miséricorde, Le Tout miséricordieux de m’avoir honoré d’un tel fardeau. Je lui renouvelle mon entière soumission. Et puisqu’il l’a voulu ainsi, je lui demande de me faciliter cette mission et de m’alléger entièrement ce fardeau. Tout don de Dieu est miséricorde et responsabilité. Je sollicite les invocations et conseils de tous nos cheiks et imams. Plaçant mon absolue confiance en Allah, je demande l’accompagnement de toutes et de tous pour conduire à bon port et le plus loin des possibles le navire CERFI. Qu’Allah soit au contrôle de ce mandat ! 20 ans après, Sous quel signe placez-vous votre mandat ? Beaucoup a été fait, et naturellement beaucoup reste à faire. Nos aînés ont fait du cercle un espace de spiritualité, nous en ferons dans la présente décennie incha Allah un espace de spiritualité et de prospérité. Toujours garantir notre crédibilité avec plus de visibilité et d'influence pour le progrès de l’Humanité. De nombreux défis attendent le CERFI et vous n’êtes pas étranger aux problèmes de la structure, quelle sera votre priorité ? Le principal défi demeure l’efficiente organisation et la planification à court, moyen et long terme de nos ambitions. Vous l’avez constaté, à ce 7ème congrès, le CERFI a connu une mutation dans l’architecture de son organisation pour prendre en charge les nouveaux défis. La formation reste en permanence au cœur de l’édification de notre communauté. Ceci est encore plus vrai pour le CERFI. Des propositions seront à ce propos mises sur la table pour espérer donner à la Civilisation de Ikra sa substantifique moelle. Puis vient la... question de la mobilisation des ressources financières. Des actions novatrices seront engagées à l’effet de permettre la prise en charge de l'ensemble de nos actions de développement. Enfin la problématique de la fraternité et de la solidarité. Des mécanismes appropriés devront être mis en œuvre afin de faire du cercle une association plus fraternelle, plus juste, et plus solidaire. La grosse plaie du CERFI, c’est la mobilisation de ses ressources humaines, comment comptez-vous la guérir ? Quelle sera votre politique en la matière ? Je voudrais souligner que le Cerfi n’a pas vraiment un problème de mobilisation de ressources humaines, il a plutôt un problème de fidélisation de ses sympathisants voire de ses membres. Depuis quatre ans nous travaillons dans ce sens au Kadiogo. Les expériences d’ici et d'ailleurs nous aideront à bâtir une nouvelle stratégie fondée sur une gestion de proximité et une plus grande mutualisation des pouvoirs, savoirs voire des avoirs de nos membres et sympathisants. Le quorum pour Les réunions du BEN est rarement atteint, comment comptez sonner la mobilisation ? Je crois que le travail du collège électoral est à ce propos à féliciter. Je sais compter sur mes frères et collaborateurs pour le confirmer tout au long du mandat. Certaines sections du CERFI rencontrent d’énormes difficultés pour exister, qu’est-ce que vous envisagez pour la dynamisation de ces sections ? La dynamisation des sections passe nécessairement par un renforcement de leurs capacités opérationnelles. Je note avec satisfaction que la forte mobilisation au congrès laisse augurer une plus grande contribution au développement de l'association et au bénéfice de toutes et tous. De grandes ambitions avec une équipe de jeunes, les risques d’échouer ne sont-ils pas plus nombreux ? N'avez-vous pas peur de leur jeune expérience ? Je crois au contraire que cela devrait davantage nous rassurer. En effet, d’une part, les personnes qui viennent d'être portées au plus haut niveau de responsabilité ont un parcours significatif dans la sphère du travail islamique ; d’autre part et à l’examen il faut reconnaître qu'ils sont pour la plupart des responsables de familles et ils assument en outre des responsabilités dans leurs administrations privées ou publiques respectives. Ceci dit, dans le domaine qui est ici le nôtre, celui de la promotion de l'Islam et de ses valeurs de justice et de solidarité, il n'y a pas de risques à essayer, il y a plutôt ici un risque à ne pas agir, à ne pas essayer. Si nous plaçons notre absolue confiance en Allah et si nous épuisons toutes les voies de l’intelligence et de la patience, Celui qui est au ciel saura nous donner les résultats escomptés. Qu’est-ce que vous attendez de vos collaborateurs et des militants ? Un esprit d'équipe, un engagement sans faille dans la réalisation de nos communes ambitions. C’est à nous aujourd’hui de considérer notre époque et de nous engager pour nos sœurs et nos frères, pour nos enfants et nos petits-enfants, d’apporter une contribution historique à la hauteur des moyens qui sont les nôtres, Dieu ayant garanti le succès ainsi que la récompense ; et jamais Il ne manque à sa promesse. Votre dernier mot ? D’abord, remercier et encourager les acteurs qui animent le CERFIste. Ensuite, rappeler aux acteurs du développement que nous sommes, que notre niveau de maturation sera mesuré à l'aune de notre capacité à nous prendre en charge de façon endogène au triple plan matériel, spirituel et intellectuel. Nous ne saurons le faire isolement. La révélation et le prophète nous enseignent que nous ne sommes rien les uns sans les autres. Si les cœurs s’apaisent et se parlent, et que la révélation prend sa place au cœur du cœur de l'homme, nous remporterons certainement des victoires. Incha Allah, les épreuves nous fortifieront. Et Allah est le Savant. Vive le Cerfi et qu’Allah bénisse le Burkina Faso ! Barakallahoufik ! Entretien réalisé par Le Cerfiste N° 010 janvier 2010 INTERVIEW AVEC CHEICK SIDI MOHAMED KONE, PRESIDENT SORTANT DU CERFI «La priorité du CERFI doit rester l'unité des musulmans du Burkina» En marge du 20è anniversaire du CERFI, s'est tenu également le congrès ordinaire à l'issue duquel on a assisté au renouvellement des instances de la structure. Après trois ans passés à la présidence du bureau exécutif national du CERFI, le frère Cheick Sidi Mohamed KONE estime avoir joué sa partition dans la consolidation de l'image de marque du CERFI. Au soir de la fin de son mandat, c’est en homme bien averti qu’il s'est dévoilé à nous à travers cet entretien que nous avons réalisé au siège de la structure, le samedi 26 décembre 2009. Dans quel état avez-vous trouvé le CERFI à votre prise de fonction ? Je crois que mon noble prédécesseur avait déjà fait beaucoup de choses, lui-même ayant hérité d’une situation positive, il a apporté sa pierre. J’ai trouvé un CERFI en bon état et j’ai essayé d’apporter ma modeste contribution aussi pour que d'autres viennent parachever ce que les devanciers ont commencé. Avez-vous le sentiment d’avoir réussi votre mission ? Je pense quand même que, malgré les insuffisances qui ont été relevées, il y a eu un plus quant à la réalisation de certains de nos projets, notamment dans le domaine de l’éducation et surtout au niveau de la représentativité du CERFI avec un siège qui va aider un tant soit peu à résoudre les problèmes d'organisation administrative incha'Allah. Le CERFI est maintenant sur la toile mondiale (www.cerfi.org). Quel peut être l’apport du site web dans les actions de la structure ? Le site peut apporter beaucoup de choses parce que nous sommes dans l’ère des TIC et c'est un portail qui favorise l’accès à un monde plus large et permettra à beaucoup plus de personnes d’avoir aussi accès à nous et même à distance. C'est une innovation qui nous permettra d'être plus performants et de proposer encore plus de services pour la promotion de l'Islam incha'Allah. Le CERFI, c’est également ses projets qui restent encore dans les tiroirs, où se trouve le problème ? Je crois qu’avant tout il y a le défi de la mobilisation qu’il... faut continuer. Puisque c’est la masse mobilisée qui contribue à la réalisation des projets. On a encore un projet de recensement de l'ensemble des militants et sympathisants du CERFI. Une fois ce fichier parachevé, ça sera un gros potentiel de contribuables qui vont certainement accroître les capacités financières et qui vont sans doute contribuer à résoudre ce grave problème de finance qui retarde ou hypothèque la bonne réalisation de certains de nos projets. À quoi répond la commémoration de ce 20è anniversaire ? 20 ans, ça fait un chemin et quand vous êtes sur un chemin pendant une longue durée, il est normal de vous arrêter à un moment donné pour retourner voir ce qui a été fait et puis jeter les regards à l'avant pour voir ce qui peut être fait en mieux. Nous avons placé ce 20è anniversaire sous le signe de l’introspection et de la prospection pour voir un peu quels ont été les acquis, quelles ont été les insuffisances et quels correctifs on peut apporter pour que les futures générations puissent bénéficier d'un CERFI encore plus performant et mieux organisé. Peut-on dire que 20 ans c’est l’âge de la maturité ? Al hamdoullillah, oui aujourd'hui on peut l'affirmer au regard de la crédibilité grandissante de cette association et de l'engouement de la quasi-totalité des intellectuels. Pratiquement le CERFI est devenu la référence en matière de religion pratiquée par les intellectuels. Donc de ce point de vue, on pense qu'il y a un minimum de maturité qui a été acquis. Etes-vous satisfait de la manière dont se déroulent les travaux du congrès et du 20è anniversaire ? Je pense qu'il y a un effort qui est fait. Les travaux se déroulent bien et les activités programmées pour l’instant ont toutes été exécutées et d'autres sont à venir. Et vu l'engouement des uns et des autres, je crois quand même que dans l’ensemble tout se passe bien malgré quelques insuffisances relevées par ici et par là. Vous n’êtes pas étranger aux problèmes du CERFI, quelle a été la difficulté majeure à laquelle vous avez fait face ? Notre niveau, le problème essentiel a été celui des ressources financières d'abord mais aussi de ressources humaines parce qu’à un moment donné le bureau a été amputé de certains de ses membres actifs pour des raisons diverses. Ce qui a entaché un peu son ardeur par rapport au travail qui nous a été confié. Mais le gros problème, c’est le côté financier. Aujourd'hui la tendance se redresse grâce à l'intervention des uns et des autres, des différents partenaires qui nous accompagnent. J'en veux pour preuve la réalisation de ce siège à laquelle on ne s'attendait pas de sitôt, en tout cas pas au cours de ce mandat. Ce sont des choses positives et nous remercions Allah pour ses bienfaits. Quelle peut être la priorité du CERFI aujourd’hui ? L'unité des musulmans parce que le CERFI dans ses objectifs, c'est de travailler à l’unité de l'ensemble des musulmans. Et tant que cet objectif supérieur ne sera pas atteint, je crois que le défi restera toujours ouvert. Il faut donc relever le défi de l'organisation de la Communauté. Il y a beaucoup de divergences imputables à l'inorganisation. Donc si les deux problèmes sont résolus, je pense que beaucoup de choses seront réalisées incha’Allah. Vu l’état actuel de ces divergences, l’espoir est-il permis pour aboutir à cette unité dont vous parlez ? Il y a des raisons de garder espoir puisque ces divisions ne sont pas profondes. Elles sont peut-être liées à des petites différences gérables. Comme disait un de nos sages, il y a 98% de choses qui nous unissent contre 2% qui nous séparent. Si on a l’intelligence de travailler avec ces 98% de choses, l’unité sera réalisée. Je pense que notre communauté est une communauté de gens intelligents et nous avons espoir que l’amorce de l'organisation fédérale qui est là, va faire progresser les choses avec le concours de tous dans un cadre bien organisé et dans une synergie d'action de tous les musulmans. Comment envisagez-vous l’après mandat ? Toutes les louanges sont à Allah qui nous a donné cette opportunité de travailler pour Lui. C'est un honneur. On a fait ce qu'on pouvait et nous avons la compréhension que le champ d'Allah est très vaste. C’est un travail islamique, ce n’est pas un travail à vie. On sera toujours disponible pour ce qu'Allah nous a accordé, pouvoir apporter notre contribution au CERFI ou à toute autre organisation qui œuvre pour la promotion de l’Islam en général. Votre mot à l’endroit du nouveau bureau ? Les premiers mots sont des prières. Qu'Allah les soutienne dans leurs responsabilités et qu’ils restent fermes sur Suite page 6. Le Cerfiste N° 010 janvier 2010 A la découverte de l'histoire méconnue du CERFI A la faveur du 20e anniversaire du CERFI, le Cerfiste se propose de jeter un regard rétrospectif sur les premiers moments de la structure. Il s'agit d'en faire la genèse, de parler des premiers acteurs, du processus d'ancrage dans l'univers associatif musulman de notre pays en somme de lever le voile sur l’histoire du CERFI. ignorée des jeunes générations de militants. Contexte de la naissance Le CERFI a été créé pour combler un vide. Il y avait un besoin pour les intellectuels francophones musulmans de trouver un cadre d’expression. Le noyau originel était formé par El Hadj Ouédraogo Souleymane, le Dr. Nakro Aboubakar, Dabo Seydou, Koussoubé Moustapha qui, mus par la recherche du savoir, les 3 derniers notamment, fréquentaient le Dr. Aboubakar Doukouré. Il s'agit des intellectuels francophones de la jeunesse musulmane de la Communauté Musulmane du Burkina Faso (CMBF), du Mouvement Sunnite du Burkina (El Hadj Ouédraogo Souleymane venait de quitter la présidence de ce mouvement) dont le cadre associatif ne convenait pas parfaitement du fait de leur statut et qui manifestaient donc le désir de se créer un cadre homogène d'apprentissage et de militantisme au service de l'islam. C’est Dr. Doukouré qui leur aurait suggéré la création d’une organisation légale. L'idée du CERFI naissait ainsi. Mais déjà à cette époque l'AEEMB dirigée par Bara Ibrahim, était très active et ces intellectuels participaient à ses activités. Mieux, ils en étaient des conférenciers. C’est avec l’idée de la création du CERFI que les responsables de l'AEEMB ont été approchés pour contribuer à la rédaction des textes. «Les initiateurs pouvaient le faire eux-mêmes parce que c’étaient des intellectuels mais c'était de leur part une volonté de nous impliquer dans le processus de création du CERFI» explique Ibrahim Bara, premier président de l’AEEMB. La dénomination a fait l'objet d'une évolution. Selon Dabo Seydou, le premier acronyme fut : Centre d’Etudes et de Recherche Islamique (CERI). C’est par la suite que Centre a été remplacé par Cercle et le F de formation a été ajouté pour obtenir CERFI. C’est le 08 janvier 1989 que les textes ont été adoptés lors d’une assemblée générale tenue au Centre Culturel français Georges Méliès. C’est à l'issue de cette Assemblée Générale que la date du 29 janvier a été fixée comme date de l'Assemblée Générale constitutive. Mais Déjà il faut signaler que dans ces forces qui ont convergé pour fonder le CERFI, il y avait essentiellement deux courants : d'un côté des anciens de l'AEEMB qui inscrivaient le CERFI dans la continuité de leurs actions. En effet, il y avait déjà à cette époque un groupe de frères qu'on présente comme des anciens de l'AEEMB parmi lesquels figurait l'imam Nombré Marboulaye. À propos, El Hadj Lassané Sawadogo explique : « Au congrès de l'AEEMB en 1988 au Centre austro-burkinabé, trois frères à savoir Dipama Issaka, Nombré Marboulaye et Belem Sayouba ont été présentés comme les représentants des anciens de l'AEEMB ». Notons que le nommé Dipama Issaka fut le 1er président du conseil général de l’université. D’autre part, des intellectuels venant du Mouvement sunnite, de la Jeunesse de la communauté musulmane qui voulaient un cadre plus homogène pour apprendre l’islam et travailler à son service. Parmi lesquels on peut citer en plus des noms mentionnés plus haut, Gaoussou Sessouma, Traoré Lassiné pour ne citer que ces. Le point commun qui a facilité la convergence, c’était le français mais surtout la volonté partagée de créer un cadre d'expression. Cela n'effaçait pas pour autant les différences qui existaient. De ce fait, des difficultés vont apparaître dans l’orientation à donner à la nouvelle association. C’est dans ce contexte que s'est tenue l'assemblée générale constitutive le 29 janvier 1989 à l’école supérieure des sciences économiques de l'université, actuelle UFR/SEG. Finalement, Belem K. Sayouba, alors vice-président de l’AEEMB, fut élu secrétaire général et Moustapha Koussoubé son adjoint. Il faut signaler que Belem était déjà un fonctionnaire de l’Etat et faisait partie des aînés de l’AEEMB, mais il a été appelé à la vice-présidence en remplacement de SOW Moussa, affecté à Bobo Dioulasso. Ce statut de jeune fonctionnaire a certainement prévalu dans son choix. Ce choix, qui pourrait être à juste titre conçu comme le triomphe d’une tendance sur l’autre, expliquerait le retrait constaté du Dr. Nakro du mouvement. Mais «il est resté, témoigne un ancien, une personne ressource qui a toujours montré sa disponibilité quand on sollicitait son concours.» La première réunion du bureau s'est tenue le 4 février soit 5 jours après son élection. À l’ordre du jour, il était inscrit les points suivants : - Adoption des PV des AG du 08 et du 29 janvier (pour la demande de reconnaissance officielle) ; - Le programme d'activité ; - Le problème de local ; - Divers. «Quant au 2e point de l'ordre du jour, il ressort clairement qu'aucune activité ne peut être entreprise sans un local, compte tenu du communiqué du ministère de l'administration territoriale. Aussi a-t-il été demandé aux uns et aux autres d’entreprendre des démarches pour trouver un local en attendant que le CERFI soit reconnu.» (Extrait du PV de la 1ère réunion du bureau). «Les rencontres se tenaient un moment à la medersa centrale comme le cadre n'était pas très approprié c'est fut le centre culturel arabe libyen qui fut retenu» explique Bara Ibrahim. C’est enfin le 4 juin que le récépissé de reconnaissance a été obtenu marquant le lancement des grandes activités. Les grandes phases de l’évolution du CERFI A l’Assemblée générale ordinaire tenue les 11 et 12 mai 1991, les textes furent modifiés et le secrétaire général devint le président et suivi de deux vice-présidents chargés respectivement des relations publiques et de l’administration. L’AG devint le congrès. Belem Sayouba fut réélu avec Sam Issaka comme vice-président. Mais entre-temps, le président fut affecté comme préfet de Kaya et son vice-président achève son mandat et est réélu en 1994. Ainsi, les présidents et les mandats respectifs se présentent comme suit : 1989-1991 : Belem K. Sayouba. 1991-1994 : Sam Issaka. 1994-1997 : Sam Issaka. 1997-2000 : Drabo Mamadou. 2000-2003 : Belem Salif. 2003-2006 : Bara Ibrahim. 2006-2009 : Koné Cheik Sidi Mohammed. C'est Nombo Moussa qui vient d’être élu à l'issue du congrès du 25 décembre 2009 pour le mandat 2009-2011. Dans son évolution, le CERFI a connu plusieurs grandes phases : la Première est marquée par l'information et la formation. En effet, au cours des deux premiers mandats, il fallait faire connaître la structure mais aussi contribuer à faire connaître l'islam à l'élite francophone. C'est dans ce sens que les activités de mobilisation de masse ont été initiées. «Ce fut une période de grande euphorie que l'on ne connaît plus de nos jours à l'exception de l'arrivée des étrangers», témoigne imam Ilboudo Halidou. «Tous les supports de communication ont été utilisés à cet effet : les médias, les cours de formation se déroulaient du lundi au vendredi au centre arabe libyen. Les week-ends étaient réservés aux conférences. À l’endroit des autorités administratives et politiques, il fallait être transparent, donner l'assurance que nous n'étions pas des extrémistes. C'est pourquoi à chaque parution, notre journal Le Muezzin était envoyé à la Présidence du Faso. Nous avons aussi multiplié les visites de courtoisie jusqu'à ce que nous obtenions une audience avec le Le Cerfiste N° 010 janvier 2010. HISTOIRE Président du Faso, explique El Hadj SAM Issaka. C'est dans cet élan que les responsables se sont tournés vers la Côte d'Ivoire. Il se trouvait que les prédicateurs ont déjà pris part à certains séminaires de l'AEEMB. En plus de cet atout, certains responsables comme le président ont connu le mouvement islamique en Côte d'Ivoire et avaient gardé des liens qui ont facilité la collaboration. En 1991, l'imam Tidjane Bâ, alors président de la Communauté Musulmane de la Riviera, anima l'émission spéciale ramadan à la TNB. Dans une correspondance datée du 15 mai 1991, le président du CERFI lui témoignait sa gratitude en ces termes : « Grâce à votre contribution combien précieuse, le ramadan a été agréablement vécu au Burkina, notamment pour les téléspectateurs de l'émission spéciale ramadan. Par la présente, nous vous exprimons nos sentiments de gratitude et d'espoir quant à l'avenir des relations entre le CERFI et votre communauté. » À partir de 1992, il fut invité pour animer l'émission. Islam et société. Il s’est fait remplacer par la suite par Aboubakar Fofana parfois accompagné de l'imam CISSE Djiguiba qui a poursuivi pendant 4 ans. Ces interventions ont suscité un éveil et une grande mobilisation autour du CERFI. «Cela paraissait extraordinaire qu'on développe un discours en français qui explique l'islam de façon rationnelle». En outre, d'autres activités comme les séminaires, les cours de formation, les projections ont été les moments forts de la vie du CERFI. Parallèlement, les sections provinciales du Kadiogo, du Houet, du Yatenga furent créées. Mais contrairement à la méthode de l’AEEMB qui consistait à faire des missions pour créer les Conseils Généraux (représentations provinciales), pour le CERFI les frères qui se trouvaient dans les provinces se réunissaient et venaient chercher les textes et après le bureau s'y rendait pour les soutenir. Au-delà du Burkina, le CERFI étend ses relations en plus de la Côte d’Ivoire, au Mali, au Niger, au Sénégal et par la suite au Bénin et au Togo. Au-delà de la sous-région, des communicateurs de l’Europe ont été invités comme les frères Ramadan (Hani et Tariq) et bien d’autres. Il paraît que c’est l’expérience de la jama’at Ibarou Rahmane du Sénégal qui a inspiré l’idée du Comité directeur national à partir de 1992. La mobilisation que toute cette action a suscitée a posé avec acuité le problème d’une mosquée de vendredi pour les intellectuels et comme il n’y avait pas encore de local, le siège de l'AEEMB fut érigé en mosquée de vendredi en 1992. Le terrain des 1200 logements a été repéré dans les années 91-92 mais son obtention et sa mise en valeur ont mis du temps. Après l’obtention définitive de ce terrain, des bonnes volontés ont aidé à ériger un hangar qui va servir pendant longtemps de mosquée de vendredi jusqu'à l'actuelle mosquée construite sous le mandat de Bara Ibrahim. Les autres grandes phases furent les grandes réformes structurelles et l'action sociale avec les caravanes de da’wa et l’implantation du CERFI à l'intérieur du pays. Cette phase, on peut considérer que ce sont les phases des grands investissements qui se poursuivent encore. Mais marquée par une baisse de régime d'activités, explique El Hadj Drabo Mamadou. Mais, il y a récemment une relance dans les activités de formation avec la création de HM2E. Le mouvement des femmes a commencé avec les femmes qui participaient aux activités de l’AEEMB. Ainsi, dans les années 1987-1988, elles ont été regroupées pour bénéficier de cours de formation. Ces cours qui se déroulaient à la grande mosquée de Gounghin. ...suite de la page 4 Le travail, car il n’y a que ce travail qui garantit la récompense ici-bas et dans l’au-delà. Nous sommes passés par là et nous avons tiré beaucoup de bénéfices de ce travail qui est très exaltant. Difficile certes, mais très exaltant. Si nous avons conscience des enjeux de ce travail, on ne doit pas se lasser des petites difficultés momentanées qui vont disparaître incha’Allah. En tout cas, je leur souhaite bon courage et on sera avec eux pour Ensemble construire étaient dispensés par Bara Ibrahim. Ainsi est née l’idée de créer une organisation de femmes musulmanes. Les textes ont été élaborés par les responsables de l’AEEMB, notamment le vice-président Belem Sayouba. La dénomination Organisation des Femmes Musulmanes du Burkina (OFMB) a été retenue. Un an plus tard, le CERFI vit le jour et il s’était posé la question de la fusion de l'OFMB à la nouvelle association. Mais cette nouvelle orientation suscita des oppositions, notamment de la part de Mme Nakro dont l'époux, Dr. Nakro, a été, comme indiqué plus haut, un des pères fondateurs du CERFI. Mais le projet a été finalement tenu et c’est ainsi que l'OFMB est devenue la Cellule féminine du CERFI et en reste d'ailleurs la seule cellule spécialisée de la structure jusqu'à nos jours. Il faut dire que la cellule féminine du CERFI a joué un rôle important dans la mobilisation des intellectuels francophones, car nombreux sont ceux qui ont été emmenés par leurs épouses dans le mouvement. Les grandes Difficultés Comme toute structure, le CERFI a connu des moments de turbulence mais la sincérité des acteurs a permis à chaque fois de planifier les problèmes. Les plus importantes crises sont : la question de la cellule féminine sous le mandat d'El Hadj DRABO Mamadou. Les difficultés sont nées du départ de certaines militantes consécutif à la naissance de Cellules féminines dans les autres structures notamment Ittihad Islami. Par ailleurs et bien avant la naissance de la fondation Omar ben Khatab qui va donner plus tard la mutuelle cet Islam rayonnant dans ce pays et mieux au niveau du monde entier. Votre dernier mot C'est un appel à la mobilisation générale. Que toutes les sœurs et tous les frères se mobilisent et s’engagent davantage à soutenir les différentes actions du CERFI et dans la réalisation de ses projets. De nombreux sentiers nous attendent et je sais compter sur l'apport de tous. Je vous remercie. Interview réalisée par Mahamadi OUEDRAOGO Baitoul Maal a suscité des incompréhensions entre les Acteurs. En outre, la question de la conférence des cadres en 2000 a été une période difficile dans l’histoire de la structure. Au fait, il s'agit d’un espace que le CERFI a créé pour regrouper les hauts cadres pour traiter un certain nombre de grandes questions qui engagent la vie de la communauté. Mais la tendance de la conférence à sortir de l'emprise du CERFI qui l'a secrété a suscité des mésententes ; la question de l'unité à l’ordre du jour de la conférence en 2000 a rendu la situation plus compliquée. Finalement, la conférence nationale n'a pas survécu à ces difficultés. À tout cela, il faut ajouter les problèmes de dysfonctionnement liés aux occupations professionnelles des responsables, mais aussi à des lourdeurs administratives liées à la structure. Les responsables du CERFI ont toujours su dépasser ces difficultés inhérentes à la vie de toute institution humaine et ont fait du CERFI une fierté de l'islam au Burkina. C'est ce sentiment qui anime les responsables à l’occasion de la célébration des 20 ans. mais aussi un tournant pour faire face aux défis du moment et du futur. Kadre SAWADOGO Bimestriel d'Information et de Formation du Cercle d'Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques (CERFI) “Le Cerfiste” Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006 01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tel : 76 61 57 67 / 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Rédaction BAMBARA Hamadé OUOBA Idriss SIDIBE Salamata OUEDRAOGO Mahmadi SAWADOGO Kadré PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires Le Cerfiste N° 010 janvier 2010 1989-2009, voici 20 ans que le CERFI s’est engagé dans la lutte pour la promotion des valeurs islamiques au Burkina Faso. Le chemin a été long, les difficultés ont été multiples, des acquis engrangés et d'importants défis à relever. 20 ans après, c’est un nouveau départ qui s'annonce et c'est à juste Raison que nous nous sommes intéressés à l'opinion des militants et des sympathisants à propos des actions de la structure. Et les commentaires vont bon train. Aboubacary Ouedraogo, étudiant en 4è année de communication, UO. Le CERFI est un cadre pour les fonctionnaires musulmans de s’instruire dans leur religion et aussi d’organiser des activités pour mieux exprimer leur foi. Depuis sa création, le CERFI s’est investi dans cette logique afin de décomplexer le musulman même si certains cadres musulmans ont encore du mal à exprimer leur foi. C'est donc à juste titre que j’apprécie positivement l'action du CERFI qui a permis à ceux qui n'ont pas milité dans les associations comme l'AEEMB de se familiariser à la lecture du Coran et de connaître davantage les hadiths du Prophète. Le CERFI doit maintenir le cap et poursuivre les actions de sensibilisation afin d’impliquer davantage les cadres réticents. On pourrait organiser des visites à domicile de façon régulière chez des cadres en vue de les impliquer. Encore plus car l'édifice islamique est notre bien commun à tous et nul ne doit rester en marge. N'oublions pas que le loup ne s'attaque qu’à la brebis égarée. Abibou Ouedraogo, 4e année de science économique et gestion, UO. Je trouve que les prestations du CERFI sont salutaires. 20 ans après, nous souhaitons que la structure continue sur la même lancée en cherchant à mieux se faire connaître et à intensifier les activités de sensibilisation. Il faudra initier des émissions radio et télé pour partager le message islamique à tous. Un défi qui peut se présenter aujourd’hui, c’est celui de l’organisation. Nous sommes un peu en retard à ce niveau et c'est un peu triste. Il faut également que le musulman s’implique lui-même dans les activités et apporte sa contribution. Le CERFI a commencé à tracer une voie et c'est à nous de jouer notre partition. Dr Sawadogo : Grâce au CERFI, le fonctionnaire musulman a pu hausser sa tête et être fier de son identité. On peut noter la présence de hautes personnalités dans ses... activités. Grâce à cette structure, l’intellectuel musulman vit sa religion, ce qui n’était pas le cas avant. Le CERFI a joué un rôle prépondérant dans la promotion de l’Islam, surtout au plan intellectuel. Plusieurs défis se présentent aujourd’hui au CERFI. Le premier est un défi culturel. La culture intellectuelle des cerfistes ne leur permet pas d’assimiler certaines choses de l’Islam. Je souhaite qu'ils acceptent la vérité de la religion si la culture occidentale venait à contredire les prescriptions islamiques. Le deuxième défi est le modernisme. L’Islam est déjà une religion modérée par Dieu. Chercher à moderniser l’Islam pour l’adapter aux concepts occidentaux, c’est détruire la religion. Je les mets donc en garde sur ce côté. Il y a également des tendances qu'on introduit dans le rang des musulmans en vue de les déstabiliser et de dévier la renaissance. Au regard de l'histoire, c’est toujours la tendance sunnite qui a réussi à vaincre les ennemis, exemple de l’occupation de Jérusalem par les chrétiens. Je vous conseille de vous méfier des tendances qui ont d'autres sources que la sunna du Prophète (SAW). Karsamba : Le CERFI est une cellule très importante dans l’Islam au Burkina Faso. Cette structure a de très bonnes initiatives mais j’aimerais qu’il mette beaucoup l’accent sur l’apprentissage de la lecture coranique. Les activités du CERFI reflètent la réalité, c'est la face réelle de l’islam parce qu’on ne peut pas prendre un aveugle pour conduire un voyant, ce n’est pas possible. Je demande à Dieu de leur accorder une force pour plus d’actions et qu’Il leur accorde une meilleure fin. Toutefois le CERFI doit créer de petites cellules un peu partout dans le pays pour mieux s’étendre. Il faut mettre en place des comités de gestion rentable afin de résoudre le problème financier. Je reproche au CERFI de ne pas disposer jusqu'à présent de sa propre radio. Ce n'est pas normal, ceci est un grand défi à relever. On ne sait pas trop pourquoi cela tarde mais nous avons besoin d'une vraie radio pour accompagner nos multiples actions dans la promotion de l’Islam. Il faut donc développer l'intellectualisme au sein de notre communauté. Mme SANGARE née Fatoumata GNEME, étudiante en 1ère année secrétariat de direction à l’URB-IÜT Bobo. Je commencerai par souhaiter joyeux anniversaire au CERFI pour ce parcours édifiant. Personnellement j’ai une bonne appréciation des actions du CERFI. C'est une structure qui mène beaucoup d'activités pour la promotion de l’islam au Burkina Faso et il faut le reconnaître. Le grand défi pour nos structures est la mobilisation des ressources financières. Sans argent aujourd’hui il est difficile d’entreprendre. Même si c'est dur il faut que le CERFI accompagne financièrement sa sœur l’AEEMB dans ses activités. Je crois que le CERFI doit poursuivre ses actions de sensibilisation aussi bien à l’interne qu’à l’externe. Nous sommes absents de l'espace médiatique et on agit beaucoup dans l'ombre, ce qui est injuste. Le CERFI dispose d’intellectuels et Ceux-ci doivent mettre en valeur leurs connaissances. Jusqu’à présent, nous ne nous sentons pas trop dans le CERFI comme si c’était l'affaire des seuls fonctionnaires. Je les invite donc à agrandir le cercle et intégrer les plus jeunes. Il faut que le CERFI partage les préoccupations des militants et soit le porte-parole de tous ceux qui semblent être oubliés. Bon vent au CERFI et que Dieu protège tous les pieux ! Ali DIAWARA : Les actions sont très salutaires, je ne peux que les encourager à œuvrer davantage. Le CERFI est sur la bonne voie et il a besoin du concours de tous les musulmans. Les objectifs sont nobles et le travail force l'admiration et impose le respect franchement. Personnellement, je dois dire que c’est grâce à cette structure que j’ai découvert véritablement l'islam en dehors de tout ce qu’on nous a appris chez les maîtres coraniques des quartiers. Je retiens du CERFI, son rôle de pionnier et de leader dans l’organisation des grands rassemblements, dans la formation et dans l'éducation des... musulmans conformément au Coran et à la Sunna. Aujourd’hui plusieurs associations emboîtent le pas du CERFI même s’il convient de noter une grande différence car le CERFI a cet avantage de regrouper des intellectuels musulmans. Il faut également dire que des sympathisants ne sont plus trop présents aux côtés de cette structure. Peut-être parce qu’ils trouvent ailleurs ce que le CERFI leur propose, peut-être aussi pour des raisons de proximité, ils ont diminué leurs déplacements au niveau du CERFI. Je demanderai aux responsables de ne pas les oublier. 20 ans après, le grand défi demeure le rassemblement ou l’unité des musulmans autour du même objectif, celui de partager les richesses de l’enseignement islamique avec les autres communautés de notre pays. Pour consolider son rôle de leader, il importe que le CERFI s'approprie les grandes questions du moment afin de faire jaillir la lumière de l’Islam. Il peut accompagner les autres structures à parfaire leurs prestations surtout que ces dernières s’inspirent du modèle cerfiste. Plusieurs opportunités s'offrent à nous et je sais que ce n’est pas les idées qui manquent. Que Dieu renforce la concorde entre les musulmans. Joyeux anniversaire au CERFI (notre bien commun). Propos recueillis par Mahamadi OUEDRAOGO Une si longue amitié La plus belle chose qui ait pu m'arriver Est de te connaître, sincère amitié Je te remercie cher ami bien aimé Grâce à toi, aujourd’hui je peux en profiter Alors comment je peux parfois t’oublier Faire comme si tu n'as jamais existé Je te salue pour tant de bonté Tu m'as fait apprécier ma beauté M’as imploré de la protéger Oui je suis maintenant dans la vraie amitié Et j’ai tant d’amour à donner J'ai, au nom de l'amitié traversé Des épreuves et laissé mon passé Mais près d’elle j'ai su trouver La vraie vie, l’envie de changer A nous de la rechercher Cessons de tout gâcher Car l’amitié est l'unique vérité Croyons en l'amour, la liberté Regardez autour, il faut cesser D'ignorer l’amitié Venez toutes nationalités Unies auprès d’elle, on fera Ces guerres, tous ces préjugés Qui ont tué la paix et l'amour Mahamadi OUEDRAOGO Le Cerfiste N° 010 janvier 2010 LIBRES PROPOS TEMOIGNAGE SUR LE CERFI Un doyen livre sa part de vérité Jeudi 26 novembre 2009, au moment où tout le monde s’affairait pour réussir la fête de Tabaski, El Hadj Souleymane OUEDRAOGO subissait une intervention chirurgicale au genou. Membre fondateur du CERFI et personne très active dans la promotion de l’Islam au Burkina Faso, nous lui avons rendu visite à son domicile le mercredi 30 décembre 2009. Comme on le dit c’est les vieilles marmites qui font de bonnes sauces. C’est sur son lit de malade qu’il s’est confié à nous dans l’espoir qu’il recouvre la santé très bientôt. Nous vous proposons donc un témoignage émouvant dans un langage franc et direct d’un homme pétri d’expériences dans la gestion des hommes. Le CERFI fait son petit bonhomme de chemin mais avec beaucoup d’embûches et il y a eu pas mal de gâchis. Parce qu’à l’intérieur il y avait quelque chose d’indéfinissable. qui était comme un antagonisme, une sorte de concurrence entre les membres. L’esprit que nous avions au départ, c’était que l’Islam des intellectuels musulmans éclore, prospère et que cela profite à tous, parce que nous étions très bien en retard par rapport aux autres confessions religieuses. Il nous fallait une structure bien organisée, solide, capable de répondre devant les autorités au nom de l’Islam et montrer les valeurs de cette religion. Plus tard ce ne fut pas le cas à cause de l’antagonisme qui y régnait. Nous avons donc décidé de rester à l’écart tout en intervenant de temps en temps. Sinon les assemblées générales, les renouvellements de bureaux ainsi de suite, ce n’était pas ce que nous avions voulu et souhaité. Personnellement je me suis mis en retrait pour deux raisons : d’abord ma mauvaise expérience à la tête du mouvement sunnite a pesé. J’étais bien averti des inconvénients de troubles qu’il pouvait y avoir entre les membres d’une structure. Ensuite c’est pour des raisons de santé. J’explique l’existence de la jalousie, de l’antagonisme et des autres maux dont souffre notre communauté par le déficit de formation et le manque de foi. Ce sont les deux, parce que la formation vous aide à bien comprendre la foi et mieux la vivre. Maintenant si cette formation est mal faite, vous ne pouvez pas avoir un bon résultat. Également la question du leadership se pose. Nos responsables ont-ils l’âme du sunnite ou du dirigeant conscient de son rôle et de son devoir de rendre compte devant Dieu un jour ? Ce n’est pas évident. Sinon les querelles de leadership ne s’expliquent pas. Le Coran est très clair et la sunna aussi. S’il y a antagonisme ou jalousie entre les responsables, c’est que quelqu’un cherche autre chose qui n’est pas certainement le bien de l’Islam. Nous sommes trop accrochés aux avantages matériels et mondains, ce qui explique les déviations qu’on note un peu partout. Malgré les problèmes et les travers que j’ai évoqués plus haut, je considère que le CERFI a été très bénéfique à l’Islam. au Burkina Faso. Il a atteint une partie des objectifs que nous avons souhaités au début. Le CERFI est un peu représenté dans les régions et dans les provinces, c’est bien. Le CERFI est dynamique dans les conférences, les débats, les projections... pour cela il faut reconnaître que les frères se sont bien battus. Mais je reste convaincu qu’on peut faire plus et même mieux si l’esprit du respect religieux de la responsabilité est bien perçu. En terme de défi, le CERFI doit s'affirmer davantage et voir maintenant si après le CERFI on peut espérer autre chose. Une structure au-dessus pour faire militer les ministres, les hautes autorités et autres. Donc il faut que le CERFI travaille à évoluer vers le grade supérieur où les diplomates, les gradés de l'armée, les ministres pourront militer. Et la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) ? La FAIB est un assemblage mal concocté (rire) parce que cela n’a pas été démocratiquement fait. Je sais de quoi je parle puisque j'étais l'initiateur depuis 1984. J’ai des documents qui l’attestent. Peut-être qu’un jour on pourra en parler. Concernant l’unité des musulmans, j’ai espoir mais ce n'est pas pour demain ni maintenant. Parce que la foi et la formation font beaucoup défaut. Et tant que cela ne sera pas réparé, l’unité sera difficile. Vous savez, l’Islam est quelque chose de spécial. Quand on y entre avec autre intérêt ou autre but que la rétribution dans l'au-delà par Allah, ça ne marche pas. Il faut donc mettre en avant le désintéressement et laisser la récompense à Dieu. Un point un trait. Quand j’ai appris le renouvellement du nouveau bureau et que j’ai vu certaines têtes, j'ai repris confiance. Je me suis dit voilà au moins des gens qui ont fait leurs preuves, je les ai vus à l'action et j’ai confiance. Je pense qu’ils peuvent bien mener encore la barque à bon port. Je ne peux que les encourager. Ils auront besoin de beaucoup de courage. Il faut beaucoup d’abnégation sinon on ne peut pas réussir. Le but c'est l’au-delà. Témoignage recueilli par Mahamadi OUEDRAOGO Le Cerfiste N° 010 janvier 2010 DOSSIER LA CELLULE FEMININE Sur les traces du passé ou sur l’éclair qui pointe à l’horizon ? Les années 90 ont été marquées par une tentative d’organisation des femmes musulmanes du Burkina Faso avec la mise en place d’une cellule féminine musulmane en 1988, la création de la ligue des femmes musulmanes du Burkina en 1998, la naissance de l’alliance des femmes islamiques du Burkina et les femmes du mouvement Tidjanite. En 2000-2001, les femmes du mouvement Tidjanite, l’alliance des femmes islamiques du Burkina, la cellule féminine musulmane devenue cellule féminine du Cercle d'Etude, de Recherche et de Formation Islamique (CERFI) et les sœurs de l'Association des Elèves et Etudiants Musulmans au Burkina (AEEMB) ont nourri la réflexion pour la création d'un grand mouvement de femmes musulmanes au Burkina Faso. Mais ce projet n’a jamais abouti compte tenu du contexte hostile à de telles organisations à l'époque. Tentative a été vaine car tout regroupement de femmes musulmanes était mal perçu. Pire, presque toutes les associations féminines musulmanes vivotaient et avaient du mal à décoller dans une telle perspective. La ligue des femmes musulmanes du Burkina, par exemple, a été dissoute en 2005 par la communauté musulmane et constituée en une branche de cette même communauté. Quant à la cellule féminine, elle se débattait de son côté tant bien que mal pour survivre. Puisque c’est depuis les années 87-88 que les femmes de la cellule ont commencé à s'organiser de façon informelle. Elles sont même parvenues à élaborer des textes de fonctionnement pour créer l'Organisation des Femmes Musulmanes du Burkina (OFMB). Pendant ce temps, les hommes qui vont donner naissance au CERFI étaient également actifs de leur côté selon certains témoignages. Lorsque les femmes furent prêtes pour officialiser leur organisation, elles sont venues consulter les frères en question. Ces derniers leur ont fait la proposition de collaborer. Avec eux étant donné que les deux parties poursuivaient le même but : la promotion de l'islam. Ce qui fut fait et les deux parties ont créé ensemble le CERFI, et la cellule féminine est devenue une structure spécialisée du cercle pour traiter des questions uniquement féminines. Cependant, cette première thèse ne fait pas l’unanimité. Si pour certains observateurs avisés, la cellule féminine a évolué parallèlement au CERFI jusqu'à sa fusion avec celui-ci, pour d'autres observateurs non moins importants, par contre, la cellule féminine est bien antérieure au CERFI et c’est elle qui l’a accouché en 1989. Pour ces derniers, les frères se sont intelligemment approprié la cellule féminine au détriment des pionnières et l'ont transformée en CERFI. Ce qui n’a d'ailleurs pas manqué de créer des tensions et des turbulences intenses par-ci, par-là et de faire de nombreux mécontents qui se sont sentis lésés et ont fini par prendre leurs distances afin de préserver les liens sacrés de la fraternité islamique. Ce qui est sûr c'est que, de nos jours, la cellule féminine est une structure spécialisée chargée de la conduite de la politique du CERFI en matière de mobilisation et de formation de sœurs. Elle a été créée par un groupe de sœurs musulmanes afin de relever le défi de l’ignorance et de la pratique religieuse chez bon nombre de femmes musulmanes au Burkina Faso. À côté des autres organes du CERFI, la cellule féminine défend avec bec et ongles, les intérêts supérieurs de l’islam en général et ceux des femmes musulmanes en particulier. Il existe actuellement trois types de cellules féminines au sein du CERFI : la cellule nationale, les cellules provinciales et les cellules de base. Au niveau national, la cellule est composée de quatorze membres élus pour un mandat de trois ans, renouvelable. Elle dispose de dix sous-sections ou cellules de base dans la commune de Ouagadougou et est chargée de la coordination des activités des autres cellules provinciales. Au Niveau provincial, la composition du bureau des cellules n’est pas explicitement définie. À Bobo Dioulasso par exemple, la cellule est composée de dix membres, cinq membres à Fada et deux à Kaya. À Ouagadougou, Madame Nacro, Hadja Boly Ramata, Hadja Ouédraogo Fati, Hadja Gonima Fatoumata, Hadja Ouédraogo Chantal Assiby, pour ne citer que celles-là, ont été les pionnières de la cellule féminine. Chacune d’elles a contribué d'une manière ou d’une autre à la naissance ou au fonctionnement de la cellule à ses débuts. La cellule féminine est ouverte à toutes les musulmanes sans exception. L'adhésion est libre et individuelle mais matérialisée par une carte de membre. La cellule féminine du CERFI organise plusieurs activités comme le ciné-débat, une émission radiophonique, les séminaires, les journées de formation avec des thèmes d'actualité liés aux questions féminines. C'est pourquoi Madame Traoré Maimouna, responsable de la cellule de Bobo, pense que la cellule féminine est une nécessité pour traiter des questions spécifiques aux femmes comme les menstrues, les lochies, le voile... La cellule collabore aussi avec les sœurs de l'AEEMB dans l'exécution de certains projets comme la mise en place des clubs anti-excision dans les établissements d’enseignement du Burkina ou l'organisation de certaines activités phares comme la journée du 8 mars et de la solidarité dans le but de rapprocher les cadets aux aînées. La cellule peut également mettre à son actif plusieurs acquis tels que la relance des anciennes du CERFI pour la réalisation d’un album et le renforcement des rapports avec la cellule de l'AEEMB. En un mot, l’on peut dire que la cellule féminine est très active comme le remarque à juste titre le frère Yaméogo Haroun de l’AEEMB. Cependant, tout n’est pas rose au sein de la cellule féminine et l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Les cellules du CERFI à quelque niveau que ce soit rencontrent des difficultés non négligeables : -Problème de mobilisation dû à l’indisponibilité permanente des sœurs militantes qui ont du mal à faire face à la fois aux contraintes matrimoniales, professionnelles et sociales. Aussi dans la réalité, force est de constater que les efforts de mobilisation des responsables des cellules se limitent le plus souvent aux femmes musulmanes intellectuelles notamment celles qui exercent dans l'administration publique ou privée, laissant de côté toutes les autres catégories de femmes musulmanes ou non qui constituent pourtant une couche très importante au Burkina Faso ; - Manque de planification des activités et de rigueur dans la gestion du temps imparti à chaque activité ; - Problème de communication et de circulation de l’information au sein des cellules ; - Manque de ressources matérielles, financières et parfois humaines pour la mise en œuvre des programmes et plans d’action ; Le Cerfiste N° 010 janvier 2010 20e ANNIVERSAIRE DU CERFI Un panel pour réintégrer les pionniers ■ CERFI, 20 ans après introspection et prospection. Tel était le thème du panel que le CERFI a organisé le dimanche 13 décembre 2009 dans le cadre de la commémoration de son 20e anniversaire. Après une brève cérémonie ponctuée par la lecture du coran et les discours du parrain Dr. Aboubacar Doukouré et le président du comité directeur national du CERFI, Hamidou Tiendrébéogo, place aux échanges. Cette activité était donc une occasion rare de réunir les pionniers et membres fondateurs du CERFI et de leur rendre hommage mais surtout de les écouter sur les péripéties et les difficultés qui ont jalonné la vie de cette structure qui fait la fierté des musulmans du Burkina Faso. À ces premiers militants, Aboubacar Nakro et Seydou Dabo, ont été associés d'autres acteurs de la vie du CERFI, à savoir Salif Belem et Bara Ibrahim, tous anciens présidents du BEN puis Adja Thiombiano Salamata et Dr. Youssouf Kientega. Dr. Aboubacar Doukouré a le premier donné son appréciation sur le travail que mène le CERFI en insistant d'abord sur la nécessité de la suite de la page 10 - Manque de formation islamique approfondie et de culture Au niveau national, la plus grande difficulté en plus de celles ci-dessus citées demeure le défi de la coordination et de la supervision des activités des cellules provinciales et de base. Les occasions de rencontres entre les responsables et les militantes à la base se raréfient en dépit de l'existence de quelques relations de collaboration entre la hiérarchie et les cellules provinciales comme c'était le cas en 2007 lors du séminaire des sœurs en marge de l'AG du CERFI. Il s'agit d'œuvrer encore et toujours dans le sens de la formation et ensuite sur l'entente et la sincérité. Il a par la suite donné son témoignage sur la création du CERFI dans laquelle il a joué discrètement un rôle important d'assistance et de conseil. Aboubacar Nakro, avec une précision déconcertante, est revenu avec admiration sur les séquences de la création du CERFI. Ainsi, on apprendra qu’il s’agissait au début de simples rencontres de formation initiées par un groupe d'intellectuels musulmans assoiffés de connaissance sur l’islam et, qui va donner naissance plus tard au CERFI. C'est pourquoi Madame Ouattara Habibou, l’actuelle présidente de la cellule nationale entend pour les trois années à venir, consolider les acquis et renforcer les capacités des femmes en mettant l'accent sur la formation. Pour Congo Moctar, ex-Vice Président de l'AEEMB, pour être plus dynamique, la cellule féminine doit fortement impliquer les anciennes aeembistes à toutes ses instances et dans l'organisation de ses activités. Quant à l'Imam Ilboudo Halidou, la cellule féminine est nécessaire car les femmes ont besoin d'un cadre pour s’exprimer, mener des activités spécifiques et s’épanouir. Pour résoudre le problème de finances, Seydou Dabo, autre témoin de la naissance du CERFI, est revenu sur le caractère unificateur de la structure qui ne faisait pas de discrimination ou de distinction entre les communautés d'origine de ses membres. Il a aussi avoué que le problème de finances s'est toujours posé au CERFI sans regretter cet état de faits car c'est ce qui a permis de... Construire en partie en chaque cerfiste cette sincérité dans la gestion des affaires. Bara Ibrahim, jeune militant à l'époque de la création du CERFI en 1989, a expliqué la contribution des anciens militants de l'AEEMB dans la création et l'animation du CERFI. Quant à Adja Thiombiano Salamata, elle a parlé de la place et du rôle de la cellule féminine du CERFI qui s'est constituée parallèlement avant d'intégrer le blème de mobilisation des sœurs. Continue l’Imam, il faut repenser la cellule et l’orienter davantage vers le volet social comme la petite enfance, l'encadrement des jeunes filles, les activités génératrices de revenus et la formation de pointe. Le positionnement actuel de la cellule exige qu'elle continue à servir de cadre de rencontre, de formation et de promotion de la femme musulmane. Elle doit aujourd’hui plus que jamais constituer un centre d'orientation, de rayonnement, d’épanouissement féminin et de formation d'une élite féminine consciente et prête au sacrifice de la da'aawa pour le salut. CERFI en tant que commission spécialisée. Tous les participants au panel ont apprécié le travail du CERFI qui a permis de décomplexer la pratique de l’islam chez les fonctionnaires musulmans ; ils ont apprécié l'alternance au niveau des instances dirigeantes du mouvement et son effort permanent dans la construction de l'unité des musulmans au Burkina. Ils n’ont pas manqué toutefois de relever les insuffisances du travail notamment les rapports avec les anciens. A l’issue, chacun a souhaité que le CERFI garde le cap et fasse appel plus souvent aux anciens. Dr. Doukouré a conclu le panel par de sages conseils en insistant pour que le CERFI reste neutre et n’entre pas en concurrence avec les autres associations islamiques existantes et que ses militants reviennent aux valeurs premières de l'islam. Hamadé BAMBARA de la umma. La nouvelle responsable nationale de la cellule aura du pain sur la planche avec ces nombreux défis qui se pointent à l'horizon. Mais nous osons croire qu'avec la détermination dont elle a Toujours fait montre de ses qualités de femme leader, elle saura trouver les moyens adéquats pour relever les défis urgents. Elle saura certainement trouver les mots, les astuces et les actions concrètes qu’il faut à la place qu’il faut pour que tout marche comme sur des roulettes avec la contribution du bureau national et des bonnes volontés. Salamata SIDIBE Le Cerfiste N6 010 janvier 2010 Un bâtiment et un site Internet pour un travail islamique efficace Le président du BEN, Cheick Sidi Mohamed Koné a procédé à l'inauguration et à la réception d’un bâtiment neuf à propos duquel il dira que c’est un cadre de travail digne des ambitions du CERFI qui est celle d'être un cadre de promotion de l'islam véritablement tourné vers la recherche de l’excellence et de l'efficacité. Ce bâtiment offre en effet plus de commodité avec une salle de conférence d’une capacité de 70 places, d'un bureau et de 8 chambres. C'est donc en plus d'être un cadre de travail, c’est une petite auberge qui offre l’essentiel du confort. pour un séjour agréable à Ouagadougou. À côté, le Rectorat de la mosquée a aussi procédé à l'aménagement des toilettes et à la modernisation de l'aire d'ablution. Cette cérémonie a été aussi l'occasion pour le CERFI de lancer son site web au sujet duquel le président Koné reconnaîtra que c'est un outil indispensable de nos jours dans la diffusion du savoir et incontournable pour entrer de plein pied dans la modernité. C'est donc ouvert sur le monde par le biais de ce portail que le CERFI des ambitions nouvelles compte participer à la diffusion de la religion de Dieu. L'adresse du site est la suivante : www.cerfi.org Hamadé BAMBARA 7e CONGRÈS ORDINAIRE DU CERFI Une nouvelle équipe pour trois ans Ils sont venus de 47 sections. Ils étaient 87 et ont pris d'assaut le siège du CERFI le soir du 25 décembre. Ils, il s'agit des délégués au 7e congrès ordinaire du CERFI qui s’est déroulé du 25 au 27 décembre. Le Comité d’organisation informel les a logés de façon douillette. Ces conditions idoines ont cependant contrasté avec la grandeur de la tâche qu'ils ont abattue. Marathonien. C’est ainsi que l’on peut qualifier le rythme des travaux de ce congrès. Pendant environ trois jours, des conférences, des rappels et naturellement des prières et repas ont marqué le calendrier des activités. Les congressistes ont pu écouter et apprécier les rapports du BEN et du CAC. Les événements phares de ce congrès restent sans conteste les amendements des textes statutaires et la mise en place du nouveau bureau. Au titre des amendements, il faut retenir que plus de dix articles ont été retouchés par les mandatés. Les changements notoires ont concerné les articles 24 et 30 des statuts portant nombre de postes dans les bureaux. Désormais il faudra compter 15 au niveau du BEN, 12 au niveau du Bureau Provincial. Les articles 16, 17, 18, 20, 22, 23, 24, 25 du règlement intérieur consacrent désormais les nouvelles dénominations des postes. Par exemple au BEN nous aurons un cabinet présidentiel et des secrétariats nationaux pour les autres postes. L’autre modification majeure est à chercher dans le découpage administratif du CERFI qui épousera le découpage territorial de notre pays. Le nouvel organigramme du CERFI se structurera comme suit : le BEN au niveau national, les CR au niveau des régions, les BP au niveau des provinces et les sections au niveau des communes. Les débats se sont attardés sur la faisabilité de cette nouvelle configuration. Le consensus qui en est dégagé précise que c’est une inscription dont l’absence de rigidité permettra des adaptations sur le terrain. La deuxième journée a été très marquée par la mise en place des bureaux BEN, CDN, CFN. Ainsi 84 voix sur les 87 votantes ont consacré le nouveau BEN dirigé par le frère Nombo Moussa. Quant au CDN dont le premier responsable est Belem Salif et à la CFN coiffée par Habibou Ouattara, ils ont été mis en place à l’unanimité, à mainlevée. La cérémonie d'investiture a pris fin par les prestations de serment des trois bureaux et des congressistes. Rendez-vous est pris pour 2012, incha Allah. En attendant, Qu’Il nous accorde Son soutien. Aamiine 11! Idrissa OUOBA Dans les coulisses du 7e congrès Vice de procédure En prélude au congrès, des correspondances avaient été envoyées aux sections et leur demandaient de faire parvenir leurs propositions d’amendements des textes. Quiproquo ou omission, on ne saurait dire. Toujours est-il que certains congressistes ont voulu apporter des modifications aux textes en même temps que la commission chargée de centraliser les propositions d'amendements faisait son rapport. Une commission ad hoc fut instantanément créée pour prendre en compte ces nouveaux amendements. Hôtel 4 étoiles pour les congressistes ! Les congressistes ont été logés au siège du CERFI au sein de sa nouvelle tour. Ils ou elles ont dormi sur des matelas neufs qui étaient toujours dans leur emballage. Sans doute, c'était pour rendre plus visible la nouveauté de cet équipement. Comité d’organisation exceptionnel Nous avons tenté de toucher le CO du 7e congrès en vain. Au fait, Il existait sans en avoir le statut ? Une maigre poignée de personnes s’est occupée de la restauration, de la santé, de la sécurité, de l'hygiène, du culte, etc. Sacré CERFI, quelle efficacité ! Un restaurant universitaire en plein congrès La salle de réunion du CERFI a été transformée en réfectoire pour le temps du congrès. Les congressistes se mettaient en rangs comme le font si bien les étudiants pour prendre leur repas. Deux rangées de frères et sœurs. La palme d’or doit être décernée au dernier dîner du congrès au cours duquel il y eut une rupture de service. Cause : le spaghetti terminé est remplacé par du riz. Seulement après quelques services, plus de sauce. L'attente dura seulement 10 minutes ; mais sûrement plus pour les pauvres ventres qui ont souffert le martyr. Congressistes, "ya-koo" ! La nouvelle recrue des anciens Quand il était aux commandes du BEN, le président sorti Koné Cheick ne cessait de répéter, quand il avait l’occasion, au frère Tlendrébeogo Hamidou qu'il était dans le bataillon des Réservistes. C’est donc de bonne guerre que ce dernier saisit l'instant du congrès pour lui souhaiter officiellement bonne arrivée et bon vent dans son statut de “nouveau ancien du cerfi”. Cela révèle l’ambiance détendue et surtout fraternelle dans laquelle ont baigné les travaux du congrès. Le Cerfiste N° 010 janvier 2010 bibo:issue 10 bibo:numPages 12 -- o:id 12079 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12079 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12091 19678 19679 19680 19681 19682 19683 19684 19685 19686 19687 19688 19689 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/7576664d269ef4610cffbfdc0b508c9d10a654e3.pdf https://islam.zmo.de/files/original/2c4278b48323d240e33d5c58f86e41680c92b373.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/5baac8a80da0345c6271b8caec71654246ee20d5.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/027da20b45184139824abc3be95f36c248f7a6b4.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/99a758b58cfed0ff78f6ad6203e351b3a893b5b8.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/9d4763978c4fc992f608666aa71c74211903243a.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/8ae2a8a2337eba7aa486877720af24ae7fc34660.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/79d6741e400362ccc28d05ceba97928fa704faad.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/1f4ffe84c10c0488068cd6df8cc772630d1dfb8d.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/3021f3e392b11f21b5cdf5b9b29f3192c626ed53.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/895488b66fbe1dc8ab1a118b46fba95ab5e8e59c.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/a1c1db26335944458df90d1aa4f372d3fdba1c59.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/6a159abdd19b8b8bad33093a7f4a10c29f85e21c.jp2 dcterms:title Le CERFIste #9 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/934 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1023 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1109 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/69 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/909 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/588 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/87 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2008-11 dcterms:identifier iwac-issue-0000538 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/408 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) N° 009 Al Ihsane ou la perfection P5 Les médias : nouveaux acteurs de la géopolitique mondiale ÉDITORIAL Obama ou être le sujet de sa destinée Qui l'aurait cru ! Barack Hussein OBAMA, fils d'un musulman Kenyan et d'une américaine blanche, à la tête de l'hyper puissance américaine. En effet le 04 novembre 2008, les Américains ont choisi avec une majorité sans appel leur 44ème président, un fils d'immigré africain. OBAMA occupera le bureau ovale à partir du 20 janvier et pour les quatre ans à venir. Qu'a-t-il bien pu arriver pour favoriser l'ascension fulgurante d'un homme de couleur à la tête du pays le plus puissant du monde ? Il a fallu d'abord l'arrivée au sommet de l'Empire états-unien d'un des plus piètres présidents de son histoire. Parvenu en effet au pouvoir en 2000 face au démocrate Al Gore après l'élection la plus calamiteuse de l'histoire de l'Amérique, Georges Bush junior gère Depuis le 11 septembre 2001 et de la façon la plus catastrophique qui soit, ce qu'il a dénommé la guerre contre le terrorisme. Pour cette raison, il a initié 2 guerres innommables et insoutenables respectivement en Irak et en Afghanistan qu'il se doit de céder à son successeur sans aucune victoire si ce ne sont des défaites au regard des moyens déployés, des forces en présence et des dégâts humains et matériels. Ces différentes guerres ont donné de l'Amérique une image pitoyable, celle d'un empire ayant atteint son apogée. Puis est survenu l'ouragan Katrina mettant à nu, au cœur même du plus puissant empire de l'histoire récente de l'humanité, les puanteurs du sous-développement. Enfin et de loin le plus inquiétant, la crise financière éclate au crépuscule du règne du président Bush. C'est une crise immobilière qui se transforme en une crise économique mondiale. Depuis 1929, l'Amérique n'avait pas connu pareille déculottée financière. 700 familles dans la rue et l'économie réelle profondément atteinte. 