The studies available on Islam in West Africa focus on the states of the Savannah and Sahel belt, i.e. in particular Niger, Burkina Faso, Mali, Senegal and Northern Nigeria. Very few empirical studies have been carried out on Islam in the coastal states of West Africa, such as Ivory Coast, Ghana and Togo, as these countries are generally perceived as being dominated by local African religions or as Christian. Thus, the fact that the northern areas of these countries have been undergoing a rapid process of Islamization for decades is frequently overlooked. Particular deficits have existed hitherto with respect to research on Islam in Benin (formerly Dahomey). Thus, the present study fills a major empirical gap in the research. The focus of its analysis is a series of medium-sized towns in Northern Benin (in particular Djougou, Parakou and Malanville) and the political capital Porto Novo in the south of the country, whose population has included a sizeable number of Muslims since the 19th century (demonstrating en passant that Islam in Benin is not an exclusively northern phenomenon). The development of Islam in Benin is embedded in more comprehensive societal dynamics and is associated in particular with the development of the education system, the dynamics of the labour market and the transformation of local elites. This provides the context for the rapid differentiation of the “Islamic field” in Benin. The author demonstrates just how productive an analysis of contemporary Islam based on the perspective of the sociology of conflict and using the methods of social anthropology can be by identifying and demonstrating the heterogeneity and poly-centrism of the “Islamic field”. Emic notions of the “Islamic community” (umma) and the purely text-oriented studies tend to conceal this propensity for conflict.
The article compares the strategies used by Ahmadiyya to establish itself in Benin, both in contexts in which Islam is in the minority and in the majority. The first part presents Ahmadiyya, a movement which was founded by Mirza Ghulam Ahmad in British-dominated India. In a religious environment marked by the spread of protestant missions and by the Hindu reformist movement Arya Samaj, he proclaimed himself a mujaddid (reformer), a muhaddath (a person to whom god speaks) and mahdi (leader). According to a recent study, his doctrine is based on the idea of continuous prophecy and draws it's inspiration from medieval sufi literature, and especially of Ibn Arabi's works. The second part explains the ups and downs of Ahmadiyya in relation to the political evolution of the country: during the last decade, freedom of workship and association allowed Ahmadiyya, as many other religious movements, to set up missions and to proselytise by methods which can be compared with the evangelical ones. The third part analyses Ahmadiyya's strategies: it understood the national political tendencies and was able to adjust to particular contexts in the South were Islam is in the minority and in the North where it is in the majority.
L’apparition de la démocratie au Bénin a favorisé l’émergence des élitesreligieuses et traditionnelles sur la scène publique. Ces dernières ont saisil’opportunité que leur offraient les changements institutionnels au niveau de l’Étatpour s’organiser en groupes d’intérêts et essayer d’améliorer leur situation sociale.Mais leurs ambitions vont bien au-delà de leurs sphères de prédilection, car cesélites religieuses et traditionnelles entendent être associées à l’élaboration despolitiques publiques et participer au développement de l’État béninois. Ce souhaitmet en exergue la probabilité de l’existence d’une gouvernance conjointe ouplurielle, à échelons différents, de la cité, notamment au niveau local, entre élitespolitiques, religieuses et traditionnelles. D’autre part, si la position de l’Étatbéninois à l’endroit des chefferies religieuses et traditionnelles a varié depuis laproclamation de l’indépendance et qu’il leur est reconnu une certaine importance,le statut de ces institutions sociales n’est toujours pas éclairci. Il n’en demeure pasmoins que les gouvernements et les élites politiques au Bénin peuvent avoir uneconception instrumentale de ces relations. Par ailleurs, les élites religieuses ettraditionnelles ne restent pas passives face à l’action de l’État et des élitespolitiques. Aux questions de savoir quand, où et comment ces élites politiques,religieuses et traditionnelles se rencontrent, il peut y avoir plusieurs modalités deréponses qui entraînent à leur tour certaines configurations relationnelles non sansconséquences sur l’État béninois.
Afin que la société civile et les médias puissent jouer un rôle significatif, il est indispensable qu’ils disposent d'informations précises sur l'extrémisme violent.
This is a joint report produced by the Conflict Research Unit of Clingendael - the Netherlands Institute of International Relations in partnership with the Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED).
