Cette thèse d'histoire explique comment des africains musulmans vivant dans les régions voltaïques, contrées fort éloignées d’Arabie, ont vaincu toutes les difficultés afin d'accomplir le pèlerinage. Le travail repose sur des témoignages recueillis sur place, de 1973 à 1983, auprès d'informateurs ayant voyage de 1910 à 1983. Des recherches dans les archives ont renforcé l'intérêt pour le sujet. Autrefois, les pèlerins d'Afrique tropicale suivaient les pistes transsahariennes vers l'Égypte et l’Arabie. Les premiers pèlerins voltaïques, à la fin du XIXe et au XXe s. Ont marché d'Ouest en Est, dans la zone des savanes, pour aboutir aux ports de la mer rouge où ils embarquaient pour la côte arabe. Les pèlerins qui ont suivi les pionniers ont combine la marche, le chemin de fer et le camion. Depuis 1960, la voie aérienne est devenue la norme pour aller à la Mecque. La participation voltaïque-burkinabe actuelle est faible au regard des foules qui se pressent aux lieux saints. Mais l'islam est "jeune" dans cet état de 7. 976. 019 habitants (en 1985) dont 35% environ sont musulmans et ou le niveau de vie moyen est faible. Le pèlerinage a des conséquences religieuses, politiques, économiques, financières pour chacun des états et pour le pays hôte qui reçoit pour un mois 800. 000 a 1. 000. 000 d'étrangers chaque année.
À l'occasion d'un grand projet de développement urbain appelé projet ZACA (Zone d'aménagement commerciale et administrative), les habitants de certains quartiers du centre-ville de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, ont été « déguerpis » et leurs habitations ont été rasées. Ils se sont pour la plupart relogés en périphérie de la ville, grâce à l'indemnité payée par l'État pour le rachat des terrains, mais auparavant les résidents avaient lutté farouchement contre le projet. Regroupés dans une Coordination des résidents, ils ont envoyé des lettres aux médias et organisé des manifestations, parfois violentes. L'ampleur du mouvement d'opposition a surpris, mais plus surprenant encore était le rôle joué par l'islam dans cette contestation : la Coordination était menée par l'imâm Saïdou Bangré et son bureau était composé en grande partie d'imâms et de chefs coutumiers des quartiers visés. En juillet 2002, des émeutes contre le bornage de la ZACA ont été menées par un groupe de jeunes qui s'est surnommé « Al Qaeda ». Une telle inscription d'une lutte sociale dans un cadre islamique tranchait fortement avec l'habituelle complaisance de l'islam envers l'État et appelle une étude plus approfondie. Cette apparente irruption de l'islam dans le champ social de Ouagadougou invite donc à revoir l'histoire de l'islam burkinabè sous l'angle de son implantation dans le milieu urbain en rapide mutation de Ouagadougou. On peut se demander, au vu de l'opposition soulevée par le projet ZACA, s'il existe au Burkina Faso, en marge de l'islam complaisant envers le pouvoir, un islam prêt à affronter l'État. Il s'agit plus précisément d'étudier le projet ZACA, l'opposition qu'il a soulevée et les conditions de relogement des habitants à la trame d'accueil de Ouaga 2000 afin de voir ce que ces événements révèlent quant à l'évolution des rapports entre la zone et le reste de la ville en premier lieu, quant aux clivages qui traversent la communauté musulmane en second lieu, et enfin quant à l'évolution récente des rapports entre l'islam et l'État et entre l'ensemble de la société civile et l'État. Le projet ZACA a révélé la marginalisation de la zone au sein de la ville en même temps qu'il a réactivé une culture de résistance propre à ces quartiers. Il a également mis à nu les clivages qui traversent la communauté musulmane, notamment entre les jeunes et les aînés, de même que les tentatives contrastées et dans l'ensemble limitées des musulmans pour contrer la marginalisation dont ils sont victimes dans la société burkinabè. Enfin, le projet ZACA constitue une excellente illustration de la façon par laquelle l'État conserve le contrôle de la situation face à la société civile, par-delà les vives tensions qui avaient agité celle-ci suite à l'assassinat non-élucidé du journaliste Norbert Zongo en décembre 1998.
Lancé à Ouagadougou en 2001, le projet de Zone d'Aménagement Commerciale et Administrative (ZACA) a entraîné le destruction de plusieurs vieux quartiers résidentiels du centre-ville à majorité musulmane. Ce projet, les réactions qu'il a soulevées et le déplacement des résidents vers la périphérie qu'il a entraîné ont permis de constater la marginalisation de ces quartiers au sein de la ville, de même que l'existence d'une culture de mobilisation en leur sein. Le projet ZACA a en outre révélé l'existence de clivages au sein de la communauté musulmane, notamment entre les générations. Enfin, il a révélé les tendances récentes en ce qui concerne les relations entre l'islam et l'État burkinabé et, plus largement, entre la société civile et cet État.
Ce chapitre aborde en parallèle l'utilisation des médias par les trois principales confessions religieuses du pays - catholique, protestante et musulmane). Ce faisant, nous pourrons comparer les diverses stratégies et initiatives médiatiques mises en avant par ces groupes afin de souligner autant les similarités, les emprunts et les collaborations que les usages différenciés qu'ils en font. Nous comptons également mettre en perspective le récent engouement pour les médias numériques (sites web, réseaux sociaux, applications mobiles) avec les approches plus anciennes par le biais des médias « traditionnels » (presse écrite, radio, télévision).