18 mois de campagne avec plus de 500 milliards de francs Cfa broyés, ont révélé au monde un jeune métis, pour relancer l'Histoire. Pour avoir été élu, Barack OBAMA a rappelé à la conscience humaine "qu'aucune race ne détient le monopole de la beauté et de l'intelligence" (Aimé Césaire). Il a rappelé au monde que l'Histoire est là devant nous et qu'il appartenait à chacun d'être le sujet de sa destinée et de ses ambitions. Mais le prix à payer est lourd. Apporter des réponses justes à 2 guerres inventées pièce par pièce, relancer la machine économique occidentale... L'actualité récente invite pourtant à la réflexion. Le réveil de la Chine et de l'Inde, le retour de la Russie et l'émergence de bien d'autres États, qui concurrencent avec les États-Unis dans tous les champs de la puissance (spatiale, militaire, économique et technologique). Des signes avant-coureurs, qui annoncent un déplacement progressif du centre du monde. L'anglosphère (White Anglo-Saxon Protestant) ne semble plus constituer le centre de l'Amérique, pas plus que les Etats-Unis ne constituent plus désormais le centre du monde. Nous entrons à n'en pas douter progressivement mais certainement dans un monde multipolaire plein d'espoir mais potentiellement dangereux. C'est donc dans un tel contexte que Barack OBAMA, dont l'élection suscite plus d'espérance dans les 4 coins du monde qu'il n'imagine, aura à conduire les nouveaux Etats-Unis d'Amérique. Les attentes sont énormes, les déceptions ne manqueront pas très vite mais l'Amérique a un rôle majeur à jouer pour ces nouvelles étapes. A-t-elle vraiment compris le nouveau contexte ? Saura-t-elle dégager de nouveaux horizons pour les filles et fils d'Amérique et bien au-delà ? Le chemin est long, la route épineuse. Et le sage de dire le chemin se fait en marchant. Dieu est le savant ! La rédaction -------------------- ■ Le Cerfiste N° 009 novembre 2008 SPIRITUALITE ET OCCULTISME Mamadou Alioune Diouf apporte sa "lumière" La spiritualité et l’occultisme, deux termes au contenu à la fois proche et opposé. En effet, la spiritualité se déploie sur l'imaginaire et les rapports de l'homme avec l’être supérieur. À ce titre, les deux termes englobent ensemble aussi bien le licite lien entre l'homme et son Créateur que les sombres désirs de celui de trouver du soutien auprès d'autres créatures. Ce rapport apparemment ambigu que pose la question de la spiritualité et l'occultisme n'existe pourtant pas réellement. La spiritualité telle qu'analysée ici est une expression claire des rapports de l'homme avec Dieu Créateur. L'occultisme est tout à fait le contraire. C'est ce qui n'est pas clair, dira Diouf, de passage à Ouagadougou le 26 octobre dernier, et sollicité pour animer la conférence bimestrielle du Cercle d'Étude de Recherche et de Formation Islamique (CERFI) du Kadiogo. À priori, le sujet est problématique et complexe en permanence. Il concerne la vie de tous les jours des hommes et femmes et ne se règle pas une fois pour toutes. Il décrit schématiquement l’évolution des hommes et les raisons qu'ils se donnent pour imprimer un sens à leur vie. Cela va de la longévité à la richesse, en passant par le pouvoir. Il devient dès lors une affaire de réussite ou de mort sociale. L'occultisme particulièrement est d'autant plus complexe et confus qu'il trouve un écho favorable dans la culture même de la société africaine, a fait remarquer le conférencier. Il concerne toutes les étapes de la vie : le mariage, la grossesse, la naissance, le succès, la mort. Nombre d'Africains ont embrassé l'Islam sans laisser ces pratiques occultes. Les cas de pratiques qui relèvent de l'occultisme sont légion. Alioune Diouf a insisté sur les faits et le vécu du monde moderne auxquels les gens s'aliènent pour lire leur destin. Toute chose qui est considérée comme occulte et strictement interdite par Dieu. Il s'agit entre autres de l'horoscope. Les gens s'y lient de façon inconditionnelle. Les sujets adeptes de l'horoscope en dépendent exclusivement au point de ne poser aucun acte avant de consulter leur horoscope. Il existe des gens qui, sans lire leur horoscope du jour, s’interdisent de sortir. Ils croient fermement à tout ce que l'horoscope décrit sur leur chance de succès ou d'échec. En outre, dans la culture traditionnelle, le voyage pour certaines personnes ne se fait pas n'importe quel jour. La rencontre d'un homme, d'une femme, d'un animal donné, sur la route du voyage peut représenter un mauvais présage de l’issue qui en découle. C'est une pratique qui relève de l'occultisme. Selon Diouf, le simple fait de chercher à connaître ce qui n'est pas encore arrivé, le fait de recourir aux créatures de Dieu pour connaître son destin, relève du domaine de l'occultisme. Il y a aussi l’exemple des examens où des candidats sont tentés de connaître leurs résultats avant les examens, en consultant des devins et autres faux prédicateurs des temps nouveaux. Cela est aussi valable pour le commerce où les enjeux suscitent les tentations et les recours aux courtes échelles dont les pratiques occultistes. Nos routes et Carrefours ne désemplissent plus de toutes sortes de produits céréaliers et autres étoffes ou encore de la poudre noire faisant office de sacrifices, jetés dans ces lieux publics. Le moins que l’on puisse dire est que les pratiques occultes sont très répandues dans nos sociétés et affectent la foi de nombre de musulmans. Elles ont pris des formes multiples et multiformes. Ce qui inquiète actuellement, ce n'est pas tant l’occultisme distinctement affiché que les pratiques spirituelles islamiquement reconnues qui peuvent prendre une forme peu circonscrite et devenir ainsi très équivoques. Pour Alioune Diouf, la Rokia qui a des sources islamiques est souvent pratiquée avec un symbolisme déroutant qui pose le problème du manque de références claires pour attester que c'est de la sorte qu'elle a été faite par le prophète lui-même. Autrement dit, soigner par la lecture du Coran est une pratique juste, mais y ajouter d’autres choses dans la forme et le contenu devient difficile à comprendre. Dans le même ordre D'idée, Diouf affirme que la prière de consultation est une pratique sunnatique recommandée par le Prophète, Paix et Bénédiction sur Lui. Avant d'entreprendre toute action d’importance confirmée, il est recommandé au musulman de faire 2 rakates à cet effet. Mais dans bien des cas, cette prière est vue comme un test dont l'interprétation des résultats hautement symboliques bloque ou galvanise le processus. L'on voit ainsi des gens recourir à d'autres personnes au motif que leurs prières de consultation donnent des résultats explicites. Diouf indique qu'il faut faire la prière telle que recommandée et prendre sa décision. Cette décision sera déjà une orientation de Dieu. Les exemples de la Rokia et de la prière de consultation sont juste indicatifs des pratiques islamiques souvent faites de manière à susciter beaucoup de questions par rapport à leur authenticité telle que décrite par le Coran et la Sunna. Que faire alors pour que, contre la vraie spiritualité, l'on ne verse pas dans l'occultisme ? Diouf trouve que Cette question est loin de relever de l’ordre du dilemme. Pour lui, il suffit d’avoir confiance en Dieu. Cela fait disparaître le doute. Il faut avoir confiance en soi et faire usage de la raison dotée par Dieu. Il faut préserver sa foi. Bref, il faut avoir la mentalité du musulman et connaître les invocations enseignées par le Prophète pour les différentes circonstances ainsi que les pratiques qu'il a recommandées. Pour le conférencier qui a tenu le public en haleine pendant plus de trois heures, un matin de dimanche, c'est la seule voie pour vivre sa foi et éviter de tomber dans une spiritualité occulte. Par Mikaillou KERE Le Cerfiste N° 009 novembre 2008 Le Coran et les femmes Le Coran est un rappel pour les hommes et les femmes vivant sur terre pour un monde meilleur. Lorsque l’on étudie le Coran, l’on se retrouve devant un message égalitaire, humanitaire et porteur de foi et de sens. Cependant, on oublie très souvent que le Coran est un message universel et on en fait une analyse réductrice et des Interprétations inexactes surtout en ce qui concerne la femme. Il faut donc dénoncer à la lumière des sources islamiques, c'est-à-dire le Coran et la Sunna (tradition prophétique), la mauvaise interprétation et application du texte coranique. La femme en tant que pilier central de la stabilité et du bonheur familial et social n’a point été oubliée par Allah du haut de ses cieux. Éducatrice de ses enfants, conseillère de son mari, la femme musulmane joue au sein de la cellule de base de la société qu’est la famille, un rôle irremplaçable. Quand le Coran parle à la femme, la femme musulmane doit chercher à connaître et à comprendre les droits que l’Islam lui octroie. Elle se rendra compte que la loi islamique lui octroie des droits que les traditions rétrogrades lui confisquent. Dieu dit dans le livre sacré : « ...Je ne ferai jamais perdre à aucun, d’entre vous, homme ou femme, le bénéfice de ses œuvres... » S3V195. Dieu interpelle les croyants hommes ou femmes par plusieurs formules évocatrices et significatives pour les doués d’intelligence. On peut, entre autres, citer le verset 35 de la sourate 33 : « Les musulmans et les musulmanes, les croyants et les croyantes, les hommes pieux et les femmes pieuses, les hommes sincères et les femmes sincères, les hommes patients et les femmes patientes, ceux et celles qui craignent Dieu, ceux et celles qui pratiquent la charité, ceux et celles qui observent le jeûne, ceux et celles qui sont chastes, ceux et celles qui invoquent souvent le Nom du Seigneur, à tous et à toutes Dieu a réservé Son pardon et une magnifique récompense ». Tout en tenant compte des différences physiques et physiologiques venant de la création, l’Islam légifère l’égalité entre homme et femme. Le prophète Muhammad (PSL) ne dit-il pas que les femmes ne sont que les sœurs des hommes ? Dans une autre version il dit : « Ô hommes ! Traitez bien les femmes car elles ne sont que vos partenaires ». Le seul critère de distinction entre les humains hommes et femmes reste le critère de la piété et de la droiture et non le genre, la couleur, la race ou la richesse. Comme cela est évident dans le verset 13 de la sourate 49 : « Le meilleur d’entre vous est le plus pieux ». Il est vrai que Dieu met en exergue une certaine « prédominance » des hommes sur les femmes pour ce qui concerne leurs responsabilités familiales et sociales dans le verset 34 de la sourate 4, mais cette différenciation se retrouve uniquement dans les rôles. L’objectif visé ici c’est la capacité, les aptitudes et les dons et non le sexe car la prise en charge matérielle et financière de la femme incombe entièrement à l'homme quel que soient les richesses de cette dernière. Quand le coran parle de la femme, c'est "toute une histoire d’amour, de beauté, d'intelligence et de clémence qui se lit à travers des mots, des signes et des silences" comme le note Asma LAMRABET dans le coran et les femmes, une lecture de libération. C’est aussi la manifestation d’une volonté réelle de revaloriser l’identité féminine. Les femmes du coran Des personnages Féminins ont jalonné l’histoire de l’Islam depuis le début de la révélation. Elles furent de braves femmes résolues et énergétiques. Elles sont mentionnées dans le Coran comme des modèles et des exemples à suivre pour l’ensemble de la communauté musulmane. C’étaient des êtres libres, doués d’intelligence, de raison et de discernement. Cette conception coranique de la femme remet en cause l’image infantilisante véhiculée par une certaine culture islamique. La mère de Moussa (Moïse) le prophète de Dieu était une femme dévouée, patiente et soumise à Allah à une époque où Pharaon exerçait son pouvoir tyrannique en tuant tous les garçons nouveau-nés. Dieu inspira à la mère de Moussa de le jeter dans le fleuve. Maryam (Marie), fille de Imran et de Hannah et mère du prophète Issa (Jésus). Cette personnalité féminine a été citée tout au long du Coran comme un exemple de piété, de soumission et de chasteté. Tout un chapitre porte son nom (chapitre 19). Bilqis, reine de Saba (le peuple qui donne son nom à cette sourate). Habitait au Yémen, la région méridionale de la péninsule arabique, apparaît dans le Coran comme une femme de pouvoir et politique. Elle a su gérer les affaires de l’État avec habileté et sagesse. Elle était scrupuleuse concernant les principes politiques d’équité et de justice. Assia, la femme de Pharaon, tyran légendaire, est évoquée dans le Coran comme un modèle de foi et de détermination. « Dieu a fait de la femme de Pharaon un exemple pour les pieux lorsqu'elle dit : "Seigneur, construis-moi auprès de Toi une maison au paradis et sauve-moi de Pharaon et de la gent injuste." » Par Salamata Sidibé Le Cerfiste N° 009 novembre 2008 Al Ihsane ou la perfection L’islam nous recommande de bien agir dans tous les actes de la vie. Comme un enfant qui naît, grandit, apprend à parler, à imiter ses parents, à comprendre son entourage, il cherche à se frayer un chemin, à comprendre les lois qui régissent la société, à déjouer les coups, à s’intégrer dans la société, à se socialiser diront les sociologues. La vie du musulman suit la même trajectoire. On ne naît pas savant, on le devient; on ne naît pas pieux, on le devient. Certes, en chaque être humain Allah a placé la fitra, nous enseignent les écritures. La fitra, c’est la lueur en chacun de reconnaître l’existence de Dieu. Mais au gré des circonstances, elle peut être pervertie. Il appartient donc à chacun, à chaque être humain, de s’orienter, de bien s’orienter, de se guider, bien sûr par la grâce de Dieu. A propos de la fitra, Allah nous dit dans le Coran : « Et quand ton seigneur tira une descendance des reins des fils d'Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : "Ne suis-je pas votre Seigneur ?" Ils répondirent : "Oui, nous en témoignons..." » (Coran 7:172). Frères et sœurs en Islam ! La perfection (Al Ihsane), telle que le Prophète (SAW) l’a expliquée à l’ange est : « la perfection, c'est adorer Dieu, comme si tu le voyais, et même si tu ne le vois pas, sache que lui, Dieu, te voit ». Al Ihsane, c’est donc le summum de la foi. Il faut pouvoir, en tout temps et en tout lieu, s'évertuer à adorer Allah, comme si on le voyait. Tâche difficile, mais pas impossible, puisque... le Prophète (SAW) et ses compagnons y sont parvenus. « Dieu prescrit l'équité et la perfection » nous dit le Coran 16/90. Eux-mêmes « Ne suis-Je pas votre seigneur ? » ils répondirent : « Mais si, nous en témoignons ... » afin que vous ne disiez point, au Jour de la résurrection : « vraiment, nous n'y avons pas fait attention » S 7/172. Ce verset nous met face à nos responsabilités. Avant de naître chacun a témoigné, du fond des entrailles de sa mère, qu’il adorerait Dieu. Ainsi, nous pûmes naître. Toutes les voies ne conduisant pas à Rome, parce qu’il y a des voies qui égarent, Allah nous dit : « Appliquez-vous à bien agir, Dieu aime ceux qui s'appliquent à bien faire » II/195. Dans tout acte ou toute œuvre dans lequel le musulman s’engage, il lui est demandé de bien faire. Dans un hadith authentique rapporté par Bokhari et Muslim, l’ange Djibril est venu demander au Messager de Dieu, l’explication de trois termes : Islam, Imam et Ihsane, le dernier stade étant la perfection. Après le départ de l’ange, le Prophète dit à ses compagnons : « c'est Djibril qui est venu vous apprendre votre religion ». Suite à la page 6 “Le Cerfiste” Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TG1/OUA/P.F. du 10 novembre 2006 01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67 / 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication SAWADOGO Ousmane Président du CERFI YAMÉOGO Hamidou Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Rédaction BAMBARA Hamadé OUÉDRAOGO A. Salam OUÉDRAOGO A. Wahid TOE Aboubacar Allah nous dit également dans le Coran : « Adorez Allah et ne lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers vos père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, vos voisins immédiats ou lointains, le collègue, le voyageur, et les esclaves en votre possession .... » 4 / 36 Le Prophète (SAW) a dit : « Dieu recommande la perfection dans tout ce que nous faisons. Quand vous tuez, faites-le humainement, quand vous égorgez une bête, faites-le de la manière la plus douce, aiguisez bien votre lame et accordez à l'animal le temps suffisant pour mourir. Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires Le Cerfiste N° 009 novembre 2008 «SERMON avant de le dépouiller » Muslim La perfection dont parle le Prophète (SAW) embrasse aussi bien les pratiques religieuses et les rapports sociaux. La prière, le jeûne, la zakat, le pèlerinage doivent être accomplis avec perfection. Chaque musulman doit bien apprendre les rites, les comprendre correctement et bien les appliquer. Dans les rapports sociaux, le champ où se manifeste la perfection est large. Les parents sont prioritaires dans le traitement. Se conduire convenablement envers eux, leur obéir, leur procurer toutes sortes de biens matériels tels que leur trouver un logis, des vêtements, de l’alimentation. On doit aussi implorer Dieu pour eux selon les dires du Coran. Au cas où les parents ne sont plus de ce monde, il faudrait bien garder les relations avec leurs amis. La parenté C’est à entendre dans le sens le plus large. Après le bon traitement qu’on doit aux père et mère, il faut l’étendre aux proches parents maternels et paternels : sœurs et frères du père et/ou de la mère. Les orphelins et les nécessiteux sont des personnes vulnérables ; par conséquent, notre miséricorde doit les toucher. Pour l’orphelin, il faut bien agir envers eux, leur réserver un bon traitement, ne pas faire trop de différence avec ses propres enfants. Au cas où les parents défunts ont laissé des fortunes pour eux, ne pas les dilapider, ni les détourner à d’autres fins. Le Coran s’insurge contre tous ceux qui dévorent avidement le bien des orphelins. Allah dit : « Ceux qui mangent injustement des biens des orphelins ne font que manger du feu dans leur ventre. Ils brûleront bientôt dans les flammes de l’Enfer » (4/10). Pour les employés, le prophète (SAW) dit : « Donne à l’ouvrier son salaire avant que sa sueur ne sèche ». Parce qu’ils sont des ouvriers, il ne faut pas leur manquer de respect, porter atteinte à... leur dignité. Encore moins les soumettre à des travaux qui ne relèvent pas de leur compétence. Il en va de même pour les domestiques : les nourrir des mêmes aliments dont on se nourrit, les vêtir. Veillez à ce que tous les membres de la famille, surtout les enfants, ne les maltraitent pas. Ils sont à votre charge. Vous devez vous soucier de leur pratique religieuse, les instruire en les envoyant suivre les cours laïcs ou religieux, ne serait-ce que les cours du soir. Il faut les prendre en charge sur tous les plans. Quant aux animaux, rappelons-nous qu’une femme est entrée au Paradis pour avoir donné à boire à un animal (chien) ; une autre est entrée en enfer pour avoir enfermé un chat sans lui donner à boire. Frères et sœurs en Islam ! Un homme pieux est un homme humble. L’exemple d’humilité nous a été donné par le 5ème calife bien guidé, Omar Ben Abdel Aziz. Il a dit un jour à son esclave : « Rafraîchis-moi avec l’éventail pour que je dorme. » Ce qu’elle fit. Mais le sommeil ayant gagné l’esclave, elle s’en... dormit à son tour. Le prince se réveilla, prit l’éventail et se mit à la rafraîchir à son tour. L’esclave se réveilla et, troublée, poussa un cri de frayeur en se voyant ainsi. « Tu es aussi un être humain, lui dit le calife, tu as chaud et j’ai voulu te rafraîchir, comme tu l’as fait pour moi. » Qu’Allah nous donne l’humilité. Un esclave, un jour, mit en colère son maître. Celui-ci voulant le punir, l’esclave lui rappela ces paroles de Dieu : « Ceux qui savent dominer leur colère ! » « Eh bien, je la domine, » dit le maître. « Ceux qui pardonnent à leur prochain, » ajouta l’esclave. « Je t’ai pardonné, » dit encore le maître. « Dieu aime les âmes généreuses, » dit encore l’esclave. « Tu es libre pour l’amour de Dieu, » finit par dire son maître. Les versets utilisés par l’esclave sont tirés de la S III/134. Puisse Allah (SWT) pardonner nos péchés. Puisse Allah nous faire parvenir au summum de la foi. Puisse-t-il nous faire comprendre sa religion et nous aider à mieux l’adorer! Imam GuittY Abdoulaye © Le Cerfiste N* 009 novembre 2008 Lecture digne d'Intérêt Barack Obama : Espoir sans Naïveté Les huit années qui viennent de passer sous la présidence de George W. Bush et de son administration nous ont habitués à tellement d’erreurs, de mensonges, d’instrumentalisations et de manipulations politiciennes que l’on ne peut que se réjouir qu’une page se tourne enfin dans l’histoire des Etats-Unis. À partir de septembre 2001, l’essentiel du propos politique de l’administration Bush s’est concentré sur la guerre « contre le terrorisme », « contre les Talibans », « contre Saddam Hussein » et plus largement « contre l’axe du Mal ». Les citoyens américains ont peu à peu pris conscience du vide de cette rhétorique guerrière et arrogante, dont le candidat John McCain ne s’est finalement pas vraiment distancé. Barack Obama est désormais le président des Etats-Unis et on peut saluer cet événement pour de nombreuses raisons sans tomber dans l’évaluation naïve des perspectives d’avenir. n’est pas musulman. Les racines, le passé et les multiples identités culturelles de Barack Obama contrastent furieusement avec le profil de George Bush ou de John McCain. Il a forcément une compréhension et un rapport différents avec les autres pays du monde, et notamment ceux du Sud, et avec la société américaine elle-même. C’est à partir de ce capital d’être et d’expérience que l’on est en droit d’espérer de nouvelles politiques intérieures et internationales. Sur le plan fondamental, Colin Powell avait justement posé les termes de la question : Barack Obama est Noir et chrétien mais, au fond, qu’y aurait-il de mal à ce qu’il soit musulman ? Y a-t-il un problème à être « African-American » et/ou musulman dans l’Amérique d’aujourd’hui ? Alors que l’Amérique semble s’accommoder majoritairement de l’élection d’un Noir, tout semble montrer qu’un nouveau racisme antimusulman s’est installé après septembre 2001. Face à ces peurs et à ces positionnements ethniques et religieux, l’origine et le passé de Barack Obama devrait lui permettre de devenir le président de tous en refusant paradoxalement les faux clivages, l’ethnicisation, la culturalisation ou la « religionisation » de la question sociale aux États-Unis. Barack Obama ne deviendra le symbole d’une nouvelle Amérique que s’il utilise son statut de président afin de promouvoir des politiques intérieures qui défendent l’égalité des citoyens, la justice, la lutte contre les discriminations à l’emploi ou à l’habitat, de nouvelles politiques urbaines. Une politique intérieure qui répartisse mieux les opportunités et les pouvoirs entre les citoyennes et les citoyens de quelque origine qu’elles/ils soient. La force du premier président noir sera de faire oublier sa couleur pour se préoccuper exclusivement de promouvoir des politiques sociales égalitaires et sans couleurs. Le pari n’est pas gagné. Sur le plan international, Barack Obama devrait enfin mettre un terme à la surdité de l’administration précédente. qui s’efforçait de persuader les Américains que ceux-ci étaient « victimes » d'agresseurs qui « détestaient » leur civilisation et leurs valeurs. Au-delà de la condamnation des attentats terroristes - qui est quasi unanime et qui ne doit souffrir d’aucune condition -, il faut entendre les critiques et les griefs qui proviennent des populations du monde entier. La politique de Bush a engendré un rejet internationalement partagé des États-Unis. Il faudra commencer par des actes symboliques mais qui montrent clairement que pour le nouveau président la vie d’un Afghan, d’un Irakien ou d’un musulman a autant de valeur que la vie d’un Américain. Que l’on cesse ce langage arrogant et guerrier et que l’on ferme les prisons de la honte à Guantanamo mais également en Afrique et à travers le monde. Barack Obama ne peut plus justifier, au nom de la sécurité des États-Unis, la mort des innocents, la torture légalisée et les traitements indignes dans les extraditions et jusqu’à la gestion discriminatoire des visas. américains. Si les origines multiples de Obama sont porteuses d’espoir, c’est dans l’exacte mesure où elles devraient lui permettre de rester ouvert et non pas justement pour qu’il s’y enferme aveuglément en les utilisant comme un prétexte ou un alibi. La campagne nous a montré qu’il ne fallait pourtant pas se faire trop d’illusions. Les changements pourront être conséquents dans certains domaines, mais ils resteront très relatifs dans d’autres. Le conflit israélo-palestinien est central pour la paix du monde et on a pu voir Barack Obama tenir des propos tellement en faveur d’Israël (devant le lobby pro-israélien américain AIPAC) qu’il y a fort à parier que rien ne changera substantiellement sur cette question. Comme d’ailleurs sur la politique destinée à faire face à la crise économique globale. On semble, dans ces deux domaines (soutien à Israël et défense de l’économie libérale), toucher à des espaces sacrés, à des dogmes, que personne ne semble avoir le courage de questionner aux États-Unis. L’avenir du Monde dépend pourtant de ce conflit local-global et de l’ordre économique international. Il faut donc entretenir un espoir mesuré. Il est certain que des choses changeront, positivement, avec l’avènement de Barack Obama. Il faut les saluer sans perdre sa capacité critique quant aux sacro-saints dogmes de l’establishment qui peine à reconnaître la dignité du peuple palestinien et les dégâts d’un ordre économique qui, au bout de sa logique et des endettements, tuent des millions d’innocents à travers le monde et jettent aujourd’hui des familles entières d’Américains à la rue. Au sortir d’une campagne électorale qui n’a jamais été aussi coûteuse, il est bon de se souvenir que les victimes de la crise économique globale seront désormais autant américaines qu’africaines ou asiatiques. C’est à l’aune de ces défis que Barack Obama prouvera ou non qu’il est le président de tous et du vrai renouveau. Les musulmans aux États-Unis et à travers le monde sont majoritairement satisfaits : ils espèrent voir la fin de ces politiques de la peur, de la méfiance et de la polarisation répandues par l’administration Bush. Les musulmans ont néanmoins leur part de responsabilité : se libérer de la mentalité de victime, être plus cohérents avec leurs propres valeurs, se libérer de leur ghetto intellectuel et enfin être positivement, et de façon critique, proactifs afin de se sentir appartenir à ce « Nous » (ce « We »), engagés dans les réformes au moment où ils répètent « Yes, WE can ». Par Tariq Ramadan Le Cerfiste N° 009 novembre 2008 « L’islam progresse au Burkina Faso » Nous vous avons proposé dans le numéro précédent, une interview du Cheick Aboubacar Fofana de la Côte d'Ivoire. Cette fois-ci encore nous avons rencontré pour vous un autre acteur important de l'Islam en Côte d'Ivoire, Cissé Djiguiba. Il livre, à travers ces lignes, son avis sur l'islam au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire et fait une analyse de la crise politico-militaire que vit son pays depuis septembre 2002. Le Cerfiste : présentez-vous à nos lecteurs Cissé Djiguiba : Je suis Cissé Guiguiba Abdallah, imam de la mosquée du plateau. Directeur général de la radio Al Bayan, conseiller en communication du Président du COSIM et porte-parole du COSIM. J’ai créé une fondation qui est animée par des cadres, anciens membres de l’AEEMCI et d’autres structures islamiques de Côte d’Ivoire. La radio est un ancien projet que nous avons réussi à mettre en œuvre en 2001. L’objectif est de former, d’informer, de distraire comme tout organe de presse. Mais notre particularité réside dans la formation sur l’islam et les valeurs islamiques. Al Bayan veut dire clarification. Notre souci est de faire en sorte que les musulmans améliorent leur connaissance du Coran et de tous les enseignements de l’Islam. C’est une radio qui est très ouverte. Nous avons des émissions islamiques, de santé, destinées aux femmes, à la jeunesse. Il y a des émissions sur l’histoire de l’Afrique avec Ibrahim Baba. Kaké et bien d’autres historiens. Nous avons également des émissions littéraires. Le concept intéresse tout le monde. En dehors de la radio, il y a un programme pour la mosquée, nous sommes au centre-ville. Donc il y a un programme de formation destiné aux cadres dans l’apprentissage de la lecture du Coran et des préceptes de l’Islam. Mais comme la mosquée est en chantier, on ne dispose pas encore de toutes les infrastructures pour faire de ce cadre un centre de formation intellectuelle, morale et spirituelle, voire même un centre de santé qui permette aux musulmans de vivre pleinement et aisément leur foi. Je crois que concernant la radio, c’est l’effort de tous les musulmans qui a permis son installation, mais au départ c’est un musulman qui a dégagé près de 120 000 000 FCFA pour acheter le matériel. Quelle lecture faites-vous des divergences au sein de nos communautés musulmanes ? Je crois que ces divergences trouvent leurs fondements chez ceux qui ne sont pas des théologiens, qui ont des bribes de connaissances. et qui après avoir vu l’étoile prétendent qu’ils ont vu la lune. Donc, ils se permettent de dire, de condamner, de légiférer, de juger alors que nous avons à faire plus que ça. De ce point de vue, je crois que la solution est en train d’être trouvée en Côte d’Ivoire. Nous sommes d’accord sur le fait d’être tous sunnites donc, il n’y a pas de tendance qui puisse se dire plus sunnite que les autres, mieux que les autres. Ce complexe doit être dépassé. Il faut qu'on aille à l’essentiel parce qu’il y en a qui attendent d’être informés sur l’islam pour devenir de bons musulmans. Il y en a également qui ne savent pas où aller ; il faut les orienter. Nous devons trouver des solutions intra et interreligieuses pour une cohabitation pacifique. S'asseoir pour mener des débats entre théologiens ne peut être utile que si on laisse le cœur, la passion écouter ceux qui savent. Je ne dis pas que ces problèmes vont cesser du jour au lendemain. Lorsqu’on parle de Qadria, de Tijiani et bien d’autres choses il y en a qui commencent à froncer les sourcils à se mettre en colère. Mais la religion appartient à Allah. Si vous avez des remarques à faire allez à l’intérieur du système. Mais ne condamnez pas systématiquement. Quel regard vous portez sur l'islam au Burkina ? Depuis 1992, je m’adresse aux musulmans du Burkina ; j’ai parcouru pratiquement toutes les provinces, j’ai animé des causeries avec le CERFI dans certaines régions, animé des émissions à la télé et à la radio. Je sais qu’il y a eu une bonne évolution de l’islam au Burkina. Il y a aujourd’hui une structure fédérative qui est née et qui arrive à trouver des solutions aux problèmes qui se posent ; le CERFI continue son travail ; personne ne peut remplacer l’AEEMB sur son terrain ; le mouvement Tidjania a ses adeptes partout. Je crois qu’il ne faut pas bousculer les traditions mais trouver des points de synergie, de développement qui apportent un mieux-être. Quel est le secret du dynamisme relatif des Musulmans de la Côte d'Ivoire ? C’est la sincérité dans le travail. Il y a également le fait que c’est un environnement compétitif. Il faut bouger, il faut se fixer des objectifs, il faut faire des activités, la synergie entre les différentes associations. Ne vivons pas comme si on était aux 13e ou au 14e siècle. Cela se ressent même dans les communications, dans les sermons. Vous savez, nous sommes des vases communicants. Ce qui se passe au Burkina, on le ressent en Côte d’Ivoire et vice versa parce que ce sont les deux mamelles d’une même vache. En 1992, ce n’était pas ça ; il y avait des conflits au sein des communautés sans compter qu’on ne voulait pas se sentir les uns les autres. En 1992, ceux qui étaient des étudiants sont des hauts cadres aujourd’hui qui réfléchissent encore mieux pour résoudre les problèmes. C’est tout ça qui me conforte à l’idée que l’islam évolue très bien au Burkina. Les gens sont de nature disciplinée. Il faut ajouter à la discipline le respect de la différence. On ne cherche pas à s’attarder sur les détails. On va à l’essentiel. Je crois que tout cela se déroule avec une note d’espoir. Au Burkina Faso il y a déjà des universités islamiques. C’est maintenant que nous allons avoir des écoles supérieures islamiques en Côte d’Ivoire. Je pense que nous sommes sur une bonne voie, prions Dieu que nous réussissions pour le bonheur de nos peuples, de nos nations et de nos fidèles. Quel impact la crise sociopolitique a eu sur les musulmans de Côte d'Ivoire ? La crise a eu un impact sur tout le monde. La paix on ne dira jamais assez, n’a pas de prix. C’est une parenthèse de l’histoire et prions Dieu que soyons arrivés à la fin et que les accords signés à Ouagadougou nous permettent définitivement d’avoir des élections transparentes le 30 novembre. Tout le monde a subi l’impact de cette crise, de sorte que tout le monde est pressé d’en sortir. On est une espèce de maison où tout le monde veut voir l’ouverture pour s’oxygéner. On veut voir ce jour-là venir. Avec la guerre on n’arrive pas à connaître le bonheur auquel Dieu nous a destinés. Et ce n’est pas la faute de Dieu, c’est nous qui devons changer ce qu’il y a en nous. Votre mot de la fin Merci à vous, merci à tous mes frères ; merci au Président de la République, à toutes nos associations islamiques. Interview réalisée par Abdous Salam Ouédraogo et Kadré Sawadogo Le Cerfiste N° 009 novembre 2008 INTERNATIONAL Les médias : nouveaux acteurs de la géopolitique mondiale L’influence des médias sur les opinions publiques nationale et internationale est considérable, ce d’autant plus qu’ils ont été et sont au cœur des grands bouleversements que le monde a connus. Le jeu international se fait désormais par médias interposés et se trouve au centre des programmes médiatiques. Les États ne pensent plus et ne peuvent plus vivre aujourd’hui à l’abri des frontières hermétiques. Certains évènements ont eu lieu à cause de leur médiatisation : la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 ; la guerre du Viêt-nam (1962-1972) ; la chute de la dictature de Ceausescu le 25 décembre 1989 qui a produit l’effet domino dans le reste de l’Europe centrale et orientale : Les guerres du Golfe (Irak en 1991 et 2003)... Ainsi, de la « guerre contre le terrorisme » aux « armes de destruction massive », en passant par la « grande alliance » réunie autour des États-Unis, les faits majeurs du monde sont d’abord une vaste entreprise de communication visant l’espace médiatique international. Plus qu’avant, les crises internationales montrent un lien marqué entre sources politico-militaires et médias dans le cadre de stratégies de communication visant une efficacité accrue auprès des opinions publiques. La médiatisation est devenue donc un enjeu dans les crises internationales. La couverture des événements du monde tend à s’uniformiser autour de grandes lignes de clivage qui épousent le positionnement des acteurs politiques. On parlera ici de « terroristes » et là de « martyrs », tantôt de « soldats libérateurs » et tantôt de « forces d’occupation ». Médias, enjeux et outils de Michael O’Neill, ancien rédacteur en chef du New York Daily News, écrit : « Grâce à la révolution des communications et aux progrès technologiques, le vieux monde de la diplomatie s’effondre. Le jeu était réservé à des professionnels qui considéraient l’opinion publique comme vulgaire et qui n’avaient que dédain pour la classe politique, pour les journalistes et, très souvent, pour les hommes d’État qui les employaient. Les diplomates ne sont plus les principaux gardiens de la politique. Leur art est celui d’une époque révolue et les ambassadeurs appartiennent maintenant à une espèce menacée. » Faut-il en déduire que la presse dicte la politique étrangère des États ? Même si ce n’est pas dans l’absolu, elle donne plus que jamais la parole à l’opinion publique quand vient le moment de décider quel est l’intérêt national et quelle politique adopter pour le défendre. Ce qui peut se révéler fort ennuyeux pour les décideurs. Les diplomates parlent d’effet CNN, expression peu flatteuse. qui signifie que lorsque la chaîne CNN diffuse à saturation des nouvelles sur une crise à l'étranger, les décideurs n’ont d’autre choix que de s’intéresser à une région d’une telle actualité. Les enjeux autour de la guerre des mots - et aussi des images - sont suffisamment importants pour que les politiques accordent aux médias une part très significative de leur temps et de leurs moyens. De témoin, le journaliste tend de plus en plus à devenir acteur des relations internationales. Dans ce sens, les médias sont un enjeu pour faire parler de soi, pour en désigner des coupables et pour en appeler aux opinions publiques afin qu’elles se mobilisent pour conduire les dirigeants des États à réagir. Quitte à construire des événements de toutes pièces pour convaincre les médias, à produire du faux et, si besoin est, à envoyer des messages spectaculaires, sur le plan des symboles ou de l’horreur, voire les deux à la fois comme ce fut le cas pour les Tours jumelles de New York. Le rôle géopolitique des médias Médias peuvent soutenir un discours politique. De ce fait, ils ont la capacité de former l’opinion et apparaissent comme des moyens formidables. Ainsi, la diffusion d'une idéologie doit beaucoup à l’existence de médias structurés. Ils sont souvent les instruments d’acteurs déjà constitués : États, partis politiques, religions, organisations internationales, entreprises, etc. Leur rôle politique et géopolitique est donc certain, d’autant plus qu’ils agissent au-delà des frontières et pour le compte d’acteurs internationaux. Le rôle géopolitique des médias a été souligné lors des révolutions observées ces dernières années. En mettant en évidence les carences des régimes socialistes et en faisant miroiter les avantages matériels (mais aussi politiques) des démocraties occidentales, les télévisions ont grandement contribué à la déstabilisation des régimes communistes. Le pouvoir de nuisance des chaînes de télévision est tel que certains États ont Suite à la page 12 Le Cerfiste N° 009 novembre 2008 INTERNATIONAL interdit les antennes paraboliques (Roumanie socialiste, Iran, Afghanistan des talibans). Bien sûr, les conséquences de l’influence des médias sont souvent plus immédiatement politiques que géopolitiques. Néanmoins, comme ce fut le cas dans l’ex-RDA, les médias peuvent largement contribuer à l’évolution d’une situation géopolitique en formant la population à des idées, en développant des représentations territoriales. On peut aussi rappeler que le génocide rwandais a été facilité par des médias racistes liés au pouvoir hutu. À l’inverse du rôle déstabilisant que l’on peut prêter dans certains cas aux médias, les analystes politiques soulignent le rôle stabilisateur qu’ils peuvent avoir : accélérer le processus de décomposition ou de déstabilisation (exemple ex-URSS) ; conforter un pouvoir qui a pour lui la légitimité mais qui traverse une grave crise (mai 1968 en France) ; rendre perméables des frontières imperméables (États de l’Est avant 1989) ; internationaliser une crise ou un conflit régional ou local. (conflit israélo-palestinien) ; renforcer la solidarité internationale (en cas de guerre, de catastrophe naturelle, de révolution et d’assistance humanitaire) ; isoler tel ou tel régime politique (Afrique du Sud à cause de l’apartheid ou la Chine populaire après 1989)... L’importance grandissante de cette influence des médias laisse apparaître néanmoins le danger de leur exploitation éventuelle à des fins d’invasion culturelle, d’altération des vérités et d’atteinte aux valeurs morales. Empereurs des médias De ce qui précède, la détention et le contrôle des médias sont devenus un enjeu essentiel pour les autres acteurs : États, organisations internationales, individus, entreprises... Cette dynamique s'observe d’abord au niveau interne où les enjeux sont les plus importants d’autant plus que c’est à ce niveau que la dimension internationale est intégrée. Parmi les 500 familles les plus riches du monde, on distingue, pour la France, une dizaine de milliardaires en euros, dont la moitié (Bernard Arnault, Serge Dassault, Jean-Claude Decaux, Martin Bouygues et Vincent Bolloré sont actifs dans le secteur de l’information, de la communication et de la publicité. Un tel cas de figure rappelle celui de la presse de Rupert Murdoch (très active aux États-Unis, en Australie et au Royaume-Uni) et l’appui qu’elle apporta à George Bush, John Howard et Tony Blair au moment du déclenchement de la guerre d’Irak. Ensuite, au niveau international, on a assisté au cours de la guerre froide à la création de médias en vue d’influencer les comportements et la vision des populations de l’ennemi potentiel : CNN, BBC, Voix de l’Amérique, RFI... Par la suite, ces médias auxquels sont venus s’ajouter de nombreux autres accompagnent l’idéologie de leur promoteur. Ainsi, dans la crise civilisationnelle entre l’Orient et l’Occident, les médias sont au premier plan. En réponse aux informations diffusées par la BBC, CNN ou France 24, les pays arabes ont créé des chaînes de télévision à portée internationale. D’ailleurs, le phénomène n'est pas Nouveau car Nasser avait déjà conçu un vecteur d’influence transnational avec la Voix des Arabes. L’Arabie Saoudite s'est ensuite taillé un véritable empire médiatique, à travers surtout la presse écrite (Al-Charkq al Awsat, Al-Hayat). On assiste à une étonnante floraison de chaînes, de radios et de titres de presse (Al-Jazira en 96 pour le Qatar, contrée par la saoudienne Al-Arabiyya créée en 2003 et installée à Dubaï, Al-Manar, la chaîne du Hezbollah, Sawa, la radio américaine en arabe, bientôt BBC Arabie TV et France 24...). À l’échelle de la planète, la question des médias devient chaque jour plus politique, géopolitique et géostratégique. Point de salut pour un État ou un groupe qui néglige ce facteur médiatique. En définitive, la naissance d'une opinion publique internationale a été conçue et entretenue par les médias qui marquent ainsi l’ouverture d’une ère de colonisation des esprits. En effet, il existe une réelle menace d’homogénéisation et de hiérarchisation de la pensée. La vertu suprême des Nouveaux médias est sans doute qu’ils ont réduit les dimensions de la Terre dans nos esprits. Ils nous ont fait prendre davantage conscience de ce que nous appartenons à une même espèce. Par Hamadé BAMBARA Le Cerfiste N° 009 novembre 2009 bibo:issue 9 bibo:numPages 12 -- o:id 12080 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12080 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12092 19690 19691 19692 19693 19694 19695 19696 19697 19698 19699 19700 19701 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/70e40b13abc6a563c534ab6c3e4a615c5411b3e6.pdf https://islam.zmo.de/files/original/ea3c17f7c88b952830bae7ab834f51cac3e28f82.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/4ac33cc8be127a20ccc3273d889f425d74c9f638.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/41241feac9734d8fd9dcb5df64746a642cbd1c1c.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/654084e489cfec2403e2c617c1accee51d3f3a47.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/1e19ec63868e11e3d32a4637b01edf0938893bd9.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/11dad3ad91f34c7ed7255aeb3499bea767cf8a8d.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/2717f3f028e2fb58c72ca8b03d070a49f9bdeb84.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/90066022734df4a476240d4eadd1a4931faea0b4.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/f228ea0946b004fd75178e189cf82d8c87175187.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/f6e43b622efea54bd890eac1f4e832d1a4512284.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/9d1d9f6831f025a5a20ca2ef21fbf1ec995a030e.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/ce9479dd08bceb5b1f2510deae2682a48ef92c6f.jp2 dcterms:title Le CERFIste #8 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/945 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1064 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/600 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/69 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/124 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2008-09 dcterms:identifier iwac-issue-0000539 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/269 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) N.008 Les vertus thérapeutiques du jeûne de Ramadan - Apprendre l’arabe par le CERFiste P.6 Aboubakar Fofana, président du Conseil supérieur des imams (COSIM) de Côte d'Ivoire La conscience professionnelle en Islam "L'accord de Ouagadougou est un don de Dieu" INTEGRATION REGIONALE Les musulmans doivent repenser leur histoire et leur géographie sociales La constitution des grands ensembles régionaux, plus connue sous le nom d'intégration régionale, est une préoccupation au cœur des préoccupations géopolitiques et géostratégiques actuelles. Les Etats appréhendent de plus en plus la nécessité sinon l'obligation de se regrouper pour constituer des forces capables de peser dans le jeu international. Ainsi, après l'expérience réussie de l'union européenne, les régions de l'Afrique ont entrepris depuis les indépendances une marche vers l'intégration de leurs économies et de leurs peuples. Justement Au sujet des peuples, ils sont au centre de cette intégration d'autant plus qu'aucune intégration ne peut se faire sans les peuples. Or, en Afrique, on a cherché plutôt à faire une intégration des dirigeants en excluant les peuples des grandes discussions sur la question. Pourtant les peuples africains sont très liés du fait des migrations et des liens séculiers qui existent entre eux au-delà des frontières arbitrairement constituées par les colonisateurs. Toutefois, le vent de démocratie qui a soufflé sur le continent africain dans la décennie 90 a fait émerger des questions que l'Afrique croyait avoir résolues : il s'agit de l'exclusion de l'autre du fait de son appartenance ethnique, religieuse, sociale... et des replis identitaires que cela a occasionnés, comme on a pu l'observer au Rwanda et en Côte d'Ivoire, et qui sont aussi latents dans de nombreux pays subsahariens. Ainsi, ces problèmes ont aussi bien remis en cause le processus de constitution des États-nations que la construction d'espaces sous-régionaux. intégrés. Les musulmans en tant qu'acteurs très anciens de l'intégration régionale, sont d'une manière ou d'une autre au cœur de ces questions identitaires. À l'intérieur de leurs pays d'origine, ils sont accusés de remettre en cause l'unité nationale du fait de la revendication de leur identité islamique, et à l'échelle sous-régionale, ils sont perçus comme des étrangers (plus que les autres). Alors que le critère de l'appartenance à une religion ne peut donner d'indication sur l'intégration d'une personne, cette dérive identitaire pourrait conduire de nombreux États dans le chaos, surtout ceux qui sont prêts à mimer systématiquement des pratiques répandues en Occident où l'islamophobie a le vent en poupe. Il est aussi connu que les tendances géostratégiques en politique internationale intègrent de manière obligatoire la dynamique religieuse dans leurs interprétations et leurs plans d'action, ceci parce que le fait religieux est l'un des principaux catalyseurs des bouleversements politiques dans le monde. Contemporain. C'est en cela que les musulmans devraient prendre toute la mesure de leur place et de leur rôle dans ces processus d'intégration (interne et externe) et en tirer le meilleur profit. Et parce que la crise actuelle des États-nations en Afrique a remis à l'ordre du jour les configurations géographiques, ethniques, religieuses et culturelles élaborées par l'ordre colonial, il est nécessaire aujourd'hui que les musulmans repensent leur histoire et leur géographie sociales, écrites sans eux et contre eux. La réduction Le Cerfiste N° 008 septembre 2008 INTERVIEW Aboubakar Fofana, président du Conseil supérieur des imams (COSIM) de Côte d'Ivoire "L'accord de Ouagadougou est un don de Dieu" Il a fortement marqué, et même impressionné le milieu intellectuel musulman au début des années 90 à travers l'émission Islam et société sur la TNB. Ancien imam de la mosquée d'Abidjan, ancien banquier, ce sexagénaire a participé à la mise en place de la presque totalité des associations d'intellectuels musulmans de son pays, la Côte d'Ivoire. La crise qu'a traversé ce pays l'avait contraint à un exil aux États-Unis. À la faveur du retour à la paix qui s’opère dans le pays d'Houphouët sous les auspices du président Compaoré, il signe son retour au bord de la lagune Ebrié. Aboubakar Fofana a été aussitôt appelé à la tête du Conseil supérieur des imams (COSIM). Le Cerfiste l'a rencontré pour vous, lors de son dernier passage au Burkina. Le Cerfiste : Vous êtes le Président du Conseil Supérieur des Imams, quels sont les rôles, place et importance de cette structure au niveau de l'Islam en Côte d’Ivoire ? Aboubakar Fofana : Il faut dire que nous avons une organisation pyramidale. Il y a d'abord les associations et les communautés organisées autour des mosquées. Ces associations et communautés sont regroupées au sein du Conseil national islamique qui s'occupe du travail exécutif sur le terrain mais par délégation du COSIM. Le COSIM regroupe toutes les mosquées, tous les imams de Côte d'Ivoire. Je dirai même que 99% des mosquées se réclament du COSIM et c'est une situation un peu unique en Afrique. Et comme les imams sont unis, à partir d’eux, on peut unir facilement la communauté musulmane parce que les problèmes d’unité dans l'Islam ce ne sont pas les communautés qui posent problème, ce sont les leaders et les dirigeants des communautés et des associations qui posent problème. Si ceux-là se reconnaissent en une seule organisation et sous la direction d'un leader, je pense que cela est de nature à faciliter le regroupement de tous les musulmans. Je pense que le COSIM en ce moment joue un rôle de leader parmi toutes les structures islamiques. Bien sûr, il y a quelques structures qui ne représentent souvent que des individus et un petit groupe de personnes ; mais même à ce niveau aussi le COSIM tend la main à tout le monde pour qu'on travaille ensemble. Par exemple, quand il y a l’apparition de la lune, nous appelons toutes les structures et nous le déclarons au nom de tout le monde. Sachant que c'est le COSIM qui est l'élément central, essentiel dans les structures. Mais nous appelons tout le monde pour qu'il n'y ait pas de frustration. Notre objectif c'est de développer l'Islam en Côte d'Ivoire aussi bien numériquement que qualitativement. Donc, cela peut nous amener à nous améliorer sur tous les aspects de la vie : spirituel, religieux, culturel, social, économique pour qu’on soit les vrais porteurs du message civilisateur de l'Islam. Il faut que la communauté musulmane soit imprégnée et qu'elle arrive à digérer l'islam comme religion, comme culture et même comme civilisation. Comment avez-vous personnellement vécu la crise que la Côte d'Ivoire a connue ? Nous avons d'abord travaillé pour anticiper et prévenir cette crise qu’on voyait venir. On a pris attache avec tous les acteurs politiques d'alors, mais il y avait en ce moment-là, beaucoup de passion et les gens étaient loin de pouvoir comprendre les vrais enjeux. Plutôt que de penser à l'intérêt général, ils avaient déplacé et personnalisé le problème. Nous n'avons pas eu beaucoup d'oreilles qui nous ont écoutés. Tout ce qu'on a dit a été pris comme une ruse pour favoriser une personne. On n’a pas été compris. On a fait le tour de la société civile, on a fait le tour des grandes religions, tous ceux qui pouvaient agir en tout cas on a essayé de les contacter. On a même fait un mémorandum qu'on a donné à tout le monde pour dire que ce qui arrive est dangereux. Le COSIM et le CNI en même temps parce que c'est les mêmes structures mais le COSIM chapeaute le CNI. Quand la crise a commencé également nous avons tous prêché la paix. On n’a pas incité nos communautés qui étaient victimes quand même de pas mal de tracasseries, de frustrations et d’un très mauvais traitement. Il y en a qui ont perdu la vie. Mais nous avons continué à prêcher la paix parce qu'on sait que c’est une parenthèse qui sera fermée. Le seuil de tolérance n'était pas encore atteint pour nous. Il ne fallait pas s'engager dans une aventure désastreuse. On a pris un profil bas et on a demandé à la communauté de la patience. On a recouru beaucoup à la prière pendant cette période. Dieu merci nos dégâts ont été amoindris mais malheureusement comme on le dit quand on provoque les causes de quelque chose on ne peut pas empêcher que cette chose arrive. Et tout ce qui a été fait ne pouvait qu’aller dans le sens des frustrations et du désespoir. Et je pense que c’est cela qui a amené dans un premier temps le coup d’Etat contre Bédié, le Boycott actif avant le coup d’Etat et ensuite la rébellion successivement parce qu'on n'a pas su lire les signes précurseurs de tout ce qui allait arriver. Ça a été pris dans la simplicité et je pense que beaucoup de gens ne connaissaient même pas la réalité de la Côte d'Ivoire encore moins les réalités de la sous-région et c'est ce qui nous a emmené à ces difficultés. Il n'y avait aucun problème de fond entre Ivoiriens en tant que communautés et en tant que populations. Et la Côte d'Ivoire n'a pas atteint un seuil où on peut parler de problème social. Tout ce qu'on a connu c'est seulement l'intox pour des raisons qu'on ignore. Malheureusement on est tombé dans la crise. Qu'est-ce qui vous a poussé entre temps à vous réfugier aux Etats-Unis ? Il faut dire que j'étais allé aux Etats-Unis sur invitation du département d'Etat américain dans le cadre d'un programme. C'est pendant que j'étais là-bas que la guerre a commencé et la situation sécuritaire n'était plus favorable. Ma famille, les imams, les amis, tout le monde m'a dit de ne pas venir. Je me suis renseigné de bonne source, j'ai senti que mon retour n'était pas le bienvenu. Et donc, j'ai demandé l'exil aux Etats-Unis et je l'ai obtenu. J'y suis resté à faire le travail de da'wa dans les différentes communautés ivoiriennes et africaines, dans les différents Etats et souvent dans les différentes villes où se trouvaient de grandes communautés ouest-africaines et ivoiriennes. A votre retour en Côte d'Ivoire vous avez trouvé une communauté plus fragilisée ou une Communauté beaucoup plus fortifiée par cette crise ? La communauté a été fragilisée et était même au bord du désespoir quand je venais. J'ai senti ça dans la manière avec laquelle j'ai été accueilli, la manière avec laquelle j'ai été abordé par les différentes communautés. Nous sommes restés pratiquement pendant au moins 2, 3 ou 4 mois. Tous les jours il y avait un embouteillage des différentes communautés pour venir me saluer. C'est là que j'ai senti que l'attente était trop forte. Aussi bien les communautés dites ivoiriennes que celles dites étrangères venaient vers le COSIM. Et le COSIM essaie de mettre en place toute une politique sociale. Nous sommes en train de réfléchir, d'étudier pour voir comment absorber toutes ces difficultés. Il y a par exemple des jeunes Burkinabè nés en Côte d'Ivoire qui viennent nous voir pour poser leur problème. Il y a des communautés qui ont été chassées de leurs plantations qui viennent nous voir pour qu’on intervienne. Et nous intervenons auprès des autorités, auprès de Certains ministres qui s'occupent de ces affaires. Ce sont des problèmes qui nous mettent dans une position de grande responsabilité avec des moyens limités, mais nous comptons sur Dieu pour nous aider à les résoudre. Actuellement, avec tout ce qui est entrepris à partir de Ouagadougou, ici, est-ce que vous croyez vraiment à un retour de la paix en Côte d'Ivoire ? Le peuple ivoirien dans son ensemble est fatigué de la guerre. La guerre, si elle est encore dans la tête de quelqu'un, c'est peut-être quelques nostalgiques. Les Ivoiriens, à commencer par les militaires eux-mêmes, plus personne ne veut de la guerre. Je pense que l'accord de Ouagadougou est même un don de Dieu. Nous devons tout faire pour que ça n'échoue pas. Nous avons tout essayé. On a frôlé le coup d'État au temps d'Houphouët et après le multipartisme, on est venu dans le boycott actif où il y a eu pour la première fois le sang qui a coulé parmi les jeunes, les élèves. Après le boycott actif, la lecture n'a pas été tout à fait claire et on a fini... par goûter au coup d'Etat. Même avec le coup d'Etat, la lecture de la situation n'était pas globale et totale. On n'en a pas tiré toutes les leçons. Après, il y a eu la rébellion ce que nous craignions le plus c'était la guerre civile. Donc, il faut tout faire pour que cet accord aboutisse pour qu'on n'aille pas davantage dans des violences inutiles. Personne ne peut gagner une guerre dans ces conditions. On va détruire le peu qu'on avait. Notre pays est riche, notre pays a beaucoup de potentialités pour des millions et des millions de personnes. Tout ce que le pays nous demande c'est de travailler au lieu de faire la guerre ; tout ce qu'on demande c’est que tout le monde se mobilise pour travailler. "Le Cerfiste" Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006 01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67/ 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Rédaction BAMBARA Hamadé OUÉDRAOGO A. SAIam OUÉDRAOGO A. Wahid TOE Aboubacar 1er et gagner son pain à la sueur de son front. Étrangers et pas étrangers nous sommes un pays libéral. Il faudrait que tout le monde travaille, que les jeunes ivoiriens travaillent, c’est le plus important. Nous avons été des frères pendant tout le temps pourquoi brusquement on rompt cette fraternité. C'est à la faveur de cette fraternité que beaucoup de gens sont des universitaires, des cadres ; on était solidaire. Je pense qu'il faut être réaliste quand on fait de la politique, il ne faut pas trop rêver. Quel pourrait être ou quel est le rôle des musulmans de la Côte d'Ivoire dans le retour à la paix ? Le rôle des dirigeants musulmans c'est de dire à notre communauté d’être patiente, indulgente, de pardonner et de ne pas avoir de rancœur. Considérons ce qui s'est passé comme une parenthèse de l'histoire, un incident de parcours parce qu'une nation ne se forme pas dans le vide. Elle se forme à partir des défis et des événements. Même aux Etats-Unis, il a fallu la guerre entre le sud et le nord pour qu'on mette en place la constitution qui convient à tout le monde. C'est à partir de là que les Américains ont commencé à asseoir la cohésion. La Côte d'Ivoire aussi était bien partie mais ça ne veut pas dire qu’il n'y avait pas des incompréhensions à l’intérieur. Ces incompréhensions se sont imprimées d'une manière ou d'une autre. Tout le monde connaît aujourd'hui tous les aspects des problèmes ivoiriens qui ont fait l'objet de débat à tous les niveaux. Personne n'a gagné dans la guerre, tout le monde a perdu sauf quelques politiciens. L'Etat ivoirien a participé à l’organisation du hadj, est-ce une façon de se racheter par rapport à tout le mal qui a été fait à la communauté ou bien il s'agit réellement du début d'une Suite à la page 9 SAWADOGO Ousmane YAMÉOGO Hamidou Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires Le Cerfiste N° 008 septembre 200 Collaboration entre la communauté musulmane et les autorités publiques. C'est nous qui sommes allés voir le chef de l'État pour qu'il nous aide après l'échec du hadj 2006. Il a répondu favorablement et a débloqué des moyens pour ça. Ce qui a permis aux gens d'aller au hadj dans de meilleures conditions. Le problème de l'organisation du pèlerinage n'est pas facile dans nos pays. Le pèlerinage est un piège pour beaucoup de musulmans. Ceux qui goûtent à ça finissent par avoir des comportements un peu délicats par rapport à la religion, par rapport au pèlerinage. L'argent qu'on gagne dans le pèlerinage est souvent une malédiction pour ceux qui collectent cet argent. La plupart de ceux qui se sont amusés à causer du tort aux pèlerins ont mal terminé. Ils ne deviennent jamais riches et chaque année, tôt ou tard, ils finissent mal. Nous pensons au niveau du COSIM que pour que le pèlerinage soit bien organisé, il faut un partenariat fort entre l'État et la communauté musulmane. Ce que payent nos pèlerins devrait leur... Permettre un bon pèlerinage du point de vue confort. L'année dernière, tous nos pèlerins habitaient dans des maisons particulièrement lumineuses, mais ils n'ont pas payé plus. L'argent que le président a donné était suffisant pour qu'ils soient dans de bonnes conditions. Ce qui veut dire qu'avant, on prenait l'argent, mais on ne le dépensait pas pour le confort des pèlerins. On mettait les pèlerins à deux ou trois km de la Kaaba, dans des conditions difficiles, et ce sont des individus qui l'empochaient. Le pèlerin souvent ne peut pas aller faire son pèlerinage et faire ses prières dans le haram. Donc, il faut que ceux qui organisent deviennent relativement purs et moins businessmen. On encadre les pèlerins qui sont considérés comme des hôtes de Dieu. Dieu a mis en garde dans le Coran quiconque leur porte préjudice, qu'il va leur faire goûter un châtiment douloureux. Je ne sais pas comment les gens ont le cœur si dur pour aller provoquer Dieu dans sa maison. Il faut que les musulmans comprennent que la religion n'est un cheval ou un âne sur lequel on doit monter. La religion pour un croyant est une charge. Tu dois y mettre ton argent, ton effort, tu dois faire en sorte que ça se passe bien. Vous connaissez le Burkina Faso, vous rencontrez beaucoup de Burkinabé, vous connaissez quelques associations islamiques ici, quelques leaders religieux ; quel regard portez-vous sur l'Islam au Burkina ? Au Burkina il y a de grands érudits, de grands Cheick qui ont fait de brillantes études dans les pays arabes et chacun a derrière lui une communauté importante soit dans sa région, soit même dans la ville de Ouagadougou ici, soit au niveau de tout le Burkina. Ça, ce sont des atouts pour le Burkina. La Fédération sera un moyen pour résoudre le problème de leadership. Je pense que ce qui a été fait dans la Fédération (NDLR, Fédération des associations islamiques du Burkina) actuelle, c'est un début. Si les gens se mettent ensemble et se rapprochent, un jour ou l’autre on arrivera à dégager des leaders. Dieu merci avec le vieux Kanazoé qui Vraiment fait tout pour que ça réussisse, c'est un atout. Il faut préparer les esprits à une organisation plus durable, qu'on s'organise autour des objectifs à atteindre pour l'islam dans son ensemble, pour améliorer son image. Il faut travailler pour que les enfants musulmans soient les mieux éduqués, il faut travailler pour que notre communauté au plan social soit la mieux organisée. Il faut travailler pour que la culture islamique entre dans la tradition des cadres, des élèves, des étudiants, des commerçants. Ce qui va attirer d'autres personnes à l'islam. La fédération doit travailler pour une meilleure communication de l'islam. Tout ça, je pense qu'on a besoin de temps pour que les gens soient cordialement liés. Je dis bien cordialement liés pour qu'à un moment, chacun fasse profil bas et qu'on dégage quelqu'un parmi les imams. Je crois que c'est déjà fait. Celui qui est devant, il faut qu'on le soutienne, qu'on arrive à finir les objectifs à atteindre, il faut qu'on ait des stratégies. Atteindre ces objectifs il faut un plan d'action de sorte que si l'on se réunit ce n'est pas pour se regarder mais c'est par rapport aux objectifs qu'on a fixés ensemble, pour voir s'ils sont atteints ou pas. C'est par là qu'une association devient dynamique. Au niveau du COSIM aujourd'hui nous avons donné une formation en administration et en gestion d’une réunion et de prise d'une décision. Tout cela est important parce qu'on a des associations mais souvent on ne sait pas ce qu'il faut faire. Comment arrivez-vous à concilier l'action du COSIM, la jeunesse des associations islamiques et souvent les conflits de génération ? Il y a deux sortes de jeunesse. D'une part la jeunesse estudiantine qui est difficile à gérer mais qu'il faut savoir gérer. Il faut leur donner toute la liberté. Il ne faut pas qu'ils vous sentent trop présents dans ce qu'ils font. On a tout fait pour régler le conflit de génération mais avec les étudiants on n'y parvient pas. D'autre part, il y a la jeunesse regroupée notamment au sein de l'AJMCI. Ce sont des jeunes qui ne sont plus scolarisés ou qui n'ont même pas été scolarisés. Ceux-là sont plus faciles à gérer. Mais au niveau du COSIM nous sommes en train de travailler à élaborer une politique de la jeunesse. Ce qui nous amène à nous préoccuper du problème de l'emploi. Il faut y réfléchir. Il faut s'occuper de leurs problèmes de mariage, de la culture et bien d'autres questions. Il faut avoir une politique de la jeunesse car souvent on navigue à vue. Nos associations islamiques doivent réfléchir à tous les aspects de la vie : sociale, spirituelle, économique. ...pour clore l’entretien Ça me tient à cœur que les Burkinabè sachent que c'est très important pour la communauté musulmane de voir que la paix revient parce qu'on a trop souffert injustement de cette guerre. Notre économie a été complètement déstabilisée, on a perdu beaucoup d'âmes, souvent des âmes innocentes, on est même resté sans pouvoir aller dans nos mosquées. Pendant tout le ramadan on ne pouvait pas faire le Tarawih. Quelques fois on a failli même ne pas pouvoir faire le pèlerinage. Quand on trouve une lueur d'espoir on doit pouvoir remercier les artisans de ce travail. Blaise est pour moi aujourd'hui quelqu'un qu'on apprécie à sa juste valeur. Propos recueillis par Abdous Salam OUEDRAOGO Retranscription : Kadra SAWADOGO Le Cerfiste N° 008 septembre 2008 Apprendre l'arabe par le cerfiste Le cerfiste vous propose à partir de sa prochaine parution une rubrique consacrée entièrement à l'apprentissage de la langue arabe. C'est une innovation majeure qui est certes contraignante dans le cadre d'un journal bimestriel, mais c'est notre contribution à la formation de nombreux musulmans désireux d'apprendre cette langue qui est au cœur de leurs pratiques religieuses. Importance de la langue arabe L'arabe est parlé par plus de 250 millions de personnes dans 22 pays et appris par un milliard de musulmans pour une question religieuse. Il fait partie des 6 langues officielles de l'ONU. Afrique n'est pas nouveau : depuis l'arrivée de l'Islam avant la colonisation occidentale, dès le XVIe siècle, il est étudié dans toutes les contrées acquises à cette religion. Les empereurs africains avaient des relations privilégiées avec ceux qui, alors, étaient les seuls connaisseurs de l’écriture. Du reste, ce sont les caractères orthographiques de cette langue qui seront, pour la première fois, exploités par les peuples islamisés pour l'écriture de leurs propres langues : c’est le cas par exemple du haoussa, du peuhl... L'importance historique mais aussi contemporaine des études arabes n'est plus à démontrer. Comme deuxième langue, l'arabe est enseigné en Afrique en général dans des cadres différents. L'échange culturel bilatéral, au centre socioculturel : il s'agit de cours laïques dans certains centres culturels des pays arabo-musulmans. Le cadre cultuel : il s'agit de cours assurés par des mosquées, des lieux de culte. Le but premier des personnes (enfants et adultes) qui y vont est d'apprendre la religion et accessoirement l’arabe pour lire le Coran. Leur nombre est très important. Le cadre de l'éducation nationale : la langue arabe est enseignée comme deuxième langue au secondaire mais aussi et surtout comme langue d'enseignement dans les medersa ou écoles franco-arabes. Bien qu'il soit logique que ce soit les musulmans qui s'intéressent à la langue arabe, son enseignement est ouvert à tous, de toute origine, d'autant plus que cette langue acquiert, aujourd'hui, en plus de la valeur religieuse, une valeur de langue commerciale dans ce contact nouveau entre l'Afrique et le Golfe arabo-persique. C'est pourquoi notre objectif est de décloisonner cette langue. Elle est présentée avec des méthodes qui se veulent modernes et s'adressent aussi bien à ceux qui n'ont jamais pratiqué la langue qu'à ceux qui, l’ayant étudiée intensément, ont désappris faute de pratique. L'apprentissage de l'arabe n’est pas plus difficile qu'une autre langue et il est plaisant de connaître une nouvelle forme d'écriture. La présente rubrique se propose spécifiquement d'aider les initiés à l'alphabet arabe à acquérir l'arabe parlé et écrit, mais aussi ceux qui commencent à zéro leur contact avec la langue et ceux qui ont un besoin de se rappeler les connaissances oubliées. Il sera présenté les fondamentaux de la grammaire arabe. Ces algorithmes simples permettront de reconnaître et de générer soi-même les énoncés de l'arabe contemporain, des phrases simples aux complexes. Aussi sera-t-il favorisé l'usage moderne tel que l'apprenant le rencontre dans les textes écrits ou oraux actuels. Il ne sera présenté de cas particuliers que lorsqu'on s'attardera, quelques fois, sur l'arabe classique ou sur les lexiques spécifiquement coraniques parce que particuliers, dans la nécessité de la progression. La progression sera thématique : du vocabulaire de la famille et son quotidien au vocabulaire du code de la route, du marché, du transport, du temps et de l'espace, du commerce, des métiers, des fêtes religieuses et autres. de l'économie et de la politique, de la restauration, des goûts et des couleurs, des arts cinématographiques et musicaux, des médias, des relations internationales, etc. Chaque thème sera présenté dans une leçon ou deux leçons. La leçon gardera une même organisation en trois parties : La première partie : "Aljadid" (le nouveau). Aljadid apporte les substrats lexicaux et grammaticaux "nouveaux" avec la traduction des lexiques et la transcription qui facilitera la prononciation. La compréhension des algorithmes grammaticaux permettra de construire des énoncés arabes. La deuxième partie : "Al-isti’mal" (l'application). Al-isti'mal propose un dialogue vivant reprenant les substrats lexicaux et grammaticaux acquis à la première partie "Aljadid" de sorte à présenter leur emploi en situation de dialogue. La troisième partie : "At'tadriib" (exercices). At'tadriib permet de contrôler l'acquisition des mécanismes étudiés par des exercices. Cette partie sera constituée, au fil de la progression, des exercices mais aussi des corrections des exercices précédents. Par Abdoul Wahid Qusdaq Le Cerfiste N° 008 septembre 2008 DECLARATION DU SECRETAIRE EXECUTIF DE L'OJEMAO A L'OCCASION DU MOIS BENI DE RAMADAN Louanges à Allah, Seigneur des mondes. C'est avec le sentiment de la lourde responsabilité que nous avons de conduire l'Organisation de la Jeunesse Musulmane en Afrique de l’Ouest (OJEMAO), que je vous prie de recevoir mon salut fraternel. Jeunesse musulmane de l'espace ouest africain, responsables et militants des associations de jeunesse musulmane, vaillants défenseurs de la cause islamique, je voudrais par cette belle occasion du mois béni de ramadan m'adresser à vous au nom du Secrétariat exécutif de l'OJEMAO. Je tiens d'abord à vous rappeler et à vous exhorter, vous, acteurs du travail islamique, de la nécessité pour tous d'aller à la conquête d'une spiritualité profonde pendant ce mois béni de ramadan. Toute l'année durant diverses activités nous absorbent et parfois nous détournent d'une spiritualité profonde. Ramadan est justement un don d’Allah (exalté soit-il) pour pallier ce déficit. Il nous appartient de bénéficier au maximum de ses bienfaits mais aussi d'y puiser l'énergie nécessaire à la poursuite de notre mission commune. Cette spiritualité, faut-il le rappeler, donne une valeur à nos actions et crée en nous la crainte d'Allah. Cette école qu'est Ramadan, Allah dans sa miséricorde infinie a bien voulu nous l'offrir pour faire de nous des élus de sa félicité. La jeunesse musulmane doit s’abreuver à cette source intarissable qu'est Ramadan pour en sortir plus que jamais déterminée à mener le combat pour relever le défi d'une communauté musulmane viable, respectable et qui occupe la place qui lui revient, pour construire un islam fidèle à ses principes fondamentaux et en phase avec les exigences actuelles d’un monde moderne. Ramadan doit nous servir une fois encore de tremplin et de gage de succès. La construction de la communauté passe par la construction de chaque individu, acteur du renouveau. La réalisation de notre être n’est possible qu'en nous dotant de l'énergie spirituelle dont ramadan est justement le printemps. Chers responsables, militants et sympathisants des structures de jeunesse musulmane. Le prophète (saw) nous dit : "L'invocation de celui qui jeûne sera exaucée chaque fois qu'il rompt son jeûne le soir." Profitons de cette occasion pour avoir une pensée pieuse à l'endroit des peuples opprimés par d'autres peuples. Mais aussi à l'endroit des peuples qui meurent de maladies, de faim et qui sont victimes de catastrophes naturelles pour avoir été stigmatisés par un système mondial fonctionnant au seul profit des nantis. L'une des vertus sociales de Ramadan est de susciter en la communauté musulmane la pitié et la charité, tout en la préservant de la méchanceté et la corruption. Au niveau de nos structures associatives, mettons en pratique ces qualités en pensant aux personnes en difficulté par des actions de solidarité et d'entraide de toutes sortes. Une autre vertu sociale de Ramadan est d'habituer la communauté musulmane à l'organisation, à l'union, à l'amour de la justice et de l'égalité. Je voudrais par ailleurs saisir cette occasion pour rappeler la nécessité d'une intégration sous-régionale de nos peuples en général et de nos communautés musulmanes en particulier. L'OJEMAO est un outil de cette intégration au niveau de la jeunesse musulmane. Son animation et sa pérennisation incombent à tous. Cette idée tient au fait qu'elle constitue un cadre de concertation, d'échanges d'expériences, d'initiatives à caractère intégrateur entre les structures islamiques de jeunesse de la sous-région ouest-africaine. Nous devons à travers une OJEMAO dynamique faire de notre sous-région, un champ du travail islamique. Ce ne sont pas les idées qui font défaut pour les initiatives communes et une coopération bénéfique, mais plutôt c'est la concertation qui est quasi inexistante dans ce sens. Pourtant, nous avons de riches expériences à partager. La diversité qui s'exprime au sein de nos Structures comme au sein de nos communautés doit plutôt constituer une force, une richesse et non ressentie comme une faiblesse. "La divergence au sein de ma communauté est une miséricorde" a dit le prophète d'Allah. Cet enseignement du noble prophète doit servir de principe de base à l'éthique du désaccord pour permettre aux musulmans de se retrouver sur les grands chantiers du développement de la communauté. Il faut cependant redoubler de vigilance contre les pratiques déviationnistes et le danger permanent des sectes hérétiques. Par leurs projets éblouissants et idylliques, elles conduisent surtout les jeunes dans l'égarement. Nous devons rompre au niveau de nos associations avec l'approximation pour être au rendez-vous de l'excellence. C'est à cette seule condition que nos communautés occuperont la place qui leur revient dans nos pays respectifs. Le travail islamique dans notre contexte doit être élaboré et rationnel. Les valeurs et les principes fondamentaux de l'islam doivent être le fondement de... nos actions et la sincérité une des caractéristiques essentielles de l'esprit du travail islamique. Cela, afin qu'Allah nous accorde son assistance. Chers responsables, militants et sympathisants des structures de jeunesse musulmane. Avant de clore mon propos, je voudrais vous exhorter à la recherche de l'excellence dans les études et l'exercice des fonctions à quelques niveaux que ce soit. Chacun de nous doit être un digne représentant de l'islam, un porteur potentiel du message de l'islam par le comportement, un acteur du développement au service de nos sociétés en général. Pour terminer, je demande à Allah de nous guider sur le droit chemin, de soutenir nos actions et nous garantir le succès. Qu'Allah nous aide à capitaliser les acquis de Ramadan le restant de l'année ! Puisse-t-Il faire de l'OJEMAO une véritable force de la jeunesse musulmane ouest africaine ! Le Secrétaire exécutif de l'OJEMAO AtioutiàkâL Le Cerfiste N° 008 septembre 2008 Qu'est-ce que la transfusion sanguine ? A l'occasion de la Journée internationale du don de sang qui a été célébrée le 14 juin dernier, le cer-fite vous propose un article complet sur la transfusion sanguine. Certes les données peuvent paraître techniques et difficiles à appréhender par les novices, mais la problématique du don de sang concerne tout le monde dans la mesure où chacun est un receveur potentiel de sang. Aussi, dans ce sens, il faut apprendre à donner son sang pour sauver des personnes ; et cela passe par la prise de conscience de la gravité de la situation dans notre pays. Et notre foi musulmane doit faire de nous des personnes enclines à donner notre sang pour la seule satisfaction de Dieu. L'utilisation du sang (avec succès) à des fins thérapeutiques est relativement récente, avec la découverte des groupes sanguins par Landsteiner et Wiener en 1900. Cette découverte a permis de comprendre pourquoi injecter du sang d’autrui à un malade était souvent fatal à ce dernier, et marque ainsi le début de la transfusion sanguine moderne, c'est-à-dire l’application de mesures de sécurité transfusionnelle. Transfuser signifie communément, injecter du sang ou ses dérivés labiles (plasma ou cellules sanguines) à un malade. La transfusion sanguine est ainsi un vaste domaine médical ayant pour but d'apporter à un malade donné, le meilleur produit sanguin qui lui convienne. Elle fait appel, outre aux disciplines médicales permettant la prescription de produits sanguins, à un ensemble de disciplines telles que la sociologie, la psychologie, la biologie (microbiologie, parasitologie, hématologie, immunologie), des technologies industrielles. Nous nous attèlerons à décrire ce que l’on fait avec le sang et les risques que comporte l’usage du sang et des dérivés. Que prépare-t-on avec le sang ? Le sang est composé de cellules : globules rouges, globules blancs et plaquettes sanguines (polynucléaires, lymphocytes, monocytes), baignant dans un liquide appelé plasma. La préparation du sang consiste à séparer ses différents composants, soit au moment du prélèvement (à l’aide de Machines, soit après sur sang total. Il est ainsi possible de préparer des Concentrés de Globules Rouges (CGR), des Concentrés de Plaquettes (CP), des concentrés de globules blancs ou du Plasma Frais Congelé (PFC). Le PFC peut être utilisé comme tel ou être envoyé dans des usines de fractionnement pour la production de dérivés stables ou Médicaments Dérivés du Sang (MDS) : albumine, immunoglobulines, facteurs de coagulation, colles biologiques. Au Burkina Faso nous sommes capables de préparer les produits labiles mais pas encore les MDS. Quelles sont les situations où un malade a besoin de produits sanguins ? Le sang circule à travers tout notre organisme et a plusieurs fonctions dont les principales sont : - la nutrition : le sang transporte les nutriments vers les tissus ; - la respiration : le sang apporte l'oxygène aux tissus et débarrasse ceux-ci du gaz carbonique produit ; - l'élimination des déchets : produits du métabolisme, substances étrangères ; - la fonction immunitaire : les leucocytes et Anticorps circulant sont essentiels au système immunitaire de l'organisme ; l'homéostasie, c'est-à-dire le maintien d'un environnement nécessaire à la survie des cellules ; la communication intercellulaire : rôle des hormones et autres médiateurs chimiques. Pour qu'il puisse assurer efficacement ces fonctions, il doit être maintenu qualitativement et quantitativement dans les vaisseaux sanguins. Le traitement par transfusion est essentiellement une thérapeutique substitutive, c'est-à-dire qu'elle consiste à apporter au malade ce qui lui manque. Les situations entraînant un déficit en un ou plusieurs composants de sang sont nombreuses. Les plus fréquentes au Burkina sont : les anémies par carence nutritionnelle surtout chez les enfants et les femmes enceintes, les anémies infectieuses (principalement le paludisme), les hémorragies à l'accouchement, les hémorragies traumatiques (surtout à la suite d'accidents de la circulation), les saignements chirurgicaux, la drépanocytose, les morsures de serpents. Plan clinique Les indications de la transfusion peuvent être décrites comme suit : - pour les CGR : anémies mal tolérées, hémorragies massives - pour les CP : traitement préventif ou curatif des saignements associés à un déficit en plaquettes - pour le PFC : hémorragies massives, déficit en facteurs de coagulation. Les concentrés de globules blancs ont très peu d’indications. Il en est de même de nos jours pour le sang total si l'on dispose de ses différents composants. En effet, une transfusion sanguine efficiente vise à apporter à l'organisme seulement ce dont il a besoin car tout élément non nécessaire supplémentaire est non seulement inutile mais peut être nocif. Quels sont les risques liés aux produits sanguins ? Nous pouvons distinguer deux types de risques fondamentalement différents : 1. Risques chez le donneur : anémie potentielle ; transmission potentielle d’une infection ; malaise ; hématome (accumulation de sang sous la peau à l'endroit piqué). Les deux premiers risques sont quasi nuls avec le respect d’un certain nombre de conditions pour accepter le prélèvement d'un candidat au don de sang et l'usage d’un matériel stérile à usage unique. Les deux autres effets sont généralement bénins mais entraînent cependant l’arrêt immédiat du prélèvement. 