Sous la révolution sankariste, des centaines de scolaires musulmans burkinabè, auparavant militants de l'Association des élèves et étudiants musulmans de Côte d'Ivoire (AEEMCI), ont commencé à rentrer de ce pays pour poursuivre leurs études à l'université, au Burkina Faso. Dotés d'une expérience en gestion d'associations islamiques en milieu académique, ils trouvent sur place une association islamique non officielle de scolaires, basée à Ouagadougou.
Ce retour a coïncidé avec la création de l'Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina (AEEMB) en 1985. Comment le retour de cette diaspora burkinabè a-t-il influencé l'évolution de l'islam en milieux scolaire et estudiantin ? En quoi les autres associations musulmanes en ont-elles été influencées ? Quels sont les signes manifestes de l'impact de la diaspora musulmane sur tout le territoire burkinabè ?
Pour y répondre, nous avons adopté une approche qualitative, en menant des enquêtes de terrain et en faisant immersion dans de nombreuses activités de l'AEEMB dans plus de quinze villes, dont Ouagadougou, Bobo – Dioulasso, Ouahigouya et Koudougou. En outre, des recherches documentaires ont permis d'approfondir notre investigation.
Nous avons constaté que l'AEEMB est présente dans toutes les provinces du pays, dont les lycées publics de ses principales villes et ses universités publiques disposent d'une mosquée en lien avec cette structure. En outre, des milliers de ses militantes portent le voile et fréquentent la mosquée. Enfin, l'Association a des relations avec les autres associations islamiques nationales et sous-régionales.
This paper describes the role marabouts played in the rites of implementation and protection of winye animistic communities and institutions. It shows the different meanings these interventions had throughout history, from an older period where Islam was conciliatory and animistic societies dominant (the example of the village of Kwena, end of the xviith century) and a more recent period where Islam was characterized by proselytism and the will to dominate (the village of Boromo, mid-xixth century). It describes the ritual practices and representations that constitute the basis of the encounter between animistic and muslim communities and gives a detailed description of some of the more important winye institutions (earth shrine and earth priest).
Au-delà des fondements du Hadj, de son organisation, des rapports entre l'Administration coloniale et les pèlerins de la Mecque, cet ouvrage permet de comprendre l'évolution de l'Islam au Burkina Faso ainsi que ses rapports avec l'Etat laïc.
L'Islam au Burkina Faso s'est développé dans des circonstances difficiles et du fait du nombre important de ses adhérents (55,9% de la population), il fait l'objet de sollicitations diverses.
Ce livre évoque justement le paradoxe toujours constaté entre la laïcité des États, des formations politiques et leur immixtion dans les affaires religieuses.
L'islam introduit en Haute-Volta-Burkina Faso vers les XVe-XVIe siècles n'a connu une stabilité qu'au cours des XVIIIe et XIXe siècles. À l'échelle du pays, l'ouest et le nord ont plus connu cette influence de l'islam comparativement aux autres régions. Ce progrès le l'islam amorcé durant le siècle dernier, d'ailleurs consécutif à l'effervescence islamique dans la boucle du Niger, s' est accéléré pendant la période coloniale. Une telle accélération s'explique par l'ambiguïté de la politique coloniale française, tantôt favorable, tantôt hostile aux musulmans. C'est ainsi que les Tidjanés douze graines ont bénéficié de la bienveillance de l'administration pendant que la répression est observée à l'endroit des Hamallistes. Les musulmans réformistes, au cours des luttes d'émancipation après 1945, ont aussi eu des rapports difficiles avec l'administration. Compte tenu de la nature des liens ainsi évoqués, le R.D.A., le M.O.V. ont eu de bons rapports avec les Harnallistes et les réformistes lorsque les partis politiques ont faits leur apparition. Après le départ du colonisateur, les musulmans se sont regroupés au sein d'une association unique en vue de poursuivre l'oeuvre d'islamisation.
Since the pre-colonial period, socio-historical conditions have led to the political subordination and the social marginalization of Islam. With the arrival of Blaise Compaoré to power, a logic of inclusion of formerly marginalized actors, including those of the Islamic milieu, is established. However, despite this policy being introduced in a context of religious revival, Islam only partially succeeds in liberating itself, as shown by the analysis of the Muslims religious authorities and economic operators' status in the semi-authoritarian regime of the 4th Republic.