Notre étude révèle d'abord que l'Église catholique a souvent joué un rôle pionnier en matière d'utilisation des médias, les Églises évangéliques et les associations musulmanes ne rattrapant leur retard que récemment. Nous remarquons aussi un chevauchement de l'utilisation des diverses formes médiatiques, les nouvelles technologies se superposant et prolongeant les contenus produits pour l'écrit ou la radio. Sur le plan social, nous constatons que les médias électroniques ont fourni un espace d'expression à des catégories marginalisées comme les femmes et surtout les jeunes, en grande partie grâce à l'investissement des médias par les associations religieuses estudiantines. Cependant, cette émancipation est limitée du fait que les productions numériques tendent, comme c'est le cas pour les médias confessionnels écrits, radiodiffusés et télévisés, à renforcer certaines figures religieuses déjà influentes dans l'espace public (prédicateurs, pasteurs charismatiques, hiérarchies des Églises et des associations). De plus, certaines catégories sociales sont presque complètement exclues de l'espace médiatique et les nouvelles technologies tendent à prolonger cette exclusion. C'est le cas des populations rurales, quasi absentes des médias à l'exception de certaines radios, ainsi que de tendances religieuses telles l'islam confrérique, qui rassemble une part importante de la population burkinabè, mais dont la présence médiatique est minimale. Inversement, on constate qu'à l'exception des organisations estudiantines, ce sont les tendances religieuses réformistes et charismatiques, comme l'islam salafiste, l'islam ahmadiyya, les Églises protestantes charismatiques et le renouveau charismatique catholique, qui sont les plus visibles dans les médias, en particulier numériques, dont ils utilisent plus efficacement les potentialités (interactivité, diffusion en direct d'événements, contenus produits par les membres, utilisation des applications mobiles).
Dans quel contexte le terrorisme est-il apparu au Burkina Faso ? Pourquoi apparaît-il dans certains pays et pas d'autres ? Quels sont les groupes armés terroristes qui sèment la mort et la terreur au Burkina Faso et en Afrique de l'Ouest ? Que veulent-ils ? Y aurait-il d'autres manières de les aborder si l'on exclut la négociation et l'option militaire ? Pourquoi la violence terroriste a-t-elle pris une telle ampleur depuis 2015 ? Quelles trajectoires pourrait-elle emprunter dans les années à venir ? Et que pouvons-nous faire pour la prévenir et la combattre plus efficacement ? En quête de réponses à ces questions, le livre propose une analyse de la crise terroriste, de sa complexité et de ses enjeux ainsi que des conflits qui la sous-tendent au Burkina Faso et dans la région du Sahel ouest-africain.
Le wahhabisme, un courant islamique réformiste, a pénétré le Burkina Faso pendant la colonisation. Ses adeptes, les wahhabiyya, minoritaires au début de l'indépendance, ont participé à l'animation de la Communauté musulmane du Burkina Faso depuis sa création en 1962. Mais, à la suite d'un conflit en 1973 au sein de la Communauté musulmane, le cadre organisationnel unique islamique burkinabé au départ, les wahhabiyya ont créé leur association dénommée Mouvement sunnite. Animée par un engouement remarquable pour la diffusion de l'islam réformiste, cette association des wahhabiyya a été confrontée, de l'intérieur à de multiples difficultés liées en grande partie à un problème de leadership et à une crise de croissance du Mouvement. L'évolution de ces difficultés internes qui a abouti à une fusillade dans une mosquée de Ouagadougou a été marquée par plusieurs facteurs; il s'agit d'une opposition entre élite arabisante et celle des francophones, des considérations de tribalisme, le contexte des années 90 marqué par l'apparition de nouvelles générations d'élites aussi bien arabophone que francophone et le processus démocratique en cours au Burkina Faso. À l'intérieur du Mouvement sunnite, une nouvelle génération des arabisants constitués par ceux qui ont fait leurs études dans les universités arabo-islamiques a réussi pour l'instant à s'affirmer à la direction de l'Association.
The chapter begins with an examination of how NGO leaders build their personal networks and put them to use. Not only have these individuals been able to attract significant financial support from certain Arab countries since the 1980s, they are also often seen as official representatives of Burkina Faso by the authorities in these donor countries, further underscoring their success as religious entrepreneurs. The second part of the chapter explores how NGO leaders have sought to fully participate in a moral economy by pursuing activities in various fields. As they have expanded their scope of action, they have actively and reactively engaged with the state. Indeed, as a form of civic engagement, these activities inevitably lead to interactions with the complex state regulations.
A partir du XVIIIe siècle, des groupes peuls s'installent dans le royaume du Yatenge et se soumettent aux pouvoirs moose. La période coloniale est un grand tournant pour les Peuls puisque cinq groupes deviennent "canton" et leurs chefs se voient attribuer un pouvoir qu'ils n'auraient jamais pu espérer auparavant. Cette thèse s'articule autour des chefferies peules au regard de leurs transformations et recompositions passés, mais aussi de quelles manières elles appréhendent aujourd'hui la gestion de biens et de services considérés comme collectifs. On voit à travers la comparaison de deux chefferies peules combien les chefs savent créer les conditions de réussite de leurs projets. Ils adoptent des stratégies similaires d'usage du passé et de mise en scène du pouvoir, mais ils agissent dans des domaines biens distincts : le développement d'une part, et l'Islam, d'autre part.