2. Risques chez le receveur : ce sont les plus préoccupants car plus graves et plus difficiles à prévenir. Ils peuvent être catégorisés en : Risques immunologiques : accidents hémolytiques immédiats ou différés ; inefficacité transfusionnelle ; maladie du greffon contre l'hôte (GVH) ; œdème lésionnel du poumon post transfusionnel (TRALI pour les anglophones) ; allergies ; réaction frisson - hyperthermie ; purpura thrombopénique post transfusionnel ; immunisation contre les antigènes de groupes sanguins ; etc. Risques infectieux : contaminations bactériennes, parasitaires (paludisme principalement) et virales (VIH 1 et 2, hépatites B et C, HTLV, CMV, Parvovirus B19, etc.). La politique de dépistage des virus transmissibles est arrêtée entre autres en fonction de la gravité de la maladie induite, de l'épidémiologie, de la possibilité pour le receveur de se défendre contre le virus. Risques de surcharge : surcharge volémique, surcharge en fer (chez les malades régulièrement transfusés). La thérapeutique transfusionnelle est particulière du fait qu'elle utilise des produits biologiques et de surcroît des produits d'origine humaine. Par conséquent, elle comporte des risques importants liés à sa nature et à son origine biologiques. Son utilisation doit répondre à des indications précises et s’inscrire dans une politique de gestion rationnelle des produits, vu leurs risques et leur rareté. Étant donné qu'aucun médicament ne peut la remplacer, elle reste malheureusement très souvent le seul recours pour les malades qui en ont besoin. Par Dr. Kacouba Le Cerfiste N° 008 septembre 2008 SERMON-21 La conscience professionnelle en islam Ceci est un sermon de vendredi prononcé par l'imam Ismael Tiendrébéogo à la mosquée du CERFI sise aux 1200 logements à Ouagadougou. aborde la problématique de la conscience professionnelle dans notre pays à la lumière des textes islamiques ; il attire par ailleurs notre attention sur des fléaux tels que la corruption, les détournements, le favoritisme... Frères et sœurs en islam, il est question aujourd'hui d'aborder le thème de la conscience professionnelle auquel, à première vue, on ne trouve aucun lien avec la religion, tant il est vrai que la religion est souvent définie comme un ensemble de cultes rendus à une divinité. Mais il ne s'agit que d'une exclusion non fondée en islam. Car s'il est vrai que l'islam organise des cultes rendus à Allah, il est indéniable que des prescriptions de la religion musulmane concernent directement les hommes dans leur vie en société et régentent leurs rapports les uns aux autres. Au point que, au risque d'affadir la formule, on dira que l’islam, c'est être avec Dieu pour savoir vivre avec les hommes. Du reste et s'agissant de ce bon comportement au travail qu'est la conscience professionnelle, le Messager avait dit : "Certes j'ai été envoyé pour parfaire les nobles caractères" et dans un autre hadith, "rien ne fera entrer les gens au Paradis plus que le bon comportement". Le bon comportement est donc une adoration, selon l'islam. Cette noble religion ne se limite donc pas, et cela est heureux, à prescrire des actes purement de cultes adressés à Allah (SWT). Il nous dit d'ailleurs : "La bonté pieuse ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est de croire en Allah, au Jour dernier, aux Anges, aux Livres et aux prophètes, de donner de son bien, quelque amour qu'on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l'aide et pour délier les jougs, d'accomplir la Salat et d'acquitter la Zakat. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu'ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux !" (Sourate La conscience professionnelle est le respect d'un engagement, celui d'exécuter une activité professionnelle sous l'autorité et la direction d'une personne physique ou morale, contre un salaire ou rémunération. C'est ainsi que le Code du travail de 2004 définit, en son article 2, le contrat de travail. Ainsi, lorsque l'on s'engage à travailler pour l'État ou une personne privée, on doit l'exécuter avec une conscience professionnelle irréprochable, c'est-à-dire en faisant son travail tel qu'il doit être fait et de façon loyale, c'est-à-dire sans tromper son employeur. La conscience professionnelle exige donc que l'on fasse son boulot avec compétence en minimisant autant que faire se peut les risques pour l'employeur et en économisant du mieux que l'on peut les ressources qu'il met à notre disposition pour exécuter notre tâche. La compétence ne vient qu'avec la connaissance, le savoir-faire, la science et l'expérience. S'agissant de la science, nous connaissons tous la valeur que lui accorde la religion. Musulmane mais rappelons juste deux éloges faites à la science : " Celui qui prend la voie pour la recherche de la science, Dieu lui facilite l'accès au Paradis " et cette sentence du calife Ali " Si tu veux réussir ta vie ici-bas, cherche la science et si tu veux réussir dans l'au-delà, cherche la science ". La science est donc nécessaire à l'exécution consciencieuse de notre travail, mais elle s'accompagne d'une autre science acquise par la pratique que l'on appelle expérience. L'expérience, c'est cette facilité et cette efficacité que l'on obtient dans l'exécution de son travail parce qu'on l'a exercé pendant longtemps et avec le souci de toujours mieux faire. Comme l'a enseigné le Messager " C'est un mauvais signe pour celui d'entre vous dont son hier est meilleur à son aujourd'hui ". Autrement, on ne peut croître en âge et se rapprocher de son Seigneur chaque fois que s’égrène une minute, sans que l'on améliore constamment ses actes, son comportement. D'ailleurs voici ce qu'Allah révéla au Messager à à travers l'Ange Gabriel : "Certes, a dit le Messager, il m'a été révélé que toutes les œuvres du fils d'Adam sont perfectibles", c'est-à-dire peuvent être toujours améliorées. Allah renforce cette idée de recherche constante de la perfection quand il dit : "Appliquez-vous à bien agir car Dieu aime ceux qui s'appliquent à bien faire". (2/195) Ainsi le musulman doit être de ceux qui agissent au mieux et font tout leur possible pour faire toujours mieux leur boulot. Mais il ne faut pas que le musulman se contente de bien faire son travail, il doit être aussi loyal vis-à-vis de son employeur. Autrement dit, on ne doit pas voir un musulman qui fait bien le travail qu'on lui a confié mais triche son patron, même si ce dernier le triche. Le messager a en effet dit "Ne triche pas celui qui te triche". Des voies plus nobles existent pour dénoncer un patron tricheur et c'est un acte de foi que de dénoncer son patron qui triche. Les formes de tricheries d'un travailleur sont nombreuses. Il est par exemple interdit au musulman de s'absenter sans raison de son poste de travail ou d'y aller trop souvent en retard, pour aller percevoir par la suite son salaire normalement, alors qu'il a conscience qu’il n'a pas travaillé certains jours ou a fait beaucoup de retard. On ne peut prendre prétexte de ce que l'on descende tard pour aller tard au service, car descendre tard de son service est une aumône et y aller à l'heure est une obligation. Il est interdit de même de voler le matériel qu'on lui a donné pour exécuter son travail ou de l'utiliser pour faire ses propres affaires, ses propres deals. Voyons l'enseignement que nous donne le Commandeur des croyants, Omar Bin Khattab. On dit de lui que quand quelqu’un venait chez lui de nuit, il le recevait et à la porte de sa maison lui demandait : "Viens-tu voir Omar bin Khattab, simple citoyen ou Omar bin Khattab, Commandeur des Croyants ?". En fonction de la réponse que son visiteur donnait, il allumait sa propre lampe ou la lampe de fonction. Il faut donc saluer la décision des autorités politiques de ce pays d'interdire la circulation des véhicules de services les jours fériés et souhaité que la mesure survive et ne connaisse pas d'exception. Elle doit concerner également les premiers responsables, à l'image du président de l'Etat islamique, Omar bin Khattab, qui était rigoureux vis-à-vis de lui-même avant d'être exigeant à l'endroit des autres. La corruption ne doit pas non plus être le lot des musulmans. Allah l'interdit formellement : "et ne semez pas le désordre sur terre après qu'elle a été planifiée". La corruption est apparue sur la terre et dans la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains; afin qu'[Allah] leur fasse goûter une partie de ce qu'ils ont œuvré; peut-être reviendront-ils (vers Allah). Frères et sœurs en islam, le Burkina a vraiment goûté une partie de ce qu'ont œuvré des Burkinabé en matière de corruption : la corruption grève le budget des entreprises, fausse la libre concurrence surtout concernant les marchés publics avec au finish des entreprises non méritantes qui font des ouvrages que l'on ne peut pas réceptionner à cause de leur mauvaise qualité ou des ouvrages que l'on réceptionne quand même qui se détériorent trop rapidement comme certaines de nos voies goudronnées. Cette rapide détérioration de ces ouvrages, qui coûtent plusieurs milliards de nos francs, empruntés ou donnés par les PTF (partenaires techniques et financiers), nous condamne à les reprendre et à remettre dans des choses qui en ont déjà englouti de l’argent qui aurait pu servir ailleurs, pour construire par exemple ces dispensaires, ces maternités et ces points d'eau potable qui manquent si cruellement à la plupart de nos villes, petites et moyennes. De plus, ces reprises intempestives d'ouvrages financés par l'argent des contribuables des pays qui nous aident, nous décrédibilisent et pourraient nous faire rougir de honte quand on expliquera que Burkina Faso signifie "le pays des hommes intègres". Et ce n'est pas tout, frères et sœurs, car des produits dangereux et Toxiques franchissent le cordon douanier et empoisonnent nos populations parce qu'un douanier ou un agent de contrôle s'est laissé corrompre. On ne peut finir de citer les méfaits de la corruption, qui aboutit également à donner injustement à celui qui ne mérite ce qui revient de droit à un autre. C'est pour toutes ces raisons que l'islam déteste la corruption et condamne le corrupteur et le corrompu. Suite page 12 Le Cerfiste N° 008 septembre 2008 Ce que les musulmans pensent de Barack Obama Daisy Khan est une voix écoutée sur le fait musulman en Amérique. Épouse de l'imam Feisal Abdul Rauf du Masjid Al-Farah à New York City, elle préside l'association ASMA society (American Society for Muslim Advancement), impliquée dans l'interreligieux et les questions d'identité musulmane américaine. La pertinence de ses analyses lui ouvre les colonnes du Washingtonpost.com comme voix musulmane. Elle donne ici sa lecture du phénomène Barack Obama. Comment les Américains musulmans perçoivent-ils la candidature de Barack Obama ? Daisy Khan: Dans l’ensemble, les gens sont heureux de cette candidature. Elle soulève beaucoup d'enthousiasme et remplit les gens d'espoirs. On voit qu'elle encourage certains à prendre des initiatives locales. Pour de nombreux Américains qui ne se reconnaissent pas dans la classe politique, cette candidature est une occasion unique qui ouvre de nouvelles espérances. Quant aux musulmans, ils voient en M. Obama quelqu'un qui peut avoir une meilleure compréhension du monde musulman, il y a passé une partie de son enfance. Il est donc moins sujet aux préjugés. Qu'est-ce qui explique l'enthousiasme dont vous parlez ? C'est d'abord sa capacité à rassembler des gens très divers autour d'un message positif, un message de renouveau. Et son message traverse les clivages habituels de la société américaine pour rapprocher des gens qui, d'ordinaire, ne se mettent pas spontanément ensemble. Des Noirs, des Blancs, tous se reconnaissent en lui parce qu'il est un peu des deux à la fois. Et son prénom Hussein est évocateur pour les musulmans américains alors qu'il est chrétien. En fait, Obama témoigne d'une synthèse qui montre qu'il est arrivé à ce niveau par ses compétences personnelles et non grâce à des faveurs octroyées. Cette idée du succès au mérite, ce que l'on appelle ici la "méritocratie" est très importante dans la société américaine. Et qu'est-ce que vous entendez exactement par méritocratie? Nous sommes dans un pays où existe un fort sentiment d'exclusion pour une partie de la population et cela depuis longtemps. Dans le base-ball par exemple, le sport le plus populaire, il y avait autrefois un tournoi pour les Noirs et un autre pour les Blancs. Cela était officiel. Il y avait donc un plafond de verre que les joueurs noirs ne pouvaient pas franchir quelles que furent leurs qualités. Ce plafond a été brisé par Jackie Robinson, le premier homme noir à jouer dans le tournoi des blancs (Ndr, en 1947). Cela a servi d’exemple et a ouvert la voie à d'autres joueurs noirs. Sur la scène politique, Barack Obama Apparaît aujourd'hui comme un nouveau Jackie Robinson. Il est celui qui brise le plafond de verre et d'autres citoyens aujourd'hui marginalisés peuvent désor- Quel sens donner alors à ce qui s'est passé à Detroit, il y a quelques semaines, lorsque deux musulmanes ont dû changer de place à un meeting de M. Obama à cause de leur hijab? Cet incident est regrettable mais il est hors de propos par rapport à la campagne et par rapport au message de cette campagne. Car la campagne a toujours été inclusive et non exclusive. C'est une campagne qui regroupe des gens de diverses sensibilités et qui n'a aucune vocation à exclure... M. Obama a personnellement présenté ses excuses publiques après ces incidents de Boston... Cela a permis de s'interroger sur les motivations du soutien à Obama. Les bénévoles qui ont écarté les deux jeunes musulmanes sont eux-mêmes des Noirs, donc ils sont membres d'une minorité. Cela a fait réfléchir et ne peut être imputé à Obama. Dans mon dernier édito, je dis qu'un jour le chef de l'Etat Pourrait être un homme, une femme, portant un turban, une kippa ou un hijab. Cela sans problème. Car les fondations de notre nation reposent sur le droit à la diversité et le respect de la différence. En France, la religion du Président ne fait pas débat; elle n'est même pas évoquée. N'y a-t-il pas un danger à évoquer la religion pour le chef de tout un État? En effet, mais pour comprendre cette situation il faut prendre en compte les principes fondateurs des États-Unis. Parmi les primo-arrivants, beaucoup avaient fui l'Europe à cause de la persécution religieuse. Ils étaient souvent des groupes ou des individus qui avaient souffert en Europe à cause de leur foi. Ce qui fait de la liberté de religion un principe fondamental particulièrement sensible ici. Le Président a la liberté d'avoir une religion. Mais la séparation de l’Église et de l’État vaut aussi. Et le fait que le Président soit d'une religion ne signifie pas qu'il l'impose ou l’avantage. Il y a donc là un équilibre et toutes les religions sont sur le même plan d'égalité dans le système. Propos recueillis par Amara BAMBA Le Cerfiste N° 008 septembre 2008 Les vertus thérapeutiques du jeûne de Ramadan Les progrès dans le domaine de la médecine ont démontré que le jeûne prescrit par Dieu (Gloire à Lui), pour les musulmans comporte de nombreux bénéfices à tous les niveaux de la vie de l'homme : spirituel, physique, social, économique et politique. Ces avantages se manifestent par ailleurs dans le traitement médical direct ou préventif. La nécessité et l’intérêt du Carême sont devenus donc plus évidents au fur et à mesure que l'homme découvre de nouvelles choses. C'est ainsi qu’après le perfectionnement des moyens de subsistance de l'homme, la civilisation a amené avec elle de multiples maladies jusqu’alors inconnues. Ces maladies sont les conséquences logiques de la diversification des styles de la nourriture et de l’accroissement des soins minutieux que l'homme ne cesse d’apporter à ses mets et à leur. Face à ce paradoxe, les récentes découvertes de la science médicale ont lancé ce vibrant appel à l’humanité : pour sauver l'être humain des fléaux de la nutrition il est obligatoire - surtout pour l'homme avancé en âge - de jeûner au moins un jour chaque semaine ou une semaine chaque mois et mieux, jeûner un mois chaque année. Cet appel a été motivé par le fait qu'il est scientifiquement prouvé que souvent l'homme est victime de certains foyers de pus qui se forment à l'intérieur de son corps et qui répandent leurs sécrétions à travers le sang. C’est ainsi que l’expérience scientifique et l'étude médicale ont reconnu que le Carême est le meilleur moyen de s'éloigner de la contagion de ces foyers. En effet, lorsque les matières alimentaires s'amoindrissent dans le corps par le jeûne, le corps se mettra à consommer ses tissus intérieurs. Dans cette opération, le corps commence par consommer les cellules atteintes par les maladies. Ces cellules malades deviennent la proie du corps à cause de leur affaiblissement créé par l’inflammation. De même, le carême fait fondre n’importe quel petit enflement à son début et empêche la formation des calculs et des dépôts calciques, en les réduisant en petites portions. Dans ce sens, le Docteur Robert, médecin spécialiste a déclaré : « sans nul doute, le carême fait partie des moyens efficaces pour se débarrasser des microbes par son action destructrice des cellules atteintes et qui sont aussitôt renouvelées ». Il est médicalement reconnu que le jeûne a un apport appréciable dans la guérison de certaines maladies et qu’il est l'unique remède dans certains autres cas. Le carême est très efficace dans les traitements des troubles intestinaux chroniques accompagnés de fermentation. Le carême est utilisé dans le traitement qui vise la réduction du poids entraîné par la consommation abusive des nourritures. Le carême est de même efficace dans le traitement de l’hypertension. S’agissant du diabète mellitus, le carême est un soin médical puissant contre cette dangereuse maladie, parce qu’avant son apparition, elle se fait généralement accompagné par un accroissement du poids de sa victime. Le carême est médicalement considéré comme un soin pratiqué traitant de l’inflammation aiguë et chronique des reins et des maladies du cœur. Jeûner pendant un mois dans l’année constitue la meilleure protection contre toutes ces maladies. Le docteur Mohamed Zawahiri, spécialiste des maladies dermatologiques, a dit : « la générosité médicale du Ramadan englobe aussi les patients atteints des maladies dermatologiques puisque quelques-unes de celles-ci s’améliorent par le jeûne. Il est à noter que le rapport est très solide entre le régime alimentaire et les maladies dermatologiques ». Des docteurs non musulmans ont reconnu les bienfaits du carême et à leur tête, le docteur de renommée mondiale Alexis Carrel, prix Nobel en médecine et en chirurgie. Il déclare dans son livre intitulé « L’homme, cet inconnu », livre qui est considéré en médecine comme une référence : « l’abondance des repas, les soins qu’on leur porte et leur richesse ont annulé une fonction qui a joué un grand rôle dans le maintien de la race humaine, c’est la fonction d’adaptation à l’amoindrissement de la consommation d’aliments. Si tous les conseils médicaux se rencontrent autour d’un avis important qui est le suivant : donner l’occasion aux appareils du corps de se reposer pendant un moment imitant ainsi les organes non dirigeables qui travaillent loin du contrôle humain comme le cœur et l’œil par exemple, puisque entre chacun des mouvements de ces organes il y a une pause, ne serait-il pas alors une obligation à notre appareil digestif de prendre son temps de repos lui permettant de dégager les excédents alimentaires qui s’étaient accumulés et qui nuiraient à l’organisme. L’Envoyé d'Allah (que la bénédiction et salut de Dieu lui soient accordés) a eu raison de plus lorsqu'il disait : le jeûne est la moitié de la patience. Par le carême, les jeûneurs s'habituent à la patience et à l’endurance. Il ne sera troublé dans sa vie puisque c’est le manque de patience qui occasionne le trouble de l’émotion. De même le carême, d'une manière pratique, implante l’honnêteté dans l’esprit du jeûneur. Il abandonne volontairement son aliment et son eau sans qu’il ne soit suivi par un contrôleur en dehors de Dieu. Il continue ainsi son jeûne malgré la pression des besoins réels à ces deux phénomènes de subsistance. Il ne s'approche ni de l'aliment ni de l'eau, manifestant par cette privation son honnêteté de respecter son engagement de jeûner, c’est-à-dire de ne ni manger ni boire. Avec ce qui est économisé, le jeûneur peut avoir la possibilité de se pencher sur le sort des nécessiteux quand lui-même sentira par le jeûne la douleur de la faim et de la soif. C’est pour la même raison économico-sociale que la dîme du jeûneur (Zakat-al-fitr) est imposée pour la fin du mois de carême. En réfléchissant un peu, on trouve que les impôts prescrits par l'Islam suivent un ordre conjoncturel précis. L’impôt des céréales se paye à la cueillette. Celui de l’argent se paye après un an d’obtention et de fructification de la fortune. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’impôt qui se paye directement après le carême. Il suppose aussi que le musulman a évité le gaspillage pendant le mois de carême. Par ZOROME Arouna Le Cerfiste N° 008 septembre VIE DU CERFI Une formation pointue pour renforcer les capacités des sœurs de la Cellule Féminine Nationale La cellule féminine nationale du CERFI a initié une formation à l'endroit d'un groupe de sœurs. Dénommée formation élite, elle a été entamée au début de l'année et se tient au siège du CERFI une fois par mois les dimanches de 11 h à 14 h. Cette formation vise à combler le grand retard des sœurs en matière de formation et constituer une avant-garde de sœurs capables de porter le débat sur des questions contemporaines. Par ailleurs, elle cherche à développer les capacités des sœurs de la CFN pour leur permettre de faire face aux questions ayant trait à la femme musulmane dans sa globalité. Cette formation est l'un des plus grands chantiers de la cellule. féminine nationale celle-ci. Elle s'organise par sessions de formations sur des thèmes culturels et des sujets d'intérêt général à travers un calendrier modulaire établi avec des formateurs avisés. En plus, des thèmes de réflexion ont été donnés à des sœurs choisies par le comité chargé de la formation d'élite pour exposer devant un jury compétent. La formation se poursuit jusqu'en 2009 et la CFN met un point d'honneur au respect du calendrier de la formation. Elle invite les sœurs qui ne se sont pas encore inscrites à le faire et toutes les personnes qui ont des contributions de nature à améliorer ce gigantesque chantier à le faire. Ben Halima Abderraouf commente le coran durant tout le mois de ramadan au siège du CERFI. Pendant le mois béni de ramadan comme cela est de coutume, le CERFI propose à ses militants et sympathisants des activités diverses en vue de les rapprocher davantage de Dieu. Cette année encore Suite de la page 9 La corruption prend des visages que l'on ne connaît pas toujours. L'islam Définit la corruption comme tout avantage en nature ou en espèces que donne une personne à une autre dans le cadre de son boulot, même si le donneur n'a aucune idée derrière la tête. Le Prophète avait engagé un collecteur de la zakat, qui recevait son salaire. Il vint une fois faire les comptes avec le Messager : "Ô Messager, voici la zakat que les gens ont remise." Et montrant un autre lot juste à côté : "et voici ce que les gens m'ont donné." "Ajoute ce que les gens t'ont donné à la zakat, car si tu n'étais pas en poste comme collecteur et étais resté chez tes parents, personne ne serait venu te donner ces cadeaux." Voici ce qu'enseigne l'islam et comment le Prophète l'a appliqué sur ce collecteur de zakat alors que la consommation des produits de la zakat est interdite au Messager et aux membres de sa famille. Même quand on n'a aucun intérêt matériel, il faut défendre le vrai et interdire l'illicite. Frères et sœurs, qu'Allah nous satisfasse du licite afin que nous nous détournions de l'illicite. Sa famille avec de l'argent illicite est un péché grave. Le Prophète (saw) a dit qu'il viendra des moments où des adorateurs vont tendre les mains vers le ciel, pour implorer Allah, lui demandant de leur accorder ceci ou de les protéger de cela, mais Dieu ne les écoutera pas. Comment, demande le Prophète, Dieu peut écouter celui qui se nourrit d'illicite ? S'il arrive que cette invocation caduque ne nous effraie pas, ayons pitié de nos enfants et ne leur rapportons pas des choses illicites, ayons de l'amour pour nos conjoints et ne les abreuvons pas d'illicite, ayons de la piété filiale et n'enrichissons pas nos parents de ce que Dieu déteste. Frères et sœurs, lorsque nous sommes sur nos lieux de travail, ayons constamment à l'esprit que notre religion interdit dans l'enceinte de son siège, il organise des séances de tafsir, avec un invité de marque, Ben Halima Abderraouf. En séjour au Burkina Faso tout le long du mois de ramadan, il a fait l'honneur au CERFI de partager avec les fidèles de la mosquée ses Connaissances sur le Coran à travers une explication thématique de certains versets tous les jours entre 12h30 et 14h30. Et ces séances de commentaire drainent un public important et très enthousiaste qui semble tirer largement profit. Des enfants mémorisent le Saint Coran au siège du CERFI. Le bureau provincial du Kadiogo organise du 18 août au 18 septembre des séances de mémorisation du Saint Coran à l’intention des enfants de 8 à 14 ans entre 8 heures et 12 heures. Elles regroupent plus d'une vingtaine d'enfants, filles et garçons, répartis en plusieurs groupes selon leur niveau de connaissance du Coran. Assurées par un collège d'encadreurs, ces séances de formation visent à familiariser les enfants avec le Coran et à leur apprendre à connaître de mémoire ses versets déjà à bas âge ; d'autant plus qu'il constituera par la suite un outil essentiel et fondamental de leur spiritualité. Il s’agit de combler un retard que certains dans nos milieux dits intellectuels accusent du fait de l'inexistence de cadre de... formation, de la négligence des parents, de l’intérêt porté aux études par rapport à l'enseignement religieux. Et les vacances pourraient constituer un tremplin pour donner les rudiments nécessaires à un apprentissage plus long. Ceci permet d'éviter des situations où l'on attend l'âge de la retraite pour s’adonner aux sciences religieuses. L'apprentissage du Coran ne saurait attendre d'autant plus qu'il est au cœur de notre pratique quotidienne. Le favoritisme et "Certes Allah prescrit la justice et l'équité". Voici un deuxième verset sur la matière : "(4/135) Ô les croyants ! Observez strictement la justice et soyez des témoins (véridiques) comme Allah l'ordonne, fût-ce contre vous-mêmes, contre vos père et mère ou proches parents. Qu’il s’agisse d’un riche ou d'un besogneux, Allah a priorité sur eux deux (et Il est plus connaisseur de leur intérêt que vous). Ne suivez donc pas les passions, afin de ne pas dévier de la justice. Si vous portez un faux témoignage ou si vous le refusez, [sachez qu'] Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. 136. Ô les croyants ! Soyez fermes en votre foi en Allah, en Son messager, au Livre qu'il a fait descendre sur Son messager, et aux Livres qu'il a fait descendre avant. Quiconque ne croit pas en Allah, en Ses anges, en Ses Livres, en Ses messagers et au Jour dernier, s'égare, loin dans l'égarement. Il ne faut donc pas que des musulmans pratiquent le favoritisme et tous ces fléaux en -isme qui sévissent dans nombre de pays africains : le clientélisme, le despotisme, le népotisme, le régionalisme, le tribalisme et j'en passe. La corruption, les détournements, le favoritisme ont pris du galon dans notre pays et atteignent des proportions qui dépassent nos efforts individuels. C'est pourquoi on n'aura de cesse de dire aux musulmans d’intégrer les structures de lutte contre ces fléaux, car s'il est en soi une faiblesse de laisser aux autres le soin de faire ce que nous devions faire, il est une lâcheté de ne pas leur accorder notre soutien et notre concours afin que nous réussissions ensemble des combats pour le bien de tous. Voici ce qu'Allah commande à ce sujet : *3/104. Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront. Imam Ismael Tiendrebéogo Le Cerfiste N° 0 08 septembre 2008 bibo:issue 8 bibo:numPages 12 -- o:id 12081 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12081 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12093 19702 19703 19704 19705 19706 19707 19708 19709 19710 19711 19712 19713 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/fdbb1d4b31e0952594aa72daf953787b70ee0bdb.pdf https://islam.zmo.de/files/original/1da8327b30ac975747962fa7bc770d3d25324834.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/f23d83e35d1e66bb366cb0f97d7433d39331c2c4.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/e1b393dbea38215e3575163fb9986230487c3dd8.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/446606f56d90325f047428a7efa6982fdf727aea.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/ea7eba4a87d3c4ceb606d59c1c37b9c34cb871c0.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/7ccbc394f04d41fa6d2e8fe0aa05400a0c153377.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/f5142a138225d1d52afc852f05fede2892857874.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/4108f29c86a30572d4e1c3b1cad4b37fa37121a7.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/5aae20644ed4974d2e26a998723404f61b33d758.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/4d2e38ec9e52208ca5895f33da4ff195985420b8.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/3032b5c04d4875d214fc40fa8535110f95bf4578.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/5a46e3aa5109ee356ae073d5ab8fbc17b3250491.jp2 dcterms:title Le CERFIste #7 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/36 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1039 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/909 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/117 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/81 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/83 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/87 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2008-04 dcterms:identifier iwac-issue-0000540 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/284 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/287 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/311 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/336 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/374 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/408 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/407 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/319 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/541 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/443 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) - n° 007 MADAME HABIBA OUATTARA Le 8 mars doit être une journée de réflexion et non de festivités EDITORIAL BILAN DE LA GUERRE EN IRAK Qui sème le vent, récolte la tempête p.2 SANTÉ p.5-6 EPIDEMIE DE MENINGITE IQRA p.7-9 Aux sources du renouveau musulman DOSSIER p.10-11 La place de la mosquée en islam A la découverte des sous-sections du CERFI BILAN DE LA GUERRE EN IRAK Qui sème le vent, récolte la tempête Le 19 mars 2003, les troupes américaines et britanniques envahissaient l’Irak. À travers une guerre éclair, elles chassent Saddam Hussein et occupent entièrement le pays. Mais ces vainqueurs étaient loin de se douter que cinq ans après elles seraient toujours en guerre. Pourtant Saddam Hussein avait bien prévenu que la bataille de Bagdad allait être longue et coûteuse. En effet, cinq ans après, la coalition est toujours en guerre ; et elle s'enlise de plus en plus. plus, d’autant plus qu’aucun scénario de retrait n’est en vue. Le retrait semble même impossible dans ces conditions. L’Irak est loin d'être sécurisée, la liberté et la démocratie tant prônées par les Américains sont encore un leurre dans un tel contexte de peur. En somme, la guerre en Irak est un échec pour l’Administration Bush et une catastrophe pour l’Irak et toute la région. Ainsi, à l’heure du bilan, on retient que cette aventure militaire a avant tout bouleversé la vie des Irakiens. En effet, leur quotidien est désormais ponctué par des attentats mortels qui ont fait des centaines de milliers de morts et de blessés et des millions de déplacés. Et depuis cinq ans, le spectre de la guerre civile plane sur le pays. La guerre en Irak a ensuite d’énormes conséquences pour l’Amérique. Elle n’a d’égale que celle du Vietnam où les Etats-Unis ont dû quitter dans des conditions humiliantes ; ils y avaient perdu 50 000 soldats et leur réputation était tombée bas. En effet, la guerre en Irak a fait des milliers de victimes dans les rangs des soldats américains ; des victimes plus que les attentats du 11 septembre 2001 n'en ont fait. C’est pourtant ces évènements qui ont entraîné la furie aveugle et meurtrière de l'Amérique contre l'Afghanistan puis l’Irak. La guerre en Irak a surtout terni l’image des Etats-Unis. Le prestige de l’Amérique ne serait pas tombé aussi bas si elle ne s'était pas engagée dans une politique agressive et unilatérale. Mais il ne pouvait en être autrement. Cette aventure portait en elle-même les germes de son insuccès. D’abord les raisons de son déclenchement étaient fondées sur le mensonge. Il n'existait aucune arme de destruction massive en Irak et l’Administration américaine le savait bien. La guerre contre le terrorisme qui semblait être le second motif n’était qu’un alibi pour assouvir un désir de vengeance et justifier le pillage et l’occupation de l’Irak. Cette guerre n'a fait qu’ouvrir la boîte de Pandore des divisions entre Irakiens larvées pendant des décennies sous le règne du Rais. Elle a plutôt favorisé le terrorisme et aggravé l’insécurité. Enfin, l’unilatéralisme ne pouvait qu’entraîner les États-Unis et leurs amis britanniques dans un tel bourbier et les mettre à dos toute la communauté internationale. Mais il faut bien sortir de cette situation ; le plus tôt d’ailleurs. C’est en cela qu’à tort ou à raison, nous sommes attentifs aux différentes propositions des candidats à l'élection présidentielle aux États-Unis. En fait, on espère tous la fin de l'ère Bush avec son arrogance, ses choix aventuriers et ses mépris. Mais à l’évidence, c'est un système, des habitudes qu’il sera difficile de balayer, des erreurs et des fautes qu’il sera impossible de corriger. Mais on doit espérer que l’Amérique cessera d'être agressive et méprisante, défendant la démocratie et la liberté plutôt que les tuant. Pour cela, il lui faut un dirigeant moins subjectif et plus avisé. La Rédaction Le Cerfiste N° 007 avril 2008 MADAME HABIBA OUATTARA Le 8 mars doit être une journée de réflexion et non de Festivités Le mois de mars est admis comme étant le mois de la femme. À cette occasion où la femme est honorée, le Cerfiste a donné la parole à la présidente de la cellule féminine du CERFI, Mme Habiba Ouattara, pour présenter sa structure et partager ses analyses sur la problématique de l'émancipation de la femme. Élue pour trois ans en avril 2007 à la tête de la cellule féminine, Mme Habiba Ouattara, mère de deux enfants, est conservatrice de documentation et gestionnaire de base de données. Le Cerfiste : Présentez-nous la Cellule Féminine du CERFI. Mme Ouattara Habiba (OH) : La Cellule Féminine du CERFI est une commission spécialisée du Bureau Exécutif National. Elle est chargée des questions féminines. Son rôle est de conduire la politique en matière de mobilisation et de formation des sœurs et de gestion des questions spécifiquement féminines suivant les directives de l'organe exécutif. Elle a à sa tête une Présidente et une vice-Présidente qui sont membres de droit du Bureau Exécutif National (BEN). Elles ont pour tâche d'assurer la coordination des cellules féminines provinciales. Le bureau de la cellule féminine comporte 14 membres, toutes des femmes avec la même configuration que celle des bureaux des sections provinciales. En tant que membre de la cellule féminine du CERFI, quelle appréciation faites-vous de l'engagement des femmes dans les activités du CERFI ? Au niveau de la cellule féminine nationale, nous avons deux catégories de sœurs : celles qui ont été moulées à l'idéologie de l'AEEMB et qui Mme Habiba Ouattara, présidente de la cellule féminine du CERFI ont une formation religieuse et militante fort appréciable et les grandes sœurs du CERFI qui sont engagées sur la base seulement de leur amour pour Allah (soubhanahou wa ta'ala). Pour ce qui est de l'engagement des sœurs de la cellule féminine, on remarque que celles qui sont issues de l'AEEMB n'ont pas de problème d'engagement ; mais elles n'arrivent pas toujours à s'organiser pour participer aux activités. Quant à celles qui ne sont pas passées par l'AEEMB, elles ont besoin de plus de formation. Donc c'est à nous de renforcer les capacités de ces deux catégories pour pouvoir atteindre nos objectifs. Au niveau de la mobilisation des sœurs de façon générale, on observe une baisse car nous n'arrivons pas à satisfaire la demande de nos militantes. Au niveau du BEN, il y a un programme que nous suivons mais il y a un problème de moyens. Nous n'avons pas les moyens à la mesure de nos ambitions. Le 8 mars n'est pas très loin derrière nous, comment la cellule féminine a-t-elle commémoré cette journée ? La journée internationale de la femme est un acquis du mouvement des femmes. A cette occasion, chaque année la cellule féminine organise des activités. Cette année, en marge de la semaine nationale de la femme, nous avons avec nos cadettes de l'AEEMB organisé une journée de retrouvailles qui nous a permis de former un noyau chargé de poursuivre les activités à venir. Étant donné que la cellule féminine est sollicitée dans les sous-sections chaque année, nous n’organisons pas d'activité précise le 8 mars. Nous tenons nos activités avant ou après le 8 mars ; toujours est-il que dans le mois de mars nous avons des activités. Cette année, nous avons été conviées par nos sœurs de l'AEEMB à prendre part à un panel à l'université sur le féminisme ; des membres de la cellule féminine ont animé ce panel. Compte tenu de ces genres de sollicitations, nous n'avons pas d'activité propre à nous le 8 mars. Si ce n'est à Ouagadougou que nous sommes sollicitées, c’est dans les provinces. Enfin, au niveau national, nous sommes conviées par le Ministère de la promotion de la femme pour prendre part aux activités commémoratives du 8 mars. De façon générale, quelle appréciation faites-vous de la commémoration de cette journée de la femme ? Nous pensons que cette journée dédiée aux femmes doit être, à notre avis, un moment de réflexion sur l’amélioration des conditions de vie des femmes. Elles sont interpellées sur les questions de la pauvreté. de maladie..., et cette année d'ailleurs le thème portait sur le VIH. C'est une occasion pour les femmes de réfléchir aux moyens de sortir de la pauvreté et de bien d'autres maux en vue de produire des recommandations précises y relatives. Il y a certains groupes de femmes qui s'y investissent, mais il y a d'autres qui en sont encore aux festivités et autre djandjoba dont on ne tire aucun profit. Ce que je dis n'engage que moi. Très souvent des musulmanes sont à la base de ces manifestations et je me demande si cela est conforme aux recommandations coraniques et prophétiques. Il faut appeler les femmes à des débats d'idées, à de la réflexion, au suivi des recommandations passées et à l'élaboration de perspectives. Dans certains milieux, on a souvent présenté la femme musulmane comme un être sans droit. Que répondez-vous ? Je réponds que le Coran dit que les hommes et les femmes ont les mêmes droits, que les deux ont reçu le souffle divin. Autant l'homme a des droits, autant la femme en a. L'homme et la femme ont des devoirs et des responsabilités comparables et les deux font face aux conséquences de leurs décisions. La seule base de supériorité, c'est la piété et la droiture et non la race, la couleur, le genre ou la richesse. L'islam a été la première culture à admettre l'indépendance financière de la femme, à lui accorder tous ses droits. Mais dans certains pays, il faut reconnaître que ces mêmes droits lui sont refusés. C'est souvent la méconnaissance du texte coranique et donc sa non-application qui fait que ces droits ne sont pas accordés à la femme. On parle de plus en plus de féminisme islamique. Qu'en pensez-vous ? De ce que je sais du féminisme, il y a trois tendances : il y a la tendance radicale, la tendance socialiste et la tendance libérale. C'est la tendance socialiste qui s'approche de la vision islamique. Cette tendance cherche un équilibre entre l'homme et la femme, prône la complémentarité dans le foyer. Elle s'apparente au genre qui est une idéologie qui est défendue par des femmes et des hommes pour l'amélioration des conditions de vie de la femme. Le féminisme a connu une évolution et on note qu'il a engrangé des acquis dont la commémoration du 8 mars. Il y a eu aussi la première conférence à Mexico en 1975, celle de Dakar en 1992 et celle de Beijing en 1995. C’est à la suite de Beijing qu'il y a eu la marche mondiale des femmes contre toutes les formes de violence faites aux femmes. La cellule féminine est partie prenante de cette marche et nous menons des activités pendant cette période. Parmi les acquis également, il y a le fait que dans les projets et programmes de développement et dans toutes les activités à l'échelle mondiale la question genre est prise en compte. Quels sont les grands chantiers à venir de la cellule féminine du CERFI ? Nous en avons beaucoup. Nous avons en vue, la tenue de la journée nationale de la femme, la formation d'une élite musulmane au niveau des femmes, la construction d'un centre social au niveau de la mosquée du secteur 16. La réalisation de ces objectifs Nous tient à cœur pour notre mandat. De quels moyens disposez-vous pour la réalisation de ces ambitieux projets ? C’est vrai que nous avons des ambitions et des objectifs à atteindre mais malheureusement les moyens font défaut. Mais Al Hamdoulillah, nous avons les ressources humaines, les compétences et par la grâce de Dieu nous sommes en train de rechercher des financements et des partenariats qui vont nous aider à atteindre ces objectifs. Nous souhaitons qu'à la fin du mandat nous puissions présenter des 01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67 / 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF "Le Cerfiste” Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006 Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques (CERFI) Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Rédaction BAMBARA Hamadé OUÉDRAOGO A. Salam OUÉDRAOGO A. Wahid TOE Aboubacar résultats tangibles. Quel appel avez-vous à lancer ? Je profite de la tribune du Cerfiste pour dire aux sœurs de toujours se mobiliser autour des actions que nous entreprenons car nous avons besoin de mobilisation forte pour atteindre nos objectifs. A l'endroit des hommes, nos maris et frères, je les invite à laisser la liberté aux femmes pour qu’elles puissent participer aux activités de la cellule féminine. Il est vrai qu'il est difficile de concilier emploi, vie conjugale et sociale mais l'appel vif que j'ai à lancer c'est que tous soient mobilisés et nous aider à atteindre nos objectifs. Propos recueillis par Abdoul Salam Ouédraogo SAWADOGO Ousmane YAMÉOGO Hamidou Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires Le Cerfiste N° 007 avril 200® EPIDEMIE DE MENINGITE Malgré les remarquables progrès dans le domaine de la santé (science), la méningite continue de sévir dans les pays en voie de développement et particulièrement le nôtre. En effet, Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la méningite a fait 2000 morts en 2007 dans 9 pays de l'Afrique de l'Ouest (Côte-d’Ivoire, Ghana, Bénin, Mali, Niger, Nigeria, Tchad et le Burkina Faso). De tous ces pays, c’est le Burkina Faso qui a payé le plus lourd tribut avec 75% des morts. Depuis le mois de janvier 2008, notre pays vit malheureusement, une fois de plus, une épidémie de méningite. Actuellement, l'épidémie est déclarée dans 5 districts sanitaires (Kaya, Réo, Orodara, Boromo, Séguénéga) et 9 autres districts sont en situation d'alerte. Pour l'OMS, les seuils épidémique et d'alerte sont respectivement de 10 cas pour 100 000 habitants et de 5 cas pour 100 000 habitants en une semaine. Le responsable de la surveillance épidémiologique du Burkina Faso fait mention de 3181 cas suspects de méningites du 1er janvier au 02 février 2008 dont 366 décès soit un taux de létalité de 11,5%. Qu'est-ce que la méningite? Il s’agit de l’infection et/ou de l'inflammation des méninges (enveloppes qui entourent et protègent le cerveau) et du liquide céphalorachidien (LCR) dues généralement à la génération et à la pullulation de microbes à ce niveau. C'est une maladie de tous les âges, très grave, rapidement mortelle (5 à 10% de taux de mortalité même dans les meilleures conditions). Elle est parfois responsable de séquelles invalidantes (1 malade sur 7) ; 15 à 20% des survivants présentent des séquelles neurologiques permanentes. On rencontre surtout les méningites virales (dues à des virus), qui sont le plus souvent bénignes ; et les méningites bactériennes, plus fréquentes et très graves. Les germes responsables de méningite bactérienne sont habituellement le pneumocoque, l'Haemophilus influenzae (nouveaux-nés et nourrissons), la listeria mais surtout le méningocoque. Il faut souligner que le méningocoque est le seul germe épidémiogène c'est-à-dire pouvant provoquer des épidémies. Il existe 13 souches de méningocoques regroupées par type sérologique. Les souches les plus Fréquemment rencontrés sont les souches A, C, Y et W135. Même si cela est très rare, la méningite peut être due à des champignons, à un traumatisme crânien, à certains cancers (tumeurs blanches du genou) et à certaines maladies du système. Comment reconnaître la méningite ? Les signes sont variables d'un malade à un autre et sont fonction du germe et de l'âge. Le début de la maladie est remarquablement brutal à tel enseigne qu'on parle classiquement d'un ''coup de foudre dans un ciel serein". Chez un sujet en pleine santé apparente, s'installent brusquement : - un malaise général intense; - une fièvre élevée (39 voire 40°C); - des frissons répétés; - des céphalées vives, violentes, qui sont continues mais avec des paroxysmes, accompagnées de photophobie (le malade n'aime pas la lumière); - des douleurs musculaires et du dos; - des vomissements qui sont très faciles, sans effort, en jet ou en fusée; - une raideur de la nuque; - le malade est très agité, conscient ou non. obnubilé, voire comateux. Deux grands syndromes regroupent ces signes : - le syndrome infectieux (fièvre, fréquence cardiaque et respiratoire élevées, courbatures, frissons, herpes labial, langue chargée, fatigabilité, manque d'appétit) ; - le syndrome méningé (céphalées, vomissements, constipation). Chez le nouveau-né et le nourrisson dominent les pleurs incessants, l'irritabilité, la somnolence, les vomissements et le manque d'appétit. Tandis que chez l'enfant plus grand et l'adulte, on retrouve la fièvre, les céphalées, la raideur du cou, les nausées et vomissements, la confusion mentale, la léthargie, la somnolence, la photophobie et parfois une éruption cutanée. C'est une maladie contagieuse qui se transmet à travers les sécrétions de la gorge et du nez d'un malade infecté (gouttelettes salivaires, éternuements, baisers, échanges de cigarettes,...). Le simple fait de respirer l'air d'une salle contenant un malade n'est pas contagieux, les germes ne pouvant vivre longtemps à l’air libre. La transmission est favorisée par le contact intime avec une personne déjà malade, un séjour en zone d'épidémie, la fumée de cigarette, la fatigue et le stress. Les personnes les plus à risque sont les extrêmes de la vie (les adolescents et les jeunes, les collégiens vivant en dortoirs, le personnel des bases militaires, les garderies, le déficit immunitaire et l'absence de vaccination). Comment traite-t-on la méningite ? C'est une urgence médicale, une véritable course contre la montre. Il faut agir vite pour gagner du temps et éviter les séquelles. La meilleure attitude à adopter devant un cas suspect de méningite est de conduire l'intéressé dans un centre de santé le plus rapidement possible. Au niveau du centre de santé, rien, absolument rien ne doit retarder la mise en route du traitement qui comporte, outre les mesures de réanimation, l'utilisation de plusieurs familles de médicaments dont les plus importantes sont les antibiotiques. L'évolution sous traitement est le plus souvent favorable en quelques jours. jours, mais peut se faire vers des complications importantes (troubles visuels, surdité, ...) sinon la mort. Le coût de la prise en charge de tels malades est toujours élevé malgré les efforts des politiques. L'impact socio-économique d'une hospitalisation prolongée sur les familles et la nation est très net du fait des heures de travail perdues et de la mobilisation multiforme de l'entourage. D'où l’importance de la prévention qui repose essentiellement sur les mesures individuelles et collectives d'hygiène et sur la vaccination. Il faut éviter la sécheresse des narines en y mettant des pommades, respecter le calendrier vaccinal des enfants et se faire vacciner tous les 3 ans contre la méningite. Il existe plusieurs vaccins disponibles sur le marché (le vaccin méningococcique A + A+C+Y+W135, le pneumo 23, l'actihib...) et l'Etat doit tout mettre en œuvre pour les rendre disponibles. La prévention primaire consiste à éviter la survenue de la maladie, la prévention secondaire, à éviter la dissémination dans l'entourage et à éviter les complications ; enfin, la prévention tertiaire vise à éviter les rechutes et les contaminations étant donné que la méningite n'est pas immunisante. Des efforts doivent être faits dans le domaine de la prévention et dans toutes ces étapes le rôle de l'État est plus que nécessaire. Par PORGO Alidou Le Cerfiste N° 007 avril 2008 Aux sources du renouveau musulman L'ŒUVRE Aux sources du renouveau musulman est un livre de 480 pages découpé en trois grandes parties. La première partie : Aux sources de la pensée réformiste contemporaine, est composée de quatre chapitres (page 38-170). La deuxième partie intitulée Hassan Al-Banna : Spiritualité, action sociale et revendication politique est quant à elle composée de trois chapitres (page 171-381). Enfin la troisième partie : A l'épreuve des Nouvelles Réalités Politiques après 1949 est constituée de deux chapitres (page 383-458). Afin de mieux situer le lecteur, l'auteur essaie de justifier l’avènement du courant réformiste et le place dans son contexte historique, puis donne ensuite ses étapes. "Durant un demi-siècle entre 1870 et 1930, le double mouvement de désagrégation de l'empire Ottoman et, parallèlement, du renforcement de la puissance européenne et coloniale va se renforcer". Cela va avoir une "influence sur la pensée des réformistes, de Jamâl ad-Dîn al-Afghâni à Muhammad Iqbâl. La volonté de revenir aux sources du message coranique et de la tradition prophétique de même que les modalités de leur relecture ont été influencées, façonnées, par le contexte historique qui met face à face deux civilisations :..." Page 173 De la première partie de l'œuvre Dans la première partie de son livre, Tariq Ramadan évoque l'évolution du mouvement réformiste contemporain et fait remonter l'idée de réformisme à Ibn Taymiyya et même à Ghazâli : "l'idée de dépasser les lectures et les gloses étroites pour retrouver une lecture vivante, revivifiée du Coran et des traditions de la Sunna (al-ahâdith) n’est pas nouvelle. Du savant Abou Hâmid al-Ghazâli, au XIIe siècle, à Ibn Taymiyya qui, au XIVe siècle et tout au long de sa vie durant laquelle il connut l'emprisonnement, ne cessa d'appeler à dépasser les débats d'écoles sclérosés et inutiles, la pensée d'un nécessaire renouveau et d’une impérative réforme est présente de façon lancinante et se développe au gré des événements qui ont cours dans le monde musulman.” Tout au long de cette partie, l’auteur passe au peigne fin tous les réformistes, leur idéologie et leurs efforts. Le précurseur d'entre eux est Ibn Abd-al-Wahhab mais c'est depuis Jamâl-ad-Dîn al-Afghâni (1838-1897) que la pensée réformiste s'affirmera (prit forme). Al-Afghâni influença les penseurs réformistes tels que les Égyptiens Muhammad Abduh et Rashîd Rida, le Turc Saïd-an-Nursî, l'Algérien Abd-al-Hamîd Ibn Bâdîs, l'Indien Muhammad Iqbal. S'appuyant sur le dialogue entre le Prophète (SAW) et son ambassadeur Mu'âdh Ibn Jabal, ils ont tous, leur vie durant, appelé à une lecture nouvelle des textes, qui tienne compte des contextes : "La pensée sociale musulmane du XXe siècle, qui fut influencée par les prises de position d'al-Afghâni (même si celles-ci furent essentiellement politiques), est fondée sur une lecture particulière du Coran et des ahâdiths : en cherchant l'objectif (qasd) plus que la littéralité, elle prend une position doctrinale en matière de théologie. Page 74. De la deuxième partie La deuxième partie de l'œuvre parle de la vie de l'Égyptien Hassan Al-Banna et de ses œuvres. Né en 1906, précisément le 14 octobre à Al-Mahmôudiyya, au Nord du Caire, il a fondé en mars 1928 l'association des Frères musulmans. Grâce au capital d'expérience qu’il a eu de ses prédécesseurs, Hassan al-Banna emmènera le réformisme musulman à son apothéose, en faisant une synthèse de leurs idées. Avec l'association des Frères musulmans, Hassan al-Banna va produire des résultats appréciables sur de multiples plans, politique, spirituel et social. Les écoles et centres de formation se comptent par milliers. Lors, les réalisations vont se multiplier : chaque section (il en existe plus de deux mille) est tenue de s'adjoindre une école pour laquelle al-Banna demande que l'on fasse appel à des spécialistes et que l'on tienne compte de leurs conseils. Des écoles d'apprentissage du Coran voient le jour, de même que des instituts promulguant des cours du soir pour les adultes (...), des écoles pour les jeunes filles, des écoles techniques pour l'apprentissage des métiers. Hassan al-Banna sera alors l'objet de détraction de la part des puissances franco-anglaises qui se sentaient menacées par sa politique. Il mourut le 12 février 1949, assassiné. De la troisième partie La troisième partie retrace la lutte pour la libération de la Palestine, la création de l'état d'Israël (1948-1949) et les épreuves subies par les frères musulmans après 1949. Sur la question palestinienne, Tariq Ramadan relève qu'on a cru à l'union des pays arabes pendant un bout de temps au cours de la guerre avant de se rendre compte de la... triste réalité. "L'entrée des troupes arabes en Palestine, à partir du 15 mai 1948, paraissait être la consécration de l'unité arabo-islamique contre le sionisme et ses soutiens internationaux. La réalité était pourtant toute autre... L'apparente unité est traversée par des dynamiques politiques d'intérêts contradictoires perceptibles avant même le 15 mai" page 390. Seuls "les frères musulmans" se battent avec franchise et deviennent ainsi la cible des grandes puissances. "Les frères musulmans continuent d’envoyer des volontaires qui, sur le terrain, et au contraire des régiments officiels, se montrent déterminés et particulièrement efficaces. Alors que les "cafouillages" paralysent l'action des armées égyptiennes, les frères musulmans se répartissent en secteurs et défendent les territoires qu'ils protègent avec acharnement et, souvent, avec succès" page 395. Cette réalité rend très vraisemblable la réunion des ambassadeurs anglais, mais également américains et français du 6 décembre 1948 durant laquelle se serait décidée la demande, ferme, de dissolution de l'organisation. La décision sera prise le 8, soit deux jours plus tard, et, presque immédiatement, un ordre du gouvernement est envoyé aux chefs de l'armée égyptienne exigeant que les soldats membres des Frères musulmans, "dont l'association n'existait plus", rendent leurs armes et cessent de combattre "page 395-396. Résultat : la débâcle des armées arabo-islamiques ; "Non seulement l'État d'Israël était né, mais il s'était constitué sur une surface encore plus étendue que celle qui lui avait d'abord été attribuée en 1947" page 389. Parlant de la situation des Frères musulmans après l'assassinat de leur leader Hassan al-Banna, l'auteur note que la répression a été si forte qu'elle a fini par provoquer la révolte chez certains d'entre eux. Les volontaires de Palestine sont virés en prison. "Tous les Frères musulmans volontaires en Palestine sont déplacés dans deux camps d'arrêt (ils resteront emprisonnés, sur ordre du gouvernement égyptien, pendant plus de deux mois). Les volontaires de Palestine furent traités comme des criminels de guerre au moment même où leur prestige grandissait auprès des populations. À partir de cette époque, après que leur potentiel fut réellement dévoilé, ils ne trouvèrent plus de clémence et ils furent traités en ennemis" (page 396). Cela eut pour conséquence de susciter des révoltes. "Jusqu'en août 1965, date de la deuxième série d'arrestations des Frères musulmans, il n'existait pas sur la scène politique égyptienne de groupe constitué ayant choisi d'employer la violence ou de renverser le pouvoir en prenant les armes" (page 438). "En 1965, le gouvernement nassérien arrête non seulement les anciens Frères musulmans encore libres, mais également un très grand nombre de jeunes intellectuels ou paysans vivant dans la campagne qui avaient rejoint les rangs des Frères musulmans dans les dix ou cinq dernières années. Ils vont subir les pires traitements dans les geôles, l'humiliation, la torture et pour certains l'exécution. Tous sont choqués et ébranlés par l’annonce de la pendaison de Sayyid Qutb, le 26 août 1966. Il n’en faudra pas davantage pour créer des dissensions entre la première génération des frères et ces jeunes, écœurés et révoltés par les pratiques répressives et inhumaines de Jamal ’Abd an-Naser et de ses acolytes. Ces jeunes lisent les textes de Sayyid Qutb le cœur empli de rancœur et avec la volonté de mettre fin au règne du tyran, rebaptisé "Pharaon", dont il faut se libérer comme l'a fait Moïse avec son peuple. Dans sa conclusion générale, Tariq Ramadan invite les uns et les autres à approfondir leur recherche sur le monde musulman s'ils veulent être objectifs dans leurs travaux d'analystes. "L’actualité récente a souvent poussé les observateurs à analyser le phénomène de l'Islam politique ou de l' "islamisme" à partir des évènements les plus spectaculaires de ces vingt dernières années." "L'histoire de la pensée réformiste depuis al-Afghâni et la façon dont les Puissances occidentales ont géré le dossier du Proche-Orient sont autant d’éléments qui doivent impérativement être connus et étudiés afin d'appréhender comme il se doit la situation actuelle du monde islamique. Une analyse sur une séquence historique trop courte (à partir de 1979 par exemple) ou une étude sur les seuls comportements violents de la "mobilisation islamiste" ne donnent en fait qu'une image partielle, et trompeuse, des dynamiques et des enjeux en présence. Page 455-456. L’AUTEUR : TARIQ RAMADAN Tariq Ramadan est né le 26 août 1962 à Genève. Il a fait ses études à l'Université de Genève (Maîtrise en Lettres, en Philosophie et Littérature Française et docteur ès Lettres en Islamologie-Arabe). Il a poursuivi et approfondi ses études en Sciences islamiques au Caire (1992, 1993). Doyen au Collège de Genève (1988 à 1992), il a fondé et présidé pendant la même période l’association pour la promotion de la "pédagogie de la solidarité". Il a été nommé Professeur d'islamologie au Classic. Department de l'Université de Notre Dame (USA, Indiana) et Luce Professor au Kroc Institute (Religion, conflits et Promotion de la Paix). Il est engagé depuis plusieurs années dans le débat concernant l'islam en Europe et dans le monde. Expert/membre, Expert consultant dans diverses commissions attachées au Parlement de Bruxelles. Il participe à divers groupes de travail internationaux se rapportant à l'Islam, au dialogue interreligieux et plus largement au développement et aux questions sociales. Il est actuellement Senior Research Fellow à la Lokahi Foundation et Professeur invité à l'université d'Oxford (St Antony’s College). Il est auteur de plusieurs articles et journaux, des K7 de conférence (audio et audiovisuel) et de plusieurs livres dont : Le face à face des civilisations ; Du cœur à cœur ; L'Islam et les musulmans, grandeur et décadence ; Aux sources du renouveau musulman.... Par Sana Souleymane à Fada. Le Cerfiste N° 007 avril 2008 DOSSIER La place de la mosquée en islam Dans cette rubrique consacrée à la transcription de sermons dignes d'intérêt, le CERFI a choisi de vous faire lire un sermon prononcé par l'Imam Alidou ILBOUDO au siège de l'AEEMB sur la place de la mosquée en islam en rapport avec le projet de reconstruction de la mosquée de cette association. Louanges à Allah, créateur et Maître des Univers. Nous le louons pour ses bienfaits, nous demandons son secours et sa guidance et nous l'implorons pour la rémission de nos péchés. Mes frères et sœurs dans la foi. Nous nous faisons un devoir aujourd'hui de revenir sur la place de la mosquée en islam [...] Au commencement, c'était l’hégire. Arrivé avec ses compagnons de route à Quba à une dizaine de kilomètres de Yasrib qui allait devenir Al-Madinatoul Mounawara, Médine La lumineuse, le Prophète reçut la révélation sur la prière de vendredi et il fit la première prière de l'histoire de L'islam à jour-là à Quba, dans la vallée des Bani Soulayn Bin Awf et il fit le discours et dit entre autres ces mots qui nous interpellent encore aujourd'hui : "Vous musulmans, prenez votre part de la lutte, jouez votre partition et ne vous écartez pas des sentiers d'Allah. En vérité Allah vous a enseigné son livre, il vous a tracé sa voie, pour ainsi savoir ceux qui disent vrai et ceux qui sont menteurs. Soyez généreux et bienfaisants comme Dieu l'a été avec vous. Combattez les ennemis d'Allah. Combattez sur son chemin. C'est lui qui vous a élus et vous a nommés musulmans. Pour que périsse celui qui a choisi la perdition et que vive celui qui a choisi la vraie vie. Il n'y a de force et de puissance qu'en Allah ; rappelez-vous abondamment le nom d'Allah." Le discours du Prophète a tracé le programme de la mosquée. À son arrivée dans Médine, la première œuvre qu'il fit fut la construction de la mosquée dite du Prophète qui allait devenir un des 3 grands sanctuaires de l'islam, il l'a construite pour l’adoration. C'est-à-dire la prière, mais elle a servi à d'autres fins éminemment utiles : la mosquée du prophète a servi de siège du gouvernement : c'est là qu'il se réunissait avec ses lieutenants pour prendre des décisions. Elle a servi de chancellerie : il y recevait ses ambassadeurs et y envoyait des missions. Elle a servi de trésor public pour recevoir la zakat, le butin, et les redistribuer. Elle a servi de tribunal où se tenaient les jugements pour rendre le droit et réparer les torts. Elle a servi de caserne pour mobiliser les troupes, d'hospice pour accueillir les pauvres, de medersa pour l'enseignement de l'islam, enfin elle a servi de médium (d'organe de presse) pour diffuser chaque vendredi le message à tous les musulmans de l'époque. Aujourd'hui plus que jamais, nos mosquées ont besoin de rejouer ce rôle de centre culturel qui offre à la jeunesse musulmane un cadre serein d'épanouissement. Le salaire de ceux qui dépensent de leurs biens dans le secret pour le seul visage d'Allah est le Paradis. 1990, le Comité Exécutif (de l’AEEMB) emménage sur ce terrain et on y commence les prières quotidiennes. C'est en 1993 que la tenue de la prière de vendredi est effective et le prône en français satisfait plus d'un musulman. À l’instar de la mosquée du Prophète, ce terrain comprend la mosquée, le Bureau de l'AEEMB, la bibliothèque, la direction du journal An-Nasr, et un dortoir où des volontaires (élèves ou étudiants) s'occupent de l'entretien et de la sécurité du matériel. En plus des prières, la Mosquée collecte et redistribue la zakat et assiste dans la mesure des moyens les personnes démunies. C’est enfin un centre d'études et d'apprentissage pour tous. Vous verrez, mes frères, que des gens, nos parents, nous ont accompagnés depuis les premiers moments. Que Dieu maintienne les vivants sur le droit chemin et fasse miséricorde à ceux qui ne sont plus. Le Coran dit : Il est parmi des croyants des gens qui ont respecté le pacte avec Allah. Certains sont déjà morts et d'autres... attendent mais aucun d'eux n'a dévié". Qu'Allah aide ceux qui nous ont soutenus ainsi que ceux qui vont le faire. Cette mosquée est essentielle et même vitale pour nous au stade où nous sommes. L'Association a une grande partition à jouer dans le cercle des Associations Islamiques et la Jeunesse Musulmane a besoin d’un creuset. Notre ambition se confronte à la modicité de nos moyens. C'est pourquoi, depuis maintenant 2 ans nous avons commencé les subventions pour la construction de votre mosquée. La mosquée est la maison de Dieu. Elle mérite plus d’égards que nos villas. En plus, le Prophète a dit : "Qui construit une mosquée pour Dieu, Allah lui bâtit une maison au paradis". Frères et sœurs, hâtons-nous pour participer à l'œuvre commune. Allah nous dit : "Ceux qui dépensent leurs biens dans la voie d'Allah ressemblent à un grain duquel naissent sept (7) épis, chaque épi donnant 100 grains. En effet, Allah multiplie la récompense à qui il veut et Allah est Généreux et Omniscient. Ceux qui dépensent leurs biens dans la voie d'Allah sans faire suivre leurs largesses ni d'un rappel ni d'un tort auront leur récompense auprès de leur Seigneur..." C261.262 Mes frères et sœurs dans la foi, une mosquée de 300 millions pour l’AEEMB c’est possible, puisque à Ouaga 2000, au projet ZACA et dans bien d’autres quartiers il y a des maisons plus coûteuses qui appartiennent à des musulmans. Ce que nous mettons dans la terre tout comme le reste finira. "Tout ce qui est sur elle périra sauf le visage d'Allah plein de gloire et de majesté". Ô vous qui avez cru, investissez dans la durabilité c’est-à-dire auprès d'Allah. Votre argent sera à l’abri de la faillite et connaîtra seulement la fructification : "Qui va faire un prêt d'honneur à Dieu ; il va le multiplier à plusieurs degrés, il aura une abondante récompense". Ô musulmans, répondez à l'Appel de Dieu et de son Messager, mobilisons-nous pour la mosquée comme un seul homme, chacun selon ses forces : Dieu aime ceux qui combattent sur son chemin en rangs serrés comme une Hâtez-vous vers le Pardon de votre Seigneur et vers le paradis dont la superficie dépasse le ciel et la terre. Répondez à l'Appel de Dieu et de son Messager à l’instar de Oumar qui donna moitié de ce qu'il avait, de Ousmane qui donna le tiers et d'Aboubakr qui donna tout ce qu'il avait. Il avait laissé à sa famille, Dieu et son Prophète. Ô mes frères, quand les croyants sont arrivés à Médine, il a fallu qu'Ousmane achète à un natif un puits pour les Musulmans. Le Prophète lui a fait l'annonce suivante : "Tout ce que Ousmane fera dans sa vie, ne pourra plus entraver son entrée au Paradis." Ô vous qui avez cru, craignez Allah et que chaque âme considère ce qu'elle a avancé pour demain. Dieu est au courant de ce que vous faites. Ô vous qui avez cru ! Pourquoi restez-vous inactifs quand on vous appelle à des dépenses dans la voie d'Allah, doutons-nous un seul instant du jour dernier, de Dieu, du Paradis et de ses délices ? Préférons-nous la vie d'ici-bas à celle de l'Au-delà ? Assurément non. [...] A ceux qui ont déjà fait le geste, qu'Allah les bénisse. A ceux qui ont l'intention, que Dieu leur en donne les moyens. A chacun de nous qu'Allah nous permette de participer à la hauteur de ce qu'il nous a donné, pour que la parole de Dieu s'élève à jamais et que la mécréance disparaisse pour de bon. "Si vous aidez Dieu, Dieu vous aidera et raffermira vos pas. Allah a promis et il tient ; et assurément Dieu aidera ceux qui soutiennent sa cause. Sans nul doute, la victoire, l'honneur, la puissance sont avec le camp de Dieu, celui du Prophète et des croyants : "La force et la puissance sont à Dieu, à son Prophète et aux croyants." Alors donc vous qui croyez, que ni l'argent, les belles demeures, votre statut et les joies de ce monde ne vous trompent au sujet d'Allah. Investir pour la mosquée, c'est investir pour un avenir radieux de l'islam dans notre pays. [...] Ilboudo Alidou Le Cerfiste N° 007 avril 2008 VIE DU CERFI A la découverte des sous-sections du CERFI La problématique des sous sections (ou comités sectoriels) n'est pas nouvelle. En effet, les textes du CERFI ont prévu que les sections provinciales qui le jugeaient utile, pouvaient créer des comités sectoriels si tant est que leurs réalités rendaient cette création impérieuse. C’est ainsi que par le passé, les grandes sections provinciales du CERFI, comme celles de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, ont eu à les expérimenter avec plus ou moins de succès. Il faut distinguer toutefois deux types de sous-sections et ce sur la base de deux critères : - le critère géographique, sur la base duquel une section provinciale X peut créer des sous-sections x1, x2, x3, ... dans les quartiers, secteurs, arrondissements, départements, de la ville ou de la province en question ; - le critère socioprofessionnel, sur la base duquel une section provinciale (ou même le Bureau National) peut mettre sur pied des cellules CERFI regroupant des frères et sœurs travaillant dans un domaine donné. De plus en plus, dans l'entendement des Cerfistes eux-mêmes, Le concept de « sous-section » tend à renvoyer aux sous-entités de type géographique et celui de « comité sectoriel » aux sous-entités de type « socioprofessionnel ». Qu’il s'agisse des sous-sections ou des comités sectoriels, abstraction faite de la dimension géographique ou socioprofessionnelle, la pertinence de celles-ci est en train de s’imposer de plus en plus, notamment dans les grands centres. En effet, l’explosion des dimensions spatiales et démographiques de la ville de Ouagadougou conjuguée à la nécessité de plus en plus inéluctable de rapprocher le CERFI de ses militants et sympathisants ont conduit le Bureau Provincial du Kadiogo (BPK) à créer des sous-sections dans quatre (04) arrondissements sur les cinq (05) que compte la capitale. Il s'agit de Bogodogo, de Nongre-Maasom, de Boulmiougou et de Signonghin. Une année après leur mise sur pied, comment se portent ces cadres islamiques de proximité ? Après la mise en place des sous-sections, elles se sont attelées à l’élaboration de leurs programmes. d'activités autour d’actions accessibles, simples et ouvertes. Elles ont pour objectif de créer des cadres de rencontres, de fraternisation et de formation pour les militants du CERFI. Ainsi, aussi bien à Bogodogo, Boulmiougou, Nongre-maasom qu’à Signonghin on retrouve les activités suivantes : causeries-débats, projections cinématographiques, conférences, sorties détente, œuvres sociales et ruptures communes durant le mois de ramadan... Par ailleurs, toutes les sous-sections ont activement pris part à l’organisation des activités du bureau provincial du Kadiogo. Au regard des actions qui ont déjà été exécutées, on peut fonder un espoir sur ces nouvelles structures qui pourront par leurs actions de proximité booster la mobilisation au niveau du CERFI et assister les militants qui le désirent dans le domaine de la formation et des œuvres sociales. S’il est vrai que le concept novateur de sous-section apporte un plus au fonctionnement de la section, il faut avant tout attribuer leur succès au dynamisme des Acteurs qui ont la charge de les animer. Ils ont réussi grâce à leur disponibilité et à leur esprit de sacrifice à conduire au mieux l'exécution de leur programme d'activités. Par ailleurs, ils ont pu réunir de nombreux participants aux différentes activités. De plus, aussi bien les responsables que les militants adhèrent à cette nouvelle forme d’organisation. Toutefois, comme il est de notoriété publique que tout début connaît des difficultés, il ressort du bilan des sous-sections du Kadiogo quelques insuffisances dues entre autres à la faible mobilisation lors de certaines activités et aux difficultés organisationnelles et financières. Mais pour l’essentiel, il y a un réel motif de satisfaction ; et l'expérience doit même être poursuivie pour que les sous-sections se renforcent davantage du point de vue de leurs capacités organisationnelles et de mobilisation. Malgré les difficultés auxquelles elles peuvent être confrontées, les sous-sections suscitent de l'espoir pour plus de dynamisme de la section. provinciale du Kadiogo, et certainement cette expérience devrait inspirer d’autres sections à travers le pays. Par Abdul Hamid Yaméogo et Hamadé Bambara Le Cerfiste N° 007 avril 2008 bibo:issue 7 bibo:numPages 12 -- o:id 12082 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12082 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12094 19714 19715 19716 19717 19718 19719 19720 19721 19722 19723 19724 19725 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/0a4939408bb671a27b7050e2eb1978e34fc73fa3.pdf https://islam.zmo.de/files/original/7547885301199f57844e74e740fcb0d00485a166.