Les états de l'Afrique de l'ouest anciennement colonises par la France ont hérité, à leur indépendance en 1960, des grands principes du droit constitutionnel français, dont celui de la laïcité de la république. Les états sahéliens, comme le Sénégal, le Burkina faso et le Niger, avaient consigné ce principe dans leur constitution respective, affirmant ainsi la "neutralité idéologique" de l'état par rapport aux religions. Or, il s'agit de pays fortement islamisés (90 % au Sénégal, 87,8 % au Niger) dans lesquels la population musulmane prend de plus en plus conscience de ses forces et aspire à jouer un rôle plus important dans la gestion des affaires publiques. Il s'établit ainsi, dans la pratique, un système de relations complexes entre l'islam et le pouvoir d'état. Ce qui peut surprendre dans des états qui ont formellement affirmé leur attachement au principe de la laïcité. Cette étude comparative montre que les rapports entre l'islam et l'état sont marqués par la collaboration entre les élites politiques et les hauts dignitaires religieux et sont fondés sur la communauté des intérêts de classe qui existe entre ces deux couches dominantes de la société. Cette collaboration profite aux deux partenaires même si, en définitive, c'est plus l'état qui utilise l'islam que le contraire. Les forces islamiques éprouvent des difficultés à promouvoir des formes d'organisation et d'action politiques autonomes. Leur activisme se manifeste surtout sur le terrain social, alors que sur le plan politique, elles restent dépendantes de l'état et des partis laïques.
In the early 1980s Burkina Faso experienced an Islamic resurgence which coincided with the advent of a "democratic and popular revolution", heralding a programme of authoritarian modernization, transforming civil society and incorporating it into the state sphere. In this context came profound and sometimes brutal changes; for Muslims, Islam was an instrument to rebuild their identity and preserve their autonomy as a community, in the face of heavier and heavier-handed state domination. However, this awakening has not necessarily expressed a rejection of the state; on the contrary, in certain cases it articulates the desire for inclusion in the centre of the revolutionary process.
This study reflects on Islam in the era of the web and social networks by looking at the Ivory Coast and Burkina Faso. It explores the impact on identity, the sense of community belonging, spiritual authority, and the dissemination of religious messages, as well as on new forms of religious inclination that have appeared on the web. In a regional context marked by a wave of terrorist attacks, the aim of this research is to examine the connection between the Internet and the radicalization of certain Muslims.
Constitués en dehors ou au sein des confréries musulmanes reconnues, des courants islamiques spécifiques revendiquent une place centrale du sacré dans la sphère du social, de l'économique et du politique. Ces courants sont identifiés dans cet ouvrage par l'expression d'islam politique. Ils ont toujours joué un rôle significatif, surtout parmi les jeunes et les femmes. Bien que minoritaire, l'islam politique marque de plus en plus profondément les sociétés subsahariennes et la politique des Etats. Sur la longue durée, cet ouvrage se propose de donner plusieurs éclairages de cette tendance de l'islam, à travers l'étude de différents pays.
En dépit de sa présence déterminante sur la longue durée, l'islam en Afrique a encore du mal à se départir d'une image de " religion importée " et " bricolée " face à un monde musulman arabophone. Si cette présence au sud du Sahara n'a nullement été linéaire et s'inscrit au contraire dans des effets de replis et de reprises successifs, le puissant mouvement de réislamisation, qui s'amorce à la fin du XVIIIe siècle pour s'accélérer dans les dernières décennies du XXe siècle, ne permet plus de faire l'économie de la dynamique sociale et politique du religieux pour comprendre l'Afrique actuelle et, singulièrement, de la place qu'y occupe l'islam. Au fil d'un parcours à travers cinq pays de l'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger et le Sénégal, cet ouvrage souligne combien l'Afrique musulmane est inscrite dans la modernité et participe de ce que l'on peut appeler la globalisation islamique. Mais plus encore qu'une active présence au monde, l'Afrique d'aujourd'hui donne à voir des pratiques politiques et sociales originales qui puisent massivement dans la ressource religieuse, cherchant ainsi à pallier la faillite morale, politique et économique des États. Décrivant et analysant les configurations des expériences démocratiques en cours, le phénomène d'assimilation réciproque des sphères politique et religieuse, et le degré d'organisation des acteurs islamiques au sein des sociétés civiles, cet ouvrage pose en final la question de l'émergence d'un nouveau type de rapports entre l'État et la société, que l'on peut qualifier d'" espace public religieux ".
In 2001, the government of Burkinabè launched a major urban renewal project, known as ZACA (Zone d'aménagement commerciale et administrative), in the capital city of Ouagadougou. This decision, which would entail the destruction of several populated neighbourhoods in the downtown core, was vigorously opposed by residents, the vast majority of whom were Musulmans, who were organized into a residents association led by the district imams. Although this religious-oriented protest movement proved to be short-lived and did not lead to a redefinition of the relations between the Islamic community and the state, the events surrounding Project ZACA reveal important changes within the Musulman community, relating to intergenerational tension and the erosion of a certain form of religious authority.