For many years analysts have warned against the risk of spill over of violence from the Sahel into the littoral states. Recently, Bernard Émié, the French head of the Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) for example singled out Benin and Côte d’Ivoire as being at imminent danger.
Yet the fear of violent contagion to coastal West Africa is so far mostly based on repeating a handful of violent incidents: the 2020 Kafolo attack and the 2016 Grand Bassam attack (both in Côte d’Ivoire); the 2019 Pendjari attack in Benin; sightings of Violent extremist organizations (VEOs) and roaming preachers.
We know, however, that VEOs expand by building local alliance and exploit existing communal conflict. This report explores local problems in one country possibly at risk: Benin, specifically the Northern regions of Alibori, Borgou and Atacora. Data collected for this project with the Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) reveals various open communal conflicts in Benin’s north that have become intense and lethal.
The analysis observes the presence of five separate cells in the border areas of northern Benin but concludes that as of yet there is no clear alignments between communal violence and VEOs. But there are worrying developments as VEO activity is increasing in Alibori and Atacora. The window to act seems to be closing.
La femme fait partie des catégories les plus faibles de la société, et en ce sens, elle en subissait toute sorte de discrimination. Le Coutumier du Dahomey qui avait servi de document de juridiction au Bénin, présentait de graves discriminations vis-à-vis de la femme. Avec l’évolution du temps, les Béninois ont senti le besoin d’élaborer un nouveau Code adopté le 07 juin 2002. Grâce à ce nouveau Code, le statut de la femme changea. Le CBPF promulgué le 24 août 2004 a rehaussé le statut social de la femme et la met désormais aux mêmes pieds d’égalité que l’homme. Cette évolution positive du statut social de la femme concerne toutes les Béninoises quel que soit leur obédience religieuse y compris les musulmanes. Cependant, ces dernières sont également astreintes au respect de la législation islamique, qui parfois, entre en conflit avec le droit positif. Elles doivent donc trouver une passerelle entre leur statut de Béninoises bénéficiaires de tous les droits républicains et la dévotion à Allah l’objecteur de leur conscience religieuse. Ce jeu d’équilibrisme entre les deux ordres juridiques constitue la véritable équation à résoudre par les musulmanes au Bénin.
« [...] Longtemps considéré comme un havre de paix, le Bénin se retrouve pris au piège de la menace terroriste, subissant des attaques depuis décembre 2021. Les groupes armés venus du Sahel frappent de plus en plus les pays côtiers du golfe de Guinée et provoquent l’exacerbation des dynamiques conflictuelles dans la région. Le phénomène terroriste prend une grande ampleur notamment dans les zones septentrionales du Bénin, où les attaques prennent de plus en plus des formes de violences extrêmes. La vie quotidienne des populations, la quiétude, la cohésion sociale sont alors hypothéquées, car otages des groupes armés terroristes. [...] Il apparait nécessaire et urgent d’aller à la rencontre du phénomène terroriste au Bénin, d’essayer d’en avoir les clefs de lecture et de compréhension, d’en évaluer les impacts politiques et socio-économiques, et d’entrevoir des perspectives pour une lutte efficace. »
Après des enquêtes de terrain en 1994 et 1996, une mission de recherche en 1998 dans le Nord du Bénin a permis à l'auteur de poursuivre ses enquêtes à Parakou et à Djougou montrant des différences dans la prégnance de l'islam dans l'espace de la ville et dans les réactions de musulmans face aux mouvements fondamentalistes wahhabites. Les musulmans de Parakou (dont de nombreux transporteurs), opposent une résistance aux tentatives fondamentalistes. L'islam est ancien dans cette ville, la société musulmane solidement structurée, et l'ancienneté des familles qui revendiquent le fait d'avoir introduit l'islam dans le Borgou leur confère un pouvoir. Par contre, Djougou, où règne le chômage, et où obtenir une bourse pour le Koweit ou l'Arabie saoudite est devenu un moyen de s'assurer un avenir ou un emploi dans les ONG arabes, s'est tournée vers le monde arabe et le wahhabisme y progresse. On peut penser que le Borgou tolérant et pacifique (dont Djougou ne fait pas partie) a connu une situation privilégieé, où le prosélytisme par la force ne réussissait pas. Cependant, le contexte est instable, et on voit des évolutions économiques, qui se répercutent sur le plan religieux.