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/d58febc4324c4943b9c81b147d6880f7ed05e152.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/67ca4c796cb72b4cbbcd5a420e57100ed543fd6a.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/3f6ae92d15d2c14c83ae6e06b1e23195f83a8077.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/522db3516c9577c1533fbc7727f245c9b8a3fe81.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/e2fdc5c1f02955d6f333e4dc9b25853df050df10.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/61be5612107572dd884b730d26ddaf3733ec10b2.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/93e4d6c0682467e5f8932934c474d7b30f91d795.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/3aa35e47514a8e8ace955f57730afeb5d9c4a1ab.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/3a3b682ff0255b27bf449005a1165fd89ceb664f.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/02af9b34758d4b6e2955af770d5c162b4eb97b32.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/ed75331cb55b16f714d778e235411832b183b579.jp2 dcterms:title Le CERFIste #6 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/934 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1124 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/125 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/582 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/124 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2007-11 dcterms:identifier iwac-issue-0000541 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/284 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/269 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/443 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) N. 006 EDITORIAL ZOÉ, PAS COMME NOÉ ! "Je suis prêt à travailler avec toutes les associations islamiques" ISLAM L'islam aux USA DOSSIER Le portrait physique du Prophète Muhammad (SAW) IBRAHIM : UN INDIVIDU, UNE NATION VIE DU CERFI CONFERENCE BIMESTRIELLE DU CERFI Réussir sa vie conjugale EDITORIAL: ZOÉ, PAS COMME NOÉ ! L'Arche de Zoé ! Un nom atypique, que celui de cette association humanitaire française. Quand l'arche de Noé devient l'arche de Zoé, on ne peut que s'attendre au spectaculaire et au scandale. Ce qui devait arriver à Zoé, arriva. Et le déluge se produisit, au Tchad. Au début du mois de novembre, les autorités tchadiennes interceptent un convoi d'enfants, prêts à embarquer pour la France, pour soi-disant les sortir du bourbier du Darfour en les faisant adopter par des familles françaises. L’arche de Zoé est au centre De cette action humanitaire aux relents de trafic d'enfants. Donc contrairement à l'arche de Noé, celle de Zoé a pris le large, et dans une sale affaire. Au nom de l'action humanitaire, si noble, elle a voulu purement et simplement procéder à un commerce d'enfants au profit de parents européens en quête de progéniture. Il faut avoir le courage de le dire ; il y avait de l'arnaque dans cette opération de bienfaisance. Aux géniteurs des enfants, on a promis une vie meilleure à leur progéniture en France où ils pourront même bénéficier d’un enseignement islamique, comme cela est de coutume chez eux. A leurs parents adoptifs, en plus de la somme versée, ils pourront par leur geste, sauver des enfants des affres du Darfour et, par ailleurs, ils réaliseront enfin le rêve d'être père ou mère. Malgré tout, cette affaire aurait pu rester un simple fait divers si elle n'avait pas connu une aussi grande implication de l'Etat français. D'abord elle a donné lieu à une cacophonie d'une part entre l'Etat français et l'association et d'autre part, entre les différents organes de l'exécutif français : le gouvernement et la présidence de la République. Tout compte fait, il apparaît clairement que l'opération était illégale. Telle a été la position de l'État français avant et pendant la tentative d'enlèvement des enfants. En effet, tout en avouant avoir été informé de ce que tramaient les membres de l'Arche de Zoé, le gouvernement français jure qu'il les avait prévenus de l'illégalité de leur opération. Cette prise de position a donné lieu à une levée de boucliers d'une partie de l'opinion française qui a reproché au gouvernement, en plus de ne pas soutenir des citoyens français, de les avoir livrés en pâture au Tchad. Cela a suffi pour que Nicolas Sarkozy fasse un show médiatico-diplomatique en prenant son avion et en allant chercher une partie de ceux qui avaient été arrêtés au Tchad ; en deux heures de temps seulement. Cet acte décrié avec vigueur dans les rues de N'Djamena nous a replongés dans les périodes les plus sombres de la francafrique où le tout-puissant toubab dicte allègrement les ordres aux roitelets nègres. Nicolas Sarkozy, qui avait pourtant promis le changement dans les relations de la France avec l'Afrique, fait pire que tous ses prédécesseurs, en si peu de temps. Malgré tous les remous que cela a créés, il reste égal à lui-même et affirme qu'il ira chercher les autres, quel que soit ce qu'ils ont fait. Heureusement que cette menace n'a pas été mise à exécution. Du moins, pour l'instant. En attendant, le Tchad fait semblant de tenir bon après le premier compromis fait à la France. Tout comme les responsables de l'arche de Zoé qui ont entamé une grève de la faim afin de se faire entendre par les autorités judiciaires tchadiennes et mettre la pression sur l'État français. Mais à moins de vouloir défendre à tout prix des nationaux français au nom d'une certaine fierté nationale, l'acte des membres de Zoé est condamnable et doit être jugé au Tchad. C'est peut-être l'attitude que les autorités françaises ont décidé. d'adopter. Car qui que l'on soit, il est difficile de défendre un tel dossier. Vraiment l'arche de Zoé n'est pas celle de Noé. Qu’est-ce qui les a d'ailleurs pris de prendre un tel nom ? La rédaction Le Certiste N° 006 Novembre & Décembre 2007 L'islam aux USA "Transmettez de ma part ne serait-ce qu'un verset", a dit le prophète lors de son pèlerinage d'adieu. Les compagnons et les musulmans qui suivirent se sont appropriés ce hadith. Ainsi l'islam s'est répandu aux quatre coins du monde. La présence de la communauté musulmane aux USA est fortement liée à l'histoire du peuplement de ce pays continent. En effet, les États-Unis sont une terre d'immigration par excellence ; les musulmans comme les autres communautés sont arrivés par flux migratoires. Selon le professeur Souleymane Nyang de l'université de Howard, auteur du livre "The Islam of America", on distingue cinq étapes dans la présence musulmane aux USA dont les quatre premières sont controversées. La 1ère étape est l'époque précolombienne. Selon le Professeur Nyang, les éléments de cette présence se trouvent dans les académies indiennes et arabes. La 2e étape se situe dans l'époque de l'esclavage. On rapporte que 10% des esclaves étaient des musulmans ; pour d'autres, leur nombre était plus du quart des effectifs. En effet, on rencontre des noms d'esclaves comme Yéro Mahamoud de Georgetown, immortalisé dans le musée d'histoire naturelle ; Souleymane Diallo, un hafiz du Coran dont la biographie est retracée dans l'ouvrage "L'esclave bien chanceux" ; ou encore Ibrahim Sory, affranchi pour avoir sauvé le père de son maître grâce à ses connaissances des écritures arabes. La 3e étape coïncide avec l'établissement du Canal de Suez qui favorisa le commerce international avec les Ottomans, les Syriens, les Libanais. Ce fut la période des grandes vagues d'immigration. Les musulmans s'y installent en provenance de toutes les régions du monde. Ils arrivèrent, poussés par plusieurs motifs et s'organisèrent en de petites communautés. communautés pour la pratique de leur culte. La 4e étape est l'acceptation de l'islam par les Américains autochtones. Ce sont notamment les Européens comme Alexandre W. Mohamoud, un diplomate qui créa une organisation de daawa et qui publia la 1ère revue "Islamic World". Il y a aussi les Afro-Américains, avec Timotee Droo Mamadou, assassiné à Chicago. Puis la célèbre organisation de "The Nation of Islam" de Farad Elijah Mohammad. C'est Malcolm X, le plus connu de l'organisation, qui va changer le concept de la société. Il réussit à transformer les jeunes noirs et à les mettre sur la voie originale de l'islam. La création de la Muslim Student Association (MSA) dans les universités américaines vient clore ce processus. C'est avec les MSA que les étudiants musulmans réclament des repas halal dans les restaurants universitaires. Les MSA gèrent les mosquées dans les campus. La 5e étape marque incontestablement la présence musulmane aux États-Unis et débute avec la date tragique du 11 septembre 2001. C'est une période où les projecteurs se tournent vers cette communauté minoritaire dans un État fortement protestant. La communauté musulmane, c'est environ 10% de la population américaine. Ce nombre s'est accru après le 11 septembre par les multiples conversions d'Américains à l'islam. Dans la communauté hispanique, le taux de musulmans augmente chaque an de plus de 30%. C'est aussi une communauté qui s'organise dans tous les secteurs de la vie pour faire face à son destin. Infrastructures éducatives (de la maternelle à l'université), et Suite page 6... 09 BP 911 Ouagadougou 09 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67 / 50 36 08 03 Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires sociales, mosquées, commerces..., tout est conçu pour que la communauté soit en harmonie avec sa foi musulmane. En effet c'est plus de 2000 mosquées et centres islamiques, des écoles, de la maternelle à la terminale, qui allie sciences islamiques et sciences modernes. Le supérieur n'est pas en reste avec des universités islamiques offrant des cours de fiqh, de tadjwid... en présentiel comme en ligne. L'islam américain, c'est surtout l'action de plusieurs organisations comme les MSA, la Société Islamique d'Amérique du Nord, la plus puissante des organisations islamiques basées dans l'État de l'Indiana. Ce sont aussi des organisations islamiques de défense de la liberté. Notamment le Council on American-Islamic Relations (CAIR), groupe de plaidoyer et de droit civique. Le Cerfiste N° 006 Novembre & Décembre 2007 Le portrait physique du Prophète Muhammad (SAW) d'après 'Ali, son gendre, le Prophète était de stature moyenne, de carrure solide ; il avait la tête forte, le teint coloré, les joues lisses, la barbe fournie, les cheveux ondulés. Une veine, qui se gonflait sous l'effet du Mécontentement, s'élevait sur son front de la naissance de son nez aquilin, entre ses sourcils, bien arqués et très rapprochés. Les prunelles de ses grands yeux, encadrés de longs cils, étaient d'un noir profond, traversé de quelques reflets rouges, et son regard était d'une extraordinaire acuité. Sa bouche était grande, comme il convient pour l'éloquence. Ses dents, que l'on comparait, pour leur blancheur, à des grêlons, étaient légèrement écartées sur le devant. La paume de ses mains aux doigts allongés, était large et douce au toucher comme une étoffe de soie fine. Enfin, le Sceau de la Prophétie (qu'avait découvert le moine Bahîra), se trouvait au-dessous de sa nuque, entre les épaules ; semblable à la trace d'une ventouse, ce signe était de couleur rougeâtre et entouré de quelques poils. Le Prophète marchait avec une lenteur grave et majestueuse ; il avait l'esprit présent en toutes circonstances ; lorsqu'il se retournait, c'était de tout le corps, et non comme les gens étourdis qui tournent le cou en agitant leur tête sur leurs épaules. S'il montrait quelque chose, il le faisait avec la main tout entière, et non avec un ou deux doigts ; s'il éprouvait un étonnement, il glorifiait Dieu, tournait vers le ciel la paume de ses mains, hochait la tête, et se mordait les lèvres. Lorsqu'il affirmait une chose, il frappait avec le pouce de sa main droite, sa main gauche grande ouverte, pour appuyer son affirmation. Était-il courroucé, son visage s'empourprait ; il passait sa main sur sa barbe et sur sa figure, respirait profondément, et s'écriait : “Je m'en remets à Dieu, le meilleur des mandataires". Il parlait avec peu de mots, mais chaque mot comportait des sens nombreux, les uns évidents et les autres cachés. Quant au charme de son élocution, il était de nature surhumaine, il allait droit au cœur, et nul ne put jamais y résister. Le Prophète ne riait jamais au-delà du sourire, et, lorsqu'un excès de gaieté le gagnait, il se couvrait la bouche avec la main. Il était d'un caractère égal, sans morgue ni raideur. Aucun de ses compagnons ne l'appelait sans qu'il répondît immédiatement : "Me voici." Il s'amusait avec leurs enfants qu'il pressait contre sa noble poitrine. Il plaçait sur un rang les fils de son oncle Al-'Abbâs, promettant une récompense à celui qui arriverait à lui le premier, et tous se précipitaient entre ses bras et s'asseyaient sur ses genoux. Il s'intéressait aux affaires de tous, des esclaves aussi bien que des nobles, et il assistait aux funérailles des plus humbles croyants. Un jour il entra dans une violente colère parce qu'on avait négligé de le prévenir de la mort d'un pauvre [...], balayeur de la Mosquée ; il se fit indiquer sa tombe, et s'y rendit pour prier. Lorsqu'un solliciteur cherchait à approcher ses lèvres de son oreille, pour lui parler en secret, il se tenait penché vers lui jusqu'à ce que l'autre eût terminé. Et jamais, il ne retira sa main le premier, lorsqu'un visiteur l'avait prise ; il attendait que celui-ci retirât la sienne, de son propre mouvement. Il a dit : “On n'est un bon Musulman que si l'on souhaite pour autrui ce que l'on souhaite pour soi-même". Jamais, de sa main bénie, il ne frappa une femme ni un de ses esclaves. Anas, qui le servit pendant dix années, a déclaré : "Jamais il ne me blâma ; jamais même il ne me demanda : as-tu fait ceci ? Ou pourquoi n'as-tu pas fait cela ?" Abü Zarr l'a entendu proclamer : "Ce sont vos frères, ces serviteurs que Dieu a placés sous votre autorité ; quiconque est maître de son frère doit lui donner ce qu'il mange lui-même et l'habiller comme il s'habille lui-même". Un des Arabes qui prirent part à la bataille de Hunayn a raconté : "J'avais les pieds chaussés d'épaisses sandales, et, dans un moment de la mêlée, je marchai involontairement sur le pied du Prophète, qui me cingla d'un coup du fouet qu'il tenait à la main, en s'écriant : "Par Dieu ! Tu m'as fait mal !" Et je passai la nuit tout entière à me reprocher d'avoir fait mal à l'Envoyé de Dieu. Le lendemain, à la première heure, il m'envoya chercher, et j'arrivai devant lui, tout tremblant d'émoi : "C'est toi, me dit-il, qui a écrasé mon pied, hier, sous ta grosse semelle et que j'ai cinglé d'un coup de mon fouet ? Eh bien ! Voici quatre-vingts brebis ; je te les donne, emmène-les avec toi". Et, depuis cet incident, la patience du Prophète devança sa colère. Avec sa nature aimante, il avait cruellement souffert d'être privé, si jeune, de tendresse maternelle ; aussi se préoccupa-t-il constamment des rapports entre les enfants et leurs mères. Il les résumait dans cette phrase : "Le Paradis d'un fils se gagne aux pieds de sa mère". Et, lorsque, pendant les oraisons, il entendait un enfant pleurer, il accélérait la prière, pour permettre à sa mère d'aller le consoler, car il savait bien combien souffre une mère, en entendant les pleurs de son enfant. Son intuition merveilleuse de l'âme des humains et de l'essence des choses, qui fit de lui le plus grand des psychologues, ne l'empêchait point de consulter ses compagnons, dans les moindres circonstances ; et 'A'icha a dit : "Je n'ai jamais vu personne chercher les avis et les conseils avec autant de soin que le Prophète". Si des sentiments de dignité bienveillante interdisaient au Prophète la raillerie vulgaire ou blessante, il était néanmoins d'un caractère enjoué ; il aimait la plaisanterie, qui n'est pas blâmée par Dieu lorsqu'elle contient une parcelle de vérité. Un jour, pour s'amuser, il déclara à Safiya, sa tante paternelle : "Les vieilles femmes n'entreront pas dans le Paradis". La noble vieille femme, d'un âge déjà avancé, fondit en larmes ; alors il ajouta : "Mais toutes seront ressuscitées avec l'aspect de femmes âgées de trente-trois ans, comme si elles avaient été toutes enfantées le même jour". Il aimait tellement la prière, que ses pieds s'étaient enflés par suite de stations debout trop prolongées, durant ses oraisons ; mais il considérait le droit de prier aussi fréquemment comme une des prérogatives de son rôle de Prophète, et il n'admettait pas qu'on imitât son exemple. Il blâma 'Abdallâh Ibn 'Amrû Ibn Al-'As à ce sujet : "Ne m'a-t-on pas dit que tu restais debout, la nuit, à prier, et que tu jeûnais le jour ? Si tu continues, tu perdras tes yeux et tu useras ton corps. Ton devoir, pour toi et les tiens, c'est de jeûner et de rompre le jeûne, de te lever la nuit et aussi de dormir." [Son] amour pour les femmes le rendit plein de sollicitude à leur égard ; en toute occasion, il chercha à améliorer leur sort. Tout d'abord, il supprima la monstrueuse coutume de l'enterrement des filles vivantes, dont nous avons parlé. Plus nombre des épouses légitimes ; encore recommanda-t-il aux Fidèles d'observer ce verset du Coran : "Si vous craignez d'être injustes, prenez qu'une seule épouse." (S.IV.3) Puis, après avoir déclaré : "Entre toutes les choses licites, celle qui est la plus désagréable à Dieu, c'est le divorce", il accorda à la femme le droit de le réclamer si son époux manquait aux obligations du mariage. Enfin, grâce à ses prescriptions, la vierge ne fut plus mariée. malgré elle ; la dot, qui était versée par le mari entre les mains du père de la fiancée, dut être versée entre les mains de cette dernière. C'est la coutume, si sage, de cette dot que les ennemis de l'Islam ont qualifiée d'achat d'une femme. Ils ignorent sans doute la terrible riposte que leur font les musulmans, lorsqu'ils constatent qu'en certains pays d'Occident la dot est versée par le père de la jeune fille entre les mains du fiancé ! De plus, le mari musulman doit pourvoir à l'entretien du ménage sans toucher à la fortune de son épouse, fortune sur laquelle il ne possède aucun droit. Le Prophète accorda aussi à la femme un droit dans les successions. Si ce droit n'est que d'une demi-part, il faut tenir compte de la compensation que la femme trouve dans la dot et les frais d'entretien de la maison. Le Prophète aimait les parfums, parce qu'ils sont le complément de la purification par les ablutions, et que celui qui exhale une odeur agréable sera plus digne et saura mieux faire respecter son honneur que celui dont l'odeur provoque le dégoût. Il se parfumait avec du musc, et faisait brûler du santal, du camphre et de l'ambre. Il oignait sa chevelure avec de la pommade et laissait pendre quatre tresses, deux de chaque côté, le long de ses oreilles. Il taillait sa barbe et ses moustaches avec des ciseaux, et les entretenait avec un peigne en ivoire ou en écaille de tortue. Il noircissait ses paupières avec le "Khôl" qui aiguise les regards et fortifie les cils. Il soignait ses dents en les frottant fréquemment avec le "miswâk" (morceau de bois tendre d'arak), dont les fibres, quand on en mâche l'extrémité, produisent l'effet d'une brosse. Ses vêtements se composaient généralement d'une tunique de coton courte de manches et de taille, et d'un manteau long de quatre coudées, large de deux, tissé en Oman. Il avait également un manteau yéménite, long de six coudées et large de trois, qu'il revêtait le vendredi et les jours de fête. Il avait enfin le manteau vert, dont héritèrent les Khalifes, et un turban appelé "As-Sahâb", dont hérita 'Ali son gendre. Le Prophète prenait de sa personne un soin extrême, poussé jusqu'à une élégance très simple, mais très raffinée. Il se regardait dans un miroir, ou, à défaut de miroir, dans un vase plein d'eau, pour peigner sa chevelure, ou ajuster les plis de son turban, dont il laissait retomber une des extrémités entre ses épaules. Il disait : "En soignant notre extérieur, nous faisons œuvre agréable à celui dont nous sommes les serviteurs". En revanche, il condamnait sévèrement le luxe exagéré dans les vêtements, et, en particulier, l'usage de la soie, qui est, pour les riches, une occasion d'orgueil à l'égard des pauvres ; mais il l'admettait pour ceux chez lesquels une raison de santé le rendait nécessaire. Son souci de justice et de charité s'étendait aux animaux. Il a dit : "Un homme vit un chien tellement altéré qu'il lapait de la boue. Prenant une de ses babouches, cet homme s'en servit pour puiser de l'eau, qu'il offrit au chien, et il répéta ce manège jusqu'à ce que l'animal fût désaltéré. Dieu sut gré à cet homme de son action et l'accueillit au Paradis. Cette bonté et le rayonnement mystérieux qui se dégageait de la personne de Muhammad impressionnaient les animaux, voire les objets inanimés, aussi bien que les humains. Lorsqu'il gravit les degrés d'une chaire nouvellement construite dans la Mosquée de Médine, l'humble tronçon de palmier sur lequel il avait coutume de monter pour prêcher, se mit à pousser des gémissements, et ne se calma que sous l'imposition de ses doigts bénis. Le Prophète travaillait de ses propres mains : on le voyait traire ses brebis, rapiécer ses sandales, raccommoder ses vêtements, nourrir ses chameaux, dresser sa tente, etc., sans accepter l'aide de personne. Il rapportait lui-même ses emplettes du marché, répondant à un Fidèle qui voulait s'en charger : "C'est à l'acheteur qu'il incombe de porter ses achats". Il condamnait ainsi, Par son exemple, l'habitude de ces riches qui achètent nombre d'objets, dont ils chargent leurs serviteurs sans s'inquiéter du poids. Il poussait aux dernières limites le mépris des biens de ce monde. Voici, d'après 'A'icha, ses paroles à ce sujet : "Dieu me proposa de changer pour moi, en or pur, tous les cailloux des environs de la Mecque, et je lui répondis : ‘O Seigneur ! Accorde-moi seulement d'avoir faim un jour et d'être rassasié le lendemain ; le jour où j'aurai faim, je t'implorerai, et le jour où je serai rassasié, je te remercierai" ; "Qu'ai-je à faire avec les biens de ce monde ? Je suis comme un voyageur qui s'étend à l'ombre d'un arbre ; le soleil, en tournant, le rejoint, et il quitte cet arbre pour n'y plus revenir" ; "O Seigneur ! Fais-moi mourir pauvre et ressuscite-moi dans les rangs des pauvres !" La sobriété du Prophète était extrême ; jamais il ne prenait deux sortes de nourriture au même repas ; s'il mangeait de la viande, il se privait de dattes, et s'il mangeait des dattes, il se... privait de viande. Il avait une prédilection pour le lait, qui apaise à la fois la soif et la faim. Fréquemment, plusieurs mois se passaient sans que, dans aucune des maisons du Prophète, le feu ne fût allumé pour la cuisson du pain ou de quelque autre aliment ; pendant ce temps, il ne se nourrissait, lui et sa famille, que de dattes sèches, et il ne buvait que de l'eau pure. Lorsque la faim tenaillait trop cruellement ses entrailles, il appliquait sur son ventre une pierre, qu'il sanglait avec une ceinture. Il sortit de ce monde sans être rassasié d'aucun mets, pas même de galette d'orge. De son corps, qu'il entretenait dans un état de pureté parfaite par d'incessantes ablutions, il se souciait peu, au point de vue du bien-être. Il dormait souvent sur une natte rugueuse, dont les traces s'imprimaient profondément dans sa chair ; son oreiller était fait de fibres de palmier, et son lit, d'un manteau plié en deux. Une nuit, 'Aïcha ayant plié le manteau en quatre, le Prophète se fâcha trouvant sa couche trop moelleuse, et donna l'ordre de la rétablir dans l'état habituel. Avant de mourir, il avait affranchi tous ses esclaves, et distribué le peu de biens qu'il possédait encore. Il jugeait inconvenant de se présenter devant son Seigneur avec de l'or en sa possession. On ne trouva dans sa demeure que trente mesures d'orge pour l'achat desquelles il avait dû déposer sa cuirasse en gage, chez un usurier. Tels sont les principaux caractères du portrait du Prophète, conservé par la tradition. Les Musulmans l'admettent comme véridique, mais il n'est, pour eux, que semblable à l'image d'une étoile reflétée sur la surface des eaux. La lueur tremblotante est descendue à portée de la main, mais elle reste insaisissable, et combien pâle en comparaison de l'astre qui l'émet, et qui brille, au plus haut des cieux d'un éclat resplendissant. Extrait de La vie de Muhammad ; Etienne DINET et Sliman BEN IBRAHIM ; Ed. Maison d'Ennour ; Paris 2003 ; pp. 388-398. ... suite de la page 3 : Cette organisation, à la base, travaille sur 3 trois objectifs principaux qui sont l’égalité des musulmans avec leur homologue non musulmans, la communication (relation publique) avec les médias et le plaidoyer des affaires musulmanes auprès du gouvernement. Ainsi, les musulmans tout comme les autres minorités religieuses et raciales, bénéficient des espaces de libertés et s'organisent de plus en plus. Ils ont pris conscience que dans ce pays continent, seuls les lobbies sont consubstantiels au pouvoir politique. Elle (la communauté) a donc su créer une certaine unité de destin et a réussi à privilégier les intérêts stratégiques pour faire front commun. L'élite se déploie à mesure de ses moyens sans perdre son identité. On a vu aux dernières élections législatives l'entrée du 1er député musulman au parlement. Mais tout est-il aussi rose pour les musulmans? Malgré ce satisfecit général, certains parlent de restriction de liberté avec la loi patriote et de véritable "profiling" (fichage) pratiqués par les services secrets. La communauté musulmane Aux USA se construit progressivement, elle est certes politiquement jeune, comparée aux lobbies juifs et chrétiens et économiquement faible. Mais incontestablement, elle est celle qui croit en effectif de jour en jour. Espérons qu'un jour les mutations au sein de la communauté permettront aux musulmans américains de peser sur la politique de leur pays. Idama COULIBALY Le Cerfiste N° 006 Novembre & Décembre 2007 IBRAHIM : UN INDIVIDU, UNE NATION À l'occasion de la célébration de l'Aid el Kebir et de l'accomplissement des rites du pèlerinage à la Mecque, nous vous proposons un sermon sur la vie du Prophète Ibrahim (AS). Car sa vie est intimement liée à ces évènements. C'est l'intégralité du sermon de l'imam Guitti Abdoulaye, prononcé à la mosquée du siège de l'Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina (AEEMB) que nous vous donnons de lire à travers les lignes suivantes. Frères et sœurs en Islam ! Quand on a en charge la présentation de la biographie d'une personnalité de la trame du prophète Ibrahim, il convient de dire qu'il est malaisé de le faire en si peu de temps. À tout point de vue, Ibrahim apparaît comme un exemple à suivre en tout temps et en tout lieu. C'est en outre, l'un des personnages qui ont marqué le Moyen-Orient dont la Mecque actuelle. On lui accorde plusieurs dénominations ; Ibrahim (ou Abraham) (AS) est tantôt appelé père du monothéisme ; Abou Daïfin c’est-à-dire le père des étrangers, chaque terme ayant une signification historique et un sens particulier. Lorsque les gens du livre (juifs & chrétiens) discutaient de la nationalité de Ibrahim, le Coran répond sans ambages : "Abraham n'était ni juif, ni chrétien. Il était entièrement soumis à Allah, c'est-à-dire musulman. Et, il n'était point du nombre des associateurs" 3/67. L'Imam Ahmad a rapporté ce hadith d'après Anas Ben Malik qui dit : "Un homme appela le Prophète Muhammad 'O Meilleur des humains'. Le prophète (SAW) riposta en disant : 'C'est Ibrahim (AS) qui mérite cette appellation'." Au juste, qui était cet homme, le Prophète... de Dieu, mieux cet intime de Dieu ? Quels sont les traits de sa personnalité qui valurent qu'Allah dise : Abraham était à lui seul une nation (Ummah) voir 16/120. Ibrahim ; un individu ; une nation ; cela mérite une réflexion. En effet, chaque séquence, chaque épisode de la vie de Ibrahim (AS) doit être pour nous des moments de rappel, et surtout des leçons à tirer. Frères et sœurs en Islam ! Pour bien situer l’histoire de Ibrahim (AS), il est important de savoir d'abord les conditions socio-historiques qui prévalaient à Ur, pays natal de Ibrahim. Peuplé de 500 000 âmes, Ur était un centre commercial. Ainsi, les commerçants de Pamir, Nilgri & Anatolia, y convergèrent. La plupart des habitants de Ur étaient des artisans ou des marchands professionnels. Ils étaient matérialistes et très poussés vers la recherche du profit et l'accumulation des richesses. Ils pratiquaient l'usure et étaient ennemis les uns des autres. Au plan social, les habitants de Ur étaient divisés en 3 classes : les Amelu, les Mushkenu, et Les Ardu. Les Amelu étaient la classe supérieure, constituée de prêtres, d'officiers de l'État, et d'officiers militaires. Les Mushkenu étaient des artisans, des marchands et des fermiers. Enfin, les Ardu étaient des esclaves. Frères et sœurs en Islam ! Ibrahim (AS) naquit dans une telle cité, ainsi stratifiée socialement. À cette époque, la cité de Ur comptait 5 000 idoles et chaque cité avait plusieurs idoles parmi lesquelles se trouvait une idole qui était la plus vénérée et reconnue comme la plus grande divinité de la cité. Celle de Ur était nommée Nannar, le dieu de la lune. La dynastie qui régnait sur Ur à l'époque du Prophète Ibrahim était fondée par Nammu ou Namru en arabe. Ibrahim (AS), né dans un tel contexte, n'adora jamais ces divinités, même une seule fois de sa vie. Jeune, il désavoua ces divinités et se mit à rechercher le véritable Dieu. Écoutons à présent le Coran où le meilleur des narrateurs, Allah, dit : "Rappelle le moment où Ibrahim dit à Azar, son père : "Prends-tu des idoles comme... divinités ? Je te vois, toi et ton peuple, dans un égarement évident !" Ainsi avons-nous montré à Abraham le royaume des cieux et de la terre, afin qu'il fût de ceux qui croient avec conviction. Quand la nuit l'enveloppa, il observa une étoile et dit : "voilà mon seigneur !" Puis lorsqu'elle disparut, il dit : "je n'aime pas les choses qui disparaissent". Lorsque ensuite il observa la lune se levant, il dit : "voilà mon Seigneur !" Puis lorsqu'elle disparut, il dit : "si mon seigneur ne me guide pas, je serai certes du nombre des gens égarés". Lorsque ensuite il observa le soleil levant, il dit : "voilà mon seigneur, celui-ci est plus grand" puis lorsque le soleil disparut, il dit : "O ! Mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah. Je tourne mon visage exclusivement vers celui qui a créé à partir du néant les cieux et la terre, et je ne suis point de ceux qui Lui donnent des associés" VI/74-79. Frères et sœurs en Islam, nous allons étudier à présent quelques traits de sa personnalité. Ibrahim, très rusé, veut amener son peuple à reconnaître l'absurdité de l'adoration de leurs idoles. En voici sa démarche. Il est dit dans le Coran : "Il les mit en pièces hormis la statue la plus grande. Peut-être qu'ils reviendraient vers elle. Ils dirent : qui a fait cela à nos divinités ? Il est certes parmi les injustes. Certains dirent : nous avons entendu un jeune homme médire d'elles ; il s'appelle Abraham. Ils dirent : amenez-le aux yeux des gens afin qu’il puisse témoigner. Alors ils diront : est-ce toi qui a fait ça à nos divinités, Abraham ? Lui de répondre : c'est la plus grande d'entre elles que voici qui l'a fait. Demandez-leur donc si elles peuvent parler ! Se ravisant alors, ils se dirent entre eux : c’est vous qui êtes les vrais injustes." Puis ils firent volte-face et dirent : "Tu sais bien que celles-ci ne parlent pas." Alors Ibrahim dit : "Adorez-vous donc en dehors d'Allah ce qui ne saurait en rien vous être utile ni vous nuire ? vous nuire non plus ? Fi de vous et de ce que vous adorez en dehors d'Allah ! Ne réfléchissez-vous pas ? Son épreuve et sa confiance en Allah Nous citons plusieurs niveaux d'épreuves chez Ibrahim : - le châtiment par le feu ; - Ibrahim et les deux rois despotes ; - Ibrahim et l'épreuve de sa première épouse Sarah. Le châtiment par le feu À chaque niveau de ses épreuves, Ibrahim était sorti victorieux. En effet, lorsque Ibrahim a tourné en dérision son peuple, et après avoir démontré l'absurdité de leur adoration, son peuple décida de lui infliger le plus grand châtiment. On demande à tous les habitants de réunir des fagots de bois. On y alluma. Un homme du nom de Khaïzan trouva la mauvaise idée de fabriquer une catapulte afin de pouvoir propulser Ibrahim au milieu du feu (voir S21/V69). Pendant qu'il était en l'air, on raconte que plusieurs anges vinrent à son secours. Tour à tour, l'ange de la pluie, l'ange du vent... À chaque tentative de le sauver, Ibrahim ne cessait de dire : "Je n'ai pas besoin de votre aide, je me confie à Allah et Allah me suffit, et quel meilleur secoureur". Le feu est une créature de Dieu, Allah parla directement au feu. Nous dîmes : "O feu, soit pour Abraham une fraîcheur salutaire" 21/70. Ibrahim et les rois despotes En voyage, Ibrahim traversa une région gouvernée par un roi despote et pervers. Ce roi s'emparait des plus belles femmes qui traversaient sa contrée et tuait les époux. Ibrahim se trouva aux mains des gardes de ce roi, et Sarah sa femme fut retirée de force, et envoyée auprès du roi. Ici encore, Allah rassura Ibrahim que rien ne toucherait à sa femme. En effet, quelle que soit la distance parcourue et les obstacles traversés, Ibrahim pouvait toujours voir sa femme. C'est avec ce roi que Sarah eut une esclave noire du nom de Hadjara ou Haggar qu'elle demandera à Ibrahim d'épouser, car elle-même était stérile. Namroud était le 2ème roi despote, qui a contrarié Ibrahim : voir II/258. Namroud s'était élevé au rang de divinité. En guise de punition, Allah lui envoya une mouche qui pénétra dans l'une de ses narines et rongea son cerveau jusqu'à ce que mort s’en suive. Ibrahim et l'épreuve de sa première femme : Sarah La bonne intention de Sarah se transforma en jalousie, voire en haine, envers sa coépouse Haggar. Après la naissance de Ismail, les tensions se sont ravivées. Ibrahim fut contraint d'isoler Haggar et son fils dans une zone désertique. S14/v37 Lorsqu'il les y laissa et tourna le dos, Haggar attrapa ses habits et lui dit : "O Ibrahim, où vas-tu en nous laissant sans provision ?" Ibrahim ne répondit guère. Elle insista, mais en vain. Elle demanda à Ibrahim : "C'est Dieu qui t'a ordonné de faire ça ?" Il répondit, oui. Alors elle dit : "Tu peux partir, Allah ne nous abandonnera pas." C'est cette région qui est devenue la Mecque actuelle, et certains rites liés au pèlerinage remontent à l'histoire de cette femme. c) Sa générosité et son respect de l'engagement La générosité de Ibrahim n'est plus à démontrer dans la mesure où on l'a surnommé Abou Daïfin, le père des étrangers. On le voit recevoir les anges en tuant un veau, voir 11/69. C'est encore lui qui avait aménagé des jarres et donnait à manger et à boire aux marchands qui traversaient sa région. Pour ce faire, Ibrahim fut traité de sot. Il affirma que même si Dieu lui donnait un fils, il le lui sacrifierait : un engagement suivi de son respect. En effet, il eut Ismail, son premier fils. Allah lui rappela son engagement et le voilà qui se tourna vers son fils : "O ! Mon fils, je me vois en songe en train de t'immoler. Vois donc ce que tu en penses" 37/102. Ismail de répondre : "O ! Mon père, fais ce qui t'est commandé : tu me trouveras, s'il plaît à Allah, du nombre des endurants." Ibrahim confirma sa vision et respecta son engagement envers Allah 37/103-104. d) Son sens du pardon Comme nous l'avons vu, malgré l'entêtement et la persistance de son père dans la mécréance, Ibrahim implora le pardon de Dieu pour lui. Mais Allah le lui interdit. Voir S19/41-47. Même au jour dernier Ibrahim va continuer à demander pardon pour son père. Al Bokhari rapporta ce hadith d'après Abou Houreira : "le Prophète de Dieu a dit : Lorsque Ibrahim rencontrera son père Azar le jour de la résurrection, ce dernier aura le visage couvert de poussière ; Ibrahim alors lui dira : "Ne t'avais-je pas dit de ne pas me désobéir ?". Son père lui répondra : "Aujourd'hui, je ne te désobéis pas". Et Ibrahim de répondre : "Mon Dieu, tu m'as promis qu'au jour de la résurrection tu ne me couvriras pas de honte, mais voilà que je suis humilié à cause de mon père !" Et Dieu lui répondra : "J'ai interdit aux infidèles l'accès au Paradis". Puis on lui dira : "Ibrahim, qu'est-ce qu'il y a devant tes pieds ?" Il regardera et verra un animal égorgé se débattant dans son sang qu'on prendra par les pattes et jettera au feu". Qu'Allah nous guide sur le droit chemin. Le Cerfiste N° 006 Novembre & Décembre 2007 INTERVIEW - "Je suis prêt à travailler avec toutes les associations islamiques" l'occasion de la tenue du congrès ordinaire du Mouvement Sunnite qui a eu lieu les 2, 3 et 4 novembre dernier à Ouagadougou, l'une des décisions les plus importantes a été la création d'un conseil des Ulémas et qui a à sa tête le Docteur Mohamed KINDO. Ce personnage est omniprésent dans le paysage islamique du Burkina Faso depuis son retour de l'Arabie Saoudite en 2004. Directeur de la radio Al Houda, Imam de la grande mosquée sunnite de Ouagadougou, médiateur dans la réconciliation des factions du Mouvement sunnite, le CERFiste est allé à sa rencontre pour mieux le faire connaître de ses lecteurs et connaître ses ambitions pour son association et l'islam au Burkina en général. Le Cerfiste : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Dr Mohamed KINDO (MK) : Je suis Dr Mohamed KINDO, ressortissant du Yatenga précisément à Sitougou vers Séguénega. Je suis né en 1961 à Abidjan car mes parents y étaient. Mon père était imam et maître coranique, cet environnement aidant, très tôt j'ai commencé la lecture coranique ; mais il y a une croyance chez Docteur Mohamed KINDO. Nous qui veut que l'enfant ne reste pas chez son père pour apprendre le Coran. J'ai donc été envoyé chez un de ses amis, lui aussi maître coranique, pour y terminer la lecture coranique. J'ai ensuite été envoyé à Ségou chez le grand maître Aboubakar Thiam au Mali où j'ai passé 2 ans à l'école medersa. Après je suis revenu à Bobo-Dioulasso où j'ai poursuivi mes études de medersa à Sikasso-Sira. Ainsi, j'ai obtenu le CEP à Bobo-Dioulasso. Après l'obtention du CEP, j'ai bénéficié d'une bourse pour poursuivre les études à l'université islamique de Médine. C'est là-bas que j'ai terminé le cycle secondaire pendant 3 ans puis j'ai entamé les études supérieures, 4 années durant pour obtenir la licence puis j'ai préparé le Master en 4 ans et le doctorat en 6 ans. J'ai passé au total 22 ans en Arabie Saoudite. Tout ce temps je l'ai consacré aux études. En nous accordant la bourse, l'objectif des donateurs était de former des gens pour le travail islamique. Après notre retour au pays, nous nous sommes effectivement investi dans ce domaine. C'est en 2004 que je suis revenu au pays. Depuis lors, les choses vont bien. Ouagadougou étant la capitale, j'ai choisi de m'y installer. Depuis votre retour il y a 3 ans, quelles sont concrètement vos activités ? Je me suis donné pour but de contribuer à l'avancée des connaissances de la religion car sur ce plan, notre pays accuse un grand retard. Il existe certes de nombreuses écoles, medersas mais qui ont besoin d'être organisées. Il n'existe pratiquement pas d'école supérieure. Je veux contribuer à relever ces défis. Nos aînés ont fait de grands efforts. À mon retour du Burkina Faso, j'ai rencontré certains d'entre eux et nous avons échangé sur les voies et moyens pour développer l'enseignement. On a l'exemple du Docteur Doukouré qui a bâti une université à Ouaga 2000. La fondation Abdallah Ibn Massoud en a fait de même du côté de Tanghin. dispense des cours dans ces 2 universités. Le mouvement Sunnite dispose d'une école mais limitée seulement au secondaire. J'y dispensais des cours en classe de terminale. En ce qui concerne l'appel, il y a lieu de remercier Dieu, les musulmans ont pu obtenir la radio Al Houda. J'ai servi comme directeur dans cette radio. J'y animais une émission chaque semaine qui a suscité l'intérêt du grand public. Au niveau du mouvement sunnite, il y avait des mésententes ; nous avons travaillé à rapprocher les deux factions protagonistes de sorte qu'aujourd'hui on a tourné la page de cet épisode. À l'ouverture de la grande mosquée sunnite l'an dernier, j'ai été désigné comme Imâm. En dehors de cette fonction, j'anime des prêches pour faire connaître la religion. Nous animons également des séances d'études que nous avons instaurées au sein de la mosquée. Ces séances se tiennent chaque vendredi pour les arabisants uniquement, les samedis sur le commentaire de Sahih Boukhari en langue moré et les dimanches à l'endroit du grand public. public. Nous effectuons des visites à nos frères musulmans dans les autres localités. Nous organisons également des séminaires. Il y a bien d'autres projets, mais il faut du temps pour les mettre en œuvre. À l'issue du dernier Congrès du mouvement Sunnite, vous avez été retenu comme président du Conseil des Ulémas. Comment appréciez-vous cette fonction ? Le Conseil des Ulémas n'existait pas. Nous avons trouvé que pour un mouvement de cette nature, le savoir vient avant tout. C'est pourquoi j'ai contribué à asseoir le Conseil des Ulémas à côté du Bureau Exécutif. Dans une structure islamique, il y a à côté des questions religieuses, des questions sociales. De ce point de vue, il faut un organe de conseil et d'orientation. C'est l'idée qui a sous-tendu la création de ce conseil. Il s'agit d'un groupe de personnes qui sont chargées de délibérer sur des grandes préoccupations, sur les questions religieuses. Je pense que cela va renforcer l'organisation du mouvement Sunnite et accroître son efficacité. Les choses se construiront progressivement après la rupture. Tout ceci n'est possible qu'à travers la sincérité dans l'action et la demande du soutien de Dieu. Au Burkina Faso, il existe plusieurs structures islamiques, la Communauté Musulmane du Burkina Faso, Ittihad, la Tidjania, le CERFI, l'AEEMB et bien d'autres. Ne pensez-vous pas que vous seriez plus utile si vous restiez à équidistance de tous ces mouvements et collaboriez avec tout le monde ? Il existe effectivement plusieurs associations islamiques. Cette situation n'a pas sa raison d'être. Les musulmans devaient être unis car ils ont un seul Dieu, un seul Prophète, et un seul Coran. Ce ne sont pas les dénominations qui posent problème parce qu'on peut fonder plusieurs structures à cause de l'immensité des tâches à exécuter. Nous avons par exemple un seul gouvernement mais avec différents départements ministériels. L'organisation des musulmans devait être une chose similaire. Mais les divisions ne sont malheureusement pas de cette nature. Membres de chaque groupe se considèrent comme étant sur le droit chemin et les autres dans l'égarement. C'est là que se situe le problème. C'est ce qui ne devait pas être. On a constaté en effet que mes actions vont beaucoup à l'endroit du mouvement Sunnite, mais cela ne signifie pas que j'ai fait ce choix au détriment de tous les autres. Dans le cadre de la religion, je suis prêt à travailler avec tous les mouvements ; mon but est de faire bénéficier à tout le monde le fruit de mes études. De ce point de vue, je n'ai pas choisi le Mouvement sunnite aux dépens des autres. Les opinions et les niveaux de savoir étant différents, si vous appartenez à un groupe, vous portez systématiquement l'étiquette de ce groupe. C'est ce qui se passe, sinon je suis prêt à travailler avec tous. Notre religion ne peut progresser sans la contribution de tous dans l'unité. Le choix du mouvement Sunnite s'inscrit dans une volonté de faire régner l'entente dans ce mouvement. Si des gens inter- Le Cercle N° 006 Novembre & Décembre 2007 INTERVIEW prêtent cela autrement, c’est leur opinion. Quelle appréciation faites-vous de l'état de l'Islam au Burkina Faso ? On remercie Dieu du fait que les Burkinabè ont connu la religion islamique. Il existe des pays plus peuplés que le nôtre, mais dont la population n'a pas connu l’islam de cette façon. En réalité, les musulmans constituent la majorité de la population burkinabè, en plus des progrès qui sont réalisés. Mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de problème. Nous demandons toujours l'assistance de Dieu, car il y a toujours des questions qui nous divisent. En plus, les musulmans ne sont pas instruits. Quand on n'est pas instruit, même si on est animé de bonne volonté, on ne peut pas construire. Les gens ont besoin d'éclaireurs pour raffermir leurs engagements et leur connaissance de la Je ne perçois pas les musulmans de notre pays comme des rebelles qui sont animés d'esprit malsain, mais plutôt comme des gens qui manquent de savoir, d'éveil des consciences. J'espère que cela va changer, aussi bien sur le plan du savoir que de l'entente. Quel doit être le rôle de nos intellectuels dans l'éveil des consciences et la sensibilisation des musulmans ? Cette question est fondamentale. Parce qu'il faut des gens pour guider et conduire cette mission. En toute chose, il faut des intellectuels (des savants), des spécialistes ; ce sont ces derniers qui sont les mieux indiqués pour cette mission. Dieu nous enseigne que chacun doit mettre son savoir au service de la religion. Il y a deux grands domaines : la religion à proprement parler et les autres domaines. Ces intellectuels doivent donc se compléter dans le travail islamique, dans l'éveil des consciences des masses. Mais le problème est qu'il existe des gens qui ont fait de longues études même à l'extérieur mais les conditions de vie étant Précaires au Burkina Faso, ils ont baissé les bras par rapport à l'enseignement de la religion. Ils ont adopté des pratiques qui contrastent avec leur discours. C'est bien dommage ! Face à l'ampleur de la mission, certains se sont lassés ou découragés tout simplement. C'est la raison pour laquelle ceux qui ont étudié sont nombreux mais ils ne sont pas unis de sorte à développer les idées et les initiatives pour faire avancer la religion. Cette situation décourage même les bonnes volontés. En plus, il y a une distance entre eux et les arabisants. Les catégories d'intellectuels devraient pourtant se compléter pour l'efficacité de l'appel. Ce sujet constitue une préoccupation pour moi et j'y réfléchis. Qu'est-ce que vous projetez comme action qui puisse faire avancer l'islam au Burkina Faso ? La première des choses c'est l'enseignement car il faut préparer la relève. Il faut organiser l'enseignement de sorte que les enfants musulmans puissent accéder au savoir religieux et profane. En plus, il faut coupler à L'appel, la prise en considération des questions de santé, de nutrition. Cela fait partie des enseignements de l'islam. Cela est bien possible si les musulmans s'unissent et s'organisent bien. On pourrait initier des projets dans ce sens. L'autre problème, c'est le manque de documentation pour des gens qui font la recherche sur l'islam. C'est pourtant la base de tout. En plus, on a besoin de centres islamiques qui vont servir de cadre permanent du savoir religieux pour tous ceux qui en ont besoin. J'ai des ambitions sur tous ces projets, mais la réalisation appartient à Dieu. Votre mot de fin. Je demande à Dieu de raffermir notre foi. Aux leaders religieux de notre pays, je dis que la religion doit être une préoccupation pour tous. Elle appartient à Dieu, s'il a confié la responsabilité à certains, qu'ils prennent conscience de son poids. On ne doit pas faire de la religion un fonds de commerce ou une voie pour parvenir au pouvoir. Si on recherche seulement l'agrément de Dieu, les choses iront mieux. Rechercher nos propres intérêts, travaillons dans la franchise, dans la cohésion et transmettons un islam assaini aux populations. On ne peut atteindre la perfection mais ce qui compte c'est l'intention, la volonté de bien faire. Dans ces conditions, même s'il y a une erreur, Dieu pardonne. Entretien réalisé par Abdoussalam OUEDRAOGO Traduction et transcription : Kadré SAWADOGO Le Cerfiste N° 006 Novembre & Décembre 2007 VIE DU CERFI CONFERENCE BIMESTRIELLE DU CERFI Réussir sa vie conjugale La section provinciale du CERFI a organisé, conformément à son programme d'activité annuel, sa dernière conférence bimestrielle sur le thème : "Comment réussir sa vie conjugale ?" Pour la première fois, cette activité de formation islamique a connu deux innovations majeures : les communications ont été organisées sous forme de panel ; ce qui a permis de varier les interventions et de favoriser le débat et les échanges. échanges. L'activité a ensuite enregistré au niveau des intervenants, la participation d'une personnalité non musulmane qui a permis d'élargir le champ de vision des militants du CERFI, habitués à entendre toujours un seul son de cloche. La conférence, qui a eu lieu le dimanche 9 décembre 2007 dans l'enceinte du siège du CERFI, a connu la participation de nombreuses personnes venues entendre les enseignements de leur religion et apporter leur contribution sur un thème qui est au centre de la vie de chacun et de tous. C'était donc un rendez-vous fort enrichissant du donner et du recevoir. Le panel s'est déroulé en trois phases importantes, correspondant aux interventions des personnes invitées. Ainsi, c'est à la cellule d'écoute du CERFI que l'honneur est revenu de prendre la parole en premier. C'était donc l'occasion pour elle de se faire mieux connaître par les militants et sympathisants. Elle a dévoilé ses missions qui visent globalement le bien-être des familles musulmanes, et l'union et l'entente des couples. Par ailleurs, et découlant de ses missions, la cellule a fait part aux participants des différentes activités qu'elle mène depuis sa création et son installation. Enfin, elle a saisi l'occasion pour insister sur le programme qu'elle a conçu pour la formation des nouveaux couples, d'autant plus que c'est le fondement du bonheur, de l'entente et du bien-être dans le couple. En second lieu, ce fut au tour de M. Damiba, conseiller conjugal, collaborateur du journal d'État, Sidwaya, sur les questions matrimoniales et responsable d'un cabinet de conseils. Il a été certainement l'attraction de cette activité par sa simple présence dans un milieu musulman. Il a axé son intervention sur quatre éléments essentiels que sont : la définition des conflits conjugaux, la typologie des conflits conjugaux, la définition même de couple et les méthodes de résolution des conflits. On retient principalement de son exposé que chaque élément du couple doit accepter la différence de l'autre sans chercher à ce que l'autre Nous ressemble à tout prix. Enfin, l'assistance est restée attentive tout au long du panel. M. Damiba a conclu que chacun doit admettre que les conflits font partie de la vie du couple. L'imam Tiégo Tiemtoré, qui a fermé la marche, a fait d’abord l'état des lieux des couples musulmans en insistant sur les difficultés qu'ils rencontrent et les obstacles au bonheur des foyers musulmans. Il s'est ensuite appesanti sur la communication au sein du couple qui constituerait un outil important de stabilisation du foyer et une arme déterminante contre les conflits. Il a enfin relevé la nécessité de créer des espaces de distraction et de divertissement au sein des foyers ; toute chose qui manque avec acuité dans les foyers musulmans. Son intervention était bien sûr ponctuée par des exemples édifiants du saint prophète qui demeure dans ce domaine (et partout d'ailleurs) un modèle pour le genre humain. Toutes ces interventions ont été Bien appréciées par le public qui n'a pas manqué de poser des questions pertinentes et d’apporter surtout des contributions, ce qui a permis d'agrémenter le débat. Tout compte fait, le temps imparti ne pouvait suffire à épuiser un tel sujet dont l'importance n'est plus à démontrer. Ce fut donc une introduction à une vaste réflexion qui se veut permanente et une interpellation à chacun pour qu'il œuvre à son propre bonheur et à celui de son conjoint. Cette conférence bimestrielle qui s’est achevée sur une note de satisfaction est aussi le témoignage que l’œuvre entreprise par le CERFI dans la formation des musulmans est une œuvre louable qui demande la participation de tous, sans exclusive. Hamadé BAMBARA Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006 bibo:issue 6 bibo:numPages 12 -- o:id 12083 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12083 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12095 19726 19727 19728 19729 19730 19731 19732 19733 19734 19735 19736 19737 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/0576bec1a5d53274d6e78ca55b331cb0fde30173.pdf https://islam.zmo.de/files/original/40c7ae49fcf60235c7ee5e23ae81fac39bfdb936.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/02e434baefa2a6d8b7a05a7659d6ee360108914a.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/413cfbdf7d2a22153cd36426009897e78f047d9e.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/dd67448e40beacb1cb64c8c8cded6eb27be52ce5.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/0ef7b18a1142918e30b5b67018e34bdb29261b4e.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/4ccdc5305b1b68087a9cbb97ebca77ba65381bc9.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/bd86386fbbff9c74fd5f3bc929c57a48aa003839.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/e0429dec3b55b009c5aaa23d6786dcce18e4729d.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/91438e9c2833d379aac02609b6f7b8dca59a6089.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/2a0b63ca00e5f585aac1800019ef83a006b571ae.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/e9b3e7152104b8605ed98fd32750d14d713d5afa.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/cb5f56eef99980dd824f00a6169815b3fe3ecee2.jp2 dcterms:title Le CERFIste #5 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/106 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/5 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/909 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/28 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/124 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/87 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/23138 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12891 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2007-09 dcterms:identifier iwac-issue-0000542 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/284 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/377 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/269 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/443 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation islamiques 250 F CFA (CERFI) n° 005 EDITORIAL ETRE LOYAL ENVERS SA RELIGION, SON PAYS ET SES COMPATRIOTES p.2 ISLAM LES SIGNES DE DIEU LA PHILOSOPHIE DE RAMADAN LA PHILOSOPHIE DE RAMADAN IQRA Islam, les questions qui fâchent de Bruno ETIENNE VIE DU CERFI Le CERFI lève le voile sur un sujet tabou CONFERENCE D'OUVERTURE EN INTEGRALITE EDITORIAL ETRE LOYAL ENVERS SA RELIGION, SON PAYS ET SES COMPATRIOTES Dans notre pays, les populations sont conviées chaque cinq (05) ans aux urnes pour choisir leurs différents représentants. Et à chaque période électorale (présidentielle, législative ou communale), le magma social se met en ébullition. Les partis politiques légitimement sollicitent les voix des citoyens. Les populations musulmanes font l'objet en ces moments de vives sollicitations. Les dons abondent les mosquées et les lieux de dou’a. Les musulmans comme l’ensemble des composantes de Notre pays s’acquittent tant bien que mal de leur devoir ou droit de vote, c'est selon. Même si l’on peut rigoureusement avancer que beaucoup doit être fait pour améliorer la participation des citoyens aux différentes élections, il faut relativement admettre que le niveau de participation est acceptable. Mais quel sens peut-on donner à l’acte de voter ? Intrinsèquement, c'est un acte citoyen que de choisir son ou ses représentants. L’homme politique étant celui qui à un moment donné incarne l’aspiration d’un peuple. Chaque individu, chaque groupe, participe aux élections avec plus ou moins d’espérances et d’attentes. Les musulmans ne sont pas en reste. Quels peuvent être leurs espoirs et attentes quand ils choisissent les premiers responsables de notre pays ? Sans doute s’attendent-ils au «développement» de notre pays. Un mot générique et pansémique qui si on y prend garde, ne voudra plus rien dire. Tout au moins espèrent-ils l’amélioration de leurs conditions de vie ou simplement, attendent-ils des Leaders des formations politiques le respect des engagements pris. Naturellement, les musulmans sont en droit d’attendre d’être plus impliqués dans les sphères de prise de décision et d’action. Si pour le respect des engagements, il est un lieu commun de constater que les politiques ont peu d'égard pour la parole donnée lors des campagnes électorales, en ce qui concerne la désignation des musulmans aux postes de responsabilité, il faut s’étonner du nombre, voire de la qualité. En effet, les quelques personnalités musulmanes responsabilisées comprennent pour la plupart en tout cas, très peu les besoins des musulmans (l’exception confirmant la règle). À tout le moins, ils ne s'y intéressent que peu. Ils sont pour certains complexés de vivre ouvertement leur religion. Comme s’il était impossible, voire interdit, d’être loyal envers sa religion, son pays et ses compatriotes. Comment peut-on comprendre que les personnalités d’autres confessions religieuses au plus haut niveau de responsabilité vivent Sereinement et ouvertement leur religion alors que les musulmans se cachent pour le vivre ou ne le vivent tout simplement pas? Où sont les ministres musulmans, où sont les maires et les députés musulmans? Complexés que sont la plupart jusqu'à la moelle des os! Pendant que leurs collègues chantent et dansent dans leurs lieux de culte! Déjà qu'ils sont en petit nombre dans les sphères de décision, si la minorité qui s'y trouve est amorphe, insipide et incolore, qu'est-il possible d'espérer et d’attendre d’eux? Il est curieux que nous soyons fortement sollicités en périodes électorales et jetés aux oubliettes quand vient le moment des désignations aux postes de responsabilité. Cet état de fait en plus de bien d’autres facteurs se traduit par un dynamisme en deçà des possibilités sur le plan socio-économique des musulmans et un cloisonnement entre les intellectuels et ceux qui sont chargés de conduire les communautés et les associations musulmanes. Toute chose, à ne pas s’y tromper, qui a des effets néfastes. sur la marche de notre pays vers davantage de prospérité. Il faut en tout état de cause rappeler aux musulmans le besoin d'un investissement citoyen plus accru et une saine participation politique. Il y va de l'intérêt général. La Rédaction Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 Ben Halima Abderraouf qu'on ne présente plus dans le milieu de la jeunesse musulmane a séjourné pendant trois (03) semaines au Burkina Faso. À cette occasion, il a animé des conférences et surtout pratiqué la roquia à Ouagadougou, à Bobo-Dioulasso et à Ouahigouya. Votre journal n'a pas manqué de recueillir pour vous ses avis sur divers points. Lisez plutôt ! Le Cerfiste : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Abderraouf Ben Halima (ABH) : Je m'appelle Abderraouf Ben Halima, j'ai 40 ans donc né en 1967. Mon père est Tunisien, ma mère Américaine. J'habite en France depuis 1986. Je suis de formation ingénieur, statisticien, économiste; je suis aussi mathématicien. Je suis dans l'Islam depuis l'âge de 15 ans. J'ai milité beaucoup avec la da'wa, puis après j'ai fondé une maison d'édition. J'ai écrit plusieurs livres éducatifs ; j'ai traduit la vie des compagnons. Après je suis venu dans la Roquia c'est-à-dire le traitement des gens contre la sorcellerie, le mauvais œil. Je fais des tournées en Afrique pour vendre les livres et former les gens à la roquia et faire des conférences et de la da'wa. Le Cerfiste : Comment définissez-vous la Roquia ? ABH : C'est le fait de soigner la sorcellerie, la possession des djinns et le mauvais œil avec le Coran et la médecine prophétique. Le Cerfiste : Pourquoi avez-vous choisi de vous investir dans cette pratique ? ABH : Je n'ai pas choisi ; c'est venu quand ma femme était possédée par un djinn. On a essayé de la soigner, j'ai connu les gens qui soignent, je les ai accompagnés. Ça n'a pas été volontaire mais ça a été extrêmement bénéfique. Je la pratique de façon professionnelle depuis 1996. Le Cerfiste : Cette pratique nourrit-elle son homme ? ABH : Je vis de ça ; mes conférences sont gratuites ; la da'wa c'est gratuit mais les livres que j'écris sont à bas prix, c'est dire Ben Halima Abderraouf en conférence que je ne cherche pas de bénéfice. Je vis de la Roquia ; je vis dans les activités islamiques. Certaines sont gratuites et d'autres me rapportent de l'argent et ça fonctionne bien. Le Cerfiste : Comment vous appréciez ce que vous faites et quelles sont les réactions des gens autour de vous ? ABH : Al Hamdoulillah ! C'est très apprécié parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont soignés et qui sont guéris. Ce que je fais est Halal et conforme à l'Islam. Il y a des résultats et les traitements deviennent de plus en plus faciles. Quand quelqu'un est bloqué pendant des années, et qu'après ça se débloque et il trouve du travail et se marie, on ne peut qu'être content. Le Cerfiste : Quelles sont les exigences de cette pratique ? ABH : Cette pratique a effectivement des exigences. Il faut pouvoir lire le Coran, il faut un certain niveau de piété, être attaché à Allah. Il faut également un Niveau de vigilance pour contrer les représailles car ça vient tout le temps. Donc il faut toujours être prêt à réceptionner les djinns qui viennent se venger pour les tuer. Il faut aussi se soigner toute l'année soi-même et sa famille parce que les sorciers ne vont pas manquer de vous faire des sorcelleries, mais quand vous vous lavez avec l'eau du Coran toute l'année, c'est comme si vous prenez de la nivaquine toute l'année contre le paludisme. Et si jamais il nous arrive quelque chose, il faut faire un maximum de doa pour qu'Allah extermine le sorcier qui veut nous barrer la route. Une fois qu'on fait tout ça, Al Hamdoulillah on n'a plus beaucoup de problèmes. Le Cerfiste : On vous a souvent entendu dire "j'ai tué le djinn". Comment tue-t-on un djinn ? ABH : Quand le djinn vient dans le rêve, il est extrêmement vulnérable. Sa seule force, c'est que nous avons peur de lui. C'est comme un enfant qui vole une banque avec un pistolet en plastique. Si nous avons peur, il fait tout ce qu'il veut et s'en va avec. l'argent. Mais si nous comprenons qu'il ne peut rien faire, on va le taper pour qu'il ne recommence plus. À partir du moment où on t'explique que le djinn ne peut rien faire, s'il te poursuit, au lieu de fuir, retourne-toi ; attrape-le et récite le Coran ; il va mourir. Si un djinn ou un djeniya vient pour te violer ; attrape-le et récite le Coran ; il va mourir. Essayez et vous verrez ; c'est facile. Le Cerfiste : Avez-vous déjà vu un djinn ? ABH : Dans le rêve, j'en ai vu plusieurs fois et Al hamdoulillah, j'en ai tué beaucoup. Mais dans la réalité non. Quand ils sont chez les humains, ils bougent, ils parlent ; nous leur parlons à travers les humains mais on ne les voit pas. ... suite page 4 Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 ... suite de la page 3 Le Cerfiste : Comment appréciez-vous votre séjour au Burkina ? ABH : La dernière fois où je suis venu au Burkina, j'étais sous-exploité et je m'étais dit que je n'allais plus revenir, que j'allais donner la préférence à d'autres endroits mais les frères ont Encore formulé la requête et ont beaucoup insisté. Al hamdoulillah, cette fois-ci, je ne suis pas déçu. Mon exigence est qu'il n'y a pas de temps libre quand je vais quelque part. Au niveau de la mobilisation, avec les frères du CERFI, de l'AEEMB et ceux de la Roquia et avec Salif qui a tout organisé, je remarque que ça va. La seule chose qui nous a manqué, c'est la couverture médiatique au niveau de Ouagadougou, mais la prochaine fois on va y songer. Le Cerfiste : On pense généralement que les maladies liées aux génies sont le propre des Africains. Qu'en dites-vous ? ABH : Non ! Ça existe dans toutes les cultures sauf chez les occidentaux du Nord. Même en Italie, en Espagne, au Portugal, il y a beaucoup de sorcellerie et quand vous allez à l’Est en Russie, en Chine... dans tous ces endroits, il y a beaucoup de sorcellerie sans parler de l'Amérique du Sud. Dans toutes ces contrées, les gens connaissent et pratiquent la sorcellerie mais ça varie selon les pays, mais il reste que le podium est tenu par l'Afrique et les Antilles. C'est ancestral chez les Africains parce qu'à la base, la plupart des pays sont animistes, fétichistes. Le Cerfiste : Existe-t-il le même engouement en Europe comme en Afrique ? ABH : Il n'y a pas le même engouement, essentiellement parce qu'il n'y a pas le même besoin. Il y a moins de sorcellerie, donc moins de gens qui en expriment le besoin. Là-bas, ce n'est ni un problème public, ni un fléau social. C'est une minorité de gens qui sont concernés. Si on initie un grand discours sur la roquia, ça n'intéresse pas beaucoup de monde. Mais ici ça concerne beaucoup de gens. Par exemple, en Europe les Chrétiens ne pratiquent pas l'exorcisme ; donc il n'y a pas ce fait que les gens vont quitter l'islam à cause de ça. Le problème en Europe a une acuité beaucoup moindre. Le Cerfiste : Parlez-nous de quelques expériences qui vous ont le plus marqué dans votre croisade contre les mauvais génies. ABH : (rire) Alors là il y en a tellement. On a fait venir le chef des djinns de Vatican ; on l'a converti ; ça a été impressionnant. C'était en Côte d'Ivoire ; quand il est venu, il s'est écrié "sacrilège, sacrilège". On l'a amené du Vatican par la puissance de Dieu. C'est une supériorité que Dieu a donnée aux humains sur les djinns. Il était chrétien et a vécu depuis Jésus (AS). Quand on l'a fait venir, je lui ai dit "mon frère" et il me dit "tu oses m'appeler ton frère après ce que tu m'as fait ? Mais j'étais en prière". Alors on lui a demandé de nous écouter ; il nous dit qu'il n'avait pas envie mais qu'il n'avait pas le choix. Je lui ai alors demandé s'il voulait la lumière ; il me regarda méchamment et me dit "lumière de toi non" ; je lui ai dit "une lumière de Dieu". Il s'est adouci et a dit calmement "la lumière de Dieu ?" je dis Oui celle d'Allah ; il dit mon Dieu c'est Jésus. Je lui ai dit de répéter "Mon Dieu, montre-moi qui tu es. Allah ou Jésus". Quand il a répété cela, Allah lui a montré la vérité et il s'est converti. Nous lui avons fait répéter qu'Allah est Dieu et Jésus un de ses Prophètes. Ensuite, nous l'avons envoyé convertir les autres restés au Vatican. Après deux jours, quand on l'a rappelé, il avait fait convertir sept autres génies. Par la suite, on lui a dit d'aller à la Mecque