Dans quel contexte le terrorisme est-il apparu au Burkina Faso ? Pourquoi apparaît-il dans certains pays et pas d'autres ? Quels sont les groupes armés terroristes qui sèment la mort et la terreur au Burkina Faso et en Afrique de l'Ouest ? Que veulent-ils ? Y aurait-il d'autres manières de les aborder si l'on exclut la négociation et l'option militaire ? Pourquoi la violence terroriste a-t-elle pris une telle ampleur depuis 2015 ? Quelles trajectoires pourrait-elle emprunter dans les années à venir ? Et que pouvons-nous faire pour la prévenir et la combattre plus efficacement ? En quête de réponses à ces questions, le livre propose une analyse de la crise terroriste, de sa complexité et de ses enjeux ainsi que des conflits qui la sous-tendent au Burkina Faso et dans la région du Sahel ouest-africain.
Le wahhabisme, un courant islamique réformiste, a pénétré le Burkina Faso pendant la colonisation. Ses adeptes, les wahhabiyya, minoritaires au début de l'indépendance, ont participé à l'animation de la Communauté musulmane du Burkina Faso depuis sa création en 1962. Mais, à la suite d'un conflit en 1973 au sein de la Communauté musulmane, le cadre organisationnel unique islamique burkinabé au départ, les wahhabiyya ont créé leur association dénommée Mouvement sunnite. Animée par un engouement remarquable pour la diffusion de l'islam réformiste, cette association des wahhabiyya a été confrontée, de l'intérieur à de multiples difficultés liées en grande partie à un problème de leadership et à une crise de croissance du Mouvement. L'évolution de ces difficultés internes qui a abouti à une fusillade dans une mosquée de Ouagadougou a été marquée par plusieurs facteurs; il s'agit d'une opposition entre élite arabisante et celle des francophones, des considérations de tribalisme, le contexte des années 90 marqué par l'apparition de nouvelles générations d'élites aussi bien arabophone que francophone et le processus démocratique en cours au Burkina Faso. À l'intérieur du Mouvement sunnite, une nouvelle génération des arabisants constitués par ceux qui ont fait leurs études dans les universités arabo-islamiques a réussi pour l'instant à s'affirmer à la direction de l'Association.
The chapter begins with an examination of how NGO leaders build their personal networks and put them to use. Not only have these individuals been able to attract significant financial support from certain Arab countries since the 1980s, they are also often seen as official representatives of Burkina Faso by the authorities in these donor countries, further underscoring their success as religious entrepreneurs. The second part of the chapter explores how NGO leaders have sought to fully participate in a moral economy by pursuing activities in various fields. As they have expanded their scope of action, they have actively and reactively engaged with the state. Indeed, as a form of civic engagement, these activities inevitably lead to interactions with the complex state regulations.
Recent work on NGOs has shed light on the growing presence of religious groups, particularly those of Christian and Muslim faith. The literature reveals that as important actors of humanitarian aid, religious NGOs have a notable influence on global development policies. Relying on ethnographic studies carried out in Burkina Faso in 2010 and 2011, this article proposes to analyse the relationship between humanitarian aid and proselytism within diverse Christian and Muslim NGOs. The participation of these NGOs in professionalizing structures is influenced by their reliance on volunteer work and militant actions. Catholic NGOs appear to succeed best.
A partir du XVIIIe siècle, des groupes peuls s'installent dans le royaume du Yatenge et se soumettent aux pouvoirs moose. La période coloniale est un grand tournant pour les Peuls puisque cinq groupes deviennent "canton" et leurs chefs se voient attribuer un pouvoir qu'ils n'auraient jamais pu espérer auparavant. Cette thèse s'articule autour des chefferies peules au regard de leurs transformations et recompositions passés, mais aussi de quelles manières elles appréhendent aujourd'hui la gestion de biens et de services considérés comme collectifs. On voit à travers la comparaison de deux chefferies peules combien les chefs savent créer les conditions de réussite de leurs projets. Ils adoptent des stratégies similaires d'usage du passé et de mise en scène du pouvoir, mais ils agissent dans des domaines biens distincts : le développement d'une part, et l'Islam, d'autre part.
The mosque, a place of worship for Muslims, started in Medina, Saudi Arabia. Then it became widespread around the world : Asia, Africa, Europe and America…..Its architecture was influenced by the different cultures, organization and religions of the people who adopted it. In Burkina Faso as well as in other countries, the mosque came with Islam. As far as Moogo is concerned Islam was introduced by the Yarce, Silmi – Moose (Fulani- Moose) and Fulani. The building of a mosque was thus related to several aspects : landowner and traditional chief's authorization as well as colonial and / or national administration permission. In Ouagadougou, several types of mosque exist, the architectural style is determined by the means the Muslims have when they decide to build. The mosque is managed by several persons : The Imam, the Muezzin, the caretakers and the treasurer, etc. Initially, the mosque was made for religious practice, but now it plays an educational, social and economic role in society.
La situation sécuritaire dans le Sahel central est à ce point dégradée que la menace djihadiste déborde désormais sur la partie nord des pays côtiers d'Afrique de l'Ouest. Les régions de l'Est et des Cascades au Burkina Faso ou celles de Sikasso et de Kayes au Mali constituent des bases arrière permettant aux groupes djihadistes – et principalement à la Jama'at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) pour l'instant – de s'étendre au Bénin, en Côte d'Ivoire, et dans une moindre mesure au Togo, au Ghana, au Sénégal et en Guinée. Cette excroissance territoriale djihadiste va progressivement donner naissance à des foyers djihadistes de plus en plus endogènes dans ces États, composés de recrues locales et qui se nourrissent des fragilités propres aux territoires où ils se développent : tensions d'accès aux ressources, stigmatisation communautaire potentiellement exacerbée par des groupes d'autodéfense, existence de réseaux criminels prompts à se « djihadiser ». La propagation de l'idéologie djihadiste depuis le Sahel central au-delà des frontières sud constitue le moteur permettant d'exploiter et de transformer les frustrations et les injustices qui découlent de ces situations de fragilité. Comme au Sahel central où les autorités ont pris trop tardivement conscience de cette réalité. Pour les pays côtiers d'Afrique de l'Ouest, où la menace reste encore contenue en intensité et limitée géographiquement, il est encore temps de prévenir une dégradation de la situation sécuritaire. Pour cela, les autorités de ces États doivent aligner des réponses civiles et militaires qui soient adaptées à la nature de la menace et qui réduisent de façon radicale l'ampleur de ces fragilités.
En Afrique, depuis une trentaine d'années, les organisations musulmanes ont pris pied dans l'espace public et sont parvenues à faire émerger un nouveau champ politique qui se définit moins sur un plan institutionnel que par ce que font politiquement les gens. Alors que les pouvoirs d'État, convertis au libéralisme, opèrent une sorte de transfert de la raison politique vers la sphère économique, les sociétés procèdent en parallèle au transfert de cette même raison vers une sphère religieuse, où chacun peut agir politiquement sans que cela soit perçu comme tel.
La redéfinition en cours des espaces de l'agir public à travers une éthique islamique est précisément ce dont traite cet ouvrage. D'un réenchantement à l'autre, de celui du religieux à celui du politique, l'islam comme espace d'affirmation d'une identité africaine permet de relire les mémoires, les réveils et les populismes du continent. Entre conservatisme et postmodernité, foi et citoyenneté, éthique et action publique, islam politique et islamisation du politique, les politiques de l'islam en Afrique proposent de mettre en place une guidance démocratique de l'État et de la société, sous l'égide du gouvernement d'Allah.