Cet article s’appuie sur des recherches menées par l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC) dans le cadre du projet OCWAR-T. OCWAR-T est un projet en soutien à la Commission de la Cédéao, financé par l’Union européenne et le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères, et coordonné par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). Le rapport complet peut être trouvé ici.
La situation sécuritaire dans le Sahel central est à ce point dégradée que la menace djihadiste déborde désormais sur la partie nord des pays côtiers d'Afrique de l'Ouest. Les régions de l'Est et des Cascades au Burkina Faso ou celles de Sikasso et de Kayes au Mali constituent des bases arrière permettant aux groupes djihadistes – et principalement à la Jama'at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) pour l'instant – de s'étendre au Bénin, en Côte d'Ivoire, et dans une moindre mesure au Togo, au Ghana, au Sénégal et en Guinée. Cette excroissance territoriale djihadiste va progressivement donner naissance à des foyers djihadistes de plus en plus endogènes dans ces États, composés de recrues locales et qui se nourrissent des fragilités propres aux territoires où ils se développent : tensions d'accès aux ressources, stigmatisation communautaire potentiellement exacerbée par des groupes d'autodéfense, existence de réseaux criminels prompts à se « djihadiser ». La propagation de l'idéologie djihadiste depuis le Sahel central au-delà des frontières sud constitue le moteur permettant d'exploiter et de transformer les frustrations et les injustices qui découlent de ces situations de fragilité. Comme au Sahel central où les autorités ont pris trop tardivement conscience de cette réalité. Pour les pays côtiers d'Afrique de l'Ouest, où la menace reste encore contenue en intensité et limitée géographiquement, il est encore temps de prévenir une dégradation de la situation sécuritaire. Pour cela, les autorités de ces États doivent aligner des réponses civiles et militaires qui soient adaptées à la nature de la menace et qui réduisent de façon radicale l'ampleur de ces fragilités.
Le paysage religieux du Bénin est formé de trois grandes religions: la religion vodoun, le christianisme et l'islam. Depuis l'avènement de la démocratie en 1990, on note le retour en force des religions sur la scène publique. Pour se rendre visibles dans la société, les trois religions utilisent les moyens suivants: la restauration et la prolifération des lieux de culte, l'organisation de manifestations publiques, les médias et la réalisation des oeuvres sociales (écoles, centres de santé, les orphelinats...).
Le premier incident sécuritaire attribué à des groupes extrémistes violents a touché le Bénin en mai 2019. En amont, cependant, ces groupes tiraient déjà profit d’activités illicites sur le territoire pour mobiliser des ressources humaines, financières, opérationnelles et logistiques. En plus de lutter contre la menace et de sécuriser les populations et leurs biens, le Bénin et ses voisins devront intensifier leurs efforts pour s’attaquer aux chaînes d’approvisionnement qui permettent à ces groupes de fonctionner et de se financer.
La détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso, qui a suivi la chute du président Blaise Compaoré en octobre 2014, laissait craindre une diffusion du djihadisme à la Côte d’Ivoire, au Ghana, au Bénin et au Togo. Ces pays côtiers du golfe de Guinée, qui furent longtemps épargnés par cette menace – à l’exception de l’attentat de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire en mars 2016 – ont été la cible d’attaques dans les zones frontalières avec le Burkina Faso et le Niger au cours des dernières années. Ce texte souhaite aller au-delà d’une perspective strictement sécuritaire sur le Bénin et le Togo en se penchant plutôt, d’une part, sur les répercussions de la lutte contre le terrorisme sur la démocratie et, d’autre part, sur les conséquences de la sécuritisation de l’islam et plus particulièrement du salafisme – surtout présent au Togo – sur les minorités musulmanes des deux pays. Des leaders politiques et même musulmans ont en effet présenté l’islam radical et en l’occurrence le salafisme comme un enjeu de sécurité et une menace pour la cohabitation religieuse.
Political liberalization and economic reform, the weakening of the state, and increased global interconnections have all had profound effects on Muslim societies and the practice of Islam in Africa. The contributors to this volume investigate and illuminate the changes they have brought, through detailed case studies of Muslim youth activists, Islamic NGOs, debates about Islamic law, secularism and minority rights, and Muslims and the political process in both conflict and post-conflict settings. Their work offers fresh perspectives on the complexity of Muslim politics in contemporary Africa.