approfondir ses connaissances et emmener d'autres qui vont l'aider à faire la da'wa. Quand on l'a rappelé après, la récolte était maigre et nous avons ramené le nouveau chef qu'on a encore converti. Nous avons par la suite amené mille autres qu'on a envoyés prêcher. Après cela, on a pu convertir tous les djinns du Vatican. Comme autre expérience, une fois, j'ai fait une intervention dans une mosquée à Abidjan et à "Le Cerfiste" Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006 01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67/ 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Rédaction BAMBARA Hamadé OUÉDRAOGO A. SAIam OUÉDRAOGO A. Wahid TOE Aboubacar la fin, un homme s'est levé pour me dire qu'une femme était possédée par un djinn depuis une vingtaine d'années et qu'elle avait frappé sans succès à presque toutes les portes ; elle n'arrivait pas à se marier et elle avait beaucoup de problèmes. Je lui ai dit d'envoyer la femme et d'amener une caméra. Après la séance de traitement, elle est revenue nous confier que quand on lui a dit que le djinn a été tué elle n'y croyait pas car en une séance on ne peut tuer un djinn qui vous fatigue depuis vingt ans. Elle a demandé à Allah de lui montrer ce qui s’est passé et après elle l'a vu en rêve qui se noyait et perdait du sang aux parties où elle avait des ventouses. Le Cerfiste : Etes-vous satisfait de ce que vous faites ? Suite page 6... SAWADOGO Ousmane YAMÉOGO Hamidou Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 RAMADAN MUBARAK A la faveur du mois béni de Ramadan, le Cerfiste revient, à titre de rappel, sur des données qui ne nous sont pas étrangères mais qui, comme l'affirme le Coran, vont profiter certainement aux croyants. BON À SAVOIR Définition et Institution du jeûne musulman Le jeûne est un culte d'abstinence prescrit aux musulmans, comme il l'a été aux croyants d'avant eux. C’est une pratique cultuelle consistant à s'abstenir de boire, de manger, d'avoir des relations sexuelles de l'aube au coucher du soleil. Jeûner en Islam, c'est s’abstenir de tout mal. Le jeûne est rendu obligatoire dans la Sourate 2 Verset 183 du Coran. C'était en l’an II de l’hégire : «Ô vous qui avez cru, on vous a prescrit le jeûne, tout comme on l'a prescrit à ceux d'avant vous. Ainsi atteindrez-vous la piété.» Préparation spirituelle du jeûne Le musulman envisage cette préparation longtemps à l’avance. Il se convainc de sa volonté de respecter au mieux les règles du jeûne et l'espoir d’améliorer son comportement. Il se débarrasse alors de ces réflexions parfois saugrenues du genre "le jeûne de cette année sera ceci ou cela !..." Ainsi, le musulman se persuade du but poursuivi qui n'est ni une simple mortification, ni une privation inutile, encore moins un régime d'amaigrissement. Le but affiché du jeûne est finalement l’élévation spirituelle en vue d'atteindre la piété comme le verset ci-dessus l'indique. Qui doit jeûner ? Le jeûne de Ramadan est une obligation pour tout musulman et pour toute musulmane pubère. Par contre, sont dispensées les personnes suivantes : les vieillards fatigués, et les malades incurables. Les femmes en état de menstrues ou qui allaitent, les femmes en état de lochies, les femmes enceintes, les voyageurs devront jeûner plus tard. Conditions du jeûne de Ramadan Le début du mois de Ramadan Le début du jeûne est soumis à la vision de la lune. Le mois lunaire musulman est de 29 ou 30 jours. Le mois de Cha'aban, celui qui précède Ramadan, doit obligatoirement finir avant qu'on ne commence le jeûne. Les modalités Dès la vision de la nouvelle lune, le musulman formule l'intention de jeûner. Il commence avant l'aube. Par un déjeuner appelé "souhour" (littéralement traduit par repas de bénédiction) et prend fin le soir, avant la prière du crépuscule, avec "iftar" (la rupture). Ainsi, la particularité du jeûne musulman est d'obéir aux injonctions d'Allah pendant Ramadan. Le comportement du jeûneur Celui qui jeûne doit s'abstenir de manger, de boire, tout en s'éloignant de toute turpitude du lever au coucher du soleil. Le jeûneur retient sa langue de mauvaises paroles, de mensonge, de calomnie, de commérage ; il évite de regarder, d'écouter tout ce qui est en rapport avec ce que Dieu a interdit. Importance du jeûne de Ramadan Le jeûne est important à plus d'un titre. Il apparaît comme une régulation de la nature humaine sur le plan spirituel, physique et moral. En somme, il s’agit d'un recyclage comportemental. Le Ramadan est un mois de ferveur religieuse et spirituelle. C'est le mois dans lequel le Coran, guide suprême des musulmans, a été révélé pour servir de guidance et de direction aux hommes (Coran, Sourate 2 Verset Les cas de nullité du jeûne 1. Cas de nullité exigeant une simple réparation par un jeûne du ou des jours manqués, sans punition expiatoire : - le fait de manger et de boire par oubli ou sous la contrainte, - le vomissement volontaire, - l'accouchement et l'écoulement du sang, - le fait de manger ou d’avaler une substance quelconque, même si elle ne nourrit pas, entraîne la nullité du jeûne, - l'intention de rompre, entraîne sa nullité même si elle n’est pas réellement exécutée, - le fait de se tromper de manger, de boire ou d'accomplir l'acte sexuel en pensant que c'est l'heure du coucher du soleil ou qu'il n'est pas encore l'aube. 2. Les cas où la nullité du jeûne entraîne une punition expiatoire : Le fait de manger, de boire, d'accomplir l'acte sexuel sans contrainte ni oubli pendant un jour de ramadan entraîne une punition expiatoire consistant, soit en l'affranchissement d'un esclave, soit au jeûne de deux mois consécutifs, soit au fait de nourrir soixante pauvres. Cette expiation s’applique pour chaque jour de jeûne manqué. "Allahomma laka soumtou wa bika amantou wa ala rizkika aftartou fataqabal minni". «Ô! Seigneur, j'ai jeûné pour Toi, j'ai cru en Toi, je romps avec ce dont Tu m'as pourvu. Accepte donc de moi ce jeûne !» La nuit d'Al Qadr C'est la meilleure et la plus sainte nuit de l'année. Elle est la quintessence d'une période bénie. Ramadan est un mois saint, Lailatoul Qadr est un moment dans un moment saint. Les œuvres accomplies pendant cette nuit sont meilleures que celles de toute une vie, c'est-à-dire plus de mille (1000) mois, soit environ quatre-vingt-trois (83) ans d'adoration. La tradition prophétique nous recommande de rechercher cette nuit merveilleuse dans les dix (10) dernières nuits du mois de Ramadan. Il y est fortement recommandé de faire beaucoup d'invocations durant ces moments bénis : la mère des croyants Aïcha (Dieu l'agrée !) dit : "j'ai dit :" O Envoyé de Dieu ! si je parviens à connaître la nuit du destin, qu'est-ce que je dirai ? Et le prophète (psl) répondit : Allahoumma innaka afouwoun touhiboul afwa fa'afou anna Ô! Seigneur, Tu es indulgent, Tu aimes le Pardon, pardonne-nous donc. Source : Assiyam 2006 (revue et corrigée par la Rédaction du Cerfiste) Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 QUAND LE PROPHETE PARLE LUI-MEME DE RAMADAN ! Le texte qui suit est un sermon que le prophète (SAW) a prononcé à l'occasion de Ramadan. Discours pathétique, saisissant et hautement spirituel, il sert, aujourd'hui comme hier, à éclairer notre lanterne sur un des piliers de notre religion. “Ô vous les gens ! Le mois (Ramadan) d'Allah est arrivé avec sa grâce et sa bénédiction. Aux yeux d'Allah, ce mois est le meilleur de tous les mois, ses jours sont les meilleurs parmi les jours, ses nuits sont les meilleures parmi les nuits et ses heures parmi les heures. C'est le mois où Allah vous invite à jeûner et à prier. Allah vous donne l'occasion au cours de ce mois de recevoir les honneurs, Il est Miséricordieux. Dans ce mois sacré si vous jeûnez vraiment comme il vous a été Recommandé, alors chaque souffle aura la récompense du "tasbih" (glorification divine). Et votre sommeil aura la récompense d'une prière. Vos bonnes actions sont récompensées mieux que d'habitude et vos invocations acceptées. Alors vous devez invoquer votre seigneur de façon très dévouée avec un cœur qui est libre de tout péché et de toute souillure; et vous devez prier pour qu'Allah vous aide à faire le jeûne et à réciter le glorieux Coran. Oui ! Celui qui ne reçoit pas la grâce et la bienveillance d'Allah en ce mois est en effet très infortuné. Pendant que vous êtes en train de jeûner, rappelez-vous la faim et la soif du jour du jugement dernier. Respectez les personnes âgées, ayez de la compassion pour les jeunes et soyez aimables envers vos parents et vos familles. Gardez vos yeux de voir les choses interdites et vos oreilles d’entendre les sons qui ne doivent pas être entendus. Soyez aimables envers les orphelins de telle sorte que quand vos enfants deviendront orphelins qu'ils bénéficient de la même compassion. sympathie des autres. Invoquez Allah pour qu'il pardonne vos fautes. Élevez vos mains au moment des invocations car c'est le meilleur moment pour demander sa grâce. Quand nous L'invoquons en ce moment-là, Il entend nos prières, quand nous L'appelons, Il nous répond et quand nous demandons quelque chose, Il nous exauce. Ô ! vous les gens, vous avez fait de vos consciences l'esclave de vos désirs, libérez vos consciences en invoquant Allah pour qu'Il vous pardonne. ... suite de la page 4... ABH : J'ai franchement le sentiment de rendre service par la grâce d'Allah. Au Burkina cette fois-ci, on a fait plus de tapage que les autres fois. On a fait une émission à la télé qui va passer, ça va avoir un impact incha'Allah. En Côte d'Ivoire, les frères nous disent que vraiment ça a changé l'Islam dans ce pays. Parce que jusque-là les musulmans n'avaient pas de solution à ce problème de djinn et de sorcellerie. Ce sont les autres confessions qui avaient de la force. Mais avec ce que nous faisons, les choses se sont... Inversées et ça a augmenté la confiance des musulmans. Beaucoup de frères y ont appris la roquia et la pratiquent. Si j'ai un message pour les Burkinabé, c'est de mieux s'organiser, de mieux s'unir pour avoir de la force. L'exemple de la Côte d'Ivoire est le meilleur que je puisse voir. Toutes les associations fonctionnent ensemble, ainsi que les Imams, les intellectuels, les femmes, les jeunes ; ce qui fait que les musulmans parlent d'une seule voix. Si quelque chose est décidée, c'est décidé pour tout le monde et donc ça va très vite. Interview réalisé par Abdoul Salam OUEDRAOGO Vos dos se courbent sous le poids de vos péchés, prosternez-vous devant Allah à intervalle de temps long et régulier pour qu'il rende vos charges légères [...] Ô vous les gens ! Si quelqu'un parmi vous organise le "IFTAR" (le dîner pour rompre le jeûne au coucher du soleil) pour d'autres croyants, Allah lui donnera une récompense égale à celle prévue pour la libération d'un esclave. Et Allah lui pardonnera ses péchés mineurs [...] Quiconque peut au cours de ce mois aider un peu les domestiques, en faisant lui-même le travail qu'ils faisaient, Allah allégera son compte le jour du jugement. Quiconque ne causera pas d'ennuis aux autres au cours de ce mois, Allah le protégera de sa colère au jour de la rétribution. Quiconque respecte et traite avec générosité un orphelin au cours de ce mois, Allah le traitera avec générosité au dernier jour. Quiconque traitera bien ses parents au cours de ce mois, Allah lui accordera sa grâce le jour du jugement dernier alors que quiconque maltraitera ses parents pendant ce mois, Allah lui retirera sa grâce. Quiconque fait ses prières surérogatoires (soun-nah) au cours de ce mois, Allah le sauvera du feu de l'enfer. Ô ! vous les gens, les portes du paradis sont toutes ouvertes pendant ce mois, priez pour que ses portes ne vous soient pas fermées au nez. Cependant, les portes de l'enfer sont fermées, priez pour que ses portes ne soient jamais ouvertes pour vous. Lorsque la lune apparaîtra marquant le début... du mois de Ramadan, priez et dites "O lune, mon seigneur et ton seigneur est Allah le seigneur des mondes. O Allah bénis-moi pendant ce mois avec la paix, la sécurité et la tranquillité. O Allah, fais que ce mois soit plein de bénédictions pour moi, accorde-moi la bonté, aide-moi dans ce mois à m'éloigner de la méchanceté et des mauvaises actions.” Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 LES SIGNES DE DIEU Beaucoup ont cru que la civilisation occidentale, fortement scientiste et matérialiste, de par ses prouesses technologiques et sa maîtrise de plus en plus spectaculaire de la matière, ferait le bonheur de l'Homme. Il nous est donné cependant de constater que les gens, en Occident comme dans le reste du monde culturellement colonisé par l'Occident, souffrent beaucoup plus par absence de fin, que par manque de moyens. Ce faisant, les interrogations sur le sens de la vie se multiplient. Suffit-il de cumuler le maximum de biens pour réussir son séjour terrestre ? N'y a-t-il pas lieu de régler d'abord la question du sens de la vie ? Or la question du sens de la vie et de la mort débouche sur celle de Dieu. Dieu ? Comment se convaincre de son existence, surtout quand on est de plus en plus éduqué et habitué à une lecture cartésienne des choses ? Dans cet exercice délicat d'explication de l'existence de Dieu, il y a lieu, avant tout débat au fond, de se départir de ce réflexe naturel qui, chez l'Homme, caractérise son approche du réel, son acquisition des connaissances. En effet, l'approche humaine du savoir est dualiste. Nous déterminons le jour par rapport à la nuit, le grand par rapport au petit, le chaud par rapport au froid, etc. Autrement dit, comme disent les sémanticiens, "le sens est fondé sur la différence : il y a du sens lorsqu'il y a de la différence" (Analyse sémiotique des textes, p.13). Or Dieu, Sa Gloire, Sa Puissance, Sa Grandeur, bref Ses Attributs sont uniques et ne permettent pas une comparaison dualiste. Il n'est pas un astre parmi les astres, Il ne peut être classé dans une catégorie, dans un genre ou une espèce. L'évidence et l'éclat de sa manifestation nous aveuglent et marquent les limites de notre savoir" (Hani RAMADAN, La foi musulmane, p. 17). C’est pourquoi les textes islamiques, au lieu des représentations imagées, imaginées et imaginaires de Dieu, vont attirer l'attention de l'homme sur les traces, les signes de Dieu, étant entendu qu'Il est Lui, le Caché (al Batîn). C'est ainsi que les auteurs anciens et contemporains, s'appuyant sur le Coran et la tradition prophétique, admettent une typologie trilogique des signes de Dieu. PREMIER SIGNE : L'UNIVERS Les hypothèses sur les origines de la matière sont innombrables et beaucoup d'entre elles, qui restent au stade expérimental, ne franchissent guère la porte des laboratoires. Quoiqu'il en soit, la thèse d'une naissance de l'univers en dehors d' "une main extérieure" est de moins en moins soutenable. Au-delà même de l'argument simple mais imbattable, qui veut qu'il n'y ait pas de création sans sujet créateur, les découvertes dans le domaine de L'infiniment grand et l'infiniment petit sont telles que les scientifiques les plus sceptiques n'écartent plus la thèse d'une force première ayant présidé à la naissance de la matière primitive. On lira avec intérêt les travaux de Harun Yahya sur la théorie du big-bang, de l'expansion de l'univers, de la mort future du soleil et bien d'autres. En effet, la complémentarité et les dépendances mutuelles entre les éléments naturels, les coïncidences déconcertantes des phénomènes sont telles qu'il ne serait pas raisonnable de soutenir que le hasard gouverne ce gigantesque système. "L'ordre des choses nous détermine et nous conduit à une connaissance certaine : Dieu est. En considérant un ouvrage de broderie exécuté avec la plus exquise délicatesse et recouvrant les plus fins motifs, pourquoi devrions-nous croire - au nom de quelle science aveugle ? - que ces ornements sont le fruit du hasard, et bien plus, qu'une aiguille ait pu seule composer cet ouvrage, sans le recours d'une main habile ? Ou encore, que le fil est venu se glisser fortuitement dans le chas de cette aiguille ? Une fleur qui croît sur de la boue infecte et fade, mais qui profite tout autant du soleil et des pluies, qui donne son parfum et offre sa couleur, couleur qui est un langage pour les abeilles et les insectes en quête de nourriture, grâce à laquelle est produit le miel qui est si doux à notre palais, constitue une preuve évidente et éclatante de l'existence de Dieu." (Hani RAMADAN, op. cit. p. 25) Mais c'est le Livre de Dieu qui se charge d'illustrer le mieux cet état des choses : "En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l'alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d'intelligence, qui, debout, assis, couchés sur les côtés, invoquent Allah et méditent sur la création des cieux et de la terre (disant) : Notre Seigneur! Tu n'as pas créé cela en vain." (Coran S3 V190) "...Certes, dans la création des cieux et de la terre, dans l'alternance de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue en mer chargé des choses profitables aux gens, dans l'eau qu'Allah fait descendre du ciel, par laquelle Il rend la vie à la terre une fois morte et y répand des bêtes de toute espèce, dans la variation des vents, et dans les nuages soumis entre le ciel et la terre, en tout cela il y a des signes, pour un peuple qui raisonne" (Coran, S2 V163-164). DEUXIÈME SIGNE: LA FITRA OU LA CONSCIENCE INNÉE DE DIEU En plus des signes contenus dans l'univers qui témoignent de l’existence de Dieu, le second témoignage de la transcendance n'est pas en dehors de l'homme mais en lui-même. En effet, aux termes du verset 172 de la sourate 7, tous les êtres humains sont liés à Dieu (exalté soit-Il) par un pacte qu'on peut qualifier de pré-existentiel : "Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d'Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : "Ne suis-Je pas votre Seigneur ?" Ils répondirent : "Mais si, nous en témoignons...", afin que vous ne disiez pas au jour de la Résurrection : "Vraiment, nous n'y avons pas fait attention." Est-ce cette marque divine congénitale qui amène certains non-croyants - mêmes ceux qui revendiquent un athéisme radical et extrémiste - à aimer la vérité et le bien, à exécrer le mensonge et le mal, et surtout à se poser des questions existentielles : d'où je viens ? Pourquoi suis-je ? et après la mort ? etc. Mais les influences extérieures sont énormes et multiformes (la famille surtout, mais aussi l'école, les médias, les traditions, les amis...) à telle enseigne que l’instinct religieux finit par se muer, dans le meilleur des cas, en une indifférence vis-à-vis de la religion, et dans le pire des cas, en sa négation (athéisme) ou sa perversion (polythéisme). Le Prophète (psl) disait en ce sens : "Tout enfant naît selon la Fitra ; ce sont ses parents qui en font un juif, un chrétien ou un Zoroastrien." (Hadith rapporté par Boukhari & Muslim). Suite page...8 Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 LA PHILOSOPHIE DE RAMADAN Le jeûne du Ramadan se présente en islam comme une obligation qui s’insère dans l'histoire des Révélations qu'elle poursuit et complète : "Ô vous qui croyez, le jeûne vous est prescrit comme il l'a été à ceux qui vous ont précédés (aux religions antérieures). Peut-être atteindrez-vous la piété." [1] Ce verset a été révélé durant la deuxième année de l'hégire, à Médine, alors que la communauté musulmane se constituait en société organisée. Et s'il était tout à fait clair, pour toutes les musulmanes et tous les musulmans, que cette obligation engageait leur personne à respecter, de façon personnelle, l'injonction divine, il leur paraissait tout aussi explicitement que les privations durant ce mois sacré devaient s'accompagner d’un surcroît d’engagement pour le bien et la solidarité sociale. Aujourd'hui comme hier, sans boire, ni manger, loin des habitudes de la vie quotidienne et de ses plaisirs, les musulmans cherchent à se rapprocher de Dieu. Cette rupture d'un mois par rapport à la normalité est propre, plus que tout autre à développer en eux les aspirations spirituelles et la vie du cœur. Ensemble, ils se doivent de pratiquer et de rompre le jeûne et ensemble ils se retrouvent pour les prières de la nuit (tarawîh) qui sont un supplément dans la pratique quotidienne. Car le Prophète Muhammad avait encouragé les musulmans à redoubler d'efforts dans l'accomplissement de la prière de la nuit, à lire le Coran, à effectuer une retraite spirituelle et à multiplier les dons : "La meilleure des aumônes est celle effectuée pendant le mois de Ramadan." C'est dire combien ce mois devrait être un mois de recueillement, de recul par rapport aux préoccupations du monde. En ce sens on ne saurait trop dire combien est trahie cette spiritualité quand on observe le comportement de certains musulmans qui, confondant la nuit et le jour, dorment pour jeûner et préparent des festins journaliers pour se nourrir. L'esprit du jeûne exige très exactement l'attitude inverse et le Prophète de l’islam avait exprimé, dans le sens bien compris de la plénitude de cet acte de foi, que le meilleur des jeûnes était celui du cœur. Pour peu donc que l’on se débarrasse des tares ingurgitées depuis l'enfance, pour peu que l'on observe attentivement les signes ; l'on se tournera vers Dieu "tout comme la plante s'oriente vers le soleil, ou comme le nouveau-né se tourne d'instinct vers le sein de sa mère" (Hani RAMADAN, op cit, p25). TROISIÈME SIGNE : LA RÉVÉLATION La révélation est le signe ultime et évident de la transcendance. En effet, l'on peut passer facilement à côté des signes contenus dans l'univers ; quant à la fitra, comme évoqué plus haut, elle n'est pas à l'abri des influences externes. Par conséquent, abandonné à lui-même, l'homme peut se perdre. Durant ce mois, plus que durant tout autre, les musulmans doivent s'unir pour défendre la justice sociale. Car jeûner c'est aussi, pour chaque fidèle, faire l'expérience de la privation, de la faim et de la soif. Pour tous, c'est le rappel qu'il existe des droits élémentaires et qu'il convient de se mobiliser ensemble contre les fléaux de la misère et de la faim. sous-alimentation. Cette dimension de solidarité participe du même acte de culte, de la même sacralité ; elle en épouse tous les contours et inscrit en l'homme, au moment même de sa reconnaissance du Créateur, la réalité de son destin avec les hommes. Son humanité. Le Prophète Muhammad s'est toujours efforcé de rendre clair à la conscience des croyants cet horizon de la solidarité essentielle et impérative. Et ce jusqu'à l'imposition de la zakat al-fitr (aumône très recommandée) que les musulmans doivent verser juste avant la fête de la fin du Ramadan et qui est destinée prioritairement aux pauvres. Même sans la lumière de la révélation, l'homme risque fort de se perdre dans sa quête de Dieu malgré sa bonne foi et sa bonne volonté, malgré la quantité des signes qui l’entourent. Combien sont-ils ceux qui, malgré une soif aiguë de spiritualité, ont fini dans l'escarcelle des gourous, des sectes ou de quelques marchands de "Ciel" ou de "Vie éternelle" ?! Et les philosophes dans tout ça ? Eux aussi ont proposé des réponses. sur l'origine et le sens de la vie, de la mort, du temps, de l'espace... Mais leurs thèses, si elles ne se contredisent pas entre elles, finissent par s'effondrer sous l'effet du temps ou de l'Histoire. C'est pourquoi les penseurs les plus sages et modestes ont dû se résoudre à reconnaître les limites de la pensée humaine sur les questions aux pauvres : "Épargnez-leur la mendicité en ce jour (jour de fête)", parce que c'est leur droit, à tout le moins, de pouvoir rester dignes en ce jour. C'est par ce même élan qui doit offrir un jour, au moins, de "plus de justice" que les musulmans devraient être mus, le reste de l'année, pour relever le défi d'aujourd'hui où quarante mille personnes par jour meurent d'inanition. Parce que ce ne peut être acceptable, parce que c'est un non-sens... Les croyants, comme tous les hommes, sont responsables devant Dieu de cette folie. Pratiquer le jeûne, dans l'intime proximité de Dieu, c'est ne jamais l'oublier : "Il n'est pas croyant celui qui parmi vous dort repu, alors que son voisin a faim. [3] [1] Coran 2/183 [2] Tradition prophétique (hadith) rapporté par Tirmidi [3] Rapporté par Boukhari Tariq RAMADAN existentielles et métaphysiques. Et bien, où s'arrêtent les réflexions et les pensées les plus élaborées, commence la révélation, c'est-à-dire, discours de Dieu aux hommes par le biais d’hommes pris parmi eux, afin de leur rappeler Dieu et de les guider sur le chemin qui mène à Lui. Mais si la révélation est le signe des signes, la dernière révélation est la révélation des révélations : - parce que sur le plan de la forme, elle constitue un chef-d'œuvre littéraire, - parce que dans le fond, elle fait l'économie de ses devancières, énonce des vérités scientifiques et édicte des règles juridiques et sociologiques que ni le temps, ni l'espace ne rendent obsolètes. H. YAMEOGO Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 Islam, les questions qui fâchent de Bruno ETIENNE L'auteur Voilà ce que dit de lui un site indépendant (le petit palace) pris au hasard sur Internet : Bruno Etienne est un universitaire de renommée internationale. Ses travaux sur les religions et la politique sont unanimement appréciés. Et pourtant, il n’a pas peur de quitter les sentiers battus pour inviter son public à une gymnastique intellectuelle des plus ébouriffantes. Il appartient à cette catégorie de personnes qui sait nous faire comprendre qu'il n'y a rien de plus stérile qu'un regard figé sur des événements. C'est ce que j'ai l'habitude d'appeler la "conversion du regard" : apprendre à regarder autrement, modifier son propre point de vue (au sens quasi géographique du terme), se détacher de la pensée dominante, tourner et retourner les faits dans tous les sens, penser tous les protagonistes, cultiver une réflexion mobile. Chercheur et enseignant, Bruno Etienne dirige l’observatoire du religieux à l'Institut d'Etudes Politiques d’Aix-en-Provence. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Les amants de l'apocalypse (édition de l'Aube), La France et l'islam, L'islamisme radical, Être bouddhiste en... France aujourd'hui, La France face aux sectes (Hachette). Comme Mohamed Arkoun, Régis Blachère, Louis Massignon, Denise Masson, Maxime Rodinson, etc., Bruno Étienne fait partie de ces orientalistes qui s'intéressent à la question islamique. Mais à l'inverse de la plupart des orientalistes de France, Bruno Étienne est de ce cercle restreint de chercheurs qui se distinguent par leurs efforts d'objectivité dans l'approche de la question islamique, par leur refus de verser dans la haine viscérale et le subjectivisme contre l'Islam; toute chose qui leur vaut un lot de qualificatifs désagréables tendant à les discréditer aux yeux d'un grand public occidental pas toujours au fait de l'histoire et des valeurs culturelles islamiques, et par conséquent malléable à souhait par les médias téléguidées et les intellectuels suffisants. En effet, B. Étienne paie souvent cher son refus de s'aligner dans la pensée unique et dominante en Occident. L'on se souvient des attaques multiformes qu'il avait essuyées de la part de Certains de ses collègues (universitaires et chercheurs) et de certains auteurs français, lorsqu'il avait accepté de présider la soutenance de la thèse que Tariq RAMADAN a soutenue à la faculté des Lettres de Genève sur l'œuvre de Hassan al Banna. À cette occasion, une pourfendeuse acharnée de T. RAMADAN, Caroline Fourest, dans son livre Frère Tariq : Discours, stratégie et méthode (véritable compilation d'attaques contre T. Ramadan) n'a pas eu honte d’écrire que le grand professeur émérite B. ETIENNE est un "Orientaliste peu exigeant au niveau scientifique et surtout complaisant vis-à-vis de certains mouvements se revendiquant de l'islam politique" et ayant "mis sa caution universitaire au service de Tariq Ramadan." Elle poursuit : "En 1998, il (Bruno Etienne) lui (T. RAMADAN) a permis de valider une thèse à la gloire de Hassan al-Banna (le fondateur des Frères musulmans) qu'un premier jury, composé de fins connaisseurs du réformisme musulman comme Ali Merad, avait jugé trop partisane pour être considérée. comme "académique". Vous comprenez donc que des intellectuels comme B. ETIENNE n'ont pas de chance d'être connus du grand public d'ici et d'ailleurs, car les grands lobbys médiatiques, ou bien rechignent à les médiatiser, ou bien le font en noircissant leur portrait. Même si le point de vue d'un Bruno ETIENNE, tout comme celui d'un François BURGAT ou d'un Roger GARAUDY, au regard de leur éducation ou appartenance religieuse, de leur parcours académique, leur environnement socio-culturel et de leur profil de chercheur indépendant, peut souvent se discuter du point de vue de l'orthodoxie musulmane, il reste que c'est un devoir de mémoire et de justice, de faire connaître leurs travaux. Votre journal s'y est engagé. L'ouvrage Islam, les questions qui fâchent comporte 171 pages réparties en quatre (04) sections : Section 1 : Islam et Religion(s), p15 à 55 Section 2 : Islam et Histoire, p55 à 67 Section 3 : Islam et Politique, p67 à 109 Section 4 : Islam et Modernité, p109 à 141. Le titre de l'ouvrage de Bruno Etienne peut tromper. Pourtant, il n'en est rien. Il le dit lui-même tout de suite au préambule : "À propos de l'islam, un certain nombre d'interrogations caractéristiques reviennent chez les Français non musulmans. Loin d'être toutes pertinentes, ces questions retiennent notre attention dans une perspective pédagogique : y répondre contribue à lutter contre les fantasmes, les brouillages, les amalgames rapides et les approximations devenus dramatiquement répétitifs ces dernières années, que ce soit à propos de l'Algérie ou plus récemment les événements du Proche et du Moyen-Orient. Un certain nombre d'événements, concernant apparemment l'islam, s'est produit durant les trente dernières années, qui nous obligent à regarder au-delà de notre petit espace français. Ils s'inscrivent dans une perspective politique, géostratégique et économique (hydrocarbures, risque de prolifération nucléaire,...). Ils ne sauraient donc se réduire à leur seule dimension religieuse". Islam et religion(s) Bruno Etienne, se demande Qui sont les musulmans ? Dans cette section de loin la plus longue, l'auteur s'évertue à décrire les musulmans, en introduisant la notion de l'unité dans la diversité. Il donne d'abord un chiffre : les musulmans sont environ un milliard d'individus répartis sur tous les continents. Statistique que l'auteur s'empresse de nuancer étant donné que cette donnée quantitative cache souvent une réalité plus élevée. Il s'ensuit une précision sur la nécessité de ne pas confondre musulmans et arabes. "Les enlèvements d'otages en Indonésie en 2001 et la guerre en Afghanistan (2001-2002) ont fait réaliser aux Européens qu'il y avait plus de musulmans "asiatiques" que d'Arabes ! Il explique bien qu'il existe des Arabes non musulmans en Égypte, au Liban, en Syrie, des Chrétiens palestiniens et des Juifs arabophones venus du Yémen ou du Maroc, sans oublier les musulmans berbérophones, turcophones, slaves bosniaques, albanais, mongols, etc. Il faut donc se garder de présenter, positivement ou négativement, l'islam comme un. uni, unique, univoque, identique. Islam et histoire Une question importante soulevée dans cette partie, c'est cette question que se posent beaucoup d'occidentaux qui méconnaissent le rôle et la place de la raison chez les musulmans : pourquoi l'islam ne peut-il aujourd'hui faire usage de la raison critique à l'égard de la production du Coran et à l'égard de sa tradition. Question impertinente à la réalité car l'auteur démontre que la raison, le libre arbitre, la liberté ne sont pas étrangères à la pensée musulmane, bien au contraire. Mais il précise que l'obstacle à l'utilisation de la raison critique tient donc à une tout autre cause : les musulmans croient en l’inimitabilité et au miracle du texte révélé, incréé, à sa perfection liée à "une langue claire et évidente". À la fin de cette rubrique, dans un chapitre intitulé "vers un retour de l'intelligence libre", l'auteur estime que la fermeture des portes de l'ijtihad est due à la dictature politique dans la plupart des pays arabes et non à une impossibilité générale ou essentielle de raisonner. Il nous semble aussi qu'une des raisons profondes de la fermeture des portes de l'ijtihad se trouve dans la peur de falsification du texte original (Coran), donc au souci de protection du texte sacré contre la démultiplication des pensées et des visions plus ou moins déviantes. ... suite page 12 Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA LAÏCITÉ Le CERFI lève le voile sur un sujet tabou Le Cercle d'Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques a organisé du 24 au 26 août 2007 à Ouagadougou un colloque international sur la laïcité sous le parrainage de M. Sékou BA, Ministre des Ressources animales et placé sous la thématique générale : "Quelle laïcité pour une société plurielle et prospère ?" Cette importante manifestation qui a réuni des sommités du monde musulman, des représentants de la société civile et de l'administration publique, des universitaires... a permis de donner aux participants des bagages et des arguments nécessaires Pour mieux faire face aux réalités nouvelles d'un monde en proie aux interprétations de tous bords du concept de la laïcité, la cérémonie d'ouverture qui a eu lieu le vendredi 24 août dans la salle de conférence du Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC) a enregistré la présence de nombreuses autorités religieuses et administratives et d'un public composite venu suivre la conférence prononcée par le frère Yacoub Mahi de Belgique sur le thème "Quelle laïcité pour une société plurielle et prospère ?". Il a appelé, au-delà du concept de la laïcité, à une compréhension du processus historique et à une conception philosophique qui est née de la tradition de la Renaissance et plus tard des Lumières. Les travaux du colloque se sont déroulés sur trois jours et ont été marqués par des communications et des panels. Ainsi, la première communication a porté sur l'approche conceptuelle et juridique de la laïcité. Cette communication présentée par le Pr. Luc Ibriga de l'Université de Ouagadougou, a consacré l'éclairage sur L'approche de la laïcité comme un concept unique dans son principe, mais pluriel dans son vécu. La démocratie étant son cadre d'éclosion, c'est l’universalité des principes, mais la relativité dans la pratique. La deuxième communication a été prononcée par le Pr. Momar Kane sur le thème : "Le fait religieux et l'école laïque". Il s'est agi pour lui d’élucider dans un premier temps les termes impliqués dans la formulation du thème et dans un second temps d'élaborer des axes qui plaident pour un enseignement spirituel dans l'École de la République. Ainsi, plusieurs définitions seront proposées pour le mot laïcité dont l'essentiel se résume dans le partage des aires d'influence de la religion et de la politique. Le Professeur s'est appesanti sur le processus qui en France, a mené à la laïcisation de l'éducation nationale. C'est en réaction à un certain nombre d'exactions de l'Église à l'égard de la science et des savants, de son intolérance interne et de son implication avec le pouvoir féodal que le mouvement Intellectuel a prôné l'école laïque. Pour le Professeur, la justification d'un enseignement spirituel à l'école de la République tel qu'il le prône tire sa source entre autres des raisons qui suivent : - La nécessité de repenser une école qui répond aux besoins de nos pays en voie de développement ; - La relance de la scolarisation chez les populations islamisées ; - La restauration de la vocation de l'école qui forme dans sa totalité y compris sur le plan de la spiritualité ; - Le caractère de moins en moins convaincant et opératoire dans nos sociétés où l'école laïque héritière de celle coloniale n’a pas résolu les problèmes. La dernière communication a été animée par Maître Ahmed Simozrag sur "Religion et appartenance à une nationalité". Pour le conférencier, le musulman peut habiter partout sur la terre où bon lui semble. Il doit seulement faire le bien et éviter le mal. L’humanité confère à l'homme une appartenance universelle. Dieu a envoyé le prophète (psl) pour toute l'humanité. Le caractère universel de L'Islam fait donc du musulman un citoyen du monde. La communauté est basée sur l'appartenance à une même foi, à un même témoignage. L'affiliation communautaire constitue l'affiliation réelle. S'agissant des panels, le premier qui a porté sur "Écoles confessionnelles et laïcité" a été animé par Yacoub Mahi, le Pr. Cissé Amidou de l'Université de Ouagadougou et Yacoub Traoré du CERFI. Le deuxième panel qui a porté sur "Pratique religieuse et problématique de la laïcité" a été animé par Maître Ahmed Simozrag, Dr. Traoré Bakary du Département d'Histoire et Archéologie de l'UO et Ismaël Tiendrebéogo du CERFI. Le dernier panel quant à lui portait sur "Quel engagement politique des religieux dans un État laïc ?" et a connu la contribution de trois communicateurs : le Pr Momar Kane du Sénégal, Mamadou Drabo et Ismaël Tiendrebéogo tous deux du Burkina (CERFI). Aux termes des travaux, les participants ont adopté une (01) motion de remerciement à l'endroit des communicateurs et trois (03) motions de recommandation. portant sur : "Les écoles confessionnelles musulmanes" ; "L'institutionnalisation du colloque" ; "La création d'un observatoire sur la laïcité". En marge des travaux du colloque, des conférences publiques ont été organisées. Ainsi, on a eu : "Citoyenneté et spiritualité" avec Yacoub MAHI ; "La longue marche des musulmans : défis et enjeux" avec Momar KANE et "Zakat, Waqf et Développement" prononcée par Me Ahmed Simozrag. En plus, ces trois conférenciers ci-dessus cités ont assuré du 27 au 29 août une session spéciale de formation islamique sur le thème "Comprendre les sources de l'islam". Ainsi, les participants ont pu suivre avec intérêt de riches prestations sur les sujets suivants : "L'immuable dans le coran à la lumière de l'histoire" ; "Repenser la place de la sunnah en islam" et "Fonction et finalité des piliers de l'islam". Synthèse de Hamadé Bambara (Source : Rapport Général du Colloque) Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 CONFERENCE D'OUVERTURE EN INTEGRALITE Quelle laïcité pour une société Plurielle et prospère ? Le CERFI a organisé à Ouagadougou du 24 au 26 août 2007, un colloque international sur la laïcité. À l'occasion de la cérémonie d'ouverture de cette importante rencontre, Yacoub MAHI, Professeur de religion islamique à Bruxelles en Belgique, a prononcé une conférence sur le thème du colloque : "Quelle laïcité pour une société plurielle et prospère ?". Nous vous proposons en intégralité cette riche communication. Il est important de préciser le parcours du concept et définir les contours de cette notion tout en définissant les paramètres de la laïcité. La réflexion est importante quand on sait combien la mise en situation des représentations négatives de l’islam est d'actualité. Nous allons éviter de tomber dans un simplisme caricatural considérant la laïcité comme anti-islamique ou antireligieuse. Ainsi, il est important de comprendre l'ensemble des articulations, car au-delà du concept, il faut comprendre le processus historique et la conception philosophique qui sont nés de la Tradition de la Renaissance et même des Lumières. Ainsi, la laïcité est une forme d'organisation juridique qui émane du processus de sécularisation, qui va fonder en société toute une nouvelle structuration socio-politique. Il faut avoir à l'esprit que le processus de sécularisation avait pour souci d’acquérir l'autonomie de l'homme et la séparation des sphères entre Religion et État. L'acquis est alors, la distinction des domaines et des champs de réflexions. Il faut savoir également que ceci est lié à la tradition catholique. Ainsi, la laïcité vise l'autonomie de l’être face à l’autorité du dogme. L'Église imposait de ne penser qu'à l'intérieur de son champ de référence. La Renaissance sera donc, le début de l'autonomie du champ rationnel face au champ religieux; c'est la révolte de la raison face à l’oppression de l’institution. Étant un processus de libération, la laïcité donne donc naissance à: - Séparation de la Religion/État, le champ politique est fondé par le bas. sur la Raison et le champ du dogme est fondé par le haut, sur base de la Révélation. - Liberté de conscience sur le plan individuel, l’homme est libre de croire ou pas ; - Liberté du culte sur le plan collectif, droit à l'organisation d'un culte ; - Neutralité de l'État face aux religions dans un traitement égalitaire avec tous. Ainsi, le champ de l'adoration, de la foi et celui des transactions sociales sont distincts. Cet acquis permettra le droit à s'organiser et à se structurer ainsi qu'à revendiquer sa citoyenneté pour tous. - Promotion de l'individu et de l'autorité de la raison ; - Liberté de l'homme de choisir ou pas ; - Progrès défini par la notion de séparation des sphères ; - Pluralisme, diverses conceptions peuvent vivre ensemble. Au moment où des peuples entiers sont amenés à vivre ensemble dans une société en quête d'horizon, les religions interpellent nos sociétés en vue d’élaborer un projet humaniste. Celles-ci ne peuvent être cantonnées à l'espace privé car des questions d’ordre Philosophique, touchant à la vie publique persistent, tant à propos de la mort que de la vie. La laïcité, résultat d'un long processus de sécularisation, est le fruit d'un combat de la société civile contre l'emprise du dogme sur la vie publique et contre l'institutionnalisation du religieux comme seule autorité suprême sur la vie des hommes. Elle engendra la privatisation de la foi afin d'être libre socialement. La sécularisation, dimension juridique de la laïcité, n'est pas l'effacement de Dieu ou du religieux mais une distanciation face à sa structuration. Ceci étant, il est tout à fait possible d'inscrire la religion dans l'espace public sans verser dans le laïcisme qui serait l’effacement, la "mort de Dieu", sa non-évidence. Bien qu'il ne faille pas confondre la foi et une réalisation temporelle de celle-ci, faut-il créer une bipolarité entre public et privé tout en sachant que le spirituel n'est nullement antinomique avec la société civile ? La religion est une médiation entre le privé et le public. Elle motive individuellement l'action du champ social. Écarter le religieux du champ public reviendrait à éveiller des revendications identitaires, qui s'érigeraient en une volonté de régulation institutionnelle idéologique et communautariste. Le religieux et le politique sont deux sphères inter-communicantes. L'espace du religieux est celui d’une entreprise et d'une exploration du possible pour y affirmer et confirmer une "citoyenneté spirituelle", une présence et un engagement responsable, façonnés par le cheminement de la foi. Cet espace serait inspiré par cette dernière, sans en dogmatiser l'approche citoyenne. La religion crée un repérage spatial, une incorporation à un ordre du monde, du fait de sa connexion à des pratiques publiques. En Europe, la validation du croire est ancrée en la législation et nos sociétés portent une forte charge culturelle des formulations de la foi judéo-chrétienne. ...suite page 12 Le Cerfiste N° 005 septembre 2007 VIE DU CÉRFI Suite de la En effet, c'est une culture dominante qui s'approprie de façon naturelle les critères de références de son univers et, chaque société y fait face selon son type de régulation du religieux par des mécanismes qui participent de son histoire. Aujourd'hui, il est impossible de nier le multiculturalisme qui interpelle tant les structures et la philosophie qui sous-tendent notre société sécularisée. Cette pluralité des systèmes normatifs en leurs sources juridiques, engendrant un dynamisme philosophico-théologico-éthique, favorise le "vivre ensemble" dans un équilibre des sphères, en fonction de la vertu de la distance, au sein de l'espace public, lieu de construction d'une raison collective. Ce "vivre ensemble" consiste en une exigence, celle de savoir avancer, se repenser, se déplacer, mais toujours en fidélité avec ses sources. Notre société est celle des dieux de la laïcité, du sectarisme, de l'athéisme, du relativisme, de la post-modernité, du nihilisme. La nécessité d'une nouvelle culture, Celle d'un "polythéisme" sociétal, est la condition sine qua non de la sauvegarde de notre humanité. Il ne s'agit pas d'un polythéisme juxtaposant plusieurs monothéismes parallèlement en une coexistence institutionnelle et structurelle, mais bien d'une espérance de voir naître une "théologie" vivante et intégrative de l'autre, une "théologie de témoignage co-inclusif". C'est donc au système juridique de veiller à établir une échelle des valeurs au sein de l'encadrement hiérarchique qu'est l'État, en vue de la sauvegarde de l'intérêt général et particulier. La référence devra y être triple : juridique, éthique et philosophique. Le consensus moral public en serait le modus operandi. Notre société se définit comme neutre. Un espace "neutre" n'est pas un espace libre de toute conviction religieuse. Cela reviendrait à faire de l'éradication de toute expression religieuse une règle de droit positif ; ce qui constitue une logique totalitaire. À une neutralité "négative" consistant à effacer toute visibilité du religieux, s'oppose une neutralité dite "positive" qui tolère l'expression des spiritualités en public. La neutralité n'entrave pas et n'étouffe pas les convictions religieuses mais ne les laisse pas influer sur l'État, ni même sur le multiculturalisme sociétal. La neutralité veille à ce que l'expression et la visibilité du religieux soient un droit, elle consiste en un horizon à entretenir en vue de permettre au droit d'y être exprimé. L'exemple de l'islam est significatif, car il n'est pas une religion au sens religieux du terme, ... suite de la page 9 Quoiqu'il en soit, l'auteur estime que l'ouverture se fait du côté de l'Occident avec des penseurs musulmans comme Souheib Ben Cheikh, Tariq Ramadan, etc. Islam et politique Les questions fondamentales soulevées dans cette section sont : l'Islam peut-il séparer le spirituel du temporel, le politique du religieux ? Que comprendre par laïcité ? Quel est le rapport de l'islam à la République ? Cette dernière interrogation est de loin la plus importante dans L'ouvrage mérite d'être lu à plus d'un titre. L'auteur y situe historiquement la présence musulmane en France (XIe, XIIe s.), le rapport du Maghreb avec la France, pour en venir à cette vérité que la république française doit aux musulmans, plus que les musulmans ne lui doivent comme on l'entend pour la tradition chrétienne. Adhésion au projet divin, il se veut être le lien avec le Transcendant, mais aussi avec la société. Établissant une distinction entre sphère publique et privée, il les approche avec une méthodologie différente tout en les investissant du rappel de Dieu, car, "Dire Dieu, c'est dire que la vie a un sens", comme dit Roger Garaudy. L'islam enseigne d'avoir une fidélité aux principes révélés tout en ayant une approche rationnelle des textes. La source en est la même, le Coran ; mais l'articulation du rapport est différente. Le débat proposé est présenté tel un combat entre cléricaux et anti-cléricaux, entre laïcs et religieux, entre démocrates et fascistes, entre conservateurs et réformistes. ou encore, entre traditionalistes et modernistes. Donc, la relation entre les sphères État/Religion devient, aujourd'hui, en proie à une Islam et modernité Comment expliquer le rapport de l'islam à cet ensemble de concepts qui font l'actualité : la violence, le genre, le djihad, le pluralisme politique et culturel ? Pourquoi l'islam accepte-t-il la polygamie et la répudiation et pourquoi tant d'interdits ? Pourquoi le port du voile ? Autant d'interrogations légitimes auxquelles B. ETIENNE, loin de donner des réponses partisanes comme le font beaucoup d'orientalistes et d'islamologues tendancieux, s'appuie sur des sources de l'Islam et de l'actualité, pour fournir des réponses objectives. Certes, on peut trouver à redire sur certaines de ses prises de position par rapport au djihad, au terrorisme, à l'islamisme, mais son discours est en somme une invite à une véritable ouverture du dialogue aussi bien du côté des musulmans que du côté de l'Occident. Dans sa conclusion, B. ETIENNE aborde une mutation profonde. C'est pourquoi, il est indispensable de considérer de nouveaux modes alternatifs de résolution de conflit entre ces deux espaces. Trois scénarios sont possibles : soit l'isolation, qui crée le communautarisme ; soit l'adaptation qui crée la perte de son identité ; ou alors la contribution par laquelle il sera donné, à notre société, de vivre la diversité de ses mémoires et, à l'éthique humaniste de pouvoir contribuer au futur. J'inscrirai ma démarche de citoyen musulman en m'alignant sur la parole du Maître Sadek Charaf, (1936-1993) - sainteté sur son âme - qui commentant le verset coranique ''{Et ce sont là des jours d'expériences que nous faisons trépasser entre les humains}, explique que "le tré-passement des expériences est le laboratoire de la foi." Yacoub MAHI (Belgique) Le rapport Islam Occident fait des précisions terminologiques sur les concepts délicats d'"occident" et d'"islam" avant de faire quelques constats qui donneront à réfléchir à plus d'un : - Toutes les guerres de religion confondues ont Fait, en deux mille ans, bien moins de morts que les guerres laïques de 1914-1918 et 1940-1945. Si l’on y ajoute les morts du stalinisme et du totalitarisme athée sans oublier les Khmers rouges et la Chine, ne serait-ce qu'au Tibet, la comparaison devient encore plus insupportable. Les musulmans ont été, depuis le partage de l'empire Ottoman, bien plus victimes qu'assassins. Il a fallu des victimes civiles américaines en Amérique pour que le monde “libre" prenne en compte le terrorisme alors que les victimes principales en sont massivement les musulmans eux-mêmes depuis plusieurs décennies. Abdoulaye GUITTY (bibliographie) Le Cerfiste N° 004 juin 2007 bibo:issue 5 bibo:numPages 12 -- o:id 12084 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12084 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12096 19738 19739 19740 19741 19742 19743 19744 19745 19746 19747 19748 19749 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/264b579c66335a3df8fc387fe03073c0e70035c1.pdf https://islam.zmo.de/files/original/531ff38c5c07360bb132c0d9ef3402fc641485ef.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/c6c056cee9f1b7e7c4e812e10105af8b23d1e286.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/778fec3ec4bdf5ae1a36dd849212c2b9800af85d.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/1d3777e471c7db7ca42612c4e44d3817f24511ef.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/7b10f7cface8d44e165813949eccbc4f405b0606.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/7e3aaf15c750a93e9a539c5e8ba9f389501ecdf2.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/acfba1709e799cfde90b916fbc6346e6a3a19b62.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/5115486776bf6250aa3346477b92d5c28977c6bc.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/005cd6ea492608debf95a5d426dfc29738f3a685.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/9a9b9068501e9802a4b3c0feb28bbe5e2722830d.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/cb8cc697ccc2ef9933de0defc3b208579e6f44fd.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/5770d5e346870d4e63925e4d2b3e4217b00e48ad.jp2 dcterms:title Le CERFIste #4 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/146 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/161 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/5 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/600 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1180 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/572 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/80 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/81 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/83 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/23138 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2007-06 dcterms:identifier iwac-issue-0000543 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/311 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/319 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/443 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Études, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) 2004 N° 004 CERFI "TOUT EST URGENT DANS NOTRE COMMUNAUTÉ" ÉDITORIAL LAÏCITÉ EN TURQUIE Tout comme la France en 2003, la Turquie s’est donnée en spectacle au monde entier pour un simple morceau de tissu. Décidément, laïcité quand tu nous tiens ! Au nom de la défense du caractère laïc de l'État turc, la candidature d’Abdullah Gül, ministre des Affaires étrangères, au poste de président de la république, a donné lieu à une levée de boucliers de la part d’une certaine opinion nationale et même internationale. On lui reproche simplement d’avoir une épouse qui porte un foulard. Pour cela, à deux reprises, sa candidature a échoué devant le Parlement faute de quorum suffisant. Des élections anticipées au suffrage universel sont donc prévues le 22 juillet pour que le peuple lui-même fasse l’ultime arbitrage. Mais cette crise politico-religieuse n’a pas encore livré tous ses secrets quand on connaît la complexité du pouvoir d’État en Turquie. Elle laisse apparaître avant tout, l’ambiguïté du concept de laïcité et de l’usage pervers qui peut en être fait. Füsun Üstel souligne que la laïcité est “un mot piège”, qu’elle “peut être réelle ou supposée, juridique ou politique, officielle ou civile” et que “la nature même de chaque religion, avec les dynamiques de chaque pays considéré, font que la laïcité devient un terme et une pratique relatifs exigeant une réévaluation du contexte dans lequel ils s’opèrent.” En rappel, c’est à partir de 1924 que Mustafa Kemal (Atatürk) a fait de la laïcité le principe fondateur de la nouvelle Turquie républicaine née sur les ruines de l’Empire ottoman. Cette laïcité d’un genre nouveau n’est pas une laïcité de séparation : l’État garde un contrôle sur l’islam officiel. Le port du voile est interdit à l’école et dans toutes les institutions publiques, mais l’État contrôle quand même la pratique religieuse sous toutes ses formes avec 80 000 fonctionnaires. Cette « révolution culturelle » menée avec un zèle ostentatoire a plongé la Turquie dans un imbroglio civilisationnel. Ainsi la Turquie, pays laïc à 99 % musulman, vit-elle plus que jamais sur des contradictions entre “autoritarisme laïque” et “démocratie islamique”. Par ailleurs, elle reste une démocratie très spéciale où l'armée continue à intervenir dans le jeu politique sous diverses formes. Selon toute vraisemblance, c’est encore elle qui est au centre de cette nouvelle instabilité politique ; les militaires voulant à tout prix préserver leur pré carré. Sinon, en quoi un président doté d’une épouse voilée pourrait représenter un “danger sans précédent” pour la République ? C'est plutôt parce que le chef de l’État a le droit de nomination aux postes-clefs de l’administration, de la magistrature, mais aussi de l’armée. D’où l’opposition farouche des généraux. Il n’est un secret pour personne que les “laïcs” qui ont manifesté, sont en réalité minoritaires. De plus, leur mouvement a été conçu et organisé par les militaires sous couvert d’associations civiles comme celle de la Pensée d’Atatürk, dirigée par un général putschiste à la retraite. Toutefois, depuis le début de cette affaire, on n’a pas entendu la majorité de la population, fidèle à l'AKP, celle qui ne manifeste pas et qui attend de prendre sa revanche dans les urnes. En effet, moins d'un quart des Turcs estiment que la laïcité soit réellement en danger en Turquie. En somme, s’il est vrai que c’est moins la laïcité qui est en cause ici, il faut néanmoins reconnaître que la Turquie paie aujourd’hui le prix de certains choix impondérés d’Atatürk. La Rédaction Le Cerfiste N° 004 juin 2007 Interview avec le Président du CERFI "TOUT EST URGENT DANS NOTRE COMMUNAUTÉ" Le Cerfiste a rencontré le nouveau Président élu du Bureau Exécutif National (BEN) du CERFI. Le frère Cheick Sidi Mohamed KONE a été appelé à cette fonction lors du dernier congrès du Cercle tenu du 29 mars au 1er avril passé. Membre fondateur de l'AEEMB, Inspecteur des Impôts, il était vice-président du BEN sorti. Le Cerfiste : Au dernier Congrès, vous avez été porté à la tête du BEN du CERFI. Pour vous, que signifie être Président du CERFI ? KONE Cheick Sidi Mohamed (KCSM) : Être Président du CERFI, c'est avoir une lourde responsabilité parce qu'il s'agit d'une association religieuse. Quand des sommités se réunissent et portent leur choix sur vous, c'est qu'elles attendent de vous d'abord, de ne pas les trahir quant aux règles de l'Islam ; ensuite de ne ménager aucun effort pour faire avancer la structure dans le sens des orientations fixées par l’instance suprême qu'est le Congrès. Donc, il s'agit d'une très lourde responsabilité et pour cela nous comptons sur l'aide de Dieu qui a orienté cette responsabilité vers nous et nous sommes confiants que incha Allah, Il va nous aider à relever ce défi en nous aidant à porter cette lourde charge. Le Cerfiste : Comment le nouveau Président du CERFI apprécie-t-il "l'état de santé" de sa structure ? KCSM : Al hamdoulillahi rabil Le Cerfiste N° 004 juin 2007 Le frère Cheick Sidi Mohamed KONE, nouveau Président élu du Bureau Exécutif National (BEN) du CERFI. Quand on jette un regard rapide, bien qu'il soit difficile de regarder à partir de l'intérieur, on constate qu'il y a eu des avancées et que le CERFI est très bien connu. Il reste maintenant à consolider ces acquis et à faire encore mieux, parce que c'est l'excellence que nous visons et l'Islam c'est l'excellence. Le Cerfiste : Quels sont les axes principaux sur lesquels vont s'orienter vos actions ? KCSM : Nos actions vont se fonder sur un ensemble de propositions issues du dernier congrès. En résumé, il s'agit de relever le défi de la mobilisation. Cela veut dire qu'il va falloir mettre l'accent sur les actions qui ont montré la présence du CERFI sur le territoire national. C'est un type de mobilisation que nous avons à un moment appelé "mobilisation horizontale" ; il s'agit de l'appel tous azimuts vers notre association c'est-à-dire vers l’Islam puisque nous travaillons Pour la promotion de l'Islam. Il s'agit ensuite de relever le défi organisationnel en utilisant les compétences que nous appelons, c'est-à-dire chacun selon sa compétence, laquelle n'est pas forcément religieuse. La religion constitue la base fondamentale, mais on doit aussi mobiliser les gens sur la base des compétences acquises ailleurs. Il y a également le défi de la mobilisation féminine. À ce niveau, nous voulons renouer avec ce qu'on a connu dans le CERFI de par le passé, c'est-à-dire travailler à mobiliser toutes nos sœurs qui sont dans les différents services et autres domaines d'activités publiques ou privées, afin que tous ensemble nous portions haut l'étendard de l'Islam. Le Cerfiste : Votre prédécesseur, le frère BARA, dans le numéro 001 du Cerfiste avait formulé trois (3) conseils à son éventuel successeur : mettre l'accent sur la cotisation des membres, programmer des activités réalisables dans la limite du budget et enfin faire confiance à la jeune génération. Qu'en dites-vous ? KCSM : Les conseils de mon noble prédécesseur font partie des suggestions qui nous ont été faites après notre installation. Il est une réalité que pour avancer il faut savoir compter sur ses propres forces, ses propres ressources. Il nous faut amener les militants à accorder beaucoup d'importance aux cotisations pour nous aider à atteindre les objectifs que nous visons. Par rapport à la jeune génération, je crois que c’est déjà fait parce qu'actuellement nous travaillons main dans la main avec elle car elle est plus compétente dans certains domaines d'activités, plus mobile et plus disponible. Ce sont de très bonnes propositions et nous avons déjà commencé à les mettre en application. Le Cerfiste : Quel est le défi urgent ? KCSM : Il y a toujours des urgences quand on voit l'état de notre communauté. Il y a beaucoup de choses à faire et tout est urgent. Il y a l'organisation qu'il faut continuer à mettre en place car mon prédécesseur avait entamé une certaine organisation qui commence à porter fruit. À ce titre, il urge de capitaliser les acquis et de pouvoir rapidement mettre un plus pour aller de l'avant. Le Cerfiste : Quelles sont les actions concrètes que vous envisagez en matière de formation et quels sont vos objectifs dans ce domaine ? KCSM : La formation fait partie de nos préoccupations majeures. Comme je le disais tantôt, c'est une association islamique et par conséquent la formation religieuse occupe une place centrale dans sa démarche. Il y a déjà une très bonne initiative qui est en cours d'expérimentation au Bureau Provincial du Kadiogo. En attendant de faire le bilan à mi-parcours, on constate déjà que nous pouvons appuyer le BPK tout en intégrant d’autres volets des formations qui prennent en compte les réalités de notre environnement. Nous sommes certes dans un contexte de mondialisation, mais l'on ne saurait occulter les données de notre environnement. Cela va donc nous amener à mettre l'accent sur la formation des formateurs, de sorte que ça ne soit pas seulement le domaine religieux qui soit pris en compte mais d'autres domaines de compétence dits "laïcs". Vous n'ignorez pas qu'en Islam la connaissance est à acquérir tout azimut ; il n'y a pas le religieux à part et le laïc à part ; par conséquent tous ces différents aspects sont à développer et à intégrer dans notre programme de formation Inch'Allah. Le Cerfiste : Comment envisagez-vous votre action au sein de la Fédération des Associations Islamiques du Burkina (FAIB) ? KCSM : Nous sommes membre fondateur de la Fédération des Associations Islamiques du Burkina. À ce titre, nous ne ménagerons aucun effort pour aider cette jeune structure mais combien noble, à pouvoir tenir ses promesses. Cela fait partie de notre engagement à travailler ardemment à la réalisation de l'unité islamique dans notre pays. Pour nous, la FAIB représente le creuset dans lequel cette unité islamique doit se construire. À travers nos représentants et moi-même étant statutairement à la vice-présidence, nous donnerons le meilleur de nous-mêmes pour que cette structure puisse avancer harmonieusement. Le Cerfiste : En matière de relations extérieures, que doit-on attendre du nouveau bureau ? KCSM : Le nouveau bureau va aller dans la même lancée parce qu'il y a une voie déjà tracée quant à nos relations extérieures. Nous sommes membre fondateur de l'OJEMAO (NDLR l'Organisation de la Jeunesse Musulmane en Afrique de l'Ouest). Nous comptons participer avec les autres associations aux différentes activités de cette organisation. Nous maintiendrons nos relations avec les autres associations de la sous-région. Que ce soit en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Mali et ailleurs, nous poursuivrons ces relations dans le cadre de la fraternité islamique. D'autres voies sont en train d'être prospectées, notamment l'espace anglophone qui jusque-là n'était pas pris en compte. Dans ce sens, le CERFI compte organiser une sortie islamique au Ghana, toute chose qui permettra d'élargir encore notre champ de relations internationales en direction de la zone anglophone. Le Cerfiste : Qu'attendez-vous de vos militants ? KCSM : Nous attendons d'eux un engagement résolu, sans faille, car le bureau tout seul ne peut rien réussir sans l'aide des militants. Il ne s'agit pas de mettre en place un bureau et de retourner chez soi et regarder le bureau agir seul. Le bureau ne pourra rien réaliser sans l'appui des différents membres. C'est pourquoi nous allons à tout moment interpeller tout un cha- “Le Cerfiste” Récépissé de déclaration N° 012697/CAO-TGI/OUA/RF. du 10 novembre 2006 01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67/ 50 36 08 03 / Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Rédaction BAMBARA Hamadé OUÉDRAOGO SAIam OUÉDRAOGO Wahid TOE Aboubacar CUN Relativement aux différents chantiers. Qu'il s'agisse d'apport physique, intellectuel, matériel, spirituel ou financier, tous seront vivement sollicités. Je crois que s'ils répondent présents, nous réaliserons ensemble inch'Allah ce que nous projetons de faire. À l'endroit de l'ensemble des frères et sœurs, je voudrais réaffirmer que le CERFI n'est pas l'apanage d'un groupe de personnes, mais un cadre qui permet à l'intellectuel musulman de s'épanouir, de s'exprimer et aussi de se valoriser en apprenant à connaître les préceptes de sa religion. C'est un cadre tout à fait ouvert, sans distinction de race ou autres considérations mesquines. C'est en cela que nous faisons appel à tous ceux qui désirent s'initier ou approfondir leurs connaissances à prendre attache avec nous sans protocole et nous serons heureux de les accueillir à bras ouverts. Propos recueillis par Abdoul Salam OUEDRAOGO SAWADOGO Ousmane YAMÉOGO Hamidou Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires — Le Cerfiste N° 004 juin 200* L'ISLAM N'EST PAS UNE RELIGION ESCLAVAGISTE L’Islam est souvent accusé d’avoir initié, organisé ou encouragé l’esclavage. Difficile de dire s'il s'agit là d'une ignorance des textes et de l'histoire ou d'une haine nourrie et entretenue contre la religion musulmane. Quoi qu'il en soit, une analyse objective et attentive permettra de voir que, loin d'avoir encouragé l'esclavage, l'Islam a beaucoup milité pour son abolition. Dans certains milieux, on se force à chaque fois que faire se peut de lier Islam et esclavage. Pourtant l'esclavage est une pratique ancienne, antérieure à l'avènement de l'Islam. Dans certains livres saints, nous pouvons voir des enseignements qui prouvent que l'esclavage existait avant l'Islam. L'Islam s'est démarqué nettement de l'esclavage et des comportements esclavagistes en proclamant l'égalité entre les hommes. "Le meilleur d’entre vous, auprès de Dieu est le plus vertueux (celui qui craint Dieu le plus)” S49 V13 Qui connaît la société préislamique, cette affirmation constitue une véritable révolution en matière de droits de l’homme, longtemps avant l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948). Mais pourquoi le Coran n'a-t-il pas décrété l'abolition et la fin de l'esclavage de façon radicale, serait-on tenté de se demander. Cela répond à une sagesse de la part de Dieu, qui a abordé la question avec pédagogie. Dieu décrète toute chose avec mesure. Était-il sage de décréter la fin de l'esclavage dans le contexte de l'Arabie du 7e siècle ? Pas du tout ! Car cela impliquerait la libération systématique et instantanée des esclaves. Ainsi, dans une société à tradition esclavagiste, on aurait mis dans la rue des centaines de milliers de personnes. Ces gens sans domicile, sans fortune ni source de revenu seraient face à une réalité plus dure dans un milieu où les gens vivaient d'activités commerciales. C'eût été dramatique car la situation serait aussi chaotique que provoquerait le rapatriement de tous. Les expatriés d'un pays dans leur bayiiri. Ces hommes et femmes n'ayant plus de références fixes pour la plupart, oubliés de la société et sans espoir d'un lendemain meilleur auraient eu un seul choix : aller dans la rue pour se livrer à la mendicité, la prostitution ou devenir des bandits de grand chemin, rendant ainsi la vie sociétale précaire. Rappelons que les musulmans qui étaient pour la plupart des émigrés, ou qui vivaient pour d'autres, dans la clandestinité, n'étaient pas en mesure de prendre en charge des défavorisés sociaux. Il fallait donc une solution moins radicale mais efficace à moyen ou long terme. Une éducation pour l'émancipation des esclaves. S'il a fallu une solution pour ce problème qui était d'envergure au moment de la révélation, l'Islam en a proposé la meilleure. Comme dans la plupart des problèmes de société, la révélation et l'enseignement du Prophète (SAW) sont allés par étapes. Nous avons remarqué par exemple que cette sagesse a jugulé la consommation de l'alcool dans l'ensemble. du monde musulman. Pourtant, quatorze (14) années de répression (1919-1933) n’ont pas permis aux États-Unis de vaincre l'alcoolisme et ses effets collatéraux. Pour ce qui est de l’esclavage, l'Islam s'est attaqué au problème en décidant de stopper d'abord son extension. Étant donné que les esclaves étaient surtout des captifs de guerre, le Coran ordonne : "Les captifs seront alors solidement enchaînés. Une fois la guerre terminée, vous pourrez les libérer gracieusement ou les échanger contre rançon. Dieu en décide ainsi" S47 V4. Ainsi, les captifs ne devaient plus systématiquement devenir des esclaves. On les libérait contre une récompense ou pas. C'est ainsi que tous les soixante-dix (70) captifs de la bataille de Badr furent libérés. Parmi eux, ceux qui étaient instruits devaient enseigner chacun dix (10) musulmans avant d’être libérés. Et si l'on connaît la place du savant en Islam, c'est en maîtres que ces prisonniers repartaient chez eux. "Celui qui m’a enseigné une science a fait de moi son serviteur" a dit le Calife Ali. S'agissant des esclaves pris précédemment, un bon traitement est exigé à leur égard. "Mangez avec eux, marchez avec eux", avait ordonné le Prophète (SAW). "Traitez avec bonté vos père et mère, vos proches... les voyageurs sans abri et les esclaves" S4 V36. On note là les deux géniteurs et les esclaves placés sur un pied d'égalité par le verset. "Ces esclaves sont vos frères et vos subordonnés que Dieu vous a soumis. Quiconque en possède sous ses ordres, qu’il les nourrisse de ce qu’il mange, qu’il les vête de la même façon que lui. Ne les surchargez pas et si vous le faites, aidez-les" Hadith rapporté par Mouslim. Pourrait-on voir pareilles choses dans nos sociétés dites modernes ? Enfin, pour mettre fin à l'esclavage existant, l'Islam a fait de l’affranchissement de l'esclave une œuvre pieuse. Ainsi, celui qui avait des rapports sexuels pendant qu'il jeûnait devra entre autres, affranchir un esclave. Dieu dit dans le Coran : "soyez disposés à affranchir ceux de vos esclaves qui vous en expriment le désir ; si vous les jugez capables de se racheter. Etablissez avec eux un contrat à cet effet et accordez-leur une part des biens dont Dieu vous a pourvus" S9 V60. Le Prophète (SAW) renchérit en ces termes : "Celui qui affranchit un musulman, Dieu libère de l’enfer chaque partie de son corps : main pour main, pied pour pied, sexe pour sexe". Mieux encore, libérer l'esclave devient obligatoire s'il a un lien de parenté avec son maître ou si celui-ci a été injuste à son égard. A cet effet, le Prophète (SAW) nous dit : "Celui qui acquiert un esclave qui a avec lui un lien de parenté (Mahram) doit l’affranchir". "Celui qui frappe son esclave pour une faute qu’il n'a pas commise, ou le gifle doit l’affranchir pour expier sa faute". "Celui qui gifle ou bat son esclave n’a d’autre expiation pour ce méfait que sa libération" Mouslim. C'est alors que beaucoup d'esclaves trouvèrent leur émancipation accompagnée d'un bon traitement. Le Prophète Muhammad (SAW) donna lui-même l’exemple en affranchissant Zaïd, son ancien esclave avant de lui trouver une femme libre de haute classe. De ce qui précède, on voit clairement que l'islam a dressé un plan bien cohérent pour aboutir à l'abolition de l'esclavage dans tout le monde musulman. Pouvait-il en être autrement quand on sait que : "Dieu a créé les hommes libres et vous les avez transformés en esclaves", Calife Omar. Bercail, pays natal. SANA Souleymane Fada N'Gourma Le Cerfiste N° 004 juin 2007 LE TRAVAIL N'EST NI UNE MALÉDICTION, NI UN SUPPLICE Inutile de se perdre dans les dédales des définitions. L'on se contente d'affirmer à priori que le travail est toute action accomplie par l'homme ou la femme, en vue de subvenir à ses besoins ou de venir en aide à son prochain, et de contribuer ainsi au progrès de la société. En Islam, le travail est indispensable. Quel que soit l'angle d'approche, le travail apparaît comme une valeur fondamentale assimilée au bien lui-même, à la vertu et au devoir. Le travail a pour but l'exploitation de la terre, son peuplement, sa Viabilisation, en d'autres termes l'amélioration des conditions de la vie, la culture pour se nourrir, l'invention, la rénovation, la construction, etc. L'Islam ne fait pas de distinction entre le travail manuel et le travail intellectuel. Contrairement à d'autres civilisations, l'Islam a d'emblée défini comme tel le travail en le valorisant, en le sanctifiant au point de le rendre un acte d'adoration. En dehors de l'Islam, le travail souvent est mal défini, méprisé, discrédité, il n'a guère été apprécié à sa juste valeur. Fort nombreuses sont les digressions sur ce point. Certains considèrent le travail comme un fardeau ou une contrainte limitant la liberté de l'homme. D'autres le confinent dans des intérêts purement matériels et d'aucuns y voient une malédiction liée au péché originel. Le travail est une sanction, disent les uns ; un supplice, disent les autres. Du reste, il est intéressant de savoir d'où viennent ces conceptions qui n'ont pas manqué d'influer négativement sur les relations humaines depuis. La nuit des temps ? La Bible dit : "C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie... C'est à la sueur de ton front que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris" Genèse 3.17-19. L'origine latine du mot travail est tripalium, un instrument de torture. Le mot "torture" a une connotation négative évoquant l'idée de soumission et d'esclavage. Les Grecs regardaient avec mépris le travail manuel. Selon eux, le travail est une dégradation, un déshonneur. Ce sont donc les esclaves qui travaillent. L'homme libre ne doit pas travailler ; il doit se consacrer aux œuvres de l'esprit. La conception romaine du travail se situe dans le même sillage. Le travail est méprisé par les Romains. Les travaux pénibles étaient exécutés par les esclaves. Cette mentalité a prévalu en Europe jusqu'à la Réforme qui fonda le protestantisme au 16e siècle. Ce fut seulement à cette époque qu'on commença à donner au travail un certain sens. Mais les bonnes volontés des Réformistes n'ont pas réussi à effacer des mémoires la mauvaise influence des conceptions dévalorisantes du travail. Les bouleversements techniques ont contribué à renforcer la remise en cause de celui-ci, déjà mal vu et déconsidéré depuis des temps lointains. Des voix s'élèvent actuellement pour se plaindre de la fin du travail comme valeur essentielle. Il ne sert à rien de se lamenter sur le sort de quelque chose que nous avons tué nous-mêmes. En tous cas, si le travail venait réellement à disparaître, c'est tout simplement l'aboutissement logique d'un processus de dépréciation entamé à cet égard depuis des millénaires. Quoi qu'il en soit, si cela devait se produire, il ne se produirait qu'en Occident. Les pays pauvres, heureusement, ne seront point touchés par ce phénomène. Pour mesurer l'impact du mépris du travail sur les esprits en Occident, relevons quelques citations révélatrices de la pensée occidentale en la matière : "Rien ne sert d'être vivant, s'il faut que l'on travaille." André BRETON. "L'esclavage humain a atteint son point culminant à notre époque sous forme de travail librement salarié." George BERNARD SHAW "La vie n'est pas le travail : travailler sans cesse rend fou." Charles DE GAULLE "Se rendre à un travail, c'est se constituer prisonnier." Anonyme "Le travail est l'opium du peuple... Je ne veux pas mourir drogué." Boris VIAN "Le travail est un meurtre en série, un génocide. Le travail tuera, directement ou indirectement, tous ceux qui lisent ces lignes. Dans ce pays, le travail fait chaque année entre 14 000 et 25 000 morts, plus de deux millions d'handicapés, 20 à 25 millions de blessés. C'est bien ce qui s'appelle un meurtre ! Travailler, moi ? Jamais !" Bob BLACK "L'Islam est aux antipodes de ces conceptions. Il y a plus de quatorze (14) siècles, l'Islam a reconnu au travail sa valeur et sa dignité, ce qui nous permet d'affirmer que l'idée chrétienne, au demeurant bien tardive, de revalorisation du travail est loin d'être originale. Paul n'a pas sanctifié le travail. Il avait seulement dit : "Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus" (2 Thessaloniciens 3.10). Cela veut dire que le travail procure la nourriture, ce qui est vrai en partie, mais ce n'est pas tout, car le travail ne se limite pas à un intérêt économique, autrement dit à un moyen de gagner de l'argent. Par contre, ce qui peut être considéré comme un apport remarquable est le génie de faire du travail l'équivalent de la prière, cet apport fut celui du Prophète Mohammed avant qu'il fût attribué à Luther. Des buts du travail Le but du travail est lié à la finalité de la vie, à la raison d'être de l'homme qui est l'adoration de Dieu. Cette adoration ne se borne pas à l'exercice du culte au sens purement cultuel ; elle s'étend à l'accomplissement du bien et des bonnes œuvres en faveur d'autrui, de la société et de l'humanité en général. Le travail y est inclus naturellement. Peupler la terre, l'exploiter, en extraire la nourriture nécessaire à la survie humaine sont Autant de tâches qui font partie à la fois du travail et de ses nobles objectifs. Sans le travail, la terre serait comparable à un désert inhabitable. Faire le bien : "Celui qui a créé la vie et la mort pour vous éprouver et connaître ainsi celui d'entre vous qui agit le mieux" SS7 V2. "Dis : œuvrez car Dieu va voir votre œuvre, et aussi Son messager et les croyants. Et bientôt vous serez ramenés vers Celui qui connaît le visible et l'invisible. Alors Il vous informera de ce que vous faisiez" S9 V105. "Travaillez, ô famille de David, et rendez-moi grâce ainsi de Mes bienfaits, car peu de Mes serviteurs sont reconnaissants" S34 V13. Jabir rapporte que le Prophète (Paix et Salut sur lui) a dit : "Tout musulman qui plante un arbre fruitier se verra compté autant d'aumônes que de fruits mangés, même s'ils sont volés." Rapporté par Muslim. Une autre version est formulée comme suit : "Tout musulman qui plante un arbre fruitier ou sème une graine se verra compté pour chaque homme, chaque animal et chaque oiseau qui..." vient à en manger, une aumône au jour de la Résurrection". Venir en aide aux autres, soit par le travail, soit par le don. La société ressemble à une famille dont les membres se soutiennent les uns les autres. Tous les membres de la société ne sont pas aptes au travail, soit pour des raisons de santé, soit pour d'autres motifs légitimes. Ces derniers ont besoin de l'aide de ceux qui travaillent ou qui peuvent travailler. Cette aide leur revient de droit étant donné la fraternité humaine qui nous lie. De l'utilité du travail Le travail doit être avantageux pour les hommes, et il ne doit pas être sans utilité comme l'écume de la mer ni au service du mal. L'homme qui travaille est un être utile à lui-même, à sa famille et à la société. Non seulement, il se prend en charge lui-même et sa famille grâce au travail, mais il contribue par ailleurs à la prospérité, à la santé et à l'amélioration des conditions de la vie. Comme cultivateur ou éleveur, il produit la nourriture et les aliments nécessaires à la subsistance ; comme enseignant, il forme la jeune génération et la prépare au travail et à la relève ; comme cadre, il veille, dirige et organise ; comme technicien, il répare, conduit et invente ; comme ouvrier, il nettoie, entretient, veille au maintien de la propreté et de l'hygiène, construit et aide à la construction ; comme commerçant, il rapproche la marchandise du client ; comme médecin, il soigne et soulage les souffrances des malades. Toute contribution à l'exécution d'une tâche manuelle ou intellectuelle allant dans le sens du besoin au service du bien est un travail utile. Par comparaison à celui qui ne travaille pas, la différence est évidemment énorme. Celui-ci, outre le fait qu'il ne produit pas, représente une lourde charge pour la société. Sans compter que cette situation accentue sa vulnérabilité face aux tentations diaboliques. Il pourrait facilement devenir délinquant ou drogué. On comprendra pourquoi le Prophète a baisé la main d'un de ses compagnons après qu'il l'a trouvée rugueuse à cause du travail. Puis il ajouta ces mots : "C'est une main que Dieu et Son Prophète aiment". "Dieu aime que l'un de vous qui fait un travail, le perfectionne", disait le Prophète (Paix et Salut sur lui). "Telle est l'œuvre de Dieu qui a tout façonné à la perfection. Il est parfaitement au courant de ce que vous faites" S27 V88. Le travail est une occasion de pardon des péchés. Le Prophète (Paix et salut sur lui) a dit : "Celui qui se trouve fatigué au soir à cause de son travail, celui-là se trouve pardonné à son soir". Le travail est un devoir. L'Islam considère le travail comme un devoir. Celui qui travaille pour satisfaire ses besoins et les besoins de sa famille, est dans la voie de Dieu. Un homme affairé passa un jour devant le Prophète ; certains dirent que ce serait mieux pour lui s'il peinait dans la voie de Dieu. Le Prophète leur répondit : "S'il bossait pour nourrir ses enfants en bas âge, ou pour nourrir ses ascendants âgés, ou pour se prémunir contre Le besoin, il est dans la voie de Dieu, s'il est sorti pour se montrer ou se vanter, il est alors dans la voie de Satan. Chaque fois que le Prophète trouvait quelqu'un en train de mendier alors qu'il était capable de travailler, il le déconseillait de mendier pour préserver son honneur et sa dignité et l'aidait à trouver une occupation. C'est ainsi que l'Islam apprécie le travail et les travailleurs. Il considère le produit de la main comme le meilleur acquis et le plus licite. La meilleure nourriture, disait le Prophète, est celle que l'on acquiert au moyen du travail de sa main. Le prophète David vivait du produit de sa main. Le devoir du travail vient juste après le devoir de la prière ; Dieu nous exhorte à rechercher ou à regagner le travail une fois la prière accomplie : "Lorsque la prière est achevée, dispersez-vous sur terre, recherchez la grâce d'Allah ; invoquez souvent le nom d'Allah. Afin que vous réussissiez" S63V10. Le musulman est responsable de l'entretien de son épouse, de ses enfants et de ses parents et s'il n'assume pas convenablement cette responsabilité, Dieu lui demandera des comptes et le punira en cas de carence ou de manquement à ces obligations. "Il suffit à l'homme comme péché, celui d'abandonner ceux dont il a la charge" (hadith). Le Cerfiste N° 004 juin 2007 Le travail est un acte d'adoration L'Islam va plus loin encore en considérant le travail comme un acte d'adoration. Toute activité, tout travail que le croyant exerce est considéré comme un acte d'adoration, du fait qu'il ne triche pas et qu'il cherche toujours à gagner un salaire ou un bénéfice de manière honnête et licite. Lorsque le musulman fabrique un instrument, un balai ou une table ou un produit ou lorsqu'il élève une construction avec l'intention de se rendre service, à lui-même ou aux autres, tout en reconnaissant que Dieu lui a donné la santé et les moyens de réaliser son ouvrage ou son projet, cette conviction et cette reconnaissance transforment son activité en acte d'adoration et il en aura la récompense. Si le Musulman a les capacités physiques de travailler, il ne lui convient pas qu'il soit une charge pour les autres ou qu'il tende sa main aux gens. Son devoir lui impose d'être utile à sa famille et à la société humaine. Lorsque le Prophète a fraternisé les émigrés mecquois avec les Ansars médinois, Abdurrahmane Ibn Aouf était lié par le pacte de fraternité à Qaïs Ibn Arrabi'e. Ce dernier lui proposa la moitié de ses biens. Abdurrahmane Ibn Aouf refusa et se contenta de demander à son frère conventionnel de lui indiquer le marché pour se lancer dans le commerce. Après avoir pris connaissance du marché, il se mit à acheter de la marchandise pour la revendre et ainsi, il s'est procuré des ressources non seulement pour vivre et pour se marier, mais aussi pour soutenir la mission du Prophète (Paix et Salut sur lui). En peu de temps, Abdurrahmane devint l'un des grands riches de Médine. Un jour, sa caravane composée de sept cents (700) chameaux chargés de vivres, entra à Médine et provoqua un grand remue-ménage. Aicha (qu'Allah soit satisfait d'elle) interrogea son entourage : "Qu'est-ce que ce bruit ?" On lui répondit : "C'est la caravane de Abdurrahmane Ibn Aouf qui rentre de voyage." Aicha dit : "Qu'Allah lui bénisse ce qu'Il lui a donné dans ce monde, certes, sa récompense dans l'au-delà est beaucoup plus importante, j'ai entendu le Messager d'Allah dire : 'Abdurrahmane Ibn Aouf entrera au Paradis en rampant.'" On a rapporté cette bonne nouvelle à Abdurrahmane Ibn Aouf lequel se précipita vers Aicha et lui dit : "Ô Mère, est-ce vrai que tu as entendu cette annonce du Prophète ?" "Oui," lui rétorque Aicha. Il a sauté de joie en disant : "Si je pouvais, je voudrais entrer debout au Paradis, je te prends à témoin, mère, que je fais don à Dieu (fi sabil illah) de toute cette caravane, les chameaux, leurs bâts et leurs charges." Le Prophète a vu un homme qui se consacrait au culte dans la mosquée. Il interrogea ses compagnons : "Qui subvient à ses besoins ?" Ils dirent : "Nous tous." Alors, le Prophète dit : "Vous êtes tous meilleurs que lui." mieux que lui". Dans une autre version, il est dit : "Son frère (qui subvient à ses besoins) est mieux que lui". D’après Az-Zoubair ibn al-Awwâm, le Prophète (Paix et Salut sur lui) a dit : "il vaut mieux faire des fagots de bois en montagne et les ramener sur son dos pour les vendre que de mendier auprès des gens, qu'ils vous donnent ou qu'ils refusent de vous donner" Bukhari. "Celui qui cherche ce qui est licite pour éviter la mendicité, nourrir sa famille et étendre sa générosité à son voisin, rencontrera Dieu avec un visage comme la pleine lune" (hadith). Compte tenu de ces enseignements, Omar, le deuxième Calife, a fait un reproche à un homme qui aimait s'installer dans la mosquée sans travailler, lui disant : "le Ciel ne pleut ni d'or ni d'argent". Le mal de la mendicité Il n'est pas permis en Islam de rester désœuvré, oisif et se contenter de dire : "Mon Seigneur, donne-moi" alors qu'on sait pertinemment que l'or et l'argent ne tombent pas du ciel. Il n'est pas permis non plus de demander l'aumône aux... gens et de mendier alors qu'on est capable de travailler. Le Prophète a dit : "Chaque fois qu'un serviteur ouvre une porte de mendicité, Dieu lui ouvre une porte de pauvreté..." Un jour, quelqu'un demanda au Prophète de l’argent en aumône, alors qu'il était physiquement bien portant ; le Prophète l'interrogea s'il avait quelque chose à la maison. L'homme répondit : juste une couverture et un récipient pour boire de l'eau ! Le Prophète demanda de les lui apporter. "Qui achèterait ces objets ?" dit le Prophète à son entourage. Quelqu'un proposa un dirham, un autre offrit deux dirhams ; le Prophète remit l'argent au bonhomme et lui dit : "Avec un dirham tu achètes à manger pour ta famille et avec le dirham qui reste, tu achèteras une pioche et tu me l'apporteras." Une fois revenu avec la pioche, le Prophète y plaça un manche et lui dit d'aller couper du bois pour le vendre et de revenir le voir dans deux semaines. Ayant gagné dix dirhams, il se rendit au Prophète au bout de quinze jours. Celui-ci lui dit : "Cela est beaucoup mieux que la mendicité qui va être une marque sur ton visage le jour de la résurrection". La mendicité, selon le Prophète, n'est autorisée que dans trois (03) cas : Quand on est dans une pauvreté extrême ; Quand on est accablé de dettes ; Quand on est redevable d'une lourde indemnisation de victime d'homicide. L'Islam considère le mendiant s'il est sain de corps et d'esprit comme un être inférieur sans personnalité et sans dignité. Le Prophète a dit : "La main haute est mieux que la main basse ; la main haute est celle qui donne, la main basse est celle qui reçoit." Ainsi, au regard de l'Islam, le travail n'est, ni une malédiction, ni un supplice. C'est plutôt un devoir, un honneur et surtout un remède contre certains maux, entre autres, la pauvreté, le sous-développement et la mendicité. Me Ahmed Simozrag Le Cerfiste N° 004 juin 2007 CES PREJUGES QUI TERNISSENT L'IMAGE DE L'ISLAM De par son caractère universel et éternel, l'Islam a défini des principes bien clairs régissant la vie des hommes. sur terre. Mais malheureusement, des individus mal intentionnés, par égoïsme, interprètent à tort et à travers certains fondements de l'Islam et l'exposent aux critiques acerbes de ses ennemis. Du statut de la femme en Islam Les conditions de la femme musulmane dans certaines sociétés laissent à désirer. Le rôle de la femme est-il seulement de s'occuper de la maison et d'élever les enfants ? Il est alors nécessaire de distinguer les pratiques courantes de l'esprit de la loi islamique inscrite par Dieu. Des chapitres dans le Coran comme "Les femmes", "Mariam" et parmi tant d'autres sont consacrés aux femmes. De même, certaines figures féminines telles que Hawa (Eve), Sarah la femme de Ibrahim, Assya la femme de Pharaon, Imran la mère de Mariam et bien d’autres encore sont données en exemple aux femmes et aux hommes afin qu'ils sachent que le rôle de la femme ne se limite pas seulement aux quatre murs de la maison. En effet, la loi islamique n'exige pas que les femmes soient confinées aux tâches ménagères. Femmes de la première génération étaient présentes partout. À titre d’exemples, la première femme du prophète, Khadîdja, était une grande commerçante. Le Calife Omar nomma une femme pour superviser le marché dans son ensemble. D'autres femmes comme Leila Al-Ghifariah, Souffiah ben Abdul Mutalib ont pris part aux batailles. Des femmes ont également été à la tête de provinces islamiques comme Arwa ben Ahmad qui a servi comme gouverneur du Yémen. Quant aux droits et devoirs, tous sont clairement définis dans le Coran. Le devoir fondamental de l'homme, faut-il le rappeler, est de subvenir aux besoins de sa famille tout en mettant les moyens en œuvre pour son éducation complète. La femme, quant à elle, doit respect et obéissance à son mari. Il ne s'agit pas dans cette obéissance d'un effacement de sa volonté pour accepter aveuglément et naïvement celle de son époux. Le respect est mutuel et demande de chacun des conjoints un sacrifice. Le vécu quotidien de la femme musulmane dans certains foyers n’est pas du tout enviable. Pourtant, son statut est clairement défini dans la législation islamique sans ambiguïté. La femme peut au même titre que l'homme entreprendre toutes sortes d'activités tout en préservant son intégrité, son honneur et en assumant pleinement son rôle de mère de famille. De la mendicité L'affluence sans cesse des mendiants devant les mosquées fait croire que la mendicité est un produit de l’Islam. La mendicité en tant qu'activité professionnelle n'existe pas en Islam. Une personne victime d'un handicap physique ou mental qui l’empêcherait de travailler est à la charge de la société dans laquelle elle vit. Si la société n'assume pas sa responsabilité, l'Islam tolère qu'une telle personne tende la main pour subvenir à ses besoins ponctuels. Mais il n'est pas rare de voir des personnes solides et bien portantes s'adonner à cette pratique ignoble et dévalorisante. Ce qui est déplorable et alarmant et qui nécessite une prise de conscience, c'est le cas de ces élèves coraniques (même s'ils ne le sont pas tous), qu'on transforme en enfants de la rue. Certaines de ces écoles dites islamiques ne font que livrer aux enfants un enseignement traditionnel qui ne convient pas au moment. Maîtres, parents d'élèves et État sont tous interpellés pour assurer l'avenir de ces enfants qui ne cessent de déferler dans les rues sans instruction, encore moins sans un métier. Ces enfants font partie intégrante de la société et leur éducation incombe à tous. Il ne faudrait pas que ces écoles coraniques, lieux d'instruction et de formation, deviennent un dépotoir de délinquants, de voleurs et de mendiants professionnels. Du maraboutage "Si quelqu'un consulte un charlatan, durant quarante jours, ses prières ne sont pas exaucées". Cette parole authentique du prophète (PSL) suffit en elle-même pour montrer à quel point l'Islam est contre le maraboutage. En rappel, le marabout désignait un savant en matière de religion. Mais de nos jours, le marabout est une personne réputée pour son pouvoir magique, capable de transformer le mensonge en Vérité, de deviner l'avenir d'autrui, d’utiliser des méthodes sataniques pour prétendre apporter des solutions aux problèmes des humains. L’Islam, au-delà de son caractère religieux, est un mode de vie, une civilisation et ne prescrit que du bien. Il faut savoir que toute écriture en arabe n'est pas forcément un verset du Coran. Peut-on imaginer que Dieu dans sa bonté, qui n'a cessé d'interpeller les gens vers la droiture, le bon comportement, révèle encore des versets pour qu'on se fasse du tort ? Ce serait absurde et contradictoire. Ce qui sème le doute dans l'esprit des gens et leur fait croire que le maraboutage est une science de l'Islam, c'est le fait que ce soient certains leaders religieux qui s'adonnent à ces pratiques diaboliques et anti-islamiques. La magie est une science occulte sévèrement punie par l'Islam. Du destin Les ennemis de l'Islam accusent les musulmans d'être fatalistes et paresseux du fait de leur croyance au destin. Cette accusation peut se trouver justifiée du fait de la mauvaise Compréhension des textes. Le chauffeur qui conduit à grande vitesse, une fois accidenté dit : "c'est mon destin". L'élève négligeant et paresseux qui redouble ou échoue à son examen se justifie par le destin. Ces déclarations sans fondement sont réfutées pour plusieurs raisons. L'homme est libre et possède une raison qui lui permet de distinguer le bien du mal. Tout homme raisonnable sait que la prière est une bonne chose et l'adultère une mauvaise. De même, il a la capacité en sortant de chez lui, de se diriger vers la mosquée pour y prier ou d’aller vers un lieu de débauche. Il est donc absurde de croire que Dieu nous a imposé nos actes et qu'on ne peut y échapper. La croyance en la prédétermination ne signifie pas qu'il faut perdre toute initiative en restant les bras croisés dans l'attente des événements. Si tout ce qu’accomplit l'homme est le résultat d'une fatalité prédéterminée et immuable depuis l'éternité, et devant lequel il n'a aucun libre arbitre, l'envoi des prophètes et l'invocation deviennent Inutiles. Tout compte fait, il est impossible qu'il y ait dans le Coran ou dans la parole authentique du prophète un texte qui nie l'existence d'un fait réel, visible et concret. Dieu qui a révélé le Coran, a en même temps créé les événements. L'effort de la raison est donc limité et ne peut saisir en détail et en profondeur la prédétermination. Il est donc préférable d'éviter toute discussion en la matière pouvant porter atteinte à la foi. Du terrorisme Contrairement à ce que prétendent certains, l'Islam n'a eu recours ni à la coercition, ni à l'épée pour se propager. Il s’est plutôt répandu par la persuasion et non par la force. Pour preuve, face aux souffrances, aux persécutions endurées par les Le Cerfiste N° 004 juin 2007 CE QU'IL FAUT SAVOIR SUR LES GROUPES SANGUINS ÉRYTHROCYTAIRES Allah (SWT) a créé tous les êtres vivants avec des ressemblances et des différences qui ont permis aux scientifiques d’établir une classification. Les individus d’une même espèce (dernier maillon important de cette Classification) sont tout aussi différents les uns des autres sur les plans morphologique et surtout biologique. Ainsi, au sein de l’espèce humaine, la notion de groupe sanguin est née pour regrouper les individus selon les caractères liés au sang. Le sujet sur "les groupes sanguins" est suffisamment vaste pour faire l'objet de plusieurs livres. Notre propos étant nécessairement très court, nous nous contenterons de survoler quelques notions de base intéressantes et compréhensibles pour chaque lecteur. Après avoir brièvement décrit ces groupes sanguins, nous nous intéresserons à leurs applications et fonctions éventuelles. Les différents groupes sanguins Comme nous l'avons rappelé dans un numéro précédent, le sang est composé de plasma et d'éléments cellulaires. Il existe par conséquent des groupes liés aux différents composants : groupes des protéines plasmatiques, groupes érythrocytaires, groupes leucocytaires, groupes plaquettaires. Parmi les groupes leucoplaquettaires, le HLA (Human Leucocyte Antigen) est certainement le plus important compte tenu de son rôle et de ses applications. En effet, les molécules HLA, qui sont situées sur les globules blancs (leucocytes) et les plaquettes, interviennent dans la reconnaissance et l'élimination de tout ce qui est étranger à l'organisme. Ce sont des molécules indispensables à l'accomplissement de la fonction de défense qu'exercent les globules blancs. Les groupes sanguins érythrocytaires sont les plus connus de tous. Ce sont les groupes constitués par les antigènes localisés à la surface des globules rouges. Il y a aujourd'hui au moins 26 systèmes de groupes sanguins connus dont les plus importants du point de vue immunologique sont ABO, Rhésus, Kell, Duffy, Kidd, MNS. Le système ABO comprend principalement 2 antigènes A et B dont la combinaison donne les groupes A, B, AB et O (pour zéro antigène). Chaque groupe peut recevoir du sang du même groupe ou de groupe O. Le groupe AB peut recevoir du sang de tout autre groupe (receveur universel). Le système Rhésus comprend près de 50 antigènes dont le plus commun est l’antigène D. On a eu l'habitude de dire des personnes qui ont l'antigène D "Rhésus positif" et de ceux qui ne l'ont pas "Rhésus négatif". Suite de la page 9 Premiers musulmans, au lieu de riposter par l'épée et par la violence, le prophète leur tient ce langage : "Soyez patients, votre récompense sera le paradis". Cette patience n'est pas synonyme de faiblesse de la part des musulmans, c'est une obéissance à l'ordre de Dieu. Mais devant la recrudescence des menaces, des attaques des infidèles, à l'égard des musulmans, Dieu leur ordonna de se défendre avec juste mesure en ces termes : "Combattez dans le chemin de Dieu ceux qui vous combattent". Les applications des groupes sanguins Elles sont multiples : - En transfusion sanguine : la découverte des groupes sanguins a permis progressivement d'augmenter la sécurité des transfusions. - En obstétrique (maternité) : l'incompatibilité entre une mère et son fœtus pour certains groupes. Sanguins peut compromettre l'évolution d'une grossesse ou aboutir à un nouveau-né malade (maladie hémolytique du nouveau-né). Lors des greffes d'organe, le greffon doit nécessairement être compatible avec l'hôte (organisme receveur) dans certains groupes sanguins. En médecine légale : la recherche en exclusion de paternité s'appuie sur les groupes sanguins érythrocytaires. Les fonctions des molécules de groupe sanguin Dans la plupart des cas, aucune fonction n'a encore été associée à la molécule antigénique. Les fonctions trouvées sont : "Ne transgressez point car Dieu n’aime pas les transgresseurs" sourate 2 verset 190. L'expansion de l'Islam ne s'est donc pas faite par la contrainte ou par le glaive mais par la bonne exhortation comme Dieu nous le recommande dans le Coran : "Appelle à la voie de ton Seigneur par la sagesse et la bonne exhortation et discute avec eux de la manière la plus douce" sourate 16 verset 125. Dans la sourate 2 verset 256, il ajoute en ces termes : "Pas de contrainte en Islam". L'Islam n’oblige personne à se ranger sous sa bannière. - Protéines de structure : Ex : la protéine RH. - Récepteurs : ex de la protéine Duffy qui est un récepteur du Plasmodium (responsable du paludisme) ; son absence chez la majorité des Noirs serait une adaptation au paludisme. - Transporteurs de différents types et pour différentes molécules à travers la membrane cellulaire. - Molécules d'adhésion. - Enzymes. - Présentation et élimination des antigènes étrangers par le système immunitaire. - etc. Les groupes sanguins n'ont pas pour seul rôle de différencier les individus. Il leur a aussi été associé des fonctions. Cela vient témoigner une fois de plus que toutes les créatures de l’Etre suprême ont un rôle. 1. Groupes des globules rouges, l'un des constituants du sang. 2. Groupes de molécules formées par la combinaison de leucocytes (globules blancs) et de plaquettes qui font partie des constituants du sang. 3. Ce sont des molécules chimiques qui catalysent les réactions chimiques dans l'organisme. Yakouba DOMO CNTS Les musulmans ne prennent les armes que s'ils sont opprimés, attaqués injustement. Les quelques échauffourées constatées dans certains pays ne cessent de défrayer la chronique. Mais les massacres des musulmans en Espagne, les crimes Nazis, le génocide de 60 millions d’Indiens d’Amérique, de 100 millions de noirs pendant l'esclavage, la guerre du Vietnam, les crimes des Français en Indochine et en Algérie, les bombes d'Hiroshima et de Nagasaki passent sous silence. L'Islam est une religion de paix, de tolérance et n'a en aucun cas incité à la violence. KABORE Karim (Nayala) Le Cerfiste N° 004 juin 2007 COURS D'ARABE, UNE ŒUVRE SALUTAIRE La section provinciale du CERFI organise depuis plus d'une année des cours d'arabe à l'intention du grand public tous les dimanches au siège de l'association. Le Cerfiste a interrogé quelques apprenants qui donnent ici leur appréciation sur le déroulement de ces cours qui mobilisent au fil des sessions. BORO Bachir, Fonctionnaire de Douane Je tiens d'abord à remercier les initiateurs de ces cours. Ce qui m'a motivé à m'y inscrire, c'est mon souci d'améliorer mes connaissances aussi bien en Islam qu'en langue arabe. Actuellement, je suis au dernier niveau. Dieu merci, j'ai fait l'apprentissage de la lecture du Coran, dont j'avais bouclé la lecture intégrale depuis neuf (09) ans. Je constatais cependant des insuffisances. C'est pour cela que je suis venu reprendre les cours dans le souci de parler et d'écrire l'arabe. Mes attentes ne sont pas tout à fait comblées compte tenu du fait que je n'ai pas encore terminé mais j'ai fait beaucoup de progrès. Nous avons eu à formuler des propositions d'amélioration qui ont été prises en compte car entre-temps, il y avait beaucoup d'apprenants et l'on se retrouvait avec des niveaux disparates dans la même classe. Cette situation rendait la progression difficile. Cette année, les effectifs ont été désengorgés avec l'ouverture du Centre de Gounghin. Cette préoccupation est désormais sans objet. L'autre problème concerne les Il est vrai que l'islam recommande la modestie mais il faut travailler à mettre les apprenants dans de bonnes conditions d'apprentissage. MAIGA Maïmouna, Employée de banque C'est d'abord le besoin d'apprentissage qui m'a conduit au CERFI. Je suis née musulmane et j'ai trouvé mes parents qui pratiquaient la religion. Je me suis certes mariée à un musulman, mais je n'avais jamais fait de prière avant de venir au CERFI. Tous les jours, il y a des gens autour de moi, grands comme petits, qui pratiquent cette religion et ça m'a donné envie d'en savoir davantage. En règle générale, quand on ne côtoie pas ceux qui sont dans le milieu, on s'arrête aux préjugés du genre "c’est compliqué", "la religion musulmane est difficile", etc. C'est pour apprendre et éclairer ma lanterne que je me suis inscrite en septembre dernier. J'ai commencé par l'initiation à la prière et ça m'a beaucoup apporté. En l'espace de trois (03) mois, je savais faire mes ablutions et dire mes cinq (05) prières quotidiennes comme il le faut. J'avoue que cela a apporté beaucoup de choses dans ma vie. Je comprends désormais ce que signifie être musulman ainsi que les enseignements de cette religion. De mon point de vue, si tout le monde apprenait à fond les enseignements de la religion musulmane, le monde serait merveilleux. À présent, je suis au niveau intermédiaire où j'apprends à lire le Coran. Pour le moment, la lecture n'est pas tout à fait correcte ; mais déjà, ce que je sais... je ne sais pas comment expliquer... c'est merveilleux ! KERE Adama, Maître-Assistant (Université de Ouagadougou) Ce sont des cours que j'ai souhaités depuis un certain temps et c'est par hasard que j'ai découvert dans les journaux que le CERFI organisait des cours. Je me suis dit que c'était une occasion pour corriger les imperfections tant au niveau de la prière qu'au niveau des versets que je récitais. C'est aussi pour moi une opportunité d'avoir une culture islamique beaucoup plus approfondie car c'est en s'approchant des autres que l'on peut apprendre. Je Je suis à ma troisième inscription ; c'est dire que j’ai fait l'initiation à la prière, à la lecture du Coran et je suis au niveau intermédiaire actuellement. Si je suis toujours là, c’est parce que je sais que ma présence ici m'apporte beaucoup de choses. Grâce à ces formations, je réalise des progrès vers l'amélioration des pratiques quotidiennes. Je profite pour dire à ceux qui hésitent, de s'engager car il y a des gens qui aimeraient venir mais qui trouvent que c'est contraignant d'être là chaque dimanche et ce pendant trois (03) mois. Il suffit pourtant de s'engager, de venir une première fois, puis une deuxième et finalement ça entre dans nos habitudes. Le Cerfiste N° 004 juin 2007 VIE DU CERFI C'est comme la prière ; quand on en rate une, on sent qu'il y a quelque chose qu'on n'a pas accompli. Celui qui prend l'habitude de venir tous les dimanches remarquera que quand il y a quelques semaines sans cours, il se demande ce qu'il fera de ses dimanches après-midi. Mme KAMISOGO née TRAORE Alimata Moi je Je lisais le Coran avec mon mari et entre-temps il y a eu un relâchement. Après plusieurs tentatives de reprise, j'avais complètement arrêté. Mon mari, lui, a pu continuer et a fini la lecture intégrale du Coran. C'est un de ses amis qui nous a informés qu'il nous a inscrits au cours du CERFI. J'ai fait deux (02) dimanches sans venir parce qu'il me manquait la motivation. Quand je me suis décidée à venir, c'était juste pour venir voir. Après les séances d'initiation à la prière, j'étais très contente car en fait, j'étais dans le noir et Dieu voulant, nous avons retrouvé le CERFI. Les sourates que je voyais avec mon mari sont plus faciles à lire maintenant. Je n'ai aucun problème pour le moment. J'en tire vraiment une grande satisfaction. Je passe l'information autour de moi et j'ai réussi à faire venir une de mes belles-sœurs ainsi qu'un petit frère. Mes enfants sont également intéressés mais il y a un problème de moyen de déplacement et en plus ils sont scolarisés. Mon troisième fait la 6ème et apprend la lecture avec son frère. Présentement il est à la sourate Naba'. A la maison quand je prends mon Coran, c'est lui qui me guide. Compte tenu du bon travail qui se fait au CERFI, je compte l'y inscrire. Entretiens réalisés par Abdoul Salam OUEDRAOGO SORTIE INTERNATIONALE Le Bureau Exécutif National (BEN) du CERFI organise du 19 au 29 juillet prochain une SORTIE INTERNATIONALE SUR LE GHANA. Les participants à ce voyage international auront droit entre autres à des activités spirituelles, un bain linguistique, des visites d'une dizaine de sites touristiques ainsi qu'à des échanges d'expériences mutuelles entre intellectuels musulmans du Ghana et du Burkina. Le CERFI exprime aussi par là son option de dynamiser ses relations extérieures et ce à un mois et demi du congrès de l'OJEMAO (Organisation de la Jeunesse Musulmane d'Afrique de l'Ouest). La participation qui s'élève à soixante mille (60.000) francs couvre toutes les charges (Voyage, Hébergement, Restauration, etc.). Hâtez-vous de vous inscrire et de vous informer amplement au Secrétariat du Siège du CERFI au (50 36 08 03), au 76 11 93 65, au 78 88 83 45 ou encore au 70 23 27 85 car le nombre de places est limité. GRAND COLLOQUE INTERNATIONAL Le Bureau Exécutif National (BEN) du CERFI vous offre également un GRAND COLLOQUE du 24 au 29 août prochain à Ouagadougou. Avec pour thème, "QUELLE LAÏCITÉ POUR UNE SOCIÉTÉ PLURIELLE ET PROSPÈRE?", ce colloque qui capitalise les acquis du CIMEF 2006 réunira des sommités en provenance d'Europe (YACOUB MAHI de Belgique, THOMAS ABDALLAH de France), d'Afrique (Mouamar KANE du Sénégal) et du Burkina (Universitaires, Religieux de tous bords, etc.). À l'issue des trois (03) jours que va durer le Colloque, vous aurez en guise de cerise sur le gâteau, trois (03) autres jours de formation sur une thématique bien appropriée à vos préoccupations spirituelles et matérielles. La participation est de vingt-cinq mille (25.000) francs et est ouverte à tous. Le timing est celui dit de "Journée Continue". Pause café et Déjeuner sur place. Hâtez-vous de vous inscrire et de vous informer amplement au Secrétariat du Siège du CERFI au (50 36 08 03), au 76 11 93 65, au 78 88 83 45 ou encore 70 26 63 48. Le nombre de places est limité. L'AEEMB et le CERFI n'ont pas dérogé à la tradition. Cette année encore, ces deux structures s'unissent pour offrir à vos enfants scolarisés (09 à 14 ans) du 15 au 29 juillet 2007 une colonie de vacances islamique, laquelle regroupera des enfants du Burkina Faso mais aussi de pays voisins (TOGO & NIGER). Les frais d'inscription s'élèvent à 22 500 F pour les enfants résidant à Ouagadougou, 17 500 F pour les enfants venant des provinces de l'intérieur et à 12 500 F pour ceux des pays voisins. Pour toute inscription (qu'il sied de prendre rapidement compte tenu du nombre de 100 places à pourvoir pour les enfants ouagalais), bien vouloir contacter le siège de l'AEEMB au (50 36 27 86), le siège du CERFI au (50 36 08 03) ou encore SAKO Adama (78 84 35 13), KAFANDO Issa (76 41 68 02) ou Le Cerfiste N° 004 Juin 2007 bibo:issue 4 bibo:numPages 12 -- o:id 12085 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12085 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12097 19750 19751 19752 19753 19754 19755 19756 19757 19758 19759 19760 19761 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/2936ef765a9e3cfc2c5cc7722f3ada1c58825d10.pdf https://islam.zmo.de/files/original/0c1bade01ae18d55e24ef8c6acf45d2e72aa4369.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/220b666bad5390b9ba02abb5fef3c0d328486fb7.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/bfe62b5b9e0296441406da4ecd431c624a79f7ed.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/7669ced5ebff86d8bb20d02c9d1b2590a422c9ab.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/c71b30b8f5af5dbe87aea5bc41053e0123ca398b.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/388933e3d02f92a4402bbbf0f85f84f29519b44b.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/fe9e817ee6fd480522dceb5c2604568056074686.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/9e4a6ee0cdb3ee793eb582748aa6decbd0f49dbe.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/24b397ef3e600dc9c214756cb6b3db865b9b5a34.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/83def9a8b06eaf986c5737a58bcb712213dcb10a.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/7a227c0607a7135ed7bd9e633f8045ec20e2d9c2.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/ebf2d5fc58e3fb2000dbf8104a4f60e8f494468f.jp2 dcterms:title Le CERFIste #2 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/146 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/56 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/5 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/29 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1187 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/578 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/572 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/579 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/582 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/125 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/124 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/81 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/87 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/480 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2007-01 dcterms:identifier iwac-issue-0000544 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/284 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/307 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/311 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/443 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) N.002 EDITORIAL p.2 RETOUR EN IRAK DOSSIER p.4 L'ORGANISATION DU HADJ AU BURKINA FASO : HISTORIQUE, ACQUIS, INSUFFISANCES, ROLE DE L'ETAT. INTERVIEW DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FÉDÉRATION DES ASSOCIATIONS ISLAMIQUES DU BURKINA (FAIB) L'ENSEIGNEMENT DE L'ARABE AU BURKINA FASO, UNE AUTRE APPROCHE P.3 LES DELICES DE LA FOI P.12 ENTRE FOI ET LOTERIE P.8 Dr Yûssuf Al-Qaradàwî, LA FOI ET LA VIE P.9 EDITORIAL RETOUR EN IRAK La présence des Etats-Unis d’Amérique en Irak n’est ni plus ni moins qu’une occupation d’un territoire étranger. N’ayant aucun fondement moral et ne reposant sur aucune norme du droit international, elle est illégitime et illégale. Elle n’est pas seulement absurde, elle est surtout injuste. Que diantre cherche l'hyper puissance américaine sur ces terres aux surfaces arides ? A l'évidence ni les Irakiens, ni leur devenir n'ont un quelconque intérêt pour l’occupant. En effet, à La faveur du malheureux 11 Septembre 2001, les premiers responsables américains du moment ont pris d'importantes décisions pour conduire l'humanité ! Il faut sans doute rappeler avec force, en termes de clarté coranique, que ce qui a fait l'événement dans le monde, ce on ne peut plus triste 11 Septembre 2001 n'a aucun fondement dans les références de l'Islam. Ni dans la tradition du Messager pas plus que dans ce qui lui a été révélé par le Créateur, il est possible de trouver une moindre justification. L'ampleur de la catastrophe, sa singularité, venue comme une gifle magistrale à la face de l'Empire étasunien, a-t-elle conduit à la réaction irréfléchie au 11 Septembre ? Ou est-ce la volonté de reconquérir une opinion américaine dubitative à la suite de son élection calamiteuse contre le démocrate Al Gore qui a justifié un tel radicalisme ? Ou encore serait-ce la pression des puissants lobbies évangélistes ou juifs qui dominent la politique des États-Unis ? Il reste vrai que l'Amérique sous le couvert d'un Mensonge au sommet de l'État, forgé depuis ses services de renseignement, a expliqué son entêtement en vue de rechercher et de détruire les armes de destruction massive (ADM) qui se trouveraient sur le sol irakien. À la vérité, les États-Unis d’Amérique se sont abattus sur l’Irak comme un vampire assoiffé de pétrole. La seule arme s’y trouvant est l’or noir. Ils ont ainsi jeté la désolation et le désarroi dans les populations irakiennes en provoquant des dizaines de milliers de morts, dont au moins 2900 dans les rangs américains. Ils ont installé pour on ne sait combien de temps encore une guerre civile en Irak qu'ils se refusent à assumer. Quand des hommes sont capables de mentir contre tous pour provoquer la mort de milliers de personnes, même dans leur propre rang, ces hommes ne méritent pas notre respect. Les deux mandats de George Bush ont marqué un recul important de la diplomatie internationale et de l'aspiration des peuples à vivre libres et heureux ! Les dernières élections américaines ont sans... doute souligné un sursaut du peuple américain pour ne pas suivre Bush dans ses errements. L'Amérique doit se rappeler que tous les peuples tiennent cette vérité pour évidente par elle-même que tous les hommes ont été créés libres et égaux en droit, qu'ils ont été dotés par le Créateur de certains droits inaliénables parmi lesquels la vie, la liberté et la recherche du bonheur. La liberté et le bonheur ne sauraient s'arrêter à l'intérieur des frontières américaines. Tous les pays, tous les peuples y aspirent légitimement. Refuser de le comprendre ou ne pas le prendre en compte en tant que première puissance du monde actuelle, c'est transformer le monde en un véritable western dans le Far West. Ainsi, au moment où les musulmans du monde entier s'apprêtaient à immoler le mouton du sacrifice à l'occasion de la fête de Tabaski (id al adha), les Américains ont trouvé un bélier en la personne de Saddam Hussein, leur complice de tous les temps, comme offrande. Tous les hauts faits de Saddam de même que toutes les énormités pendant son règne ont été accomplies avec les complicités européennes et américaines. Quel est l'enjeu de la précipitation de son exécution le jour de la fête sans avoir été jugé pour tous ses crimes ? La Rédaction Le Cerfiste N6 002 Janvier & Février 2007 L'éducation L'ENSEIGNEMENT DE L'ARABE AU BURKINA FASO, UNE AUTRE APPROCHE Le constat Il a été constaté lors de l'encadrement de certains étudiants dans des structures comme l'Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina (A.E.E.M.B.), le Cercle d'Etudes, de Recherches et de Formation Islamiques (CERFI) et aussi ailleurs, le phénomène linguistique suivant : la récurrence de certaines interférences entre la langue maternelle de l'apprenant et la langue objet d'apprentissage. À titre illustratif, un étudiant avait dit : Phrase 1. [ana : u + ri:d + u + kum] "moi, je vous veux (moi, j’ai besoin de vous)" Alors qu'il devrait dire tout simplement : Phrase 2. [u + ri:d + u + kum] "je vous veux" C’est qu'en arabe, toute apparition verbale est accompagnée d'un pronom de conjugaison indiquant à quelle personne est conjugué le verbe. Aussi, en phrase (2), le verbe apparaît-il avec la 1^re personne du singulier qui est la personne à laquelle est conjugué ce verbe. Le pronom fait donc corps avec le verbe. Mais en phrase (1), on a plutôt un "moi" antéposé à la personne de conjugaison qui fait corps avec le verbe. Cela parce que l'étudiant reproduit la structure de sa langue maternelle, le mooré (cf. Phrase 3.). Phrase 3. èm + ràt + y + lamé "je vous veux" Vous remarquerez qu'en phrase (3), le pronom ne fait pas corps avec le verbe. On a : pronom + verbe, structure qui s’approche de celle de la phrase (1) : pronom + pronom de conjugaison + verbe. Ainsi, le pronom de conjugaison étant considéré comme partie intégrante du verbe, le transfert de la structure de la langue maternelle vers la langue arabe ajoute un pronom qui fait de la phrase (1), une phrase plutôt emphatique qui n’était pas celle souhaitée. La nécessité d’une étude réformatrice Cette invite Est donc non seulement motivée par les erreurs ci-dessus spécifiées, qui touchent malheureusement même des étudiants arabophones "avancés", mais aussi et surtout par la perspective de la création d'un département d'arabe à l'université de Ouagadougou. Perspective qui justifie la nécessité d'une étude scientifique de cette langue en rapport avec celle du milieu d’enseignement. Une étude d'autant plus opportune qu'il n’est disponible aucune analyse contrastive antérieure entre l'arabe et les langues du milieu d’enseignement (le Burkina Faso). Aussi, l'étude en contraste de la structure linguistique de la langue maternelle de l'apprenant avec celle de la langue arabe, pourrait-elle aider, entre autres, à prédire certaines difficultés de l'apprenant. Il sied de mener une étude vérificatrice de l’influence, positive ou négative, du comportement phonologique, morphosyntaxique des langues locales sur l’arabe. Partant du postulat que les langues locales sont distantes de l’arabe (cette dernière est une langue à cas, marquant le nom selon sa fonction), on s’attend à ce que le passage du système linguistique des langues locales à celui de l’arabe soit ipso facto difficile. Une étude contrastive élargie et approfondie pourrait constituer une littérature didactique plus vaste et appropriée à l’enseignement au Burkina Faso de cette langue étrangère qui mobilise un grand effectif de l'enseignement primaire. Il nous semble donc impératif de s'y atteler. Les voies d'analyse Dans le contexte multilingue du Burkina Faso, il serait plus convenable d'entreprendre une analyse contrastive à modèle multilingue. Ce modèle d'analyse permettrait de découvrir les erreurs qui sont dues à l'interférence des langues locales, chacune en ce qui la concerne, sur l'arabe. Aussi est-il suggéré : - La conduite de l'analyse contrastive sur le modèle multilingue entre les langues nationales, le français et l'arabe en vue de produire une grammaire contrastive adaptée aux apprenants de l'arabe dans ce pays à langues maternelles multiples et ayant le français comme langue officielle. La conduite du même modèle d’analyse contrastive entre les sous-groupes de langues nationales. Cela permettrait d’établir les structures linguistiques qui leur sont communes afin d'entreprendre une analyse contrastive multilingue entre ces sous-groupes, et l’arabe et éventuellement entre ces sous-groupes, le français et l'arabe. Cette entreprise pourrait servir à l'écriture d'une grammaire contrastive adaptée entre les sous-groupes de langues et l'arabe. D’une manière générale, pour la réussite de l'enseignement de l’arabe en “Le Cerfiste” Récépissé de déclaration N°012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006 09 BP 911 Ouagadougou 09 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67 / 50 36 08 03 Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires Particulier, il serait intéressant de prendre des mesures dans le sens de : - L'accès à la littérature écrite et orale (bibliothèques, centre de télévision en langues arabes, jeux radiophoniques). - La production de documents didactiques communs à toutes les écoles avec des niveaux gradués et proportionnés si l'on veut effectivement arriver à un enseignement supérieur probant. - L'engagement de l'État dans le suivi des programmes d'enseignement élaborés pour tous les niveaux en formant des inspecteurs d’enseignement de la langue arabe. C’est de cet engagement que dépendra l'attachement ou le non-attachement des populations à leurs méthodes d'enseignement tâtonnantes. Abdoul Wahid Ouédraogo, linguiste Le Cerfiste N° 002 Janvier & Février 2007 DOSSIER L'ORGANISATION DU HADJ AU BURKINA FASO : HISTORIQUE, ACQUIS, INSUFFISANCES, RÔLE DE L'ÉTAT. Depuis les années 1990, le hadj suscite un intérêt particulier chez les fidèles musulmans et les autorités politiques du Burkina. En effet, l'État s'est impliqué directement dans l'organisation du Pèlerinage et de nombreuses structures ont vu le jour dans le cadre de l'accomplissement de ce cinquième pilier de l'Islam. Au même moment, des critiques de plus en plus virulentes, réclamant soit un retrait de l'État de l'organisation du hadj, soit des assises sur le pèlerinage, sont formulées après chaque édition contre l'État et ses partenaires locaux et internationaux. Au-delà des motifs de l'intervention de l'État laïc dans l'organisation de cette activité religieuse, le présent exposé a pour objet de repérer les différentes étapes de l’organisation du hadj au Burkina Faso et d'en exposer les acquis et les insuffisances. I - LE HADJ : FONDEMENTS ET IMPORTANCE DANS LA RELIGION MUSULMANE 1- DÉFINITION, FONDEMENTS LÉGAUX ET RITES DU HADJ Le hadj, 5e pilier de l'Islam, a été rendu obligatoire aux musulmans, une fois dans la vie, en l'an 9 de l'hégire. Il trouve son fondement juridico-religieux dans le verset 97 de la sourate III du Coran qui stipule : "Le pèlerinage à la Mecque est un devoir envers Dieu pour toute personne capable de l'effectuer. Dans son discours d'adieu, le Prophète Muhammad a dit : "Dieu vous a prescrit le pèlerinage, accomplissez-le". Dans un autre hadith rapporté par Boukhari et Mouslim, il ajoute : "L'Islam est fondé sur cinq piliers : témoigner qu'il n'y a point de divinité à part Dieu et que Muhammad est son messager ; accomplir la prière ; s'acquitter de l'aumône légale ; jeûner le mois de Ramadan ; et effectuer le pèlerinage à la Mecque pour ceux qui ont les moyens." Les jurisconsultes musulmans reconnaissent unanimement que le pèlerinage majeur, c'est-à-dire le hadj, est une prescription divine, qu'il représente une évidence religieuse que tout fidèle est censé connaître. L'accomplissement de ce pilier exige du fidèle d'être musulman, pubère, sain d'esprit et d'avoir les possibilités physiques et matérielles de l'accomplir. Les rites du hadj : Le hadj comporte quatre (4) règles de base appelées arkân dont l'observance est hautement indispensable et nécessaire. La transgression de l'une de ces règles rend le hadj nul et non avenu. Ce sont : • L’Ihram : c'est l'abstention. Il s'agit de l’entrée en état de consécration après avoir formulé l’intention d'accomplir le hadj en tant que devoir religieux. • Le Tawaf : c'est la circumambulation autour de la Ka'ba. • Le Sa'y : le Sa'y est la course processionnelle entre les monts Safa et Marwa. • La station d'Arafat : il est une obligation d'observer la station d’Arafat. À ces règles de base ou rites fondamentaux s'ajoutent les Wâjibât ou devoirs. Ils sont obligatoires, mais leur non-observance n'entraîne pas l’annulation du pèlerinage parce que le fidèle peut se racheter en immolant une tête de bétail. Il s'agit entre autres du fait d'entrer en état de sacralisation à partir du Mîquât ; d'observer la station d'Arafat jusqu'au coucher du soleil ; de lapider les stèles (Al-jamarât) qui symbolisent Satan. Il s’agit aussi des recommandations de passer la nuit du 10 Dhul Hidjja à Muzdalifa ; de passer la nuit du 11 et du 12 Dhul Hidja à Mina ; d'accomplir la circumambulation d'adieu (Tawaf al-wadâ)... Une dernière série de rites du hadj constitue les actes sunna. Celui qui les néglige ne doit aucune compensation, mais aurait raté des actes méritoires dont la récompense est énorme. Il s'agit par exemple du fait de toucher la pierre noire, du fait de se laver avant l'Ihram, du fait de se mettre en état d'Ihram après une prière obligatoire ou surérogatoire, etc. La doctrine classique de l'Islam définit trois modalités légales pour accomplir le pèlerinage majeur à savoir : l’Ifrad, le Tamattu et le Qiran. Le pèlerin qui opte pour l'Ifrad ne doit accomplir que le pèlerinage majeur durant l'entrée en état de sacralisation. Le Tamattu consiste à accomplir la Oumra, puis jouir d'une vie normale (quitter l'état de sacralisation) avant d'accomplir le pèlerinage majeur. Quant à celui qui opte pour le Qiran, cela consiste à accomplir le hadj et la Oumra sans quitter l’état de sacralisation. 2)- L’IMPORTANCE DU HADJ DANS LA RELIGION MUSULMANE L'accomplissement du hadj confère au musulman plusieurs avantages. C'est une occasion pour lui de respecter un devoir religieux et de consolider ainsi ses liens avec Dieu ; de revivre l'histoire du messager d’Allah par la visite de lieux symboliques et enfin de réaliser le pèlerinage accompli avec piété. Un hadith dit à ce sujet : "Celui qui accomplit le pèlerinage sans commettre un acte répréhensible, reviendra chez lui exempt de péchés comme au jour de sa naissance." L'observance de ce rite cultive en l'homme certaines vertus comme l'altruisme, la générosité, l’endurance, la discipline, la modestie, la tolérance et le respect permanent des commandements divins. Le Chaykh Mahmoud CHALTOUT de l'université égyptienne d'Al-Azhar dans Orientation de l’Islam affirme que, par l'Ihram, "le pèlerin renonce aussi aux traits de distinction sociale entre individus, traits qui font des êtres humains ou des maîtres ou des esclaves ou des exploitants ou des exploités. Al Ihram rend tout le... monde égal et sème la fraternité entre tous. "Le hadj permet de consolider le lien de l'ensemble des pèlerins avec le passé de la nation musulmane. Il permet aussi d'enraciner le sentiment d'égalité, et de justice, d'éradiquer la ségrégation basée sur la stratification sociale qui implique la haine, la discorde et l'injustice. C'est en somme "une manifestation de l'égalité absolue entre les hommes". La société musulmane étant fondée sur l'entraide et l'altruisme, l'égoïsme ne doit pas y avoir droit de cité. Un autre objectif majeur du hadj est de permettre aux musulmans des quatre coins du monde de discuter et de parvenir à une position commune vis-à-vis des événements de l'époque, notamment les conspirations et stratagèmes qui menacent les musulmans. C’est aussi une opportunité pour eux d'étudier les conditions de vie des musulmans dans chaque pays, de coopérer pour leur venir en aide, de concrétiser l’échange et l’entraide entre les musulmans au niveau économique et social. BURKINABE AU HADJ AVANT LES INDEPENDANCES La Haute-Volta, devenue Burkina Faso depuis 1984, est un pays sahélien de 13 millions d'habitants. Il compte 55,9% de musulmans selon le recensement de 1996 réalisé par l'Institut National de la Statistique et de la Démographie. La pratique du hadj remonte de ce fait à des périodes très reculées. Durant la période coloniale, en l'absence de cadre organisé, l'accomplissement du hadj relevait d’initiatives personnelles. La plupart des pèlerins voyageaient à pied. Les musulmans, plus que les adeptes des autres communautés religieuses, ont souffert de la domination coloniale. Cela est dû au fait que la France entendait faire du Moogo le bastion du Christianisme et sa base de résistance contre l'Islam. C'est du reste ce qu'a confié un officier supérieur à Mgr Hacquard : "Dans la boucle du Niger, envahie depuis longtemps par les musulmans [...] seul le mossi ne s'est pas laissé entamer; il faut en le christianisant, en faire... Notre base de résistance à tout mouvement islamique possible, il faut que le Mossi soit l'Abyssinie de notre empire soudanais." Les musulmans étaient soumis à une surveillance stricte et à la répression à cause de la politique coloniale française en vigueur. Cette politique musulmane de la France selon Jean Audouin et Raymond Deniel peut assez bien se résumer dans les principes suivants : "Séparer l'Islam noir de ses racines arabes, dissocier sa dimension religieuse de ses composantes politiques et sociales pour mieux orienter celles-ci vers de nouvelles bases, maintenir enfin les divisions entre les divers groupes islamisés." Ainsi, le Gouverneur général basé à Dakar demanda que soit contrôlée la propagande faite par les participants au hadj. Il est convaincu que "l'hostilité à l'action de la France est entretenue par les pèlerins de la Mecque," d'où la création en 1911 d'une police musulmane permanente chargée de recenser les marabouts, de contrôler leurs activités, de leur imposer des laissez-passer. destinés à empêcher leurs actions occultes. Les marabouts fanatiques seront expulsés s’ils sont étrangers et les agitateurs seront "poursuivis de façon impitoyable". Une circulaire signée par le Gouverneur CLOZEL le 12 août 1911 stipule que "les marabouts qui veulent circuler doivent avoir un laissez-passer qui sera délivré dans des cas bien définis. Ceux qui voyagent sans autorisation seront sanctionnés et reconduits dans leur village". L’usage et l'enseignement de la langue arabe considérée comme le canal des idées subversives sont limités. Siaka DIALLO dépeint la situation en ces termes, "La pratique de la religion musulmane était rigoureusement soumise au contrôle des autorités coloniales. Aucune école musulmane ne pouvait enseigner le Coran sans n'être préalablement autorisée après d'interminables enquêtes sur le comportement de son directeur. Lors des fêtes religieuses, les imams des mosquées ne pouvaient débuter la prière sans s'assurer d'abord de la présence sur les lieux des dépositaires du pouvoir." Au demeurant, la plupart des imams étaient imposés par les administrateurs coloniaux. Le pèlerinage à la Mecque était sérieusement entravé et pour obtenir un passeport en vue du voyage, les fidèles subissaient mille et une tracasseries. Dans une étude portant sur les rapports entre l'Administration coloniale française et les pèlerins de la Mecque, Juliette VAN-DUC écrit : "de 1907 à 1925, au départ, quinze (15) musulmans qui allaient en Arabie, non résidents du cercle de Dori y ont été arrêtés et renvoyés chez eux. Ils venaient du Liptako, du Yagha, du Gourma, du Bandiagara, de Bamako, de Nioro... Aboubacar SAWADOGO était parti en pèlerinage en 1914. À son retour en 1917, il a été emprisonné et les livres religieux qu'il avait rapportés ont été brûlés." Compte tenu de ce contexte, les pèlerins effectuaient le voyage clandestinement afin d'échapper à l'autorité coloniale hostile à l'accomplissement du hadj. "On n'apprenait, selon El hadj Oumar KOUANDA, la participation de beaucoup de fidèles au hadj. qu'à leur retour. Les départs n'étaient pas annoncés par crainte des représailles des colons". Un pèlerin d'ethnie bissa interrogé par Juliette VAN DUC raconte : "J'avais retenu au départ les noms des principales villes et villages à traverser. Quand j'arrivais quelque part, je demandais la route du prochain lieu habité, mais je ne disais pas que j'allais à la Mecque". En dépit des circulaires officielles et des dispositions prises sur place pour empêcher les musulmans d'aller au pèlerinage de la Mecque, les Voltaïques n'ont cessé d'y partir et d'en revenir. Le voyage durait des mois, voire des années car certains travaillaient en route pour pouvoir se nourrir. Il leur arrivait d'abattre leurs montures (ânes, chevaux...) pour pouvoir survivre, d'être réduits à la mendicité. Les voyageurs affrontaient outre la rigueur du climat, les exactions des coupeurs de route. Les attaques destinées à dépouiller les pèlerins de leurs biens étaient nombreuses. Pour parer à ces menaces, ces derniers s’armaient de lances, de Sagaies, de javelots, d’armes à feu... Les pistes automobiles se sont superposées aux anciennes voies de communication. Les véhicules voyageaient en convois pour décourager les bandits. Quant au séjour en Arabie Saoudite, il est marqué d'abord par l'accomplissement des rites du hadj. Ensuite, les pèlerins travaillaient comme manœuvres dans les carrières, bergers, serveurs dans les restaurants, boys, lavandières, maçons, porteurs d'eau, balayeurs de mosquées, cordonniers, électriciens, coiffeurs, ouvriers agricoles afin de financer leur voyage retour et de se doter d'articles de valeur. Ils profitaient aussi de leur séjour en Arabie Saoudite pour approfondir leur connaissance islamique. Les adultes se contentaient d'apprendre les principes généraux de la religion avec les maîtres coraniques de leurs quartiers. Les enfants et les adolescents suivaient un enseignement régulier dans les medersas. Certains pèlerins après le hadj se sont installés à la Mecque avec leurs familles. Ce qui a occasionné la naissance d'une forte communauté africaine et voltaïque en Arabie Saoudite. L'accroissement du nombre de pèlerins sur les lieux saints de l'Islam engendre des problèmes de sécurité, d'hygiène et la naissance de quartiers pauvres où se mènent des activités contraires aux prescriptions islamiques (mendicité, vol, promenade des filles sans voiles pour vendre des gâteaux, des galettes, des beignets, etc.). Cela a poussé les autorités saoudiennes à exiger du Gouvernement Maurice YAMEOGO, dès les indépendances, le rapatriement des Voltaïques vivant en Arabie Saoudite. Le gouvernement Saoudien adressait également aux autres États des directives relatives à une meilleure organisation du séjour de leurs compatriotes à la Mecque. Ces événements marquent le début de la mise en place de structures chargées d'organiser le hadj au Burkina. III - L'ORGANISATION DU HADJ PAR LES ASSOCIATIONS ISLAMIQUES (1960-1995) L'organisation du hadj par les communautés et associations islamiques peut être scindée en deux grandes phases : La Première, commencée depuis les indépendances prend fin le 19 juillet 1979 avec l’adoption du décret n°79-290 PRES/PM/IS/DGI instituant la Commission Nationale de Pèlerinage (CNP). Les affaires du hadj durant cette période étaient gérées par une structure islamique nationale dénommée Communauté Musulmane de la Haute-Volta (CMHV). La deuxième phase commence en 1979 et prend fin avec l'adoption du décret N°95-513/PRES/PT/MAET du 4 décembre 1995. Le hadj durant cette période connaît une gestion tripartite à cause de plusieurs incidents qui ont occasionné le fractionnement de la CMHV et la naissance de deux nouvelles structures musulmanes : le Mouvement Sunnite du Burkina et l'Association Islamique de la Tidjania. A) L'ORGANISATION DU HADJ PAR LA COMMUNAUTÉ MUSULMANE DE LA HAUTE-VOLTA (1960-1979) La Communauté Musulmane de la Haute-Volta (CMHV) aujourd’hui Communauté Musulmane du Burkina Faso (CMBF) fut créée les 16 et 17 octobre. 1962. Son contexte d'apparition a fait d'elle l’intermédiaire privilégié entre les musulmans et le Gouvernement d'une part, et la direction saoudienne du pèlerinage d'autre part. Il existait avant la naissance effective de la CMHV un groupe de croyants chargés d'aider chaque année les musulmans désirant effectuer le pèlerinage à l'accomplir dans de bonnes conditions. Ces fidèles, pour la plupart anciens pèlerins, assuraient la formation des candidats au pèlerinage, les aidaient à remplir les formalités administratives et à enregistrer leurs bagages. Avec le nombre grandissant de pèlerins, la nécessité de les accompagner à la Mecque en vue de les encadrer s’est posée. Ce besoin sera comblé grâce à une subvention de 5.000.000 F CFA que la BCEAO versait aux musulmans. Le gouvernement envoyait une équipe médicale, deux policiers chargés de la sécurité et souvent un lot de médicaments. La prise en charge de ce personnel était assurée par le comité chargé du hadj. Les dirigeants de la Communauté Musulmane recevaient aussi de certains pays arabes (Arabie Saoudite, Algérie, Libye, etc.) de temps à autre des subventions sous forme de billets et de frais de séjour. Issa CISSE parle par exemple de "25 titres de transport Aller/Retour pour la Mecque pendant le pèlerinage en 1978 offerts par la Libye". "En 1973, Al-Rabita a envoyé 10 à 15 billets d'avion aux fidèles musulmans du Burkina Faso. En 1973, la Communauté Musulmane a reçu 05 billets d'avion offerts par le Roi Faïçal d'Arabie Saoudite. La Libye quant à elle envoya en 1978, 25 billets à la Communauté Musulmane du Burkina. En 1988, l'Algérie a offert 4 billets d'avion à la Communauté Musulmane..." Ces aides permettaient à la CMHV d'envoyer un certain nombre d'encadreurs chargés de guider les pèlerins sur les lieux-saints. Au retour, les pèlerins sont accueillis et accompagnés chez eux. Tel est en général le mode de gestion du hadj initié par la Communauté Musulmane de la Haute-Volta sous la supervision de l’État. Il permettait aux pèlerins d'accomplir aisément leur Devoir religieux. Cependant, les ristournes versées par Air Afrique vont pousser certains encadreurs à se muer en de véritables coxers ou démarcheurs. Le titre d'encadreur religieux recule, sinon fait place à la profession de démarcheur. Certains d'entre eux vont se livrer à des opérations d'escroquerie, voire de spoliation des pèlerins. Certains pèlerins se retrouvent privés de leurs pécules aux lieux saints, d'autres, bien qu'ayant versé leurs frais de loyer au démarcheur, se retrouvent abandonnés dans les mosquées, devant les magasins et les boutiques ou dans la rue, s'exposant ainsi aux maladies et aux rafles de la police saoudienne. En 1978, le transport des pèlerins voltaïques est confié à la Compagnie Nationale Air Volta. Le manque de personnel qualifié et d'avions gros porteurs pousse cette dernière à sous-traiter l'opération avec la Compagnie Air Algérie. Les conséquences furent terribles pour les pèlerins. Des tonnes de bagages sont restées pendant plusieurs semaines à l'aéroport de Djedda. Ce qui Fait que le hadj 78 s’est soldé par un échec. Ce problème joint aux exactions des démarcheurs vont pousser les autorités burkinabé à réagir. LA COMMISSION NATIONALE DE PÈLERINAGE (CNP) : CIRCONSTANCES DE CRÉATION ET ATTRIBUTIONS À partir de 1973, la CMHV ne représente plus tous les musulmans du pays. Le retour de certains Voltaïques expulsés d’Arabie fortifie le mouvement sunnite créé en 1973. Entre-temps, une autre association, l'Association Islamique de la Tidjania de la Haute-Volta voit le jour en janvier 1979. Les difficultés d'encadrement des pèlerins Voltaïques soulèvent des protestations des autorités saoudiennes, ce qui oblige l'État Voltaïque à se pencher davantage sur le dossier du hadj. Cette implication a pour objectif de délivrer les pèlerins de l'emprise des démarcheurs qui les exploitent, d'éviter que ne se répète la débâcle organisationnelle du hadj 78, de soigner l'image de marque du pays à l'étranger et enfin de réglementer l’organisation du hadj en fonction des divisions survenues suite à l'implosion de la CMHV. C'est certainement dans cet esprit que fut pris le décret n°79-290 PRES/PM/IS/DGI du 19 juillet 1979 portant création de la Commission Nationale de Pèlerinage (CNP) placée sous la tutelle du Ministre de l'Intérieur et de la Sécurité. Les Associations islamiques sont représentées à la CNP par trois de leurs membres. Il s'agit d'un représentant de la Communauté Musulmane de la Haute-Volta (CMHV), d’un représentant du Mouvement Sunnite et d'un représentant de l'Association Islamique de la Tidjania. Selon l'article 3 du décret, "la commission nationale de pèlerinage est chargée de l'organisation du pèlerinage vers les lieux saints, des inscriptions des pèlerins, de la délivrance des passeports, de l'organisation des vaccinations, de la coordination entre les compagnies aériennes et les pèlerins". La Commission ne recevait pas de subvention de l'État. Ses sources de financement provenaient de subventions de la BCEAO, de la direction saoudienne chargée du Hadj, des billets en provenance des... pays du golfe, etc. B) LA GESTION TRIPARTITE DU HADJ (1980 - 1995) Sur le plan pratique, le hadj est géré par le Délégué général désigné à tour de rôle par les associations islamiques avec l'accord du Ministre de l'Intérieur et de la Sécurité. Le délégué général était aidé par un Comité chargé de l'encadrement des pèlerins. Les membres de ce comité étaient également désignés par les associations islamiques. À partir de 1983 va naître l'Association Islamique du Burkina (AIB) sous la houlette d'El Hadj Lancina TRAORE. Il s'agit d'une structure non officielle composée d’éléments désignés par les trois (3) structures musulmanes pour gérer le pèlerinage et qui ambitionne de gérer efficacement le hadj. Le rôle de l'État est resté symbolique. Dans l'ensemble, les associations islamiques par l'entremise des encadreurs et surtout des démarcheurs assuraient l'organisation du pèlerinage. Les frais de transport et d'hébergement des encadreurs étaient à la charge de la CNP. Du reste, les démarches pour L'acquisition des visas et autres pièces étaient effectuées par les parents des pèlerins et les démarcheurs. Ces derniers aidaient les pèlerins à accomplir les formalités d'inscription, de voyage et d'accomplissement des rites du hadj. En plus des titres de voyage accordés à la CNP pour les encadreurs, la Compagnie Air Afrique, dans le souci d'assurer sans partage le transport des pèlerins, offrait un billet d'avion (Aller/Retour) pour un certain nombre de billets vendus. En 1999, le vendeur ou démarcheur recevait un billet pour 25 billets vendus. En l'an 2002, avec Faso Airways, le taux était d’un billet pour 22 pèlerins inscrits. Quant à la CNP, elle s’occupait de la gestion des pèlerins qui sont en majorité des éleveurs, des commerçants, des Voltaïques ayant fait fortune à l’étranger, notamment en Côte d'Ivoire, des paysans et enfin quelques fonctionnaires. Ils proviennent surtout des milieux ruraux et sont du 3e âge. Il ressort de nos enquêtes que leurs fonds proviennent surtout de la vente de produits. d'élevage, de bénéfices réalisés grâce au commerce, d'aides de leurs enfants, et de "petits entrepreneurs indépendants". C'est ainsi qu'un pèlerin de 70 ans, déclare avoir vendu 10 têtes de bœufs afin de participer au hadj 2002 dans de bonnes conditions. Il arrive aussi que certains non-musulmans aident financièrement leurs parents musulmans à accomplir le pèlerinage. Il existe une catégorie de pèlerins bénéficiaires des billets du Gouvernement. Le Président Lamizana affirme recevoir annuellement en son temps des billets au profit des musulmans burkinabé. Ces billets (environ 15 par an) provenaient selon ses explications des pays arabes et étaient répartis dans toutes les provinces du pays. C) BILAN PARTIEL Au titre des acquis, une analyse des rapports écrits et des sources orales révèle un bilan largement positif. L'argumentation généralement avancée a trait au fait que les pèlerins voltaïques devenus entre-temps burkinabé ont rempli les conditions pour que leur hadj soit agréé d’Allah. On ne cite pas d’édition durant laquelle des pèlerins du Burkina Faso ont manqué l’accomplissement de rites obligatoires du pèlerinage. Aux yeux des encadreurs et des responsables d'associations islamiques, l'objectif est atteint dès lors que tous les rites prescrits par le Coran et les hadith sont respectés. Les quelques insuffisances (retards d'avions, de convoyage des bagages, problèmes d'hébergement, de pertes d'argent, etc.) sont compréhensibles étant donné le nombre important de pèlerins qui convergent chaque année vers les lieux saints pour le hadj. Certains estiment que les difficultés d'encadrement sont presque insurmontables étant donné le fait que la quasi-totalité des pèlerins viennent du milieu rural. Ils se retrouvent déboussolés dès Ouagadougou. On n'a pas noté non plus des cas de conflit de compétence entre les communautés musulmanes membres de la CNP. En ce qui concerne les insuffisances, il y a les cas d'escroqueries généralement imputés aux démarcheurs. Le système Mis en place faisait en sorte que chaque démarcheur s'occupe de ses clients-pèlerins par l'achat du billet d'avion et la confection des chèques (BCEAO). Incontournables dans l'organisation du hadj, les démarcheurs empochaient les pécules et les autres frais nécessaires à l'accomplissement du hadj du pèlerin. Même les frais de logement étaient gardés par devers chaque pèlerin. Aucun montant commun n'est fixé d'avance. Il arrive que des pèlerins se retrouvent sur les lieux saints sans possibilité de joindre leur démarcheur pour entrer en possession de leurs chèques. Certains, après avoir été dépossédés de leur argent, sont laissés à eux-mêmes. On signale aussi des cas de confiscations de pécules de pèlerins, d’organisations répétées ou injustifiées de Ziyara et de location de bâtiments déclassés pour l'hébergement des pèlerins. Après avoir laissé à la Communauté Musulmane pendant environ deux décennies la gestion du hadj, le Gouvernement mit en place en 1979 une Commission nationale de pèlerinage. Le système de Gestion tripartite adoptée permettait aux musulmans d’accomplir le 5e pilier de l'Islam malgré les imperfections dues aux retards dans les programmations des vols ainsi qu'aux malversations de certains démarcheurs. Cette période de gestion du hadj par les structures musulmanes va prendre fin avec la création en 1995 de la CNOPM. La gestion du hadj devient dès lors l’affaire de l'État burkinabé. Notes I. Dans un hadith rapporté par Muslim, quelqu'un a interrogé le messager de Dieu : "Notre pèlerinage est-il obligatoire uniquement pour cette année, ou bien nous suffit-il pour toute une vie ?" Le Prophète lui répondit : "Pour toute une vie." II. Boukhari, Mouslim, Thirmidji, Abou Daoud, Ibn Madja, Ahmad, sont les plus célèbres compilateurs de hadith. III. Boukhari et Mouslim cités par Abou Bakr Djaber Al-Djazaïri in La voie du musulman (Minhaj al-Mouslim), Traduction de Rima Ismael, Beyrouth, édition Dar el Fiker, p. 391. IV. Certains penseurs comme Muhammad Ali Qutb précisent que le fait de se raser ou tailler les... cheveux (halk ou taqsir) et la nécessité de respecter l'ordre de l'accomplissement des actes fondamentaux sont des piliers du hadj. Il s'agit précisément de la circumambulation dite d'ifâda que le pèlerin doit accomplir le 10 du mois de Dhu'l-hijja. Cela doit ressortir dans l'ihram par l'intention d’accomplir uniquement le hadj : "Labbayka alla-houmma bil hadj" "Me voici mon Seigneur pour le hadj". Hadith rapporté par Boukhari, cité par ABOU BAKR Djaber Al-Djazaïri in La voie du musulman (Minhaj al-Mouslim), Traduction de Rima Ismael Beyrouth, édition Dar el Fiker, p.392. Ministère de l'éducation nationale du Maroc Instruction islamique 1983 p.120. Chaykh Mahmoud CHALTOUT in Instruction islamique 4e année secondaire Ministère de l'éducation nationale du Maroc, Rabat, 1983 p.153. AUDOUIN Jean et Raymond DENIEL L'Islam en Haute-Volta à l'époque coloniale, éditions l’Harmattan, 1978, p.83. idem p.41. AUDOUIN Jean et Raymond DENIEL op.cit 1978, p.31. idem p.32. Gabriel MASSA et Y. Georges MADIEGA, (sous la direction de) La Haute-Volta coloniale : témoignages, recherches, regards. Paris, Karthala, 1995, p. 258. XV Gabriel MASSA et Y. Georges MADIEGA, (sous la direction de) La Haute-Volta coloniale : témoignages, recherches, regards. Paris, Karthala, 1995, p. 33. XVI DIALLO Siaka L'évolution de l'Islam à Bobo-Dioulasso, des origines à la crise de la communauté musulmane. Mémoire de Maîtrise, 1991, p. 40. XVII Gabriel MASSA et Y. Georges MADIEGA, op. cité, p. 253-254. XVIII Kouanda Oumar interview du 05-01-2002. XIX VAN DUC 1988, p. 360. XX Maurice YAMEOGO fut le premier président de la République de Haute-Volta. Il exerça le pouvoir de 1960 à 1966. XXI Il s’agissait pour les autorités saoudiennes de "se débarrasser des étrangers non autorisés à résider en Arabie". Confère VAN DUC 1988, p. 415. XXII El Hadj KOUANDA Oumar interview du 05-01-2002. XXIII El Hadj Lancina TRAORE interview du 12-01-2002. XXIV Cissé Issa Impact des relations arabo-burkinabé sur l'Islam au Burkina : des années 60 à nos jours. mémoire de DEA, 1990, p.45 XXV SAMA Hamadou L'aide arabe et son impact sur l’Islam au Burkina Faso : 1962-1990 Mémoire de Maîtrise Université de Ouagadougou 1996, pages 81-82. XXVI À partir de 1987, la BCEAO décide de suspendre son aide. XXVII Ces derniers au nombre de trois assurent la direction du hadj à tour de rôle d'où la notion de gestion tripartite avancée par certains de nos informateurs. XXVIII L’expression est de René OTAYEK XXIX Confère interview du 04-03-2002 XXX DIPAMA Issaka interview du 26-12-2001. Harouna SANA 24-12-2001 XXXI Les Ziyara sont les visites aux lieux symboliques de l'Islam. Par exemple les cimetières où sont enterrés les compagnons du prophète, le mont Hira où le Prophète a reçu la première révélation, la grotte dans laquelle le Prophète et son compagnon Abou Bakr se sont cachés au cours de leur exil à Médine... XXXII La plupart des responsables musulmans (Lancina TRAORE, KOUANDA Oumar, Harouna SANA, DIPAMA Issaka, Marna SANOU) ont déploré cette attitude des démarcheurs. dans le prochain numéro. M. OUBDA, Doctorant en Histoire Le Cerfiste N° 002 Janvier & Février 2007 ENTRE FOI ET LOTERIE. Au Burkina, le jeu de hasard fait partie du quotidien de beaucoup de personnes. Parmi les millions de personnes qui s'adonnent à ces jeux chaque jour, il y a un grand nombre de musulmans. Pourtant, en matière de jeu de hasard le Coran est très clair : "Ô les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu'une abomination, œuvre du diable. Écartez-vous-en afin que vous réussissiez. Le diable ne veut que jeter parmi vous, à travers le vin et le jeu de hasard, l'inimitié et la haine, et vous détourner d'invoquer Allah et de la salat. Allez-vous donc y mettre fin ?" (Coran sourate 5 verset 90-91) Alors, que celui qui n’est pas croyant s’y adonne ! Nous sommes ainsi invités à choisir entre notre foi et nos penchants. Si l’on fait le mauvais choix, on s’auto-exclut du groupe des croyants. Face aux jeux de hasard, l’attitude de beaucoup de frères et sœurs est pleine de leçons. Ces derniers investissent au moins 200 f dans un ticket de jeu de hasard. Très souvent, ils ne gagnent rien mais ils sont prêts à recommencer la prochaine fois parce qu’ils espèrent gagner un jour un gros lot qui leur ouvrirait les portes du "bonheur". Beaucoup passent des nuits blanches à chercher la bonne combinaison pour remporter le gros lot d’une compétition hippique. Tous les efforts sont fournis avec enthousiasme, minutie et détermination. À chaque fois, l’on pense avoir fait le bon choix mais quand tel n’est pas le cas on se prépare pour la prochaine fois. Ces attitudes sont une preuve flagrante d’une foi en la toute-puissance de l'argent et "une pièce à conviction" de notre manque de foi en Dieu le créateur et le pourvoyeur par excellence. Quand il s'agit de Dieu, les gens disent qu’ils n'ont pas le temps, qu’ils n’ont pas les moyens. On refuse de prêter 100 f à Dieu et l'on jette par la fenêtre des centaines de francs. Il est très rare de voir quelqu'un enlever une pièce de 100 f encore moins 200 f quand on demande les contributions à la mosquée. Ils signifient par là qu’ils ne croient pas à la récompense promise. Sinon, y a-t-il autre interprétation de ces deux attitudes contradictoires ? Des musulmans ne feront jamais une seule rakate nocturne du premier janvier au 31 décembre, mais veillent pour chercher des numéros de compétitions hippiques. Là encore, ou ils ignorent les mérites des prières nocturnes, ou ils n'y croient guère. Les adeptes des jeux de hasard sont persévérants malgré les échecs. Beaucoup le sont moins quand il s'agit de supporter les épreuves de Dieu. Là aussi, ou bien nous ignorons la récompense promise aux endurants, ou bien nous n'y avons pas foi. Nous pourrions multiplier les exemples mais nous reviendrons à cette évidence, "Dieu est véridique, le Coran est véridique, le Messager de Dieu est véridique. Tout ce que Dieu a dit se réalisera. Tout ce que Muhammad a dit lui vient de Dieu et nous devons y avoir foi et le pratiquer”. Que procure le jeu de hasard sont palpables, si les services auxquels l'argent permet d'accéder sont réels et appréciables par notre entourage, tous doivent savoir que Dieu nous met en garde et nous ouvre grandement les portes du repentir et du pardon. Cette chance est à saisir car "tchogo tchogo" on y gagne. Dieu ne laisse jamais perdre ce que l'on fait aussi minime ou aussi grand soit-il. Ailleurs on promet ciel et terre aux gens et on leur dit de retenter leur chance. Pour notre salut le jour dernier, l'unique chance donnée à tous est le temps qui sépare la naissance de la mort. Ce temps est relativement long mais peut bien s’arrêter au moment où on s'y attend le moins. Alors, prudence. Œuvrons avant que l'heure ne nous surprenne. L'évidence est que personne n'aura l'occasion d'aller dans l'au-delà et de revenir tenter sa chance une seconde fois. Pour ceux qui disent : "vous qui parlez beaucoup de l'au-delà, qui est déjà parti là-bas et puis revenu dire que c'est vrai". Qu’ils se rappellent ces Versets parmi tant d'autres : "En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l'alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d'intelligence" (Coran, sourate 3 verset 190), "ceux qui ont troqué la croyance contre la mécréance ne nuiront en rien à Allah. Et pour eux un châtiment douloureux" (Coran, sourate 3 verset 177), "Et craignez le jour où vous serez ramenés vers Allah. Alors chaque âme sera pleinement rétribuée de ce qu'elle aura acquis. Et ils ne seront point lésés" (Coran, sourate 2 verset 281). Et ça ce n'est pas la loterie, je vous assure. Il est dit que face à l'évidence du châtiment, ceux qui auront agi en mal souhaiteraient retourner sur terre pour se consacrer exclusivement à l’adoration mais la permission leur sera refusée. Alors que ceux qui prennent la foi à la légère sachent qu'il n’y aura pas une seconde chance. Que chacun fasse la bonne combinaison. Et ceci est possible tant qu'on est en vie. Moumouni DABRE Le Cerfiste N° 002 Janvier & Février 2007 Dr Yûssuf Al-Qaradâwî, LA FOI ET LA VIE 1 - L'AUTEUR Yûssuf Al-Qaradâwî a vu le jour en 1926 à Saft At-Turâb, dans la province de Gharbiyyah en Égypte. Issu d'une famille paysanne modeste et attachée à l'islam, il perd son père à deux ans et ce sera son oncle paternel qui prendra soin de lui. Il fréquente l'école coranique de son village natal où il boucle la mémorisation du Coran à l'âge de 10 ans. Après ses études primaires, Yûssuf Al-Qaradâwî poursuit des études secondaires dans l’institut azharite de la ville de Tantâ, études au cours desquelles il fréquente les Frères Musulmans et éprouve du respect pour le fondateur du mouvement, Hassan al-Banna. Après neuf années d’études, il obtient le diplôme sanctionnant le cycle d'enseignement secondaire et se rend au Caire où il intègre le cycle universitaire d'Al-Azhar, dans la Faculté des Fondements de la Religion. En 1953, il en sort major de sa promotion. En 1957, il obtient une agrégation de lettres arabes, arrivant en tête d'une promotion de 500 étudiants. En 1973, Qaradawi soutient une thèse dont le thème est "Aumône légale (la zakâh) et son rôle dans la résolution des problèmes sociaux". Son affiliation au mouvement des Frères Musulmans lui valut d'être emprisonné en 1949, puis entre 1954 et 1956 et en 1962. Déchu de sa nationalité égyptienne, il réside depuis au Qatar où il allie recherche, enseignement supérieur, rencontres internationales, vie associative, etc. Régulièrement invité à l'émission "Ash-Sharî'ah Wal-Hayâh, La Législation islamique et la Vie" de la chaîne panarabe Al-Jazîrah, il y répond en direct aux questionnements contemporains de musulmans en provenance du monde entier. Président du Haut Conseil Européen de la Fatwâ et membre entre autres du Centre de Jurisprudence de la Ligue Islamique à la Mecque, du Centre royal de la civilisation islamique en Jordanie, du Centre des Études Islamiques d’Oxford, Sheikh Yûssuf Al-Qaradâwî a écrit plus de quatre-vingts ouvrages parmi lesquels : - Al-Halâl wal-Harâm fil-Islâm Le licite et l’illicite en Islam, - Al-Ghinâ’ wal-Mûsîqâ fî Daw' Al-Kitâb was-Sunnah Le chant et la musique à la lumière du Coran et de la Sunnah, - Mushkilat Al-Faqr wa Kayfa 'Âlajahâ Al-Islâm Le problème de la pauvreté et sa solution islamique, - Al-Imâm Al-Ghazâlî Bayna Mâdihîh wa Nâqidîh L'Imâm Al-Ghazâlî entre zélateurs et critiques, - Al-Mubashshirât bi-Intisâr Al-Islâm Les signes annonciateurs de la victoire de l'Islam. 2-L’ŒUVRE Les Editions ARRISSALA qui ont édité l’ouvrage ont résumé en quelques mots La foi et la vie et ce de façon pertinente. "La foi est non seulement innée en l’homme, elle est également indispensable à son bonheur et à l’harmonie de la société humaine. Partant de cette constatation, le Docteur Youssouf al Qaradawi s’attache dans cet ouvrage à mettre en évidence le rôle bénéfique de la foi dans notre vie. Après avoir rappelé les principaux traits qui font la spécificité de la foi musulmane, il montre comment la foi influence la vie de l'être humain, en déterminant à la fois sa manière d'être, ses valeurs et son comportement. Mettant le croyant en harmonie avec son Créateur et à l'unisson avec le reste de l’univers, la foi constitue une force motrice qui dynamise la vie de l'individu et de la société tout entière. À une époque où le rejet des principes directeurs apportés par la foi a engendré les pires dérives et où le mirage du matérialisme règne en maître, il est urgent de souligner, comme le fait ici le Docteur Youssouf al Qaradawi, la valeur d'une vie éclairée par la foi. Une vie éclairée par la foi, c’est de cela justement qu'ont urgemment besoin nos pays, minés par la corruption et les injustices sociales, plongés par voie de conséquence dans une pauvreté extrême, tournés vers un mode de vie de plus en plus occidentalisé qui fait fi des considérations transcendantes et qui nous conduit tout droit vers un cataclysme politico-socio-économique. Une vie éclairée par la foi, laquelle révolutionne positivement les hommes et les institutions sociales, ce n’est pas là un idéal, un rêve. irréalisable. Pour nous en convaincre, QARADAWI déploie des exemples tirés de l'histoire musulmane et ce dans tous les aspects de la vie. Il suffit d'en citer quelques-uns, mais encore faut-il que nous ayons la volonté et le courage de nous y conformer ! Influence de la conscience religieuse dans le respect des lois et de la Justice. "Omar ibn al Khattab promulgua une loi interdisant de falsifier le lait en y mélangeant de l’eau. Mais l’œil de la justice est-il capable de voir toutes les infractions, et son bras est-il capable d'atteindre tous les fraudeurs ? C'est ce que montre le célèbre récit d'une mère et de sa fille : la mère voulait mélanger de l'eau au lait, espérant gagner plus d'argent, sa fille lui rappela l’interdiction formulée par le Commandeur des Croyants. La mère dit : "Nous sommes bien loin du Commandeur des Croyants, il ne nous voit pas." La fille fit alors cette réponse irréfutable : "Si le Commandeur des Croyants ne nous voit pas, le Seigneur du Commandeur des Croyants, Lui, nous voit." P. 281-282 "Ach Choubi relate que Ali avait perdu une cotte de mailles et la retrouva chez un chrétien. Il l'amena devant le juge Chourayh pour porter plainte. Ali dit : "Cette cotte de mailles m'appartient, je ne l'ai ni vendue ni donnée." Chourayh ...suite page 12 Le Cerfiste N° 002 Janvier & Février 2007 INTERVIEW INTERVIEW DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FÉDÉRATION DES ASSOCIATIONS ISLAMIQUES DU BURKINA (FAIB) Le Cerfiste : Qu'est-ce qui justifie la création d'une Fédération des Associations Islamiques dans notre pays ? El Hadj Souleymane COMPAORE (SG) : La Fédération des Associations Islamiques du Burkina a été créée sur initiative des premiers responsables de la Communauté Musulmane, du Mouvement Sunnite, de Itihad Islamia et de la Tijania. Ils se sont fait accompagner par les responsables du CERFI et de l'A.E.E.M.B., pour faire face à la dispersion des musulmans à travers une centaine d'associations islamiques à buts et objectifs divers. C'est la recherche de l'efficacité pour le vécu de la Foi, c'est la recherche de la cohésion à travers une coordination des actions, c'est la nécessité de doter les musulmans d'un porte-parole unique et par voie de conséquence de donner un interlocuteur unique des musulmans à l'ensemble de la communauté qui était à la base de la création de la Fédération des Associations Islamiques du Burkina. Le Cerfiste : Quelles sont les missions essentielles assignées à la FAIB? SG : Rassembler les musulmans, c'est organiser certains aspects du culte en commun chaque fois que c'est possible, c'est voir comment avoir des œuvres unitaires de propagation de l'islam au Burkina, c'est voir comment on peut y résoudre ensemble les questions d'éducation des musulmans. Rassembler les musulmans veut dire aussi que face à un problème on ait la possibilité d'avoir un cadre d'échanges organisé, légalement reconnu avec des responsables clairement identifiés pour organiser la réflexion dans une telle structure pour donner une réponse aux problèmes qui se présentent. Il y a également la... dimension sociale et économique. C'est dire que nous devons travailler à l'épanouissement social et économique du musulman et par voie de conséquence, participer au développement de notre pays. Vous savez qu'il est possible pour notre communauté d'organiser des œuvres sanitaires, des œuvres de secours, des œuvres de formation, soit seule, soit en relation avec des entités nationales ou internationales ou en collaboration avec d'autres confessions religieuses. Donc, l'un dans l'autre, tout cela devrait se traduire en des programmes et en des projets avec et pour les musulmans. Le Cerfiste : Justement, parlant de projets et de programmes, quels sont les projets concrets auxquels la Fédération va s'attaquer ? SG : Les géniteurs de la FAIB ont pris six (06) ans pour parachever ce projet et le faire adopter par l'ensemble des associations. Notre objectif primordial c'est d'asseoir les structures et les organes de cette fédération pour être efficace. On ne peut pas parler de projets concrets tant qu'on n'a pas installé les organes qui vont prendre en charge ce projet ou organiser la réflexion autour de ces projets. Après la mise en place des organes et des structures, il s'agira alors d'organiser la réflexion sur les projets et les programmes ; ce n'est pas encore le cas. Nous avons onze (11) commissions techniques nationales à installer et cela demande un appel de compétences en direction de toutes les associations membres, ça nécessite une sélection des compétences pour composer ces commissions. Ça va de l'éducation aux questions de jeunesse en passant par les femmes, la zakat, le Hadj... Il nous faut mettre ces organes en place pour pouvoir prendre en charge les problèmes et les préoccupations de la communauté. Les questions de jeunesse seront traitées au niveau de la commission jeune, les questions des femmes dans leur commission. Les questions de solidarité islamique peuvent être gérées au niveau de la commission zakat... Nous avons reçu mandat du congrès constitutif de travailler en priorité à asseoir les organes et les structures aussi bien au niveau central que dans la périphérie ; je veux parler des coordinations territoriales pour donner une ossature à la Fédération au niveau national. Il y a une autre préoccupation qui est de diffuser les idéaux de la Fédération pour rallier la base car il s'agit d'une affaire d'associations et non d'individus. Il faut que l'ensemble des musulmans soit pénétré de l'idée fédérale et ce que ça impose comme conduite chez les uns et les autres. Le Cerfiste : Il y a une directive qui a été envoyée aux associations membres qui donne les voies et moyens pour constituer les Commissions Techniques Nationales. À ce jour, nous avons des réponses de plus de quatre-vingt (80) associations soit pour les onze (11) Commissions Techniques Nationales, soit pour les coordinations territoriales de la Fédération. Dans les tout prochains jours, le secrétariat va s'atteler à dépouiller ces propositions et faire une présélection pour proposer au Présidium de la Fédération. Je précise que chaque CTN est composée de sept (07) membres. Si chacune des 162 associations veut proposer un membre par commission, c'est dire que pour chaque commission on aurait 162 individus parmi lesquels il faut choisir les 7 qui vont travailler pour l'ensemble de la communauté pour un mandat de cinq (05) ans. Le Cerfiste : Doit-on comprendre qu'au niveau décentralisé la Fédération aura des répondants ? SG : Au niveau décentralisé, les éléments de la Fédération sont les associations membres. Toutes les associations membres de la Fédération et les démembrements d'associations membres se concertent pour désigner sept (07) personnes qui tiennent lieu de coordination territoriale au niveau local (village, département ou province). Cela permet au Secrétaire Général d'avoir une équipe déjà spécialisée pour gérer les questions fédérales. S'il y a une tâche, ils peuvent l'exécuter en rapport avec leurs associations. Le Cerfiste : Il y a déjà un an que la Fédération a été Créée. Elle est en phase d’organisation et de structuration. En dehors de cette préoccupation organisationnelle, y a-t-il des actes qui ont déjà été posés ? SG : L'organisation est la base sur laquelle l'activité de la Fédération va reposer. Il n'est pas question de mettre quelque chose en œuvre tant qu'il n'y a pas une base organisationnelle. Il faut qu'une commission technique nationale puisse réfléchir ou réunir de la documentation, entendre des gens sur les questions de l'éducation au niveau des musulmans pour pouvoir faire des propositions, ou demander des études. Mais des actions ont tout de même été posées. Vous vous souvenez de cette affaire des caricatures, la réponse a été organisée dans le cadre fédéral et sa mise en œuvre conduite par moi-même sur instruction du Présidium en direction de l'ambassade royale du Danemark et je pense que l'ensemble des musulmans se sont retrouvés dans cette démarche qui était une démarche de maturité et de responsabilité. Ça c'est une situation qui s'est imposée. À nous. Dans notre démarche, nous voulions asseoir la structure fédérale au niveau institutionnel au BF. C’est ainsi qu'un certain nombre d'audiences ont été demandées et obtenues auprès des plus hautes autorités de l'État. Monsieur le Président du Faso a bien voulu recevoir le Présidium de la Fédération et à cette occasion nous avons été réconfortés de voir qu'au plus haut sommet de l'État cette approche est bien accueillie. Le Président du Faso nous a fait des recommandations concernant l’assise territoriale ; qu'il faut que ce soit une structure qui embrasse tous les musulmans de tous les coins du territoire national, que ce ne soit pas simplement une structure centralisée à Ouagadougou. C'est dire que sur le terrain des ONG, des responsables administratifs peuvent avoir un interlocuteur pour coordonner les activités de l’ensemble des musulmans au niveau local. Un préfet par exemple qui a une coordination de la Fédération sait que cette coordination est l'émanation de l'ensemble des associations islamiques. qui sont basées sur son territoire départemental. En dehors de tout cela, nous avons effectué des démarches auprès de certaines chancelleries pour faire comprendre l'esprit fédéral, nos objectifs, nos ambitions pour la Communauté des Musulmans et au-delà, notre contribution à la paix et à la cohésion sociale. Le Cerfiste : Dans cette démarche fédérale, quelle place accordez-vous aux femmes et aux jeunes ? SG : Il ne s’agit pas d'accorder ou de ne pas accorder de place aux femmes et aux jeunes ; quand nous disons les musulmans c'est l'ensemble de la Umma (les femmes et les hommes). Sur les onze (11) Commissions Techniques Nationales, il y en a une qui est réservée aux femmes. Pas aux femmes en tant que telles mais à la question des femmes parce qu'elles peuvent avoir des préoccupations spécifiques qu'il faut prendre en charge. Il y a une autre commission qui est consacrée aux jeunes, et quand on dit les jeunes, c'est aussi bien les jeunes musulmans que les jeunes musulmanes. Eriger des commissions techniques nationales en l'honneur de ces deux composantes; c'est leur attacher une grande importance. À côté de ces deux commissions, il y a celle liée au hadj, à la zakat, à la conciliation, à l'éducation, au waqf... Le Cerfiste : À votre avis comment se portent l’Islam et les musulmans au Burkina Faso ? SG : Il n'y a pas une étude sur laquelle je puisse fonder mon jugement mais j’ai le sentiment que l’Islam, bien qu’il y ait la barrière de la langue arabe, est en progrès dans notre pays. Vous avez de plus en plus de jeunes qui se retournent vers leur religion pour essayer de la comprendre et de la pratiquer. Si vous regardez les intellectuels musulmans, je parle de ceux formés à l'école française, vous allez constater un mouvement vers l'Islam. Au niveau du hadj, il y a de plus en plus de jeunes, d'intellectuels, d'opérateurs économiques qui vont faire le hadj, c'est important à noter. Il y a donc un retour vers l'Islam et c’est à la Fédération de capitaliser et de canaliser cela. La technologie aidant, les gens sont connectés par satellite et suivent la prière à la Mecque. Il y a des organisations comme l'AEEMB et le CERFI qui sont très actives. Ce cheminement nous convainc qu'il y a une évolution positive. Sur initiative du CERFI et de l'AEEMB, la fédération a organisé le 4ème Colloque des Musulmans de l'Espace Francophone (CIMEF) qui a été un grand succès. Le fait que cette rencontre ait pu se tenir sous l'égide de la Fédération est suffisant pour montrer nos capacités organisationnelles et les gens l'ont perçu comme tel. Pour cela nous avons reçu les félicitations du Premier Ministre. Donc je pense que nous allons vers un meilleur être de l’Islam au Burkina Faso et cela demande un travail résolu, continu. Le Cerfiste : Quelles sont les difficultés auxquelles la Fédération est confrontée aujourd'hui ? SG : Vous savez que la Fédération est un gros navire. Une chose est de la penser, une autre est de la mettre en place. Quand elle va s'employer à l'exécution de ses activités, cela peut représenter un changement. énorme pour l'ensemble des musulmans et qui dit changement dit adaptation. Il y a des choses qui se faisaient au niveau de la Communauté des Musulmans, qui ne peuvent plus être faites à cause de l'organisation et de la structuration. Il y a des individus qui avaient des positions qu'ils ne vont plus retrouver dans le cadre fédéral et qui sont moins enclins à accompagner le mouvement. Mais tout cela est prévisible. Ce qui peut surprendre c'est la vigueur ou l'ardeur avec lesquelles ceux qui perdent des privilèges vont freiner la marche de la fédération. Le Cerfiste : En tant que 1er SG de la Fédération, est-ce que vous avez foi en l'avenir de la Fédération ? SG : Avant d'être SG j'ai dirigé l'équipe qui a conçu les 1ères ébauches des textes qui ont été soumis aux initiateurs. C'est donc par conviction en la nécessité d'une telle structure, et en la nécessité d'organiser les musulmans que je me suis engagé. Au bout du parcours, j'ai eu le grand honneur de recevoir la charge de Secrétaire Général de la Fédération. C’est une tâche énorme et je me déroberais si je disais que je ne pouvais pas assumer cette responsabilité. C'est un autre défi qu'il faut relever, pouvoir mettre en œuvre une structure fédérale qui va embrasser la vie des musulmans, qui va penser l'éducation, la zakat, les relations avec les autres confessions religieuses, le développement économique, le secours aux plus faibles, c'est suffisamment important pour donner du cœur à l'ouvrage. Le Cerfiste : Comme dernier mot, qu'avez-vous à dire aux différents responsables des associations islamiques membres de la Fédération ? SG : Je dis que durant tout le processus de conception et de mise en œuvre de la Fédération au plan institutionnel, j'ai remarqué un grand enthousiasme des responsables religieux. Pour que la Fédération travaille dans l'intérêt de toutes les associations, elles doivent contribuer en personnel de qualité. Si nous disons qu'il faut sept (07) personnes pour constituer la Commission Technique Nationale chargée de l'éducation, ça veut dire que ceux dont on a besoin, ce ne sont pas des maçons. On pourra solliciter des maçons quand on va parler infrastructure. Quand on parle d'éducation, il faut voir la crème des éléments au niveau des associations avec des compétences en matière d'éducation. Il faut envoyer des gens qui vont prendre en charge la réflexion et l'organisation du travail au niveau de l'éducation. Il faut organiser les medersas pour que le diplôme soit accepté au plan académique comme un diplôme du public, qu'un bachelier du Burkina Faso arrive en Arabie Saoudite avec un diplôme valable. Ça demande une organisation, des concertations avec les autorités et que l'on puisse mener des études dans ce sens. Nous pouvons envoyer des prêcheurs pour se former dans le domaine de l'audiovisuel. Quand on ne connaît pas un outil on ne peut pas l’utiliser. Donc, nous attendons des compétences de la part des associations. Interview par Abdoul Salam OUEDRAOGO Le Cerfiste N° 002 Janvier & Février 2007 RAPPEL PROFIT LES DELICES DE LA FOI I - CORAN "Une Direction vous sera indiquée de Ma part. Quiconque suivra Ma Direction ne sera ni égaré, ni malheureux. Quiconque se détournera de Mon rappel mènera une vie pleine de gêne." Sourate Ta Ha, Verset 123-124 II - HADITH "Il goûte à la foi, celui qui agrée Dieu comme Seigneur, l'islam comme religion et Mohammad comme Prophète." Hadith rapporté par Ahmad, Mouslim et at-Tirmidhi. III - PENSEE "Si parfois nous voyons des gens qui se détournent du message divin mener une vie matérielle florissante et jouir de bienfaits concrets, cela ne doit pas nous tromper sur la réalité de ... suite de la page 9 demanda au chrétien : "Qu'as-tu à répondre à ce que dit le Commandeur des Croyants ?" Le chrétien répondit : "Cette cotte de mailles m'appartient et le Commandeur des Croyants n'est qu'un menteur". Chourayh se tourna vers Ali, lui demanda : "Commandeur des Croyants, as-tu une preuve ?" Ali sourit et répondit : "Chourayh a raison, je n'ai aucune preuve." Le juge attribua la cotte de mailles au chrétien. Celui-ci la prit, fit quelques pas pour partir, puis revint et dit : "Je témoigne que c'est là le jugement des prophètes : le Commandeur des croyants m'amène devant son juge et lui demande de juger, et le juge décide contre lui. Je témoigne qu'il n'y a d'autres divinités que Dieu et leur situation : la gêne véritable est dans le cœur. Or, lorsque le cœur est mal à l'aise, le malaise s'étend à la vie tout entière, tandis que lorsque le cœur est en paix la vie rayonne de bien-être. Le bonheur est dans le cœur et non pas dans les circonstances extérieures. Chez les animaux, la sphère de l'existence est étroite : leur vie se limite à leur ventre et à la nourriture et au pâturage qui permettent de le remplir. Ils ne voient pas plus loin que cela. Le petit enfant n'est pas loin de ce stade : son existence se résume d'abord à sa mère et au sein maternel, puis elle s'élargit peu à peu à son père, à ses frères et sœurs et au théâtre de ses jeux. Plus il se développe, plus la sphère de ses perceptions s'élargit ; puis, en avançant vers l'âge adulte, il passe du concret à l'abstrait et que Mohammad est son serviteur et son messager. La cotte de mailles par Dieu t’appartient : elle est tombée lorsque tu partais pour Siffin." Il répondit : "Puisque tu deviens musulman, elle est maintenant à toi." Influence de la conscience religieuse sur la politique et le gouvernement "C'est cette conscience qui poussa Omar ibn al Khattab, lors de la famine qui frappa les musulmans sous son califat, à ne manger que du pain et de l'huile, au point que sa peau noircit ; un Compagnon lui en ayant fait la remarque, il répondit : "Quel mauvais chef je serais si je mangeais à ma faim alors que les gens souffrent de la famine." commence à saisir les concepts généraux et les idées abstraites. Ainsi la foi en Dieu et en ce qui dépasse la perception humaine permet-elle à l'homme de s'élever de la condition animale à la condition humaine, de l'enfance à l'âge adulte. En effet, elle L'élève du monde des sens à celui de l'intellect, du monde du visible à celui de l'invisible, du monde du perceptible à celui du non perceptible. Le croyant est à l'aise dans son esprit et dans son cœur, même lorsqu'il est dans une situation matérielle difficile. C'est que la foi est source de bien-être pour l'esprit, le cœur et la vie tout entière, car elle met le croyant en relation avec le reste de l'univers, avec ce que nous en voyons comme avec ce qui nous est caché, la substance et l'essence, le supérieur. Influence de la conscience religieuse dans la vie socio-économique. QARADAWI donne ici la parole à l’écrivain autrichien Léopold WEISS qui dans son ouvrage Le chemin de la Mecque, donne ses impressions à propos d'une ville arabo-musulmane, Damas : "Je constatai combien la vie des gens y était empreinte de paix spirituelle. Leur sécurité intérieure apparaissait dans leurs rapports mutuels, dans la dignité chaleureuse avec laquelle ils se saluaient et prenaient congé, dans le comportement des... hommes comme des enfants, simplement par amitié, même dans les relations d'affaires entre marchands. Ces petits commerçants ne semblaient ressentir ni crainte, ni jalousie les uns envers les autres, à tel point que chacun pouvait quitter sa boutique sans la fermer à clé, certain que son voisin veillerait sur ses intérêts en son absence. Elle le met en relation avec les cieux et la terre et tous ceux qui les peuplent, avec les anges, les porteurs du Trône et les forces spirituelles au service de Dieu que Lui seul connaît. Elle le met en relation avec les porteurs de la lumière divine, avec les messagers de Dieu depuis Adam, le père de l'humanité, jusqu'à Mohammad (psl), avec les véridiques, les martyrs et les justes de toutes les communautés et de toutes les époques. Elle le met en relation avec l'Au-delà, la Résurrection, le Jugement, le Paradis et l'Enfer. Bref, elle le met en relation avec l'univers et avec le Seigneur de l'univers, le Premier et le Dernier, l'Apparent et le Caché. Yussuf al QARADAWI, La foi et la vie, P.138-139 La Rédaction Boutique et la laisser à la garde de son voisin lorsqu'il lui fallait s'éloigner pour un moment. Il m'est souvent arrivé de voir un client potentiel s'arrêter devant une boutique délaissée et hésiter manifestement à attendre le retour du marchand ou à s'adresser à la boutique voisine : invariablement le commerçant d'à côté - le concurrent - venait demander au client ce qu'il voulait et le lui vendait, non de sa propre marchandise, mais de celle du voisin absent, puis il déposait l'argent sur la banquette de celui-ci. Où, en Europe, pourrait-on assister à de telles transactions ? P. 289 H. Yaméogo Le Cerfiste N° 002 Janvier & Février 2007 bibo:issue 2 bibo:numPages 12 -- o:id 12086 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12086 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12098 19762 19763 19764 19765 19766 19767 19768 19769 19770 19771 19772 19773 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/206f25f21cf90dd5dd144319875004304fb5696c.pdf https://islam.zmo.de/files/original/626122ce3b397b89d79aec54f6ac02a800e28ac6.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/23542d130aa29b0242679d5077a16cece5ef1d69.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/89cad80fc431032098365a6dbea67d3352730b7a.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/fdc370add43ba72c4788f242e31f2a2f3b4336cf.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/386e4c0fd31e19925e848f9a8f6d32914e5bad13.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/9f5b3af436f8616e5a2dcbe5a6d9ae0720e9a99b.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/7c1d501cf5e85d6a662282dea00f58d746c1a642.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/0c3ae6aa741fc816181bc259285e45f3c3b655e1.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/173d82e946f14b23f885fe274380be8073c29b7d.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/4303591eee8b78d781c4e5e625f2b141c27cb7e1.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/0b5e886c3f51bbbacdd4caf6c7976cf20c8ec50b.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/24bb3939bfbcc766fe9165cb3146e4a429725306.jp2 dcterms:title Le CERFIste #1 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/229 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/10 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/124 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1416 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/146 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/753 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/578 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/36 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1051 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/687 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/582 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/754 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/87 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/480 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/23121 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/23138 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12891 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2006-10 dcterms:identifier iwac-issue-0000545 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/279 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/284 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/288 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/344 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/377 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/397 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/414 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/550 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA (CERFI) n° 001 EDITORIAL LA SORTIE MALHEUREUSE DU PAPE DOSSIER HISTOIRE DE L'ISLAM AU BURKINA INTERVIEW du président du Bureau Exécutif National (BEN) du ISLAM P.8-9 LE RAPPEL PROFITE... LES DIX DERNIÈRES NUITS DE RAMADAN IQRAILIS1 P.7 MOHAMMAD ABDALLAH DRAZ, LES HOMMES A LA DECOUVERTE DE DIEU, EDITION AL BOURAQ : BEYROUT (LIBAN) SANTE P.3 LA DIARRHEE DU NOURRISSON LA SORTIE MALHEUREUSE DU PAPE Il y a déjà quelques mois, les caricatures sur le Prophète (PSL) produisaient une onde de choc qui menaçait de donner raison à Samuel Huntington, et sa théorie du choc des civilisations. Dieu merci, l'effet du temps, de la diplomatie internationale et de la sagesse de certains leaders musulmans ont fini par avoir raison des réactions souvent extrêmes, mais toujours légitimes, que la bêtise d'un Journal danois avait alors suscitées. On avait à peine récupéré de cette provocation insultante venue d'Occident, qu'Israël, sous le prétexte fallacieux de l'enlèvement de soldats, narguait pour la nième fois le "droit" international et l'Organisation des Nations Unies - pourtant acteur majeur de sa création - en massacrant nuit et jour, au su de tous, les civils palestiniens et libanais. Le terrorisme dans son expression la plus achevée, puisque d'État ! C'est dans ce contexte mondial pour le moins délétère, que le Pape Benoît XVI a, volontairement ou involontairement, lors de son dernier voyage en Allemagne, pris sur lui de faire une sortie malencontreuse. Comme à l'accoutumée, les chaînes satellitaires ont vite fait de relayer les réactions du monde musulman, médiatisant ça et là les effigies et églises brûlées, comme pour soutenir que les musulmans réagissent à fleur de peau ; toute chose qui confirmerait les insinuations du Souverain pontife, du moins, le rendrait moins coupable de ce qui pourtant a été. Mondialement admis comme un non-sens politique et historique. Un non-sens politique, parce que quelques jours avant cette sortie malheureuse, se tenait sous la houlette du Vatican une grande rencontre interreligieuse, rencontre à laquelle beaucoup de chefs religieux de tout bord participaient et qui avait alors planché, entre autres, sur la contribution des religions à la paix dans le monde. Comment comprendre alors que peu de temps après, Benoît XVI rame à contre-courant de l'esprit et des conclusions de cet important meeting auquel le Vatican dit accorder du prix et ce depuis Jean-Paul II ?! Un non-sens historique, parce qu'aujourd'hui, tous les historiens sincères et honnêtes (non pas ceux qui durant des siècles ont écrit l'histoire en fonction des intérêts politiques, idéologiques et confessionnels de leurs mandataires), tous les historiens sincères et honnêtes disons-nous, sont unanimes pour reconnaître d’une part, que le prophète (PSL) n’a pas fait de guerres offensives mais défensives, et d'autre... part, que s'il y a des massacres épouvantables que la mémoire collective n'est pas prête d'oublier, c'est bien ceux résultant des croisades impulsées par la chrétienté. On voit donc qui est bien ou mal placé pour donner des leçons à qui. Bien entendu, Benoît 16 s'est empressé d'une part, de se dire "désolé !", de clamer haut son "respect" pour le milliard et quelque de musulmans, et d'autre part, - et c'est ce qui semble paradoxal - de se désengager des propos par lui empruntés à l'Empereur Byzantin. Il n'est pas utile de polémiquer sur la fin de non-recevoir du Pape concernant les excuses forcées que certains voulaient lui arracher. Après tout, un prompt "je suis désolé" ne serait pas plus sincère qu'un "je m'excuse" de façade, dit malgré soi ? En revanche, ce qui mérite qu'on s'y attarde un peu, c'est cette gymnastique intellectuelle papale tendant à faire croire qu'il a été incompris, que la citation querellée engage plutôt son auteur et non celui qui serait juste un traducteur. En vérité quand on cite quelqu'un, de deux choses l'une ; ou bien on prend le cité en contre-pied, ou bien on le prend à témoin. Vraisemblablement, dans le cas d'espèce, nous sommes en présence de la seconde hypothèse. Cette façon d’être et de faire n’est pas une posture qui favorise le dialogue interculturel, interreligieux. La rédaction Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006 « LA DIARRHÉE DU NOURRISSON Savez-vous que plus de quatre millions (4.000.000) d'enfants décèdent de gastro-entérite (maladie de l'estomac et/ou des intestins) dans le monde, soit un quart de la population burkinabé. Ces décès sont encore plus nombreux dans les pays en voie de développement. La grande majorité des diarrhées de l'enfant sont d'origine virale (souvent par le rotavirus), ou bactérienne dans environ 10% des cas. Les germes les plus fréquemment rencontrés sont les salmonelles, les campylobactes, les shigelles et Yersinia enterocolitica. Cependant, même en cas de diarrhée bactérienne, l'antibiothérapie ne doit pas être systématique. Le traitement doit reposer essentiellement sur les mesures de prévention et de lutte contre la déshydratation aiguë, qui reste l'une des complications principales de la diarrhée. I-COMMENT ÉVALUER L’ÉTAT DE DÉSHYDRATATION DU NOURRISSON? a) signes cliniques Divers signes cliniques permettent d'évaluer l'importance d'une déshydratation. La soif est le 1er signe, lequel signe est facilement repérable par les parents ; la perte de poids (évaluée par rapport au poids le plus récent) est l'élément principal pour quantifier l'intensité de la déshydratation (une perte de poids inférieure ou égale à 5% est considérée comme bénigne ; entre 6 et 9% la déshydratation est modérée ; au-dessus de 10% du poids, la déshydratation est considérée comme sévère). Il faut noter que ces chiffres restent indicatifs (car des erreurs d'appréciation du poids antérieur, ou l'absence de la mesure du poids sont les sources d'erreurs). L’estimation de la déshydratation peut être faussée aussi par l'existence d'un autre milieu qui contient l'eau du corps. Ce milieu est appelé 3e secteur. Cette situation est souvent notée chez les enfants ballonnés. Des signes comme la fontanelle creuse, les yeux cernés, les muqueuses sèches, un pli cutané persistant sont présents en cas de déshydratation au moins égale à 6% du poids initial. L'apparition de troubles de la conscience (enfant très agité ou au contraire léthargique, fatigué, apathique). D'autres signes sont par ailleurs facilement détectables par l’agent de santé (allongement du temps de recoloration cutanée, existence de marbrures, etc.). La baisse de la pression artérielle s'observe dans la déshydratation grave et cette déshydratation nécessite une prise en charge urgente. b) Facteurs de gravité La fièvre et les vomissements majorent le risque de déshydratation au cours d’une diarrhée et en compliquent la prise en charge ; Le jeune âge (moins de trois mois) ainsi que l'existence d'une diarrhée préexistante sont des facteurs de gravité ; Le contexte socioculturel familial doit être pris en compte car l'incompréhension ou le manque de surveillance des parents augmente considérablement le risque de déshydratation. La déshydratation peut se constituer très vite en l'absence de compensation adaptée des pertes. Il faut s’en méfier particulièrement chez le nourrisson de moins de six (06) mois qui a de nombreuses selles en quelques heures. QUELLE EST LA CONDUITE À TENIR ? Une réhydratation par SRO (solutés de réhydratation orale) doit débuter immédiatement, mais doit être relayée ou associée dès les 6e ou 12e heures à une alimentation. Chez les nourrissons, le maintien de l'alimentation au sein ainsi que la réalimentation précoce avec des laits artificiels contenant du lactose sont généralement bien tolérés et peuvent débuter dès la 6e à la 12e heure du commencement du traitement. (Il existe cependant au moins 5% de cas d'intolérance au lactose chez un enfant sévèrement déshydraté). Pour les enfants de moins de 3 à 4 mois, certains pédiatres recommandent l'utilisation de lait de vache sans protéines, surtout en cas de diarrhées prolongées. En cas d'alimentation diversifiée : si les enfants ont une alimentation, la réalimentation peut être rapide, et notamment basée sur les féculents, les viandes, les yaourts, les fruits et les légumes, et ce en limitant néanmoins les apports excessifs en sucre et en graisse. c) Les autres thérapeutiques - Les anti-diarrhéiques Les médicaments dits anti-diarrhéiques (anti-sécrétoires, argiles, pré et pro biotiques) sont considérés comme inutiles. Aucun de ces produits n'a d'effet démontré sur la prévention et le traitement de la déshydratation. Ils ont pour effet de réduire la diarrhée, ce qui peut rassurer à tort les parents et retarder les mesures de prise en charge de la déshydratation (ici on s'attaque aux conséquences en oubliant la cause). De ce fait, l’OMS recommande de ne pas utiliser ces produits chez le jeune enfant. Certains ralentisseurs du transit (lopéramide) exposent au risque (paralysie de l'intestin) et par conséquent sont contre-indiqués chez le nourrisson. 09 BP 911 Ouagadougou 09 Burkina Faso Tél : 76 61 57 67 / 50 36 08 03 Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression Altesse Burkina : 50 39 93 10 Tirage : 1000 Exemplaires - Les anti-vomitifs Les anti-vomitifs sont des neuroleptiques. Ils sont inefficaces dans le traitement des vomissements associés à la diarrhée, et présentent souvent des risques de syndrome extra pyramidal. - Les antibiotiques L'usage d’antibiotique ne doit jamais être systématique. Ceci est réservé au nourrisson dont les signes systémiques évoquent une septicémie, un terrain immunodéprimé, ou en cas de diarrhées dues à certains germes comme les shigelles, les salmonelles typhies, etc., qu'on a diagnostiqué aux examens des selles. En dehors de ces situations, l'antibio-thérapie ne modifie pas l'évolution de la diarrhée. Tout compte Fait, devant une diarrhée grave, sévère ou persistante, il convient de se diriger vers un centre de santé. Références bibliographiques : 1. Comité de Nutrition Société Canadienne de Pédiatrie. 2. Cézar et JP Chouniqui, Traitement médicamenteux des diarrhées infectieuses du nourrisson, ARCH FM Pédiatre 2002 /09 : 620.8 Dr SANFO Marou Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006 HISTOIRE DE L'ISLAM AU BURKINA L'exil en Abyssinie d'une partie des compagnons du Prophète (SAW) nous prouve la présence de l'islam en Afrique du nord du vivant du Messager d'Allah (SAW). Quant à l'islamisation de l'Afrique occidentale, elle fut tardive, lente et pacifique dans son ensemble, exceptées certaines localités où il y eut une lutte armée. Celle du Burkina Faso, pays sahélien enclavé de 274200 km2 situé au cœur de la boucle du Niger en Afrique de l'ouest, est récente. Débutée aux 15e et 16e siècles avec l'arrivée dans le Moogo de musulmans Yarsé, Haoussa, Djula, et des Peuls au nord, la religion musulmane déborde le Cadre des communautés marchandes pour toucher progressivement certains membres de l'aristocratie et des cours royales au début du XIXe siècle. Selon les estimations officielles datant de 1996, l'islam regroupe 55,9% de Burkinabé, ce qui est fort surprenant pour une population jadis réputée hostile à l'islam. La présente étude a pour objet de revenir sur le processus d'islamisation du Burkina (I), l'islam à l'époque coloniale (II) ainsi que la configuration du paysage associatif en place (III). I - LA PÉNÉTRATION DE L'ISLAM AU BURKINA FASO La démarche consistera d'abord à aborder les peuples situés au centre du Burkina Faso, puis ceux du nord et enfin ceux du sud et de l'ouest. 1-1 - Au centre Occupé par les Moosé (sing. Moaga), les tentatives d'imposer l'islam par la force ont d'abord échoué. De ces tentatives, on retiendra celle d'Askia Muhammed (1493-1528). Selon Elliot Percival Skinner, l'auteur du Tarik Es Soudan, les musulmans essayèrent de soumettre les Mossi tout d'abord par la persuasion au XVe siècle. puis par la djihad (guerre sainte). Ils échouèrent dans ces deux tentatives, mais finirent par s'implanter en pays Mossi comme réfugiés de guerres, marchands (yarsé, Marensé, Marka) et quelques familles maraboutiques. À certaines époques, ils furent soumis à de nombreuses restrictions et le morho Naba leur interdit de réciter leurs prières dans les lieux publics. À d'autres moments, on les laissa pratiquer leur religion et ils réussirent même à convertir plusieurs Morho Nanamsé à l'islam. C'est le cas de Naba Kundumyé qui aurait permis à de nombreux Yarsé de s'installer à Ouagadougou. Puis le souverain Naba Kom I (sa mère étant une Yarga) aurait été favorable à l'islam sans se convertir. Ceci a permis l'implantation de foyers de prosélytisme musulman un peu partout dans le royaume. Naaba Dulugu (1796-1825) fut le premier Mogho Naaba à s'être converti à l'islam ; il fit construire une mosquée à Ouagadougou. N'ayant pas pu imposer la foi musulmane à son entourage et inquiet des progrès de l'islam Pourtant peu spectaculaires, il éloigna son fils aîné Naba Sawadogo, et déposa le Kombissiri Naaba Pwanda, un fervent musulman. Naba Sawadogo (1825-1842) qui succéda à son père fut un musulman plus actif que celui-ci, mais continua à remplir les obligations traditionnelles. Naaba Kutu (fils de Naba Sawadogo) savait lire et écrire en arabe. Devenu empereur, il resta fidèle à l'islam. Contrairement à Naaba Dulugu et à Naba Sawadogo, il confia aux grands dignitaires de la cour les rituels royaux. Il fit construire une mosquée pour ses femmes et enfants. Il envoya la plupart de ses enfants, sauf le futur Naaba Sanem son fils aîné, à l'école coranique et n'imposa point l'islam à son royaume. Cependant, il n'hésita pas à soutenir le Boulsa Naba Pewgo dans la répression d'un mouvement insurrectionnel d'inspiration musulmane dirigé par Modibo Mamadou (un Peul). Parmi ses successeurs certains étaient des musulmans tels que Al Hassan (Naba Sanem), Bakari (Naaba Wobgo), et Mamadou (Naaba Sigiri). Tel était la Situation dans les sociétés moosé à la veille de la conquête coloniale ; qu'en est-il dans les régions du nord ? Au Nord C'est la partie sahélienne du Burkina regroupant les provinces du Soum (jadis le Jelgooji), et du Seno (l'ancien émirat de Liptako). Cette zone était peuplée par les Dogon, les Kibsi et les Kurumba qui ont fui le Manden occidental où Sunjata Kéita voulait leur imposer l'islam. Le Nord sera islamisé grâce à la consolidation des deux émirats Peuls (le Liptako et le Jelgooji), placés respectivement sous l'autorité de Ousman Dan Fodio (empereur musulman) et du Massina. En effet, les Peuls du Liptako ont envoyé une délégation prêter allégeance à Sokoto en 1810. Ousman Dan Fodio en guise de reconnaissance remet un étendard (deseewal) à la délégation conduite par Ibrahima Saydou, qui devient le premier émir. Ils maintinrent les liens avec Sokoto jusqu'à la colonisation. Le Yaaga (chefferie peule) plus proche de Sokoto prit l'étendard en 1812. L'émigration de ces Peuls musulmans vers les régions du sud et de l'ouest, a favorisé l'émergence de l'islam dans ces lieux. C'est le cas du Boobola. 3. Le Boobola Une plaine située dans la boucle du Mouhoun dominée par une vaste étendue de sable favorable à l'élevage, ses premiers occupants sont les Bobo et les Bwa. Bien accueillis, les Peuls finissent par se sédentariser, et créent deux pôles musulmans à savoir Barani et Dokwi. A l'ouest, la création de l'Etat du Gwiriko assure une relative sécurité aux marchands Djula. Ce qui permit à de nouvelles familles maraboutiques de s'installer à Bobo-Dioulasso. Mais avec l'arrivée du colonisateur français, l'islam va faire face à une nouvelle donne. II. L'ISLAM A L'EPOQUE COLONIALE L'expansion véritable de l'islam au Burkina Faso date de la colonisation. Et cela s'explique par les efforts des marabouts et la politique anti-islamique adoptée par l'administration coloniale. En effet, la création de la colonie de la Haute Volta (l'actuel Burkina Faso) répondait au désir de former une barrière au prosélytisme musulman. Ressort de nos investigations que les musulmans, plus que les adeptes des autres communautés religieuses, ont souffert de la domination coloniale. Cela est dû au fait que la France entendait faire du Mogho le bastion du Christianisme et sa base de résistance contre l’Islam. Voilà ce que disait un officier supérieur à Mgr Hacquard : "Dans la boucle du Niger, envahie depuis longtemps par les musulmans [...] seul le mossi ne s'est pas laissé entamer ; il faut, en le christianisant, en faire notre base de résistance à tout mouvement islamique possible, il faut que le mossi soit l'Abyssinie de notre empire soudanais". Cela devait passer par la domestication de l’islam et l'élimination des chefs musulmans jugés récalcitrants. Ainsi assiste-t-on à la création en 1911 d'une police musulmane permanente chargée de recenser les marabouts, de contrôler leurs activités, de leur imposer des laissez-passer. À ce sujet, une circulaire signée par le Gouverneur CLOZEL le 12 août 1911 stipulait que "les marabouts qui veulent circuler doivent avoir un laissez-passer qui sera délivré dans des cas bien définis. Ceux qui voyagent sans autorisation seront sanctionnés et reconduits dans leur village". Lors des fêtes religieuses, les imams des mosquées ne pouvaient débuter la prière sans s'assurer d'abord de la présence sur les lieux des dépositaires du pouvoir colonial. Au demeurant, la plupart des imams étaient imposés par les administrateurs coloniaux. Le pèlerinage à la Mecque était sérieusement entravé et pour obtenir un passeport en vue du voyage, les fidèles subissaient mille et une tracasseries. Ce contexte favorisa les pèlerinages clandestins. Selon El hadj Oumar KOUANDA, "on n’apprenait la participation de beaucoup de fidèles au hadj qu'à leur retour. Les départs n'étaient pas annoncés par crainte des représailles des colons". D'autre part, les missionnaires furent encouragés à s'installer et à évangéliser comme l'ordonnait le gouverneur Archinard : "Faites des villages catholiques et français et vous aurez bien mérité de Dieu et de la patrie." A propos du soutien du colonisateur Mgr Johanny Tchévenoud, nommé membre du conseil de l'administration de la colonie par arrêté du 17 avril 1920, il suffit de rappeler qu'il affirmait : "Nulle part peut-être, il existe une collaboration aussi intense entre l'administration et la mission qu'ici". Ce dernier ne tarit pas d'éloges au gouverneur Hesling : "Monsieur Hesling est toujours animé des meilleures dispositions pour la mission. Il vient encore de m'accorder une subvention de 2000 frs pour la construction d'un vrai ouvroir...". Certains dignitaires de l'église ont encouragé le dénigrement de l'islam sous la colonisation. Parmi eux nous pouvons citer Mgr Hacquart, vicaire apostolique du Sahara et du Soudan en 1908, qui soutenait que l'islam est une religion totalitaire et opprimante et le principal obstacle à l'évangélisation. Pour Mgr Bazin, l'islam est un mal qu'il faut arrêter : c'est “le plus terrible adversaire" de l'Eglise au Soudan. Malgré le contexte peu favorable à son expansion, la religion musulmane n'a cessé de se répandre atteignant 9,86% de la population en 1949 ; 27,5% en 1960 ; 52,4% en 1991. Aujourd'hui selon les estimations officielles datant de 1996 les musulmans représentent 55,9% de la population burkinabé (23,7% d'animistes; 16,6% de catholiques, et 3% de protestants) et la plupart d'entre eux ne sont pas indifférents aux associations musulmanes de la place. II-LE MOUVEMENT ASSOCIATIF MUSULMAN Un examen du processus de mise en place des associations (1) et un arrêt sur la Fédération des Associations Islamiques du Burkina (2) nous permettront de cerner un tant soit peu le phénomène associatif musulman dans notre pays. III -1 • Processus de mise en place des associations Après l'incident survenu à Bobo-Dioulasso le 3 août 1941 (des musulmans révoltés ont attaqué des colons Européens résidents à Bobo-Dioulasso et il y eut 5 morts et 9 blessés du côté des musulmans), certains musulmans notamment les fonctionnaires ont trouvé la nécessité de se regrouper en association en 1941. En 1952 est née à Ouagadougou une structure dénommée Comité pour la mosquée dont l'objectif est de trouver une mosquée pour les musulmans. Le processus de mise en place des associations musulmanes sera favorisé par la naissance de l'Union Culturelle Musulmane (UCM) en 1953, dont le principal artisan est le Cheik TOURE (ancien étudiant des medersas d'Alger et de Constantine). L'UCM fut un mouvement réformiste qui lutta pour la promotion de l'enseignement islamique et de la langue arabe. Elle a mené un effort louable dans la conscientisation des masses par l'organisation de conférences, de séminaires et d'ateliers de formation. Elle a également lutté contre la colonisation. En 1958 est créée la section UCM de Bobo-Dioulasso, composée majoritairement de réformistes (wahhabites). Le 27 octobre 1960 est née la section UCM de la ville de Ouagadougou dénommée Communauté Musulmane de Ouagadougou (CMO). Le 17 octobre 1962, on assiste à la création de la Communauté Musulmane de la Haute Volta (CMHV), une structure nationale regroupant tous les musulmans du pays. À l'époque, le grand imam de Ouagadougou avait le rang de ministre du Mogho et était intronisé suivant les coutumes ancestrales (comme le breuvage du tibo, le fait de jurer fidélité au monarque, la fabrication des amulettes). La nomination du grand imam de la ville sans le consentement du Chef suprême des Mossi en 1966, après la mort du grand imam de Ouagadougou, s'expliquait par le fait que les premiers n'appréciaient pas le statut réservé au grand imam dans l'organisation politico-administrative mossi. Au même moment, les hamalistes ambitionnaient de se regrouper pour une meilleure diffusion du tidjanisme. Cette situation a motivé la création en 1972 d'une structure informelle appelée Comité Culturel de la Jeunesse Islamique destinée à éviter l'éclatement de la CMHV. Mais en 1973 on assiste à la première Fracture (conflit qui à Bobo-Dioulasso opposait les wahhabites à d'autres musulmans), toute chose qui aboutira à la naissance du Mouvement Sunnite de la Haute Volta. En janvier 1979, l'Association Islamique de la Tidjania voit le jour sous la houlette du Cheikh de Ramatoullah, Cheikh Sidi Aboubacar Maiga 1er. Le 19 juillet 1979 voit l'intervention directe de l'État dans les affaires musulmanes par la création de la Commission Nationale de Pèlerinage par décret n°79-290Pres/PM/IS/DGI. Il s'agissait pour l'État de contribuer à une meilleure organisation du Hadj. À partir de 1983 va naître l'Association Islamique du Burkina sous la houlette de Lançina Traoré, structure non officielle composée de responsables désignés par des grandes associations islamiques pour gérer le Hadj. En 1986, on a la naissance officielle de l'Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina Faso (AEEMB). C'est une structure de rencontre, de partage de connaissances et de formation, créée afin de permettre à ses membres d'acquérir une éducation religieuse pour une meilleure pratique et un rehaussement de l'amour de la religion chez l'élève et l'étudiant musulman. Elle ambitionne : - de regrouper les élèves et étudiants musulmans dans un étroit sentiment de fraternité, - de contribuer à la promotion de l'islam par des conférences, des séminaires, des colonies, etc., - de contribuer au développement socio-économique du Burkina... Le Cercle d'Etudes de Recherches et de Formation Islamiques (CERFI) est créé en 1989 par des anciens membres de l'AEEMB et d'autres personnes ressources. C'est une association apolitique, indépendante, à but non lucratif, ouverte à tout musulman sans distinction d'âge, de sexe et de profession. Son but est de promouvoir et d'encourager l'étude et la recherche dans les divers domaines de l'islam, de répondre à l'attente de tous ceux qui désirent s'informer et se former dans ces domaines. Le CERFI œuvre en outre pour l'unité d'action des musulmans et contre les fléaux sociaux. L'intervention de l'État dans l'organisation du Hadj fut symbolique jusqu'en 1994. Le 4 décembre 1995, l'État prend en charge l'organisation du Hadj en créant par décret n°95-513/PRS/PT/MAET la Commission Nationale d'Organisation du Pèlerinage à la Mecque. Les associations islamiques seront associées à la gestion jusqu'en 2005, date du retrait de l'État de l'organisation du Hadj. En 1995 va naître le CADIS, Centre Africain de Diffusion Islamique et Scientifique. Son fondateur Maître Ahmed SIMOZRAG, principal avocat du Front Islamique du Salut, est expulsé de France pour avoir défendu les dirigeants de ce parti politique qui avait vu son programme politique homologué par le peuple algérien. La principale activité du Centre est l'édition et la diffusion de livres sur la culture islamique et le dialogue interconfessionnel ainsi que l'animation de conférences publiques. Elle intervient aussi dans l'aide aux personnes déshéritées notamment les orphelins, les pauvres, les prisonniers. L'Association pour l'Etablissement de l'Unité Islamique (née en 1982 et reconnue officiellement en 1990) et l'Association Islamique d'Al Mawada sont les principales structures à tendance chiite reconnues au Burkina Faso. Leur objectif est de promouvoir la doctrine Djafarite à travers l'enseignement, l'édition, les séminaires et les conférences. Ainsi on est passé de 13 associations en 1992 à plus de 200 associations en 2006, au moment où se créait la Fédération des Associations Islamiques du Burkina. II-2- LA FÉDÉRATION DES ASSOCIATIONS ISLAMIQUES DU BURKINA Depuis le 18 décembre 2005, les associations musulmanes du Burkina Faso sont regroupées au sein d'une structure nationale appelée "Fédération des Associations Islamiques du Burkina Faso" en acronyme FAIB. Selon l'article 1er de la charte constitutive, la FAIB a pour objet de: Alinéa 1 : Mobiliser les associations islamiques pour des œuvres unitaires de propagation de l'islam, notamment des enseignements du Saint Coran et de la Sunna du prophète. Muhammad (psl). Alinéa 2 : Coordonner l'organisation, unitaire le cas échéant, des manifestations et pratiques cultuelles de masse et des événements islamiques majeurs : hadj, collecte de la zakat... Alinéa 3 : Œuvrer à l'élévation spirituelle des musulmans. Alinéa 4 : Susciter, organiser et promouvoir la concertation, l'union d'action des associations islamiques et des musulmans autour des questions et des projets d'intérêt commun. Alinéa 5 : Organiser et promouvoir la solidarité et la cohésion entre musulmans et entre associations islamiques. Alinéa 6 : Représenter les associations membres sur le plan national et international et offrir à la communauté des musulmans du Burkina un porte-parole unique. Alinéa 7 : Offrir aux associations islamiques et aux musulmans, un cadre interne de gestion et de résolution de leurs éventuels différends. Alinéa 8 : Promouvoir une bonne connaissance et une bonne compréhension de l'islam au sein de la société burkinabé. Alinéa 9 : Renforcer la contribution des musulmans à l'élévation morale et spirituelle de la société burkinabé, Alinéa 10 : Initier des programmes et projets visant à contribuer à résoudre les problèmes économiques et sociaux des plus défavorisés. Alinéa 11 : Promouvoir une contribution toujours plus efficace des musulmans au développement national. Alinéa 12 : Contribuer à la promotion de la paix sociale et de la cohésion nationale par les enseignements de l'islam, une éducation civique des musulmans et le dialogue dans le respect mutuel avec les autres confessions religieuses. La FAIB est une organisation apolitique et à but non lucratif composée de cinq (5) organes : - Une instance de décisions : elle se compose du Congrès et du présidium ; - Un secrétariat général (y compris les commissions techniques nationales et les coordinations) : c'est un organe de conception, d'exécution et d'administration ; - Un Collège des Ulémas : le collège des Ulémas est un organe d'orientation et de référence théologique ; - Un Majlis Achoura : c'est un conseil de gestion ; Un Conseil de discipline. Le présidium est le premier organe de direction de la Fédération. Il est composé de quatre (04) membres statutairement dévolus aux quatre (04) structures musulmanes pionnières de la Dawa au Burkina (Communauté Musulmane du Burkina Faso, Mouvement Sunnite, Association Islamique de la Tidjania, Ittihad Islami). Son président est statutairement le président de la Communauté Musulmane du Burkina Faso. L'actuel président du présidium est El Hadj Oumarou KANAZOE. Au terme de notre analyse, il convient de retenir que malgré son installation récente, l'islam occupe une place prédominante au Burkina Faso et l'adhésion massive des populations à cette foi ne cesse d'interpeller observateurs et chercheurs. Ce progrès fulgurant s'est effectué cependant sans coordination réelle des activités de promotion de l'Appel à l'islam. Ce qui a généré des problèmes qui ont pour noms le "sectarisme", le manque d'unité d'action, le manque de programme cohérent de Daawa, sources de l'ignorance. Outre L'absence d'infrastructures sociales adéquates, beaucoup d'enfants musulmans sont restés musulmans de nom et n'ont pas reçu de formation religieuse. Ce qui explique l'adhésion de certains d'entre eux à d'autres religions et aux philosophies dévoyées. C'est du reste ce souci de surmonter les obstacles ci-dessus évoqués et de donner à l'appel islamique sa vraie dimension au Faso qui a conduit les associations musulmanes à se réunir en une fédération dénommée Fédération des Associations Islamiques du Burkina courant 2005. Mahamoudou OUBDA Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006 MOHAMMAD ABDALLAH DRAZ, LES HOMMES À LA DÉCOUVERTE DE DIEU, ÉDITION AL BOURAQ : BEYROUT (LIBAN) I-L’AUTEUR M. A. DRAZ est né le 08 novembre 1894 dans le Delta du Nil (Mehallet-Diay) où il fréquente l'école coranique. Dès sa tendre enfance, il s'illustre par sa précocité et sa passion pour les études. Son environnement familial jouera un rôle certain dans son futur épanouissement intellectuel. En effet, son père, le cheikh Abdallah DRAZ, auteur et enseignant versé dans la philologie arabe, sera retenu en 1905 par le Mufti Mohammad Abduh pour participer à la réorganisation de l'enseignement du nouvel Institut azhari de la ville d'Alexandrie. Le jeune Mohammad DRAZ, après des études brillantes dans ce même institut, y enseignera en 1916 à l'âge de 22 ans. (in préface) Parallèlement à ses fonctions d’enseignant, M. A. DRAZ va suivre des cours afin de maîtriser la langue de Molière. De 1928 à 1936, il enseigne dans la prestigieuse Université Al-Azhar, avant de partir en France (à la Sorbonne) pour une thèse d'État visant à rectifier l'image faussée ou tendancieuse que les orientalistes donnaient au Coran. Son ouvrage La morale du Coran est un pan important de cette thèse monumentale. Aux plus grands spécialistes occidentaux, Mohammad DRAZ va opposer dans ses travaux sa foi de musulman convaincu, qu'il ne sépare jamais de son exigence de démonstration rationnelle et d'analyse cartésienne. Cette démarche intellectuelle le met au diapason de la mentalité occidentale à laquelle, d'abord, son discours s'adresse. Ceux qui ont connu M. A. DRAZ pendant cette période difficile de guerre, ont pu témoigner de sa force de caractère. À travers son journal, qu'il a tenu quotidiennement de 1936 à 1958, année de sa mort, on perçoit la patience de cet homme et son épouse chargés de leurs dix enfants dont l'âge s'étageait alors entre quelques mois et une vingtaine d'années." (in préface) De retour chez lui en Égypte en 1948, il enseigne l'Histoire des religions, la philosophie, l’exégèse et l'herméneutique en même temps qu'il représente son pays à des meetings internationaux. C'est justement lors du Congrès Mondial des Religions en janvier 1958 à Lahore au Pakistan que survint son décès, créant du coup un vide énorme dans l'intelligentsia musulmane. Apprenant son décès, Abdel-Halim Mahmoud, futur recteur d'Al-Azhar s'est écrié : "Nous avons perdu aujourd'hui le dernier de la lignée des grands hommes issus de l'Al-Azhar. Que Dieu nous vienne en aide et protège l'Islam". Si Mohammad Abdallah DRAZ n'est plus, ses ouvrages lui ont survécu et méritent d'être lus et étudiés. II-L’ŒUVRE Ouvrage relativement court (324 pages, 04 parties), Les hommes à la découverte de Dieu est de ces documents, petits quantitativement parlant, mais grands du point de vue qualitatif. Après s'être étalé dans l'introduction sur le sentiment religieux dans les grandes civilisations (époque pharaonique, hellénique, romaine, chrétienne et islamique), l'auteur se livre dans la première partie à une étude sémantique du mot religion (Dîn). Il en résulte que le phénomène religieux est à la fois un fait subjectif ("croyance en l'existence d'un être mystérieux, transcendant, doué de sens, capable de choix, de discernement et de décision, planificateur de l'univers en général et de ce qui touche à la condition humaine en particulier") et objectif ("ensemble des lois et théories qui précisent les attributs de cet être divin, ainsi que l'ensemble des règles pratiques qui enseignent les cultes et les cérémonies par lesquelles l'homme doit lui rendre hommage et lui exprimer son adoration"). DRAZ réaffirme donc fortement que la religion est à la fois théorique et pratique, qu'une expression comme "musulman non pratiquant" ne veut pas dire grand-chose. Quant à la deuxième partie du livre, elle jette les ponts entre religion d'une part, et concepts voisins (morale, philosophie, sciences) d'autre part, et ce en mettant en exergue les ressemblances et les dissemblances mutuelles. La troisième partie pose les questions existentielles (Le penchant religieux résulte-t-il d'un instinct naturel ou d'une institution établie par les hommes ? À quel moment de l'histoire est-elle apparue ? Quel est son rôle dans les sociétés humaines ?) dont des débuts de réponses sont envisagés dans la quatrième partie. La quatrième partie justement qui se veut le clou de la réflexion dra-zienne passe en revue les théories qui ont vainement tenté d'expliquer l'origine du sentiment religieux. Il s'agit entre autres de - la théorie naturiste : des auteurs comme Max Müller (Comparative mythology) soutiennent que le sentiment religieux a été suscité dans l'esprit des hommes suite aux contemplations du spectacle de la nature (astre, firmament, univers, foudre, mer, etc.). - la théorie animiste : la doctrine animiste postule que les choses ont chacune une substance secrète dite âme et que les premières religions ont consisté en l'adoration des âmes, en l'occurrence celles des morts. - la théorie psychologique : plusieurs auteurs (Emmanuel KANT, Henri BERGSON, Auguste SABATIER, etc.) ont soutenu que l'homme est parvenu à l'idée de Dieu par une démarche non externe (comme le soutiennent les théories naturiste et animiste) mais interne (démarche raisonnée et intellectuelle). - la théorie sociale : Emile DURKHEIM soutient que la religion est une donnée sociale. Autrement dit, les besoins de la cohésion sociale ont conduit les hommes à imaginer Dieu. Qu'en est-il des théories comme le polythéisme, le nihilisme ou le fétichisme ? Pour DRAZ, elles sont "le résultat d'une sorte de paresse mentale qui fait que l'esprit, incapable de s'élever assez haut, tombe en panne et s'arrête sur le bord du chemin" (P.174). Après les avoir exposées, M.A. DRAZ démontre (arguments coraniques à l'appui) les limites de toutes ces théories qui se contredisent les unes les autres avant de présenter la position islamique (théorie de la révélation) sur la question : "l'être humain n'est pas allé vers la religion mais c'est elle qui est venue à lui, elle lui a été inspirée. L'homme ne s'est pas hissé vers elle, elle est descendue sur lui. Les hommes n'ont pas découvert Dieu par un effort de raisonnement, mais grâce à la lumière de la révélation qui leur a été accordée." Hamidou YAMEOGO Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006 "LE RAPPEL PROFITE..." I - CORAN (S.II, Versets 185 et 186) - "Le mois de Ramadan au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d'entre vous est présent en ce mois, qu'il jeûne ! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu'il jeûne un nombre égal d'autres jours. Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d'Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants ! "Et quand Mes serviteurs t'interrogent sur Moi... alors Je suis tout proche : Je réponds à l'appel de celui qui Me prie quand il Me prie. Qu'ils répondent à Mon appel, et qu'ils croient en Moi, afin qu'ils soient bien guidés." HADITH (rapporté par Muslim, Abou Dawud, At-Tirmidhi, An-Nasai et Ibn Maja) : "Le Messager de Dieu (SAW) a dit : "Dieu vous a prescrit le jeûne de Ramadan et je vous ai recommandé la prière durant ses nuits. Quiconque y observe le jeûne et accomplit les prières nocturnes avec foi et par espoir d'en être récompensé, sera purifié de ses péchés comme le jour de sa naissance." PENSEE : La philosophie (les secrets) du jeûne, Dr Y. AL QARADAWI Question : Quels sont les plus grands secrets du jeûne ? Et comment pouvons-nous les connaître ? Réponse : du Docteur Yûsuf 'Abd Allah Al-Qaradâwî "Nous ne pourrons comprendre le secret du jeûne que si nous comprenons le secret de l'être humain... Qu'est-ce que l'être humain et quelle est sa réalité ? Est-il ce corps dressé et ce squelette érigé ? Est-il cet ensemble d'organes, de cellules, de chair, de sang, d'os et de nerfs ? Si l'être humain était tel, que vil et petit serait-il alors ! Oui... L'être humain n'est pas ce squelette matériel. Il est en vérité une âme céleste habitant ce corps terrestre, il est un secret du royaume des cieux placé dans une enveloppe d'argile. La réalité de l'être humain est cette finesse divine et ce joyau spirituel que Dieu a placés en lui : grâce à elle, il comprend et il réfléchit ; grâce à elle, il ressent et il goûte ; grâce à elle, il organise le royaume terrestre et cherche à atteindre le royaume céleste ; grâce à elle, Dieu a ordonné aux anges de se prosterner devant Adam, et ce n'est sûrement pas grâce à la boue malléable ni à l'argile pétrie qui le constitue : "Quand ton Seigneur dit aux anges : ." (sourate 38 intitulée Sâd, versets 71 et 72). Tel est l'être humain : une âme supérieure dans un corps inférieur. Le corps est le logis ; l'âme est son propriétaire et son habitant. Le corps est l'embarcation ; l'âme est le passager et le voyageur. Le logis n'a pas été créé pour lui-même, ni l'embarcation n'a été créée pour elle-même. Le logis profite à l'habitant et l'embarcation sert au voyageur. Combien étranges sont ces êtres humains qui se négligent eux-mêmes et qui se préoccupent de leur maison, ou qui s'assignent à devenir les serviteurs de leurs embarcations ! Ils ont négligé leur âme pour rendre le culte à leur corps. Ce n'est plus que pour leur corps qu'ils œuvrent ; ce n'est plus que pour répondre à leurs instincts qu'ils s'activent ; toutes leurs pensées ne tournent plus qu'autour de leur ventre et de leur sexe... Leur sempiternel refrain est désormais : "Innamad-dunyâ ta'âmuw-wa sharàbuw-wa manâmu (En vérité, le monde d'ici-bas n'est que nourriture, boisson et sommeil.) Fa-idhâ fâtaka hâdhâ fa-'alad-dunyas-salàmu" (Si tu manques tout cela, tu peux dire adieu à la vie.) Ces êtres humains sont ceux que Dieu a décrits en ces termes : "Ne vois-tu pas celui qui a fait de sa passion sa divinité ? Est-ce à toi d'être un garant pour lui ? Ou bien penses-tu que la plupart d'entre eux entendent ou comprennent ? Ils ne sont en vérité comparables qu'à des bestiaux. Ou plutôt, ils sont encore plus égarés du sentier." (Sourate 25 intitulée le Discernement, Al-Furqân, versets 43 et 44). Tel est l'être humain : une âme et un corps. Le corps a des demandes correspondant à sa nature inférieure ; l'âme a des demandes correspondant à sa nature supérieure. Si l'être humain soumet dans son esprit les désirs de son âme à ses instincts, il se transforme dès lors d'un ange miséricordieux à une bête méprisable puis à un diable maléfique. C'est cet individu que le poète croyant interpelle dans ses vers : "Yâ khàdimal-jismi kam tasâ li-khidmatihi atatlubur-ribha mimmâ fihi khusrânu" (Ô esclave de ton corps ! Comme tu te presses de le servir ! Manderais-tu le profit de ce qui n'est que perte ?) Aqbil 'alan-nafsi wastakmil fadâ'ilahâ fa-anta bin-nafsi lâ bil-jismi insânu (Viens-en vers ton âme et cultive ses vertus. Car, c'est par l'âme et non par le corps que tu es un homme.) Si l'être humain prend connaissance de sa valeur propre, s'il comprend le secret que Dieu a déposé en lui, s'il se réfère à son côté céleste pour diriger son côté terrestre, s'il se préoccupe du passager avant de se préoccuper de la monture, s'il se préoccupe de l'habitant avant de se préoccuper des murs, s'il fait prévaloir les envies de son âme sur les instincts de son corps, il deviendra dès lors un ange, voire meilleur qu'un ange. "Quant à ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, ce sont les meilleurs de toute la création." (Sourate 98 intitulée la Preuve, Al-Bayyinah, verset 7). C'est en raison de cela que Dieu a prescrit le jeûne, afin que l'être humain se libère du pouvoir de ses instincts, afin qu'il s'élance au dehors de la prison de son corps, afin qu'il ait raison de ses désirs concupiscents, afin qu'il maîtrise son aspect animal et tende vers un aspect angélique, afin qu'il se rapproche du royaume des cieux, afin qu'il frappe aux portes du Ciel par ses invocations et que celles-ci s'ouvrent pour lui, afin qu'il implore son Seigneur et que Celui-ci lui réponde : "Me voici, ô Mon Serviteur, Me voici !". Le Prophète - paix et bénédiction sur lui - dit dans le même sens : "Trois personnes ne voient pas leurs implorations rejetées : le jeûneur jusqu'à ce qu'il rompe son jeûne, le dirigeant juste et l'opprimé..." (rapporté par At-Tirmidhî - qui qualifia ce hadith de bon -, par Ahmad et Ibn Mâjah, ainsi que par Ibn Khuzaymah et Ibn Hibbân dans leurs... Sahîh respectifs). La Rédaction Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006 LES DIX DERNIÈRES NUITS DE RAMADAN Ramadan est le mois de Dieu et le mois du Coran. Ses dix (10) dernières nuits sont les meilleures des nuits de l'année. En effet, c'est au cours de l'une d'elles que le Coran a été descendu et adorer Dieu pendant cette nuit procure le maximum de bénédictions. Le chapitre 97 du Coran lui est consacré. Allah dit : “Nous l'avons certes fait descendre (le Coran) pendant la nuit de la valeur. Et qui te dira ce qu'est la nuit de la valeur ? La nuit de la valeur est meilleure que mille mois. Durant celle-ci descendent les anges ainsi que l'esprit, par permission de leur seigneur pour tout ordre. Elle est paix et salut jusqu'à l'apparition de l'aube." Coran, S. 97 Laylatoul Qadr, la nuit de la valeur, est celle durant laquelle le Coran a été transféré des Tablettes bien gardées (law-houl mahfouz) au ciel terrestre ; c'est au cours de cette même nuit que le Coran fut révélé pour la première fois au prophète Mohammad (psl) par l'intermédiaire de l'Ange Gabriel. Sans nous en dire plus sur sa nature, Dieu nous fixe sur sa valeur et ses mérites. "Et qui te dira ce qu'est la nuit de la valeur ?" Verset 2. Le verset 3 ne répond pas à la question spécifique : "la nuit de la valeur est meilleure que mille mois." Verset 3 nous enseigne plutôt sur le profit qu'on peut en tirer. Mille (1000) mois correspondent à quatre-vingt-trois (83) années de notre vie. Ce qui est appréciable quand on connaît l'espérance de vie sous nos contrées. Avoir donc ainsi en une nuit autant de bénédictions d'années d'adoration n'est pas négligeable. C'est pourquoi chaque musulman doit s'efforcer d'inscrire cette nuit sur son registre d'adoration. La nuit de la valeur n'a pas été précisée par le prophète (psl). Elle se situe parmi les nuits impaires et selon certains récits, ce serait la 27e nuit. La vérité est que le prophète (psl) était sur le point de la nommer aux compagnons alors que certains d'entre eux se disputaient. Dieu la lui fit oublier pour blâmer leur comportement. Le prophète (psl) conseilla alors de la chercher pendant toute la dernière décade afin de l'avoir sûrement et d'avoir les autres nuits en bonus. Du reste, le prophète (psl) est notre modèle et lui, la cherchait avec toute sa famille durant les dix (10) dernières nuits. Il ne la cherchait pas à travers des signes (pluie, vent frais, etc.) mais par les efforts qu'il redoublait dans les actes de solidarité, par la lecture intense du Coran, par la station de prière qu'il faisait chaque nuit. Selon les dires de notre mère Aicha (que Dieu l'agrée) qui l'a mieux connu que n'importe qui, le prophète (psl) était très généreux durant le Ramadan et il l'était encore plus durant la dernière décade quand il rencontrait Gabriel pour répéter le Coran ; "il était plus généreux que le vent qui souffle" hadith. En outre, elle a demandé au prophète (psl) de lui enseigner ce qu'elle devrait dire en cette nuit. Le messager (psl) de Dieu lui a enseigné cette invocation : "Allahoumma innaka afou-woune touhiboul afouwa fa'foû-anâ" "O Seigneur, tu es pardonneur, tu aimes le pardon, accorde-moi ton pardon". Selon la sunna, le croyant suivant l'exemple du messager (psl) peut se retirer de la vie active durant la dernière décade pour se consacrer à l'adoration. La retraite (itikaf) doit se faire dans une mosquée de vendredi pour que le croyant n'ait pas à sortir ce jour-là. Le croyant se retire dès la soirée du 20ème jour et ne franchit plus le seuil de la cour de la mosquée où il prend ses repas, fait sa toilette et retourne à l'adoration. Toute rupture de la retraite entraîne sa nullité quelle qu'en soit la raison. Au matin de la fête, le croyant va directement à la prière. La zakat el fitr "Évitez-leur la mendicité ce jour-là", a dit le messager (psl) de Dieu parlant des indigents de la communauté. Cette recommandation en faveur des pauvres fait de l'aumône de la rupture une obligation. La zakat el fitr a pour but de purifier les imperfections survenues dans les actes. du jeûneur durant le mois. Elle est due de préférence le matin de la fête avant la prière. Donnée après, elle n'est qu'une simple aumône. Elle est prélevée en raison d'un saa (2,10 l environ 2.6 kg) par personne musulmane, adulte ou non. L'aumône de la rupture est donnée en céréales consommées dans la localité : riz, mil, sorgho... L'aumône peut être donnée deux jours avant la fête. On peut aussi la donner en espèces (environ 600 f cfa suivant le cours actuel des céréales). Pour plus d'efficacité, il est bon que le fidèle remette sa zakat aux organismes chargés de sa gestion. Qu'Allah accepte notre repentir ! Jabir Khalid ILBOUDO rentre chez lui qu'après celle-ci. De ce qui précède, nous concluons que les dix (10) dernières nuits sont les moments forts de Ramadan. C'est le moment où le croyant doit redoubler d'efforts pour parfaire les manquements des vingt (20) journées passées. Les actes conseillés sont : la prière, le zikr, la lecture du Coran, les invocations, les visites aux proches, les actes de Solidarité, etc. La nuit de la valeur n'est pas une fête ; c'est un instant de recueillement. La chercher durant toute la dernière décade est rassurant quand nous ne savons pas souvent quand commence le mois pour déterminer ses nuits impaires. Qu'Allah nous aide dans une meilleure compréhension de l'islam ! Jabir Khalid ILBOUDO Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006 LE BUREAU EXECUTIF NATIONAL (BEN) DU CERFI SERA BIENTÔT EN FIN DE MANDAT "Le CERFiste" a rencontré son Président, le frère Brahima BARA qui a bien voulu se prêter à quelques-unes de nos questions. Le frère BARA n'est plus à présenter dans le milieu du travail islamique, pour avoir assumé d'importantes responsabilités aussi bien dans l'AEEMB que dans le CERFI. Suivez plutôt ! Le CERFiste : Président, vous êtes bientôt à la fin de votre mandat. Quelle serait votre réaction si le collège électoral décidait de vous reconduire ? Le Président : Ma réaction sera négative pour trois (03) raisons : - les dix dernières années de la vie du CERFI, aucun Président n'a exercé deux (02) mandats. J'ai aussi occupé plusieurs postes de responsabilité ces quinze (15) dernières années dans le CERFI. Le moment est venu pour moi de faire une halte afin de faire le bilan, vérifier mes intentions et savoir si je suis toujours utile à la structure. Affecté à Ouaga en 2002, une partie de ma famille réside toujours à Bobo. Entre le boulot, le CERFI et mes deux familles, ces dernières années n'ont pas été de tout repos. Le CERFiste : Au début de votre mandat, quels étaient vos grands objectifs ainsi que les chantiers à exécuter pour atteindre ces objectifs ? Le Président : Les grands objectifs étaient de trois ordres : organisationnel, financier et relance des activités de mobilisation. Sur le plan organisationnel, le Bureau Exécutif National, le Bureau Provincial du Kadiogo et la Cellule Féminine menaient chacun de son côté son programme d'activités au niveau de la ville de Ouagadougou. Pendant ce temps, les autres sections provinciales relevant du BEN étaient un peu orphelines. Conformément aux statuts, nous avons mis en place les quatre Comités Régionaux (CR) ; du même coup, chaque section avait un interlocuteur régional relevant du BEN. Les affaires étaient devenues plus faciles à gérer. En outre, le BEN, le BPK, la CF et le CR (du centre) ont pratiquement un même programme d'activités, exécuté par le Bureau Provincial (du Kadiogo). A cet effet, nous avons ouvert un compte commun pour toutes les instances de Ouagadougou. Tout le monde cotise dans ce compte. Sur le plan financier, nous avons formalisé la cotisation des membres des instances nationales, celles des structures provinciales et des militants. Nous avons promu aussi le principe du virement bancaire dans le sens des cotisations. Si pour la première année, les choses ont bien marché, elles ont moins bien marché l'année suivante. Les choses ont encore bien repris cette 3ème année. Sur le plan de la relance des activités de mobilisation, nous avons renoué avec le CBC. Personne ne peut plus dire qu'il n'y a pas d'activités à Ouagadougou. Le Bureau Provincial version 2006 - 2007 a beaucoup innové en matière de mobilisation et de formation et je m'en réjouis énormément car le BEN peut ainsi s'occuper sans inquiétude des CR et partant, des Sections de l’intérieur du pays. Le CERFIste : À l'heure actuelle, quel est l'état d'exécution de ces chantiers ? Le Président : Si le premier et le troisième volets sont très satisfaisants, il reste qu'au niveau du volet financier, les cotisations n'ont pas coulé comme l'eau à la source. Or c'est la seule façon de rendre le CERFI plus fort et indépendant. Nous avons aussi initié la construction de grands chantiers à savoir : - la construction d'un complexe scolaire islamique à Banfora - l'ouverture de maternelles privées islamiques à Ouaga, Bobo et Ouahigouya. À Banfora, nous sommes à trois (03) classes, la 4è étant en cours. Quant à l'ouverture des maternelles, rien n'a démarré. Le CERFIste : Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour vous pendant votre mandat ? Le Président : La gestion des hommes. J'ai quitté Ouaga en 1992 pour revenir en 2002. La ville et les hommes avaient changé. J'ai perdu beaucoup de temps avant de le comprendre et cela a retardé énormément mon travail et même fait échouer beaucoup d'initiatives. Le CERFIste : Quels sont les reproches que vous auriez à vous faire si tel est qu'il y en a ? Le Président : - J'ai été un peu dur envers certains frères - Je ne connaissais plus le terrain car celui de Ouaga n'a rien à voir avec celui de Bobo. - Mes occupations professionnelles et familiales ne m'ont pas permis de consacrer le temps nécessaire au travail islamique. Le CERFIste : La quatrième édition du Colloque International des Musulmans de l'Espace Francophone (CIMEF) s'est tenue à Ouagadougou du 04 au 06 août dernier. Quelles ont été les dividendes de cette manifestation pour le CERFI et au-delà les musulmans du Burkina Faso ? Le Président : S'agissant du CERFI, il a fait preuve d'une capacité organisationnelle, bien sûr en collaboration avec les autres associations. Nous avons gagné en expérience au contact des frères et sœurs du reste du monde. S'agissant des musulmans en général, ils ont démontré qu'ils pouvaient se remettre en cause. Nous avons aussi pu nous pencher sur les problèmes actuels du Monde Musulman. Nous sommes désormais plus outillés à relever les défis à venir. Le CERFIste : Le Président de la Fédération des Associations Islamiques du Burkina - El Hadj Oumarou KANAZOE - a fait don au CERFI d'un véhicule. Quel usage comptez-vous en faire ? Le Président : Le véhicule a été affecté aux courses du CERFI, notamment les sorties dans les provinces. Mais l'entretien et le coût du carburant ne permettent pas une utilisation fréquente. Nous remercions le Président de la fédération pour son geste de piété. Le CERFIste : Si vous aviez trois (03) conseils à donner à votre éventuel successeur ? Le Président : - Mettre l'accent sur les cotisations des membres dans toutes les structures - Programmer des activités réalisables dans la limite du budget - Faire confiance à la jeune génération des frères. Le CERFIste : Un mot à l'endroit du CERFIste qui apprend à grandir ! Le Président : Il y eut avant "Le CERFIste", "Le Muezzin" et "L'Appel". "Le CERFIste" doit savoir pourquoi ces deux (02) titres ont cessé de paraître et en tirer les enseignements pour éviter de sombrer. Bon vent et courage à l'équipe d'animation ! Je vous remercie pour l'opportunité que vous m'avez donnée de m'exprimer. Interview par Abdoul Salam OUEDRAOGO Le CERFIste N° 001 octobre & novembre 2006 RETOUR SUR QUELQUES ACTIVITÉS 1- CAUSERIE DANS LA COMMUNE DE BOUL-MIOUGOU Le 09 septembre dernier, le processus de déconcentration de la section provinciale du Kadiogo s'est consolidé avec la mise sur pied d'un embryon de sous-section dans la commune de Boulmiougou et ce à la suite des sous-sections de Nongremassom et de Boulmiougou déjà opérationnelles. À l'occasion, une causerie-débat a réuni une cinquantaine de frères et sœurs. dans la famille OUEDRAOGO sise à cinq cent (500) mètres du lycée VENEGRE. Les militant(e)s et sympathisant(e)s présent(e)s ont échangé fructueusement sur la problématique de la gestion du temps. Est-il besoin de rappeler l’importance d'un tel thème dans notre quotidien, tant le temps se présente comme une donnée essentielle dans la réussite ou l'échec (c'est selon) de nos projets personnels ou associatifs. Le frère TASSEMBEDO Souleymane qui a introduit le thème a aussi bien insisté sur la maîtrise de nos agendas que sur la prise de conscience au niveau individuel et collectif de l'importance du temps. 2- SEMINAIRE NATIONAL DES SŒURS L'an deux mille six (2006) et les 15, 16 et 17 septembre s'est tenu dans les locaux du lycée Mixte de Goughin (Ouagadougou) un séminaire national des sœurs du CERFI et des structures sœurs de la place. LE ROLE DE LA FEMME MUSULMANE FACE AUX DEFIS ACTUELS, tel fut le thème du séminaire qui a regroupé une soixantaine de sœurs en provenance de sept (07) provinces (Balé, Boulkiemdé, Gnagna, Gourma, Houet, Kadiogo et Sanmatenga). Après la cérémonie d'ouverture qui a eu lieu le samedi dans la matinée, les participantes ont pris d'assaut les locaux pour suivre des communications qui ont entre autres porté sur : - Rôle de la femme musulmane face à la dépravation des mœurs - Femmes musulmanes & œuvres sociales - Origines des conflits dans les foyers. Au sortir de ces travaux, les sœurs ont convenu de mettre sur pied une cellule de réflexion devant approfondir les réflexions et proposer dans les meilleurs délais des solutions pragmatiques aux problèmes diagnostiqués. Puisse Dieu éclairer la cellule de réflexion ! 3-SYMPOSIUM SUR RAMADAN Le dimanche 17 septembre dernier, au moment où les rideaux s'apprêtaient à tomber sur le séminaire national des sœurs, se tenait au Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC) un grand symposium organisé par la section provinciale du Kadiogo à la faveur du mois de Ramadan. Imams TIEM-TORE Tiégo, BILA et Habib KANE ont respectivement communiqué sur LA PHILOSOPHIE, LES OBLIGATIONS et L'EVALUATION DU JEUNE DE RAMADAN. Si la clôture du séminaire national des sœurs a quelque peu grignoté le public du symposium, il n'en demeure pas moins que les frères et sœurs présent(e)s ont bénéficié des atouts indispensables leur permettant d'aborder Ramadan dans des dispositions d'esprit les meilleures. 4-SEMAINE DE LA SOLIDARITE A la faveur du mois de miséricorde de Ramadan, la section provinciale du Kadiogo a initié du vendredi 29 septembre au dimanche 08 octobre une Semaine dite de la Solidarité. Il s'est agi de collecter des biens divers (numéraires, vêtements, médicaments, vivres, documents, etc.) auprès des militant(e)s et sympathisant(e)s pour les redistribuer aux personnes dans le besoin. C'est ainsi que des habits, des sacs, des chaussures, des céréales, du sucre, du savon et de l'argent ont pu être collectés au profit des malades de l'hôpital YAL-GADO et des pensionnaires de la Maison d'Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO). Une projection - débat sur RAMADAN & JUSTICE SOCIALE (de Tariq RAMADAN) et un symposium sur LES VOIES DE LA SOLIDARITÉ ont été également organisés à l'occasion de cette Semaine de la Solidarité. Aux noms des premiers responsables du CERFI, le CERFIste remercie les contribuables pour leurs actes de solidarité et prie le Miséricordieux par Essence de les en récompenser ! AGENDA 1- PROJET CENTRE DE SANTÉ En vue de la réalisation de son projet de création d’un centre de santé, la section provinciale (Kadiogo) du CERFI sollicite de la part des militants, sympathisants et autres bonnes volontés des contributions financières. La secrétaire (50 36 08 03) et les collecteurs du CERFI (76 11 93 65, 70 38 46 70) se tiennent à votre disposition pour toutes contributions. Dieu saura rétribuer chacun(e)! 2- Weekend de la FAMILLE MUSULMANE le 04 novembre 3- Le Cerfiste@yahoo.fr : vos articles et observations sont attendus vivement à cette adresse électronique. Quant au courrier classique, il est recevable : 01 BP 1817 Aidez votre journal à grandir! 4- Réception de vos ZAKAT EL FITR au Siège du CERFI 5- Organisation de prières nocturnes (QUIYYAMOULAÏL) pendant les dix (10) dernières nuits de Ramadan 6- Diverses manifestations au cours de LA NUIT DU DESTIN (LAÏLATOUL QUADR) à la Maison des Jeunes et de la Culture de Ouagadougou (MJCO). 7- ANIMATIONS TÉLÉVISUELLES le jour de la fête de Ramadan Le responsable à l'Information et à l'Organisation du BPK Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006 12 bibo:issue 1 bibo:numPages 12 -- o:id 12199 url https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12199 o:resource_template Newspaper article o:resource_class bibo:Issue o:item_set/o:id 2206 o:media/o:id 12200 19774 19775 19776 19777 19778 19779 19780 19781 19782 19783 19784 19785 o:media/file https://islam.zmo.de/files/original/16825eab9eab25570d81d39c5c8f7e754bb54373.pdf https://islam.zmo.de/files/original/4bafb21d0dd7c9f8d03879a8db2e7ae1854b5d96.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/1e3c2560005ce69faa88ee7b3fdba7c6bbe702e6.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/59cfc6d5fcf3b59a8ce22159a78bb90c487a7b40.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/447f18af6831f93623a8115e6314fe0fe1b7881a.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/6e4334dbfc9f3965a32be64211f56cc96e4c2531.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/cceab1d22d5a7fcba8ffc1fdb8a434f4cebe793e.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/e70e3160c9305095fda10cd96ef2543c1a535058.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/f408bcffc9823d3a150a54d6ecb51e0502d8c986.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/70336f8a53aeaef81ec30222dae71d218dfbec8f.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/8ced442fb2708d5258b4301cfa960d4e257bf103.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/5723a491d9b05aec47b0e724e14857cf2c705df4.jp2 https://islam.zmo.de/files/original/24c913cb442894a614b25e4b46a38c2b7e31241f.jp2 dcterms:title Le CERFIste #0 dcterms:subject https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/229 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/146 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1064 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/5 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1143 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/202 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/1198 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/28 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/569 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/84 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/85 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/12891 dcterms:publisher https://islam.zmo.de/s/westafrica/item-set/2206 dcterms:contributor https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/858 dcterms:date 2006-08 dcterms:identifier iwac-issue-0000596 dcterms:source https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/571 dcterms:language https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/8355 dcterms:rights In Copyright - Educational Use Permitted dcterms:abstract Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques dcterms:spatial https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/376 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/408 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/407 https://islam.zmo.de/s/westafrica/item/269 dcterms:rightsHolder Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques bibo:content Bimestriel d’Information et de Formation du Cercle d’Etudes, de Recherches et de Formation Islamique (CERFI) N° 001 250 F CFA QU’EST-CE QUE LE CORAN ? P. 1 Colloque International des Musulmans de l’Espace Francophone (CIMEF) VIE DU CERFI P. 12 JOURNEE DE FORMATION... P. 10 BIOGRAPHIE DU XXème SIECLE : LE TESTAMENT PHILOSOPHIQUE DE ROGER GARAUDY «LE RAPPEL PROFITE...» P. 9 Extraits choisis SANTE P. 3 LA TRANSFUSION SANGUINE AGENDA : ACTIVITES A VENIR DU BUREAU PROVINCIAL DU KADIOGO P. 4 IHTIHAD : LES TRANSACTIONS COMMERCIALES (1) : LA SPÉCULATION P. 8 EDITORIAL Ô PALESTINE, MON BEAU PEUPLE ! Palestine, mon beau peuple ! Ô Palestine, douleur du monde ! Jamais peuple n’a été autant éprouvé par l’injustice ! Situation atypique à la fois par le poids de l’épreuve, la qualité de l’oppresseur et de ses parrains. Ô Palestine, peuple témoin, il a donné au monde ce qu’il avait de génie et de volonté pour préserver ce qu’il y a de dignité et d’honneur sur cette terre; pousser un peuple à donner la vie pour sauver la vie. Ce qui s’y passe est l’expression la plus éloquente de l’injustice érigée en système de gouvernance. Et pourtant, ça n’est pas quelque chose de vraiment nouveau : l’esclavage, la colonisation, l’apartheid, l’holocauste juif et j’en passe : une constante, la même source (les nations capitalistes de l’Ouest) et les mêmes « bêtises ». Comment en effet comprendre que ceux dont l’apogée de la cohabitation avec les juifs a abouti à l’invraisemblable de l’histoire : la shoah, mise à mort d’hommes programmée et exécutée à l’échelle industrielle, comment en effet comprendre que ces personnes puissent donner orgueilleusement des leçons de vivre ensemble au peuple de Palestine ! Et pourtant, les Palestiniens ne demandent qu’à vivre heureux sur leur terre, désir tellement naturel de tous les peuples ! Qu’est-ce qui explique que ceux qui, par des décisions coloniales par essence iniques, ont compromis l’avenir de millions d’hommes, se donnent le loisir de mettre entre parenthèses la vie des Palestiniens sur leur terre pour ne exciper comme seul élément qui mérite d’être examiné les conditions de la sécurité de l’État d’Israël. Ils ont décidé manifestement de brûler les autres terres, les autres peuples, pour permettre à Israël de réaliser enfin son rêve du « grand Israël ». Leurs origines ne leur destineraient rien de petit surtout qu’ils partageraient avec les puissants de l’heure des valeurs communes à l’opposé des Palestiniens, pour dire vrai des musulmans. Ô Palestine, chaque goulot de sang qui gicle des veines de tes enfants nourrit la terre de Palestine pour que, n’en déplaise aux négateurs, la Palestine demeure une terre de justice et de liberté ! Les Palestiniens souffrent parce que les victimes de l’holocauste, qui l’aurait cru, en ont décidé ainsi. Les opprimés d’hier sont donc les oppresseurs d’aujourd’hui. L’histoire a ceci d’extraordinaire qu’elle ramène chaque être, chaque peuple à sa dimension véritable. Ni plus que des humains, ni moins que des humains, seulement des humains. Dieu se charge de faire descendre ceux qui ont atteint leur apogée. À vouloir faire le vide autour de Lui avec la bénédiction de Washington et de Londres, Israël s’embourbe presque inconsciemment dans son propre déclin. À vouloir ériger le fait accompli en situation juridique acquise de façon systématique, on affaiblit le Droit sur lequel l’on veut fonder son droit à exister. Peut-on en effet nier ce que nous observons attentivement depuis près de quarante années, le refus par les Israéliens, quoiqu’il advienne, de mettre en œuvre les résolutions onusiennes? Ceci à tel point que l’on peut s’interroger légitimement sur la raison d’être de ce «machin». Le 53ème État des États-Unis d’Amérique est en passe de devenir le centre de décision du monde si ça ne l’est déjà. Fort curieusement, personne ne souligne ce changement au niveau de l’empire américain. Ce qui reste surprenant, c’est que l’on croit toujours que les décisions se prennent à la Maison Blanche. Non, à l’examen, les décisions de Tel-Aviv s’imposent à Washington. La «vampirisation» des puissances de l’heure a pour conséquence une anémie systématique dans les autres points du globe : Congo, Libéria, Tchétchénie, Irak symbolisent la volonté des puissants de drainer vers leur peuple les richesses du monde. Ceci expliquant cela, Israël demeure le gendarme américain chargé de lui permettre la maîtrise des ressources énergétiques d’une région aussi stratégique que le Moyen-Orient. D’où viendra alors l’espoir ? Nul ne le sait. Néanmoins l’histoire nous enseigne que les invocations des opprimés sont exécutoires, quel que soit le temps et l’on ne peut pas gouverner en permanence dans l’injustice. À chacun de nous ici et là-bas de prendre ses responsabilités devant Dieu et devant les Hommes. Le Cerfiste N° 000 août & septembre 2006 L’utilisation du sang (avec succès) à des fins thérapeutiques est relativement récente, avec la découverte des groupes sanguins par Landsteiner et Wiener en 1900. Cette découverte permit de comprendre pourquoi injecter du sang d’autrui à un Malade était souvent fatal à ce dernier, et marque ainsi le début de la transfusion moderne, l’application de sécurité sanguine c'est-à-dire de mesures transfusionnelles. Transfuser signifie communément, injecter du sang ou ses dérivés labiles (plasma ou cellules sanguines) à un malade. La transfusion sanguine est ainsi un vaste domaine médical ayant pour but d’apporter à un malade donné, le meilleur produit sanguin qui lui convienne. Elle fait appel, outre les disciplines médicales permettant la prescription de produits sanguins, à un ensemble de disciplines telles que la sociologie, la psychologie, la biologie (microbiologie, parasitologie, hématologie, immunologie), ainsi qu'à des technologies industrielles. Mais que fait-on avec le sang et quels sont les risques que comporte l’usage du sang et ses dérivés ? Que prépare-t-on avec le sang ? Le sang est composé de cellules : globules rouges, globules blancs et plaquettes sanguines (polynucléaires, lymphocytes, monocytes), baignant dans un liquide appelé La préparation du sang consiste à séparer ses différents composants, soit au moment du prélèvement (à l’aide de machines d’aphérèse), soit après sur sang total. Il est ainsi possible de préparer des Concentrés de Globules Rouges (CGR), des Concentrés de Plaquettes (CP), des concentrés de globules blancs ou du Plasma Frais Congelé (PFC). Le PFC peut être utilisé comme tel ou être envoyé dans des usines de fractionnement pour la production de dérivés stables ou Médicaments Dérivés du Sang (MDS) : albumine, immunoglobulines, facteurs de coagulation, colles biologiques. Au Burkina Faso nous sommes capables de préparer les produits labiles mais pas encore les MDS. Quelles sont les situations où un malade a besoin de produits sanguins ? Le sang circule à travers tout notre organisme et a plusieurs fonctions dont 09 BP 911 Ouagadougou 09 Burkina Faso Tel : 76 61 57 67/50 36 08 03 Email : cerfiben@fasonet.bf Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF Directeur de Publication Président du CERFI Rédacteur en Chef Hamidou YAMEOGO Secrétariat de Rédaction Alizéta OUEDRAOGO PAO & Impression SEDIMA : 50 36 80 80 Tirage : 1000 Exemplaires Les principales sont : -La nutrition : le sang transporte les nutriments vers les tissus. -La respiration : le sang apporte l’oxygène aux tissus et débarrasse ceux-ci du gaz carbonique produit. -L'élimination des déchets : produits du métabolisme, substances étrangères. -La fonction immunitaire : les leucocytes et anticorps circulant sont essentiels au système immunitaire de l’organisme. -L’homéostasie, c’est-à-dire le maintien d’un environnement nécessaire à la survie des cellules. -La communication intercellulaire : rôle des hormones et autres médiateurs chimiques. Pour qu’il puisse assurer efficacement ces fonctions, il doit être maintenu qualitativement et quantitativement dans les vaisseaux sanguins. Le traitement par transfusion est essentiellement une thérapeutique substitutive, c'est-à-dire qu’elle consiste à apporter au malade ce qui lui manque. Les situations entraînant un déficit en un ou plusieurs composants de sang sont nombreuses. Les plus fréquentes au Burkina sont : -les anémies par carence nutritionnelle surtout chez les enfants et les femmes enceintes, -les anémies infectieuses (principalement le paludisme), -les hémorragies à l’accouchement, les hémorragies traumatiques (surtout à la suite d’accidents de la circulation), -les saignements chirurgicaux, -la drépanocytose, -les morsures de serpents. Sur le plan clinique, les indications de la transfusion peuvent être décrites comme suit : -Pour les CGR : anémies mal tolérées, hémorragies massives. -Pour les CP : traitement préventif ou curatif des saignements associés à un déficit en plaquettes. -Pour le PFC : hémorragies massives, déficit en facteurs de coagulation. Les concentrés de globules blancs ont très peu d'indications. Il en est de même de nos jours pour le sang total si l’on dispose de ses différents composants. En effet, une transfusion sanguine Efficiente vise à apporter à l’organisme seulement ce dont il a besoin car tout élément non nécessaire supplémentaire est non seulement inutile mais peut être nocif. Quels sont les risques liés aux produits sanguins ? Nous pouvons distinguer deux (02) types de risques fondamentalement différents : 1. Risques chez le donneur : anémie potentielle ; transmission potentielle d'une infection ; malaise ; hématome (accumulation de sang sous la peau à l’endroit piqué). Les deux premiers risques sont quasi nuls avec le respect d’un certain nombre de conditions pour accepter le prélèvement d'un candidat au don de sang et l’usage d’un matériel stérile à usage unique. Les deux autres effets sont généralement bénins mais entraînent cependant l’arrêt immédiat du prélèvement. 2. Risques chez le receveur : ce sont les plus préoccupants car plus graves et plus difficiles à prévenir. Ils peuvent être catégorisés en : • Risques immunologiques : accidents hémolytiques immédiats ou différés ; inefficacité transfusionnelle ; maladie du greffon contre l’hôte (GvH) ; œdème lésionnel du poumon post transfusionnel (TRALI pour les anglophones) ; allergies ; réaction frisson-hyperthermie ; purpura thrombopénique post transfusionnel ; immunisation contre les antigènes de groupes sanguins ; etc. • Risques infectieux : contaminations bactériennes, parasitaires (paludisme principalement) et virales (VIH 1 et 2, hépatites B et C, HTLV, CMV, Parvovirus B19, etc.). La politique de dépistage des virus transmissibles est arrêtée entre autres en fonction de la gravité de la maladie induite, de l’épidémiologie, de la possibilité pour le receveur de se défendre contre le virus. Risques de surcharge : surcharge volémique, surcharge en fer (chez les malades régulièrement transfusés). Pour conclure, la thérapeutique transfusionnelle est particulière du fait qu’elle utilise des produits biologiques et de surcroît des produits d’origine humaine. Par conséquent, elle comporte des risques importants liés à sa nature et à son origine biologiques. Son Utilisation doit répondre à des indications précises et s’inscrire dans une politique de gestion rationnelle des produits, vu leurs risques et leur rareté. Étant donné qu'aucun médicament ne peut la remplacer, elle reste malheureusement très souvent le seul recours pour les malades qui en ont besoin. Dr Y. DOMO, CNTS Le Cerfiste N° 000 août & septembre 2006 DOSSIER Colloque International des Musulmans de l’Espace Francophone CIMEF I - HISTORIQUE Depuis 1991, un Séminaire International de Formation des Responsables d’Associations Musulmanes (SIFRAM) se tenait en Côte d’Ivoire. Au fil des années, les organisateurs, les conférenciers et les participants aux différentes éditions du SIFRAM ont pu se rendre compte d’un fait : pour des raisons historiques, plus de deux cent (200) millions de musulmans africains, européens, américains et asiatiques partagent aujourd’hui le français. Qu’ils soient en majorité ou en minorité dans leur milieu, les musulmans de l'espace francophone sont confrontés à de nombreux défis. communs tels que la question de la laïcité, de l’éducation, de la formation, de l’élaboration du discours islamique en langue française, etc. Malheureusement, les occasions de rencontres, d’échanges et de débats sont rares. Fort de ce constat, un groupe de participants s’est réuni en marge du SIFRAM qui s’est tenu à Abidjan (début septembre 1999) et a pris l’initiative d’organiser un Colloque International des Musulmans de l'Espace Francophone (CIMEF). Il s'agit alors d'un espace plus large que le SIFRAM et destiné à rassembler des musulmans et musulmanes (imams, responsables associatifs, intellectuels, etc.) pour échanger sur des thématiques communes. OBJECTIFS La diversité des contextes de vie des musulmans de l'espace francophone met en évidence la diversité de leur culture et des enjeux auxquels ils doivent faire face. Cependant, le tronc historique et culturel ainsi que la communauté de langue (française) et de foi (l’islam) font ressortir des convergences que les objectifs du CIMEF pourraient renforcer. Ainsi, le CIMEF a pour objectifs : - Faire le point sur les problématiques de première importance pour l'avenir des musulmans et de leur société ; - Créer et favoriser la rencontre entre les différents acteurs musulmans de l’espace francophone ; - Faire partager les expériences et amener les participants à produire une réflexion commune tout en tenant compte de leurs spécificités nationales, régionales ou continentales. III - ORGANES Les organes du CIMEF sont au nombre de quatre (04) : - Le Comité d’Honneur et d’Orientation ; - Le Comité Exécutif Permanent ; - Le Bureau Permanent du CIMEF à Paris ; - Le Comité National d’Organisation du CIMEF. Le Comité d'Honneur et d'Orientation Il est chargé : - de l’orientation et de la réflexion en amont des rencontres ; - du choix du thème, des propositions d’intervenants, etc. ; - de la consultation pour le choix du pays d’accueil ; - de la résolution des problèmes liés à l’organisation générale ; - de la réponse aux questions générales. Le Comité Exécutif Permanent Il est créé un Comité Exécutif Permanent basé en Afrique et constitué de sept (07) personnes. Il a pour missions : - de recevoir les candidatures et proposer un choix au Comité d’Honneur et d’Orientation et au Bureau Permanent du CIMEF à Paris ; - de maintenir les contacts avec les relais en Afrique et d’assurer le suivi de la communication entre le Bureau Permanent du CIMEF, les organisateurs et les participants au CIMEF ; - d'organiser des visites et des réunions en Afrique et ailleurs dans les pays francophones ; - d’élaborer les programmes en consultation avec le Comité d’Honneur et d’Orientation et le Bureau Permanent du CIMEF à Paris ; - de chercher à nouer des contacts avec d’autres pays francophones en collaboration avec le Bureau Permanent du CIMEF à Paris. Le Bureau Permanent du CIMEF à Paris Le Bureau Permanent du CIMEF basé à Paris, demeure le siège du CIMEF. Il est chargé : - d’être en contact permanent avec le Comité Exécutif Permanent basé en Afrique ; - d’élaborer le projet de programme en consultation avec le Comité d’Honneur et d’orientation et le Comité Exécutif Permanent ; - de transmettre les invitations officielles ; - d’organiser les délégations venant hors d’Afrique ; - de publier les actes du colloque. Le Comité national d'Organisation du CIMEF Le CNO du CIMEF est chargé : - d’organiser matériellement le colloque ; - d'envoyer les invitations aux relais dans les différents pays ; - de mettre sur pied un comité scientifique ad hoc ; - de préparer le document de base des actes du CIMEF. IV - THEMES DES EDITIONS ANTERIEURES ET DECISIONS GENERALES Date Pays Thème Central 04 au 06 août 2000 Côte d’Ivoire Les Musulmans francophones : terminologie & discours. 02 au 06 août 2002 Bénin La scène internationale : le discours islamique et les expériences d’une éducation adaptée. 30 juillet au 02 août 2004 Niger Les musulmans : entre textes et contextes. 04 au 06 août 2006 Burkina Faso De l’islamophobie au choc des civilisations : défis et enjeux. Après les débats Des participants à la première session du CIMEF, il a été décidé de ce qui suit : -Le CIMEF devient une institution dont les organes seront mis en place dans les meilleurs délais ; -Le Colloque sera organisé durant l’été et chaque fois dans un pays différent (le choix du pays répondant à des conditions d'organisation et d’accueil fixées par la charte du CIMEF. Le choix du pays est du ressort du comité de pilotage après étude des demandes qui lui sont adressées) ; -Les actes du Colloque d’une session seront publiés dans le courant de l’année suivant ledit Colloque ; -La participation au Colloque est subordonnée à l'adhésion à la charte du CIMEF. V - EDITION 2006 DU CIMEF V - 1 ■ GENESE DE L’EVENEMENT Lorsque le Burkina Faso a été sollicité par le Comité Exécutif Permanent du CIMEF pour recevoir la 4ème édition, le Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamique (CERFI) et l'Association des Elèves et Etudiants Musulmans au Burkina (AEEMB) - habituels participants au CIMEF - ont d’abord mis en place un Comité Provisoire d’Organisation pour baliser le terrain, avant de saisir la Fédération des Associations Islamiques du Burkina afin qu’elle se charge de l'activité. C’est le Comité National d'Organisation mis en place par la Fédération (laquelle regroupe une centaine d’associations et d'ONG musulmanes) qui a conduit les opérations nécessaires à la tenue effective du présent CIMEF. V-2 - PROBLEMATIQUE Islam et langue française sont deux références que partagent les musulmans francophones. Cela a pour conséquence de se référer aux mêmes sources de débats, mais ne détermine pas les mêmes expériences locales. Il est plus qu'urgent de réfléchir aux enjeux communs sans oublier les priorités spécifiques. Le contexte international exige une écoute fine et des analyses pointues, afin de ne ni sombrer dans la réactivité, ni s’enfermer dans une existence intellectuelle et culturelle. V-3 - THEMATIQUE Depuis les événements malheureux du 11 septembre 2001 aux États-Unis, les attitudes islamophobes n’ont cessé de se répandre partout dans le monde et particulièrement en Occident. Les attentats de Madrid et de Londres sont venus eux aussi, aggraver de manière aiguë cette atmosphère délétère. Dès lors, l’islam est présenté comme une idéologie politique, intégriste et intolérante qui cherche à dicter sa foi et sa loi sur un monde tourné vers plus de modernité, de liberté et de laïcité. Devant cette dichotomie philosophique, beaucoup n’hésitent plus à donner raison à Samuel Huntington qui prophétisait il y a quelques années un choc inévitable des civilisations. L'affaire des caricatures est venue par ailleurs radicaliser les positions : d'une part, des musulmans vexés face à la profanation et à l'insulte de leur prophète et d'autre part, une volonté d’imposer une liberté d'expression niant et méprisant la sensibilité religieuse des uns et des autres. Au-delà de ce problème conjoncturel, faut-il croire que dans l'avenir se dessine un choc structurel des civilisations ? Dans tous les continents, les mêmes questions se posent avec plus ou moins de spécificité. Les crises tendent à s’internationaliser et les musulmans ont intérêt à pouvoir réfléchir ensemble sur ces questions qui déterminent le fond de leur pensée et la forme de la nature de leurs actions. C'est au bénéfice de tout ce qui précède que la quatrième session du Colloque International des Musulmans de l’Espace Francophone (CIMEF) se veut de réfléchir sur le thème : DE L’ISLAMOPHOBIE AU CHOC DES CIVILISATIONS : DEFIS ET ENJEUX. Secrétariat du Cimef 2006 Le Cerfiste N° 000 août & septembre 2006 ISLAM QU’EST-CE QUE LE Étymologiquement parlant, le Coran, forme francisée du mot arabe (al qur’ân) signifie "lecture idéale” bien qu’il puisse avoir une autre acception linguistique. Le Coran, techniquement parlant et au sens religieux, est le livre sacré des musulmans et le premier livre à avoir été écrit en langue arabe, qu’il a contribué à fixer. Il regroupe les paroles divines qui ont été transmises au prophète Mouhammad (SAW) par l’intermédiaire de L’archange Gabriel (Djibril Aleyhi salam) sur une période de vingt-trois ans. Il est parfois également appelé kitâb (livre), dhikr (rappel), Fourqân (discernement), Tanzîl (descente), etc. Pour les musulmans, le Coran est d’origine divine dans son intégralité et exclut toute influence humaine. Il exprime la Parole de Dieu en langue arabe pure. Il contient les preuves évidentes qui doivent permettre à tous les humains d’y discerner la « Bonne direction ». Le Coran est donc un des livres révélés [tout comme la Thorah ou pentateuque de Moïse (AS), l’évangile de Jésus (AS), etc.] au genre humain. Du reste, il inclut la synthèse des messages antérieurs et est considéré comme l’ultime révélation de Dieu (Allah en arabe) aux humains ; l’unique Dieu et maître de l’univers. Historique Pour ce qui est de l’historique du Coran, retenons que : La révélation commence en 610 (de l’ère chrétienne) dans la Grotte « Hirra » où le Prophète avait pour coutume de se retirer dans un but de méditation. L’ange Djibril était apparu et lui avait communiqué les premiers versets du Coran : « Lis au nom de ton Seigneur... ». Les révélations vont alors se succéder, par fragments, au fil des années et des événements, en une diversité d’endroits pour prendre fin en 632, date où le prophète rejoignit son Seigneur après une mission bien accomplie. Ajoutons que chaque année, Djibril (AS) procédait, avec bien entendu le prophète, à une révision générale de ce qui était déjà descendu comme révélation. Il y eut exceptionnellement deux révisions la dernière année. Un double moyen de conservation du texte sacré fut utilisé : la mémorisation systématique et la trace écrite. Le papier tel que nous le connaissons n’existait pas encore et il fallait utiliser des objets comme l’écorce du palmier, l’omoplate de chameau, la pierre tendre, etc. Il est vrai que le prophète était illettré mais on comptait autour de lui quelques dizaines de gens sachant lire et écrire, lesquelles personnes appelées scribes ou secrétaires se chargeront de fixer le texte sur les... objets mentionnés. Après la mort du prophète, des circonstances vont poser et voir se résoudre le problème de la recension du texte intégral du Coran. Cela va arriver par deux fois. Une première fois, lorsqu’à la bataille de Yamamah (où il s’agissait de combattre l’imposteur Moussaylima et ses adeptes), un grand nombre (au moins 70) de personnes ayant mémorisé entièrement le texte sacré connut le martyr. ’Oumar, futur 2ème calife (RA), suggéra alors au calife Abu Bakr (RA) de procéder à la compilation du Coran. C’est ainsi qu’une commission fut mise sur pied, dirigée par Zaid Ibn Thabit (jeune, hafîdh et secrétaire le plus assidu), produisant la version officielle du Coran. La seconde fois coïncida avec le Califat de ’Uthmane (RA) et précisément lors de cette campagne en Arménie où de profondes divergences surgirent entre les musulmans de diverses origines sur la manière de lire le Coran. N’oublions pas que les frontières de l’État islamique s’étaient fort éloignées et donc beaucoup de non-arabes s’étaient Convertis à la foi musulmane, la vraie foi monothéiste, la foi d’Abraham. Le calife 'Uthmane requit une deuxième compilation où seront fixées un minimum de règles de lecture faisant l’unanimité, du moins chez les quelques mémorisateurs et lecteurs de référence. Là encore, Zaid fut chargé d’entreprendre cette lourde tâche avec d’autres compagnons. Le résultat fut le prototype. Remarque : Aussi bien dans la compilation de Abu Bakr que dans la recension 'Uthmanienne, le texte coranique ne comprenait ni points (ces fameux signes diacritiques) ni voyelles. Ces éléments et bien d’autres. $ SAW = Solallahou Aleyhi Wasallam : formule suivant l’évocation du nom du prophète de l’Islam et signifiant : Paix et salut sur lui. æ AS = Aleyhi Salâm : formule signifiant “sur lui le salut” requise à l’évocation de certaines figures saintes. 96:1-5 signifiant Coran Chapitre numéro 96 versets 1 à 5. ■ RA = Radiallahou Anh : Que Dieu soit satisfait de lui. ^ On appelle ainsi toute Le Cerfiste N° 000 août & septembre 2006 ISLAM apparaîtront plus tard. On voit là le rôle qu’a véritablement joué la mémorisation du Coran dans la transmission du message coranique. Forme Intéressons-nous de plus près à la forme du Coran. Le Coran est divisé en cent quatorze chapitres (en arabe sourates), classés plus ou moins par ordre décroissant de longueur à l’exception de la première sourate appelée Al Fatiha (« liminaire » ou « le prologue »). Ces sourates sont elles-mêmes composées de versets nommés âyât (pluriel de l’arabe âyah, « preuve », « signe »). Pas moins de six milliers de versets constituent des miracles multidimensionnels (miracle linguistique, scientifique, historique, etc.). L’ordre des sourates n’est donc pas chronologique ; les sourates et les versets sont de longueur variable : la sourate la plus longue compte 286 versets ; la plus courte en compte 3 ; le verset le plus long est 2:282 (se trouvant dans la sourate la plus longue) prenant une page entière ; le verset le plus court étant 55:64 constitue seulement cinq syllabes. avons déjà évoqué le premier verset révélé 96:1 ; le dernier verset révélé fait l’objet de divergences. Pour certains ce serait 2:281 ; pour d’autres c’est 5:3... L’ensemble du texte est subdivisé selon un certain nombre de critères. Nous retenons principalement la division justifiée par des besoins liturgiques : division en 30 parties (pour la lecture intégrale en un mois) chacune appelée « djouz ». Chaque partie (djouz) se scinde en deux sections (hizb) ; chaque hizb comprend quatre sous-sections (sous-section = roub’ signifiant un quart). Il y a ainsi 60 sections et 240 roub’. On notera aussi la division du texte sacré en 7 étapes (manzil) pour les lecteurs déterminés à boucler la lecture en une semaine. Enfin, mentionnons le classique distinguo entre les sourates et versets dits mecquois (ou pré-hégiriens) et ceux qualifiés de médinois (ou post-hégiriens) ; les premiers révélés dans les treize (13) premières années de l’apostolat et les seconds dans les dix (10) dernières années. L’importance de cette distinction tient surtout à la fois au style et à la thématique spécifiques à chacune des deux périodes. Fond À présent le plus important : le fond ou le contenu du Coran. Là l’espace va certainement s’avérer insuffisant mais puisqu’il faut rappeler des choses ; écoutons l’Imam Ahmad Ibn Hanbal : « lorsque je veux parler à mon seigneur, j’y parviens tout comme lorsque je veux qu’il me parle. » On dit : « comment cela ? » il répondit : « lorsque je veux que mon seigneur me parle, je lis le Coran, et lorsque je veux lui parler, je m’engage dans la prière car ce n’est autre qu’un entretien intime avec Allah. » Fasse Dieu que nous soyons ainsi. Amin. Oui ! le Coran est le message divin par excellence et en tant que tel donc doit être lu, compris et appliqué dans notre vie. Et cette compréhension fait l’objet du « Tafsir » i.e l’interprétation, l’exégèse du Coran. Le Tafsir apparaît ainsi comme la principale discipline liée à l’étude du Coran. Seulement voilà, on devine la complexité et la profondeur d’une telle étude ne serait ce que par la transcendance de la source du message. C’est alors que viennent à notre secours d’autres disciplines annexes concourant justement au Tafsir. On est convenu d’appeler ces disciplines « les sciences du Coran ». L’importance de ces dernières est telle que tout musulman doit en connaître un minimum pour ne pas blasphémer ou en tout cas « faire dire à Dieu ce qu’il n’a pas dit » ou même donner une mauvaise image de l’Islam (Et la réalité aujourd’hui nous la connaissons). Un échantillon de ces sciences : la science du contexte de la révélation (’ilm asbab nouzoul), la science de l’abrogé et de l’abrogeant (’ilm nâsikh wal mansoukh), la science du miracle coranique (’ilm i’djaz qur’ân), la science du général et du spécifique (’ilm ’âm wal khâs), la science des différentes modes de lecture (’ilm qirâ’ât). Terminons en rappelant que d’une manière générale, les thèmes du Coran se retrouvent dans les récits historiques, les prescriptions juridiques, les rapports sociaux, l’eschatologie, le Credo de base, l’éthique, les phénomènes de l’Univers et particulièrement de la planète terre, etc. Puisse Dieu le tout puissant nous gratifier d’une bonne compréhension de son message suivie de son application ! Amin. Y. Tiemtoré, personne ayant mémorisé entièrement le Coran. On appelle ainsi en linguistique des signes permettant de différencier des lettres à la graphie semblable. Ex en français â et à. Considérez par exemple que le Coran est le seul livre de cette envergure à pouvoir être entièrement mémorisé par des millions de personnes, environ 3% du Coran. Est-ce donc raisonnable de fuir la Sharia comme la peste ? Le Cerfiste N° 000 août & septembre 2006 «LE RAPPEL PROFITE...» 1-CORAN «Et quand Mes serviteurs t'interrogent sur Moi, alors Je suis tout proche : Je réponds à l'appel de celui qui Me prie quand il Me prie. Qu'ils répondent à Mon appel, et qu'ils croient en Moi, afin qu'ils soient bien guidés.» Sourate 2 (Al-Baqarah-La vache), Verset 186 «Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux croyants.» Sourate 2 (Al-Baqarah-La vache), Verset 155 II-HADITH (Rapporté par Abou Dawud) Selon Mou’adh (Dieu l’agrée !), le Messager de Dieu (SAW) le saisit une fois par la main et lui dit : «Ô Mou'adh ! Par Dieu, je t'aime.» puis, il ajouta : «Je te recommande, ô Mou’adh, de ne jamais omettre de dire à la fin de chaque prière : «Seigneur Dieu ! Aide-moi à T'évoquer, à Te remercier et à T'adorer comme il se doit». (Source : Riyad as-Salihin, n°1420) III-PENSEE Ali Al TANTAWI, Connaître l’islam, p. 30-31 «Qu’est-ce que la mort ? Quelle est sa vraie nature ?...La vie de l’homme est faite de plusieurs étapes (l’état foetal, la vie d’ici bas, le monde intermédiaire (barzakh), l’étape éternelle). Le rapport d’une étape à celle qui la précède est comparable au rapport de cette étape à celle qui la suit. La grandeur de cette vie comparée à l’étroitesse du ventre de la mère est comparable à l’étendue du «monde intermédiaire » par rapport à cette vie. Il en est de même de l’étendue du jour dernier comparée au « monde intermédiaire ». Le fœtus pense que sa vie se limite au ventre de sa mère. S’il raisonnait, pensait et pouvait répondre aux questions, il dirait que sa sortie de ce ventre est vouée à une mort certaine. Si dans le ventre se trouvaient deux jumeaux, que l’un d’eux naissait avant l’autre, celui qui l’aurait vu descendre et le quitter, penserait qu’il est mort et qu’il est enterré dans les profondeurs. Si le fœtus voyait son placenta, qui lui recouvrait le corps, jeté à la poubelle, il penserait qu’il s’agit de son frère et le pleurerait comme la mère qui voit le corps de son fils qu’elle protégeait de la poussière, enfoui dans la terre. Elle ne sait pas que ce corps est comparable à ce placenta ; c’est une chemise devenue sale puis enlevée, un vêtement usé, devenu inutile. C’est ça la mort, une « nouvelle naissance », une sortie vers une étape plus longue et plus accueillante que celle de cette vie. vie n’est autre qu’un chemin où nous sommes semblables à un immigré vers l’Amérique. Il choisit bien sa cabine dans le bateau, tient à sa tranquillité et en prend soin ; mais, dépensera-t-il tout son argent pour renouveler sa literie et sculpter ses murs, pour arriver en Amérique sans le sou ? Ou plutôt dira-t-il : je resterai une semaine dans cette pièce, je me suffirai de peu et j’économiserai mon argent afin de meubler la maison que j’habiterai en Amérique, c’est elle ma demeure. La rédaction Le Cerfiste N° 000 août & septembre 2006 CULTURE GÉNÉRALE IQRA (LIS !) BIOGRAPHIE DU XXème SIÈCLE : LE TESTAMENT PHILOSOPHIQUE DE ROGER GARAUDY L’AUTEUR Beaucoup connaissent R. GARAUDY à travers sa phrase désormais célèbre, assertion par laquelle il remerciait Dieu de lui avoir fait connaître l’Islam avant les musulmans. Écrivain et philosophe français, R. GARAUDY est né le 13 juillet 1913 à Marseille en France. Converti à l’Islam au début des années 80 après un parcours complexe (protestant, puis stalinien, puis marxiste, puis catholique et musulman), GARAUDY a cherché et recherché la vérité partout, inlassablement, avant de jeter l’ancre sur l’islam. Pour l’homme, ce parcours, loin d’être du nomadisme, est en fait un processus, une ascension. « ...On a cru parfois pouvoir écrire une « histoire des variations » de ma vie et se pousser de mes « changements ». C'est un lieu commun de dire qu'il s'est produit plus de changements en ce siècle qu'en cinq mille ans d'histoire. Que penser alors d'un homme qui, ayant eu la chance de vivre cette prodigieuse mutation, fut resté assis à la même place pour la regarder passer ? Je ne demande pardon à personne de n'avoir pas été ce cadavre. » (P.11, Biographie...) Auteur prolixe, GARAUDY a à son actif une quantité d’ouvrages dont les plus importants sont : Le grand tournant du socialisme (1969), Parole d'homme (1975), Appel aux vivants (1980), Promesse d'islam (1981), Intégrismes (1990), Le terrorisme occidental (2004), etc. Mais, c’est surtout avec la parution en 1996 de son ouvrage Les mythes fondateurs de la politique israélienne (1996) que GARAUDY connaîtra ses « gros problèmes ». Dernier témoin du siècle précédent, beaucoup n’hésitent pas à le qualifier de mauvaise conscience du monde occidental. II-L’OEUVRE Biographie du XXème siècle a été publiée en 1985 aux Editions TOUGUI (France). L’ouvrage de 409 pages qui a été préfacé par le père CHENU porte à ses premières pages cette citation intéressante de Mansour ibn Sarjoun (Saint Jean de Damas en judéo-chrétien) : « La philosophie est amour de la sagesse mais la vraie sagesse est Dieu. L'amour de Dieu est donc la vraie philosophie. » L’ouvrage est traité en six (06) parties : I-Le message des livres sacrés II-La sécession de l’occident III-La philosophie occidentale au XXè siècle IV-Les mutations du XXè siècle V-La tradition abrahamique, Marx, et la transcendance VI-Le message de l’Islam Il serait prétentieux de vouloir faire l’économie de ce livre tant il foisonne d’idées, de thématiques et de problématiques aussi diverses. que décisives. Au risque de passer à côté d’aspects importants, nous nous contentons de souligner ce qui suit : Biographie du xxème siècle, comme l’indique son sous-titre (« le testament philosophique de Roger Garaudy »), est à la fois un essai, une autobiographie et le journal d’un intellectuel témoin oculaire des mutations du siècle précédent. S’il peint des expériences politiques et culturelles qu’il a personnellement vécues, l’auteur, philosophe averti, n’oublie pas de reposer les questions essentielles auxquelles la philosophie depuis ses origines s’était proposée de répondre : d’où venons-nous ? Où allons-nous ? Quel est le sens et quels sont les impératifs de notre vie ? À ces interrogations, GARAUDY avoue que les philosophes occidentaux, de PLATON à SARTRE, n’ont pas trouvé un horizon de réponse qui satisfasse. Pour GARAUDY (et c’est là la thèse centrale de l’ouvrage), « toute société prétendant faire abstraction des deux dimensions majeures de l'homme : transcendance, c'est-à-dire reconnaissance de la Dépendance de l'homme à l'égard de Dieu Créateur, et donc de valeurs absolues, et communauté, c'est-à-dire sentiment, en chaque personne humaine, d'être responsable du destin de tous les autres, est vouée à la désintégration. » (Biographie du XXème siècle, p. 12). Sans doute que vous avez déjà aperçu la similitude entre cette assertion (transcendance & communauté) et celle de Tariq RAMADAN, « Être avec Dieu, Vivre avec les hommes ». H. YAMEOGO Le Cerfiste N° 000 août & septembre 2006 ACTIVITÉS À VENIR DU BUREAU PROVINCIAL DU KADIOGO 04 au 06 Août 2006 : CIMEF 06 Août 2006 : Début de la 2ème session de formation 20 Août 2006 : Réunion mensuelle du BPK 27 Août 2006 : Formation des membres du BPK ; Thème : « Le CERFI, Identité et Image » 02 au 03 Septembre 2006 : Week-end de la famille musulmane + conférence bimestrielle 15 Septembre 2006 : Causerie débat : Boulmiougou 17 Septembre 2006 : Symposium sur le RAMADAN 24 Septembre 2006 : Réunion mensuelle du BPK 1er Octobre 2006 : Symposium sur les voies de la solidarité En Islam 27ème Nuit de Ramadan : Célébration de la nuit du Destin IJTIHAD Malgré le fait que l’Islam a garanti la liberté aux individus en matière de commerce et de concurrence naturelle, il refuse de façon catégorique qu’une personne poussée par son égoïsme individuel et son avidité personnelle tente de s’enrichir sur le compte des autres. C’est la raison pour laquelle le prophète (SAW) a condamné avec énergie la spéculation et l’a dénoncée avec des expressions sévères : "Celui qui spécule sur la nourriture, pendant 40 nuits, Dieu ne le connaît plus" (Ahmed et El Hakim). Le prophète (SAW) ajouta : "Celui qui exerce le commerce de façon honnête est fortuné, mais celui qui spécule est maudit" (Ibn Maja et El Hakim). En effet, il existe deux façons de faire des bénéfices grâce au commerce. Ou bien emmagasiner les marchandises pour les vendre à un prix très élevé en période de pénurie. Ou bien, prendre les marchandises et les vendre avec des bénéfices modérés, puis en acheter et les revendre avec des bénéfices modérés etc. Le deuxième comportement est celui recommandé par l’Islam. Source : le licite et l'illicite en L’Islam Le Cerfiste N° 000 août & septembre 2006 CD 1E DU CER JOURNEE DE FORMATION La deuxième journée de formation (bimestrielle) a eu lieu le dimanche 02 juillet 2006 au siège national du CERFI sis aux 1200 logements. Placée sous le thème LE ROLE DE LA PRIERE ET DU CORAN DANS LA VIE DU CROYANT, la formation a été dispensée par Imams Nouhoun BAGAYOKO et Ismaël TIENDREBEOGO au profit d’une centaine de frères et sœurs. Au-delà de l’impact pédagogique de l’activité, la journée de formation du 02 juillet aura permis au bureau provincial d’élargir le cercle de ses sympathisants et à ceux de mieux fraterniser. CAUSERIE-DEBAT DANS LA COMMUNE DE BOGODOGO Si compte de leur espace géographique relativement limité, les sections (CERFI) provinciales de l’intérieur n’ont pas beaucoup de difficultés pour se regrouper, il n’en est pas de même de la section du Kadiogo. (Ouagadougou) où l’immensité de la ville donne du fil à retordre au bureau provincial. C’est pour résoudre cette question qu’une certaine « décentralisation » est en cours au niveau de Ouagadougou et ce dans le but de fédérer toutes les cinq communes et tous les trente secteurs autour de l’idéal cer-fiste. La causerie-débat du 15 juillet dernier s’inscrit dans cette logique. Une vingtaine de frères et sœurs ont échangé autour de « L’Histoire de la pénétration de l’Islam au Burkina », thème que le frère OUBDA Mahamoudou a introduit brillamment. Tous les participants ont été unanimes pour reconnaître qu’ils connaissaient très peu de l’histoire de l’arrivée de leur religion dans leur pays et qu’il fallait par conséquent multiplier ces genres de communications. CONFERENCE PUBLIQUE AU CBC Le dimanche 30 juillet 2006 dans la salle de conférence du Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC) a eu lieu la troisième grande conférence trimestrielle de la section provinciale du Kadiogo. Environ deux cents (200) frères et Sœurs ont pris d’assaut les lieux pour écouter l’Imam Tiégo TIEMTORE communiquer sur un thème qui à la vérité pose la problématique du devenir de la umma : LA CIVILISATION ISLAMIQUE : Apogée, Eclipse et renaissance. Il n’est plus besoin d’insister sur les raisons qui ont présidé au choix de ce thème par le bureau provincial du Kadiogo, car nul n’ignore que la communauté des musulmans doit s’appuyer sur les erreurs et les échecs du passé afin, d’une part, de raffermir son présent, et d’autre part, de se projeter sur l’avenir. Soixante minutes d’horloge durant, le conférencier a rappelé les moments heureux de l’âge d’or de la civilisation musulmane ; il a ensuite et surtout disséqué les causes de déclin des musulmans avant de jeter les bases et les conditionnalités de la renaissance. Une conférence ne vaut que par la richesse des échanges qu’elle suscite et celle du 30 juillet dernier a inspiré à l’assistance des réflexions et des observations profondes. Il reste à faire en sorte que la flamme de l’espoir qui a jailli au sein des cœurs des un(e)s et des autres ne s’éteigne pas. Pour ce faire, il est du devoir de chacun et de chacune de se sentir responsable du destin de la communauté des musulmans. H. YAMEOGO © Le Cerfiste N° 008 août & septembre 2006 bibo:issue 0 bibo:numPages 12 --